Désenfumage des ICPE : quelles règles pour les étancheurs ?

Anuncio
ÉTANCHÉITÉ.INFO #39 OCTOBRE 2013
T ECH N IQUE
FI C HE P R AT I QU E
R é g l e m entati o n I C P E
Désenfumage des ICPE : quelles règles pour
les étancheurs ?
Les ICPE doivent se conformer à des règles spécifiques pour le
désenfumage naturel de leurs locaux. Si la règlementation est
précise sur ce sujet, l’articulation des différents textes et exigences
n’est pas toujours évidente à comprendre. © Hexadome
Li s e B o u s s ert
D
ans une période où les
préoccupations environnementales sont d’actualité,
les installations classées pour la
protection de l’environnement
(ICPE) doivent faire l’objet d’une
attention toute particulière. Elles
présentent des risques importants
de pollution et d’incendie et sont
assujetties à des réglementations
spécifiques, en particulier en ce qui
concerne le comportement au feu
des bâtiments qui les accueillent,
pour lesquels des exigences sont
requises, telles que :
- la réaction au feu des matériaux
constituant les toitures et couvertures et la performance de cellesci vis-à-vis d’un feu extérieur,
- le désenfumage.
Les bâtiments concernés sont
souvent des entrepôts ou bases
logistiques de grande, voire très
grande taille, avec des toitures
de plusieurs milliers de mètres
carrés et il n’est pas toujours
aisé pour un concepteur ou une
entreprise d’étanchéité de savoir
quel est le référentiel adapté à un
chantier précis, sachant que les
contraintes règlementaires sont
différentes, selon le type d’activité de l’installation, son classement et la date de rédaction du
référentiel.
Q u ’ e s t – ce qu ’ une I C P E ?
C’est une exploitation industrielle ou agricole susceptible de
créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances,
notamment pour la sécurité et la
santé des riverains. Selon le type
d’activité ou le type de substance
stockée ou utilisée, chaque installation est répertoriée sous un
numéro de rubrique (une installation peut être visée par plusieurs rubriques) et une désignation dans la « Nomenclature des
installations classées ». Selon les
quantités de substances stockées
ou utilisées, chaque installation
est soumise à un régime de classement défini en fonction d’un
(ou plusieurs) seuils indiqués
pour chaque rubrique dans la
nomenclature, suivant la gravité
des dangers et les risques de pollution que peut présenter l’exploitation.
On distingue les régimes de classement suivants :
- les installations non classées
(repérées NC dans la nomenclature), qui sont en dessous des
seuils de classement et donc non
concernées par les règles relatives
aux ICPE ;
- les installations soumises à
déclaration (repérées D dans la
nomenclature ou DC si l’installation est soumise à contrôle périodique par un organisme agréé)
dont le risque est considéré
acceptable moyennant des prescriptions standards au niveau national, appelées « arrêtés types » ;
- les installations soumises à
autorisation (repérées A dans la
nomenclature) qui dépassent les
seuils de classement de la nomenclature ;
- les installations soumises à
autorisation avec servitude d’utilité publique (repérées AS dans la
nomenclature), correspondant à
peu près aux installations « Seveso seuil haut » au sens de la directive européenne « Seveso II », qui
présentent des risques technologiques ;
- un régime intermédiaire, celui
des installations soumises à
enregistrement (repérées E dans
la nomenclature) situées entre
les seuils haut et bas, respectivement des installations soumises
à déclaration et à autorisation. Il
repose sur une logique d’« autorisation simplifiée ». Il ne vise pas
toutes les rubriques, mais seulement des installations qui présentent des dangers ou des inconvénients graves.
Le classement de l’installation
est essentiel puisque c’est lui
qui détermine le cadre juridique, technique et financier
dans lequel l’installation peut
être créée ou peut continuer à
fonctionner.
À noter que la détermination de
la rubrique et du régime de classement n’est pas du ressort des
entreprises mais incombe à l’exploitant ou au maître d’ouvrage.
Le c a dre technique
C’est celui qui intéresse les entreprises amenées à réaliser des travaux de toitures des bâtiments
accueillant les installations classées, en particulier des travaux
relatifs au désenfumage naturel.
Il est différent selon que les installations sont soumises à déclaration ou à autorisation.
- Les installations classées soumises à déclaration.
Elles sont soumises à des prescriptions générales définies dans
l’arrêté-type relatif à la rubrique
considérée. Ce sont des prescriptions minimales complétées
éventuellement par des dis-
47
48
TECHNI QUE
F I CH E P R AT I Q U E
positions particulières fixées
par arrêté préfectoral.
- Les installations classées soumises à enregistrement.
Elles sont soumises à des prescriptions générales nationales, définies dans des arrêtés spécifiques
à la rubrique concernée.
- Les installations classées soumises à autorisation.
ÉTANCHÉITÉ.INFO #39 OCTOBRE 2013
Elles font l’objet d’un arrêté préfectoral d’autorisation qui fixe les
règles générales et les prescriptions techniques applicables.
Certaines rubriques font également l’objet d’un arrêté ministériel spécifique qui s’impose de
plein droit. Cet arrêté fixe également les conditions dans lesquelles certaines de ces règles
peuvent être adaptées aux circonstances locales par l’arrêté
préfectoral d’autorisation cité
plus haut.
Ces règles et prescriptions déterminent les mesures propres à
prévenir et à réduire les risques
d’accident ou de pollution de
toute nature susceptibles d’intervenir ainsi que les conditions
d’insertion dans l’environnement
de l’installation et de remise en
état du site après arrêt de l’exploitation. Pour les rubriques
pour lesquelles il n’existe pas
d’arrêté ministériel, sauf mesure
particulière spécifiée dans l’arrêté préfectoral d’autorisation, les
exigences relatives au désenfumage des bâtiments sont celles
Exigences particulières pour le dimensionnement du désenfumage
Cla
s
Ru seme
bri
qu nt
es
1510
Entrepôts couverts
(stockage de
matières, produits
ou substances
combustibles)
1530
DÉCLARATION
Seuil
Référentiel
Stockage de
polymères (matières
plastiques,
caoutchouc,
élastomères,
résines et adhésifs
synthétiques)
2663
Stockage de
pneumatiques et
produits composés
d’au moins 50 % de
polymères
Exigences
Seuil
Référentiel
5 000 m ≤ volume entrepôt Arrêté du
23/12/08
< 50 000 m3
modifié
Cellules :
50 000 m ≤ volume
S max = 3 000 m2 ou 6 000 m2 si système
< 150 000 m3
extinction automatique d’incendie
Ecran de cantonnement : A2 s1 d0 et
SF 1/4h ou selon configuration toiture et
structure
DENFC (exutoires) :
- au moins 4 pour 1 000 m2 et 0,5 m2 ≤ Su
unitaire ≤ 6 m2 ;
- conformes à la NF EN 12101-2, avec
exigences mentionnées ci-avant ;
- implantation à au moins 7 m des murs
coupe feu des cellules ;
- commandes manuelles au moins
en 2 points opposés de l’entrepôt, facilement
accessibles depuis les issues du bâtiment ou
de chacune des cellules.
Arrêté du
15/04/10
1 000 m3 < volume stocké
≤ 20 000 m3
Arrêté du
30/09/08
Pas de cellule
Désenfumage : dispositifs en partie haute
permettant l’évacuation des fumées et gaz
en toiture (lanterneaux, ouvrants…) ;
- commandes d’ouverture manuelle à
proximité des accès ;
- système de désenfumage adapté aux
risques.
Arrêté du
15/04/10
100 m3 ≤ volume stocké
< 1 000 m3
Arrêté du
14/01/00
modifié
Pas de cellule
1 000 m3 ≤ volume stocké
Désenfumage : dispositifs en partie haute
< 40 000 m3
permettant l’évacuation des fumées et gaz en
toiture (lanterneaux, ouvrants…) ;
- implantation à au moins 4 m de tous les murs
coupe feu séparatifs ;
- commande automatique et manuelle ;
- commandes manuelles à proximité des accès ;
- système de désenfumage adapté aux risques.
3
Dépôts de papiers,
cartons ou matériaux
combustibles
2662
ENREGISTREMENT
1) cas de polymères à l’état Arrêté du
alvéolaire ou expansé, tels
14/01/00
que mousse de latex, de
modifié
polyuréthane, de polystyrène, etc. : 200 m3 ≤ volume
stocké < 2 000 m3
2) autres cas et pneumatiques, etc. : 1 000 m3 ≤
volume stocké < 10 000 m3
3
Cellules :
S maxi = 5000 m2 (S supérieure si sprinklage
et écrans de cantonnement)
Ecran de cantonnement : éléments de
structure ou DH30
Désenfumage : dito « déclaration » rubrique
2662
20 000 m3< volume stocké
≤ 50 000 m3
Arrêté du
15/04/10
1) cas de polymères à l’état
Arrêté du
alvéolaire ou expansé, tels que
15/04/10
mousse de latex, de polyuréthane,
de polystyrène, etc. :
2 000 m3 ≤ volume stocké
< 45 000 m3
2) autres cas et pneumatiques, etc. :
10 000 m3 ≤ volume stocké
< 80 000 m3
ÉTANCHÉITÉ.INFO #39 OCTOBRE 2013
définies dans l’arrêté-type.
Vous trouverez ci-dessous pour les
installations les plus couramment
rencontrées lors de chantiers
d’étanchéité sur des entrepôts ou
bases logistiques, un tableau récapitulatif reprenant par rubrique,
les exigences règlementaires en
matière de désenfumage, selon le
classement de l’installation.
FI C HE P R AT I QU E
En savoir plus :
Site national de l’inspection
des Installations classées :
http://www.installationsclassees.
developpement-durable.gouv.fr/
AUTORISATION
Exigences
Cellules : dito « déclaration »
Ecran de cantonnement : éléments de
structure ou DH30 - H écran selon IT 246
DENFC : 1 pour 250 m2 avec 0,5 m2 ≤ Su
unitaire ≤ 6 m2
- implantation à au moins 7 m des murs
coupe feu cellules ;
- commande automatique, manuelle
ou autocommande - une commande
manuelle accessible depuis chaque issue
du bâtiment ou de chacune des cellules.
La commande est installée en 2 points
opposés de chaque cellule au moins ;
- DENFC conformes à la norme
NF EN 12101-2 avec exigences générales
mentionnées ci-après et système
d’ouverture type B (ouverture + fermeture).
Référentiel
Arrêté du
05/08/02
modifié par
arrêté du
16/12/08
Exigences
Cellules : dito
« déclaration »
Écran de cantonnement :
M0 et SF 1/4h ou selon
configuration toiture et
structure
Exutoires :
- au moins 4 pour
1 000 m2 et 0,5 m2 ≤ Su
unitaire ≤ 6 m2 ;
- implantation et
commandes manuelles :
dito « déclaration ».
Arrêté du
Cellules :
29/09/08
- S max = 2 500 m2 pour les stockages
de papiers récupérés ;
- S max = 6 000 m2 pour les autres types
de papiers dont les bobines de papier
hygiène.
Pas d’exigence pour les autres stockages
en bobines et de pâte en balles.
Ecran de cantonnement et DENFC :
dito « enregistrement » rubrique 1510
dito « enregistrement »
dito « enregistrement » rubrique 1510
Arrêtépréfectoral
En attente de l’arrêté
préfectoral, respecter
au moins les exigences
de l’arrêté relatif aux
installations soumises
à enregistrement
dito « enregistrement » rubrique 1510
Arrêtépréfectoral
En attente de l’arrêté
préfectoral, respecter
au moins les exigences
de l’arrêté relatif aux
installations soumises
à enregistrement
T ECH N IQUE
49
50
TECHNI QUE
F I CH E PR AT I Q U E
ÉTANCHÉITÉ.INFO #39
R ÉGL E M E N TAT I O N I C P E
Exigences générales
pour la conception
du désenfumage
Dans les ICPE, l’évacuation
des fumées répond à un cadre
technique qui fixe des règles
précises de dimensionnement
et d’implantation des exutoires.
Les prescriptions présentées dans cet
article sont des exigences minimales
imposées par la réglementation
encadrant les ICPE. Ces contraintes
peuvent toutefois différer selon le
type d’activité de l’installation, son
classement et le référentiel relatif à
la rubrique considérée (voir article
page 47). Par ailleurs, ces prescriptions
peuvent être complétées par des
dispositions particulières fixées par
arrêté préfectoral.
0 1 C e l l u l e s et c a nt o n s de d é s en f u m a g e
Le bâtiment est généralement découpé en cellules isolées par parois
résistantes au feu.
Surface max des cellules = 2 500, 3 000, 6 000 m2 (…) selon la rubrique
(voir tableau page 48) et selon que le bâtiment comporte ou non un système
d’extinction automatique d’incendie. Chaque cellule est divisée en cantons de
désenfumage disposés de façon à avoir une surface de canton max de 1 600 m2
et de longueur maxi 60 m.
03
Les dispositifs
d’évacuation
naturelle de fumées
et des chaleurs
(DENFC) doivent être
conformes
à la norme NF EN
12101-2 et respecter
des spécifications
complémentaires.
0 2 E cr a n de c a nt o nne m ent
Ils délimitent les cantons et sont constitués :
- soit par un élément de structure (couverture, poutre, mur),
- soit par un écran fixe, rigide ou flexible, ou mobile asservi à la détection
incendie,
Ils doivent être de résistance au feu SF 1/4 heure ou DH 30 – Euroclasse ou
classement de réaction au feu selon rubrique.
- H écran, selon IT 246 = Ef *= au moins : 25 % de H* si H ≤ 8 m,
au moins 2 m si H > 8 m
*H = hauteur de référence : moyenne de la hauteur libre sous toiture (ou sous plafond).
*Ef = épaisseur de la couche de fumée.
Commandes d’ouverture automatiques et manuelles
En cas de commande automatique, il existe toujours une commande manuelle.
Position des commandes manuelles de chaque zone désenfumée (cellule,
canton) : en deux points opposés de chaque cellule, à proximité des issues.
Voir dans le cahier des charges du SSI (système de sécurité incendie),
s’il existe, les dispositions effectivement définies par la personne chargée de
la coordination du SSI.
02
Les écrans
de cantonnement
délimitent les
cantons et peuvent
être constitués d’un
élément de structure
ou de panneaux
rapportés.
0 3 D E N F C ( e x ut o ire s de f u m é e )
Les dispositifs d’évacuation naturelle de fumées et des chaleurs (DENFC)
doivent être conformes à la norme NF EN 12101-2 avec au moins les
spécifications suivantes :
- Fiabilité classe Re 300.
- Classification surcharge de neige selon altitude : SL 125 pour altitude ≤ 400 m,
SL 500 pour une altitude comprise entre 400 et 800 m, SL 500 au-delà
+ dispositions constructives empêchant l’accumulation de neige, SL 0 si la
région n’est pas susceptible d’être enneigée.
- Classe température ambiante : T0 (0 °C).
- Classe exposition chaleur B300 (300 °C).
- Section de désenfumage : surface utile des DENFC ≥ 2 % de la surface
géométrique de couverture ou de la superficie de la cellule.
04
L’implantation des
exutoires doit respecter une
règle de surface minimale
définie selon les rubriques
visées pour le bâtiment (voir
tableau, page 48).
01
05
Les amenées d’air peuvent être réalisées par
ouvrants en façades, ou bouches raccordées à
des conduits, ou encore par des portes donnant
sur l’extérieur des cellules à désenfumer.
Des parois résistantes au feu
séparent les différentes cellules
du bâtiment dont les surfaces
dépendent de la rubrique visée.
0 4 I m p l a ntati o n de s e x ut o ire s
0 5 A m en é e s d ’ a ir f r a i s
Respect d’une règle de surface minimale de toiture selon rubrique et
répartition uniforme des exutoires du désenfumage.
- Distance mini entre un exutoire et un mur coupe-feu séparant les cellules ou
autres : selon rubrique (le mur coupe-feu entre cellules, en bâtiments neufs,
dépasse de 1 m au-dessus de la toiture)
- Distance maxi à ne pas dépasser entre tout point d’un canton et une évacuation de fumée dans le cas de pente de toiture (ou de plafond) ≤ 10 % = 4 x H,
sans excéder 30 m (Cf. IT 246).
Si pente de la toiture (ou du plafond) > 10 %, les exutoires sont implantés le
plus haut possible, leur milieu ne devant pas être au-dessous de H*(Cf. IT 246).
Elles sont placées dans la hauteur libre de fumée. Leur section est égale à la
surface des exutoires du plus grand canton, cellule par cellule. Réalisées par
ouvrants en façades, ou bouches raccordées à des conduits, ou portes
donnant sur l’extérieur des cellules à désenfumer. Si la cellule dispose de
portes de quai, il n’est pas nécessaire de prévoir d’autres amenées d‘air.
AVERTISSEMENT : dans le cas où le texte de référence ne décrit pas
toutes les dispositions à mettre en œuvre pour réaliser une installation
de désenfumage fiable, se référer pour les dispositions complémentaires
à l’Instruction Technique N° 246 relative au désenfumage dans les ERP.
Descargar