Bordeaux L’église Saint-Paul Villes et Pays d’art et d’histoire 1. Maison professe des Jésuites. Plan. XVIIIe. AMBx. Fi IX-H-18 2. Cartouche martelé de la Compagnie de Jésus église Saint-Paul Saint-François-Xavier « C’est ainsi que Bordeaux eut le premier sanctuaire du monde consacré à saint François-Xavier » Raymond Darricau, 1973 L’église Saint-Paul Saint-FrançoisXavier, église construite par les jésuites, est un exemple du développement de l’architecture baroque du XVIIe siècle à Bordeaux. L’arrivée des jésuites à Bordeaux La Compagnie de Jésus est un ordre religieux fondé par saint Ignace de Loyola et reconnu en 1540 par le pape Paul III. Société essentiellement missionnaire à ses débuts, elle élargit très rapidement son champ d’action en se consacrant dès 1547 à la prédication et surtout à l’enseignement. La ContreRéforme, mouvement catholique issu du concile de Trente (1545- 1547) pour combattre l’influence grandissante du protestantisme, s’appuie sur la Compagnie et favorise ainsi son expansion et son succès. Les jésuites arrivent à Bordeaux en 1572. Ils s’installent dans le prieuré Saint-James rue du Mirail, à proximité de l’hôtel de ville situé, à l’époque, à côté de l’église Saint-Eloi et de la Grosse-Cloche. Pour dispenser leur enseignement, ils fondent la même année, à l’emplacement de l’actuel lycée Michel Montaigne, le collège de la Madeleine. En 1607, ils ouvrent, d’abord rue du Hâ, puis près de l’église Sainte-Croix, le Noviciat de la province d’Aquitaine, le troisième créé en France après Avignon et Toulouse. Moins de vingt années plus tard, les jésuites, soutenus par le cardinal François de Sourdis, construisent rue des Ayres, pour leur père provincial, une maison professe, la quatrième élevée en France après celles de Paris, Grenoble et Toulouse (ill. 1). La chapelle élevée en même temps s’avérant très vite insuffisante, les jésuites décident de construire un édifice cultuel plus imposant. 3. E. Minvielle. Coupe en long de l’église. XIXe. AMBx. Fi IX-H-11 La construction de la nouvelle église Le legs de 40 000 livres fait par testament en mars 1650 par Olive de Lestonnac, seconde épouse de MarcAntoine de Gourgues, premier président au parlement de Bordeaux, rend possible la construction d’une église et permet l’acquisition, en 1662, de la Mairerie, ancienne résidence du maire située entre la rue des Ayres et la rue de Gourgues. La première pierre de la future église est posée le 19 novembre 1663. Le frère Mathurin Biziou en est l’architecte et le concepteur. La nouvelle église, placée sous le vocable de saint François Xavier, apôtre missionnaire des Indes, du Japon, mort en Chine en 1552, est consacrée le 22 mai 1676 par l’archevêque Henri de Béthune qui en fait la dédicace le lendemain. L’église, faute de subsides, est inachevée. La totalité du décor extérieur et le projet de coupole à la croisée du transept ne sont pas réalisés. La mise en place de son décor intérieur est longue et s’achève au milieu du XVIIIe siècle avec l’installation du programme décoratif du chœur. En 1762, après l’expulsion de la Compagnie de Jésus, les biens bordelais 4. G. II Coustou. Apothéose de saint François-Xavier (détail) des jésuites sont mis sous séquestre. La maison professe mise en vente en août 1663 est achetée par la municipalité en même temps que le Noviciat. Pendant la Révolution, l’église devient paroissiale, sous le patronage de saint Paul. Elle est fermée en 1794 et transformée en dépôt général des cordes « servant aux sonneries des cloches descendues ». Rendue au culte constitutionnel en avril 1796, elle reprend son rang d’église six années plus tard. Le 25 janvier 1842 le cardinal Ferdinand Donnet consacre l’église et lui reconnaît comme patron principal saint Paul et patron secondaire saint François Xavier. Une campagne générale de restauration est menée en 1840 et 1841 (ill. 3-7). Les boiseries de l’église, le banc d’œuvre, l’abat-voix de la chaire et les boiseries du chœur sont remplacés ou réparés à cette occasion. Entre 1853 et 1855, l’architecte Charles Burguet érige un clocher à l’angle sudest de l’édifice (ill. 8). Des travaux de restauration et d’entretien de l’édifice et de son mobilier se poursuivent tout au long du XXe siècle. En 1992, les frères dominicains, présents à 5. G. II Coustou. Apothéose de saint François-Xavier (détail) Bordeaux depuis 1221, s’installent rue des Ayres et Saint-Paul devient leur église. La même année, l’église est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques puis est classée en septembre 1997. Un exemple d’architecture jésuite Avec sa longueur de 45 mètres et sa largeur de près de 19 mètres, l’église est l’un des plus grands édifices construits en France par les jésuites. Sa conception et son style se rattachent au courant architectural baroque. Son plan reprend celui de la maison professe de Paris, œuvre du père Ange Etienne Martellange (1569-1641). Extérieurement, L’édifice est orienté nord/sud suivant la règle des églises jésuites. Sa façade ouverte, au nord sur la rue des Ayres, s’élève sur deux niveaux de largeur inégale reliés par des ailerons* et des consoles* renversées. Au-dessus de l’unique porte, bien qu’il ait été martelé en 1763 après la suppression de l’ordre, se devine encore aisément un cartouche* décoré du cœur enflammé de Jésus et l’emblème de la Compagnie I.H.S (les trois premières lettres du mot grec signifiant Jésus (ill. 2), initiales qui seront ultérieurement interprétées comme étant celles en latin de Iesus Homini Salvador). Dans les écoinçons*, deux anges affrontés tiennent une couronne au-dessus d’une niche vide qui abritait un buste de saint François Xavier brisé en 1793. Un intérieur véritable écrin pour un chef-d’œuvre de l’art baroque L’intérieur impressionne par ses proportions harmonieuses, sa sobriété architecturale et sa richesse décorative. Une tribune agrémentée d’une balustrade et ornée de bas-reliefs maniéristes attribués au sculpteur Robert Charpentier, surmonte la première travée de la nef. Le chœur est le réceptacle d’un maître-autel, d’un retable et d’un groupe placé en arrière du tabernacle* représentant l’Apothéose de Saint François-Xavier (ill. 4-5). Cet ensemble décoratif, chef d’œuvre de l’art baroque français, n’est pas contemporain de l’église. La réalisation en a été décidée par les jésuites vers 1740. La première pierre du retable est posée le 8 février 1741 par le premier président au parlement 6. P. Vernet. Baldaquin du maître-autel (détail) de Bordeaux André-François-Benoît Le Berthon. Après la réalisation du maître-autel achevé vers 1743, les jésuites demandent au sculpteur Pierre Vernet de créer le baldaquin du retable (ill. 6). Pour la statue en marbre blanc représentant saint François Xavier en extase et le tabernacle de marbre vert, les jésuites s’adressent au jeune Guillaume II Coustou (1716-1777). Premier prix de Rome et académicien considéré, il appartient à une fameuse dynastie d’artistes. Son père, Guillaume I Coustou (1677-1746), l’auteur des Chevaux de Marly et son oncle, Nicolas (1658-1733), ont été sculpteurs du Roi et ont travaillé à Versailles. L’œuvre est réalisée dans l’atelier parisien de Guillaume II qui vient en personne à Bordeaux, pendant la Toussaint de 1748, procéder à la mise en place de son œuvre (ill. couv.). Le lustre de Jean-François Buisson Au début des années 2000, les frères dominicains envisagent de faire disparaître l’inélégant plancher de lambris installé dans les années 1825 à la croisée du transept et de la nef pour dissimuler l’absence d’un dôme 7. M. Durassié. Projet de restauration de la façade. 1851. AMBx. Fi IX-H-3 8. L. Drouyn. Eglise St-Paul. 1893. AMBx. Fi IX-H-19 rec 259 de pierre, puits de lumière qui devait couronner l’église et qui ne fut pas mené à bien faute de ressources financières. Les dominicains imaginent une autre source lumineuse et entrent en contact avec l’artiste bordelais Jean-François Buisson. Celui-ci a conçu un lustre monumental de six mètres de diamètre, d’une hauteur de trois mètres et pesant près d’une tonne (ill. 9). La ville passe en octobre 2006 une convention avec l’artiste pour l’achat et la mise en place de l’œuvre dans l’église. Ce lustre de fer, de verre et hérissé de diodes permettant des variations de couleur, est constitué d’une sphère centrale et de six vasques en métal déchiquetées et recousues reliées entre elles. L’église aujourd’hui Depuis son classement au titre des Monuments historiques l’intérêt, la sauvegarde et la mise en valeur de cette église perdurent. Après avoir entrepris d’importants travaux sur sa façade nord, de nouvelles campagnes vont être lancées par la Ville. Une première tranche est consacrée à la restauration des grands retables de la fin du XVIIe siècle situés dans le transept. La prochaine phase sera consacrée à la remise en état de l’orgue construite en 1840 par le facteur d’orgues Henry et classé en 1979. En tant qu’exemple d’une architecture baroque à Bordeaux, l’église Saint-Paul Saint-François-Xavier a été inscrite sur le parcours imaginé après le classement de la Ville de Bordeaux au titre de l’Unesco. Lexique* Aileron : console renversée reliant un niveau large à un autre plus étroit. Cartouche : ornementation ayant une partie centrale vide pour recevoir une inscription ou un emblème. Console : motif d’architecture formant saillie et décoré de volutes recourbées. Ecoinçon : espace triangulaire formé de deux lignes droites et d’une courbe souvent décoré. Tabernacle : chapelle miniature installée au milieu de l’autel où sont placés le calice et les hosties. Texte : Anne Guérin Crédits photos Couv., 2, 4, 5, 6, 9 : © Mairie de Bordeaux, F. Deval ; L. Gauthier 1, 3, 7, 8 : © Archives municipales de Bordeaux, B. Rakotomanga Couv. : G. Coustou II. Tabernacle (détail) 9. J.-Fr. Buisson. Lustre monumental Church St. Paul St. Francis The Church of St. Paul St. Francis Xavier is one of the largest churches built by the Jesuits in France. It is an example of the development of Baroque architecture during the 17th century in Bordeaux. The Company of Jesus is an originally missionary religious order, founded before 1540 by Saint Ignatius of Loyola. It participated in the CounterReformation movement in order to fight the growing influence of Protestantism. The Jesuits arrived in Bordeaux in 1572. They opened France’s third novitiate there, after Avignon and Toulouse. After 1620, the Jesuits built Rue des Ayres, a Maison Professe with a chapel, which would very quickly prove to be inadequate. The Jesuits decided to build a more imposing place of worship. The first stone was laid in November 1663. Brother Mathurin Biziou was the architect and designer (1667-1673). The new church was dedicated to St. FrancisXavier, a missionary apostle to the Indies and Japan, who died in China in 1552. The Church was never completed, due to lack of funds. The whole of the exterior decoration, and the plan for a dome at the crossing of the transept were not realised. During the French Revolution, the church became a parish church, under the patronage of St. Paul. In 1842 Cardinal Ferdinand Donnet consecrated the Church and recognised St. Paul as the principal patron saint, with St. Francis-Xavier as secondary patron saint. Inside, the choir is home to a high altar, an altarpiece and a group representing the Exaltation of St. Francis-Xavier, created after 1740. The white marble statue depicting St. Francis-Xavier in Ecstasy is a work by Guillaume II Costou (17161777) who belonged to a great dynasty of artists in the service of the Kings of France. At the beginning of the 21st century, the Dominicans, based at St. Paul since 1992, called in the Bordeaux artist, Jean-François Buisson to create a monumental chandelier. The Church of St. Paul-St. Francis-Xavier was included in the route created after the UNESCO classification of the City of Bordeaux. Iglesia de St-Paul St-François-Xavier La iglesia de Saint-Paul Saint-FrançoisXavier es uno de los edificios más grandes construidos en Francia por los jesuitas. Es un ejemplo del desarrollo de la arquitectura barroca del siglo XVII en Burdeos. La Compañía de Jesús es una orden religiosa, misionaria en sus inicios, fundada antes de 1540 por San Ignacio de Loyola. Se inscribe en el movimiento de la Contrarreforma para luchar contra la creciente influencia del protestantismo. Los jesuitas llegaron a Burdeos en 1572. Allí abrieron el tercer noviciado creado en Francia, tras los de Aviñón y Toulouse. Después de 1620, los jesuitas ordenaron construir en la rue des Ayres una casa profesa con su capilla, que pronto resultó insuficiente. Los Jesuitas decidieron construir un edificio de culto más imponente. La primera piedra fue colocada en noviembre de 1663. El monje Mathurin Biziou fue su arquitecto y diseñador (16671673). La nueva iglesia fue consagrada a San Francisco Javier, apóstol misionario de las Indias y de Japón, muerto en China en 1552. La iglesia, sin embargo, no pudo ser terminada ante la falta de subsidios. La totalidad de la decoración exterior y el proyecto de cúpula en el transepto no pudieron ser realizados. Durante la Revolución, la iglesia se hizo parroquial y se dedicó a San Pablo. En 1842, el cardenal Ferdinand Donnet consagró la iglesia y reconoció como patrón principal a San Pablo y como patrón secundario a San Francisco Javier. En el interior, el coro sirve de receptáculo de un altar mayor, un retablo y un grupo que representa la Exaltación de San Francisco Javier, realizado después de 1740. La estatua de mármol blanco que representa a San Francisco Javier en éxtasis es obra de Guillaume II Coustou (1716-1777), miembro de una gran dinastía de artistas al servicio de los reyes de Francia. Al principio de la década de 2000, los dominicos, instalados en Saint-Paul desde 1992, contrataron al artista bordelés Jean-François Buisson para crear un lustro monumental. La iglesia de Saint-PaulSaint-François-Xavier ha sido inscrita en el itinerario diseñado tras la declaración de la ciudad de Burdeos por la Unesco. En 2007, l’UNESCO a distingué Bordeaux l’inscrivant ainsi au Patrimoine mondial en tant qu’ensemble urbain exceptionnel. Le patrimoine est une composante capitale de la ville et de ses habitants, élément constitutif d’une identité urbaine et de notre histoire commune. Préserver, partager et transmettre cette histoire est essentiel pour les générations futures. Elle nous aide à construire l’avenir en s’appuyant sur nos racines. Je vous souhaite une excellente visite dans ces lieux porteurs de mémoire. In 2007, Bordeaux was recognized by UNESCO and added on the World Heritage List as an exceptional urban ensemble. Heritage is an essential element of the city and its residents, a fundamental component of our urban identity and collective history. To preserve, present and share this history is essential for future generations. Our history helps us shape a future built on our roots. I wish you an excellent visit in this site that perpetuates our memories En 2007, la UNESCO declaró la ciudad de Burdeos Patrimonio mundial como conjunto urbano excepcional. El patrimonio es una parte importante de la ciudad y de sus habitantes, elemento constitutivo de una identidad urbana y de nuestra historia común. Preservar, compartir y transmitir esta historia es esencial para las futuras generaciones. Nos ayuda a construir el futuro apoyándose en nuestras raíces. Le deseo una excelente visita en estos sitios portadores de memoria. Alain Juppé, maire de Bordeaux / Mayor of Bordeaux / Alcalde de Burdeos Premier vice-président de la Communauté urbaine de Bordeaux / First vice-president of the Urban community of Bordeaux / El primer vicepresidente de la Comunidad urbana de Burdeos Renseignements Mairie de Bordeaux Direction générale des affaires culturelles Place Pey-Berland - 33077 Bordeaux Cedex 05 56 10 53 00 - bordeaux.fr Office de Tourisme de Bordeaux 12, cours du XXX Juillet 33080 Bordeaux Cedex 05 56 00 66 00 - bordeaux-tourisme.com Bordeaux appartient au réseau national des Villes et Pays d’art et d’histoire. Le Ministère de la culture et de la communication, direction de l’architecture et du patrimoine, attribue l’appellation Ville et Pays d’art et d’histoire aux collectivités locales qui animent leur patrimoine. Il garantit la compétence des guides-conférenciers et des animateurs de l’architecture et du patrimoine et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture du XXIe siècle, les villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, un réseau de 137 villes et pays vous offre son savoir-faire sur toute la France. Further information Bordeaux belongs to the national network of Villes et Pays d’art et d’histoire. The Architecture and Heritage department of the Ministry of Culture and Communication awards the title of Villes et Pays d’art et d’histoire to local authorities who actively promote their heritage. It guarantees the capability of the tour guides and the architecture and heritage event organisers as well as the quality of their work. From archaeological remains to the architecture of the 19th century, the towns and regions present their heritage in all its diversity. Today, 137 towns and regions across the whole of France belong to the network. Nearby Sarlat, Périgueux, Oloron-Sainte-Marie, Angoulême and Saintes have all been awarded the coveted Ville d’art et d’histoire label. Información Burdeos forma parte de la red nacional de Villes et Pays d’art et d’histoire. El Ministerio de Cultura y Comunicación, desde su dirección de Arquitectura y Patrimonio atribuye la apelación Villes et Pays d’art et d’histoire a aquellas entidades locales que organizan actividades de animación en torno a su patrimonio. Garantiza la profesionalidad de los guíasconferenciantes, de las personas que intervienen en las actividades de animación, y la calidad de sus acciones. De los vestigios de la antigüedad a la arquitectura del siglo XX, ciudades y territorios pone en escena el patrimonio en su diversidad. En la actualidad, una red de 137 ciudades y territorios ofrece su saber hacer a lo largo y ancho de Francia. En las proximidades Sarlat, Périgueux, Oloron-Sainte-Marie, Angoulême y Saintes cuentan ya con la apelación Villes d’art et d’histoire. A proximité Sarlat, Périgueux, Oloron-Sainte-Marie, Angoulême et Saintes bénéficient de l’appellation Villes d’art et d’histoire. bordeaux.fr