Cas Coca Cola Thierry Pénard Mai 2004 Concurrence Coca-Pepsi • Une concurrence par les prix (et les volumes...) – en 1931, Pepsi en quasi-faillite décide de passer de bouteilles de 18cl à 36cl en s’alignant sur les prix des bouteilles Coca de 18cl – succès immédiat • Une concurrence en différenciation horizontale – différenciation sur le goût : Pepsi plus sucré que Coca – différenciation par l’image de marque, • rôle clé du marketing – publicité intensive, – packaging et logo – sponsoring : chanson, sport, contrat avec des stars 1 Les frontières de la compagnie Coca • En interne, fabrication du concentré – la formule du Coca : un secret de fabrication bien protégé • En interne, gestion de la marque et produits dérivés • Externalisé : l’embouteillage et la distribution – à l’origine recours à des embouteilleurs indépendants • en 1920, plus de 1 000 embouteilleurs partenaires – dans les années 70, tendance à l’intégration par rachat ou prise de participation des principaux embouteilleurs – dans les années 80, mouvement de désintégration • 1986 création de Coca Company Enterprises (CCE) détenue à 49% • désengagement progressif • Comment expliquer l’organisation Coca Cola ? Explication par la théorie des contrats incomplets (Hart, Moore) • Dans le prolongement de la théorie microéconomique standard (Nouvelle microéconomie) – rationalité parfaite des agents – information symétrique entre les agents – mais incomplétude du contrat en raison de l’impossibilité pour un tiers (tribunaux) de vérifier certaines dimensions du contrat • Firme définie par l’ensemble des actifs non humains sur lesquels la firme a un droit de propriété – un droit de créancier résiduel 2 Enseignements de la TCI • L'autorité (les droits résiduels) sera confiée à la partie dont le rendement des investissements spécifiques est le plus élevé • Application au cas Coca • marketing : autorité confiée à Coca et non aux emboutisseurs français – Pourquoi ? Car Coca plus efficace (savoir-faire) pour investir sur l’image de marque et rentabiliser la marque Coca • mise en bouteille : autorité confiée aux embouteilleurs (indépendant) – Pourquoi ? Car embouteilleurs plus efficaces pour investir localement dans la production de bouteillers (baisser les coûts, améliorer la productivité) que Coca située à Atlanta Un exemple simple • Un embouteilleur A et Coca ont la possibilité de mener des investissements spécifiques en marketing qui augmentent la valeur de leur relation – investissement dans l’image de marque permettant de mieux valoriser le « capital » marque et de vendre plus de bouteilles et de produits dérivés sur le marché • Coût de l'investissement : IA=12 et Icoca=8 • Valeur de la relation = 30 si investissement de A et Coca = 10 si investissement seulement de A ou de Coca =0 si aucun investissement 3 Contrat sans autorité (partage moitié-moitié des gains) Investissement de A Investissement de Coca Aucun investissement de Coca Aucun investissement de A (7 ; 3) ( -3 ; 5 ) ( 5 ; -7 ) (0;0) Solution d’équilibre : aucun investissement Autorité à l’emboutisseur A (A capture l’intégralité des gains) Investissement de A Investissement de Coca Aucun investissement de Coca Aucun investissement de A ( -8 ; 18 ) ( -8 ; 10 ) ( 0 ; -2 ) (0;0) Solution d’équilibre : aucun investissement 4 Autorité à Coca (Coca capture l’intégralité des gains) Investissement de A Investissement de Coca Aucun investissement de Coca Aucun investissement de A ( 22 ; -12 ) (2;0 ) ( 10 ; -12 ) (0;0) Solution d’équilibre = investissement unilatérale de Coca • Coca = meilleur rendement en cas d ’investissement dans l’image de marque que l’emboutisseur A • Il faut confier la propriété de la « marque » et l’autorité sur le marketing à Coca Projet de fusion Coca-Orangina • Examiné par le Conseil de la Concurrence en 1998-1999 – Important de définir le marché pertinent pour évaluer les effets potentiels d’une fusion sur la concurrence • création ou renforcement d’une position dominante de Coca en France ? – Définition d’un marché pertinent : tous les produits et/ou services que le consommateur considère comme interchangeables ou substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l’usage auxquels ils sont destinés. • Rôle clé de la substituabilité de la demande 5 Projet de fusion Coca-Orangina • Méthodes qualitatives – Produits A et B sur le même marché si relativement proches • dans les caractéristiques physiques/techniques • dans les usages, la satisfaction apportée, la perception des clients • dans les prix • Méthodes quantitatives – Produits A et B sur le même marché si • corrélation forte et positive dans les évolutions des prix de A et B • élasticité prix-croisées positives et élevée • Trois marchés pertinents possibles pour le Coca Cola – le marché du Cola – le marché des boissons gazeuses non alcoolisés – le marché des boissons non alcoolisés Projet de fusion Coca-Orangina • Position de Coca – marché pertinent large : boissons non alcoolisées • dans ce cas, fusion sans effet négatif sur la concurrence • Position du CC soutenue par Pepsi – marché étroit : boissons non alcoolisées gazeuses (BNAG) • différence de perception des consommateurs des boissons gazeuses, des jus de fruit et des eaux minérales – des substituts très imparfaits = prix très faiblement corrélés – La répartition des parts de marché dans les BNAG • Groupe Coca (Coca, Sprite, Fanta) = 60% • Orangina = 8,5% • Groupe Pepsi (Pepsi, 7up) =6% • Groupe Schweppes-Cadbury (Schweppes, Gini, Canada dry)=5% 6 Projet de fusion Coca-Orangina • Décision du Conseil de la Concurrence : refus de la fusion – renforcement de la position dominante de Coca sur ce marché – Menace sur la viabilité de Pepsi : • Pepsi distribué dans les cafés-hotel-restaurant (22% des ventes) par Orangina • Orangina racheté par Schweppes-Cadbury – Orangina-Schweppes : un concurrent « multi-marque » et multi-marché crédible de Coca Cola en France 7