INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION UNIVERSITÉ TOULOUSE – JEAN JAURES MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement » MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE Tourisme, patrimoine alimentaire et développement social à Oaxaca, Mexique Influence du tourisme dans le processus d’appropriation des ressources Présenté par : Coralie DEJEAN Année universitaire : 2014 - 2015 Sous la direction de : Pierre TORRENTE et Miriam BERTRAN VILA 1 2 INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement » MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE Tourisme, patrimoine alimentaire et développement social à Oaxaca, Mexique Influence du tourisme dans le processus d’appropriation des ressources Présenté par : Coralie DEJEAN Année universitaire : 2014 - 2015 Sous la direction de : Pierre TORRENTE et Miriam BERTRAN VILA 3 L’ISTHIA de l’Université de Toulouse Jean Jaurès n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). 4 Remerciements Dans un premier temps, mes remerciements se dirigent vers Miriam Bertran Vilà, maître de stage, enseignante à l’Université Métropolitaine de Mexico qui m’a accueilli au sein de l’Observatoire de l’Alimentation et de la Culture. Ses recommandations en termes de méthodologie d’enquêtes m’ont permis de mieux appréhender ce travail de recherche. Ensuite, je tiens à remercier mon maître de mémoire Pierre Torrente qui a fait preuve d’une certaine patience et d’une réelle disponibilité. Ses conseils avisés et son accompagnement régulier ont d’enrichi ma réflexion autour de ce travail de recherche. Je souhaiterais remercier Jacinthe Bessiere qui a pris le temps de m’apporter ses précieux conseils en termes de méthodologie d’investigation. Je voudrais par la même occasion remercier mes collègues de travail Nelly Flores Pacheco, doctorante à l’Université Métropolitaine de Mexico et Irene Vazquez Guñido, étudiante dans la même université qui m’ont apporté leur aide sur le terrain en me guidant au cours du premier stage. Je tiens évidemment à remercier l’ensemble des personnes qui m’ont permis de cerner les problématiques majeures des territoires investis Ronda Brelotte, et Karina Luna. Et également merci aux nombreuses personnes interrogées qui m’ont accordé de leur temps et qui ont accepté de se plier à l’exercice des entretiens exploratoires malgré leur activité prenante. Je tiens à remercier Moisés Garcia qui a favorisé auprès de la communauté de Tlacochahuaya et qui qui m’a permis d’entrevoir de nouvelles pistes de recherche. J’aimerais également prendre le soin de remercier Anne Sarda et Martine Araud du centre de Ressources de Foix qui ont su être disponible pour m’orienter dans mes recherches. Pour finir je tiens tout particulièrement à remercier mes proches en commençant par ma sœur Armony Dejean qui malgré la distance a pris le temps de m’apporter un regard neuf sur mon travail et merci à mes parents qui m’ont soutenu tout au long de mes escapades mexicaines et qui m’ont toujours fait confiance dans la réalisation de mon projet professionnel. Pour finir je tiens à remercier Mélanie Petit, une grande amie qui m’a apporté ses conseils personnels et professionnels dans l’aboutissement de ce travail. 5 Sommaire 6 Introduction Générale L’activité touristique a acquis une place prépondérante dans les stratégies de développement économique pour de nombreux pays. Cependant, les études scientifiques au sujet de cette discipline ne sont pas appréciées à leur juste valeur, au même titre que les sciences politiques ou les sciences humaines. Toutefois les réussites réalisées suite à la mobilisation de l’activité touristique sont particulièrement significatives dans le développement des territoires. Plus récemment, l’alliance du tourisme et du développement durable ont permis d’entrevoir de nouvelles perspectives d’évolution. Les projets associant ces deux disciplines connaissent un succès incontestable auprès des touristes en ce XXIème siècle. Ajoutons une nouvelle dimension à ce duo : la gastronomie. En effet, le patrimoine alimentaire local constitue un nouvel enjeu de développement pour de nombreuses destinations parmi lesquelles nous retrouvons le Mexique. Le tourisme se positionne actuellement comme un nouvel outil de développement des territoires dont le patrimoine alimentaire devient un enjeu primordial dans les stratégies touristiques. Dans ce contexte, nous avons intégré un programme de recherche intitulé : « Tourisme, gastronomie et développement social ». Il résulte de l’union entre l'Institut Supérieur de l'Hôtellerie, du Tourisme et de l’Alimentation (ISTHIA) rattaché à l’Université de Toulouse Jean Jaurès (UT2J) et l’Université Autonome Métropolitaine du Mexique (UAM). Dans le cadre de ce partenariat, nous avons eu l’opportunité de réaliser deux stages conventionnés avec l’Observatoire de l’Alimentation et de la Culture relié à l’UAM. De ce fait, notre territoire d’investigation est situé sur la Route touristique-économique des Chemins du Mezcal, dans les Vallées Centrales de Oaxaca, Etat situé au sud-est du Mexique. Au cours de la première période de stage, nous avons réalisé un inventaire des services alimentaires mis à disposition des touristes. Suite à cette phase préparatoire, cette année, nous avons alors analysé le rôle et la place attribués à l’activité touristique dans le processus d’appropriation des ressources locales par les habitants. Le Mexique a entrepris depuis plusieurs années une réforme des structures gouvernementales régionales et locales orientée vers la décentralisation et la modernisation des institutions. Suite à cette décision, les communautés présentes sur la Route des Chemins du Mezcal cherchent à trouver un équilibre entre les nouvelles réformes imposées par l’Etat Mexicain tout en conservant leurs traditions particulièrement ancrées au cœur des territoires. Teotitlán del Valle constitue le parfait exemple des villages qui cherchent à conserver ses coutumes tout en s’adaptant à l’organisation sociale et politique. 7 La phase préparatoire et les recherches bibliographiques nous ont permis de faire un premier constat. L’activité touristique sur notre territoire d’investigation est considérée comme l’une des premières sources d’enrichissement des villages. La confection de produits artisanaux constitue l’activité principale pour certaines communautés. Cependant la diminution brutale de la fréquentation touristique suite à la saturation du marché et aux manifestations sociales dans la ville de Oaxaca ont pour effet de diminuer les ressources des habitants exerçant une activité professionnelle en lien avec le secteur tertiaire. Face à ce contexte, nous avons cherché à comprendre le rôle et l’influence de l’activité touristique sur les comportements des habitants de la route du Mezcal. Nous avons formulé une question de départ : L’activité touristique comme un vecteur de développement social des communautés : en quoi l’activité touristique peut-elle favoriser la réappropriation et la transmission des ressources locales par la population auprès des touristes dans une dynamique de développement contrôlé des territoires ? Suite aux premières recherches exploratoires nous nous sommes rapidement rendu compte de la complexité des termes de cette question et de l’impact de leur utilisation. Par exemple la réappropriation suppose une perte préalable d’un élément, chose dont nous n’avions pas la preuve. C’est ainsi que nous sommes parvenus à formuler une problématique plus précise et plus adaptée aux territoires d’investigation : En quoi l’appropriation de l’activité touristique par les populations locales peut entraîner la valorisation et la transmission des ressources locales auprès des visiteurs ? Le travail méthodologique a été entrepris en juin 2015 et s’est organisé en cinq étapes : la recherche exploratoire ; l’analyse préliminaire ; l’investigation sur le terrain ; l’analyse postinvestigation et la proposition de résultat. Ces étapes méthodologiques nous ont accompagnés dans la rédaction de cette étude qui présentera dans une première partie en quoi le tourisme peut-il constituer un outil de développement durable des territoires. Ensuite nous présenterons dans la seconde partie notre terrain d’investigation, ainsi que la méthodologie entreprise pour mener à bien ce projet et les premiers résultats obtenus. Pour finir nous tacherons de faire un diagnostic du terrain d’étude accompagné d’un plan d’actions stratégiques destiné à améliorer la présence du tourisme sur la Route du Mezcal. Pour faire face à la conjoncture actuelle nous envisageons des scénarios sur lesquels les habitants pourraient se replier pour s’assurer un revenu constant. 8 Pourquoi ce mémoire ? La question du patrimoine pastoral et des projets de développement touristique; * Valorisation du tourisme rural en Ariège. * Missions de stage : Inventaire et analyse de l'offre gastronomique destinée aux touristes ; * Analyse préliminaire et préconisations pour développer l'activité touristique sur la Route des Chemins du Mezcal. Poursuite du stage de M1 2 mois au Mexique dont 1 mois sur le terrain * * Thèmatiques: - ENJEU : Patrimoine alimentaire; - OUTIL : Tourisme; - FINALITE: Développement des territores. * Mobilisation des données récoltées au cours du 1er stage Stage M2 * Sujet d'étude découle du stage de M1 3 mois de stage au Mexique dont la moitié sur le terrain Mémoire M2 Sujet d'étude choisi pour répondre à des intérêts personels ; Stage M1 Mémoire M1 Retour sur le parcours professionnel M2 TD 2013-2015 Mission de stage: Mesurer le développement de l'activité touristique dans deux villages; * Comprendre comment les habitants mobilisent l'activité touristique pour diversifier les retombées économiques sur le territoire. Travail de recherche et choix des thèmes d’investigation : - TOURISME : Activité touristique vectrice de développement ; - PATRIMOINE : Gastronomie et patrimoine alimentaire ; - SOCIAL : Appropriation des ressources Question de départ : L’activité touristique comme un vecteur de développement social des communautés : en quoi l’activité touristique peut-elle favoriser la réappropriation et la transmission ressources locales par la population auprès des touristes dans une dynamique de développement contrôlé des territoires ? Problématique : En quoi l’appropriation de l’activité touristique par les populations locales peut entraîner la valorisation et la transmission des ressources locales auprès des visiteurs ? Formulation des hypothèses : 1. 2. 3. L’activité touristique favorise l’appropriation totale enjeu culturel L’activité touristique entraine une appropriation partielle enjeu économique L’activité touristique ne joue pas de rôle dans l’appropriation car elle ne s’est pas développée de façon significative Rédaction du mémoire 9 Partie 1 L’activité touristique, comme outil de développement durable des territoires INTRODUCTION Nous débutons cette étude par une première partie qui s’intéresse à l’activité touristique comme outil de développement des territoires. Nous cherchons à montrer en quoi le tourisme peut constituer un moyen de développement durable des territoires. Pour cela, nous mobilisons plusieurs concepts pour montrer que l’activité touristique peut permettre le développement des territoires. Dans un premier temps, nous allons définir la notion de développement. Nous montrerons l’évolution de ce concept qui a subi plusieurs transformations, allant du développement économique au développement social pour aboutir sur un développement durable des territoires. Le développement durable résulte des mutations sociétales. En effet, nous avons observé une transformation dans les attentes des visiteurs en termes de tourisme. Le tourisme est un fait social complexe qui sera évoqué dans le second chapitre. Pour comprendre ces changements, nous étudierons l’identité des touristes, et nous chercherons à comprendre leurs nouvelles motivations. Ensuite, nous nous pencherons sur le concept d’appropriation des ressources qui est déterminant dans la transmission des traditions par les locaux auprès des touristes. L’objectif de cette première partie est de définir l’ensemble des éléments de notre problématique pour pouvoir formuler nos hypothèses. Ainsi, nous appréhendons le développement territorial comme une finalité vers laquelle nous souhaitons tendre, l’activité touristique constitue un outil pour atteindre le développement et pour finir l’appropriation des ressources représente l’enjeu qui nous permettra à la fois de développer le territoire mais également de concevoir un tourisme responsable sur le territoire en mobilisant les populations locales. Finalité Enjeu Développement territorial Appropriation du patrimoine Outil et moyen Activité touristique Figure 1: Objectifs et enjeux de la première partie 10 Partie 1 : L’activité touristique comme un outil de développement durable des territoires Chapitre 1 : Du développement des Trente Glorieuses au développement durable des territoires : une finalité Nous tacherons dans ce premier chapitre d’aborder trois concepts-clés qui constituent le cœur de notre questionnement. Nous commencerons par appréhender le concept de territoire auquel nous associerons le développement. Ensuite, nous réaliserons un état des lieux de l’évolution de ces concepts pour aboutir sur la notion de développement durable. 1. Les territoires au cœur des projets de développement Aujourd’hui, il est devenu primordial de se préoccuper de ses ressources et de les conserver pour éviter leur disparition. L’espace territorial en fait partie. Nous considérons dans cette étude le développement des territoires comme une finalité. Un développement respectueux et contrôlé est une situation vers laquelle tous les territoires souhaiteraient tendre. Ainsi, nous présenterons plus loin ce en quoi consiste le développement. Mais d’abord nous allons débuter par l’essence même de notre questionnement les territoires. Comment se définissent-ils ? Qu’est-ce qui les caractérise et qu’est-ce qui les constitue ? 1.1 Du concept de territoire à l’apparition des terroirs Pour définir la notion de développement territorial, nous allons commencer par confronter différentes définitions attribuées au concept de « territoire ». Par la suite, nous mobiliserons les définitions du « développement » et pour finir nous évoquerons les tendances du XXème siècle en termes de développement. D’après le dictionnaire du petit Robert, le terme « territoire » a été utilisé pour la première fois à partir de la fin du XIVème siècle. Issu du latin terrirorium, il signifie terroir et terre. Il s’agit d’une « étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain, une collectivité politique nationale (état, nation, pays)1 ». La définition proposée par le petit Robert laisse apparaître une relation manifeste entre le territoire et ses habitants. 1 Le petit robert, dictionnaire de la langue française, la référence de la langue française. Dictionnaire le robert, Paris, 2004 11 Selon le dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, la définition commune attribuée au territoire désigne « tout espace délimité géographiquement par l’autorité qui s’y exerce ». Plusieurs sciences s’intéressent à la question. D’abord, l’éthologie avec Eliot Howard, ornithologue anglais, qui en 1920 donnera la première définition scientifique du « territoire ». Puis la sociobiologie émet l’hypothèse « que les êtres humains seraient, par nature, portés à s’approprier des territoires et à manifester du même coup un instinct d’agression ». Pour finir les géographes déterminent une typologie selon laquelle un territoire s’apparenterait à diverses formes : juxtaposées, réticulées et satellisées qui s’exerceraient autour d’un centre. Les anthropologues distinguent des mécanismes et des pratiques sociales au sein même d’un territoire. Le croisement de ces éléments détermine l’organisation territoriale d’une société. Par ailleurs, ils ont montré le rôle majeur attribué aux « structures familiales, villageoises, communautaires et tribales et l’importance des faits de hiérarchie sociale ». Ainsi, ils considèrent que l’organisation territoriale doit s’analyser à deux niveaux : « celui de l’action des hommes sur les supports matériels et celui des systèmes de représentation ». La société s’illustre par l’espace qu’elle occupe. Ses habitants exercent une action sur les ressources naturelles du territoire : les végétaux (cueillette), les animaux (chasse, domestication). Ces pratiques s’exécutent en fonction des moyens mis à disposition des habitants (matériels) et des contraintes qui leur sont imposées (lois et réglementations). Tous ces éléments constituent le processus de territorialisation d’une culture qui se construit au regard des connaissances, des idées et des valeurs partageaient à la fois par le gouvernement et aussi par ses occupants. Le territoire s’organise autour d’une société qui se distingue selon « des principes de divisions sexuelles du travail, des formes de stratification sociale […] ou des modalités selon lesquelles s’institue la coexistence entre ethnies différentes ». L’occupation humaine du territoire et les formes d’utilisation des ressources traduisent des rapports sociaux déterminés par l’appropriation collective (communautaire, clanique, lignagère) des biens. 12 L’intervention humaine dans le processus de territorialisation s’exerce par exemple lorsqu’il mobilise ses composantes matérielles. Le territoire est considéré comme un élément de médiation entre les vivants, leurs ancêtres et les forces surnaturelles. Le territoire fait preuve de l’existence des ancêtres et légitime les vivants. Il représente l’aboutissement du travail accumulé des personnes disparues et abrite leurs reliques, ce qui explique l’attachement et l’appropriation naturelle par ses occupants. Le lien avec les ancêtres est entretenu grâce au propriétaire de la terre qui s’attache à conserver et à renforcer son appartenance à un groupe en transmettant l’héritage matériel et spirituel qu’il a lui-même reçu. D’autre part, le territoire peut être considéré comme un outil de travail et acquiert une dimension essentiellement politique. Dans ce cas, une protection lui est accordée et ses membres jouissent d’une certaine sécurité (Bonte, 2010, p.704-705). La définition du dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie présente trois aspects non négligeables du territoire : le territoire est défini par des limites géographiques, les résidents territorialisent l’espace en y exerçant leur propre mode de vie ; l’avenir du territoire est laissé aux acteurs les plus influents qui au regard des ressources présentes sur le territoire jugent des axes de développement. La définition proposée par les deux économistes Pierre Campagne et Bernard Pecqueur, dans l’ouvrage intitulé Le développement territorial, présente la complexité du terme « territoire », car il se rattache à plusieurs disciplines : « Le mot territoire est en effet issu du latin territorium et a, dans un premier temps, été utilisé pour définir un espace sur lequel s’exerçait une autorité ou une juridiction. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que les géographes ont considérablement élargi son champ sémantique, au point qu’il existe aujourd’hui une multitude de définition selon le domaine étudié ». (Campagne, Pecqueur, 2014, p.46) Dans le même ouvrage, Pierre Campagne et Bernard Pecqueur assimilent la notion de territoire à celle de terroir. Le terroir est énergiquement lié aux produits agroalimentaires qu’il génère. Autrefois le terroir se distinguait du territoire puisque la place attribuée à l’homme était nettement moins importante que la profitabilité des sols. Ainsi, les sols déterminent l’action de l’homme et ce qu’il souhaite en faire. Plus récemment, le terroir a été assimilé aux produits de qualité et aux produits labélisés. Il existe « un processus nécessaire de transformation par les pratiques culturales et d’élevage et par les savoir-faire accumulés » 13 qui distingue le terroir du territoire (Campagne, Pecqueur, 2014, p.43). En effet le terroir se définit comme un : « Système au sein duquel s’établissent des interactions complexes entre un ensemble de facteurs humains (techniques, usages collectifs), une production agricole et un milieu physique – le territoire. Le terroir est valorisé par un produit auquel il confère une originalité (une typicité) »2. Dans le même ouvrage, une distinction entre « terroir et territoire » est entreprise par Véronique Peyrache-Gadeau, enseignante-chercheuse sur le thème d’économie territoriale et du tourisme : Tableau 1 : Comparaison entre terroir et territoire selon Véronique Peyrache-Gadeau Terroir Territoire Résulte de l’histoire locale Construit socio-économique Exprime un lien complexe entre usages et environnement et appartenance au sol Exprime un projet de développement, un lien entre espace administratif et une logique patrimoniale Importance des critères pédagogiques, biogéographiques, écologiques… Importance des critères socio-économiques en termes d’emplois, d’activités, etc. Ecosystème Système productif Communauté Organisation d’acteurs et/ou d’institutions (Source : Véronique Peyrache-Gadeau, 2002, p.259) 3 La comparaison entre les deux notions montre que le terroir est rattaché au produit qu’il génère tandis que le territoire se définit par les activités qui s’y développent. Le terroir est le fruit d’une histoire locale tandis que le territoire a été révélé par son terroir. La richesse d’un terroir détermine les caractéristiques et l’essence même d’un territoire. Ci-dessous une nouvelle comparaison entre ces deux notions permet d’éclairer notre raisonnement : « Le terroir est une résultante spontanée de l’histoire, qui retrace un long cheminement naturel des lieux ayant pu capitaliser les atouts physiques et humains sédimentés en lieux et délimitant ces lieux. En revanche, le territoire est un construit social et politique qui émerge de luttes, de contradictions et de conflits, il n’existe que par la volonté des hommes qui formulent à son propos un projet et donc une vision prospective formalisée dans une contractualisation entre financeur et bénéficiaire » (Campagne, Pecqueur, 2014, p.45-46). 2 Cette définition présente dans l’ouvrage de Pierre Campagne et Bernard Pecqueur est tirée du livre « Terroir et typicité : deux concepts-clés des appellations d’origine contrôlée », 2005. 3 Cette comparaison figure dans l’ouvrage « Le développement territorial » de Pierre Campagne et Bernard Pecqueur, elle-même récupérée du livre « L’innovation en agriculture » de V.Peyrache-Gadeau, 2002. 14 Les différentes définitions que nous avons exposées jusqu’à présent s’accordent sur un point particulier : le territoire est déterminé par « des limites géographiques : il y a un dedans et un dehors de l’espace concerné ». Cette limite engage divers acteurs capables d’agir ensemble dans le but de générer du développement territorial. Les pouvoirs publics, les acteurs privés et les associations doivent mettre en place une gouvernance cohérente dans le processus de développement territorial (Campagne, Pecqueur, 2014, p.48). Nous avons vu différentes approches du terroir et du territoire. Nous cherchons désormais à déterminer les éléments présents sur un territoire qui permettent de générer du développement. Nous considérons que les ressources territoriales peuvent être un bon moyen d’impulser une certaine dynamique sur un espace délimité. Nous évoquerons dans un premier temps la définition de la ressource territoriale. Ensuite, nous verrons les processus de construction des ressources territoriales suivis des différentes étapes de la valorisation des produits. 1.2 Le processus de construction de la ressource territoriale4 Nous avons choisi de présenter la notion de ressource territoriale selon l’approche géographique et économique. Selon les géographes, la ressource représente « les moyens dont dispose un individu ou un groupe pour mener à bien une action et/ou pour créer de la richesse » (Gumuchian, Pecqueur, 2007, p.6). Ici la ressource est l’élément déclencheur qui permettra d’impulser des projets de territoire. Au cours de la phase initiale la ressource est un outil. Elle permettra d’obtenir de la croissance économique lors de l’ultime étape. Les économistes considèrent qu’une fois que la ressource a été mobilisée elle peut entraîner des bénéfices quantifiables issus de l’activité humaine : « La ressource renvoie aux théories de la valeur qui donnent sens au produit de l’activité des hommes. La valeur est alors supposée évaluable. (…) La ressource concrète est constituée d’une combinaison des « facteurs de production » : le travail, le capital et la matière première. » (Gumuchian, Pecqueur, 2007, p.6). 4 Rappels du mémoire DEJEAN Coralie. Patrimoine pastoral et projets de développement touristique dans les espaces ruraux et montagnards. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix : Université de Toulouse Jean Jaurès, Département ISTHIA, 2014, 128p. 15 Les deux spécialistes s’accordent sur l’aspect quantitatif de la ressource : elle génère de la valeur. La ressource peut être un outil de développement que l’homme doit apprendre à manipuler pour créer de la valeur. Suite à la mobilisation des acteurs territoriaux, des perspectives d’évolution pourront être envisagées pour transformer l’espace et le rendre plus attractif. Par exemple, les projets de développement territoriaux sont formulés en tenant compte des ressources présentes sur le territoire. A présent, nous allons présenter les différentes étapes du processus de définition de la ressource qui nous permettront de mieux appréhender notre deuxième partie. Nous considérons que les ressources territoriales doivent être appropriées par les locaux avant d’entreprendre toutes actions de développement touristique reposant sur ces atouts territoriaux. Sébastien Rayssac, maître de conférences en géographie et aménagement expose les différentes étapes du « processus de construction et de définition de la ressource territoriale »5. Avant d’acquérir le statut de ressource territoriale, une ressource potentielle va suivre le processus de construction de la ressource qui s’illustre par le biais des cinq étapes suivantes : Figure 2 : Processus de construction et de définition de la ressource territoriale 1. Phase se reconnaissance 2. Phase de connaissance 3. Phase d'évaluation 4. Phase de formulation du projet 5. Phase de concrétisation 6. La phase de réinvestissement (Source : S. Rayssac, 2007) 1. La phase de reconnaissance amorce le processus de construction de la ressource. Elle consiste à déterminer les ressources territoriales qui peuvent constituer un atout pour le territoire. Cette première étape peut parfois être à l’origine de conflits ; 5 RAYSSAC Sébastien. Tourisme et devenir des territoires ruraux. Jeux d’acteurs, discours et requalifications de la ruralité dans trois Pays du sud-ouest français. Thèse. Doctorat, Toulouse : Université de Toulouse II – Le Mirail, 2007, Volume 1, 347p. 16 2. La phase de connaissance permet de faire un état des lieux des ressources territoriales potentiellement mobilisables, le but étant de cibler les ressources du territoire et de comprendre leurs évolutions ; 3. La phase d’évaluation réunit les acteurs d’un territoire (élus, habitants, commerçants…) afin d’échanger sur la mise en place d’un nouveau projet de développement ; 4. La phase de formulation du projet permet de définir la manière dont la ressource territoriale sera mobilisée pour structurer et développer le territoire ; 5. La phase de concrétisation marque la naissance du projet. Il s’agit de l’ultime tâche du processus qui va permettre au projet de voir le jour ; 6. La phase de réinvestissement des ressources territoriales peut permettre d’entreprendre un nouveau programme de développement touristique. Cette phase peut générer de nouvelles ressources. Nous remarquons que le processus de construction et de définition de la ressource est relativement long, il peut prendre plusieurs années avant d’être concrétisé. 1.3 Les étapes de valorisation de la ressource territoriale Toujours dans la même dynamique, nous nous intéressons à présent au processus de valorisation de la ressource territoriale. Logiquement, il rappelle le processus de concrétisation et de définition de la ressource. Certaines étapes peuvent se réunir. Pierre Campagne et Bernard Pecqueur dans Le développement territorial expliquent que le processus de valorisation de la ressource dépend des acteurs (politiques) présents sur le territoire : « Ainsi on observe dans les territoires qui sont l’objet d’une valorisation locale de leurs ressources locales par l’action de leurs acteurs locaux, que cette valorisation se met en place grâce à un processus plus ou moins institutionnalisé qui associe les acteurs privés, publics et associatifs. Cette combinaison va produire une gouvernance du territoire qui signe en quelque sorte le caractère territorial du processus de développement qui se met en place » (Campagne, Pecqueur, 2014, p.51). La gouvernance exercée sur le territoire déterminera la capacité des acteurs à impulser de nouveaux projets de développement. Dans le meilleur des cas, on s’attend à ce que les projets entrainent la cohésion entre les acteurs présents sur le territoire. Pour mener à bien les quatre étapes de la valorisation de la ressource territoriale les acteurs doivent apprendre à se fédérer. 17 Figure 3 : Les étapes de la valorisation de la ressource territoriale 2. Décision du mode de valorisation 1. Identification de la ressource 3. Organisation de la valorisation 4. Mise en oeuvre de la commercialisation (Source : Campagne, Pecqueur, 2014, p.167) Si nous nous penchons plus précisément sur le schéma, nous pouvons décortiquer les quatre échelons qui aboutissent sur une valorisation de la ressource : 1. L’identification de la ressource est la première étape du processus de valorisation. Les acteurs se réunissent et déterminent ensemble « le potentiel à faire émerger » ; 2. La décision du mode de valorisation consiste pour les acteurs à définir la stratégie qu’ils souhaitent entreprendre ensemble pour mener à bien le projet de valorisation. Par exemple il peut s’agir de la mise en place d’un label ; 3. L’organisation de la valorisation vise à concilier la future offre avec les opportunités présentes sur le territoire dans l’objectif de réaliser un ancrage au plus près du territoire ; 4. La mise en œuvre de la commercialisation relève à la fois du marketing et de l’image générale de la destination que les acteurs souhaitent transmettre. La première étape rappelle tout particulièrement l’étape 3 (l’évaluation) du processus de construction de la ressource. Les étapes s’appréhendent de manière différente en fonction du type de projet de valorisation. Ces deux processus que nous venons d’étudier sont entrepris sur les territoires dans l’objectif de générer du développement. Cette partie nous a permis de constater qu’un territoire mobilise ses ressources pour se développer. L’utilisation de ses atouts par le biais des processus d’identification et de valorisation impulse une nouvelle dynamique sur les territoires. A présent, nous allons proposer une nouvelle approche de la notion du développement pour mieux comprendre la finalité de cette étude. Les territoires sont nos terrains d’études, le développement territorial est la finalité vers laquelle nous souhaitons aboutir. Nous verrons par la suite que le développement économique se penche plus récemment sur le développement environnemental, c’est pourquoi nous nous attacherons à définir de nouveaux modèles. 18 2. Rappels sur les prémices du développement 2.1 Comment définir le développement ? Plusieurs personnalités se sont pliées à l’exercice de définir le concept du développement. Très souvent ce concept est abordé d’un point de vue économique. Le 20 janvier 1949, Harry Truman, président des Etats-Unis de 1945 à 1953, sera le premier à prononcer l’expression « développement » en l’associant au « sous-développement » dont souffrent les pays pauvres. (Brunel, 2004, p.27) En 1969, dans l’ouvrage intitulé L’économie du XXème siècle, l’économiste français François Perroux décrivait le développement comme « La combinaison des changements mentaux et sociaux d’une société qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». Cette définition présente une certaine corrélation entre croissance et développement tout en y associant le volet social. L’accumulation du développement peut ainsi entraîner son renforcement. En 1986, la Déclaration des Nations Unies octroie une définition juridique au thème étudié : « [Il s’agit d’] un processus global, économique, social, culturel et politique, qui vise à améliorer sans cesse le bien-être de l'ensemble de la population et de tous les individus, sur la base de leur participation active, libre et significative au développement et au partage équitable des bienfaits qui en découlent »6. Cette définition met également en évidence l’aspect social au concept du développement qui est caractérisé comme un processus complet destiné à faire progresser principalement les conditions sociales des populations. En 2004, Sylvie Brunel, professeur des Universités en géographie du développement, rappelle la définition globale attribuée au développement : « Le développement est en effet perçu comme synonyme de croissance économique, et sa mise en œuvre repose sur une logique de production sans cesse accrue de richesses, un prélèvement massif sur la nature et les ressources, une expansion illimitée », (Brunel, 2004, p.14). Plus loin, elle précise davantage de quoi il est question : « Le développement est un processus de long terme, auto-entretenu, endogène et cumulatif, d’augmentation de la richesse et de diversification croissante des activités économiques, qui permet à un nombre croissant d’êtres humains de passer d’une situation de précarité à une meilleure maîtrise de leur propre destin, comme des aléas de la nature. Pour être mis en 6 Nations Unies. Déclaration des Nations Unies sur le droit au développement [en ligne]. Disponible sur : http://www.un.org/fr/events/righttodevelopment/declaration.shtml. (Consulté le 14-04-2015). 19 œuvre ce processus nécessite une action volontariste d’institutions guidées par une vision de long terme de l’intérêt général, menant des actions de redistribution visant à réduire le creusement des inégalités suscitées par la croissance économique », (Brunel, 2004, p.90). Il semblerait que le concept de développement soit fréquemment rattaché à une notion quantitative de rendement et de croissance. Les Trente Glorieuses sont l’exemple parfait du développement économique. Suite à la Seconde Guerre Mondiale, les villes ravagées ont été reconstruites. Ce réaménagement a généré du développement économique suite à une surconsommation des matières premières. Les définitions précédentes précisent qu’une action de développement entraîne un nouveau champ d’action : grâce à une action de développement une situation initiale aboutie à une situation finalement normalement plus favorable. Dans le meilleur des cas, toutes les actions de développement doivent tendre à une amélioration de la situation initiale. Au regard de ces définitions, nous avons remarqué que le concept de développement est souvent synonyme de croissance. En revanche, le développement peut également être associé au volet social. 2.2 Le développement social et local des territoires, quels enjeux et quelles spécificités ? 1.2.1 Le développement social au cœur de notre thématique… Nous avons vu dans la première partie différentes approches du développement. Si nous reprenons brièvement, le développement se définit comme l’« action de donner toute son étendue à quelque chose : déployer, dérouler ». Elle intègre notamment la variable temporelle « évolution de ce qui se développe : croissance, épanouissement » 7. Ainsi, nous distinguons plusieurs formes de développement qui sont apparues au cours de l’histoire. Au regard de notre thématique d’investigation, nous choisissons de nous concentrer d’une part sur le développement social des territoires et d’autre part sur développement local qui dépend de l’intervention des acteurs politiques sur un territoire. Serge Latouche, économiste français, dans Survivre au développement aborde le développement sous plusieurs angles. Il explique qu’en 1995, suite au sommet mondial de Copenhague pour le développement social, le document intitulé « Projet de déclaration et de 7 Le Petit Robert, dictionnaire de la langue française, la référence de la langue française. Dictionnaire le Robert, Paris, 2004. 20 programme d’action » présentera les orientations stratégiques du développement social. Il apparaît que la définition attribuée au développement social est intimement liée à celle du développement économique : « Nous partageons également la conviction que le développement social et le développement économique bien compris sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Un développement social équitable constitue le fondement nécessaire d’une prospérité économique durable. Inversement, un développement économique général et durable est la condition préalable du développement social et de la justice social » (Latouche, 2009, p.38). La corrélation entre ces deux concepts montre d’une part que pour créer du développement économique il est nécessaire de tenir compte de l’ensemble des aspects sociaux propres à un territoire. D’autre part, le développement social repose au préalable sur la prospérité du système économique territorial. Pierre-Noël Denieuil est un sociologue français qui s’intéresse au développement local. Dans son article publié en 2006 sur le : « Développement social, local et territorial»8, il aborde trois dimensions du développement : le développement social, le développement local et le développement territorial. Il explique que le concept du développement social se raccroche habituellement du concept de développement local et territorial. Tout comme Serge Latouche, Pierre-Noël Denieuil, cherche à définir le développement social : « Le développement social se construit de manière très ciblée autour d’un groupe issu d’une population identifiée par des besoins et par une demande, ou autour d’une communauté d’action ou de voisinage spatialement circonscrite ». Ici on remarque l’importance accordée à la population locale qui joue un rôle décisif dans le déploiement du concept du développement. Albert Meister, sociologue spécialiste du développement et des associations, partage également cette idée. Ce dernier s’inspire du développement communautaire anglo-saxon pour développer le concept de développement social. En parallèle, il cherche également à définir le développement local en mobilisant les antécédents de la ruralité française. Albert Meister démontre que ces deux courants (le développement local et le développement social), s’inscrivent dans le développement communautaire initié après la Seconde Guerre mondiale. A cette occasion, l’ONU (Organisation des Nations Unies) encourage les pays à se reconstruire selon les trois principes suivants : 8 DENIEUIL Pierre-Noël. Développement social, local et territorial : repères thématiques et bibliographiques sur le cas français, 2008 [en ligne]. Disponible sur : http://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2008-2-page113.htm. (Consulté le 26-06-2015). 21 « La conscience participative par la recherche systématique d’adhésion et de participation des membres de la communauté ; le développement global, à la fois économique, technique, social et culturel ; l’innovation institutionnelle qui soit s’insère dans les structures existantes, soit en provoque de nouvelles (De Robertis et Pascal, 1995) ». Le premier principe concerne directement le développement social des populations. L’accent est mis sur le rôle des membres de la communauté et leur capacité à agir dans la vie communautaire. Le second principe invite les pays à tout mettre en œuvre pour atteindre le développement social de leur territoire. Pour finir, le troisième principe montre le rôle des institutionnels, qui sont priés de faire preuve d’innovation auprès de nouvelles structures ou structures déjà existantes. Ainsi comme nous l’avons précisé auparavant, Albert Meister expliquait que le développement communautaire avait été construit par les pays anglo-saxons suite à la décentralisation de l’organisation politique9. La communauté locale représente le point d’ancrage du développement social. Cette forme de développement est marquée par une distinction entre l’économique et le social. L’implication des habitants sur le territoire détermine les nouveaux projets de développement. Ainsi, le développement communautaire (ou le développement social) se distingue des autres formes de développement car, il marque un certain détachement purement économique (faire du profit) pour se concentrer sur l’amélioration de la qualité de vie des habitants. Le développement social se positionne comme une finalité et un résultat que l’on cherche à atteindre grâce à la mobilisation les populations locales. Le développement social reste toutefois étroitement lié au développement local. Nous cherchons à distinguer les deux concepts, c’est pourquoi à présent nous allons envisager d’étudier la définition du développement local. 1.2.2 …en interaction avec le développement local10 Le développement local encourage les acteurs locaux à intervenir dans les décisions d’ordre politique pour générer du développement économique sur les territoires. Ces acteurs définissent et négocient les axes stratégiques du développement. 9 Ibid. DENIEUIL Pierre-Noël. Mondes en développement, Développement social, local et territorial : repères thématiques et bibliographiques sur le cas français [en ligne]. Disponible sur http://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement2008-2-page-113.htm. (Consulté le 21-04-2015). 10 22 Michel Rocard, ancien Premier ministre de François Mitterrand, de 1988 à 1991 définit le développement local comme « une démarche fédérative visant à mobiliser durablement des acteurs d’un territoire autour d’un projet à la fois économique, institutionnel, social et culturel ». Jean-Louis Guigou, spécialiste de l'aménagement du territoire, insiste plus précisément sur l’aspect social du développement local : "Le développement local est l’expression de la solidarité locale créatrice de nouvelles relations sociales, et manifeste la volonté des habitants d’une micro-région de valoriser les richesses locales, ce qui est créateur de développement économique" (Guigou, 1998, 36-37). Raoul Langlois, spécialiste en aménagement territorial distingue différents groupes de pouvoirs et de contre-pouvoirs susceptibles d’intervenir dans la construction du développement local : Groupes de pouvoirs & de contre-pouvoirs Décideurs stratégiques Opérationnels Tactiques Facilitateurs Trivialisés ou affaiblis Figure 4 : Les groupes de pouvoirs et de contre-pouvoirs dans le développement local des territoires selon Jean-Louis Guigou Voici quelques exemples qui permettent d’illustrer les propos précédents : - les décideurs « stratégiques » : l’État ; - les « opérationnels » : les agriculteurs ; - les « tactiques » : les départements régionaux ; - les « facilitateurs » sont des personnes qui vont favoriser le dialogue entre les différents intervenants ; - les « trivialisés » ou « affaiblis » sont des acteurs qui ont joué un rôle déterminant dans le développement local mais qui n’ont pas su conserver cette position dominante. L’ensemble de ces acteurs intervient dans le processus de développement local des territoires. A présent nous allons poursuivre notre raisonnement en essayant de distinguer le développement local du développement social des territoires. 23 1.2.3 Le développement local face au développement social, quelles relations ? Un des aspects qui pourrait nous permettre de distinguer les deux courants est le rôle et l’intervention des politiques. En ce qui concerne le développement local, l’intervention de l’Etat semble jouer un rôle plus significatif : « D’autre part, à partir de l’animation rurale, le développement local marqué par une tradition plus interventionniste a pour but explicite d’agréger des ressources humaines aux décisions gouvernementales et à la gestion du développement économique. Recherchant aussi la participation des habitants, cet humanisme catholique mis en avant par le Père Lebret conçoit le développement comme une négociation locale entre l’ordre politique et économique, et le citoyen acteur (Lebret, 1945) ». Ainsi le développement local et le développement social se distinguent par leur mode de régulation. Le développement social conduit une gouvernance au plus proche des préoccupations des locaux tandis que le développement local est régulé sous l’influence politico-économique des territoires. Dans les deux cas, une place est accordée à la communauté locale qui détermine ou négocie les axes de développement stratégiques. Albert Meister explique que le développement local qui s’apparente à l’activité rurale française s’adresse à un public plus large et où la communauté locale ne représente non pas le noyau que l’on va chercher à développement mais plutôt un élément nécessaire au développement ascendant. L’intervention des politiques et la considération des communautés locales semblent permettre de distinguer le développement local du développement social. A présent nous cherchons à montrer à plus petite échelle, un exemple de projet qui permet à la fois de générer du développement social tout en impulsant du développement local. Ces deux aspects du développement peuvent aisément s’illustrer par l’exemple des marchés locaux. Un marché local est un lieu social qui réunit des producteurs locaux désireux de vendre leurs produits alimentaires pour répondre à une demande de proximité. Cet espace invite les producteurs à échanger avec leurs clients sur l’origine des produits par exemple. L’économie et la population locale se trouvent en partie rassembler sur la place du marché où la mobilisation des circuits courts est privilégiée. Ces rassemblements constituent un bon moyen de répondre aux principes du développement durable que nous évoquerons prochainement puisque les consommateurs retrouvent l’ensemble des aliments sur un même 24 lieu et réduisent ainsi leurs déplacements. Le pilier social est lui aussi vérifié car, ces lieux de rassemblements invitent les différents acteurs (clients, locaux, touristes, producteurs…) à dialoguer sur les produits alimentaires mis en vente. De plus la production est dite durable, car elle favorise les polycultures en tenant compte des attentes des clients et de la saisonnalité des produits. Ici le marché local est un exemple de développement à la fois social et local d’un territoire qui tient compte des principes du développement durable (Schneider, 2010, p.134). Ainsi, cet exemple clôture notre analyse concernant le développement social et local des territoires. D’un point de vue général, ces deux concepts offrent l’opportunité aux communautés locales d’être actrices dans le développement. Pour résumer cette idée, nous reprenons les propos de Pierre-Noël Denieuil : Ces deux courants (local et social) « prétendent confier à la communauté locale elle-même le soin de définir ou de négocier ses objectifs de développement ». De plus les deux courants, encouragent « un développement localisé harmonieux et réconciliateur de l’homme et de ses conflits ». Le développement social reste cependant notre principale priorité dans cette étude. En août 2002, suite au Sommet de Johannesburg, le développement social est devenu une composante du développement durable c’est pourquoi nous allons maintenant aborder la thématique du développement durable qui prend en compte les dimensions sociales, environnementales et humaines des sociétés. Nous observons que la notion de développement est un concept en mouvement. D’abord synonyme de croissance économique, il intègrera très rapidement la dimension sociale et locale. Aujourd’hui le développement durable est au cœur de nombreuses préoccupations, il constitue un nouveau moyen de développer les territoires. 3. Vers un développement durable des territoires 2.1 Comment le développement durable est-il apparut ? Plus récemment, nous avons constaté que les définitions du développement intègrent de nouvelles composantes. La dimension environnementale est venue se calquer aux dimensions sociales et économiques. Ce développement est appelé « développement durable » ou « sustainable development ». 25 Initialement le concept de « développement durable » a été évoqué dans les années 1970 mais mis à l’écart au regard des préoccupations liées à la guerre froide. Au milieu des années 1970 « l’apogée de la croissance démographique est atteint » (Brunel, 2004, p.12). A cette période, les pays développés prennent conscience de l’épuisement croissant des ressources énergiques et naturelles provoqué par la croissance démographique. Parallèlement, le choc pétrolier de 1973 a pour effet d’inquiéter les pays développés au sujet de leur avenir. D’autant plus que les effets indésirables provoqués par l’industrialisation dans les pays développés accentuent les répercussions négatives sur l’environnement. Ainsi la crise économique s’installe dans les pays industrialisés et provoque la hausse des taux du chômage. En 1975, à la fin de la période des Trente Glorieuses renommée ainsi par l’économiste français Jean Fourastié et les réflexions autour du développement durable voient progressivement le jour. L’accumulation des catastrophes industrielles (usines polluantes, déchets toxiques, naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978, second choc pétrolier en 1979, explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986) déclenche une prise de conscience mondiale. Dans les années 1990, à la fin de la guerre froide opposant les Etats-Unis et l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), le développement constituait un modèle imposé par les pays du Nord aux pays du Sud. Les systèmes économiques reposaient sur la consommation effrénée de ressources non renouvelables. Ainsi pour réguler et diminuer l’appauvrissement des ressources, le concept de développement durable émerge. Le développement était jusqu'alors « jugé indispensable pour pouvoir permettre la satisfaction des besoins essentiels de chaque être humain ». A présent, il faut défendre le développement durable qui se distingue du développement. En effet, il repose sur des dimensions dites économiques, sociales et environnementales qui doivent être respectées sur le long terme dans l’objectif de conserver les ressources présentes sur les territoires pour les générations futures. En 1982, l’ONU publie un rapport détaillé sur l’éco-développement. En 1987, le rapport Brundtland (issu du nom de la présidente de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement) détermine les fondements du sustainable development : « Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des 26 limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir […] Au sens large, le développement soutenable vise à favoriser un état d’harmonie entre les êtres humains et entre l’homme et la nature », (Rapport Brundtland, chap. II, Brunel, 2004, p45). Cette définition met en exergue la place accordée à la dimension environnementale. L’auteure insinue que la mobilisation et la participation de l’ensemble des acteurs doivent permettre le maintien à la fois environnemental, social et économique de la préservation des ressources d’un territoire. Selon Ludovic Schneider, ingénieur, conseiller en développement durable et gouvernance territoriale souligne l’importance de créer une certaine harmonie entre l’Etat, les collectivités, les entreprises, les individus et les territoires pour s’approprier durablement son identité territoriale : « Tout simplement parce que le territoire est l’environnement sur lequel des individus doivent pouvoir vivre heureux. Et pour ce faire, ce territoire doit être agréable et attractif […] Chaque échelle de territoire dispose de ses propres contraintes sociales, environnementales et économiques. » (…) « Quelle que soit l’échelle de territoire, une appropriation commune des enjeux de développement durable sera la mise en œuvre d’une politique d’exemplarité », (Schneider, 2010, p.9). Ces deux citations montrent l’importance de concilier les ressources d’un territoire face à ses enjeux. Ce rapprochement permettra de mieux comprendre les préoccupations actuelles du territoire et agir dans l’objectif de s’approprier un intérêt commun. Dans les années 90, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) font leur apparition. Elles vont diffuser les concepts environnementaux qui se rattachent au développement durable et qui manquaient jusqu’alors de considération. La notion de développement durable se réfère à une approche davantage qualitative où tous les acteurs doivent tenir compte des trois piliers fondateurs pour produire un développement qui a du sens. 2.2 Texte de références, outils du développement durable 2.2.1 Les piliers du développement durable Le développement durable prend progressivement de l’ampleur pour devenir une notion officiellement adoptée en juin 1992. A l’occasion du Sommet de la Terre de Rio au Brésil, tenu 27 sous la direction des Nations Unies la notion de développement durable s’affirme selon trois piliers11 : le pilier environnemental encourage les acteurs à conserver les ressources naturelles et à entreprendre une gestion responsable de l'environnement et des territoires ; le pilier social répond à la satisfaction des besoins naturels et humains fondamentaux (alimentation, éducation, santé…) tout en luttant parallèlement contre la pauvreté et les inégalités ; le pilier économique cherche à concilier la croissance économique avec les nouvelles préoccupations liées à l’environnement. Pour que le développement soit favorable aux territoires et aux populations il faut parvenir à réunir ces trois piliers par le biais d’« un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable ». Ludovic Schneider intègre un nouveau pilier aux trois déjà existants. Selon lui le développement durable doit trouver un équilibre entre quatre piliers. Il ajoute alors un pilier supplémentaire souvent oublié qu’il nomme « gouvernance ». Ce quatrième pilier structure les trois premiers et permet de constituer un socle visant à répondre aux objectifs du développement durable. « La gouvernance est un processus de prise de décision qui se caractérise par un décentrement du pouvoir décisionnaire et l’implication d’acteurs multiples » (Schneider, 2010, p.40). Les acteurs présents sur un territoire disposent d’un certain savoir et savoir-faire. Chacun bénéficie d’un pouvoir autoritaire à différents niveaux. Ainsi, la gouvernance permet de mettre en commun l’ensemble des compétences des acteurs par le biais d’une collaboration visant à entreprendre une démarche intégrée tenant compte des atouts, attentes et pourvoir de chacun. 2.2.2 Une nouvelle étape franchie avec l’adoption de l’Agenda 21 Le Sommet de la Terre à Rio s’illustre par adoption de l’Agenda 21 (pour le XXIème siècle) par 173 chefs d’Etat. L’agenda présente 27 principes qui s’organisent en fonction des trois piliers. 11 INSEE, Institut national de la statistique et des études économiques, définition développement durable, [en ligne]. Disponible sur : http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/developpement-durable.htm. (Consulté le 14-04-2015). 28 Le pilier environnemental occupe une place primordiale et détermine les orientations stratégiques envisageables pour un nouvel avenir. Quelques années après sa diffusion, le programme admet certaines limites. Les résultats escomptés tardent à se dévoiler. De plus, la place prépondérante occupée par le pilier environnemental détermine des actions essentiellement tournées sur le volet environnemental. Cela n’empêche pas que les rencontres autour du thème de développement durable se succèdent chaque année et donnent lieu à de nouvelles recommandations. Une place privilégiée est accordée aux ONG qui se chargent de communiquer sur l’opinion publique. 2.2.3 Sommet mondial de Johannesburg En 2002, un nouveau Sommet mondial se déroule sur le thème du développement durable à Johannesburg en Afrique du Sud. Ce deuxième sommet fait un état des lieux décevant de l’application partielle des principes du développement durable au sein des sociétés. Jacques Chirac, président de la République Française de 1995 à 2007 y tiendra un discours symbolique qui marquera les esprits : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables. Il est temps, je crois, d'ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d'alerte s'allument. L'Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires »12. Nous avons analysé dans cette troisième sous-partie l’apparition du développement durable en le re-contextualisant dans le temps. Le développement durable intègre les trois piliers généraux auxquels nous pourrions rajouter celui de la gouvernance comme le propose Ludovic Schneider. Aujourd’hui les préoccupations liées au développement durable sont prises en compte par la majorité des acteurs et laissent parfois place à certains débordements tels que le green washing ou écoblanchiment par exemple que nous évoquerons plus loin dans notre raisonnement. 12 Vie publique, au cœur du débat public. Déclaration de M. Jacques Chirac, Johannesburg [en ligne]. Disponible sur : http://discours.vie-publique.fr/notices/027000247.html. (Consulté le 14-04-2015). 29 En résume du chapitre 1 Nous arrivons au terme du tout premier chapitre qui amorce notre réflexion. Cette première étape nous a permis de définir trois concepts clés qui animent notre réflexion : le territoire et ses ressources, le développement et son évolution débouchant sur le développement durable. Chacun de ces concepts a fait preuve d’une certaine adaptation, plus ou moins prononcée face aux évolutions engendrées par les mutations sociales, environnementales et économiques des sociétés. Leur transformation a également été influée par l’apparition du phénomène social touristique. Ainsi ces concepts ont été remodelés et se nourrissent aujourd’hui partiellement de l’activité touristique. Pour mieux comprendre les raisons de ces orientations nous allons nous replonger dans les prémices de l’activité touristique. 30 Chapitre 2 : L’activité touristique, un outil de développement social des territoires Pour mieux comprendre l’évolution des modes de vie de nos sociétés traditionnelles, nous tacherons dans un premier temps d’étudier l’évolution du tourisme en France et d’un point de vue global. Nous chercherons à mesurer le lien entre le tourisme et le développement durable notamment par l’intermédiaire des projets touristiques. Nous terminerons par associer l’activité touristique au développement durable pour pouvoir appréhender les transformations identitaires et touristiques évoquées dans le dernier chapitre. 1. Rappels sur les trois grandes étapes du développement touristique 1.1 Retour sur les prémices du tourisme Selon Philippe Viallon, pratiquer le tourisme n’a pas toujours été aussi aisé et facile. Expert en communication touristique, il explique que les Romains les plus riches pratiquaient déjà ce que l’on appelle l’otium qui signifie « oisiveté » ou « loisir cultivé ». Ces derniers se déplaçaient de leur lieu de vie quotidien, Rome, à la campagne, là où ils profitaient du climat et de leur villa. Cette pratique attribuait un statut particulier aux excursionnistes car elle attestait auprès des populations avoisinantes des moyens dont disposaient ces personnes pour se déplacer. Steve Hagimont, doctorant intéressé par l’histoire économique et sociale du tourisme dans les Pyrénées, explique que l’activité touristique n’est en rien naturelle13. La pratique du voyage existe depuis l’Antiquité. Au XIVème siècle les pèlerins pratiquent le tourisme pour découvrir les curiosités des monuments de l’antiquité. Puis il a été pratiqué par les sociétés européennes du XVIIème et du XVIIIème siècle. La notion de « grand tour » remonte à la fin du XVIIème, début XVIIIème. Cette pratique significative constitue l’origine du tourisme. Cette pratique apparaîtra au cours du XVIIIème siècle sous l’initiative des riches et nobles anglais qui développeront the tour (d’où la création du mot tourisme). Ces voyages permettent aux jeunes de l’aristocratie anglaise de s’instruire sur les hauts lieux de la culture européenne et antique. Cette pratique deviendra une norme sociale et un rituel pour la noblesse. Faire un grand tour constitue un vrai rite de jeunesse. Un circuit pouvait durer quelques semaines, 13 HAGIMONT Steve. Histoire du tourisme, le cas du massif Pyrénées, Cours de Master 1 Tourisme et développement, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2013. 31 quelques mois ou tout au plus deux à trois ans. Nous verrons plus loin dans cette étude que cette pratique va progressivement se répandre au sein même des populations. Par effet de mimétisme, les autres classes sociales vont vouloir reproduire les mêmes pratiques que les riches nobles. Progressivement, les pratiques vont peu à peu se désacraliser et ce constat entraînera un rejet de la part des classes sociales supérieures car leur avantage unique préalablement acquis au fil du temps se désacralisera et deviendra accessible pour une grande majorité d’individus. Selon le dictionnaire du Petit Robert, le tourisme se caractérise comme : « Le fait de voyager, de parcourir pour son plaisir un lieu autre que celui où l’on vit habituellement (même s’il s’agit d’un petit déplacement ou si le but principal du voyage est autre) » (…) « L’ensemble des activités liées aux déplacements des touristes aux séjours étrangers »14. Cette définition montre que le tourisme s’illustre par le déplacement d’un point A vers un point B. Généralement, le point B dispose d’aménagements touristiques (hébergements, restaurations, activités…) pour répondre aux attentes des visiteurs. Emmanuel Peyvel dans L’identité au cœur du voyageur nous apporte de nouvelles précisions : « En géographie le tourisme peut être défini comme un « système d’acteurs, de pratiques et de lieux, qui a pour objectif de permettre aux individus de se déplacer pour leur récréation hors de leur lieu de vie habituel, en allant habiter temporairement dans d’autres lieux. C’est une des formes de récréation avec les loisirs ». Contrairement à la définition de l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) qui se base sur les temps de déplacement des touristes, cette définition a l’avantage de partir de leurs motivations, ce qui nous permet de mieux appréhender l’identité même des acteurs du tourisme»15. Cette nouvelle définition nous conforte dans l’idée que le tourisme est un déplacement à vocation sociale en vue de satisfaire les besoins des touristes. Le déplacement suppose que les touristes disposent d’un certain capital en termes de temps pour s’adonner à des activités touristiques. A la fin du XVIIIème siècle la mer et la montagne deviennent progressivement des espaces convoités. Au XVIIIème les nobles se rendent à Nice pendant l’hiver pour profiter d’un climat plus clément. Ainsi les villégiatures saisonnières se développent de manière importante. On observe l’avènement de lieux spécifiques tels que les stations thermales qui deviendront les 14 Le Petit Robert, dictionnaire de la langue française, la référence de la langue française. Dictionnaire le robert, Paris, 2004. 15 FURT Jean-Marie, MICHEL Franck. L’identité au cœur du voyageur. Paris : L’Harmattan, 2007, p30 32 premiers lieux emblématiques du tourisme. A cette époque nous distinguons déjà dans ce système des aspects identiques à notre tourisme du XXIème siècle : la hiérarchisation des lieux. Il faut noter que ce tourisme s’invente au moment même où la circulation des hommes est de plus en plus contrôlée. 1.2 Vers une diversification des pratiques au XIXème siècle Au XIXème siècle les pratiques et les publics se diversifient : les lieux et les territoires touristiques s’inventent et se construisent. La valorisation du patrimoine s’amplifie progressivement et sera accompagnée au XIXème siècle par les états car le tourisme est considéré comme un outil dans l’affirmation identitaire étatique. Apparaissent alors de nouvelles sources de conflits entre les nations et une course à la valorisation s’installe. Le pays qui disposera du passé le plus lointain et le plus glorieux sera récompensé par de nombreuses visites sur son territoire. Le tourisme se nourrit du passé réinventé et les flux touristiques confirment la valeur du patrimoine identitaire. Diverses innovations favorisent l’essor du tourisme : - Le train provoque l’industrialisation du tourisme et permet d’augmenter considérablement le nombre de voyageurs : la maîtrise du territoire s’accentue. - Au milieu du XIXème siècle l’apparition des casinos favorise une nouvelle fois la pratique du tourisme. Ces lieux de discussion constituent des points centraux d’échange et de partage. - Les premiers voyages organisés sous forme de croisières touristiques culturelles conduisent les visiteurs en Méditerranée dès 1844 avec la compagnie P&O. En 1865, Thomas Cook devient le premier tour-opérateur offrant un voyage à forfait. - L’apparition des sports d’hiver à la fin du XXème siècle vient bouleverser le paysage. La saison d’hiver prend lentement le pas sur la saison d’été. Cette pratique restera élitiste jusqu’en 1950. 1.3 Jusqu'à la démocratisation de l’activité touristique : tourisme de masse Jusqu’en 1950 les activités touristiques sont réservées à l’élite. La démocratisation du tourisme s’observe au cours du XXème siècle. Il s’agit d’une démocratisation relative et jamais complète. En parallèle se développe l’industrie automobile. Jusqu’en 1950 l’achat d’une voiture est réservé à l’élite. Elle offre une certaine autonomie et permet d’être libre dans ses déplacements tandis que le train reste plus contraignant car le déplacement se fait d’un point 33 A à un point B. En 1936, suite à l’obtention par le front populaire des douze jours de congés payés des mutations sociales apparaissent significativement en France : c’est le début de la démocratisation touristique. Toutes les conditions sont réunies pour que le tourisme soit accessible à tous. Pourtant les salariés resteront chez eux et considèreront cet avantage comme de longs dimanches. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1950 les pratiques et les lieux touristiques se diversifient. Ce tourisme sera facilité au cours des Trente Glorieuses avec le développement des transports, accompagnés des accords Schengen en 1995, entre les pays membres qui encouragent à la libre circulation des personnes. Plus récemment l’accès aux voyages est favorisé grâce aux compagnies dites low-cost qui proposent des vols défiants toute concurrence. Aujourd’hui l’industrie touristique constitue une source de devises pour un nombre important d’individus. D’après l’INSEE16 (Institut national de la statistique et des études économiques) en 2013 le tourisme mondial a généré 902,4 milliards d’euros contre 869,1 en 2012. Cette nette augmentation de 4,1 points montre le potentiel de ce secteur qui ne cesse de voir fleurir de nouvelles initiatives qui doivent tenir compte des nouvelles préoccupations du XXIème siècle. L’étude des antécédents de l’activité touristique nous montre les mutations sociétales engagées sur les territoires depuis sa naissance. L’obtention des congés payés, la signature des accords Schengen et la multiplication des moyens de transport encouragent les individus à se déplacer, à découvrir d’autres horizons. Le tourisme se positionne alors comme une activité tertiaire qui génère selon les cas des retombées économiques, sociales et environnementales non négligeables quand elles sont positives. Dans cette dynamique, le tourisme est mobilisé comme un outil de développement des territoires. Récemment de nombreuses initiatives fleurissent et parviennent à concilier les projets de développement territoriaux et le tourisme. Nous allons donc nous intéresser aux nouvelles perspectives qu’offre le tourisme en termes de développement territorial. 16 INSEE – Recette du tourisme international en 2013 [en ligne]. Disponible http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPTEF13503. (Consulté le 11-02-2015). sur : 34 2. Le tourisme et le développement du XXIème siècle : enjeux et perspectives L’activité touristique peut s’avérer être un outil efficace de développement des territoires. Afin de prouver cette affirmation, nous allons entreprendre l’étude de projets de développement touristique. Nous verrons en quoi l’instauration de nouveaux projets associant le tourisme peut être un bon moyen de développer le territoire. Puis nous considèrerons les différentes étapes d’un projet en précisant plus spécifiquement les retombées attendues. 2.1 Les projets touristiques développement des territoires comme outil de Face à la prise de conscience générale de l’épuisement des ressources, les spécialistes s’accordent sur la nécessité d’agir rapidement pour essayer de rétablir une situation convenable : « Le mode de développement aveugle poursuivi aujourd’hui par les territoires n’est plus possible. C’est en ce sens que le développement durable territorial est devenu en ce début de XXIe siècle une nécessité impérieuse » (Schneider, 2010, p.9). Il s’agit de parvenir à concilier les attentes des visiteurs avec les préoccupations environnementales, sociales et économiques. Le tourisme peut être un bon moyen de dynamiser l’activité économique des territoires mais il doit respecter les principes du développement durable. Selon Pierre Torrente, enseignant-chercheur, le tourisme est un dispositif important dans l’aménagement du territoire17. L’activité touristique doit d’abord satisfaire le développement des territoires et le bien-être des populations locales. Considérer la satisfaction optimale de l’habitant et du visiteur est le meilleur moyen d’atteindre cet objectif. Les territoires en difficulté peuvent mobiliser l’activité touristique pour subvenir à leurs besoins. Cependant, cette possibilité ne doit pas être envisagée par tous. En effet pour accueillir l’activité touristique sur son territoire, plusieurs caractéristiques doivent y être réunies. Par exemple l’implication des populations locales, et la cohérence du projet avec le programme de développement local sont des conditions qui doivent être vérifiées avant d’impulser un projet de développement territorial. De plus, il est important de ne pas se focaliser sur le 17 TORRENTE Pierre. Gestion de projet de développement touristique. Cours de Master 1 Tourisme et développement, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014. 35 développement de l’activité touristique. Il faut envisager le tourisme comme une activité complémentaire. En cas de baisse de l’activité, les habitants pourront se rabattre sur de nouvelles activités (agriculture par exemple) qui assureront des retombées économiques. 2.2 Les grandes étapes de construction d’un projet de développement Pierre Torrente décrit le système touristique comme l’assemblage de plusieurs éléments qui se succèdent : « Un projet touristique est un système polymorphe qui s’inscrit dans une dimension temporelle et spatiale dont le principe est de mettre en inter relation les éléments endogènes et exogènes qui le composent »18. En effet la mise en place d’un projet touristique va générer des relations entre les éléments qui le composent. De ce fait il peut adopter plusieurs formes puisqu’il existe une multitude de modèles touristiques qui intègrent plusieurs éléments. Ces éléments endogènes (propres au système, que l’on peut contrôler) se mêlent à des éléments exogènes (éléments extérieurs au système, que l’on ne contrôle pas) selon les modes opératoires. Le système doit tenir compte des variables temporelles et spatiales. En effet, une veille doit être mise en place pour étudier l’évolution des attentes des clients par exemple. L’objectif est de proposer un projet qui puisse répondre aux attentes des touristes sur un territoire donné. Pierre Teisserenc, sociologue politique, présente les trois phases de construction du projet de développement : Figure 5 : Les trois étapes de construction des projets de développement19 La phase d'initiative et d'apprentissage La phase de turbulences ou d'effervescence La phase de foisonnement d'initiatives (Source : Denieuil Pierre-Noël, 2008) 1. La phase d'initiative et d’apprentissage peut être individuelle et/ou collective. Elle débute suite à un élément déclencheur qui fait prendre conscience de la nécessité de créer un nouveau projet ; 18 TORRENTE Pierre. Gestion de projet de développement touristique. Cours de Master 1 Tourisme et développement, ISTHIA, Université Toulouse Jean-Jaurès, 2014. 19 DENIEUIL Pierre-Noël. Mondes en développement, Développement social, local et territorial : repères thématiques et bibliographiques sur le cas français [en ligne]. Disponible sur http://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement2008-2-page-113.htm. (Consulté le 21-04-2015). 36 2. La phase de turbulences ou d'effervescence s’illustre par l’ensemble des échanges entre les acteurs. Elle permet à chaque acteur de se positionner dans le projet et encourage la concertation entre les différentes institutions ; 3. La phase de foisonnement d'initiatives encourage les acteurs à travailler en autonomie dans l’objectif de produire des résultats suite à des initiatives locales. Ces trois phases sont déterminantes dans le projet de développement car si elles sont correctement exécutées elles contribuent à la réussite du projet. Comme nous l’avons vu précédemment, il est aujourd’hui primordial pour les entreprises de se préoccuper du développement durable et l’inclure dans leur stratégie de développement. Dans cette dynamique, nous allons nous pencher sur les conditions de réussite des projets de développement durable des territoires. 2.3 Les finalités des projets de développement Pour qu’un projet de développement soit durable sur un territoire il doit intégrer dans son cadre de référence cinq finalités qui correspondent au pilier du développement durable : Tableau 2 : Finalités des projets territoriaux de développement durable Finalités 1 Pilier du développement durable Lutte contre le changement climatique ; Environnemental 2 Préservation de la biodiversité, protection et gestion des milieux et des ressources ; Environnemental 3 Epanouissement de tous les êtres humains pour l’accès à une bonne qualité de vie ; Social ; économique Cohésion sociale et solidarité entre territoire et générations ; Social Dynamique de développement suivant les modes de production et de consommation responsables. Economique 4 5 (Source : L. Schneider, 2010, p.13) Pour évaluer un projet, une analyse des cinq finalités dans le cadre de référence déterminera la pertinence du programme de développement durable. Les trois piliers du développement durable sont représentés et le pilier « gouvernance » structure l’ensemble du raisonnement car il apparaît de manière rationnelle. Ainsi, le succès d’un projet de développement durable repose sur les cinq conditions présentées dans le tableau ci-dessus. 37 Les projets de développement touristique permettent d’impulser une certaine dynamique sur les territoires. La mise en place d’un tel projet requiert une certaine cohésion au sein de la communauté mais aussi un certain savoir-faire pour aboutir sur un projet concluant. Nous encourageons les organisateurs de projets touristiques à tenir compte des enjeux liés au développement durable et de ne pas hésiter à les inclure dans leur stratégie de développement pour assurer la pérennité du projet. 3. L’activité touristique comme outil de diffusion du développement durable : moyens et limites 3.1 Tourisme relations ? et développement durable, quelles Le concept du tourisme relié au développement durable a fait naître diverses expressions qui s’entremêlent dont : - « tourisme durable » issu de « sustainable tourism » ; - « développement durable du tourisme » ; - « tourisme responsable » le plus souvent utilisé par les clients. Ces trois expressions unissent l’activité touristique et le concept de développement durable. Le tourisme est une activité qui crée et génère des devises sur le territoire, notamment par la création d’emplois. Aujourd’hui l’activité touristique est confrontée aux enjeux du développement durable. Les pays anglo-saxons et nordiques ont été les précurseurs à s’engager dans une démarche de développement durable. Pour assurer leur réussite, les organisations touristiques ont tout intérêt à pratiquer les avertissements suivants : - relever les défis liés aux mobilités : l’augmentation du prix du pétrole engendre un coût supplémentaire pour le produit final. Les moyens de transport ont un coût important en fonction de la destination choisie ; - protéger les milieux fragiles : les milieux rares (récifs coralliens) sont des espaces appréciés des touristes. Leur sur-fréquentation peut entraîner leur perdition. D’autant plus que l’activité touristique se veut saisonnière ce qui laisse peu de chances à ces espaces de retrouver leur situation originelle ; - limiter les pollutions et les déchets : le tourisme est une activité qui entraîne des externalités négatives telle que la pollution de l’air, de l’eau, ou encore la pollution visuelle ; 38 - répondre aux enjeux sociaux et culturels : le développement durable cherche à réduire les inégalités entre les visiteurs et les visités. De nombreuses fois les sociétés fragilisées optent pour le tourisme au risque de perdre une identité qui leur est propre (acculturation). L’approche générale que nous venons de réaliser montre que pour pratiquer un tourisme responsable, il faut apprendre et penser le tourisme différemment : - Le projet économiquement doit être viable sur le long terme ; - Une prise en compte environnementale locale et globale est obligatoire. Un projet de développement touristique durable doit savoir préserver les ressources et les milieux dans lequel il va s’implanter ; - Le projet doit avoir une vision sociale à quatre entrées. L’activité touristique durable doit intégrer : les populations locales (éviter la folklorisation, favoriser les retombées économiques pour le territoire) ; les clientèles (privilégier l’accès pour tous) ; le personnel (favoriser l’évolution professionnelle, les formations) ; les populations plus lointaines (encourager des relations commerciales entre les pays du nord et du sud). A présent si nous regardons de plus prêt une des définitions officielles attribuées au « tourisme durable » par le Comité français pour le développement durable nous apercevons qu’elle découle directement des trois piliers du développement durable : « On entend par développement du tourisme durable toute forme de développement de cette activité touristique qui respecte, préserve et mette en valeur à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales d'un territoire. Le développement du tourisme durable doit s'inscrire dans une dynamique qui articule des modes de production et de consommation responsables, tout en offrant aux populations qui vivent, travaillent ou séjournent sur cet espace des avantages socioéconomiques équitablement répartis. Ce développement suppose un aménagement et une gestion intégrée des ressources ainsi que la participation des acteurs locaux, afin de concilier sa mise en œuvre avec les besoins et capacités du territoire »20. 20 Définition du Comité français pour le développement du tourisme durable du Groupe de travail international sous l’égide du PNUE, de l’UN-DESA et de l’OMT, 4 juillet 2007 [en ligne]. Disponible sur http://www.veilleinfotourisme.fr/definition-du-tourisme-durable-definition-of-sustainable-tourism-28077.kjsp?STNAV=&RUBNAV=&RH=GTIDDT 39 Dans cette définition l’accent est mis sur la production et la consommation responsable. Une autre approche montre que la relation entre tourisme et développement durable n’est pas toujours évidente au premier abord. Comme le montre Ludovic Schneider, l’activité touristique peut entraîner des externalités positives et négatives sur les territoires et être difficilement génératrice de développement : « Pour certains territoires, le tourisme représente une source d’attractivité et de revenus loin d’être négligeable. Pour d’autres, il pourrait le devenir. Mais si l’activité touristique est génératrice de croissance, si elle est probablement facteur d’épanouissement personnel et d’enrichissement social, elle peut aussi être impactante pour l’environnement. » (Schneider, 2010, p.132). Comme l’explique Ludovic Schneider, l’activité touristique peut engendrer des impacts sur l’environnement. La prise de conscience tardive des répercussions négatives commises par le tourisme, invitent les organisations touristiques à se tourner vers un tourisme plus respectueux. A présent le tourisme apparaît comme un outil destiné à résoudre (par le biais de projet de développement durable des territoires) les problèmes sociaux, environnementaux et économiques précédemment occasionnés. Comme nous l’avons vu précédemment les actions touristiques doivent réduire les impacts négatifs sur l’environnement et sur l’homme. Antérieurement les activités en lien avec la nature ont été privilégiées tout en respectant la réglementation environnementale imposée. Aujourd’hui il s’agit d’intégrer plus fermement le pilier social dans les projets de développement. L’ouvrage Tourisme et développement durable réalisé par ATOUT France et publié en 2011 présente un schéma du développement durable associé au tourisme. Les trois piliers du développement durable font naître de nouvelles pratiques : l’éco-tourisme, le tourisme social, le tourisme éthique et solidaire… Figure 6 : Schéma du développement durable du tourisme © Atout France 21 21 ATOUT France. Tourisme et développement durable. De la connaissance des marchés à l’action marketing. Paris : Editions Atout France, 2011, p17 40 Ces diverses formes de tourisme positionnent le tourisme durable au centre de leur stratégie. Ici l’activité touristique respecte les populations et leur milieu de vie. Les flux touristiques doivent être maîtrisés sur le territoire visité en tenant compte de la capacité de charge ou su seuil de tolérance admis par le territoire. Cependant la mise en place d’une gestion intégrée au territoire dépendra des ressources disponibles sur ce dernier (Schneider, 2010, p.132). 3.2 Les limites du tourisme durable Les organisations touristiques éprouvent parfois des difficultés à concilier les trois piliers du développement durable dans une démarche intégrée et structurée. Cette difficulté peut être l’une des raisons des dérives du développement durable. Certaines entreprises pratiquent le green washing ou l’écoblanchiment dans l’objectif d’améliorer leur image auprès des clients. Elles prétendent respecter les valeurs défendues par le développement durable (tri des déchets, respect des populations locales, activités respectueuses de l’environnement) sans pour autant appliquer ces engagements au sein de leur stratégie. Comme le soupçonne Sylvie Brunel, il semblerait que le développement durable soit « devenu un argument publicitaire, dont chacun s’empare pour le décliner de la façon qui lui paraît la plus appropriée à ses desseins ». En effet toujours d’après la spécialiste en géographie du développement, ce concept devenu « fourre-tout » peut s’illustrer par les trois « M » : menaces, misères, manques. Les acteurs cherchent parfois à répondre aux menaces, aux misères et aux manques présents sans pour autant entreprendre une réelle démarche durable dans leur stratégie. Malgré ces quelques freins, nous observons un réel engouement pour le tourisme dit durable. Cependant, n’existerait-il pas des limites à voir se développer le tourisme responsable de façon importante à l’échelle mondiale ? Si tous les acteurs touristiques se spécialisent dans l’activité responsable nous risquons de voir apparaître de nouvelles externalités négatives au sein des territoires provoquées par un « tourisme responsable de masse ». L’étude de l’apparition du tourisme et plus particulièrement du tourisme durable prouve que les sociétés prévoient de changer. La volonté d’intégrer la qualité de durabilité à l’activité touristique prouve une certaine volonté dans l’amélioration des conditions économiques, humaines et environnementales des territoires et de ses habitants. 41 En résume du chapitre 2 Nous avons cherché dans le chapitre deux à positionner l’activité touristique comme un outil de développement des territoires. Nous savons que cette tâche s’avère délicate au regard des évolutions des sociétés traditionnelles. Le tourisme d’abord penché sur des objectifs de développement économiques intègre peu à peu les nouvelles préoccupations imposées par le développement durable. Les projets de développement durable des territoires doivent intégrer des conditions précises dans leur stratégie pour pouvoir satisfaire leur clientèle. Ainsi le tourisme durable s’oppose au tourisme de masse. Les attentes des touristes ont changées et ne se résument plus à la quête du soleil et de la plage mais plutôt à la quête identitaire. Les opérateurs touristiques ont tout intérêt à tenir compte des transformations du phénomène social pour ne pas disparaître du marché. 42 Chapitre 3 : L’identité, l’appropriation et les traditions face à la mondialisation touristique ? L’identité, l’appropriation des ressources et les traditions sont trois concepts qui constituent l’enjeu de notre raisonnement. Nous montrerons dans ce dernier chapitre que l’appropriation des ressources territoriales par les locaux est un enjeu primordial dans la transmission de leurs traditions locales pour assurer le succès dans les projets de développement touristique. Dans un premier temps nous tacherons d’analyser la relation entre la quête d’identité et le tourisme. Ensuite, nous verrons que la prise de conscience de sa propre personnalité favorise l’appropriation des ressources qui elle-même est une condition requise pour la transmission de ses racines auprès des touristes. 1. Nouvelles attentes et aspirations des touristes : l’identité comme un enjeu Nous avons choisi de nous focaliser dans cette partie sur la question de l’identité. Les définitions de Jean-Marie Furt et Franck Michel qui apparaissent dans l’ouvrage intitulé L'identité au cœur du voyage nous semble les plus à même de répondre à notre questionnement. 1.1 Qu’est-ce que l’identité ? Dans un premier temps nous avons retenu cette première définition qui très généralement nous montre que l’identité se définit selon l’essence même d’un individu ou d’un groupe d’individu : « Très souvent ce que l’on appelle identité (d’un peuple, d’une personne…) se réduit à un ensemble de caractéristiques essentialistes, à un ensemble plus ou moins compact de défauts et de qualités intrinsèques à l’individu originaire d’ici ou d’ailleurs, et qui n’est jamais considéré autrement que comme partie d’un tout, d’un groupe humain qui partage ces mêmes caractéristiques » (Furt, Michel, 2007, p.102). Ainsi l’individu ou le groupe d’individu se définit selon l’ensemble des caractéristiques tangibles ou intangibles qui lui sont rattachées. Par exemple, la langue, les croyances, la culture, l’organisation sociale et familiale, ou encore le passé historique d’un groupe d’individus sont des indicateurs qui vont déterminer son identité. Parallèlement, Emmanuel Peyvel, Maître de Conférences en géographie rajoute : […] qu’il n’y a « pas d’identité sans un rapport à soi, à son identification, ce qui fait de l’identité une réalité spécifiquement sociale, impliquant les représentations et la réflexivité ». 43 Il existe en effet une « part de choix conscients ; actif et réversible dans la définition de sa/ses propre(s) identité(s) »22. Selon elle, il est indispensable de rattacher à l’identité sa propre interprétation de soi. L’individu décrit son identité selon sa propre représentation. Cette dernière peut être modifiée selon d’éventuelles influences extérieures. Dans cette étude nous rappelons que nous envisageons le développement des territoires comme une finalité, c’est pourquoi nous avons choisi de proposer une définition de l’identité d’un point de vue local. Cette approche nous permettra de mieux appréhender le développement par l’intermédiaire de l’identité mais à une échelle plus restreinte. Ici, la définition considère que l’identité s’apparente au patrimoine d’un territoire. Dans une dynamique développementiste l’auteur positionne l’identité au cœur du processus. Les acteurs touristiques et les habitants d’un territoire sont à l’origine du développement de leur identité (touristique). « L’identité locale devient alors le résultat d’un travail mené par les acteurs sociaux sur la complexité du social. Par des emprunts successifs à l’histoire, aux cultures locales, aux choses du passé que l’on résumera dans l’expression de patrimoine local - les lieux, les traditions, les gestes, les paroles – les acteurs locaux réinventent symboliquement un territoire qu’ils révèlent aux touristes eux-mêmes. En ce sens, l’identité culturelle locale s’articule intimement à l’action publique touristique. Elle en est l’expression symbolique, sans cesse (re)construite ; elle en façonne ses formes et contribue à son développement, autant qu’elle en est le produit », (Furt, Michel, 2007, p.30). De plus la dernière partie de la citation montre, comme nous allons l’évoquer plus tard, qu’une identité n’est pas figée. Elle peut être arrangée, modifiée ou encore disparaître dans le pire des cas. Une identité est le reflet d’une communauté. Suite à l’influence la mondialisation et de l’évolution des marchés touristiques, les spécialistes ont constaté que l’identité d’une communauté pouvait être menacée suite à la multiplication des activités touristiques: « Est-il encore possible, donc pensable, que les identités culturelles, sociales, familiales, personnelles, résistent au bulldozer d’une fratricide mondialisation touristique ? », (Furt, Michel, 2007, p.10). « L’utilisation actuelle de l’identité à des fins de politique touristique nous semble dangereusement schizophrénique », (Furt, Michel, 2007, p.31). 22 PEYVEL Emmanuel, dans L’identité au cœur du voyageur. Tourisme et construction des identités vietnamiennes, Paris : L’Harmattan, 2007, p.143. 44 Récemment, nous avons pu remarquer que l’identité était devenue un thème central au sein des sociétés contemporaines. Le désir de se démarquer est en train de dicter les attitudes des nouvelles générations. Les individus cherchent à se différencier par exemple en se faisant un tatouage. Ce besoin de différenciation s’observe également dans la discipline touristique. Les opérateurs touristiques ont enregistré une demande (minoritaire) des touristes qui souhaitent découvrir les cultures et des identités étrangères, différentes de sa propre culture. Comme le souligne le journaliste italien Claudio Magris « aujourd’hui plus que jamais, vivre signifie voyager ». Ainsi « la mobilité est devenue une valeur et un principe fondateur du fonctionnement de notre société et de nos identités »23. Les nouvelles sociétés sont obsédées par le mouvement. La soif de nouveauté, est l’essence même de la quête d’identité. Les touristes sont de plus en plus exigeants et traverser le monde entier pour rencontrer une communauté indigène attise leur curiosité. On peut distinguer deux types de touristes. D’un part le touriste-respectueux des traditions et du territoire sur lequel il se rend. D’autre part le touriste-consommateur ou le touriste-prédateur. Comme le précise Franck Michel « on se presse au bout du monde comme pour mieux consommer ce qui reste disponible au rayon « produits exotiques » du supermarché touristique du monde ». Ce même auteur parle d’un tourisme prédateur face à la culture identitaire : « Le tourisme prédateur s’est alloué comme mission de mettre en scène ce monde sauvage (re)construit pour le porter au regard – et donc le donner en pâture – aux touristes modernes, trop fréquemment avides de sensations fortes… » 24. Dans ce deuxième cas, le touriste recherche certainement la reconnaissance, sa satisfaction est rapide, une photographie permet d’attester de son voyage et les rencontres avec l’habitant sont difficilement réalisables par manque de temps. Ces constats angoissants sur l’attitude des visiteurs nous invitent à présent à nous questionner davantage sur la relation entre tourisme et identité. 23 24 Op Cité, p73 Op Cité, p68 45 1.2 Relation entre tourisme et identité 1.2.1 Identité et authenticité : «le nouvel eldorado?» Comme nous le précisons en amont, la quête identitaire est devenue une des nouvelles motivations des touristes. L’identité et l’authenticité d’une destination attirent les visiteurs. Le sociologue Jean Viard rappelle que l’authenticité : « […] devient une valeur réappropriée par la société locale marquant dans de nouveaux villages un recul de l’attrait pour les signes de modernité et le développement d’un discours local d’authenticité qui croit être la réalité historique du lieu lui-même » L’auteur insiste sur le nécessaire imaginaire des touristes et leur adhésion à une mise en scène, touchant le paysage, les pierres, les produits et à la construction de laquelle ils peuvent d’ailleurs contribuer », (Furt, Michel, 2007, p.25). Ici nous remarquons que l’authenticité est une interprétation subjective issue de l’imagination d’un individu. Cette interprétation est alimentée par le refus des habitants d’utiliser toutes sortes d’éléments modernes au sein de la communauté pour paraître plus authentique aux yeux des visiteurs. Il semble que l’authenticité soit le résultat de la mise en tourisme des traditions : « L’authenticité, habituel fonds de commerce de certains opérateurs et territoires pour survivre dans un marché de plus en plus concurrentiel, suppose que le touriste « y croit ou fasse semblant d’y croire » parce que cela le rassure, flatte son désir et son sentiment d’être unique. Elle s’accompagne généralement d’une critique du processus de « touristification » et d’une revendication du caractère artisanal de la production marquant ainsi une volonté de se situer dans un rapport marchand particulier où les petits volumes ne troublent pas la personnalisation du rapport direct et où la qualité nécessairement inhérente justifie une envolée des prix », (Furt, Michel, 2007, p.26). Ici, l’authenticité est clairement décrite comme un produit touristique, bien qu’elle donne l’impression de s’en détacher dans la mesure où tout ce qui est artisanal est authentique selon les touristes et les artisans. L’achat dans des commerces familiaux entretien également le mythe de l’authenticité que sont venus chercher les touristes. Les populations qui choisissent de vivre de l’activité touristique se trouvent peut-être aujourd’hui dans une impasse. La mise en tourisme de sa culture, de ses traditions et de ses coutumes peut engendrer deux effets. Dans un premier temps nous allons identifier les retombées positives de la relation entre tourisme et identité. Plus loin nous aborderons les impacts négatifs de cette même relation. Il est important de préciser que l’activité touristique ne doit pas être envisagée comme l’activité principalement au sein d’une communauté. 46 Comme nous l’avons déjà précisé, il peut s’avérer difficile de survivre lorsque la fréquentation touristique diminue : « Au bout de la route touristique, des populations entières dépendent de ses « exigences », modifient leurs habitudes et coutumes pour « répondre aux attentes » de la clientèle touristique, tandis qu’une mince frange de la population visitée profite parfois avec arrogance – de la manne soudainement offerte… », (Furt, Michel, 2007, p.9). Une des solutions envisageables pour rééquilibrer la situation est de positionner l’activité touristique comme activité complémentaire pour pouvoir rebondir en cas de baisse temporaire de la fréquentation touristique. 1.2.2 Les retombées positives observées De nombreuses retombées apparaissent lorsqu’une communauté choisi de mettre en valeur son identité par le biais du tourisme. Par soucis de lisibilité nous avons choisi de présenter ces retombées sous forme de tableau auxquelles nous intégrons les retombées négatives abordées plus loin dans le raisonnement. 47 Les retombées de la relation tourisme et identité auprès d’une communauté Les retombées de la relation tourisme et identité auprès d’une communauté Favoriser les échanges « Grâce au voyage, la rencontre induit l’échange, le partage, la communication, le doute aussi, et même quelquefois la connaissance peut-être plus qu’on le l’imagine », (Furt, Michel, 2007, p.64). Manipuler de l’identité « Le tourisme nous donne une bonne idée de comment on peut manipuler l’identité des autres et aussi la sienne en fonction d’intérêts mercantiles », (Furt, Michel, 2007, p.103). Comprendre une société « En ayant longtemps considéré le tourisme comme futile, on l’a du même coup souvent vu comme anodin, alors qu’il est un révélateur original de la manière dont une société construit et fait évoluer son identité ? », (Furt, Michel, 2007, p.155). Modification de l’identité Certaines populations sont prêtes à modifier leur identité pour satisfaire les désirs des étrangers au risque de dénaturer leur tradition. Comment déceler le vrai du faux ? L’identité utilisée à des fins touristiques mène parfois à des excès. Consolider les cultures « Toute culture vit et survit grâce aux échanges avec d’autres cultures, de la même façon qu’une identité s’enracine et perdure grâce à l’apport dynamique d’autres identités qui viennent la compléter, la façonner, la singulariser, et donc aussi la fortifier », (Furt, Michel, 2007, p.71). Refondation des identités « Ces auteurs [Franck Michel et Jean-Marie Furt] interprètent la relation du tourisme aux identités par référence aux enjeux économiques de cette activité et à ses effets sur le plan local comme au niveau global. « De nos jours, écrivent-ils dans l’introduction de leur ouvrage, partout sur la planète, l’identité contribue au développement touristique autant que le tourisme participe, pour sa part, à la refondation des identités », (Furt, Michel, 2007, p.29-30). L’appropriation et la réappropriation * « le val de Villé « se raconte et se dévoile » à des acteurs locaux qui du même coup se réapproprient l’histoire « rêvée », « inventée », qu’ils réinvestissent dans des destins familial et personnel. Ce travail démonstratif porte en lui une réflexion sur un passé commun et en germe un devenir collectif. Le canton, territoire de projets, devient un lieu investi de sens pour des acteurs sociaux, et producteur de nouvelles légitimités, opérationnelles dans l’espace public local. », (Furt, Michel, 2007, p.38). Préserver l’identité « L’identité contribue au développement touristique autant que le tourisme participe, pour sa part, à la refondation des identités ». Le tourisme permet d’entrevoir un certain avenir, le tourisme peut permettre de : préserver l’identité culturelle, religieuse, linguistique, artistique d’une communauté », (Furt, Michel, 2007, p.76). Reconnaître et révéler son identité « Ce travail de formalisation et de rationalisation des discours sur l’identité agit auprès du public comme un révélateur d’identités souvent enfouies dans l’histoire des communautés, parfois oubliées ou perçues dans le sens commun comme allant de soi. Le discours devenant public, il acquiert un statut nouveau, une visibilité, produisant de l’action rationnelle en valeur. Il se diffuse, se donne à voir dans les médias, peut s’objectiver dans une publication (un annuaire d’histoire, un livre) ; une manifestation, une fête, un spectacle le « mettra en scène » et le positionnera dans l’espace public local », (Furt, Michel, 2007, p.31-32). Marchandisation de l’identité : « touristification » « Par le biais de l’ingérence touristique, l’identité, autrement dit l’âme même des sociétés et de ses membres, serait-elle définitivement sacrifiée sur l’autel de la consommation et du capitalisme, où les cultures – si possible « traditionnelles » - ne sont plus que des marchandises à négocier, à exploiter, à visiter ? Réduits à l’état de « produits » et de « biens », les manifestations culturelles devraient-elles leur survie à leur marchandisation ? », (Furt, Michel, 2007, p.9-10). Arranger la réalité pour satisfaire les touristes Mais cette quête peine à rencontrer une population, souvent bunkérisée dans une différence dont la réalité se dilue dans des préoccupations de consommation rapide, arc-boutée sur des certitudes et déguisant son interrogation sociale dans un refus de l’autre », (Furt, Michel, 2007, p.27). Générer des tensions au sein de la communauté Le résultat de ce processus non linéaire fait des tensions et d’échanges – par la lecture qu’ont les individus de leur rôle social et des finalités de l’action – tend à modeler la société locale. Dépendre du tourisme * Le rêve d’une nuit d’été est un spectacle qui a vu le jour dans les années 1990, il réunit les acteurs locaux (associations, élus…) dans le but de promouvoir l’identité culturelle des habitants du canton des Vosges alsaciennes. Tableau 3 : Retombées issues de la relation entre tourisme et identité 48 1.3 Les limites du discours fondé sur l’identité: le tourisme ravageur « L’identité utilisée à des fins bassement touristiques mène souvent aux pires excès », Franck Michel 1.3.1 Risques, préoccupations Les spécialistes ont remarqué les limites d’une stratégie de développement touristique fondée sur l’identité d’un territoire. Le tourisme peut avoir des retombées négatives sur un territoire et auprès des populations. Généralement des retombées négatives apparaissent lorsque l’activité touristique s’est installée sur le territoire sans avoir préalablement fait l’objet d’un réel diagnostic mesurant l’opportunité du développement touristique. Généralement, les retombées que nous présentons (tableau 3, p. 48) s’observent dans les sociétés anciennes qui ont été contraintes de remodeler leur identité suite à un événement marquant. Nous observons que la relation tourisme et identité peut parfois atteindre certaines limites : « Le culte des objets, des choses ou de la nature, remplace alors pour le visiteur, une personnalisation des rapports, que beaucoup ne souhaite pas et qui de toute façon résiste difficilement à la rentabilisation de l’activité et à l’habitude qui tuent la curiosité. Ce constat marque les limites d’une stratégie de développement touristique fondée sur l’identité d’une destination. Il renvoie à la nécessité de faire du tourisme un élément d’une politique globale, exigeant des choix et des sacrifices, mais permettant une réappropriation identitaire fondée sur un véritable pacte social bâti autour du mouvement, du respect réciproque et de l’acquisition de valeurs démocratiques » (Furt, Michel, 2007, p.27). Les stratégies de développement doivent tenter de réduire l’impact négatif de la mise en tourisme de l’identité de ses populations et ainsi tendre à une situation d’équilibre. 1.3.2 Les retombées négatives liées à la mise en tourisme d’une identité Pour mieux cerner les risques liés à la mise en tourisme des identités nous proposons de consulter le tableau 3, en page 48. 49 L’identité est propre à chaque personne et à chaque groupe d’individu. Elle est parfois rattachée au concept d’authenticité qui attire progressivement les touristes en quête d’identité. Au regard de l’augmentation de la demande en termes d’authenticité et d’identité, les acteurs touristiques n’hésitent plus à bâtir une stratégie de développement basée sur l’identité afin d’en retirer les avantages économiques. Nous avons vu les nombreux avantages de réaliser ce type de projet mais nous remarquons que les répercussions sont toutefois inquiétantes. Comment réduire les risques ? Pour ce faire nous considérons que l’appropriation est un concept qui inhibe les impacts négatifs de la mise en tourisme d’une communauté. Plus un individu s’identifie à sa communauté, plus le projet touristique a de chance de fonctionner. 2. Le concept d’appropriation au cœur de notre questionnement A présent nous allons nous concentrer sur le concept d’appropriation qui apparaît après celui d’identité et avant celui de tradition. D’une part, cet ordre s’explique puisque pour pouvoir s’approprier quelque chose, il faut d’abord être conscient de soi pour pouvoir s’identifier à ce que l’on souhaite s’approprier. D’autre part, nous considérons que le concept d’appropriation se positionne avant celui de tradition car nous verrons qu’il doit être préalablement engagé pour favoriser la transmission des traditions au sein d’une communauté. 2.1 Comment pluridisciplinaires définir l’appropriation ? Approches Nous avons choisi de privilégier une approche pluridisciplinaire afin de cerner l’ensemble des composantes du concept d’appropriation. Ces approches apparaissent de manière synthétique sous forme de tableau. Nous avons choisi de mettre en évidence les disciplines les plus pertinentes pour cette étude. 2.1.1 Approche générale et origines du concept Selon le dictionnaire du Petit Robert, le verbe s’approprier est un terme issu du latin appropriare qui signifie « propre ». S’approprier revient à s’attribuer un bien à le rendre propre à quelqu’un afin de devenir propriétaire. Dans le langage courant ce terme désigne l’action de s’attribuer la propriété d‘une chose concrète ou abstraire. Le verbe approprier est souvent assimiler à celui d’attribuer et implique sont substantif : appropriation. Issu du latin proprius qui signifie propre, 50 l’appropriation désigne l’action d’approprier, de rendre propre à un usage, à une destination. Le dictionnaire évoque d’un part la définition en terme juridique qui se rapproche des précédentes : « action de s’approprier une chose, d’en faire sa propriété, acquisition ». D’autre part elle présente les risques induits d’une appropriation illégale que nous évoquerons plus loin dans notre raisonnement: « s’attribuer de manière illicite revient à s’emparer, se saisir sans l’accord du propriétaire d’un bien en question ». La définition propose également les sens contraires de ces termes : « inadaptation, abandon, aliénation » qui semblent ajoutés une nouvelle dimension sociale, culturelle et patrimoniale à ce terme. Selon les origines latines du terme, l’appropriation est l’ « action de rendre quelque chose propre, caractéristique, d’un point de vue matériel et physique comme d’un point de vue intellectuel et moral, et ce de manière durable »25. L’origine du concept remonte à plusieurs années. D’abord abordé en psychologie générale l’appropriation implique d’abord le sujet, qui lui-même est impliqué dans la continuité historique d’appropriation de son héritage. Perla Serfaty-Garzon sociologue et psychosociologue, fait référence à l’origine marxiste du concept26. Dans ce cas l’appropriation est étudiée comme un processus d’humanisation. Karl Marx définissait l’appropriation comme une « impulsion motrice primordiale » et décrivait l’appropriation comme « le cœur de l’intériorisation ». L’appropriation représente alors : « Un processus par lequel les hommes dépassent ce qu’ils ont extériorisé grâce à un effort d’objectivation pour s’engendrer eux-mêmes à travers la maîtrise et l’évolution de savoirs ». Cette citation montre alors que l’appropriation est un processus dans lequel les humains sont au centre du questionnement. Ce processus est engagé lorsque les individus font preuve d’une l’intériorisation des savoirs, des savoir-faire préalablement acquis. Ainsi Karl Marx accorde un usage sociologique au concept. La notion se définit par « rapport aux objets produits par l’individu, comme intériorisation des savoirs et des savoir-faire ». Karl Marx décrira aussi l’appropriation comme un accomplissement intérieur et individuel qui dépend des modèles transmis et de l’éducation : « L’appropriation est un processus dont les 25 ème GAUCHE Karine. Typologie de pratiques de gestions et indices d’appropriation. 34 congrès de l’AFC, 2013 [En ligne]. Disponible sur : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-01002930/document. (Consulté le 19-05-15). 26 SERFATY-GARZON Perla. Dictionnaire critique de l’habitat et du logement. Le Chez-soi: habitat et intimité [En ligne]. Disponible sur : http://www.perlaserfaty.net/texte7.htm. (Consulté le 27-05-15). 51 acquis, l’instabilité et les recherches de nouveaux équilibres correspondent à la dynamique de l’identité individuelle ». Ainsi l’appropriation est associée à l’action humaine personnelle et individuelle. Il s’agit d’entreprendre un exercice personnel pour atteindre un accomplissement individuel et non comme démarche collective. Vincent Veschambre, maître de conférences en géographie à l’université d’Angers, remarque que l’appropriation d’un point de vue du sens commun s’apparente à « un espace défendable » à la « territorialité ». Il explique qu’il s’agit d’un « comportement visant à constituer une zone contrôlée par un individu ou un groupe »27. Ici l’appropriation est un concept qui permet d’acquérir un bien, de maîtriser des espaces. Nous pouvons ainsi y associer l’idée de contrôle et de maitrise d’un bien. Il ajoute que : « L’appropriation n’apparaît au premier plan que dans trois entrées : géopolitique (où la notion est constitutive d’une des définitions), habiter en référence à des auteurs qui l’utilisent spécifiquement (comme H. Lefebvre), et territoire où la notion est bien présente, mais pour être récusée »28. Après avoir vu trois approches communes concernant la notion d’appropriation, nous allons nous intéresser aux définitions accordées par les spécialistes de l’habitat et du logement. Nous verrons ensuite le concept d’un point de vue géopolitique et géographique. 2.1.2 Appropriation et habitat Perla Serfaty-Garzon s’interroge précisément sur le concept d’appropriation d’un point de vue de l’habitat et du logement. Elle distingue deux dimensions dans l’appropriation: l’adaptation et l’acquisition. D’une part l’adaptation consiste en l’appariement de deux objets, deux actions ou entre un sujet et un objet. L’adaptation suppose que l’on modifie l’objet sur lequel s’exerce l’appropriation. D’autre part, tout comme le précise la première définition étudiée, l’acquisition intègre des notions de propriété et de légitimité. Elle implique une intervention judicieuse d’un sujet sur un objet. L’auteure aborde également le terme d’appropriation comme une propriété d’ordre moral, d’un point de vue psychologique et affectif. Ici la maîtrise d’un bien joue un rôle décisif : il s’agit de se saisir de quelque chose pour ainsi devenir propriétaire : 27 VESCHAMBRE Vincent. « La notion d’appropriation », http://norois.revues.org/589. (Consulté le 12-05-15). 28 Op Cité Norois, 2005, [En ligne]. Disponible sur : 52 « L’adapter à soi et, ainsi, de transformer cette chose en un support de l’expression de soi. L’appropriation est ainsi à la fois une saisie de l’objet et une dynamique d’action sur le monde matériel et social dans une intention de construction du sujet ». Cette interprétation rappelle celle du dictionnaire du Larousse qui accorde également une dimension sociale à la notion d’appropriation. Dans la même discipline de l’habitat, Vincent Veschambre, définit l’appropriation (de l’habitat) comme « l’ensemble des pratiques et, en particulier, des marquages qui lui confèrent les qualités d’un lieu personnel ». Ainsi suite à l’acquisition, l’attitude exercée par l’individu sur le bien acquis (la personnalisation du bien) contribuera en son appropriation. Ici on distingue la composante dite matérielle dans le concept d’appropriation : « Dans cette approche, le marquage par la disposition des objets ou les interventions sur l’espace habité est considéré comme « l’aspect matériel le plus important de l’appropriation » ». Pour faire le point sur cette première approche nous pouvons retenir que l’appropriation d’un point de vue de l’habitat s’apparente à l’acquisition d’un bien dans l’objectif d’en devenir propriétaire légitime. 2.1.3 Appropriation géographique de l’espace D’un point de vue de l’espace territorial, l’appropriation fait référence à l’environnement. L’individu s’identifie psychologiquement à son territoire. Il manifeste un usage exclusif ou une possession légale du territoire. L’individu est libre d’interagir avec autrui, de s’isoler des autres, d’être disponible pour les autres, et peut choisir d’accepter les stimulations externes ou de les rejeter. Ici l’appropriation du point de vue de l’espace dépend des habitants. S’ils s’identifient à l’espace, ils feront en sorte de le préserver, de l’entretien puisque cet environnement leur appartient. 2.1.4 Appropriation et géopolitique Frantz Gheller, chercheur en sciences politiques, aborde le thème de la géopolitique et de l’appropriation. Pour nous éclairer sur le sujet il s’appuie sur les propos d’Emmanuel Kant, philosophe allemand et explique que l’appropriation en géopolitique consiste en la volonté continuelle d’acquisition de nouveaux territoires pour être propriétaire à l’échelle d’un pays 29. 29 GHELLER Frantz. Le contexte sociopolitique du Projet de paix perpétuelle d’Emmanuel Kant. Etudes internationales, volume 41, numéro 3, 2010, [en ligne]. Disponible sur http://www.erudit.org/revue/ei/2010/v41/n3/044905ar.html. (Consulté le 02-08-2015). 53 L’art réside en la combinaison des pouvoirs en vue d’acquérir un équilibre géopolitique grâce à l’instauration de relation hiérarchisée. Auparavant ces rapports de dominance étaient exercés par les seigneurs : Simultanément à l’exploitation seigneuriale des paysans, « les seigneurs rivalisaient avec les autres seigneurs pour le contrôle de la terre et du travail », une relation conflictuelle dans laquelle « les seigneurs essaient de reconnaître, régulariser et hiérarchiser leurs positions en tant qu’accumulateurs militarisés »30 (Teschke 2006 : 536). Ainsi nous imaginons que l’origine des guerres s’explique par une volonté inassouvie de répondre à des besoins d’appropriation géopolitique. Nous pouvons évoquer un thème plus récent qui concerne l’appropriation géostratégique des milieux maritimes. Ces espaces sont devenus des zones d’exploitation commune tout comme les territoires terrestres. L’acquisition de ces espaces devient un enjeu majeur pour nombre d’entreprises et d’institutions qui cherchent à se constituer une économie de réseau. L’appropriation des territoires grâce à la création de partenariats stratégiques et de voisinages contribuent à entretenir la géopolitique entre les différentes régions du monde grâce à des alliances31. Nous proposons ci-dessous un résumé des différentes approches traitées précédemment. DISCIPLINES Commun Habitat & Logement MOTS CLES « s’attribuer un bien » « devenir propriétaire » Affectif « s’attribuer la propriété d‘une chose concrète ou abstraire » ; « action de rendre quelque chose propre, caractéristique, d’un point de vue matériel et physique comme d’un point de vue intellectuel et moral, et ce de manière durable » ; « comportement visant à constituer une zone contrôlée par un individu ou un groupe » « adaptation » « acquisition » « propriété et légitimité » « l’ensemble des pratiques et, en particulier, des marquages qui lui confèrent les qualités d’un lieu personne l » « appropriation comme une propriété d’ordre moral » « l’adapter à soi et, ainsi, de transformer cette chose en un support de l’expression de soi. L’appropriation est ainsi à la fois une saisie de l’objet et une dynamique d’action sur le monde matériel et social dans une intention de construction du sujet ». Psychologique & DEFINITION DU CONCEPT 30 Op Cité CLAVERIE Bruno. Les grands enjeux géopolitiques de la mer et du tourisme. développement, Université Toulouse Jean Jaurès, 2015. 31 Cours de MASTER 2, Tourisme et 54 Géographie « Rôle des habitants » « Acteurs du territoire » « usage exclusif ou une possession légale du territoire » Le Rôle des habitants déterminent leur appartenance au territoire Géopolitique « Rapport de dominance » « Une économie de réseau » la volonté continuelle d’acquisition de nouveaux territoires la combinaison des pouvoirs en vue d’acquérir un équilibre géopolitique Sociologie « Phénomène social total » M. Mauss « Processus individuel » « Accomplissement individuel » K. Marx « adaptation de quelque chose à un usage défini ou à une destination précise » Juridique Possession, propriété acquisition ≠ appropriation illégale « action de s’approprier une chose, d’en faire sa propriété, acquisition » Tableau 4 : Approche pluridisciplinaires du concept d'appropriation 2.2 Processus d’appropriation et système de valeur associée 2.2.1 Le système de valeur une condition préalable à l’appropriation Le processus d’appropriation fonctionne selon un système de valeur. Par exemple, il peut s’agir de la valeur historique, où l’homme exerçant son activité s’attribue une valeur humaine et détermine ainsi ses propriétés. L’homme est au centre du processus, il est acteur de son appropriation. Une fois qu’il a accordé une certaine valeur à tel ou tel éléments alors nous considérons que l’homme s’est approprié l’élément en question car il a exercé lui-même une mise en valeur. En revanche, chaque appropriation dépendra de l’individu. Au regard du passé de chaque individu, un certain type d’appropriation va être développé. L’ensemble des normes, des valeurs, de son éducation vont influer sur les conditions de l’appropriation. C’est ce que nous expliquent ici, Antonella Carù, professeur en management et Bernard Cova professeur de Marketing : 55 « L'attribution de sens renvoie largement aux antécédents du consommateur et au réservoir de sens qu'il contient : propre passé du consommateur, rapports avec certains membres de sa famille ou amis, expériences esthétiques précédentes... » 32 Ainsi nous remarquons que les acquis préalables et les valeurs individuelles sont des conditions nécessaires pour enclencher le processus d’appropriation qui détermine l’appropriation. Une variable importante dans le processus d’appropriation est la représentation de soi. Généralement qu’un individu va se diriger vers l’acquisition de produit qui lui ressemble. Sachant que l’individu s’attribue un certain nombre de valeurs, il va faire en sorte de pouvoir les retrouver dans les produits qu’il va rechercher. Ainsi la représentation de soi est indispensable pour engager le processus d’appropriation. Olivier Brunel et Dominique Roux souligne la notion du concept de soi : "Le consommateur a tendance à rechercher des produits dont l'image est congruente avec celle qu'il a de lui-même. Les processus d'appropriation sont donc fortement influencés par les dimensions du concept de soi33." Hazel Markus et Paula Nurius, en 1986 dans Possible Selves distinguaient quatre « soi possibles » ou quatre variantes du « soi » : 1. Le concept de soi public (comparaison sociale) et le concept de soi privé ; 2. Le concept de soi perçu (estime de soi) et le concept de soi idéal (désirs de devenir) ; 3. Le soi étendu (possessions d’objets, d’animaux qui sculptent son identité individuelle ; 4. Le soi négatif (ce que l’on évite ou refuse d’être) 34. Pour être correctement mené le processus d’appropriation doit intégrer en amont les valeurs individuelles et la représentation de l’individu. Ces éléments sont déterminants dans le choix de consommation et l’appropriation finale d’un produit. 32 Revue de littérature sur l’appropriation [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). – CARU Antonella, COVA Bernard. Approche empirique de l’immersion dans l’expérience de consommation : les opérations d’appropriation, 2003. 33 Revue de littérature sur l’appropriation [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). – BRUNEL Olivier, Roux Dominique. L’appropriation des produits par le consommateur : proposition d’une grille d’analyse, 2006. 34 Revue de littérature sur l’appropriation [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). – MARKUS Hazel, NURIUS Paula. Possible selves. American psychologist, 1986. 56 2.2.2 Les étapes du processus d’appropriation Selon Véronique Cova et Bernard Cova le processus d'appropriation repose sur la rencontre de deux parties : - d’un part l’objet en question doit être appropriable à un individu, - d’autre part l’individu qui doit avoir le potentiel, la capacité, la volonté de s’approprier les objets et espaces dans une quête identitaire35. Face à l’individu, trois possibilités s’imposent : - un environnement ouvert, où l’individu va disposer d’une certaine liberté en termes d’appropriation. - un environnement fermé dans lequel il existe « tension dialectique entre le pouvoir dominant sur les objets et l'autonomie de l'individu : l'espace de réappropriation. - un environnement adaptable dans lequel il existe des règles et des normes auxquelles l’individu devra se plier s’il souhaite s’approprier un bien. Sandra Camus montre qu’il existe des conditions nécessaires pour valider l’appropriation d’un objet matériel ou immatériel36. Parmi ces conditions nécessaires nous distinguons celle de l’authenticité. Comme le remarque l’auteur, pour faciliter l’appropriation d’un objet, l’individu qui cherche à se l’approprier doit pouvoir distinguer trois cas de figure : «"L’authenticité marchande perçue représente une caractéristique propre au produit, qui découle d'une activité cognitive, affective et conative". Trois conditions fondamentales doivent être réunies : l'origine du produit doit être identifiée, l'origine du produit doit être conforme à sa représentation et la nature du produit doit être conservée tout au long du processus allant de l'origine de la marchandise à son point de réception ». En résumé, l’individu doit être capable d’identifier l’origine du produit, de créer un lien entre l’origine du produit et la représentation qu’il imaginait et pour finir la nature du produit ne doit pas changer au cours du processus de l’origine à la réception du produit, c’est-à-dire qu’aucune transformation ne doit être faite. 35 Revue de littérature sur l’appropriation [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). – COVA Véronique, COVA Bernard. Alternatives marketing, 2001. 36 Revue de littérature sur l’appropriation [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). – CAMIS Sandra. Les mondes authentiques et les stratégies d’authentification, 2002. 57 Karl Marx nous éclaire sur le processus d’appropriation. Il considère dans son raisonnement « le travail historique » ; la praxis humaine comme composante et énergie motrice du processus d’appropriation. Selon lui entreprendre le travail humain enclenche le processus d’appropriation. Le concept de propriété ou de non-propriété est le plus apte à désigner le résultat. Ainsi le travail entraine la production et ainsi l’appropriation de cette production par le travailleur. Ci-dessous nous avons choisi de présenter deux moyens de parvenir à une l’appropriation d’un objet matériel ou immatériel. 2.2.1.1 L’appropriation en six étapes37 Le processus d’appropriation en six étapes est caractérisé comme un processus linéaire selon Olivier Brunel et Dominique Roux. Ces deux auteurs s’interrogent sur le processus d’appropriation d’un produit alimentaire. Nous considérons que ces étapes peuvent constituer un socle de réflexion pour ensuite être mobilisées dans d’autres disciplines. Ainsi, l’accomplissement du processus d’appropriation déprendra du moment de l’acquisition d’un produit alimentaire et de sa consommation. Pré-appropation • Décodage • Tri symbolique du réel • Sélection selon ses besoins Approbation préacquisition • Identification de l’objet du désir • Mise en place d’une relation symbolique et idéale Appropriation préconsommation Appropriation lors de la consommation • Phase préliminaire et d'adaptation de l'objet à ses attentes • L'individu se transforme et évalue l’objet Appropriation lors de l’acquisition • Choix du produit pour satisfaire son désir • Dépend de chaque personne Appropriation postconsommation • Ce que retient l’individu • Génère des attitudes et croyances • Décision de réitérer l'acte d'achat ou non à l'avenir Figure 7 : Les six étapes du processus d'appropriation selon Brunel et Roux, 2006 37 Projetvaleurs.org. Revue de littérature [en ligne]. Disponible sur : http://www.projetvaleurs.org/IMG/pdf/a_anberree_revue_de_litterature_sur_lappropriation.pdf. (Consulté le 28-05-15). 58 Ces six étapes constituent le processus d’appropriation dans le domaine de l’alimentation. A présent nous allons analyser une nouvelle interprétation du processus d’appropriation qui s’étale sur trois étapes et peuvent s’appliquer à plusieurs domaines. 2.2.1.2 L’appropriation en trois étapes Antonella Carù et Bernard Cova, dans l’ouvrage Approche empirique de l’immersion dans l'expérience de consommation : les opérations d'appropriation de 2003 distinguent trois étapes linéaires dans le processus d’appropriation: Nidation Exploration Marquage Figure 8 : Les trois étapes du processus d'appropriation selon Carù et Cova, 2003 Selon eux, ces hypothèses se succèdent et peuvent parfois être répétées au sein même d’un processus. De plus ils ajoutent que l’ordre est variable selon les situations : 1. La nidation Au cours de la nidation, l’individu se situe dans un climat familier. Il cherche à contrôler son expérience grâce aux compétences préalablement acquises. Il se forge une image positive de luimême pour éventuellement entreprendre une rupture dans sa routine. 2. L’exploration L’individu va entreprendre de nouvelles expériences et envisager de nouvelles pratiques pour alimenter sa maitrise des objets. Cette étape consiste en la découverte et l’acquisition de nouvelles compétences destinées à étendre son territoire d’action. 3. Le marquage Ici l’individu fait un bilan personnel de l’expérience acquise dans la seconde étape. L’individu porte un regard subjectif et créatif pour donner du sens à son expérience. Les auteurs précédents ont mis en évidence les différentes étapes du processus d’appropriation. Cependant, d’autres spécialistes s’interrogent sur la question et privilégient une approche par la construction de la valeur pour atteindre l’appropriation. 59 2.3 Risques et conflits liés à l’appropriation Nous observons qu’au cours du processus d’appropriation certaines retombées parfois négatives peuvent survenir suite à la non appropriation d’un objet ou à l’échec du processus d’appropriation. Nous distinguons plusieurs phénomènes sociaux comme par exemple : la désappropriation, l’aliénation, la dilapidation, la dépossession (reprise de possession), la privation, la dévalorisation de l’homme, la désappropriation, la dépossession. Dans cette étude nous avons préféré nous concentrer principalement sur le concept de désappropriation et celui d’aliénation qui selon nous peuvent faire constituer des réponses à nos hypothèses. Le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe, prend l’exemple de l’espace urbain pour décrire le concept de la « désappropriation ». Selon lui, ce concept décrit les rapports de dominance entre deux parties. Les espaces publics, le mobilier urbain sont mis à disposition des citadins pour assurer leur bien-être. Ces éléments n’appartiennent que partiellement aux citadins car il est formellement interdits de s’en saisir. Ces biens et services appartiennent aux autorités en vigueur (municipalité). Ainsi, la ville n’appartient pas au citadin, les bâtiments, les sols sont des propriétés économiques, juridiques et morales d’autrui. Ces espaces obligent les citadins à adopter un certain comportement. Ainsi le refus de répondre à des règles comportementales peut devenir une source de désappropriation et de conflits entre groupes et individus. Les individus réagissent différemment pour se défendre et pour montrer le refus de coopérer. L’aliénation est aussi considérée comme le résultat à un manquement dans le processus d’appropriation. Emmanuel Hérichon, dans Le concept de propriété dans la pensée de Karl Marx cite Pierre Naville, qui définit l’appropriation comme une jouissance et à l’inverse la dépossession comme une aliénation38. Ainsi l’aliénation viendrait annuler le concept d’appropriation. Karl Marx montre que l’aliénation « la pratique du dessaisissement […] dispersion des éléments, la perte ou la privation de propriété, en un mot la dépossession ». Ce concept s’oppose à celui de la réappropriation. Ici le terme d’aliénation n’est pas associé à celui de propriété. 38 Hérichon Emmanuel. Le concept de propriété dans la pensée de Karl Marx. In: L’Homme et la société, N. 17, 1970. Sociologie et idéologie : marxisme et marxologie. pp. 163-181 [en ligne]. Disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/homso_0018-4306_1970_num_17_1_1325. (Consulté le 28-0515). 60 Ainsi, la désappropriation et l’aliénation sont deux répercussions qui peuvent apparaître suite à un manquement dans le processus d’appropriation. La désappropriation n’est pas irrémédiable, car la réappropriation peut être envisagée dans certains cas. Pour mieux cerner les spécificités qui définissent le concept d’appropriation nous présentons ci-dessous notre cheminement pour clôturer cette seconde sous partie. APPROPRIATION CONDITIONS PREALABLES LA NOTION DE VALEUR PROCESSUS D'APPROPRIAITON FORMES DE LEGITIMATION* RISQUES Figure 9 : Cheminement pour définir le concept d'appropriation, C. Dejean *Les formes de légitimation sont des outils qui permettent certifier la qualité d’un produit. Par exemple nous pouvons distinguer les labels et les appellations : AOP (appellation d’origine protégée), AOC (appellation d’origine contrôlée), IGP (Indication géographique protégée). Cette seconde sous partie cherchait à décortiquer le processus d’appropriation. Nous avons tenté d’en définir les différentes approches selon plusieurs disciplines. Ensuite nous avons abouti sur deux processus d’appropriation, un qui se décompose en six étapes et le second qui s’exécute en trois étapes. Cela nous a montré qu’il faut avant tout avoir conscience de soi même avant d’entreprendre l’appropriation d’un objet matériel ou immatériel. Cependant, le processus d’appropriation n’est pas une tâche facile à exécuter et peut parfois entrainer un processus de désappropriation, ou encore d’aliénation. A présent nous allons aborder le thème de la tradition, une composante du patrimoine, qui nous permettra d’illustrer le processus d’appropriation. La transmission des coutumes requiert l’appropriation préalable des éléments tangibles et intangibles relatifs à son identité. 61 3. De la tradition à la tradition inventée 3.1 La tradition étroitement liée au patrimoine immatériel Selon le dictionnaire du Larousse39, le terme « tradition est issu » du latin traditio qui signifie « action de transmettre ». Il faut préciser que ce terme désigne l’action de transmission et non pas l’élément ou la chose transmise, il s’agit bien de l’opération de transmission. Nous avons sélectionné trois définitions qui se rapprochent de notre questionnement initial. Selon le dictionnaire du Larousse, la tradition est un « ensemble de légendes, de faits, de doctrines, d'opinions, de coutumes, d'usages, etc., transmis oralement sur un long espace de temps ». Cette première définition se rapproche étroitement de la définition du patrimoine. Selon le dictionnaire du Petit Robert, le terme patrimoine est issu du latin patrimonium qui signifie « héritage du père ». D’un point de vue individuel, le patrimoine concerne les « biens de famille, biens que l’on a hérités de ses ascendants » qui sont synonymes de fortune, d’héritage et de propriété. D’un point de vue collectif, le patrimoine représente un « bien propre, comme une propriété transmise par les ancêtres » par exemple le patrimoine architectural, historique, naturel40… Ainsi nous pouvons dire que la tradition est un élément constitutif du patrimoine. Elle est destinée à être transmisse pour subsister à l’effet du temps. La tradition témoigne d’un savoirfaire qui reflète le patrimoine identitaire d’une communauté. L’anthropologue Gérard Lenclud, dans « La tradition n’est plus ce qu’elle était…»41, ajoute la remarque suivante : « La tradition serait ce noyau dur, immatériel et intangible, autour duquel s'ordonneraient les variations ». Ici une nouvelle fois, on entrevoit une relation étroite avec le patrimoine immatériel. Nous distinguons principalement deux dimensions patrimoniales : le patrimoine matériel (palpable, tangible) et le patrimoine immatériel (ethnologique, intangible). Dans un premier temps nous allons nous pencher sur le patrimoine immatériel. Selon l’anthropologue français Isac Chiva dans Le patrimoine ethnologique : l’exemple de la France publié en 1990 le: 39 DICTIONNAIRE LARROUSSE. Définition Tradition. Disponible sur http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/tradition/78903. (Consulté le 27-07-2015). 40 Le Petit Robert, dictionnaire de la langue française, définition patrimoine, page 1872. (Consulté le 27-04-2015). 41 LENCLUD Gérard. La tradition n’est plus ce qu’elle était… ». Terrain, 1987, n°9, p. 110-123 [en ligne]. Disponible sur http://terrain.revues.org/3195. (Consulté le 27-07-2015). 62 « Patrimoine ethnologique d’un pays comprend les modes spécifiques d’existence matérielle et d’organisation sociale des groupes qui le composent, leurs savoirs, leur représentation du monde et de façon générale les éléments qui fondent l’identité de chaque groupe social et le différencient des autres ». Le patrimoine immatériel réunit les biens relevant de la mémoire (souvenirs d’une communauté, le langage vernaculaire (dialectes, langages régionales comme l’occitan par exemple), les symboles, la symbolique esthétique (les fêtes locales, les danses), les traditions, les rites, le savoir-faire gestuel (la construction des maisons typiques), le patrimoine génétique (lié à la connaissance des plantes, des animaux) et les savoirs populaires. A l’inverse, le patrimoine matériel regroupe l’ensemble des éléments palpables et tangibles relevant de passé. Le patrimoine matériel réunit le patrimoine historique (structure bâtie comme l’Arc de Triomphe par exemple), le patrimoine archéologique (vestiges archéologiques), le patrimoine bâti (architecture rurale, urbaine, artisanale et industrielle), le patrimoine domestique (mobiliers, ustensiles, éléments du quotidien) et le patrimoine produits (issu des traditions culturelles, d’élevage, artisanal). Si nous revenons à la notion de tradition nous distinguons une nouvelle définition : La seconde définition se concentre d’avantage sur la notion de transmission : « Manière d'agir ou de penser transmise depuis des générations à l'intérieur d'un groupe : Cette fête est une tradition régionale »42. Nous verrons plus loin dans le raisonnement que la notion de transmission qui apparaît dans cette seconde définition constitue une des composantes majeures dans l’explication du terme de tradition. Pour finir, la dernière définition intègre l’aspect juridique qui caractérise une tradition : « Transfert juridique de la possession d'une chose faisant l'objet d'un contrat »43. Ici, une nouvelle fois, la définition rappelle celle du patrimoine. La définition en droit civil du patrimoine est la suivante, il s’agit de : « l’ensemble des biens et des obligations d’une personne ». Ici la notion de possession et de propriété définissent le patrimoine. Nous pourrions également rattacher cette notion à celle de l’héritage. 42 LENCLUD Gérard. La tradition n’est plus ce qu’elle était… ». Terrain, 1987, n°9, p. 110-123 [en ligne]. Disponible sur http://terrain.revues.org/3195. (Consulté le 27-07-2015). 43 Op Cité 63 Ainsi, nous allons tenter de préciser la notion de tradition. Dans un premier temps nous allons nous appuyer sur les propos de Gérard Lenclud, anthropologue et directeur de recherche honoraire au CNRS qui s’intéresse aux relations entre l’histoire et l’anthropologie. Ensuite nous nous appuierons sur l’ouvrage « The invention of tradition » d’Éric Hobsbawm, historien britannique et Terence Ranger, spécialiste de l'histoire de l'Afrique. 3.2 Qu’est-ce qu’une tradition ? La tradition est un terme souvent utilisé sans pour autant en connaître l’exacte définition : « On en use comme sans y penser »44. Dans le langage courant, la tradition s’oppose aux changements. Les sociétés traditionnelles sont l’opposées des sociétés modernes, le passé s’oppose au présent, la continuité s’oppose à la discontinuité et le statique à la dynamique récente. Gérard Lenclud, fait référence dans son article à Jean Pouillon, ethnologue, qui en 1975 publie « Tradition : transmission ou reconstruction » dans « Fétiches sans fétichisme ». Selon lui, la tradition est : « Un « point de vue » que les hommes du présent développent sur ce qui les a précédés, une interprétation du passé conduite en fonction de critères rigoureusement contemporains ». Jean Pouillon évoque également l’essence même de la tradition qui se trouve selon lui dans le présent et dans les interprétations que les individus actuels se font d’une tradition passée. Leur interprétation constitue une réinterprétation selon un processus de rétroprojection qui s’étend du présent vers le passé en non l’inverse. Afin de mieux cerner les différentes caractéristiques de la notion de tradition, nous allons à présent mobiliser l’approche de Gérard Lenclud qui considère que trois éléments fondateurs constituent l’essence même de la tradition : le temps, le message culturel et les modes de transmission. 44 LENCLUD Gérard. La tradition n’est plus ce qu’elle était… ». Terrain, 1987, n°9, p. 110-123 [en ligne]. Disponible sur http://terrain.revues.org/3195. (Consulté le 27-07-2015). 64 1.1.1 La composante temporelle « La tradition serait de l'ancien persistant dans du nouveau»45, Gérard Lenclud. Dans un premier temps, pour définir la tradition, nous nous interrogeons sur la composante temporelle qui construit la tradition : « La tradition serait un fait de permanence du passé dans le présent, une survivance à l'œuvre, le legs encore vivant d'une époque pourtant globalement révolue »46. La tradition est le témoignage d’une histoire, d’une identité à une époque révolue. Elle s’insère dans le temps actuel à l’intérieur des cultures présentes pour authentifier l’histoire du passé. La tradition est le reflet des faits uniques et inédits passés qui sont transportés dans le présent. Ainsi une certaine continuité est assurée car le passé est observé par les nouvelles générations dans le présent. La tradition assure la continuité des faits relatifs au passé qui méritent d’être conservés. Il s’agit en quelque sorte d’une représentation du passé dans le présent. Gérard Lenclud ajoute que la tradition peut se définir comme : « […] quelque chose d'ancien, supposé être conservé au moins relativement inchangé et qui, pour certaines raisons et selon certaines modalités, ferait l'objet d'un transfert dans un contexte neuf ». Ainsi la tradition est incorporée et répétée dans un contexte temporel nouveau et récent. Parfois cette tradition peut être réinventée, c’est-à-dire adaptée aux aspirations du XXIème siècle. Nous verrons cette composante de la tradition plus loin dans notre raisonnement. 1.1.2 Le message culturel transmis Gérard Lenclud nous montre que la tradition présente au XXIème siècle est le résultat d’une présélection des faits culturels qui méritent d’être reconnus. En d’autres termes « La tradition ne transmettrait pas l'intégralité du passé ; il s'opérerait à travers elle un filtrage ; la tradition serait le produit de ce tri ». Ainsi, on peut se questionner sur la légitimité de l’apparition des nouvelles traditions. Qui est à l’origine de la sélection des traditions ? Dans quelle mesure les traditions récupérées témoignent-elles de l’identité culturelle des sociétés anciennes ? 45 46 Op Cité Op Cité 65 Selon Gérard Lenclud, tout ceci nous ramène au message culturel préalablement choisi, il peut s’agir par exemple des manifestations, des représentations rattachées : « Un mythe, un rituel, un conte, un objet constitueraient moins des objets traditionnels en tant que tels que des manifestations de représentations, d'idées et de valeurs qui seraient, elles seules, la tradition ». Ainsi on remarque que la tradition se réfère d’avantage à des pratiques et à un mode de vie plutôt qu’à la représentation idéologique que l’on s’en fait : « Autrement dit, tout semble se passer comme si la « tradition » n'était pas dans les idées mais résidait dans les pratiques elles-mêmes, comme si elle était moins un système de pensée que des façons de faire». 1.1.3 Les modes de transmission Gérard Lenclud explique que la tradition se définit également selon le moyen de transmission : « la tradition serait ce qui, dans une société, se reproduit de génération en génération par le seul truchement de la mémoire orale » 47. La tradition est léguée selon un mode de transmission spécifique. Le mode de transmission le plus légitime est celui réalisé par voie « orale ». Paradoxalement : « tout ce qui survit du passé n'est pas ipso facto traditionnel, tout ce qui se transmet ne forme pas nécessairement tradition ». Ainsi ce qui caractérise la tradition c’est non seulement le fait qu’elle soit transmisse mais surtout la manière dont elle est transmisse. Après la voie orale, la voie écrite est envisagée bien qu’elle aille à l’encontre de l’essence même de la tradition qui se transmet essentiellement par voie orale. La dernière composante présentée par Gérard Lenclud intègre deux nouveaux éléments qui sont à l’origine de la transmission. Il distingue les mécanismes sociaux des mécanismes psychologiques. D’une part, les mécanismes sociaux sont à l’origine de l’organisation collective qui cherche à enseigner la tradition à autrui. D’autre part les mécanismes psychologiques sont mobilisés pour interagir et pour mémoriser les traditions dans les sociétés. Ce processus s’exprime par la transmission orale telle que l’écoute, le récit, l’observation, la répétition. 47 Op Cité 66 Ainsi si l’on cherche à résumer les trois composantes qui définissent la tradition selon Gérard Lenclud, nous obtenons le schéma suivant : L'inscription dans le temps •Composante determinante de la notion de tradition; •Circulation et conservation dans le temps. La selection du message culturel •"Dépôt culturel sélectionné"; • Filtrage des traditions. Le mode particulier de transmisison •De la transmission orale à la transmission écrite; •Légitimité de la transmission écrite ? Figure 10 : Les composantes de la tradition selon Gérard Lenclud48 Si l’on résume les éléments avancés précédemment, nous retiendront qu’un élément est traditionnel lorsque qu’il fait référence de façon répétitive à un modèle préalablement élaboré à une époque plus ou moins lointaine. Ainsi : « Seraient traditionnels un mythe, une croyance, un rite, un conte, une pratique, un objet matériel, toute institution préservée de la transformation. La tradition serait l'absence de changement dans un contexte de changement ». Comme nous l’avons précisé précédemment, les représentations et les pratiques sont les éléments les plus légitimes selon certains auteurs bien que les objets matériels fassent également partis des traditions. La tradition se définit alors par la conservation à l’identique des éléments du passé dans une nouvelle ère temporelle. Comme le rappelle Gérard Lenclud, Lévi-Strauss fait référence au principe de substitution. Ce dernier nous explique que la tradition, qui par définition est la reproduction de pratiques anciennes dans un nouvel environnement, « manifeste une singulière capacité à la variation, ménage une étonnante marge de liberté à ceux qui la servent (ou la manipulent) ». Ainsi le principe de substitution serait l’illustration de la modification des traditions selon la volonté de ceux qui la mobilisent ; en d’autres termes, la tradition répond au bon vouloir des acteurs chargés de la transmettre. Ils peuvent inconsciemment agrémenter ou substituer une tradition 48 Op Cité 67 selon leur propre interprétation. Jean Pouillon ajoute que : « Chaque groupe, chaque entité sociale recherche sa tradition en allant puiser dans le passé le pavillon qui lui convient ». Pour finir Gérard Lenclud précise que : « L'accomplissement d'une tradition n'est jamais la copie identique d'un modèle dont tout dément, au demeurant, qu'il existe ». Ces trois dernières citations nous invitent à présent à nous pencher sur un nouveau thème. Tenant compte des remarques précédentes nous observons que la tradition peut parfois être modifiée, changée voir inventée. Ainsi nous allons aborder la notion de tradition inventée. 3.3 La tradition inventée selon Éric Hobsbawm 3.3.1 Pourquoi s’intéresser à la tradition inventée49 ? La tradition inventée est un terme qui rapproche deux notions normalement éloignées. Ce terme englobe l’invention d’un monde moderne qui s’appuie sur des pratiques relativement anciennes, ancestrales et invariables. Il s’agit de voir de quelle manière l’innovation des traditions invite à une nouvelle structuration de la vie sociale. Ainsi, le terme de « tradition inventée » apparait comme un paradigme. Néanmoins, la réunion de ces deux éléments nous invite à nous questionner sur la réinterprétation symbolique : « Le paradigme de la tradition inventée permet ainsi d’appréhender une gamme très large de phénomènes de réinterprétation symbolique qui montrent que la représentation d’une légitimité intrinsèque du « traditionnel » est en fait sans cesse réinstrumentalisée, et cela au sein même des sociétés que l’on dit traditionnelles »50. Éric Hobsbawm, fait la distinction entre la tradition inventée et la tradition dite ancienne. Selon lui, la tradition inventée modernise les pratiques anciennes. Ainsi la tradition inventée mobilise « des lieux de référence, des repères stables dans un monde soumis au changement et confronté à un certain vide social ». Très rapidement, nous observons que la tradition inventée est un thème controversé au regard des impacts qu’elle peut engendrer. La tradition inventée peut s’apparenter à la folklorisation. La folklorisation du XIXème siècle résulte selon l’auteur du « déclin de la tradition authentique et [de] la mort de la coutume». De plus Éric Hobsbawm remarque que certaines traditions qui d’un 49 HOBSBAWM Éric. « Inventer des traditions ». Enquête 2, 2013 [en ligne]. Disponible sur http://enquete.revues.org/319. (Consulté le 26-07-15). 50 Op Cité 68 point de vue extérieur paraissent anciennes peuvent en réalité s’avéraient très récentes. Après quelques recherches il s’avère que leurs origines remontent parfois à une époque contemporaine. Au regard des impacts éventuels engendrés par la tradition inventée sur les sociétés modernes et traditionnelles nous considérons qu’il est nécessaire de s’y intéresser d’avantage pour comprendre qu’est-ce qui est à l’origine de la tradition inventée. 3.3.2 Entre tradition et coutume Dans un premier temps, Éric Hobsbawm commence par définir la tradition qui selon lui consiste en la répétition invariable des rituels ancestraux que l’on peut distinguer de la réalité mais où la coutume apparaît comme plus flexible et adaptable. Il pense que les traditions sont invariables, autant que les traditions inventées. La tradition trouve son essence dans le passé réel ou fictif et fait référence à des pratiques stables, formalisées et répétitives. Éric Hobsbawm distingue la tradition de la coutume. Ces deux notions bien distinctes méritent d’être précisées. La « coutume » est une action, la « tradition » représente tous les éléments qui s’y rattachent. Éric Hobsbawm donne l’exemple suivant, les juges et leur métier représentent un « coutume ». L’ensemble des éléments annexes qui contribuent à entretenir la coutume représentent la tradition. Dans notre exemple on citera la perruque et la robe des juges. Ces éléments constituent la tradition réinventée. Ainsi la coutume exerce un rôle sur la tradition. Lorsque qu’une « coutume » est modifiée, inévitablement la tradition va être impactée. La coutume peut intégrer l’innovation et le changement cependant le changement doit être compatible avec les coutumes antérieures, voir au mieux être identique. Ainsi il existe des règles et limites qui régissent l’évolution des coutumes et des traditions. La coutume se rapproche des pratiques. Éric Hobsbawm fait la distinction entre les pratiques anciennes et les pratiques inventées : « On peut observer une nette différence entre les pratiques anciennes et les pratiques inventées. Les premières étaient des pratiques sociales spécifiques, solidement établies, les suivantes tendaient à être assez indéterminées et vagues quant à la nature des valeurs, des droits et des obligations qu’elles inculquaient pour appartenir au groupe : « patriotisme », « loyauté », « devoir », « jouer le jeu », « l’esprit d’école », et ainsi de suite». 69 Les traditions anciennes semblent davantage être ancrées au sein de la communauté « solidement établies ». Tandis que les traditions inventées semblent moins significatives pour les habitants. Afin de mieux éclairer la distinction entre les traditions anciennes et les traditions inventées nous allons tenter de définir le concept de tradition inventée d’Éric Hobsbawm. 3.3.3 Le concept de la tradition inventée51 Éric Hobsbawm propose une définition de l’expression « tradition inventée » sur laquelle nous allons nous appuyer tout au long de notre développement : « L’expression « tradition inventée » est utilisée dans un sens large, mais non pour autant imprécis. Elle inclut à la fois les « traditions » qui ont été effectivement inventées, construites et instituées de manière très officielle, et celles qui émergent de façon plus indistincte au cours d’une période brève et datable – peut-être quelques années à peine – et s’établissent d’ellesmêmes avec une grande rapidité ». L’expression montre la relation entre « la tradition » un terme que se rattache au passé auquel nous venons rajouter une notion contraire, celle de l’invention. Ici, nous imaginons que les traditions inventées sont des manifestations identitaires et culturelles qui ont vu le jour une fois qu’elles ont été mises en relation avec une nouvelle période plus récente. Éric Hobsbawm montre également plus loin dans son raisonnement, que la « tradition inventée » se rattache à un système de valeurs symboliques et de normes : « Les « traditions inventées » désignent un ensemble de pratiques de nature rituelle et symbolique qui sont normalement gouvernées par des règles ouvertement ou tacitement acceptées et qui cherchent à inculquer certaines valeurs et normes de comportement par la répétition, ce qui implique automatiquement une continuité avec le passé »52. Au regard des pratiques rituelles et symboliques acceptées par les individus, la continuité avec le passé est assurée par les valeurs et normes comportementales induites par la reproduction de la tradition. Suite à la révolution industrielle du XIXème siècle, les « nouvelles » sociétés ont été amenées à inventer, de nouvelles pratiques qui reflètent leur identité. L’instauration d’une certaine routine au sein de la société (événements à dates fixes chaque année, pratiques spécifiques au cours d’un mariage, d’un baptême) assure l’accomplissement automatique et technique d’une 51 52 Op Cité Op Cité 70 pratique. En revanche les risques engendrés pour faire face à des situations imprévues et inhabituelles sont élevés. En effet, au cours d’une transformation forcée d’une société suite à un événement dévastateur, les anciennes traditions ne trouvent plus forcément leur place. Les modèles sociaux établis préalablement sont modifiés pour donner naissance à de nouvelles pratiques. Éric Hobsbawm explique que l’invention des traditions constitue le processus de formalisation et de ritualisation qui renvoie au passé. La répétition imposée par les renvois au passé contribue à entretenir les traditions. A présent nous allons tenter d’établie un lien entre les traditions et le tourisme. Nous avons vu que la tradition inventée est le résultat d’une modification considérable d’une société. A présent nous allons déterminer le rôle du tourisme dans le processus de la tradition inventée. 3.3.4 La tradition face au tourisme Suite au développement de l’activité touristique sur un territoire, certains changements apparaissent. Prenons l’exemple suivant des agriculteurs qui utilisaient auparavant les moissonneuses batteuses pour récolter les céréales. Avant l’apparition du tourisme, les habitants exerçaient leur activité sereinement, à l’aide de machines motorisées. Ils ne dépendaient pas de l’activité touristique et se contentaient d’exercer leur activité pour récolter les fruits de leur travail. Puis une fois que l’activité touristique s’est développée, de nombreuses activités en relation avec le monde agricole émergent. Par exemple, en 2014, des jeunes agriculteurs ont organisé la fête de l’agriculture à la Baule en Loire Atlantique53. Au programme : « courses de moissonneuses-batteuses sur un terrain accidenté. Les participants ont tous retapé de vieux engins pour se livrer une course endiablée ; show de moissonneuses-batteuses en nocturne ». Ces activités visent à entretenir le mythe des paysans qui travaillent à l’aide de leur moissonneuse-batteuse. L’événement témoigne d’un savoir-faire d’antan auprès des gens du village mais également auprès des visiteurs venus spécialement pour l’occasion. Ainsi la fête de l’agriculture à la Baule attendait 25 000 participants. La mise en scène des moissonneusesbatteuses réalisée exclusivement pour l’événement peut constituer selon nous un élément de rupture entre le passé et la réalité : 53 Ouest France, Fête de l’agriculture, Le programme de l’événement. 2014. Disponible sur http://www.ouest-france.fr/fetede-lagriculture-le-programme-de-levenement-2783408 . (Consulté le 27-07-15). 71 Figure 11 : Le phénomène de rupture, C. Dejean L’activité touristique et ses retombées encouragent les acteurs touristiques à produire de l’authenticité pour les visiteurs au risque parfois de transmettre une image peu représentative de la réalité. Ainsi lorsque l’activité touristique rencontre l’authenticité et les traditions d’un village, il arrive que s’enclenche un phénomène de rupture sur le territoire. Une fois ce phénomène de rupture engagé, les habitants jouent leur rôle d’ambassadeur et transmettent aux visiteurs une image reconstituée pour l’occasion. Ici notre questionnement s’oriente sur le rôle de l’activité touristique. Comment pourrions-nous mobiliser l’activité touristique sur un territoire pour réparer le phénomène de rupture ? Dans quelle mesure l’activité touristique permettrait-elle aux habitants de s’approprier leur identité ? Et est-ce que le tourisme n’est-il pas un accélérateur dans la désappropriation de l’identité des populations ? Éric Hobsbawm évoque également un effet de rupture. Il montre que l’apparition des mouvements de défense destinés à sauver les traditions, prouve la présence d’une rupture. L’adaptabilité des traditions authentiques ne consiste pas en la réinvention des traditions. Dans des communautés où les anciennes méthodes sont vivantes, la tradition reste fidèle au passé et n’est ni renouvelée ni inventée. Ainsi Éric Hobsbawm et Terence Ranger dans l’introduction de leur ouvrage The invention of tradition, de 1983 montrent que les traditions inventées suite à la révolution industrielle appartiennent à trois catégories : «a) celles qui établissent ou symbolisent la cohésion sociale ou l’appartenance à des groupes, des communautés réelles ou artificielles ; b) celles qui établissent ou légitiment des institutions, des statuts ou des relations d’autorité ; 72 c) celles dont le but principal était la socialisation, l’inculcation des croyances, des systèmes de valeur et des codes de conduite » Ainsi il semblerait que la génération de nouvelles traditions soit réalisée pour répondre à des besoins sociaux, à des besoins politiques, et à des besoins de conservation et de transmission afin d’assurer la diffusion des savoirs et savoir-faire en matière de valeur. Nous rappelons que cette transmission est favorisée grâce au concept d’appropriation que nous avons évoqué dans la seconde sous partie. Ces trois catégories supposent en amont un sentiment d’identification par les populations pour leur communauté et éventuellement pour leurs institutions. Cette dernière sous partie nous a permis de décortiquer le thème de la tradition. Nous avons constaté qu’elle était une composante du patrimoine immatériel. Plus récemment certaines sociétés traditionnelles ont été amenées à modifier leurs traditions pour transmettre une image à la hauteur des espérances des touristes. C’est pourquoi nous nous sommes intéressés au concept des traditions inventées développé par Éric Hobsbawm. En résume du chapitre 3 Dans ce dernier chapitre nous avons abordé trois concepts clés qui vont déterminer la formulation de nos hypothèses. Dans un premier temps nous avons vu les différentes définitions de l’identité, suivi du concept d’appropriation qui encourage la transmission des traditions. Chacun de ces concepts doit être préalablement être acquis pour pouvoir poursuivre le cheminement jusqu’à la transmission des traditions. Parfois une mauvaise appropriation des ressources peut entraîner des externalités négatives comme par exemple la transmission de traditions réinventées pour le tourisme. 73 Conclusion de la Partie 1 Nous avons abordé dans cette première partie trois thèmes majeurs : le développement durable des territoires, l’apparition du tourisme et des répercussions sur l’identité et l’appropriation des ressources pour envisager la transmission de ces dernières auprès des visiteurs. Ces thématiques sont au cœur de notre questionnement. Comme nous l’avons précisé dans l’introduction de ce mémoire notre question de départ se formulée ainsi : En quoi l’activité touristique vectrice de développement durable sur le territoire peut permettre une valorisation et une réappropriation par les communautés locales de leur patrimoine alimentaire ? Suite à l’étude des différents concepts dans cette première partie nous avons remarqué que cette première question était certainement trop vaste pour la traiter dans son intégralité. Nous avons également choisi de revoir le concept de réappropriation car il suppose une désappropriation au préalable et nous n’étions pas en mesure de prouver cette désappropriation sur les territoires étudiés. Ainsi nous avons préféré revoir cette question pour formuler sur la problématique suivante : L’activité touristique comme un vecteur de développement social des communautés : en quoi l’activité touristique peut-elle favoriser l’appropriation et la transmission des traditions/ressources locales par la population locale auprès des touristes dans une dynamique de développement contrôlé des territoires ? Dans cette problématique nous cherchons à comprendre comment l’activité touristique, comme outil de développement social, peut-elle encourager les communautés locales à transmettre ses ressources ? Ainsi comment envisager l’activité touristique comme un outil de développement social et local des communautés locales ? Cette problématique générale nous encourage à énoncer trois hypothèses qui constitueront le développement de notre seconde partie. Dans un premier temps, la première hypothèse considère que l’appropriation des ressources locales par les habitants est encouragée lorsqu’ils sont amenés à les transmettre auprès des touristes. Ainsi nous privilégions l’hypothèse selon laquelle le tourisme est un outil d’appropriation des ressources à la fois par les habitants et pour les touristes. Nous pensons que cette relation peut répondre à un enjeu culturel car elle permet aux habitants de reconsidérer les ressources dont ils disposent au sein de leur communauté et de se rendre compte de leur 74 identité. Cependant, nous pensons que cette hypothèse doit être contrastée car certes une transmission peut être réalisée pour les touristes mais cet échange peut être « programmé ». H1 : L’activité touristique est un outil d’appropriation des ressources locales par les habitants qui cherchent à transmettre leurs savoirs et savoir-faire auprès des visiteurs appropriation et tourisme : enjeu culturel. Dans la seconde hypothèse nous imaginons que l’activité touristique ne permet pas systématiquement l’appropriation (partielle ou totale) des ressources par les habitants et pour les visiteurs car l’enjeu est économique. En effet nous pensons que le tourisme peut être un moyen de développer l’activité sociale des communautés cependant nous imaginons que le développement de l’activité touristique peut s’avérer être un moyen économique de répondre aux besoins des populations. Ainsi nous considérons que l’appropriation par les locaux est dite partielle puisqu’elle permet seulement de répondre à des besoins économiques. En revanche nous pensons que cette appropriation partielle peut permettre toutefois de conserver les ressources locales des habitants face à l’activité touristique. Ainsi nous imaginons que l’activité touristique ralentit l’appropriation des ressources locales par les habitants car l’enjeu économique est plus grand que l’enjeu culturel. Nous pensons qu’il arrive que l’appropriation de l’habitant pour ses ressources ne soit pas suffisamment prononcée pour envisager le développement d’une activité touristique. Le tourisme n’aborde pas réellement la question de l’appropriation car l’activité touristique n’est pas réellement présente sur le territoire. H2 : L’activité touristique ne favorise pas une réelle appropriation des ressources par les habitants car ils cherchent à répondre à des besoins économiques appropriation et tourisme : enjeu économique. La dernière hypothèse montre les difficultés de la relation appropriation et tourisme. Le tourisme pourrait être un outil destiné à dynamiser le territoire cependant le territoire et les acteurs en présence ne s’en sont pas emparés car le tourisme n’est pas présent de manière significative sur le territoire. Ainsi le tourisme n’est pas mobilisé comme un outil d’appropriation par les communautés locale, malgré son potentiel manifeste et la volonté des habitants de créer de nouveaux projets reliant tourisme et alimentation. H3 : La relation entre activité touristique et appropriation n’est pas engagée car la présence de l’activité touristique n’est pas assez développée appropriation et tourisme : relation erronée. 75 Partie 2 Tourisme, gastronomie et développement social sur la Route des Chemins du Mezcal INTRODUCTION Dans le cadre de la formation Tourisme et Développement proposée à l’Université de Toulouse Jean Jaurès (UT2J) sur le site de Foix nous avons réalisé nos deux stages au Mexique. L’opportunité d’entreprendre un stage à l’étranger nous a été offerte grâce au partenariat unissant UT2J et l’Université Autonome Métropolitaine (UAM) de Mexico. Ce partenariat a fait naître un programme de recherche qui a vu le jour en mai 2014 intitulé « Tourisme, Gastronomie et Développement social » auquel nous nous sommes intégrés. Nous tacherons dans un premier chapitre de nous situer dans le programme de recherche, d’en rappeler les objectifs et de présenter l’ensemble des acteurs participants à cette initiative. Nous chercherons alors à contextualiser l’ensemble de notre travail au cœur du projet de recherche : quelles missions nous ont été attribuées ? Quelle méthodologie d’investigation avons-nous entrepris pour accomplir le travail demandé ? Notre second chapitre se concentre sur l’analyse préliminaire des données récoltées sur le terrain. Nous avons réalisé un résumé de chaque entretien semi-directif qui aboutit à l’analyse transversale présentée en annexes S ; T ; U. L’analyse préliminaire traite du développement du tourisme, de la place de la gastronomie et de la culture identitaire dans les villages de Teotitlán del Valle et de Tlacochahuaya. Pour finir le dernier chapitre traitera des trois hypothèses précédemment formulées. Nous nous appuierons sur l’analyse transversale pour répondre à nos hypothèses et dégager des axes stratégiques destinés à agrémenter notre partie trois. 76 Partie 2 : Tourisme, Gastronomie et Développement Social sur la Route des Chemins du Mezcal : Présentation du projet d’investigation et délimitation du territoire Chapitre 1 : Contextualisation avec le projet d’investigation : objectifs, méthodologie et spécificités des territoires Nous allons rappeler dans le premier chapitre le contexte de cette étude. Nous débuterons avec la présentation de la structure d’accueil dans laquelle nous nous sommes insérés. Puis nous exposerons notre thématique d’investigation suivie de la description et de l’analyse des deux territoires d’investigation. Pour finir nous expliquerons notre méthodologie d’investigation entreprise depuis le mois de juin 2014, début du stage de première année. 1. Un stage d’investigation issu d’un partenariat universitaire sur le thème du tourisme et de la gastronomie Ces deux stages au Mexique résultent de l’union entre l’UAM et l’ISTHIA. Le premier stage de Master 1 nous aura permis de discerner un sujet de recherche qui nous anime. La relation unissant les deux universités est assurée d’un part au Mexique par Miriam Bertran Vilà, professeur titulaire de la section alimentation et culture de l’UAM et d’autre part en France avec Pierre Torrente, directeur adjoint et responsable du site de Foix. La convention unissant l’UT2J (ISTHIA) et l’UAM a été signée le 28 mai 2014 entre le docteur Salvador Vega y León, recteur général de l’UAM et Jean-Michel Minovez, Président de l’UT2J. 1.1 Quelques mots sur la structure d’accueil : l’Observatoire de l’Alimentation et de la Culture de l’UAM-X Le Mexique est un pays d’Amérique du Nord qui partage des frontières communes avec les Etats-Unis au nord et le Belize et le Guatemala au sud —Annexe A— Le Golfe du Mexique à l’est et l’Océan Pacifique à l’ouest bordent ce vaste pays54 qui s’étale sur environ 1 972 000 km². En 2014 il comptait plus de 120 280 000 millions d’habitants. Il s’agit d’une République fédérale qui compte 31 Etats auquel s’ajoute le district fédéral de la ville de Mexico. L’économie mexicaine repose sur trois secteurs d’activités : la production pétrolière, le secteur industriel (automobile, agroalimentaire, industrie lourde, nouvelles technologiques) et le secteur tertiaire dont le tourisme qui représente 8% du PIB et plus de 5 millions d’emplois. 54 France diplomatie, Présentation du Mexique, [En ligne]. Disponible sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossierspays/mexique/presentation-du-mexique. (Consulté le 02-08-2015). 77 L’Université Autonome Métropolitaine (UAM) est une université publique créée en 1974 dans l’objectif de créer une institution novatrice. L’UAM dispose d’un Rectorat général qui régit cinq campus universitaires : Azcapotzalco, Cuajimalpa, Iztapalapa, Lerma, et Xochimilco. Dans le cadre du stage, nous avons travaillé avec l’unité de Xochimilco, située dans le District Fédéral (Annexe A). Ce campus accueille plusieurs groupes d’investigation dont l’Observatoire de l’alimentation et de la culture présidé par Miriam Bertran Vilà, enseignante-chercheuse, rattachée à la section des Sciences Biologiques de la Santé. Les objectifs de l’Observatoire sont d’étudier l’alimentation mexicaine comme un processus socioculturel. Une grande majorité de la population mexicaine souffre de maladies (obésité, diabète, malnutrition…) causées par une malnutrition. L’Observatoire s’attache à analyser la relation entre les pratiques alimentaires et les conditions économiques et socioculturelles des mexicains par le biais de six axes de recherche : Thème 1 : Alimentation, culture et santé ; Thème 2 : Production alimentaire et développement rural ; Thème 3 : Analyse des politiques et des programmes alimentaires ; Thème 4 : Patrimoine alimentaire, identité et développement social ; Thème 5 : Gastronomie, haute cuisine et analyse du goût ; Thème 6 : Etude anthropologique des pratiques et perceptions alimentaires dans les populations issues des classes inférieures. Nous nous sommes insérées dans l’axe de recherche n°4. Ce thème s’intéresse aux processus de patrimonialisation et aux formes de production et de consommation des aliments. D’une part, la mise en valeur des produits alimentaires à travers le monde entier entraine des impacts sur le développement social comme par exemple la réinvention de l’identité à travers les projets de revalorisation. D’autre part cette revalorisation encourage la mise en place de projets touristiques qui entraînent des répercussions sociales sur la consommation des aliments dits traditionnels et peuvent modifier les régimes alimentaires des mexicains. Ci-dessous nous retrouvons les participants et leur rôle au sein du programme de recherche intitulé « Tourisme, Gastronomie et Développement social ». L’Annexe B présente plus généralement l’ensemble des partenariats. 78 Tableau 5 : Récapitulatif des différents acteurs concernés par le projet "Oaxaca" Le Centre Académique et Culturel San Pablo, accompagné de la fondation Alfredo Harp Helú Oaxaca (FAHHO) Le Centre Cultural San Pablo accueille le siège de la fondation Alfredo Harp Helú Oaxaca. L’organisation se divise en trois fondations qui partagent la même mission, la même vision et les mêmes fonds patrimoniaux (Alfredo Harp Helú ; Alfredo Harp Helú Deporte ; Alfredo Harp Helú Oaxaca). Depuis les années 1990, la fondation entreprend des actions de revalorisation destinées à reconsidérer des sites oubliés. Alfredo Harp s’est concentré sur la région de Oaxaca pour des raisons personnelles mais aussi pour tenter de réduire les carences sociales rencontrées par les habitants de Oaxaca. Le centre culturel San Pablo et la FAHHO ont initié le projet de création du Centre Gastronomique de Oaxaca. Secretaría de Turismo (SECTUR), ou Ministère du Tourisme du Gouvernement Fédéral La SECTUR annonce qu’en 2030 le Mexique sera un des pays leader de l’activité touristique. La stratégie du nouveau gouvernement cherche à positionner le tourisme comme un élément clés du développement économique du Mexique. Il s’agit de diversifier les produits touristiques et d’encourager le développement de nouveaux marchés tout en respectant l’environnement naturel, culturel et social du territoire investit. Depuis 2012, Claudia Ruiz Massieu Salinas a été nommée titulaire du Ministère du tourisme par les Président des Etats Unis du Mexique Enrique Peña Nieto. La Secretaría de Turismo y Desarrollo Económico 55 (STyDE) ou Le Ministère du Tourisme du gouvernement de l'Etat de Oaxaca La STyDE cherche à promouvoir le développement touristique et économique de l’Etat de Oaxaca. Elle cherche également à impulser de nouveaux projets touristiques destinés à positionner l’Etat de Oaxaca comme une destination privilégiée pour les touristes. La mise en place de plusieurs routes touristiques contribue à entretenir un attrait touristique auprès des visiteurs. Parmi les différentes routes nous distinguons : la route du café, la route de la Mixteca, la route Chinantla, la route magique de l’artisanat, la route Sierra Jaúrez, ou encore la route des chemins du mezcal. Le Centre Gastronomique de Oaxaca 56 La construction du Centre Gastronomique de Oaxaca a débuté en janvier 2014. Cet édifice situé dans le centre historique de la ville de Oaxaca se divisera en deux espaces : un musée et une école de cuisine. Il a pour objectif de promouvoir l’art culinaire de la région de Oaxaca tout en cherchant à valoriser des recettes traditionnelles, à récupérer également des plats oubliés dont l’usage et les ustensiles disparaissent progressivement. 55 Secretaría de Turismo y Desarrollo Económico, [en ligne]. Disponible sur http://www.styde.oaxaca.gob.mx. (Consulté le 02-08-2015). 56 CHAVELA RIVAS Silvia. Inicia en enero construcción de Centro Gastronómico de Oaxaca [En ligne]. Disponible sur http://noticiasnet.mx/portal/oaxaca/180790-inicia-enero-construccion-centro-gastronomico-oaxaca. (Consulté le 02-082015). 79 1.2 Un programme de recherche orienté sur le développement touristique de la gastronomie sur la Route des Chemins du Mezcal Depuis le mois de juin 2014, nous participons au programme de recherche qui unit l’UAM et l’ISTHIA. Ce programme s’intéresse au patrimoine alimentaire et à sa relation avec l’activité touristique. Oaxaca, notre territoire de recherche se situe au sud du Mexique. L’Etat de Oaxaca se compose de huit régions. Nous nous intéressons plus particulièrement à la région des Vallées Centrales de Oaxaca - Valles centrales - située au cœur de l’Etat de Oaxaca. Cette même région se divise en sept districts : Etla, Zaachila, Zimatlán, Centro, Tlacolula, Ejutla et Ocotlán. Le programme de recherche se concentre spécifiquement sur le district de Tlacolula qui lui-même se divise en trois vallées : la Vallée d’Etla (ou Valle de Etla) au nord-est, la Vallée de Tlacolula (Valle de Tlacolula) à l’ouest et la Grande Vallée ou Vallée de Zimatlan-Ocotlan (Valle grande) au sud. Ainsi pour nous resituer nous sommes au Mexique, dans l’Etat de Oaxaca, dans la région des Vallées centrales et dans le district de Tlacolula qui accueille la Route touristique des Chemins du Mezcal : Figure 12 : Route touristique des Chemins du Mezcal dans le district de Tlacolula57 57 Sources image : google.es 80 Dans le cadre de cette étude, nous avons investi les villages de Teotitlán del Valle (ou Teotitlán) et de San Jerónimo Tlacochahuaya (plus communément appelé Tlacochahuaya). Nous sommes partis du constat suivant : depuis quelques années et à l’échelle mondiale la gastronomie est placée au cœur des projets de territoire. La gastronomie connaît un réel engouement et les acteurs locaux et nationaux n’hésitent plus à positionner le patrimoine alimentaire au cœur de leur stratégie de développement. C’est le cas notamment en France ou les processus de patrimonialisation et de valorisation fleurissent progressivement. En novembre 2010, le repas gastronomique des Français58 a été inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). Cette authentification offre une visibilité internationale à la gastronomique française. Des visiteurs du monde entier viennent découvrir le patrimoine culinaire français tant réputé. La même année la cuisine traditionnelle mexicaine59 se voit à son tour inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Suite à cet engouement pour le patrimoine alimentaire, le projet dans lequel nous nous sommes insérés en juin 2014 cherche à mesurer l’opportunité de mobiliser le patrimoine alimentaire pour générer des projets de développement territorial à l’échelle locale. Le patrimoine alimentaire de la région de Oaxaca est à la fois particulièrement estimé par ses habitants et apprécié des touristes. Dans le cadre du programme de recherche nous voulons mesurer les opportunités et les impacts de la mise en valeur de ces ressources culinaires locales. Trop souvent nous observons que les villages présents sur la Route Touristique des Chemins du Mezcal vivent essentiellement du tourisme. Ainsi nous cherchons à évaluer la place occupée par l’activité touristique dans la vie quotidienne des habitants. Ainsi le programme de recherche rassemble plusieurs objectifs : - Réaliser un projet de recherche destiné à positionner la gastronomie locale de Oaxaca comme un attrait touristique ; 58 UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture. Repas gastronomique des Français [En ligne]. Disponible sur: http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00437. (Consulté le 17-02-15). 59 UNESCO, La cuisine traditionnelle mexicaine - culture communautaire, vivante et ancestrale, le paradigme de Michoacán [En ligne]. Disponible sur: http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&RL=00400. (Consulté le 17-0215). 81 - Générer des propositions de développement social pour les communautés locales ; - Fédérer les différents acteurs du territoire afin d’instaurer un échange technique et méthodologique pour faciliter le développement du Centre gastronomique de Oaxaca ; - Former des professionnels capables d’utiliser cette même initiative de développement sur de nouveaux territoires. Ainsi pour atteindre ces objectifs, le programme de recherche cherchera à réaliser plusieurs actions : - Décrire tous les éléments constituant l’alimentation des villages étudiés (allant du système de production jusqu’à la consommation d’un produit) ; - Analyser les relations entre l’activité touristique, le patrimoine alimentaire et l’organisation sociale des communautés ; - Proposer un projet de développement touristique mobilisant la gastronomie comme point d’ancrage et étudier les retombées sociales, économiques et culturelles d’un tel projet60. Après avoir présenté les caractéristiques du programme de recherche nous allons maintenant préciser les objectifs et les missions de notre stage. 1.3 Des objectifs d’enquêtes et une mission de stage reposant sur l’investigation sur le terrain Dans un premier temps il est nécessaire de rappeler le contexte dans lequel nous sommes intervenus. Le stage de Master 2 a été réalisé avec la même structure d’accueil que le stage précédent. De juin à septembre 2014 nous avons réalisé un stage de Master 1 au Mexique durant lequel nous avons réalisé un inventaire gastronomique des services touristiques de cinq villages situés sur la Route des Chemins du Mezcal (Teotitlán del Valle, Santa Ana del Valle, Tlacolula de Matamoros, Santiago Matatlán et San Pablo Villa de Mitla). Nous avons effectué cet inventaire pour comprendre les systèmes de production alimentaire de ces villages et ainsi distinguer d’éventuels moyens d’entraîner des revenus supplémentaires grâce à cet activité. Cette première étape nous a permis de nous familiariser avec le territoire, de créer un carnet d’adresses des personnes ressources à mobiliser pour les années à venir et de recenser l’offre touristique alimentaire destinée aux touristes. 60 Note de recherche Oaxaca, Projet de recherche « Tourisme, Gastronomie et Développement Social, Miriam Bertran – UAM – Pierre Torrente - ISTHIA ». 82 Notre stage de seconde année s’insère dans ce même programme de recherche ce qui explique que les missions de stage soient orientées sur du travail d’investigation plutôt que sur de l’opérationnel. Avant d’entreprendre le travail sur le terrain nous avons récapitulé les réflexions soulevées au cours de la première phase terrain. Mission générale Avant d’entreprendre la seconde phase sur le terrain, nous imaginons que l’activité touristique avait entraîné d’importants bouleversements au sein de l’organisation sociale des communautés indigènes. Ainsi nous cherchions à déterminer de quels bouleversements s’agissaient-ils afin de mieux comprendre l’attitude des habitants face à l’activité touristique (rejet du tourisme ou au contraire attachement). Nous avons observé que le tourisme occupait une place prépondérante dans la vie quotidienne d’une grande partie des villageois. Nous voulions mesurer les éventuelles modifications qu’il avait engendré comme par exemple la modification de certaines traditions et coutumes indigènes (culinaires, festives…). Nous souhaitions mesurer ces transformations, comprendre pour pourquoi elles ont été engagées. Nous voulons également connaître les possibilités d’évolution des populations locales en matière de tourisme pour éventuellement les accompagner dans un développement plus adapté à leurs besoins. Missions qui en résultent - Mesurer le rôle et la place qu’occupe l’activité touristique dans les communautés indigènes. Déterminer de quelle manière les habitants se sont appropriés le tourisme. - Analyser le rôle de l’activité touristique dans le processus d’appropriation des ressources alimentaires. - Vérifier si ’activité touristique a favorisé, freiné ou annulé cette appropriation. Quels sont les objectifs des enquêtes ? - Faire un état des lieux sur la manière dont les communautés locales envisagent et considèrent leur alimentation ; - Déterminer de quelle façon l’activité touristique peut jouer un rôle social dans le processus de développement des populations locales ; - Savoir si l’activité touristique peut permettre de renforcer les liens et l’attachement des habitants pour leurs ressources alimentaires. 83 Quels sont les enjeux ? - Préserver et valoriser le patrimoine culinaire et identitaire ; - Lutter contre les effets néfastes du tourisme sur l’identité culinaire des populations indigènes ; - Favoriser la transmission des traditions auprès des touristes en évitant de transmettre des traditions inventées ; - Faire des habitants des acteurs clefs, déterminants et décisifs dans le processus touristique. Les missions ont été réalisées en autonomie. Elles nous ont permis de faire un diagnostic du développement de l’activité touristique dans deux villages (Teotitlán et Tlacochahuaya) situés sur la route touristique du Mezcal. Ainsi pour tenter de définir les caractéristiques de notre stage dans le programme de recherche « Gastronomie, Tourisme et Développement social », nous proposons l’illustration suivante : Où? •Mexique; •Etat de Oaxaca; •Région des Vallées Centrales; •District de Tlacolula; •Teotitlán; Qui? •Observatoire de l'Alimentation et de la Culture Miriam Bertran Vilà, Nelly Flores, Irene Vasquez; Quoi? •Investigation pour mesurer le développement de l'activité touristique basée sur les ressources alimentaires; •Isthia Pierre Torrente, •Proposer des Coralie Dejean. préconisations pour répondre aux besoins des communautés. Quand? •45 jours à partir du mois de juillet 2014; • 25 jours au mois de juillet 2015. Comment? •Recherche exploratoire Travail sur le terrain; •Réalisation de plus de 20 entretiens semidirectifs; •Observation participante au sein des villages. •Tlacochahuaya. Figure 13 : Axes du projet Gastronomie, Tourisme et Développement social ? 1.4 Pourquoi la gastronomie comme sujet central du programme de recherche ? A présent, nous souhaiterons nous pencher davantage sur le thème de la gastronomie. Pourquoi avoir choisi de s’intéresser à la gastronomique mexicaine dans ce programme de recherche ? 84 1.4.1 Antécédents de la gastronomie mexicaine Dans un premier temps, nous allons retracer rapidement les antécédents historiques de la cuisine mexicaine ce qui nous éclairera sur le succès gastronomique de la destination. La cuisine mexicaine repose sur un héritage traditionnel préhispanique. Le maïs constitue la base de la diète des mexicains auquel s’ajoute d’autres aliments d’origines autochtones parmi lesquels nous retrouvons l’avocat, l’haricot et la tomate. En 1846, l’invasion des armées Etatsuniennes et Françaises inspirera la gastronomie et les coutumes mexicaines. A partir des années 1930 la politique nationaliste influence progressivement les actions en faveur de la promotion de la gastronomie, des costumes et des produits nationaux. Dix ans plus tard, les réfugiés espagnols vont à leur tour influencer les recettes culinaires mexicaines en introduisant de nouveaux produits sur le continent. A partir des années 1980 la gastronomie devient un phénomène médiatisé et le terme « nouvelle cuisine mexicaine » apparait de manière significative. En 1955, la télévision mexicaine contribue à la diffusion des traditions alimentaires des différentes régions du pays. En 2010 la cuisine traditionnelle mexicaine est inscrite sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance concerne le modèle culturel associé à la gastronomie : plantation, récolte, préparation et dégustation. Il comprend également les activités agricoles, les rituels associés, les connaissances anciennes, les techniques culinaires, les coutumes et les modes de partage communautaires et ancestraux. La cuisine traditionnelle mexicaine est l’une des quatre gastronomies reconnues comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité aux côtés de la cuisine japonaise, française et de la diète méditerranéenne (Chypre, Croatie, Espagne, Grèce, Italie, Maroc, Portugal). Pour finir en 2015 le pays est considéré comme une destination gastronomique internationale par excellence. Les chefs gastronomiques mexicains participent à des événements internationaux pour contribuer à la diffusion de la gastronomie mexicaine. En 2015 le Mexique a été désigné comme le siège du concours « Latin America’s 50 Best Restaurants » (ou les 50 meilleures restaurants d’Amérique Latine). A ce jour, le pays compte trois restaurants connus mondialement (Pujol, Biko, Quintonil) qui figurent sur la liste de 50 meilleurs restaurants mondiaux. 85 1.4.2 Diversité et richesse du patrimoine alimentaire mexicain La base du régime alimentaire mexicain se compose de maïs, courgette avocat, haricots noirs et piment rouge (Chile de arbol, Chile Guajillo) et vert (Chile Poblano, Chile Jalapeño). Le pays compte plus de 64 variétés de maïs natives du territoire. La richesse de la cuisine mexicaine résulte de la combinaison de plats traditionnels avec des produits peu ordinaires et endémiques : - tamales de iguana negra y verde : pâte à base de maïs accompagnée de viande d’iguane ; - huitlacoche : plat cuisiné à base de « charbon de maïs » (maladie causée par un champignon) ; - acociles : espèce d’écrevisse ; - gusano de Maguey : vers qui se récolte dans les agaves ; - escamoles : larves de fourmis ; - grillos en chocolate : grillons enrobés de chocolat, à savoir que le Mexique compte plus de 500 espèces d’insectes comestibles. Ces produits peu communs font la renommée de la gastronomie mexicaine. Il faut rajouter que plus de dix produits nationaux disposent de l’indication géographique mexicaine (denominación de origen) : la mangue, le piment, la vanille, deux catégories de café et cinq spiritueux dont le mezcal et la tequila,. Ainsi la particularité de la cuisine mexicaine, les savoir-faire ancestraux et les caractéristiques du système alimentaire mexicain ont contribué à embellir l’image de la gastronomie. 1.4.3 Place privilégiée accordée à la gastronomie dans le Plan National de Développement 2013-2018 La cuisine mexicaine est en train de vivre une grande transformation en termes d’image. Les acteurs politiques contribuent à cette valorisation en réalisant des actions visant à faire connaître la cuisine mexicaine sur le territoire national et international. Le Plan National de Développement (PND) 2013-2018 du gouvernement de la République Mexicaine dans son quatrième objectif envisage de : « Stratégie 4.11.1, renforcer l'intégration budgétaire et organisationnelle des actions du gouvernement, et les coordonner avec les objectifs de la Politique Nationale du Tourisme »61. 61 Plan Nacional de Desarrollo 2013-2018, Gobierno de la República, Estados Unidos Mexicanos [En ligne]. Disponible sur http://pnd.gob.mx/. (Consulté le 04-08-15). 86 Ainsi à son tour le rapport National de la Politique de Développement de la Gastronomie de 2014-2018 (ou Política de Fomento a la Gastronomía Nacional (PFGN)) prouve que les objectifs sont effectivement tournés vers la mise en tourisme du patrimoine culinaire tout en privilégiant en amont l’amélioration organisationnelle du secteur gastronomique : « En bref, ce document représente une feuille de route visant à renforcer la Gastronomie mexicaine dans les dimensions de la qualité, la diversité, l'originalité et l’innovation, afin d'en faire un moteur majeur du développement durable, générer des revenus, des emplois et opportunités de création d’affaire et en faire un facteur essentiel pour améliorer la qualité du système alimentaire et le régime des mexicains, ainsi que pour attirer le tourisme international et encourager le tourisme interne » 62. Ainsi les acteurs confirment que la gastronomie véhicule des valeurs historiques, sociales, culturelles et économiques qui méritent d’être sauvegardées, valorisées et diffusées : « En ce sens, il y a une valeur historique, sociale, culturelle et économique de la plus haute importance relative à la Gastronomie Mexicaine, qui nécessite sa valorisation, promotion, diffusion et sauvegarde ; il advient à l’Etat d’impulser des actions et des politiques qui se conforment à ces intentions »63. Le patrimoine gastronomique du Mexique est aujourd’hui considéré comme un levier essentiel du développement durable du pays. L’inscription sur la liste représentative du patrimoine de l’UNESCO donne lieu à des actions qui obligent le gouvernement et la société civile à sauvegarder et promouvoir ses ressources. L’objectif général du PND 2013-2018 consiste à mobiliser au maximum le potentiel du Mexique (llevar a México a su máximo potencial). Cet objectif se divise en cinq axes dont le quatrième s’intitule « Mexique prospère » (México Próspero). Ce dernier se décline en plusieurs objectifs dont le suivant (Annexe C): Objectif 4.1.1: « Profiter du potentiel touristique du Mexique pour générer des bénéfices économiques dans le pays ». Pour mener à bien cet objectif, le gouvernement propose de : « Promouvoir intégralement la gastronomie mexicaine comme un attrait touristique au niveau nationale et international ». 62 Política de Fomento a la Gastronomía Nacional 2014-2018, SECTUR: Secretaría del turismo, SHCP: Secretaría de Hacienda y crédito público [En ligne]. Disponible sur http://www.venacomer.com.mx/politica/politica.html. (Consulté le 04-08-15). 63 Op Cité 87 Ainsi il est aisé de mesurer les efforts du gouvernement pour valoriser la gastronomie mexicaine. D’autant plus que le 04 août 2015, le président Mexicain Enrique Peña Nieto a lancé officiellement le programme PFGN qui vise à impulser l’offre gastronomique pour générer du développement productif national64. L’objectif général de la PFGN est d’: « Améliorer la cuisine du pays comme un moyen de promouvoir la richesse naturelle et culturelle du Mexique, encourager le tourisme et de générer un développement productif régional ». L’ensemble de ces éléments dévoile les priorités en termes de développement du gouvernement mexicain pour le renforcement de son image gastronomique par l’activité touristique. Face à cet engouement nous avons trouvé judicieux de nous positionner à notre tour sur ce champ d’action pour tenter de créer de la valeur à partir d’une expérience gastronomique. Nous avons présenté les différentes caractéristiques du stage et du projet auquel nous sommes rattachés. Nous avons montré que ce stage orienté sur de la recherche permet d’alimenter le programme « Gastronomie, Tourisme et Développement Social ». Nous avons justifié en quoi il était pertinent de positionner la gastronomie au cœur de notre questionnement. A présent nous allons entreprendre la présentation des territoires d’investigation pour comprendre les enjeux qui en découlent. 2. Délimitation du territoire d’investigation : le tourisme apparait comme un outil de développement économique des destinations 2.1 L’étroite relation entre L’Etat de Oaxaca et l’activité touristique Afin de mieux cerner les enjeux liés au programme de recherche nous allons présenter notre territoire d’investigation en commençant par l’Etat de Oaxaca suivi de la région des Vallées Centrales, du district de Tlacolula pour aboutir sur les deux villages de Teotitlán del Valle et San Jerónimo Tlacochahuaya. 64 Excélsior, El periódico de la vida nacional. “Peña Nieto lanza política de fomento a la gastronomía nacional”. Disponible sur http://www.excelsior.com.mx/nacional/2015/08/04/1038364. (Consulté le 05-08-2015). 88 2.1.1 Oaxaca, un Etat qui mise son développement économique sur la valorisation des ressources locales 2.1.1.1 De nombreuses initiatives nationales, régionales et locales pour mettre en tourisme le territoire mexicain L’Etat de Oaxaca dont la capitale se nomme Oaxaca de Juárez s’étale sur 93 950 km² soit 4.8% de la superficie totale du Mexique, pour une population de 3 801 962 habitants. Cette Etat occupe la 3ème place nationale en termes de marginalisation et de pauvreté. Oaxaca compte 570 municipalités et est considéré comme l’Etat disposant de la plus importante diversité ethnique et linguistique du pays. En effet l’Etat héberge seize groupes ethniques des 65 existants au Mexique avec entre autres les Zapotèques, les Triquis, et les Nahuatl65. Dans notre étude nous nous intéressons à la région des Vallées Centrales qui abrite approximativement 1 033 884 habitants pour 948 0,00 km². Cette vallée se divise en 121 municipalités et en sept districts. Nous nous focalisons pour notre part sur le district de Tlacolula qui accueille 117,032 habitants (INEGI. Censo de Población y Vivienda 2010) pour 3324.14 km² (INEGI. Marco Geoestadístico Municipal 2005). Ce district accueille la Route touristique du Mezcal. Le mezcal est une boisson alcoolisée qui fait la renommée du village de Santiago Matatlán. Plus loin dans le cheminement nous aborderons plus précisément ce thème. A l’échelle nationale D’un point de vue national, le tourisme est décrit comme un secteur qui offre un éventail de possibilités. Selon les résultats préliminaires de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), en 2014, le Mexique occupe la 10ème place du classement des pays qui attirent le plus grand nombre de touristes internationaux. Le succès de la destination s’explique indubitablement grâce aux 33 richesses naturelles et culturelles inscrites sur la liste représentative du Patrimoine mondial de l’Unesco. La Plan National de Développement (PND) réalisé par le gouvernement de la République présente l’ensemble des orientations stratégiques qui seront entreprises de 2013 à 2018 pour tenter de pallier aux manquements du pays. Le gouvernement, considère que le 65 Estado de Oaxaca, Generalidades, [en ligne]. Disponible sur: http://www.oaxaca.gob.mx/estado-de-oaxaca/. (Consulté le 04-08-2015). 89 tourisme est un secteur d’activité dans lequel il est nécessaire de s’investir puisqu’il permet de dynamiser l’économie du pays et de protéger les ressources locales : « Le tourisme représente l’opportunité de créer des emplois, de déployer les marchés où opèrent les petites et moyennes entreprises, ainsi comme la possibilité de préserver la richesse naturelle et culturelle des pays » 66. Il semblerait que le gouvernement ait choisi de parier sur le secteur tertiaire. Nous rappelons que le tourisme représente la troisième source de devises du pays après le pétrole et l’argent envoyé par les migrants mexicains à leur famille. Au regard du PND il semblerait que la majeure partis des efforts vont se concentrer sur le tourisme au risque de délaisser le secteur agricole. Ainsi nous remarquons que les objectifs en termes de développement touristique sont clairement définis : « Enfin, il est essentiel d'exploiter le potentiel touristique du Mexique pour générer un plus grand bénéfice économique pour le pays. Cet objectif se traduit par la mise en place d’une organisation et la transformation sectorielle; inciter l’innovation de l’offre et la compétitivité du secteur du tourisme ; encourager un plus grand flux d'investissement et de financement dans le secteur du tourisme à travers une promotion efficace des destinations touristiques ; et d’envisager les revenus générés par le tourisme comme une source de bien-être social » 67. Nous comprenons que la place accordée à l’activité touristique traduit d’abord un intérêt économique et ensuite un intérêt social. Au regard des stratégies établies dans le PND nous imaginons principalement les retombées économiques de la mise en place de telle mesure : « Stratégie 4.11.1. Impulser l’organisation et la transformation du secteur touristique Stratégie 4.11.2. Impulser l’innovation de l’offre et élever le secteur touristique Stratégie 4.11.3. Développer les flux d’investissement et encourager le financement du secteur touristique et promouvoir efficacement les destinations touristiques Stratégie 4.11.4. Impulser la durabilité et que les bénéfices générés par le tourisme soit une source de bénéfice pour le bien-être social » 68. En résumé, depuis que le Mexique a acquis une renommée internationale, le tourisme s’impose comme une évidence. La grande majorité des objectifs du PND s’oriente sur le secteur tertiaire. Jusqu’en 2018 les organisations touristiques vont être restructurées et remodelées pour répondre aux objectifs du PND et ainsi améliorer leur rendement. Le PND précise également 66 Plan Nacional de Desarrollo 2013-2018, Gobierno de la República, Estados Unidos Mexicanos [En ligne]. Disponible sur http://pnd.gob.mx/. (Consulté le 04-08-15). 67 Op Cité 68 Op Cité 90 l’importance de la coordination des actions touristiques avec les autres secteurs d’activité (logistique, politique, industrie minière, agriculture). A l’échelle de la région La région de Oaxaca présente de nombreux attraits touristiques parmi lesquels nous distinguons principalement des atouts culturels avec les nombreuses zones archéologiques du Monte Albán, de Mitla, de Yagul. Les traditions enracinées et les coutumes oaxaqueniennes attirent régulièrement les visiteurs. Le patrimoine culinaire et les ressources naturelles s’ajoutent au capital touristique de l’Etat de Oaxaca. En 2014, le territoire oaxaquenien accueillait près de 5,3 millions de visiteurs. Les dynamiques de développement touristique du territoire exposées dans le Plan de Développement de Étatique de 2011-2016 (Plan Estatal de Desarrollo de Oaxaca) confirme notre analyse nationale qui place l’activité touristique comme un des secteurs prometteurs en terme de développement économique. Par exemple, nous distinguons les quatre axes principaux du plan de Développement de Oaxaca : I. Etat de Droit, gouvernalité, sécurité ; II. Croissance économique, compétitivité et emploi ; III. Développement social et humain ; IV. Gouvernement honnête et de résultat69. Le second consacre toute un partie sur le tourisme : « el turismo : palanca del desarrollo », en d’autres termes, « le tourisme levier de développement ». Dans cette rubrique, nous apprenons que les touristes se rendent à Oaxaca par différentes moyen de transports : 56.2% par autocar, 21.8% grâce à leur voiture personnelle et 21.8% par voie aérienne. Toutefois nous remarquons que les touristes étrangers sont peu présents : “ Le tourisme de l'Etat dépend fortement de visiteurs nationaux puisqu’en 2010, 95 % des flux touristiques correspondent aux touristes provenant de la république mexicaine et les 5% restants de l’étranger ». 69 Plan Estatal de Desarrollo de Oaxaca 2010-2016 (PED) [En ligne]. http://www.transparenciapresupuestaria.oaxaca.gob.mx/3_presupuestal.php. (Consulté le 05-08-15). Disponible sur: 91 Ainsi, malgré les bénéfices significatifs, le rapport précise que le tourisme n’a pas présenté une croissance soutenue ces dernières années. En revanche, Gabino Cué Monteagudo —Gouverneur de l'État de Oaxaca élu en 2010 pour un mandat de six ans— publie le quatrième rapport d’activité70 dans lequel le tourisme est considéré comme un secteur prometteur : « Tourisme, détonateur de l’économie ». Figure 14 : L’affluence de visiteurs à Oaxaca entre 2005 et 2014. Depuis les années 2010, nous distinguons une hausse de 28% de la fréquentation du territoire oaxaquenien. Ces données confirment la position croissante du tourisme dans l’Etat de Oaxaca. A l’échelle du Secrétaire d’Etat au Tourisme Le Secrétaire d’Etat chargé du Tourisme et du Développement Economique (ou Secrétaría del turismo y desarrollo económico (STyDE) s’attache tout particulièrement à promouvoir les attraits de l’Etat de Oaxaca par le développement de routes touristiques. Aujourd’hui nous recensons dix routes touristiques parmi lesquelles nous retrouvons la Route Caminos del Mezcal, la Route Sierra Juárez, la Route de la Fe Juquila, la Route de la Costa Oaxaqueña, la Route Chinantla, la Route de la Mixteca, la Route Magique de l’artisanat, la Route du café, la Route de l’Istmo, la 70 Cuarto informe de Gobierno, Gabino Cué Monteagudo, Gobernador constitucional del Estado de Oaxaca, 2010-2016, avances y logros a cuatro años de gobierno, principales indicadores de la gestión gubernamental [En ligne]. Disponible sur http://www.oaxaca.gob.mx/wp-content/uploads/2015/02/AVANCES_Y_LOGROS_2014.pdf. (Consulté le 05-08-15). 92 Route de la réserve de la biosphère Tehuacán-Cuicatlán. L’ensemble de ces routes touristiques contribuent à véhiculer une identité spécifique auprès des touristes. Dans le cadre de notre programme de recherche nous nous intéressons à la Route Caminos del Mezcal. 2.1.1.2 La Route touristique des chemins du Mezcal : notre terrain d’investigation fondé sur la production artisanale d’un spiritueux A présent nous allons présenter la boisson qui a été mobilisée comme un outil de développement des Vallées Centrales de Oaxaca : le mezcal. La STyDE a mis en place la Route touristique-économique des chemins du Mezcal qui constitue notre territoire d’étude. Nous allons tenter de décrire les caractéristiques principales de ce spiritueux. Qu’est-ce que le mezcal ? Tout comme la tequila le mezcal est un spiritueux. Cette boisson alcoolisée mexicaine (48°) issue de la fermentation et de la distillation du jus de l’agave (maguey) est produite dans sept Etats de Mexique (Annexe D). En 1994, cette boisson obtient la dénomination d’origine « Mezcal de Oaxaca » qui valorise à la fois la région dont le produit est originaire et les caractéristiques uniques au produit. Le Centre du Commerce International définit la dénomination d’origine comme le : « Nom d’une région géographique du pays, employé pour désigner un produit qui en est originaire, dont la qualité ou les caractéristiques sont exclusivement attribuables à l’environnement géographique, y compris aux facteurs humains et naturels »71. Oaxaca, Durango, Guanajuato, Guerrero, San Luis Potosí, Tamaulipas, Zacatecas sont les Etats producteurs de mezcal au Mexique72. 71 Centre du Commerce International, Guide des indications géographiques, faire le lien entre les produits et leurs origines, Genève, 2009 [en ligne]. Disponible sur http://www.intracen.org/uploadedFiles/intracenorg/Content/Publications/Geographical_Indications_French.pdf. (Consulté le 04-08-2015). 72 Ven a comer, Política de Fomento a la Gastronomía Nacional Disponible sur: http://www.venacomer.com.mx/productos/mezcales.html. (Consulté le 04-08-15). 93 Le processus d’élaboration du Mezcal Le processus d’élaboration de la fameuse boisson requiert un investissement personnel important et mieux vaut savoir faire preuve de patience. Après avoir semé l’agave, les producteurs doivent attendre huit ans avant de pouvoir récolter le fruit de leur travail. Au cours de ces huit années, ils vont prendre soins de la plante et retirer les mauvaises herbes envahissantes. Une fois que la plante a atteint sa maturité les producteurs retirent les feuilles épineuses et conservent le cœur de la plante appelée piña. L’ensemble des piñas sont réunies puis sont cuites dans un four de pierre. Les piñas vont être écrasées et recouvertes pendant cinq jours pour entamer le processus de fermentation. Un fois la fermentation terminée le liquide obtenu va subir une double distillation avant de devenir du mezcal. La route des Chemins du mezcal : la réponse à un besoin d’innovation La STyDE mobilise le mezcal comme un outil de développement économique des territoires. La création récente des dix routes touristiques montre l’engouement des politiques pour ce mode de développement : « Les routes touristiques-économiques proposent de concilier les caractéristiques d’un produit touristique innovateur et compétitif, conforme aux expériences touristiques, services, équipements et infrastructures afin de satisfaire les visiteurs nationaux et internationaux et 73 impulser l’économie de la région » . Ces routes « touristiques-économiques » comme leur nom l’indique sont un moyen de dynamiser l’activité économique de la région. Ainsi en mars 2015 la STyDE a inauguré la Route Caminos del Mezcal (Route des chemins du Mezcal) en lui attribuant le symbole qui représente les feuilles épineuses de la plante (Annexe D). La Route Caminos del Mezcal s’est concrétisée au courant de l’année 2013 suite à la prise en main par le nouveau gouvernement par Gabino Cué Monteagudo depuis novembre 2010. L’objectif a été de dynamiser le tourisme en faisant preuve d’innovation. Ainsi la route touristique déjà existante de Mitla qui comptait cinq villages (Santa María del Tule, Tlacochahuaya, Teotitlán, Tlacolula, Mitla) a intégré un nouveau village : celui de Santiago Matatlán, la capitale mondiale du mezcal. Ainsi la nouvelle route Mitla s’est transformée pour devenir la Route des Chemins du Mezcal. 73 Ruta del Mezcal, Gobierno del Estado de Oaxaca, Secretaría de Turismo y Desarrollo Económico, 2010-2016. 94 2.1.2 Des caractéristiques conjoncturelles qui structurent l’identité de l’Etat de Oaxaca : migration, culture, organisation politique et manifestation de 2006 Nous allons présenter quatre éléments majeurs qui distinguent l’Etat de Oaxaca des autres Etats de la République Mexicaine : des taux de migration élevés, une culture zapotèque particulièrement représentée, une organisation politique et sociale traditionnelle et des difficultés sociales qui persistent à Oaxaca. Ces éléments nous permettront de mieux interpréter certains résultats dans le cadre de l’analyse transversale. 2.1.2.1 La migration : un phénomène caractéristique des Vallées Centrales de Oaxaca La mise en place du Programme Bracero déclenche les flux migratoires Ana Margarita Alvarado Juárez, enseignante chercheuse en Sciences Sociales s’exprime sur les origines et les causes de la migration74. Le phénomène migratoire international de l’Etat de Oaxaca remonte au siècle dernier. Des années 1942 à 1964, le Programa Bracero (Programme travailleur manuel) a encouragé le déplacement des migrants. La mise en place des lois et accords diplomatiques dès 1942 entre les USA et le Mexique entraîne le déplacement massif de travailleurs contractuels temporaires mexicains vers les USA. Au cours de cette période Oaxaca a fourni 3.5% des travailleurs mexicains. Ainsi dans les années 1970, Oaxaca deviendra un des Etats où le taux de migration internationale est le plus élevé. En 2014, le Centre d’informations statistiques et documentaires pour le développement (CIEDD) précise que 40% des migrants oaxaqueniens se radicalisent en Californie, 14% à New York et environ 6% dans l’Etat du Texas75. Nous distinguons également des flux migratoires internes vers le District Fédéral (DF, Capitale), en Basse-Californie et en Basse-Californie du Sud (situés au nord-ouest du Mexique). Ces Etats reçoivent essentiellement des travailleurs agricoles. 74 ALAVARADO JUAREZ Ana Margarita. Migración y pobreza en Oaxaca [En ligne]. Disponible sur : http://www.redalyc.org/pdf/325/32514808.pdf. (Consulté le 06-08-15). 75 Presenta CIEDD encuesta sobre migración de oaxaqueños a Estados Unidos [En ligne]. Disponible sur : www.nssoaxaca.com/estado/31-general/104108-presenta-ciedd-encuesta-sobre-migracion-de-oaxaquenos-a-estados-unidos. (Consulté le 06-08-15). 95 En termes d’activités, 28.5% des migrants oaxaqueniens sont employés dans des restaurants, 15.9% dans l’industrie de la construction, 15.6% dans les travaux agricoles, 7.9% dans la jardinerie et 5% dans des activités domestiques. 27,1 Restauration 28,5 Construction industrielle Agriculture 5 Jardinerie 15,9 7,9 15,6 Activitées domestiques Non renseigné Figure 15: Répartition des activités pratiquées par les migrants oaxaqueniens, 2014. Dans les années 2000 une étude réalisée par le Conseil National pour la population (Consejo Nacional de Población, CONAPO) montre que l’intensité migratoire est particulièrement élevée dans les régions de la Sierra Norte, La Mixteca et les Vallées Centrales. Ces déplacements concernent majoritairement les hommes. Quelles sont les raisons de ces déplacements ? Nous distinguons trois raisons majeures exposées par Ana Margarita Alvarado Juárez : - les raisons physico-naturelles : - la mauvaise qualité des sols pour produire entraîne les flux migratoires; les raisons socio-économiques : la non autosuffisance oblige un ou plusieurs membres d’une famille à migrer pour satisfaire les besoins vitaux de son foyer ; - l’indisponibilité d’emplois bien rémunérés ; les raisons psychosociales : l’expérience migratoire permet une certaine reconnaissance sociale au retour du migrant : « La manière dont ils réagissent, par exemple, voyant les migrants revenir à la communauté, habillés à la mode, avec les appareils électroniques et/ou arrivant avec leur propre véhicule »76. 76 Op Cité 96 Nous pouvons ajouter que la pauvreté n’est pas l’unique raison qui encourage un individu à migrer. Les désastres naturels et les problèmes politiques font aussi partis des raisons des déplacements. De plus nous observons que ce ne sont pas les plus pauvres qui quittent leur communauté, mais ceux qui disposent de certaines ressources au préalable. Quelles sont les répercussions de ces déplacements massifs ? Certains s’intéressent aux répercussions de ces nombreux déplacements masculins et observent que la migration a entraîné des transformations au sein des communautés. A présent les femmes sont intégrées dans organisations politiques locales des « us et coutumes » antérieurement destinés aux hommes77. 2.1.2.2 La culture zapotèque connecte, unit et rapproche les membres d’une communauté « Les villages zapotèques des Vallées Centrales de Oaxaca représentent le noyau d’une des cultures les plus importante de l’Etat »78. Le terme zapoteco est issu du náhuatl*79 qui signifie « village du zapote ». Le zapote est un arbre de l’Etat de Oaxaca. Le territoire oaxaquenien accueille 16 groupes ethniques qui présentent des caractéristiques culturelles, historiques, linguistiques distinctes. Les groupes ethniques sont des communautés de personnes qui s’identifient selon leur langue parlée et qui partagent un territoire commun. La langue zapotèque varie d’un village à l’autre bien que parfois certaines municipalités se comprennent puisqu’elles partagent certaines expressions communes. Comme nous l’apercevons sur la figure ci-contre, nous apercevons que Oaxaca abrite plusieurs groupes ethniques mais que les Zapotèques et les Mixtèques sont deux groupes prédominants. La relation entre les Zapotèques et les Mixtèques a toujours existé. Au XVème siècle, ils s’uniront pour combattre les Mixes qui vivaient au nord-est de la vallée. Figure 16 : Répartition des différents groupes ethniques à Oaxaca80 77 BESSI Renata, NAVARRO Santiago. La migración transforma usos y costumbres en México y la participación de la mujer en las comunidades, publié en 2014 [En ligne]. Disponible sur http://subversiones.org/archivos/40975. (Consulté le 15-08-15). 78 CORONEL ORTIZ Dolores. Zapotecos Valles Centrales de Oaxaca Pueblos indígenas del México contemporáneo [En ligne]. Disponible sur http://www.cdi.gob.mx/dmdocuments/zapotecos_valles_centrales_oaxaca.pdf. (Consulté le 27-07-15). 79 Náhuatl : Langue indigène la plus utilisée au Mexique. Elle est aussi utilisée en Amérique du Nord et Amérique Latine. 80 Sources image : http://www.oaxaca.gob.mx/mosaico-cultural/ 97 L’histoire préhispanique des Vallées Centrales débutera environ 500 ans av. J.-C avec pour apogée l’année 1521, date de l’arrivée des colonisateurs. Dans les Vallées Centrales de Oaxaca différentes activités sont pratiquées par les habitants : l’agriculture, la fabrication de mezcal, la production d’artisanat à base d’argile, la confection des tapis de laine, le tissage de textile à la main et le travail du cuir. La spécialisation artisanale des communautés zapotèques remonte à la période préhispanique et constitue le moteur essentiel des retombées économiques pour les villageois. Il existe de grandes disparités entre les membres d’une communauté zapotèque qui s’expliquent par les réussites individuelles. Ces différences entre individus s’observent notamment d’un point de vue architectural. Ce qui ont connu un réel succès auprès des acheteurs peuvent investir dans des maisons plus grandes et utiliser des matériaux plus onéreux. Une autre particularité la culture zapotèque est son rapport étroit avec l’agriculture. Trois formes d’activités se développent : - l’agriculture et le commerce de subsistance ; - les patures ; - la récolte des cultures. Généralement, les paysans sèment le maïs, le piment, l’haricot et la courgette. Ainsi, l’artisanat et l’agriculture sont deux moyens de subsistance pour les ménages zapotèques. En ce qui concerne l’organisation sociale les relations sociales se basent sur la réciprocité et l’échange de biens et services entre les membres d’une même communauté. La Guelaguetza est une forme institutionnelle de ce partage. Les échanges font partie de l’organisation sociale et culturelle des communautés. Ils apparaissent tout au long du cycle de la vie d’un individu. L’ensemble de ces manifestations sociales —baptêmes, anniversaires, mariages, noces, funérailles— constituent des étapes significatives pour chaque membre de la communauté. Par exemple lorsqu’un couple souhaite se marier, il peut faire appel à l’aide des membres de la communauté pour organiser l’événement. Par exemple le couple peut demander de l’aide aux cuisinières traditionnelles du village pour préparer le repas du mariage. En échange, les cuisinières pourront demandées à leur tour de l’aide à ce couple en moment venus. 98 2.1.2.3 L’organisation sociale et politique traditionnelle selon les « us et coutumes » « Cette forme traditionnelle d’organisation est un élément central de la cohésion sociale communale »81. Teotitlán del Valle et San Jerónimo Tlacochahuaya sont deux villages qui fonctionnent selon le régime des us et coutumes. L’avantage consiste en la répartition équitable des charges et des services auprès de chaque membre masculin de la communauté. Pendant une période déterminée, les hommes de la communauté doivent rendre un service à leur communauté. L’élection des membres est réalisée à l’échelle de la communauté. Chaque communauté exprime son propre régime politique de manière distingue. Le plus souvent les habitants d’un village se voient répartir les fonctions suivantes : le président municipal, le syndic, le trésorier, le maire et les conseillers (entre trois et quatre personnes nommées). Auxquels s’ajoutent le secrétaire, les suppléants et les officiers de police. L’ensemble de ces intervenants sont censés : accomplir les tâches administratives, maintenir l’ordre au sein de la communauté et améliorer les services disponibles. Généralement les membres sont renouvelés tous les deux ans. Ce service est exercé de manière gratuite par les habitants pour rendre service à tout le village. Généralement les membres d’une communauté sont nommés à tour de rôle pour encourager la répartition équitable des tâches. Suite à l’introduction récente des programmes d’assistance par le gouvernement étatique et fédéral, de nouveaux comités ont vu le jour —comité du tourisme par exemple— pour répondre à des nouvelles nécessités. Nous distinguons également le système du tequio qui s’adresse également qu’aux hommes. Ces derniers sont tenus d’exercer un service auprès de la communauté. Ce travail consiste à effectuer gratuitement un service au bénéfice de la communauté dans les domaines variés (administration, travaux communautaires…). En cas d’impossibilité d’exercer son devoir, l’habitant doit fournir une contrepartie financière au village pour qu’il puisse faire appel à une personne supplémentaire. Le tequio se distingue des premiers services car l’accumulation des charges permet de gravir les échelons et d’effectuer des tâches moins éprouvantes. Ce système administratif permet de créer une certaine unité au sein de la communauté et de renforcer les liens entre les habitants. Il facilite également la gestion des ressources naturelles des territoires. 81 Zapotecos de Valles Centrales, CDI, Comisión nacional para el desarrollo de los pueblos indígenas [En ligne]. Disponible sur http://www.cdi.gob.mx/index.php?option=com_content&task=view&id=622&Itemid=62. (Consulté le 09-08-15). 99 2.1.2.5 Les conséquences des problèmes sociopolitiques de 2006 liés aux manifestations des professeurs des écoles à Oaxaca L’année 2006 a été une année particulièrement agitée au Mexique à cause des événements sociopolitiques. La révolte populaire à l’initiative des professeurs freine considérablement l’arrivée des touristes. Pour mieux cerner les conflits d’intérêts il est nécessaire de remonter à l’origine du problème. L’Etat mexicain a mis en place des réformes libérales éducatives qui consistent à adapter les programmes éducatifs aux besoins du marché. Ces réformes consistent notamment en la réévaluation du niveau des professeurs. Cette opération semble entraîner de nombreux désavantages pour les enseignants qui n’acceptent pas la mise en place de telles mutations au sein de l’organisation éducative. Ainsi en 2006 les professeurs ont organisé une manifestation pour faire valoir leur droit qui a eu des conséquences désastreuses pour l’activité touristique de l’Etat de Oaxaca. Depuis le rassemblement de 2006 les professeurs font l’objet d’agressions, d’assassinats et de disparitions. Les conflits ne semblent pas pouvoir se résoudre dans un avenir proche car l’Etat attribue des postes laissés vacants par les grévistes à d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement qualifiée. A cause de ce phénomène social, un climat d’insécurité s’est installé dans l’Etat de Oaxaca et décourage les touristes. Il n’est pas rare de voir de nombreux policiers patrouiller dans la ville pour veiller à la sécurité des habitants. Il arrive parfois que les principales artères de la ville sont bloquées, ce qui empêche la libre circulation des Oaxaqueniens qui souhaitent se rendre sur leur travail. Le Plan de Développement de l’Etat de Oaxaca 2010-201682 précise que la fréquentation touristique a diminué de 3.6% entre 2004 et 2010. Le conflit des professeurs semble être à l’origine du désintérêt touristique de la destination. D’autres facteurs supplémentaires expliquent ce désintérêt comme par exemple le développement des services touristiques réalisés sans une planification préalable, ou la diminution des vols aériens à destination de Oaxaca. 82 Plan Estatal de Desarrollo de Oaxaca 2010-2016 (PED) [En ligne]. http://www.transparenciapresupuestaria.oaxaca.gob.mx/3_presupuestal.php. (Consulté le 05-08-15). Disponible 100 sur: Nous l’avons vu, ces phénomènes sociaux agissent particulièrement sur l’attractivité du territoire. Selon le Plan de Développement de l’Etat de Oaxaca 2010-2016, les chiffres montrent les inquiétudes qu’éprouvent les visiteurs. En 2005 le territoire accueillait 4,303 visiteurs contre 3,782 visiteurs en 2006, date de la grande manifestation. Figure 17 : Affluence touristique dans l’Etat de Oaxaca de 2004 à 201083 Les habitants des périphéries sont épuisés de l’ampleur de ce phénomène qui les empêche de subsister à leur besoin. La description générale de l’Etat de Oaxaca nous permet d’avoir un vue d’ensemble sur le territoire d’investigation. A présent nous allons entrer d’avantage dans les détails et décrire les deux territoires sur lesquels nous nous sommes concentrés : Teotitlán del Valle et Tlacochahuaya. 2. Contextualisation avec les territoires investis: Teotitlán et Tlacochahuaya Nous vous invitions à consulter le tableau ci-dessous pour connaitre les caractéristiques des deux territoires étudiés. L’annexe G reprend également ces éléments pour les six communautés. 83 Op Cité 101 Activités professionnelles et ressources naturelles Organisation sociopolitique selon les us et coutume Localisation et accessibilité Tableau 6 : Caractéristiques des deux villages étudiés Teotitlán del valle 84 Teotitlán signifie en langue náhuatl* « Tierra de Dioses » (Terre des Dieux). Le village de Teotitlán a été le premier fondé par les indiens zapotèques en 1465. Il est situé à 1600 mètres d’altitude par rapport au niveau de la mer et s’étend sur 108,25km². En 2010 il comptait 5638 habitants soit 0,15% de la population de 85 Oaxaquenienne . Au nord il est délimité par Santa Catarina Lachatao, au sud avec Tlacochahuaya à l’ouest avec Santa Maria del Tule et enfin à l’est avec Villa Díaz Ordaz. Le village se situe à 30 minutes de la ville de Oaxaca. Les visiteurs peuvent rejoindre le village depuis Oaxaca par l’intermédiaire d’un taxi et des transports en commun. Nous avons observé que les visiteurs étrangers louer le plus souvent une voiture pour parcourir la route des chemins du mezcal et que les visiteurs nationaux venaient par leurs propres moyens. Le président municipal Hilario Bautista Lazo a été élu pour trois ans selon le régime politique des us et coutumes. Le village est considéré comme ayant un degré de marginalisation important. Le plan municipal 86 de développement 2011-2013 présente les principes et les valeurs partagées au sein de la communauté. Entre autres nous distinguons celle de la participation, de la coresponsabilité, de la paix, et de l’honnêteté. Le président municipal travaille en étroite coopération avec le syndicat, avec trois régisseurs (finances, panthéon, éducation) qui sont accompagnés par quatre suppléants. Les habitants se consacrent pour la plupart à l’art du tissage. Pratiquement toutes les familles disposent d’un métier à tisser au sein de leur résidence et s’exercent quotidiennement. Avant l’introduction du métier à tisser par les espagnols, les villageois utilisaient un système moins élaboré et plus fatiguant. Assis à même le sol, les jambes tendues et les pieds contre une planche en bois. Mise à part les commerces des tapis de laine, une grande partie des habitants se consacre à l’agriculture. De juin, à septembre ils sèment le maïs pour le récolter au mois de novembre. Les produits se vendent également quotidiennement lors du marché municipal. Tlacochahuaya Tlacochahuaya signifie en náhuatl* «lieu humide » ou « terre humide ». Le village se situe dans les Valles Centrales de Oaxaca et fait partie du district de Tlacolula. Ce territoire possède des frontières communes avec Tlacolula de Matamoros à l’est; au nord-est avec San Francisco Lachigoló; au sud avec San Juan Guelavía; au sud-est avec San Sebastián Abasolo et au nord-est avec Teotitlán del Valle. Le territoire se situe à 1577 mètres d’altitude par rapport au niveau de la mer et s’étend sur 37.94 km² et comptait 5076 habitants en 2010. La densité de la population s’élève à 137.09 habitants/km². Le village se situe à 15km de Oaxaca soit 20 minutes en voiture. Le gouvernement est régit sous le régime des « us et coutumes ». Chaque communauté mobilisant ce régime politique est libre de fonctionner selon les règles imposées par la communauté. Ainsi le système des « us et coutumes est différence d’une communauté à l’autre. Dans le cas de Tlacochahuaya les autorités sont nommées pour trois ans. Le président municipal Víctor López Ramírez est soutenu par un agent de Macuilxóchil (village voisin), le syndicat municipal, le maire constitutionnel, les régisseurs (finances, œuvres, éducation) et les directeurs (sécurité, agricole, marché et transport). Ci-après, nous présentons l’organigramme de la 87 municipalité de San Jerónimo Tlacochahuaya . Parmi les principales ressources du village nous distinguons : l’eau consacrée à l’usage domestique, à l’irrigation des sols et aux élevages animaliers ; les sols : pour l’activité agricole, pour l’élevage et les logements ; la végétation : pour alimenter le bétail et les arbustes pour faire du feu. L’agriculture représente l’activité majeure pour les habitants. “Les principales activités économiques qui sont exercées dans le village sont: l’agriculture, la prestation de services parmi lesquels le commerce et le transport (taxi et mototaxi), et plus récemment le tourisme ». Les produits les plus plantés sont le maïs (82%), l’ail (7%), la luzerne (5%), les haricots (3%), le piment (2%) et l’agave (1%), occasionnellement les agriculteurs sèment du cumin et le pois chiche. 84 Náhuatl : Langue indigène parlée en Amérique du Nord et Amérique Latine, il s’agit de la langue indigène la plus représente au Mexique. 85 Centro de Información Estadistica y Documental para el Desarrollo (CIEDD); Teotitlán del Valle [En ligne]. Disponible sur : http://www.ciedd.oaxaca.gob.mx/sp/?page_id=4431. (Consulté le 07-08-2015). 86 Exploring Oaxaca – Ciudades y Pueblos - Teotitlán del Valle. Disponible sur : www.exploringoaxaca.com/es-mx/ciudadespueblos,estado-oaxaca,teotitlan-del-valle/. (Consulté le 07-08-2015). 87 Ayuntamiento San Jerónimo Tlacochahuaya, Diagnóstico y Plan Municipal 2011-2013 [En ligne]. Disponible sur : https://www.finanzasoaxaca.gob.mx/pdf/inversion_publica/pmds/11_13/550.pdf. (Consulté le 07-08-15). 102 Traditions fortement ancrées Place de la gastronomie dans le village Particularités dans le village La présence de la culture zapotèque est fortement 88 présente au sein du village . Les habitants échangent dans ce dialecte préhispanique, les fêtes religieuses sont un héritage de la culture zapotèques, les vêtements portés par les habitants reflètent également cette identité. L’Eglise érigée en l’honneur de la Preciosa Sangre de Cristo a été construite en 1518. La place face à l’église est le lieu des manifestations culturelles comme notamment la danse de la plume. Parmi les fêtes et les traditions nous distinguons principalement : le premier mercredi du mois de juillet la célébration de la Preciosa Sangre de Cristo ; le 08 septembre les habitants rendent hommage à la Nativité er de la Vierge ; le 1 octobre se mettent en place les festivités en l’honneur de la Vierge du Rosario ; La Danza de la pluma (danse de la plume) à Teotitlán del Valle est un événement religieux particulièrement attendu par les villageois. Il réunit l’ensemble des habitants autour d’une danse exécutée par un groupe de danseurs. Les festivités débutent le matin à 10h et se terminent dans la soirée. L’ensemble de ces événements attirent les touristes qui en profitent généralement pour manger sur place et passer par le marché artisanal. La gastronomie de Teotitlán est particulièrement enracinée dans les mémoires des habitants qui sont particulièrement fiers de les partager avec autrui. Parmi les plats emblématiques nous retrouvons le mole de canasta qui contient des herbes fraîches, el mole negro, les higaditos à base d’œufs, les tamales de poulet faits à base de pâte de maïs et le coloradito, la soupe de fleur de courgette. En ce qui concerne les boissons, nous retrouvons le chocolat à l’eau, le chocolat au lait, l’atole à base de maïs, le tepache à base de jus d’ananas, et le mezcal. Ces breuvages sont servis durant les festivités du village (Annexe H). Nous avons retenu deux particularités concernant le village de Teotitlán. D’une part il s’agit d’un village régit par ses usages coutumiers. Par exemple, les personnes extérieures au village ne sont pas autorisées à s’installer dans ce village. La conservation des traditions octroi au village une certaine authenticité. Si une personne souhaite s’établir dans le village elle ne pourra le faire qu’en se mariant avec un habitant originaire de la communauté. D’autre part, nous avons observé que de nombreux hommes sont partis vivre aux Etats-Unis. Cette pratique influence et reconsidère le rôle des femmes au sein des communautés. Jusqu’alors il était interdit d’attribuer un service à une femme de la communauté car ces activités étaient destinées aux hommes, à présent les femmes semblent plus impliquées dans la communauté. Les fêtes traditionnelles rythment la vie du village. Le dernier lundi de juillet débute les festivités de la Guelaguetza. Elles se déroulent sur la colline de l’Azucena (fleur de lys) ou un auditorium vient d’être aménagé pour faciliter les déplacements des danseurs. A la même période, dans la ville de Oaxaca les habitants célèbrent la Guelaguetza des temps modernes ou les meilleures danseurs des huit régions de Oaxaca présentent leurs costumes traditionnels au cours d’un spectacle organisé. Les coûts générés par cette manifestation sont financés par les autorités municipales de provenance des danseurs. Le 30 septembre les habitants célèbrent le Saint Patron San Jeronimo Tlacochahuaya autour des plats typiques er de la vallée. Le jour des morts, le 1 novembre est une célébration destinée à rendre honneur aux défunts. Ce jour-là les âmes des personnes disparues reviennent au sein des familles pour profiter des offrandes réalisées en leurs hommages (Mole, bouillon de poulet, tamales, pain des morts, cigarettes, eau…). Les familles ont pour coutumes de dressaient un autel décoré avec des fleurs. La danse de la plume est une fête traditionnelle présente dans les villages des Vallées Centrales. Elle évoque la conquête du Mexique. La gastronomie du village résulte de l’influence de la région des Vallées Centrales. Chaque village dispose d’un plat particulièrement reconnu comme un plat typique et propre à un village. Dans le cas de Tlacochahuaya il s’agit l’higadito. Cette préparation réalisée à base d’œufs et de piment est servie pour les événements religieux tels que les mariages. Elle se présente sous forme solide ce qui lui vaut son surnom : gâteau d’higadito. Ce plat s’accompagne d’une sauce au piment rouge. Une nouvelle fois le thème de la migration vient décrire la communauté. Nous observons particulièrement dans ce village des taux de migration particulièrement important qui s’expliquent par les difficultés rencontrées par les paysans en matière d’agriculture. De plus, nous avons constaté une certaine perdition de la culture zapotèque. Cet idiome est parlé par la grande majorité des plus de 40 ans. En revanche les plus jeunes ne l’utilisent pas voir très peu. Des projets de revalorisation de la langue ont été mis en place par certains membres du village pour éviter son extinction. 88 Enciclopedia de los Municipios y Delegaciones de México, Estado de Oaxaca, Teotitlán del Valle. [En ligne]. Disponible sur : http://www.inafed.gob.mx/work/enciclopedia/EMM20oaxaca/index.html. (Consulté le 07-08-15). 103 Attraits et infrastructures touristiques Infrastructures touristiques Le Musée Communautaire appelé Balaa Tee Guech Gulal en zapotèque (ou lieu de l’ancien village) présente plusieurs salles sur les thèmes qui rappellent l’identité du village : une salle sur les vestiges archéologiques, une salle d’artisanat, une salle représentant les cérémonies religieuses et les traditions locales et une salle décrivant la fabrication des bougies religieuses (velas)… Le Marché Artisanal essentiellement destiné aux touristes offre des produits artisanaux fait à base de laine (tapis, accessoires, vêtements…). Certains habitants ont conservé les techniques ancestrales et s’attachent à colorer la laine de manière ancestrale à l’aide de la cochenille et de plantes locales qui se récoltent sur les collines adjacentes. Le Centre d’écotourisme Xagie (terme zapotèque pour désigner Teotitlán del Valle) propose aux visiteurs plusieurs activités écotouristiques parmi lesquelles : randonnées, location de bicyclettes, de chevaux, de barque pour passer un moment sur le barrage. La colline du Picacho, et de Tecolote sont deux sites de randonnées, où le touriste doit être accompagné par un habitant du village. Généralement les touristes sont les plus nombreux pendant la Semaine Sainte (mars-avril) au cours du mois de juillet, période de vacances et célébration de la Guelaguetza, et à la fin de l’année pour la fête des morts er le 1 novembre. Transports communautaires De Oaxaca à Teotitlán les taxis et les autocars fonctionnent tous les jours. A l’intérieur du village des moto-taxi facilitent les déplacements des habitants. Hébergement Souvent, les habitants proposent une chambre spécialement aménagée pour les visiteurs. Parmi les maisons particulières nous distinguons officiellement la suivante : Maisons d’hôtes de Las Granadas (Chambre simple 150 pesos par nuitée soit 8,47€ ; Chambre avec salle de bain 200 pesos par nuitée soit 11,30€). Restauration o Nourriture économique 89 Comedor Jaguar Comedor Conchita o Restaurants destinés aux touristes El Descanso Cafe Delízùn Tierra Antigua o Restaurant réputé El Tlamanalli – Restaurant d’Abigail Mendoza Attraits touristiques Le temple de San Jerónimo fait partie du patrimoine culturel de Tlacochahuaya. Cet ancien couvent abrite des retables et un orgue construit en 1730. Cet édifice constitue un attrait touristique pour le village. L’entrée du temple est payante (10 pesos soit 0,56€) et permet de restaurer le temple en moment voulu. Tierra del sol (Terre du soleil) est un espace excentré de la communauté. Il accueille des touristes qui souhaitent se couper du quotidien. Ils disposent d’un jardin, d’animaux (chèvres, chevaux, poules…) et propose aux visiteurs de vivre une expérience dépaysante. Les visiteurs participent aux tâches quotidiennes, comme par exemple la récolte des produits issus du jardin et la préparation des repas. Transports communautaires Depuis Oaxaca, le touriste peut se rendre à Tlacochahuaya en taxi communautaire pour 12.00 pesos soit 0,68€ et utiliser les autocars municipaux pour 6.00 pesos soit 0,34€. Des autocars sont également mis à la disposition des individus pour se rendre à la ville de Oaxaca. Hébergement L’Hôtel Cosijo est situé à l’entrée du village, il dispose de dix chambres qui accueillent essentiellement les couples. L’enseigne de l’hôtel précise tourisme rural. Cela s’illustre selon les employés puisqu’ils utilisent des panneaux solaires, un jardin où ils récoltent les produits pour les servir aux hôtes. Les enfants ne sont pas autorisés. Une nuitée et le petit-déjeuner coûtent 1900 pesos (soit 108 €) pour un couple. L’hôtel propose des cours de yoga et met un gymnase à la disposition de ses hôtes. L’hôtel propose une nourriture contemporaine traditionnelle. Restauration Nous identifions dans le village trois espaces destinés à accueillir les touristes. Dans un premier temps le Comedor Carmelita. Il peut accueillir entre 10 et 15 personnes et offrent des plats typiques des Vallées Centrales. Le marché compte deux postes de nourriture qui accueillent généralement les villageois avant d’entreprendre leur journée de travail. Pour finir nous avons recensé un restaurant ouvert uniquement les fins de semaine appelé Criadero de Mojarras (élevage de poissons). Il faut rajouter les postes ambulants sur la place du village qui offrent de la nourriture rapidement préparée à des prix accessibles. 89 Un comedor ou salle à manger « publique », est un lieu de restauration informel ou une famille offre quelques plats en complément de leur principale activité. Dans le cas de Teotitlán en plus de la confection de tapis de laine certains habitants ont choisi d’ouvrir ce commerce pour subsister à leurs besoins. 104 2.4 Délimitation des problèmes, pourquoi avoir choisi précisément de travailler sur ces deux villages ? Pourquoi travailler sur ces deux territoires ? Les Vallées Centrales représentent une des huit régions les plus touristiques de l’Etat de Oaxaca. L’artisanat et la richesse du patrimoine alimentaire font la renommée nationale et internationale de cette zone. Ces deux villages sont situés de part et d’autre de la Route Fédérale 190. Ils se situent à 13km l’un de l’autre soit environ 15 minutes de trajet en voiture. Teotitlán se distingue pour ses produits artisanaux et Tlacochahuaya pour l’architecture de son temple du XVIème siècle. Dans le second village le tourisme s’est développement plus tardivement ce qui explique le nombre restreint d’infrastructures touristiques. En revanche, Teotitlán a toujours été touristique : « Je pense que Teotitlán, car Teotitlán est l’un des villages les plus… comment est-ce que je pourrais t’expliquer, c’est-à-dire qu’il a toujours été depuis plusieurs années un village touristique, tu comprends, ce n’est pas comme les autres villages par exemple, de la route des chemins du mezcal, n’est-ce pas ? Si effectivement, avant les gens allaient au marché de Tlacolula ou ils allaient à Matatlán, mais je pense que pour ses tapis, Teotitlán a toujours été un village touristique et les gens très conscients du fait qu’ils sont en train de faire un « show » pour le tourisme, n’est-ce-pas ? », (femme, 42 ans, anthropologue). Ainsi nous avons choisi de mener nos enquêtes dans un premier temps dans le village touristique de Teotitlán et dans un second temps dans la communauté de Tlacochahuaya qui présente une intérêt touristique moins évident aux yeux des visiteurs. Dans la mesure où l’activité touristique s’est installée de manière très distinctes dans les deux villages la comparaison nous semblait pertinente. Ce déséquilibre nous a permis de déceler des indicateurs variables à l’origine de l’appropriation des habitants de leurs ressources par l’activité touristique. Nous avons présenté l’Etat de Oaxaca qui regorge de nombreuses spécificités qui le positionne comme un territoire touristique. Malgré les événements sociaux de 2006, le territoire continu d’accueillir les touristes mais en quantité inférieure. Teotitlán vit de l’activité touristique et de la confection artisanale des tapis de laine ce qui assure un revenu minimum aux habitants. Le village de Tlacochahuaya est essentiellement reconnu pour son temple du XVIème siècle et l’orgue qu’il abrite. Cependant l’activité touristique est moins significative sur ce second territoire. A présent nous allons présenter notre méthodologie de travail qui nous a permis d’entreprendre la réalisation de notre travail universitaire. 105 3. Une méthodologie principalement orientée sur de la recherche et du travail sur le terrain 3.1 Des hypothèses qui résultent des premiers éléments d’analyse des territoires Après avoir présenté les territoires d’investigation nous souhaitons rappeler notre problématique pour mieux cerner les différentes étapes de notre méthodologie. Nous voulons mesurer l’évolution de l’activité touristique au sein des deux communautés pour comprendre ses éventuels effets en termes d’appropriation et de transmission des ressources par les habitants auprès des visiteurs. Nous cherchions à comprendre l’influence du tourisme au sein des communautés. Notre problématique est la suivante : En quoi l’appropriation de l’activité touristique par les populations locales peut entraîner la valorisation et la transmission des ressources locales auprès des visiteurs ? Nous avons rappelé notre méthodologie de travail sous forme de tableau synthétique présenté à la page suivante. Pour mener à bien cette étude nous avons mis en place une méthodologie de travail depuis le mois de mai 2014 qui nous a permis d’entreprendre toute une réflexion sur le projet de recherche. 3.2 Comment appréhender un stage orienté sur de l’investigation terrain : proposition méthodologique Nous avons divisé notre travail en six étapes méthodologiques qui figurent dans le tableau 3. Nous vous invitions également à consulter les annexes I ; J ;K qui présentent les rétro-planning de travail. - Etape 1 : Recherche exploratoire ; - Etape 4 : Analyse post-investigation ; - Etape 2 : Analyse préliminaire ; - Etape 5 : Phase opérationnelle ; - Etape 3 : Investigation terrain ; - Etape 6 : Rendu final. Ainsi vous trouverez d’abord le tableau récapitulant les hypothèses suivi du tableau résumant notre cheminement méthodologique : 106 Tableau 7 : Récapitulatif des trois hypothèses H1 : L’activité touristique est un outil d’appropriation des ressources locales par les habitants qui cherchent à transmettre leurs savoirs et savoir-faire auprès des visiteurs appropriation et tourisme : enjeu culturel H1 : Appropriation et tourisme : un enjeu culturel qui s’illustre par la transmission des savoirs et d’une identité. Total + H2 : L’activité touristique ne favorise pas une réelle appropriation des ressources par les habitants car ils cherchent à répondre à des besoins économiques appropriation et tourisme : enjeu économique H2 : Appropriation et tourisme : un enjeu économique qui laisse place à une appropriation partielle des ressources locales. Partiel +/- H3 : La relation entre activité touristique et appropriation n’est pas engagée car la présence de l’activité touristique n’est pas assez développée appropriation et tourisme : relation erronée. Développement Le tourisme est un outil d’appropriation des ressources à la fois par les habitants et pour les touristes. Cette appropriation préalable et la fierté de l’habitant l’encourage à transmettre sa culture à autrui. Le tourisme permet de se rendre compte de ses richesses et encourage leur appropriation. Nous envisageons ici le tourisme comme un outil destiné à développer le territoire. Il peut impulser la création de projet touristique en mobilisant les ressources locales comme outil de développement. Dans certains cas l’activité touristique ne permet pas l’appropriation totale des ressources par les habitants puisqu’ils sont focalisés sur un enjeu dit économique. Ainsi l’appropriation ne sera pas totale car la finalité n’est pas de transmettre un savoir mais plutôt de retirer une contrepartie financière d’un échange éphémère. Ici l’activité touristique peut entraîner une certaine dépendance de la part des habitants. L’appropriation de l’habitant pour ses ressources peut parfois s’avérer délicate car le tourisme n’est pas une activité qui s’est développée de manière significative sur le territoire. Ainsi nous ne pouvons pas positionner l’activité touristique comme un outil d’appropriation car sa présence n’est pas suffisamment prononcée pour le prouver. Idée à contraster Le développement de l’activité peut néanmoins entraîner des effets pervers au sein de la société. Les échanges programmés avec les touristes peuvent inciter les villageois à transmettre une identité « arrangée » pour satisfaire les visiteurs. Parfois les habitants peuvent être tentés de ré inventer leur tradition pour voir se développer une activité sur leur territoire. En revanche nous pensons que dans le cas où l’appropriation n’est que partielle, nous pouvons entrevoir un bon moyen de conserver les ressources locales des habitants face à l’activité touristique. Bien qu’elle ralentisse l’appropriation des ressources locales par les habitants (car l’enjeu économique est plus grand que l’enjeu culturel) elle permet néanmoins d’échapper à leur disparation car le tourisme les entretiens. Dans ce troisième cas de figure, bien que le tourisme puisse être un outil destiné à dynamiser le territoire, les acteurs en présence ne s’en sont pas emparés bien qui soient clairement attaché à leur ressource. L’appropriation ne s’est pas faite par le tourisme mais elle est due aux caractéristiques générales de la société conservatrice de ses us et coutumes. Hypothèses complètes Hypothèses réduites Niveau d’appropriation 107 H3 : Appropriation d’enjeu et tourisme : absence Inexistant ; Absent 0 Tableau 8 : Récapitulatif du travail méthodologique entrepris du 01/06/14 au 15/09/15 Etape 1 Etape 2 Etape 3 Etape 4 Etape 5 Etape 6 Intitulé Période Recherche exploratoire juin 2014 août 2015 Analyse préliminaire juin juillet 2015 Investigation terrain juillet 2015 Analyse post-investigation août 2015 Phase opérationnelle août 2015 Objectifs - Se familiariser avec les thématiques ; - S’imprégner du projet de recherche et des territoires. Comprendre le développement de l’activité touristique à Oaxaca ; - Déterminer les profils à interroger. - Récolter de la matière pour faire avancer la recherche ; Vérifier mes hypothèses. - Définir les résultats préliminaires des enquêtes pour déterminer mes axes stratégiques. - Proposer des axes stratégiques ; - Mettre en place des fiches actions pour illustrer mes axes. Rendu final août – sept. 2015 Répondre aux hypothèses, vérifiées, infirmée, ou inadaptée ? - Rendre un mémoire de recherche appliquée. Actions Elaboration d’une bibliographie ; Lecture sur plusieurs thématiques : tourisme, patrimoine, tradition, gastronomie, durabilité, migration, développement ; - Confection des fiches de lecture. - Analyse des premiers éléments récoltés en juillet 2014 ; - Synthèse et réflexion autour des résultats ; - Choix précis de l’échantillon et mise en place des guides d’entretiens pour chaque profil. - Retranscriptions des entretiens semi-directifs ; - Analyse individuelle des entretiens suivie de l’analyse transversale des entretiens ; - Recueil, traitement, confrontation des entretiens. - Proposition de résultat face à l’analyse du travail sur le terrain ; - Recherches sur les méthodes de rédaction des plans d’actions ; Confrontation des résultats avec les hypothèses préalablement énoncées. Rédaction du mémoire ; - Vérification de la pertinence de l’ensemble du travail ; - Relecture, errata ; - Dépôt du dossier final. Moyens Outils - Sollicitation maître de mémoire et personnes ressources pour définir les objectifs du mémoire ; - Mise en place des retroplanning ; - Centre de ressources. Utilisation des notes quotidiennes réalisées lors de la première session à Oaxaca ; Utilisation de la méthodologie acquise en sociologie M2. Mobilisation des connaissances acquises en M1 & M2 pour proposer des actions viables - Réunion avec le maître de stage et le maître de mémoire. - Exploration du terrain ; - Prise de contact avec les acteurs ressources et fixation des RDV ; Réalisation des enquêtes auprès de 20 acteurs - Appréciation de la quantité d’information recueillit : suffisante ? Entretien semidirectifs ; Observation participante ; - Entretiens informels ; - Journaux de bord quotidien ; - Photographie. Application des méthodes acquises en cours sociologie ; - Analyse des paroles des acteurs. 108 3.3 Précisions sur la troisième étape clés de notre travail : les enquêtes sur le terrain L’étape 3 constitue l’issue de notre mémoire et déterminera la réponse à notre problématique, c’est pourquoi nous avons choisi de la détailler ci-dessous : Quels sont enjeux liés à la réalisation de ces enquêtes ? - Préserver et valoriser le patrimoine culinaire et identitaire ; - Lutter contre les effets néfastes du tourisme sur l’identité culinaires des populations ; - Favoriser la transmission des traditions auprès des touristes ; - Faire des habitants des acteurs clefs du développement territorial. Quels ont-été les objectifs des enquêtes ? - Faire un état des lieux sur la manière dont les populations considèrent leur alimentation ; - Déterminer de quelle façon l’activité touristique peut jouer un rôle dans le processus de développement social des populations locales ; - Savoir si l’activité touristique peut permettre de renforcer les liens et l’attachement des habitants pour leurs ressources alimentaires. Choix des profils à interroger et justification : quels échantillons ? Pour vérifier nos hypothèses nous avons défini quatre profils à interroger pour tenter de répondre à notre questionnement : Type d’acteur Profil Acteur social Acteur social Acteur social Acteur institutionnel Habitants Cuisinières et Restaurateurs Touristes Acteurs touristiques Analyser l’offre gastronomique proposé par les cuisinières traditionnelles ; Comprendre les motivations des restaurateurs face aux touristes. Connaître les habitudes et préférences alimentaires des visiteurs ; Comprendre les motivations des touristes. Faire un état des lieux du tourisme alimentaire perçu par les institutionnels ; Comprendre comment ils envisagent la relation : tourisme et gastronomie. Comprendre le Pourquoi interroger ce profil ? Objectifs ressentiment des habitants face à l’activité touristique en lien avec le patrimoine alimentaire ; Déterminer si les habitants éprouvent un besoin de partager, de montrer leur identité culinaire. Mesurer l’attachement que les habitants ont pour leur patrimoine alimentaire. Déterminer les produits phares, les plats les plus appréciés des touristes ; Comprendre ensemble leurs besoins. Formuler l’offre touristique gastronomique recherchée par les touristes. Mesurer leur volonté de créer des projets de développement touristique alimentaire impliquant la communauté. Tableau 9 : Justification du choix des profils à interroger lors des enquêtes sur le terrain 109 Elaboration des guides d’entretien Par soucis de clarté vous retrouvez les quatre guides d’entretien en annexes L ; M ; N et O. L’ensemble des enquêtes ont été réalisées en autonomie et nous ont permis de faire un diagnostic du développement de l’activité touristique dans les deux villages (Teotitlán et Tlacochahuaya) situés sur la route touristique du Mezcal. Ces entretiens qualitatifs ont été réalisés au cours du mois de juillet 2015. Il faut y ajouter les entretiens informels, des journaux de bord quotidien, les photographies, les recherches exploratoires et les réunions avec le maître de mémoire et le maître de stage qui nous ont permis de récolter l’ensemble des informations qui seront présentées dans le prochain chapitre. Cette troisième sous-partie était consacrée à la description de notre méthode de travail dans le cadre de la réalisation de notre stage. Nous avons mobilisé les personnes-ressources pour mener à bien notre étude et pour proposer une analyse cohérente avec le territoire d’action. En résume du chapitre 1 La présentation de la politique nationale de développement du territoire mexicain nous a permis de mieux cerner les enjeux des territoires. Le Mexique se concentre depuis peu sur son offre gastronomique en la rattachant au secteur touristique. A son tour le ministère du tourisme de Oaxaca a reconnu la gastronomie comme un attraction touristique sur la route des chemins du mezcal. Cet engouement nous invite à nous questionner sur le potentiel de la gastronomie dans ces villages. Comme nous le rappelons dans nos hypothèses nous imaginons que le tourisme peut se convertir en un outil dès qu’il aide à se rendre compte de ses richesses locales et à se les approprier. Ainsi la partie suivante consiste au traitement de notre problématique par l’étude de nos hypothèses. L’ensemble des données récoltées sur le terrain sont résumées pour les deux villages selon trois thématiques : l’activité touristique, le patrimoine alimentaire et les traditions locales. Pour des contraintes temporelles l’abondance des données peut paraître volumineuse c’est pourquoi nous avons cherché à aller à l’essentiel dans notre raisonnement. 110 Chapitre 2 : Analyse thématique du travail sur le terrain : Teotitlán et Tlacochahuaya deux territoires qui présentent des caractéristiques touristiques bien distinctes Au regard des caractéristiques des territoires et des données récoltées grâce à une première phase exploratoire, nous avons confectionné des guides d’entretien pour parvenir à récolter l’ensemble des données que nous allons vous présentez ci-après. Pour mieux cerner les raisonnements de chaque individu et de chaque profil nous présentons chaque entretien réalisé en annexes P ; Q et R. Nous présenterons dans ce chapitre une analyse des résultats obtenus à Teotitlán suivie de l’analyse de données récoltées à Tlacochahuaya. 1. Teotitlán : un village qui se nourrit de l’activité touristique en mobilisant l’artisanat, la gastronomie et les traditions culturelles 1.1 L’activité touristique repose sur des échanges matériels et immatériels Nous allons dans un premier temps, décortiquer la perception qu’ont les habitants de l’activité touristique. Cette analyse sera suivie de la définition de la gastronomie par les communautés. Et pour finir nous mettre en lumière l’importance de la conservation des traditions au sein du village. 1.1.1 Le tourisme perçu comme un moyen de subvenir à ses besoins mais qui rencontre des difficultés de développement 1.1.1.1 Le tourisme international comme une ressource économique DES TOURISTES CURIEUX DE CONNAITRE LES COMMUNAUTES Les habitants perçoivent les touristes comme de curieux visiteurs, extérieurs à la communauté. Ils sont généralement curieux de découvrir l’offre gastronomie, artisanale et culturelle qui sont peu connues à l’extérieur de la communauté. « Un touriste est une personne qui ne vient pas de cette communauté, il pourrait être d'une autre population ou même de l’état de Oaxaca qui vient de visiter et connaître ce qu’une communauté lui offre, par exemple ici, dans les Vallées Centrale une personne de la ville de Oaxaca peut venir et admirer ce qu'il y a dans la communauté. Le touriste peut être une personne externe à la communauté qui vient découvrir ce dont la communauté dispose en termes de gastronomie, d’artisanat, de culture et qui sont pratiquement inconnus à d'autres communautés », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). 111 La cuisinière décrit les touristes comme des personnes désireuses de connaître plus particulièrement le patrimoine culinaire du village : « Qu'est-ce qu'un touriste? Celui qui regarde la beauté de notre Etat, de notre village et celui qui savoure la nourriture car ici à Oaxaca, la nourriture est très riche, alors je pense que les gens viennent voir combien il est agréable et viennent gouter ce que nous avons », (femme, 42 ans, cuisinière Teotitlán). Généralement nous avons observé que dans le village de Teotitlán les touristes sont perçus comme des personnes ressources pour les habitants et les interrogés ne perçoivent pratiquement jamais le tourisme comme une menace. LE TOURISME INTERNATIONAL COMME UN MOYEN DE SURVIVRE D’après les témoignages les touristes internationaux sont les plus nombreux à dépenser sur le territoire. Il semblerait qu’il existe plusieurs types de touristes selon les habitants : les touristes locaux mexicains qui se distinguent des touristes internationaux le plus souvent américains. Les touristes étrangers semblent plus curieux que les locaux car ils recherchent une offre culturelle et gastronomique plus ample. PROVENANCE DU TOURISME INTERNATIONAUX (USA) ET MEXICAINS Généralement, l’ensemble des acteurs s’accordent pour dire que les touristes américains sont les plus nombreux et les plus généreux sur le territoire. D’autre part nous distinguons une présence importante des touristes nationaux provenant du District Fédéral, de Puebla, des Etats proches de celui de Oaxaca. 1.1.1.2 L’activité touristique freinée pour plusieurs raisons parmi lesquelles les conflits sociaux et le manque de mobilisation à l’échelle locale et étatique LA SATURATION DU MARCHE ET LES PROBLEMES SOCIAUX ENTRAINENT LA BAISSE DE LA FREQUENTATION TOURISTIQUE Les habitants interprètent la baisse de l’activité touristique selon deux approches : d’une part la saturation du marché de l’artisanat, car les habitants travaillent avec des revendeurs, notamment aux frontières avec les Etats-Unis et d’autres part les problèmes sociaux des enseignants à Oaxaca ont également provoqué une baisse de l’activité. 112 « Malheureusement, le marché s’est saturé aux frontières, le marché a été saturé dans d’autres endroits, avec de l'artisanat qui n’étaient pas typiques d'ici. Ensuite, pour s’être saturé, logiquement arrive la débâcle c’est-à-dire que tout a perdu de sa valeur et aussi, les personnes qui avaient commencé à s’accaparer le produit, furent celle qui le vendaient à d'autres endroits. Donc c’est à partir d’ici que le tourisme a cessé de se développer et peutêtre les conflits sociaux qu’a connu l'état de Oaxaca au cours des années 80 jusqu’à aujourd’hui ont fait que le tourisme diminue. Donc l’avenir touristique de Teotitlán semble difficile, semble difficile », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). * « Si exactement, 2006 a été très fort, comme si peu à peu les gens se retire. Donc, ici, deux mois étaient occupés par le tourisme, mais maintenant petit à petit », (homme, 65 ans, habitant Teotitlán). * « Maintenant, c’est plus calme parce que le tourisme a beaucoup diminué depuis tous les problèmes qu'a rencontré Oaxaca et tout ceci est un peu lent, mais nous poursuivons dans ce domaine, offrant la nourriture typique aux touristes qui viennent encore », (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). L’activité touristique semble avoir subi les conséquences des manifestations sociales concernant les enseignants. Depuis 2006, les habitants observent une baisse considérable de la fréquentation touristique. En revanche, les cuisinières traditionnelles reconnues à l’international ne semblent pas avoir rencontrées de défaillance dans leur activité. Nous observons un manque de mobilisation à plusieurs niveaux : au sein même des villages et au niveau de l’Etat de Oaxaca. Ces éléments freinent considérablement l’efficience de l’activité touristique : MANQUE DE MOBILISATION DANS LES VILLAGES POUR IMPULSER LE TOURISME En revanche malgré cette réelle volonté de voir se développer le tourisme sur le territoire, les individus manquent de moyen et de motivation. Les cuisinières propriétaires d’un restaurant dédié aux touristes aimeraient voir plus de clients mais par manque de temps ne peuvent pas s’y consacrer entièrement. Par exemple, plusieurs restaurants ne sont jamais annoncés (panneau signalétique) ou peu présents sur internet, les cuisinières savent que c’est important mais le feront quand elles auront l’occasion. « C’est aussi notre faute de ne pas avoir des panneaux qui indiquent le restaurant, c’est aussi ce que l’on va mettre », (femme, 42 ans, cuisinière Teotitlán). 113 L’INTERVENTION INSUFFISANTE DE L’ETAT ET DE LA STyDE Les habitants semblent être en attentes d’une action de la part du gouvernement et du Secrétaire d’Etat au tourisme. Leur réussite repose sur ces entités qui semblent malheureusement se concentrer sur d’autres priorités plutôt que de développer le tourisme à Teotitlán : « Eh bien, cela, je pense que ce serait au secteur gouvernemental d’engager la conversation avec les guides de tourisme, ou un plan de travail, pour voir ce qui peut, qu’est-ce qui peut, qu’est-ce qu’ils peuvent changer pour améliorer le profit à la fois pour les touristes et pour les villageois », (homme, 55 ans, habitant Teotitlán). * « Oui, bien sûr, nous espérons maintenant que le gouvernement fédéral puisse contrôler les professeurs. Nous espérons qu’ils le fassent et puis un jour ça va se calmer et le tourisme va revenir. Ensuite le gouvernement fédéral aidera ici pour devenir « village magique », (homme, 65 ans, habitant Teotitlán). MANQUE DE DIFFUSION ET DE COMMUNICATION D’un point de vue général, tous les individus interrogés pensent qu’il serait nécessaire d’entreprendre un réel travail de diffusion et de promotion du village pour voir entrer plus de touristes sur le territoire. « Par exemple à Teotitlán ils ont un centre, enfin un comité d’écotourisme où ils font des visites, des activités, du vélo, mais ce qui ici est nécessaire impérativement c’est la promotion, ce n’est pas connu », (femme, 38 ans, actrice touristique). * « Bon, si réellement, nous envisageons de promouvoir, ce qu’est la gastronomie Teotitlán et son offre pour le tourisme je pense que si ça peut rencontrer un certain succès. Pourquoi ? Parce qu'ils sont, comment dire, ce sont des saveurs qui ne sont pas connues, ce sont des saveurs méconnues par les touristes internationaux, et même par le tourisme national, ce sont des saveurs hautement conservées au sein de la communauté qui ne pourront pas facilement se trouver dans d’autres endroits. Pour ainsi dire, nous connaissons ce qu’est la gastronomie d'autres pays, mais de la population de Teotitlán conserve beaucoup, beaucoup de saveurs qui n’ont pas été transmisses », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). LE CAS DES GUIDES TOURISTIQUES « LIMITATEUR » A Teotitlán les habitants aimeraient pouvoir travailler davantage avec les guides touristiques. Les groupes de touristes entrent dans les villages le plus souvent accompagnés de leur guide. Ces derniers limitent les déplacements des touristes au sein des villages car ils sont contraints de poursuivre le parcours inclut dans le package des visiteurs. Economiquement, l’habitant tisseur souffre de la situation : 114 « C’est-à-dire que le secteur touristique, je le vois aussi comme s’il avait des limites à cause des guides de tourisme parce que, je ne sais pas s’ils reçoivent un pourcentage pour accompagnés les touristes à certains endroit au lieu d’aider les communautés, parce qu’aussi le guide de tourisme sortira bénéficiaire jusqu’à sa famille, s’il y aurait plus d’opportunité qu’ils permettent le développement économique », (homme, 55 ans, habitant Teotitlán). L’ensemble de ces aspects ont tendance à considérablement réduire le développement de l’activité touristique. 1.1.2 L’artisanat, la gastronomie et le mezcal support de l’offre touristique de Teotitlán 1.1.2.1 L’artisanat et la gastronomie : deux activités culturelles qui dynamisent de manière significative le territoire L’ARTISANAT LA PREMIERE SOURCE DE REVENU Comme nous l’avons précisé, les habitants se consacrent pour la majorité à l’art du tissage. La vente de tapis dépend de toute évidence de la fréquentation touristique du territoire. POTENTIEL DU PATRIMOINE ALIMENTAIRE : SUBVENIR A SES BESOINS QUOTIDIENS L’ensemble des cuisinières considère que la gastronomie peut se convertir en un attrait touristique, il s’agit de proposer un bon repas et de ressentir l’envie de le partager. Nous avons remarqué que l’ouverture de petits restaurants appelé comedor permet de subvenir aux besoins de toute une famille. La préparation des repas pour les visiteurs permet aussi de nourrir la famille car les plats qui ne seront pas vendus seront destinés à alimenter le cercle familial. Ainsi la création d’un restaurant permet d’obtenir un somme d’argent pour préparer le repas de la famille et aussi de combler les frais quotidiens comme par exemple les fournitures pour l’école des enfants. 1.1.2.2 Route touristique du mezcal : une initiative récente peu assimilée par les habitants ROUTE DES CHEMINS DU MEZCAL : DEMARCHE POLITIQUE ET ECONOMIQUE La route touristique appelée « La Ruta Caminos del Mezcal » est un projet qui a été impulsé par le ministère du tourisme. A l’origine, nous avions la route touristique de Mitla, à laquelle les autorités ont ajoutés le village de Matatlán, capitale mondiale du Mezcal pour ainsi la renommer la Route Touristique des Chemins du mezcal. 115 L’inauguration a eu lieu en mars 2014 mais les habitants n’ont pas été mobilisés pour la mise en place cet événement. Ils sont peu renseignés sur ce en quoi consiste la route et parfois curieux de comprendre la démarche de la STyDE. Les habitants ne semblent pas s’être appropriés cette initiative, car ils n’ont pas été intégrés au projet de la STyDE. « Ecoute, ce thème je ne suis pas au courant, si j’ai vu les panneaux, mais non, je ne sais pas », (femme, 32 ans, habitante Teotitlán). * « Si j’ai entendu parler de ça, ce mot mais je ne sais pas de quoi il s’agit, tous les services je ne sais pas. Eh bien, j’ai entendu dire, très peu qu’il s’agit d’une route sur laquelle le touriste peut visiter, les touristes peuvent visiter, mais au fond je ne sais pas », (homme, 50 ans, habitant Teotitlán). La STyDE est consciente de ne pas avoir mobilisée l’ensemble des habitants dans la mise en place de ce projet, cependant il semblerait que les présidents des villages ne transmettent pas correctement les informations. 1.2 L’héritage du patrimoine alimentaire forge l’identité culinaire des villageois de Teotitlán 1.2.1 Des coutumes alimentaires qui reflètent un attachement sentimental et une cuisine saine Il existe une multitude de coutumes à Teotitlán qui nous a semblé important de mettre en valeur avant d’entreprendre l’analyse transversale des discours : FIERTE DES CUISINIERES A CONFECTIONNER LES PLATS LOCAUX Les cuisinières sont fières de transmettre leur nourriture aux visiteurs car elles éprouvent le plus souvent un réel succès. Lorsqu’elles reçoivent des compliments, cela les encourage à poursuivre leurs efforts et à continuer à partager leur sentiment à travers la nourriture. LE PATRIMOINE ALIMENTAIRE DE TEOTITLAN : UNE FIERTE POUR SES HABITANTS « Notre gastronomie à Teotitlán, « nombre », écoute « híjole », c’est une nourriture pour nous, pour nos estomacs qui a présent sont habitués, délicieuse. C’est une gastronomie pour notre palais très, très riche. On pourrait visiter d'autres endroits mais il n’y a pas, d’après moi, il n’y rien de semblable à Teotitlán. Nous pouvons manger « un espesado de chepil » comme ils disent qui se prépare avec du « chepil », du maïs, des fleurs de courgettes, délicieux, pas de matières grasses, tout naturel, tout, tout naturel », (femme, 32 ans, habitante Teotitlán). 116 UNE CUISINE TRADITIONNELLE A BASE DE PRODUITS FRAIS ET NATURELS90 L’utilisation des produits sains caractérise la gastronomie du village, depuis toujours les cuisinières ont travaillé des produits locaux c’est pourquoi les habitants considèrent qu’il s’agit bien d’une nourriture seine et naturelle ce qui explique son succès : « C’est très important parce que, et bien je pense que c’est notre communauté, ça se fait peut-être dans d’autres villages, c’est très sain, généralement, ça se prépare avec des choses fraîches, des légumes frais, de la viande fraîche tout ceci est très bon pour la santé », (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). * Peut-être parce qu'ici nous mangeons tous des produits plus nutritifs et naturels, parce que si tu vas dans d’autres endroits il y a des pizzas, des hamburgers, des choses très lourdes qui ne sont pas saines et ici il y a beaucoup de légumes, par exemple dans mon menu, je propose des salades et les gens aiment ça aussi en dehors de tlayudas, (femme, 42 ans, cuisinière Teotitlán). 1.2.2 La conservation des pratiques alimentaires par les villageois montrent leur capacité à transmettre des savoirs et savoir-faire culturels intacts ORGANISATION SOCIALE TRADITIONNELLE : L’HERITAGE ET REPARTITION DES TACHES : LES CUISINIERES ET LES TISSEURS Rôle des hommes, rôle des femmes, qu’est-ce qui les distinguent ? Quels sont leurs préoccupations respectives ? Généralement les hommes se consacrent à l’artisanat (ils confectionnent des tapis de laine) et à l’agriculture, ils sèment et récoltent le maïs pour l’autoconsommation. Les femmes sont également passionnées par l’art du tissage, mais s’occupe d’entretenir la maison : elles se chargent d’aller au marché tous les matins pour pouvoir préparer les repas quotidiens. Nous avons observé à plusieurs reprises l’illustration du machisme mexicain au sein de la communauté, l’homme occupe une place prépondérante au sein du foyer, il prend la parole pendant les fêtes traditionnelles et n’hésite pas à intervenir pendant les entretiens. Seuls les hommes peuvent accomplir des services pour la communauté, les femmes ne sont pas nommées. 90 VAZQUEZ GUDINO Irene. Estrategias locales de valorización de la gastronomía tradicional de Teotitlán del ème Valle en la ruta “Caminos del Mezcal”. 4 Congrès International de l’Observatoire de l’Alimentation, Barcelone, Otras maneras de comer: Elecciones, convicciones, restricciones. Le 10 juin 2015. 117 « Ici, la coutume et les traditions disent que les filles commencent la cuisine très tôt et les garçons travaillent dans le textile Dans mon cas, nous sommes une famille de sept frères et sœurs, je suis la numéro 4, nous sommes trois femmes et quatre hommes. Donc mes frères allaient depuis tout petits avec mon père teindre, laver la laine, et mes sœurs et moi avec ma maman nous aidions dans la cuisine, pour commencer à cuisiner, apprendre à faire une sauce, apprendre à moudre un « atole », ainsi toutes les bases que chaque femme doit apprendre à Teotitlán avec les coutumes que nous avons » ; (femme, 48 ans, cuisinière Teotitlán). TRADITION A L’ISSUE D’UN MARIAGE : LA BELLE MERE CONFIE SES SAVOIRS-FAIRE A SA BELLE-FILLE La tradition veut que quand une jeune femme se marie, elle doit apprendre à cuisiner avec sa nouvelle belle-mère pour acquérir sa façon de cuisinier et pour que le jeune marié ne soit obligé de s’adapter à d’autres saveurs. « Ce restaurant a commencé à partir de l’arrière-grand-mère de ma belle-mère. […] Ils venaient le vendredi vendre leurs produits sur le marché. Et puis elle préparait un ou deux repas, les vendait. Et puis à partir de là, la génération suivante a arrêté de le faire, mais mon beau-père a repris l’affaire et a commençait à vendre quelques repas alors que le tourisme commençait à se développer. A ce moment-là, les Américains et les autres touristes entraient dans le village, ils commencèrent à vendre d’une façon très rustique, ils avaient seulement deux tables, et ils vendaient des tacos et des choses comme ça. Mais peu à peu le tourisme devenait de plus en plus important, dans les années 90 il a été très fort et ce fut quand ils remodelèrent et qui commencèrent à mettre en forme le commerce. Et à partir de là, quand je me suis marié avec leur fils, j’ai commencé à les aider, et ça fait maintenant cinq ans, qu’elle a pris sa retraite et qu’elle m’a laissé le restaurant » (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). 1.2.3 Des spécificités significatives observées auprès des cuisinières renommées SUCCES DES CUISINIERES QUI VIVENT SEULES (jamais mariées) Nous avons remarqué une coïncidence curieuse à Teotitlán del Valle. Les cuisinières qui vivent seules, qui ne se sont jamais mariées s’affirment davantage et se constituent une certaine renommée autour de la gastronomie. La création d’une affaire leur a permis d’ouvrir certaines portes et ainsi d’impulser le tourisme dans le village. Les habitantes qui offrent leurs services culinaires aux touristes et qui vivent en couple ne semblent pas connaître le même succès que les femmes seules. Est-ce que l’organisation sociale du village (rôle de l’homme et rôle la femme) joue un rôle ? « Et c’est aussi intéressant parce que dans le cas d’Abigail, je crois qu’elle ne s’est jamais mariée. Je ne suis pas certaine, mais il faut vérifier. Reyna ne s’est jamais mariée, c’est une femme de 39 ans dans un village, pourquoi ? C’est d’ici que vient une partie de son succès. 118 Pourquoi ne s’est-elle jamais mariée ? Elle n’avait pas de mari et n’avait pas une famille à entretenir, elle n’avait pas d’enfant, elle pouvait se consacrer à son affaire », (femme, 42 ans, anthropologue). Petit à petit les femmes du village s’affirment dans la communauté. Un groupe de femmes seules, veuves ou dont le mari est parti travailler aux Etats-Unis se sont regroupées en une coopérative destinée à promouvoir leur travail artisanal à l’extérieur du village. Cette initiative féminine a été perçue comme un réel choc pour les habitants du village car c’était la première fois (il y a 17 ans) que les habitantes s’autorisaient à créer un projet de telle envergure. SUCCES DES CUISINIERES QUI ONT SU SE FAIRE DES RELATIONS « Je ne suis pas certaine mais d’après moi, connaissant les villages d’artisans, c’est un peu ce qui se passe à Teotitlán, ils existent des cas exceptionnels de personnes qui pour une raison probablement parce qu’elle ont des bonnes relations avec un américains, dans le cas d’Arnulfo, il s’est marié avec Mary Jane, et ce sont une cas exceptionnels, ils ont appris à faire un bon commerce avec des étrangers et si tu regardes la cuisine de Reyna Mendoza par exemple elle a cette esthétique, l’esthétique qu’espère rencontrer un américain », (femme, 42 ans, anthropologue). * « C’est la meilleure experte en relation publiques, je ne suis pas en train de critiquer mais je dirais que c’est une exception et non la règle. C’est une personne exceptionnelle au sein d’une communauté, elle ne représente en rien la communauté, c’est une exception à l’intérieur d’une communauté, ce n’est pas un modèle. Et d’autres personnes qui si au mieux sont parvenues à avoir un peu de succès grâce à elle aussi, mais ce n’est pas comparable avec ce qu’elle a réussi à faire », (femme, 42 ans, anthropologue). 1.2.4 L’offre gastronomique influencée par les pratiques alimentaires locales et étrangères : adaptation des traditions culinaires DES HABITUDES CULINAIRES LOCALES QUI RÉDUISENT L’ACTIVITE DES RESTAURANTS Généralement les habitants sont peu habitués à manger en famille à l’extérieur, ce qui explique éventuellement le nombre restreint de restaurants dans les villages. Dans la mesure où les femmes cuisinent tous les jours la même nourriture qui est proposée dans les restaurants, les habitants ne voient pas l’avantage de sortir manger à l’extérieur une nourriture qu’ils peuvent trouver chez eux. En revanche dans la soirée, certains habitants sortent entre amis, pour manger un hamburger ou de la nourriture qui ne se fait pas chez soi. 119 « Comme je t’ai dit, ils ne viennent pas au restaurant, à aucun des trois qu’il y a, les gens du village ne sont pas habituer à dire : « demain allons manger dans ce restaurant, ou à celuilà », non, ils sont habitués à manger toujours dans leur maison. Seulement les secteurs, la municipalité, les docteurs, les maîtres des différentes écoles, eux si viennent consommer, mais le village non », (femme, 48 ans, cuisinière). * « Puisqu’ici normalement tout le monde préparent sa nourriture dans sa maison, du coup personne ne sort manger à l’extérieur. Donc seulement quand il y a des événements, ou des choses comme ça, et qu’ils souhaitent manger quelques chose, pour célébrer c’est quand ils mangent à l’extérieur », (femme, 30 ans, cuisinière). * « Ce qui se passe c’est qu’il faut reconnaitre qu’il n’existe pas une culture de manger, enfin si tu vas dans les villages, il n’y a pas une culture de manger dans les restaurant non plus, les gens, si tu vis dans un village, tu manges chez toi. […] parce que tu vas manger la même chose, c’est plus cher et pourquoi faire ? Si tu vas manger une « tlayuda » pourquoi ne la manges tu pas chez toi ? Ce qui oui existe c’est une culture dans la soirée sortir manger un petit taco, une « memela » quelque chose de simple dans la rue, mais les villages, personne, la nourriture se mange toujours chez soi, se mange toujours chez soi, (femme, 42 ans, anthropologue). PREFERENCES DES TOURISTES POUR DES PLATS LOCAUX ET LES MEXICAINS COMMANDENT DES PLATS AMERICANISES : ECHANGE CULTUREL DES SAVEURS « J’ai remarqué par exemple, dans le menu que je propose le club sandwich, les « tortas », les « baguettes », ces produits là les mexicains ont l’habitude de commander le club sandwich et le sandwich, la baquette et la « torta ». Et les personnes provenant d’autres pays ont pour habitude de commander des « tlayudas », des « quesadillas », des « tostadas », et des omelettes », […] parce que le traditionnel c’est les « tlayudas », les « quesadillas », les « tostadas », un peu aussi les « tortas », et un peu de, le club sandwich n’est pas mexicain je crois mais cependant, les personnes d’ici de ce village, les jeunes viennent me l’acheter. C’est drôle mais c’est comme ça », (femme, 42 ans, cuisinière). LES HABITUDES ALIMENTAIRES DES TOURITES FACE A LEUR ESTOMAC FRAGILE… « Moi, j’ai choisi ces plats parce que j’ai pensé que les touristes quand, parce que moi aussi je sors faire la fête a Guanajuato, vendre mes produits de tapis de laine. Et je souffre de ça, quand je vais dans un lieu, je n’aime pas la nourriture, je vais dans un autre, et au final je ne préfère pas manger parce que ça ne me plait pas, rien ne m’a convaincue parce que je voulais manger quelque chose de bon, et je pense que les touristes quand ils viennent ici, ils souffrent quand ils ne mangent pas bien, ils n’aiment rien, ou parfois aussi, ils arrivent avec des maux d’estomac parce qu’ils n’ont pas aimé », (femme, 42ans, cuisinière). * « Nous autres les oaxaqueniens notre organisme est maintenant habitué aux « nopales » et les personnes qui ne l’ont pas mangé, ce n’est pas que c’est mauvais, ou qu’il a été mal cuisiné mais que leur organisme parfois n’est pas habitué à ça, c’est que le « nopal » agit comme laxatif », (homme, 50 ans, habitant Teotitlán). *nopal : cactus, figuier de Barbarie 120 …ENTRAINENT PARFOIS L’ADAPTATION DES MENUS ET DE CERTAINS PLATS Nous avons remarqué trois cas de figures, certaines cuisinières ont choisi de ne pas modifier leur manière de cuisiner, d’autres ont adapté leurs pratiques autour de la présentation des plats pour que ça soit plus simple pour le touriste et pour finir, d’autres changent les recettes pour que le touriste puisse en profiter : Pas de changement « J’ai toujours cuisiné pareil. Je n’ai rien changé parce que depuis que j’ai commencé à cuisiner à ma façon, je sais que ça leu plait, et je n’ai pas besoin de rien changé, c’est ce que je pense », (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). * « Non, ils ne changent pas, pourquoi ça changerai, ici nous mangeons ce qui est aussi dans le restaurant, ma famille, j’ai trois enfant et mon époux, nous sommes cinq dans la famille, leur palet est habitué à la saveur de toujours, de la cuisine des grands-mères, ma façon de cuisiner, donc nous n’allons pas changer le basique, ils vont me dire pourquoi ça n’a pas le même gout que d’habitude, et ils s’en rendent compte par exemple quelqu’un qui m’aide dans la cuisine, elle cuisine un jour une sauce ou commence à préparer un « amarillo » et eux me disent : « non mais pourquoi ça n’a pas le même goût que quand c’est toi qui cuisine, c’est pas toi qui l’a préparé ? », (femme, 48 ans, cuisinière Teotitlán). Changements apportés dans présentation mais pas dans les recettes « Non, bon tous les plats ne sont pas comme moi, comme nous les mangeons ici, tous depuis le moment où j’ai commencé à les servir, je les aie fait à ma manière, à mon goût parce que je présentais les plats sur la table de façon que les touristes puissent le manger parce que nous autres nous les mangeons d’une manière très rustique, très naturelle parce que nous le mangeons avec de grandes « tlayudas » et maintenant je le sers avec des petites tortillas blanches. Donc tout ceci j’ai réfléchis comment faire pour présenter ces plats sur la table, mais les saveurs je ne les change pas. Seulement la forme ou la texture, la texture c’est la même, non, non, ça ne peut pas être la texture parce que nous le mangeons rustiquement, si c’est une soupe, elle est épaisse, parce que nous l’adaptons à notre forme mais maintenant parce que les gens viennent et mange avec une cuillère, nous nous la mangeons uniquement avec des tortilla, eux arrivent, tu apportes le plats sur la table, et les gens ne peuvent pas la manger avec une tortilla parce qu’ils ne savent pas manger de tortillas. Donc les gens sont habitués à utiliser les couverts donc j’ai pensé à ça, et allez, nous allons faire comme eux le font, mais c’est ma saveur et c’est ma cuisine, c’est la même cuisine aussi, avec un couteau avec une fourchette pour qu’ils puissent manger » (rires), (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). 121 Adaptation des recettes et des menus « Il y a des touristes qui ne mangent pas ce qui est « mole » ou des choses comme ça parce que c’est fort en goût, donc nous avons ajouté des choses plus légères comme des salades, et il y a aussi des gens qui ne mangent pas de viande », (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). * « Non, moi je propose deux options, les deux options parce que je comprends qu’ils ne disposent pas de tous les ingrédients que nous avons-nous, en commençant par le piment. En ce moment, ce qui est en train de se passer c’est que le piment « guajillo » a remplacé tant de piment. Mais nous, c’est-à-dire que la recette originale nous la faisons ici mais nous leur proposons deux options qu’ils peuvent choisir pour voir, je veux dire, plus ou moins, la préparation des plats, parce que je comprends que toutes les techniques ils ne vont pas savoir les réaliser. Donc oui, nous adaptons un peu les recettes aussi », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). Nous remarquons que les touristes cherchent à découvrir des plats locaux tandis que les jeunes mexicains du village vont manger à l’extérieur de la nourriture américanisée. 1.3 Les traditions conservées qui laissent place à une certaine unité au sein du village 1.3.1 Une village dont les traditions font la renommée LA CONSERVATION DES TRADITIONS FAIT LA RENOMEE DE TEOTITLAN Les coutumes et les traditions sont encore fortement présentes à Teotitlán. Nous avons observé que les fêtes traditionnelles étaient particulièrement conservées dans ce village. Elles s’illustrent quotidiennement et guident les villageois dans leurs activités: les tenues que portent les habitantes, les repas typiques du village, la langue indigène parlée par la majorité des habitants. Dans les deux territoires nous remarquons une certaine fierté des habitants pour leurs racines et leurs traditions. En revanche ces traditions sont différentes d’un village à l’autre. A Tlacochahuaya, les habitants sont conscients que leurs traditions se perdent. Par exemple en réaction à ce constat des actions destinées à sauver la langue zapotèque sont mises en place par certains habitants. Nous imaginons que la conservation des traditions à Teotitlán explique certainement sa renommée et son attractivité quasi incessante. A Tlacochahuaya les habitants n’ont peut-être pas su autant conserver ces coutumes. 122 Autrefois il était très commun de voir de jeunes couples se marier à un âge prématuré. En revanche aujourd’hui les jeunes habitants préfèrent commencer une carrière professionnelle et quitter le village : « Moi j’étudiais, donc j’étais très jeune, très jeune quand je me suis mariée, j’avais 16 ans. Donc j’ai laissé l’école et j’ai décidé de me marier parce qu’ici à Teotitlán réellement se marier c’est comme fuir avec ton fiancé, et ça veut dire que c’est le moment du mariage, et débute tout le processus de Teotitlán que les parents vont prévenir que tu es à la maison, et fixer une date pour le mariage, et après pour le mariage civil pour tout ça. Et donc je pense que comme j’étais très jeune (rires) que je pensais qu’à me marier, et j’ai continué ce que eux faisait avec le restaurant et à partir de là j’ai plus pensé à autre chose », […] Mais je ne sais pas ce qui va se passer dans le futur parce que maintenant les jeunes souhaitent étudier plus et ils sont sans cessent en train de chercher une professions différentes. J’ai deux enfants, et ils étudient, un pour être dentiste et la petite pour devenir médecin, et donc dans le futur je ne sais pas ce qui va se passer, (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). Les habitudes sont nettement en train de se transformer dans certains villages. Nous aimerions dans un futur proche comprendre les causes et les conséquences de ces changements. 1.3.2 Des traditions ancrées qui parfois empêchent la bonne exécution des politiques touristiques mais dont certains habitants ont su faire preuve d’adaptation Comme nous l’avons précisé, la cuisine de Oaxaca est authentique selon ses habitants. Elle est le résultat d’une conservation des traditions et nous verrons plus tard que cette tendance à vouloir se protéger des influences extérieures peut constituer un frein pour le développement de l’activité touristique : RICHESSE GASTRONOMIQUE DE OAXACA : « LE BERCEAU DES SAVEURS » AUTHENTIQUES « Oaxaca tout particulièrement est le berceau des saveurs, parce qu’ici nous avons beaucoup et encore, les racines sont conservées, et la manière dont nous préparons, c’est ce qui je crois souhaite réellement connaître les gens ce qui est notre cuisine traditionnelle, l’authentique, moi je recommande qu’ils viennent à Oaxaca et qu’ils connaissent ce qu’est la cuisine traditionnelle mexicaine », (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). * « Nous commençons par les ingrédients, parce qu’on suppose que Teotitlán, bon ici nous sommes nous-même producteur de maïs, ici chaque famille sème son propre maïs, il n’y a pas besoin d’acheter du maïs à d‘autres endroits, tu sais qu’il a le maïs criollo (bio). C’est ce qui se passe avec le reste des ingrédients, parce que par exemple si tu amènes ton plat à un autre 123 endroit, ils te disent « regarde nous n’avons pas ceci, on va ajouter ça », donc à partir de là le plat change. Mais ce que nous sommes en train de chercher c’est que si tu le présentes bien, avec les ingrédients qui le rendent authentique pour que ça soit représentatif. C’est pour ça que dans les cours de cuisine nous cherchons aussi à donner un peu des informations sur quand se servent le plats, comment se préparent les fêtes ici, comment se préparent les mariages ici, quelle est la participation des femmes, parce que c’est très important la communauté. […] Donc je crois que le plat aussi c’est ça de continuer à le maintenir ainsi tel qu’il est pour ne pas perdre l’authenticité, (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). RELATION DELICATE ENTRE LA STyDE et LES VILLAGES – INTERACTION FREINEE PAR LA TRADITION Parfois la présence importante des traditions peut freiner les échanges entre les organisations extérieurs comme le Secrétaire d’Etat au tourisme. Par exemple nous avons remarqué que la volonté des communautés à préserver leur peuple peut limiter le rôle des agents touristiques. La STyDE ne peut pas s’imposer face aux villages régit par les « us et coutume ». Elle cherche à respecter les traditions des villages, c’est pourquoi elle ne souhaite pas intervenir et changer la manière de fonctionner de ce village au risque d’aller à l’encontre de leur identité. LOCATION DE TERRAIN AUX ETRANGERS : UN MOYEN DE SUBVENIR A SES BESOINS Pour finir nous souhaitions mettre en relief une pratique qui résulte des règles imposées par le régime des « us et coutumes ». Les étrangers ne sont pas autorisés à acheter des terrains à Teotitlán. Pour contourner ces règles imposées par la municipalité, certains habitants prêtent leur nom aux américains, pour leur permettre de séjourner plusieurs jours, à quelques mois dans le village. Les villageois, reçoivent en contrepartie une somme d’argent qui leur permet de remédier à leurs besoins. Cette première analyse nous montre que le village de Teotitlán vit essentiellement de l’activité touristique. S‘il n’y a pas de tourisme, il n’y a pas de revenu pour les villageois. Les événements conjoncturels ont nettement diminués les retombées économiques sur le territoire. En revanche, la mise en tourisme du patrimoine alimentaire du village semble être un bon moyen de dynamiser le territoire. 124 2. Le tourisme à Tlacochahuaya : une activité peu développée mais dont le potentiel ne fait pas de doute 2.1 Une offre touristique peu diversifiée mais bien accueillie par les habitants Nous avons remarqué que les habitants avaient une vision particulièrement positive des touristes. Certes ils perçoivent les touristes comme une source de revenu mais ils vont plus loin dans leur raisonnement en nous montrant qu’il est important de créer un échange plus aboutit pour encourager l’échange entre deux cultures. 2.1.1 Une rencontre enrichissante pour le visiteur et le visité : un échange interculturel particulier QU’EST-CE QU’UN TOURISTE ? « Pour moi un touriste c’est quelqu’un qui vient admirer les paysages que nous avons mais ça me parle plus comme une voyageur. Moi je préfère le touriste comme toi qui s’assoit, qui parle et qui partage une glace avec toi et qui vient chez toi ou quelque chose avec ces aspects plus poussés. […] Donc pour moi un touriste, s’il vient un moment admirer les atouts, c’est bien. Mais il y a plus d’impact quand sa présence est plus longue. Parfois pour des questions de temps ce n’est pas possible. Mais c’est très agréable vivre avec des personnes qui viennent visiter parce que tu leur montres ce que tu es, comment tu vis et je pense vraiment que ça permet notamment de changer les stéréotypes de certains lieux », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). RELATION ENTRE LE VISITEUR ET LE VISITE : UN ECHANGE INTERCULTUREL Nous remarquons que l’échange entre les touristes et les habitants de cette communauté sont particuliers. Il semblerait que les habitants sont réceptifs et prêts à accueillir plus de touristes au sein de la communauté. « Un bénéfice économique? Un bénéfice pour la communauté, bon le tourisme aussi t’apprend beaucoup de choses non ? Par exemple le tourisme c’est plus, comment pourrais-je l’expliquer, il s’intéresse plus à connaître les choses dont l’habitant dispose et que lui-même ne connait pas. Parfois un touriste va visiter le temple, il voit une peinture, parfois il sait plus de choses sur la peinture que celui qui vient d’ci. Et ça aussi parfois au lieu que ça soit nous qui l’enseignons, eux nous apprennent des choses et c’est bien parce que, regardez, ça me donne des frissons, parce que nous ne connaissons pas tout ce que nous avons malheureusement. C’est très important de connaître ce qu’une personne possède pour pouvoir échanger des expériences entre deux cultures », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). 125 2.1.2 Une offre touristique peu affirmée dont le développement ne semble pas être réellement évident La présence des touristes est généralement très courte dans le village en moyenne quelques heures. En effet à cause du manque d’infrastructures touristiques, le touriste ne séjourne pas au cœur du village. TLACOCHAHUAYA N’EST PAS UN VILLAGE TOURISTIQUE « L’activité principale c’est l’agriculture. C’est pour cela que parfois aussi, beaucoup de visiteurs demandent: “et qu’est-ce que vous faite comme artisanat ?". Il n’y en a pas parce que l’activité primordiale du village c’est l’agriculture. Nous plantons du mais, des haricots, des pois chiches, des fleurs, du cumin, de l’ail qui représente l’activité principale. Donc c’est pour cela qu’il n’y a pas une forme d’artisanat qui soit distinctive parce que les gens se consacrent aux champs parce que la terre est fertile », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). 2.1.2.1 L’offre touristique culturelle peu développée freine le développement de l’offre gastronomique LE TEMPLE COMME L’UNIQUE ATTRAIT TOURISTIQUE « Le touriste ce qu’il vient le plus visiter c’est le temple qui a été construit au XVIème siècle, à l’intérieur il y a beaucoup de choses que le touriste vient visiter, vient connaître, dans un premier temps le temple, la décoration. C’est l’unique chose il me semble », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). Les habitants n’ont jamais été amenés à fabriquer des objets artisanaux car ils se consacrent à l’agriculture. FAIBLESSE DE L’OFFRE GASTRONOMIQUE ET ABSENCE D’ARTISANAT « Je crois que ça serait bien par exemple, moi ce que je pensais beaucoup ici, en ce qui concerne le village, c’est qu’il n’y a pas un endroit où ils proposent de quoi manger. Il y a une petit comedor ici en face de la mairie, mais c’est l’unique endroit qu’il y a, et si j’ai vu qu’il y avait beaucoup de touriste, donc je dis que pour les habitants du village ça serait bien d’implanter un autre, je veux dire qu’ils vendraient de l’artisanat… Ici à Tlacochahuaya se produit beaucoup l’ail et le haricot, les habitants sèment. Donc c’est ce qu’ils peuvent proposer pour que ça soit bénéfique pour la communauté », (femme, 28 ans, actrice touristique). 126 2.1.2.2 Une fréquentation touristique faible qui s’explique par le manque de promotion touristique LE TOURISME ET LE MANQUE DE PROMOTION La faiblesse de l’offre gastronomique s’explique éventuellement par le manque de diffusion à l’extérieur de la communauté. « Et ce que nous faisons c’est chercher une manière de promouvoir parce qu’il y a beaucoup d’attraits touristiques dissimulés c’est-à-dire que les gens ne les connaissent pas ou qu’ils manquent d’une certaine promotion par exemple le temple de Tlacochahuaya », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). 2.1.3 L’influence du tourisme entraine des retombées positives dans le village 2.1.3.1 Potentialités de développement attribuées à l’activité touristique par les habitants LES AMENGAMENTS POUR LE TOURISME AMELIORENT LES CONDITIONS DE VIE DES HABITANTS « J’ai remarqué beaucoup de changements, qui sont dirigés dans l’objectif que le touriste emporte une belle image du village. Par exemple, antérieurement, le parc n’existait pas, le kiosque n’existait pas, l’autre parc qui est à côté n’existait pas. Donc indépendamment, les œuvres de création d’infrastructures pour que la communauté soit contente, ou heureuse dans son village, fière aussi, il y a comme un désir de donner une bonne image pour le touriste », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). LE TOURISME PERÇU COMME UN MOYEN DE DEVELOPPER LE VILLAGE « Moi je le vois comme un bon, comme une bonne option de développement pour le village, une bonne option pour échanger avec les gens, et par-dessus tout pour l’orgue, l’orgue attire beaucoup l’attention, ses concerts, il y a certaines caractéristiques qui peuvent nous unir au tourisme. Et simplement faire ce que toute la communauté souhaiterait faire, montrer au monde ce que tu es, je crois qu’au fond c’est l’essence même du tourisme, montrer ce que tu es, montrer ton identité linguistique, culinaire, culturelle non ? », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). * « L’idée aussi, la deuxième étape du marché municipal, derrière il y a un terrain de basket et ça serait bien de faire ici comme des paillotes ou quelque chose comme ça pour qu’ici le touriste puisse passer du temps, s’alimenter, une glace ou quelque chose, qu’il reste un moment pour que l’économie reste dans la communauté », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). 127 « Le touriste vient parce qu’il s’intéresse, parce qu’il a un certain intérêt culturel pour la découverte du patrimoine culturel dont dispose le Mexique, le patrimoine culturel de Oaxaca. Donc selon moi c’est une bonne option de… il y a un impact pour la communauté. Dans un premier temps aussi un impact économique parce qu’il aide à l’entretien du temple. De nombreuses activités et des projets se sont réalisés grâce au tourisme : restauration, achat des bancs, paiement de la facture d’électricité, il y a un impact économique oui », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). 2.1.3.2 Le modernisation du marché municipal : une réponse touristique de l’Etat qui entraine des transformations avantageuses ou superflues? LE MARCHE MUNICIPAL: UN NOUVEL ATTRAIT TOURISTIQUE? Le 13 août 2015, la municipalité a inauguré le nouveau marché municipal. Le projet a coûté 7 200 000 pesos (395 000€). Ce fut une initiative du gouvernement de l’Etat qui s’attache à remodeler plusieurs marchés des Vallées Centrales depuis 2012. Le nouveau marché compte 44 espaces pour accueillir les vendeurs et satisfaire ainsi les 5000 habitants du village. Lorsque nous étions sur le terrain, alors que la construction du nouveau marché été en train de se terminer nous avons obtenus les témoignages suivants qui montrent que le marché a été remodelé pour attirer les touristes sur le territoire : « En fait ils terminent de construire le nouveau marché, qui au mieux au regard de la manière dont il se construit, pour sa taille va devenir une attrait touristique pour le visiteur non ? Parce que avant l’autre était très petit, plus petit, il n’y avait pas beaucoup de variété en termes de produits peut-être donc qu’à présent c’est une autre option pour le visiteur », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). * « En ce moment, on suppose que le gouvernement est en train d’appuyer le village, ils réalisent la construction du marché, il semblerait que ça c’était l’idée d’implémenter le tourisme. Je ne sais pas comment ça va se poursuivre parce que il y avait des étals d’oranges, de pain, mais nous espérons que avec cette nouvelle construction augmente les produits que les habitants offrent, je crois qu’inévitablement, je pense que si », (femme, 28 ans, actrice touristique). UN NOUVEAU MARCHE MOINS TRADITIONNEL La mise en place du nouveau marché ne semble pas être au gout de tout le monde. Les marchés sont généralement spacieux, couverts et vivants. Celui-ci sépare chaque vendeur par des murs qui réduit considérablement l’espace et les échanges et s’il n’y a pas d’échange il n’a pas de spectacle. 128 « Tu vas voir un grand marché comme celui de Tlacolula, les dimanches, le tianguis c’est traditionnel et si tu le transformes complètement, un changement de 90, 60%... Tu sais qu’un marché local ici par exemple, le touriste va dire : les personnes que je vois sur les photos qui sont assises à même le sol et qui vendent leurs produits, où sont-elles ? Cette modernisation va affecter le tourisme. Parce qu’ils viennent voir les marchés traditionnels et anciens », (homme, 35 ans, habitant Tlacolula, vendeur Tlacochahuaya). 2.1.3.3 Les opportunités offertes suite au développement de la Route des Chemins du mezcal LA ROUTE DU MEZCAL : UN NOUVEL ELAN POUR DYNAMISER LE TERRITOIRE « Parce que ça bénéficie à la communauté plus que tout autre chose non ? Et actuellement ce qui semble vouloir se développement ici, c’est profiter que le village de Tlacochahuaya soit sur la route du mezcal non ? C’est ce qui se prétend aussi, promouvoir la gastronomie du village. Parce qu’ici dans le village la gastronomie est très différente par rapport à d’autres villages non ? », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). Les habitants semblent être conscients du potentiel touristique de Tlacochahuaya maintenant que le village a été intégré à la route. LES QUESTIONS POLITIQUES AUTOUR DE LA ROUTE DU MEZCAL Certains oaxaqueniens voient la mise en place de la route du mezcal comme un projet politique. Un habitant de Tlacolula, vendeur sur le marché de Tlacochahuaya pense que certains villages ont été intégrés à la route touristique pour répondre aux intérêts politiques du gouvernement. En revanche d’autres habitants imaginent que l’intégration du village de Tlacochahuaya a été possible pour ses atouts culturels et que cette initiative aura des retombées positives pour le village. Nous imaginons que la création du nouveau marché municipal va de pair avec la mise en place de la route du mezcal : « Je pense que c’est plus la route et à l’intérieur de cette route il y a le temple, celui-ci c’est l’attrait principal. Pour ne pas passer de Santa María del Tula directement à Teotitlán là où il y a les tissus et tout ça, ils ont intégrés Tlacochahuaya pour le temple », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). 2.2 Des traditions manifestement ancrées dans l’esprit des habitants mais qui tendent à disparaître 2.2.1 Des traditions culinaires qui forgent l’identité du village et qui sont facilement partagées 129 Les habitants semblent conscients de la richesse de leur culture culinaire. Ils sont fiers de la présenter et de la transmettre aux visiteurs. Ils semblent s’être approprié une ressource et avoir acquis une certaine confiance pour pouvoir la partager avec les rares visiteurs. Nous verrons plus loin que la présence du tourisme peut favoriser l’appropriation des ressources alimentaires car les villageois prennent conscience de leur identité grâce à l’intérêt porté par les touristes sur certains produits. 2.2.2 Une identité culturelle qui s’affirme au quotidien mais qui se perd avec les évolutions conjoncturelles La communauté de Tlacochahuaya présente de nombreuses coutumes et pratiques qui la rendent unique. Nous recensons par exemple la langue zapotèque qui fait partie intégrante du village. UNE IDENTITE CULTURELLE MANIFESTE QUI SE PERD A CAUSE DE LA « GLOBALISATION ». « Les traditions du village, ses fêtes, ses mayordomías, ses mariages et les fêtes des lundis de la colline, les fêtes des morts, ce sont les traditions que sont les plus visibles bien que dans la vie quotidienne aussi il y a des aspects traditionnels qui restent au sein de la communauté, je sais pas le fait de saluer les personnes âgées, et de parler le zapotèque, c’est ma langue maternelle » (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). Ce témoignage montre effectivement que cette langue est représentative de la communauté, cependant, nous avons observé qu’elle a tendance à disparaître car d’une part les parents ne prennent plus le temps de l’apprendre à leur enfant et d’autres pas car les enfants ont d’autres priorités et quittent le village. Heureusement, certains habitants font preuve de certaines initiatives pour maintenir ces traditions vivantes. DES DEMARCHES DESTINEES A FAIRE REVIVRE LES TRADITIONS « Et ça aussi fait partie des aspects dans lesquels nous sommes en train de travailler: le maintien parce que beaucoup de communautés dont Tlacochahuaya entre autres sont des communautés qui jusqu’à un certain point, si ce n’est complètement ont abandonné, ou dédaigné un peu l’usage du zapotèque. Il y a des influences maintenant très fortes avec les jeunes, avec les adolescents qui ne permettent plus ou qui ne permettent pas si facilement qu’ont leur apprenne le zapotèque, la langue maternelle. D’abord à cause des parents parce qu’aussi c’est le principal effort, les parents ont la plus grande tâche d’inculquer à leurs enfants, et puis aussi il y a plusieurs activités en relation à ceci », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). 130 LA MIGRATION POUR APPRENDRE A PARLER ZAPOTEQUE ? Nous avons rencontré un cas très curieux qui encourage à la réflexion. Un homme du village de Tlacochahuaya a vécu sept ans aux USA. Il ne parlait pas le zapotèque avant d’arriver sur le sol américain : « Si parce que moi depuis tout petit je ne le parlais pas. Je ne le parlais pas mais curieusement, parce moi aussi j’ai été travaillé aux USA, pendant 7 ans. Quand je suis arrivée là-bas, j’ai travaillé dans une menuiserie, ensuite dans un café, après j’ai travaillé dans beaucoup d’endroits et curieusement là-bas j’ai commencé à parler le zapotèque. Je ne sais pas ce qui s’est passé là-bas parce que je me suis retrouvé avec des personnes un peu plus âgées de la communauté qui étaient là-bas depuis un bon moment et parfois c’était par nécessité, parce que parfois nous ne voulions pas que d’autres personnes se rendent comptent de ce dont nous étions en train de parler. Et moi là-bas de cette forme j’ai commencé à accorder plus d’attention à la langue, je me souviens maintenant je parlais au téléphone, on écrivait qu’en zapotèque », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). Nous souhaitions présenter ce cas particulier car nous pensons que ça pourrait être une nouvelle ligne d’investigation. La présence des oaxaqueniens aux Etats-Unis est tellement importante que cet homme a appris à parler la langue à l’extérieur de son lieu d’origine. 2.3 Quelques obstacles qui semblent développement touristique de la destination freiner le 2.3.1 La question de la migration : des raisons financières qui entrainent les flux migratoires aux Etats-Unis Le taux de migration est particulièrement élevé dans le village de Tlacochahuaya. Les habitants quittent le village pour des raisons principalement économiques : « Enormément de migration. Combien ça serait, 50%. Si parce que maintenant l’agriculture, en réalité il n’y a plus personne de natif jusqu’à présent qui travaillent aux champs. Il y a des personnes mais des personnes âgées, et ce qu’ils ont besoin c’est de main d’œuvre et ce qui arrive c’est que beaucoup de personnes d’ici de Santa Cruz Papalutla, ce sont la majeure partie des personnes qui viennent travailler ici », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). L’abandon du village s’explique par la pénibilité du travail au champ, c’est un travail pesant, compliqué et peu rentable qui encouragent les jeunes hommes à s’orienter vers d’autres métiers et à quitter le pays. 131 2.3.2 La faible implication du gouvernement pour dynamiser l’agriculture et développer l’offre culturelle Une nouvelle fois les habitants présentent une certaine frustration face à la faible implication de l’Etat en matière de développement. Dans un premier temps dans le secteur agricole mais aussi dans le domaine culturel. PEU D’AIDES POUR STIMULER L’ACTIVITE AGRICOLE Les habitants du village aimeraient davantage être accompagnés pour pouvoir développer correctement leur activité autour de l’agriculture : « Oui, c’est qu’ici en vérité comme avant il ne pleuvait plus, il s’était arrêté de pleuvoir, et qu’ici comme les gens se dédient aux champs, du fait de ne pas avoir d’eau, il n’y avait pas de production et beaucoup de personnes sont parties. Et maintenant il se passe la même chose bien que nous ayons de l’eau, maintenant le gouvernement ne fait aucune concession pour exploiter, ou pour faire un puits, oui des infrastructures, pour faire un puis tu dois demander un permis à la convention nationale de l’eau et ils ne te donnent pas le permis et si tu le fais sans permis il t’arrive une amande de 200 000 pesos (10 900€), 300 000 pesos (16 400€) », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). UN ACCOMPAGNEMENT INEXISTANT PENDANT LES MANIFESTATIONS CULTURELLES Tlacochahuaya est célèbre pour ses danseurs traditionnels. La danse de la plume invite les danseurs à se vêtir de leur costume traditionnel et à réaliser un spectacle pour la communauté. Ces danseurs sont également amenés à danser à Oaxaca pour l’évènement de la Guelaguetza. Ici le témoignage montre que le gouvernement n’encourage pas réellement les danseurs à poursuivre leur effort pour faire vivre les traditions : « Moi je vous dis, je ne sais pas si vous avez entendu qu’il prépare la Guelaguetza. Et il y a une retombée économique de 80 millions de pesos (4 368 765€). Et actuellement aux jeunes qui participent ils ne leur donne rien, mis à part un repas et le transport, une « torta », et une boisson. […] Ils le font, c’est un peu injuste, c’est ce que je leur dis, pourquoi pensez-vous qu’ici, beaucoup de fois, je leur ai dit, ça leur donne une idée, je leur ai dit qu’ils se mettent d’accord […] pour exiger au gouvernement qu’il leur donne au moins les coûts qu’ils engendrent. […] Ces jeunes sont exploités, je leur ai dit quand ils sont venus, vous devriez vous mettre d’accord et y aller, et exiger, parce que de toute évidence ; ils sont en train de les exploiter », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). 132 L’activité touristique s’est installée de façon très distincte comparée à Teotitlán. Etant donné que les habitants se consacrent à l’agriculture, il n’y a pas d’offre artisanale comme à Teotitlán. Le temple constitue l’unique attrait touristique du village. Nous remarquons une faiblesse concernant l’offre gastronomique et culturelle qui ne parvient pas à convaincre les visiteurs de se déplacer jusqu’à Tlacochahuaya. Les habitants semblent ne pas s’être emparés de l’activité touristique mais perçoivent ce phénomène comme un réel moyen de partager ses connaissances avec des personnes extérieures à la communauté. En résume du chapitre 2 Que pouvons-nous retenir de l’analyse préliminaire des territoires ? Dans un premier temps nous observons certaines similitudes : les habitants aimeraient voir le tourisme se développer de manière plus significative sur leur territoire. Le manque de diffusion des destinations et la faible intervention de la STyDE empêchent les habitants de s’impliquer complètement dans le secteur touristique. Ensuite nous avons distingué certaines dissemblances, Teotitlán est un village qui dispose de plus d’attrait touristique que celui de Tlacochahuaya ce qui explique le succès de certaines cuisinières traditionnelles et des tisseurs de tapis de laine. 133 Chapitre 3 : Les résultats de l’analyse transversale aboutissent sur le traitement des hypothèses Au regard de notre analyse préliminaire concernant les deux villages de San Jerónimo Tlacochahuaya et de Teotitlán del Valle nous avons construit une analyse transversale qui résume les idées fédératrices formulées grâce aux résultats obtenus sur le terrain. Vous pourrez consulter les résultats de cette étude en annexes S ; T ; U qui se divisent selon trois dimensions : - Le Tourisme : Une offre touristique limitée mais qui offre un réel potentiel de développement pour les habitants des communautés ; - L’Identité : Une culture identitaire ancrée dans les communautés qui subit les influences extérieures et qui empêchent d’entreprendre de nouveaux projets de développement ; - La Gastronomie : Le patrimoine alimentaire au cœur des traditions : un nouvel élan pour le développement des communautés. A présent nous entamons le traitement des hypothèses précédemment exposées. 1. L’activité touristique un outil d’appropriation des communautés qui encourage la transmission des ressources locales Pour répondre à notre hypothèse nous diviserons notre argumentaire en deux parties car nous souhaitons souligner la complication de répondre franchement à une hypothèse. 1.1 Le tourisme contribue à l’appropriation du patrimoine alimentaire par les cuisinières. 1.1 La patrimoine alimentaire, une composante du patrimoine culturel dans une famille Nous avons remarqué que le patrimoine alimentaire a acquis une place prépondérante au sein des communautés. En effet il s’agit d’une activité réalisée par les femmes du village et qui se transmet de génération en génération. 134 « Nous, ici, dans notre passé, nos grands-parents avant, ils le faisaient, moi parfois je me demande, comment est-ce qu’ils savaient que ça allait avoir bon goût ? Et ils l’ont laissés en bonne et due forme aux petits-fils, au fils, aux filles », (femme, tisseuse, 55 ans, Teotitlán). Cette activité principalement destinée aux femmes résulte d’un attachement depuis leur plus jeune âge. La coutume veut que les jeunes filles apprennent à cuisiner très tôt : « J’ai commencé à cuisinier à l’âge de 10 ans, ici, on apprend d’abord à faire les tortillas, utiliser le « metate », un « comal », qui est pour ainsi dire les bases que t’enseignent les mamans », (femme, 39 ans, cuisinière). Les coutumes sont particulièrement ancrées dans la communauté de Teotitlán et s’observe quotidiennement, le simple fait d’aller faire son marché, de prendre le soin de sélectionner ses produits comme sa mère l’a enseigné. La coutume veut que lorsqu’une jeune femme se marie sa belle-mère doit lui enseigner à cuisiner pour son fils, pour qu’il n’ait pas besoin de s’adapter à de nouvelles saveurs : « Depuis que je suis arrivée ici, avec ma belle-mère à l’âge de 16 ans, elle a commençait à m’apprendre à cuisiner tous les plat […] et depuis, j’ai commencé petit à petit […] Ma maman me disait, le jour où tu vas te marier, tu dois savoir préparer à manger. Et nous le faisions différemment, dans la maison de ma maman, ils mangent différemment, tu changes d’endroit et tu apprends une nouvelle forme de cuisiner» […] Lorsque je me suis mariée, je me suis mariée à l’âge de 16 ans, mon mari et sa maman avait un restaurant, un petit restaurant, puis, et ma belle-mère faisait d’autres saveurs que ma maman, quand une personne se marie, la coutume dit que tu dois prendre la manière de cuisiner de ta belle-mère cuisiner pour que ton mari continu de manger les mêmes saveurs », (femme, 48ans, cuisinière Teotitlán). L’ensemble de ces coutumes entraine un attachement des cuisinières important envers leur nourriture : « Si j’attache beaucoup d’importance à ce que je fais, et beaucoup d’amour parce que depuis toute petite ça me plait et on t’apprend à t’entourer de tous ces ingrédients, ou si tu te concentres sentimentalement à ce que tu es en train de faire, tu vois que ça te réussit, tu as fait un plat savoureux. Pour ma part, je vais au marché et je vois : « quelles belles tomates », ou les piments, je sens ce que je vois et je m’imagine ce que ça va devenir et ça me plait, si j’adore ça vraiment c’est pour ça que mes enfant disent « tu es une artiste de tradition » parce que ça dépend de ta famille ce qu’elle te laisse mais une cuisinière de cœur », (femme, 48 ans, cuisinière Teotitlán). Cette habilité acquise tout au long d’une vie, cette fierté d’être capable de préparer des plats savoureux encourage les cuisinières à les reproduire et à les partager. 135 1.2 La reconnaissance encourage les cuisinières à poursuivre leur activité : le tourisme est à l’origine du processus d’appropriation Nous avons remarqué que l’attachement des cuisinières pour leur patrimoine alimentaire était d’abord sentimental. Il s’agit d’un savoir, d’un savoir-faire qui se transmet de génération en génération et qui perdure dans le temps : « Ma cuisine pour le public est une cuisine faite avec beaucoup d’amour, avec beaucoup d’attention, et elle est authentique de Teotitlán et de Oaxaca pour qu’aussi les gens emportent avec eux un petit morceau de Teotitlán dans leur cœur », (femme, 48 ans, cuisinière Teotitlán). * La reconnaissance entraine la volonté des cuisinières à transmettre leur savoir. Après avoir reçu des compliments de la part des touristes, elles ressentent une certaine satisfaction qui les encourage à aller de l’avant et à poursuivre dans leur activité. La réaction des touristes le plus souvent satisfaits encourage les cuisinières traditionnelles : Il n’y a rien de plus satisfaisant que quand ils te dissent que c’est le plat le plus délicieux qu’ils aient goûté à Oaxaca », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). Certaines de ces cuisinières enseignent leur cuisine à domicile et semblent particulièrement enthousiasmées à l’idée de la partager : L’enthousiasme non ? Lorsqu’ils montrent que ça les intéresse, la satisfaction tu la ressens quand ils commencent à poser des questions, oui et qu’ils comprennent. Telle est la satisfaction que l’on ressent après avoir enseigné », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). Les cuisinières semblent vouloir poursuivre cette volonté de transmettre. « Bon, ce que j’ai fait l’année dernière, j’ai invité une étudiante de l’école (baccalauréat) de la communauté pour cuisinier. Oui au mieux, dans le futur inviter les autres écoles pour avoir des discussions sur ça pour ne pas que ça se perde et que l’on continu de le conserver », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). 1.3 L’activité touristique se charger d’identifier le patrimoine alimentaire des destinations en encourage sa valorisation Dans le cas de Teotitlán, la nourriture semble avoir été reconnue grâce à l’activité touristique. Le tourisme a permis l’identification et la diffusion du patrimoine alimentaire : « De toute évidence la gastronomie est très variée non seulement de Teotitlán sinon des Vallées Centrales, de Oaxaca. Evidemment chaque région dispose de ses plats, mais dans les Vallées Centrales la gastronomie est plus identifiée de la part du touriste, plus que dans 136 d’autres régions. C’est un cas très emblématique Teotitlán, pourquoi ? Parce que à Teotitlán il y a des cuisinières traditionnelles, il y a une cuisinière traditionnelle de renommé importante, et elle a fait attention à ce que tout se conserve tel quel, dans l’élaboration des plats et évidemment, elle utilise les produits qu’il y a, qui sont originaires de Teotitlán », (femme, 38 ans, actrice touristique). Cette première hypothèse qui positionnait l’activité touristique comme un outil d’appropriation des ressources locales par les habitants semble pouvoir se confirmer. Cependant, nous souhaiterions avant d’entreprendre la conclusion présentée deux situations qui contrastent avec cette première approche qui semble positionner l’activité touristique comme un outil d’appropriation de ses ressources pour les transmettre aux visiteurs. 1.2 Une appropriation trop intense qui peut entraîner des risques et des tensions au sein d’une communauté D’une part nous avons déjà précisé que les habitants de Teotitlán étaient particulièrement proches de leurs coutumes et de leurs traditions. Certains caractérisent la société de « conservatrice ». Nous imaginons alors que le développement de l’activité touristique peut entraîner une appropriation importante de la part de certaines personnes et ainsi créer des tensions et des conflits d’intérêts au sein d’une communauté. Par exemple lorsque l’on demande à une cuisinière s’il est important pour elle de transmettre ces savoir-faire autour de la cuisine elle nous répond : « [C’est important] oui mais seulement à des gens d’ici, le gens de l’extérieur, ce n’est pas possible parce que c’est traditionnel d’ici », (femme, 55 ans tisseuse, Teotitlán). Les étrangers semblent avoir un statut particulier aux yeux des habitants de Teotitlán. Lorsque nous demandons à une habitante si elle trouve normal d’interdire aux étrangers d’acheter des terrains dans le village de Teotitlán elle nous répond que oui c’est mieux ainsi pour conserver les traditions du village : « Parce que de permettre à d’autres personnes de s’installer dans le village, on va perdre ce qui est notre culture, nos coutumes, nos traditions. C’est ce qui est arrivé dans d’autres villages qui actuellement ont perdu leur identité culturelle », (femme, 32 ans habitante, Teotitlán). Cette forme de jalousie s’observe également à Tlacochahuaya : « […] Il existe des plats uniques de Tlacochahuaya et tu ne peux pas les obtenir dans d’autres endroits et parfois les dames sont très jalouses de leurs recettes. Ce n’est pas si facile pour qu’elles te disent comment ça se prépare, ce que le plats contient », (homme, 45 ans, habitant, Tlacochahuaya). 137 D’autre part nous avons remarqué le succès d’une cuisinière traditionnelle de Teotitlán qui a voyagé dans le monde entier pour promouvoir sa cuisine. Certains habitants considère injuste la manière dont la cuisinière s’est appropriée une cuisine locale en son propre nom : « Actuellement, malheureusement, il y a des familles qui ont « breveter » cette cuisine et se la sont appropriée alors qu’en réalité c’est une cuisine typique d’ici, qui se transmet de génération en génération » […] du Tlamanalli, mais c’est ici ou ils se réfèrent à des saveurs qui sont propres à leur famille. Elles sont propres à cette famille, non ce n’est pas si sûr, c’est-àdire que ce sont plutôt des saveurs conservées ici au sein de la communauté. Donc c’est ici que je vous dis, dire que le « brevet » m’appartient et je construis ma fortune dessus et je gagne de l’argent grâce à ça, mais non ce n’est pas ça, c’est-à-dire que les saveurs sont d’ici, elles appartiennent à toute la communauté », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). En d’autres termes il semblerait que l’appropriation démesurée entraînée par l’activité touristique puisse ne pas refléter le message que souhaite faire passer les habitants. Comme nous l’explique le témoignage, il semblerait que les habitants soient divisés concernant l’expérience de la cuisinière. Pour ces deux raisons, (société conservatrice et cuisinière qui s’approprie la cuisine du village) nous souhaiterions mettre en lumière que le tourisme peut entraîner des réactions particulièrement significatives au sein d’une communauté. Cette première hypothèse selon laquelle l’activité touristique favorise l’appropriation des ressources locales par les habitants semble pouvoir se vérifier aux regards des témoignages obtenus. Les habitants se sont emparés de l’activité touristique et transmettent leur identité aux visiteurs. En revanche il ne faut pas négliger les risques liés à une appropriation particulièrement intense des ressources culinaires. Cette appropriation peut créer des tensions et des rivalités au sein d’une société conservatrice et créer des incompréhensions entre les habitants. 2. Une appropriation partielle des ressources locales qui répond essentiellement à des intérêts économiques 138 2.1 L’activité touristique génère des devises sur les territoires mais la baisse de fréquentation peut entrainer une appropriation partielle des ressources 2.1.1 Une appropriation incomplète qui provoque le découragement des habitants Notre seconde hypothèse montre que l’appropriation par les habitants des ressources locales et de l’activité touristique ne peut pas être totale lorsqu’ils choisissent de se focaliser sur l’enjeu économique du tourisme. Dans la mesure où l’activité touristique a nettement chuté depuis les années 2006 à Oaxaca suite aux manifestations sociales. L’absence de la complémentarité des activités sur le territoire, la saturation du marché et les événements de 2006 ont mis les habitants dans une situation délicate. Ils espèrent revoir l’activité touristique se développer. « En fait, les Etats de Oaxaca sont essentiellement touristique, si les touristes ne viennent pas, il n’y a pas d’entrée d’argent c’est-à-dire que le tourisme aide les villages à avancer, pourquoi ? Parce que toutes les cultures de Oaxaca se consacrent à un métier d’art. Donc, s’il n’y a pas de tourisme, la personne qui met en valeur cet art qui se l’approprie pratiquement il n’y aura pas d’entrée ou de ressource économique pour ces communautés. Donc nous pourrions dire que le tourisme est bénéfique pour les communautés, par-dessus tout pour l’Etat de Oaxaca que ne vit pratiquement que du tourisme », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). * « Donc pour nous le tourisme c’est très important parce ce que nous nous consacrons à l’élaboration de tapis de laine, de vêtement », (femme, 32 ans, habitante). * « Je pense que c’est depuis 2006 qu’ont commencé ces problèmes des enseignants. Beaucoup de personnes s’inquiètent parce que dans les nouvelles, du moins à l'étranger, ils ont toujours cette peur de venir à Oaxaca parce qu'ils entendent tout ce qui ce qui se dit aux informations », (femme, 48 ans, cuisinière Teotitlán). Nous imaginons que la faible intensité de l’activité touristique provoque une appropriation partielle des ressources du territoire. Les habitants semblent parfois peu investis ou manque d’accompagnement techniques et social pour réellement entrevoir des opportunités de développement de leur activité : « Je pense peut-être que nous devrions chercher un endroit une agence de voyage, ou quelque chose, je ne connais pas bien la technologie et peut-être aussi, j’ai discuté avec des personnes qui me disent : « tu dois t’y mettre parce que c’est important », et donc nous sommes aussi en train d’y penser, mais pour l’instant nous ne nous sommes pas réellement animés, mais peut-être que c’est ce qui suit », (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). 139 2.1.2 Une appropriation inachevée qui provoque la transformation des pratiques traditionnelles Nous imaginons qu’il existe un degré d’appropriation. Dans la première hypothèse nous étions au niveau le plus élevé. A présent nous sommes dans ce que nous pourrions appeler une appropriation partielle des ressources locales. Nous parlons d’appropriation partielle parce que les cuisinières et les artisans ont tendance à modifier leurs pratiques pour le touriste. Par exemple : « Si parce que le problème a été qu’actuellement ce qui arrive c’est que le travail des personnes, la teinte de la laine n’est plus naturelle, beaucoup de monde chercher à faire un produit beaucoup plus simple, beaucoup moins cher mais en fin de compte ça entraine sa perdition. Ce que je veux dire c’est que tu donnes quelques choses et ça veut dire que ça t’appartenait, mais si c’est ce mauvaise qualité, celle qui va y perdre c’est toi. Et il se passe exactement la même chose avec la cuisine. Ça peut arriver, si tu ne leur offres pas un repas savoureux, évidemment ils ne reviendront pas chez toi », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). * « Moi je le vois [son menu] plus comme une focalisation sur la nourriture traditionnelle du village que d’autres cuisines comme les hamburgers, les frites, moi je ne propose pas ces plats dans mon menu. C’est plus, la carte est faite au goût du touriste parce que je peux avoir les traditionnels, une sauce, des « tlayudas con chintextle ». Il y a des gens qui ne connaissent pas et quand ils goûtent parfois pour leur estomac c’est un peu fort, donc c’est pour cela que j’essaie de mettre un peu de tout salade, et « quesadillas » pour les gens qui ont des estomac sensibles », (femme, 42 ans, cuisinière Teotitlán). Ainsi d’après l’ensemble des témoignages nous considérons qu’il peut s’agir d’une appropriation partielle pour plusieurs raisons : - les recettes ont été transformées et adaptées pour les touristes, elles sont moins piquantes ; - certains plats plus légers ont été ajoutés dans les menus et ne représentent pas ce que réellement mangent les habitants des villages : des salades vertes, amuse-bouche ; - la manière de déguster les plats a été étudiée pour améliorer l’expérience du touriste : la tortilla est remplacée par des couverts pour les touristes. L’ensemble de ces nouvelles pratiques ne sont plus représentatives des coutumes et des traditions que manient les habitants. Pour ces raisons nous parlons d’une appropriation partielle, ou d’une appropriation « déguisée ». Nous contrasterons ces propos plus loin car nous pensons que cette question peut se traiter de deux façons. 140 2.1.3 L’appropriation partielle réinventée pour le tourisme d’une tradition Pour terminer nous allons nous appuyer sur les propos d’Éric Hobsbawm abordés dans la première partie de ce mémoire. Ce dernier fait référence à la « tradition inventée », concept que nous avons retrouvé dans les entretiens réalisés à Oaxaca : « Si tu vois la cuisine de Reyna Mendoza par exemple elle a tout, jusqu’à l’esthétique qu’espèrent rencontrer un américain. La cuisine de Frida Kahlo est ce que s’attend à voir un américain. Ils ne veulent pas rentrer et voir une cuisine qui n’a rien de jolie, ils ne veulent pas voir des plats en plastique, ils veulent voir de la céramique et Reyna a cette esthétique. Pour nous c’est le plus cool, si tu vas dans n’importe quelle maison, tu ne trouveras pas ça, personne n’aura une maison qui se présente ainsi. Les gens pauvres n’ont pas leur maison si… c’est une mise en scène pour le tourisme, ils te font moudre, ça fait partie du programme (rires) que tu sois en train de faire le travail d’une femme traditionnelle non ? Et oui on utilise le « metate » mais pas tous les jours, ils ne l’utilisent pas non […] C’est une présentation qui se fait, une réinvention de la tradition pour le tourisme, c’est ça le mot […] Je pense que c’est le secret du succès c’est ça que tu es peut-être en train d’observer non ? Parce ce que réellement qui vit du tourisme gastronomique ? », (femme, 42 ans, anthropologue). Ce témoignage nous informe sur les comportements des cuisinières face au tourisme. Elles ont tendance à mettre en scène leur vie quotidienne pour le bien-être des touristes. 2.2 Une modification des ressources ne prouve-t-elle pas que les cuisinières se soient effectivement approprié leur cuisine ? Nous tenions à remettre en cause nos propos précédents puisque si nous reprenons notre raisonnement : les cuisinières détiennent un savoir-faire qu’elles ont obtenu de leur mère et qu’elles se transmettent de génération en génération. Aujourd’hui face à l’activité touristique elles s’autorisent à modifier les recettes. Si nous adoptons notre autre point de vue, ne pourrions-nous pas dire que le fait qu’elles modifient leurs recettes prouve une certaine appropriation de leur ressource? Ainsi la capacité des cuisinières à modifier les plats pour les touristes montre justement qu’elles sont complètement aptes et conscientes de leur patrimoine et que pour le bien-être de tous elles adaptent les recettes. En revanche ce qui nous préoccupe d’avantage c’est de voir que l’adaptation des plats pour les touristes vient à modifier le régime alimentaire des habitants. La cuisinière d’un restaurant touristique nous a confié que dans le cas où la nourriture qu’elle préparait quotidiennement pour les touristes ne se vendait pas elle allait directement dans l’estomac de son mari et de ses deux enfants. 141 Cette dernière nous a confié qu’elle adapté les recettes pour ses clients. Le problème est qu’à cause des habitudes alimentaires des touristes la famille mange un produit différemment, plus léger et moins piquant alors qu’en temps normal le plat contiendrait tous les ingrédients traditionnels. Ainsi le régime alimentaire de cette famille est progressivement adapté aux conditions alimentaires des étrangers. Ainsi cette seconde hypothèse montre une faiblesse de l’activité touristique, en effet dans ce cas elle n’encourage pas les habitants à s’approprier complètement leurs ressources. Mais nous sommes partagées entre la seconde partie de l’hypothèse car nous pourrions dire à la fois que la modification par les cuisinières de leur patrimoine alimentaire prouve une appropriation partielle et totale. La modification des recettes montre que les cuisinières maitrisent complètement leur cuisine mais l’adaptation des plats entraîne une désappropriation des ressources locales car les régimes alimentaires de certains habitants sont modifiés par le tourisme. 3. Une appropriation limitée provoquée par un découragement de trois entités : les locaux, l’Etat et les touristes étrangers 3.1 L’activité touristique ne permet pas d’engager correctement le processus d’appropriation 3.1.1 Une appropriation peu mesurable face à l’investissement fragiles des habitants Dans un premier temps nous considérons qu’avant de parler d’appropriation par le tourisme cela suppose préalablement que l’activité touristique se soit développée sur le territoire. Or, nous avons observé que le tourisme s’est installé de manière inégale dans les deux villages étudiés. Tlacochahuaya attire les touristes pour son temple. Teotitlán a depuis toujours été un village touristique pour son artisanat. Cependant les événements sociaux de 2006 ont considérablement diminués l’activité touristique. Cela explique certainement la faiblesse de l’offre gastronomique : « Bon malheureusement ici à Teotitlán il n’y a pas, comment je pourrais dire, il y a très peu de lieux, c’est à dire, 2 ou 3 endroits qui offrent ce qui est la gastronomie, mais Teotitlán dispose d’une richesse gastronomique très grande, mais c’est très peu ce qui est connut de cette gastronomie », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). 142 « Je ne pense pas parce que nous n’avons pas grand-chose à leur offrir en ce qui concerne la nourriture, tout au plus ça serait une fiesta sur la nourriture », (homme, 55 ans, acteur touristique Teotitlán). D’un point de vue d’une actrice touristique de Oaxaca, il semblerait que les habitants n’aient pas entièrement saisi les enjeux liés au développement touristique : « Ils ont la capacité, ils ont la capacité de la faire mais il leur manque des informations, parce que je te le répète, comme le tourisme est arrivé aux villages pour les biens tangibles comme les tapis, mais cependant non, ils ne savent pas ce qu’est le tourisme […] enfin je veux dire que très peu savent ce qu’est le tourisme, oui ils ont cette ressource mais la mobiliser, lui accorder une valeur touristique c’est très diffèrent et c’est pareil ici, ça s’explique par l’ignorance et l’analphabétisme […] ils ne se rendent pas compte et ne savent pas le potentialiser », (femme, 38 ans, actrice touristique). Il semblerait que les villageois ne se soient pas emparés de l’activité touristique dans le but de valoriser leurs ressources locales. Dans ce cas nous pensons qu’il est plus judicieux de ne pas parler d’appropriation. 3.1.2 Des sociétés « conservatrices » qui empêchent le développement de l’activité Nous imaginons que la seconde raison qui empêche une réelle appropriation des ressources relève non seulement du régime politique des communautés mais aussi du comportement des villageois. Par exemple lorsque nous cherchions à rencontrer une des cuisinières très connue dans le village de Teotitlán nous avons éprouvé quelques difficultés avant de trouver son adresse car les six habitants interrogés ne semblaient pas connaître cette personne. Quand nous lui avons fait part de notre difficulté pour la rencontrer elle nous a expliqué que pour se préserver les habitants préféraient être discrets : « Nous avons eu quelques problèmes parce qu’ici quand il y a une réunion du village, nous avons eu des visiteurs de l’extérieur et qui nous ont amené des mauvaises choses. Donc à présent ils font très attention avant de dire où vit telle personne ou bien qui est cette personne, pour préserver tout ça […] La dernière fois, ça fait à peu près un mois, une personne est arrivée, elle a toqué à une porte et a commencé à discuter. Puis après cette personne est revenue, parce qu’ici, comme tu le vois les portes ne sont pas fermées parce que nous nous connaissons tous, donc le monsieur est revenu, est entré et a volé des bicyclettes. Donc ce sont des choses que, et ce monsieur était de je ne sais où, du Guatemala, mais il n’était pas d’ici. Donc avec les gens de l’extérieur c’est un peu difficile de leur confier où vivent les gens », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). 143 Cet exemple est une illustration du comportement que peuvent adopter les habitants du village pour se préserver entre eux. Un habitant de Tlacochahuaya nous explique que certaines communautés peuvent paraître fermées pour les mêmes raisons (crainte, méconnaissance et volonté de se préserver) : « Beaucoup de communautés ne sont pas autant ouverte au tourisme, bien que ça soit des communautés qui possèdent certains attraits, elles ne sont pas tant réceptives, c’est plus : « Bonjour touriste, bienvenue » et ça s’arrête là non ? Toutes les communautés ne sont pas comme ça. Tlacochahuaya, heureusement d’après moi, est très ouverte, s’il y a quelqu’un d’étranger c’est plutôt : « Bonjour, d’où êtes-vous ? Rentrez que je vous offre un verre d’eau ou quelque chose ». Moi je pense que tu l’as peut être remarqué avec d’autres communautés qui ne sont pas autant « open-minded » […] parce qu’elles pensent que tu vas les copier, parce qu’elles pensent qu’elles vont être imitées je ne sais pas. D’une certaine manière c’est bien parce que ça permet de maintenir le patrimoine culturel intact […] mais ça évite d’échanger des idées », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). Un troisième témoignage se réfère à un problème de langue. Elle imagine que si les habitants semblent fermés c’est parce qu’ils ne savent pas comment s’exprimer : « Probablement parce qu’ils ne savent pas s’exprimer, parce qu’ici il n’y personne de méchant, seulement des personnes timides surement parce qu’elles ne peuvent pas avoir une conversation, parce qu’elles ne savent pas s’exprimer, c’est ce qui arrive. Oui je vois, ils semblent un petit peu fermés mais c’est plus de la timidité parce qu’ici, les gens de Teotitlán sont très accueillant, de très bonnes personnes, jamais, jamais ils ne vont te répondre de façon grossière », (femme, 32 ans, habitante Teotitlán). 3.1.3 Le STyDE n’encourage pas les habitants à s’approprier les ressources du territoire Pour finir, nous souhaiterions préciser que les habitants ressentent un certain abandon de la part du gouvernement. Ils espèrent recevoir des aides sociales et économiques et surtout voir leur village mis en valeur. Il semble exister un certain manquement de la part des autorités qui n’intègrent pas systématiquement les habitants dans les projets touristiques. Par exemple, en mars 2012 la STyDE a inauguré la route des chemins du Mezcal. Cette route inclut cinq villages dont Tlacochahuaya et Teotitlán. Or ni Tlacochahuaya ni Teotitlán n’est producteur de mezcal. Les habitants n’ont pas compris le projet et n’ont pas cernés les objectifs de la STyDE en termes de développement. Lorsque nous demandons s’ils ont entendu parler de la route nous obtenons des réponses plutôt vagues : 144 « J’en ai entendu parler mais jamais je n’ai su comment, ce que c’est… », (femme, 42 ans, cuisinière tisseuse Teotitlán). * « Eh bien, je ne comprends pas très bien cette partie, parce que bien que l’on dise que Teotitlán est producteur, il ne l’est pas (rires). Ils ouvrent de nombreux magasins, je veux dire, tu peux acheter du mezcal, tu peux le vendre partout, mais la production non, il n’y a aucun établissement à Teotitlán », (femme, 39 ans, cuisinière Teotitlán). * « Oui, en fait c’est, la route du mezcal c’est, en fait, comment dire, c’est une zone dans laquelle se développe le tourisme et la production de mezcal, n’est-ce pas? », (homme, 55 ans, habitant Teotitlán). 3.2 Le terme d’appropriation est-il réellement adapté à notre questionnement au regard des caractéristiques des villages? Nous pouvons préciser que l’appropriation est un processus complexe qui dépend de la réunion de plusieurs facteurs. Nous voyons ci-dessus que les habitants ne sont pas les seuls à l’origine du processus d’appropriation. Certes leur régime politique freine l’action de la STyDE mais les habitants cherchent uniquement à conserver leurs coutumes. Nous imaginons que la faiblesse de l’activité touristique n’a pas permis aux habitants de s’emparer complètement du phénomène pour parvenir à se l’approprier. En revanche le rôle des acteurs touristiques extérieurs pourrait éventuellement positionner les habitants au cœur des projets de développement touristique et ainsi engager de nouveaux processus d’appropriation. Pour finir les conflits sociaux de la ville de Oaxaca, indépendamment du bon vouloir des habitants ne facilitent pas l’appropriation des habitants par l’activité touristique car celle-ci est complètement transformée. Notre dernière hypothèse imaginait que le faible stade de développement de l’activité touristique ne nous permettait pas d’employer le terme d’appropriation. En effet, nous observons qu’au cours de l’année 2006, la fréquentation touristique a considérablement diminué. De plus selon certains interrogés les sociétés ont tendance à se renfermer sur ellemême. Face à ce constat, nous ne pensons pas que les communautés se soient réellement approprié l’activité touristique. Pour finir, selon les habitants la STyDE ne semble pas entièrement jouer son rôle auprès des communautés, elle met en place des projets sans consulter les habitants. Pour ces trois raisons, la troisième hypothèse fait montre que l’appropriation requiert la mise en relation de nombreux éléments pour encourager les habitants à s’emparer de leurs ressources par le tourisme. 145 En résume du chapitre 3 La première hypothèse supposait que le tourisme permettait aux habitants de se rendre compte de leurs richesses locales et elle encourageait ces derniers à les transmettre aux visiteurs. Au regard des témoignages obtenus, nous affirmons que le tourisme facilite l’appropriation des ressources par les habitants sous certaines conditions. Dans un second temps, nous estimions que le processus d’appropriation n’était que partiellement engagé pour répondre aux besoins économiques des habitants. Nous ne sommes pas parvenus à affirmer complètement cette hypothèse. En effet grâce à l’investigation sur le terrain nous distinguons un réel attachement des habitants pour leurs ressources gastronomiques. L’activité touristique joue un rôle évident dans cette appropriation, mais n’est pas à l’origine du déclenchement du processus, car dès le plus jeune âge les parents inculquent à leurs enfants les valeurs relatives à l’alimentation. Ainsi, nous pensons que l’appropriation n’est que relative pour répondre aux besoins des habitants. Nous parlons d’une appropriation partielle, car une fois l’achat réalisé, les habitants ne ressentent pas le besoin de poursuivre l’échange avec le touriste. En revanche les cuisinières traditionnelles font preuve d’une appropriation à la fois partielle et totale. Nous parlons d’une appropriation partielle car elles modifient les recettes qu’elles proposent aux touristes. Et nous parlons d’une appropriation totale parce qu’elles s’autorisent à adapter les plats pour le bien-être du visiteur. Nous ne validons que partiellement la seconde hypothèse. La dernière hypothèse montre que le tourisme s’est développé de manière très inégale, informelle et déséquilibré sur les territoires et manquait parfois de cadrage de la part des autorités. Nous estimions dans notre dernière hypothèse que pour entreprendre un réel processus d’appropriation des ressources par l’activité touristique cela supposait qu’elle s’était développée de manière significative sur les territoires. Nous avons remarqué que cette activité n’était pas toujours au cœur des préoccupations notamment à Tlacochahuaya ou les habitants se consacrent à l’agriculture. De plus Teotitlán semble être un village très proche de ses racines et parfois même conservateur. Ainsi, le comportement des habitants et le manque d’investissements de la part des communautés et de la part de la STyDE empêchent effectivement d’engager le processus d’appropriation. 146 Conclusion de la partie 2 La présentation du projet d’investigation dans le premier chapitre nous a permis de définir les caractéristiques des territoires dans lesquels nous nous sommes investis depuis le mois de juin 2014. Nous avons vu dans le Plan de Développement de l’Etat que Oaxaca mise son avenir économique sur l’activité touristique. Cependant, les manquements en termes de structuration de l’offre et de diffusion des destinations ralentissent l’installation du tourisme dans certaines communautés. Ainsi, nous avons tenté de montrer la complexité du développement de l’activité touristique dans les deux villages que nous avons analysés jusqu’à présent. Dans le village de Teotitlán, le tourisme se positionne comme l’activité principale du développement des territoires. La vente des objets artisanaux représente une source de revenu pour les communautés. Dans le village de Tlacochahuaya les habitants se consacrent principalement à l’agriculture et l’activité touristique n’est que complémentaire. Face à ces deux scénarios nous avons tenté de montrer en quoi l’activité touristique pouvait permettre aux habitants de s’approprier leurs ressources pour les transmettre aux visiteurs. Nous en sommes venus à plusieurs conclusions que nous avons tenté d’exposer par le biais de trois hypothèses. Nous sommes parvenus à confirmer notre première hypothèse et nous avons émis quelques réserves sur les deux suivantes. Nous avons fait un nombre important de constats dans le chapitre 2 et 3 de cette seconde partie. Au regard de l’analyse transversale des discours, nous avons distingué quelques manquements quant à l’organisation du tourisme au sein des communautés. A présent nous aimerions tenter de proposer des axes d’intervention sous forme d’actions stratégiques afin de faciliter l’appropriation des habitants pour leurs ressources et dans l’objectif d’entrevoir le développement de l’activité touristique de manière respectueuse, intégrale et efficace sur les territoires. 147 Partie 3 La Route Touristique des Chemins du Mezcal : vers un développement durable des territoires INTRODUCTION La troisième partie présentera dans un premier temps les caractéristiques générales de la Route des Chemins du Mezcal : quel patrimoine est présent sur la route ? Quelles activités touristiques sont offertes aux visiteurs ? Comment se caractérise la demande touristique de Oaxaca ? Ainsi, nous allons entreprendre de comprendre les caractéristiques générales de la Route Touristique des Chemins du Mezcal pour ensuite proposer une analyse stratégique des atouts et des faiblesses de la route. Nous tenterons d’interpréter la manière dont s’est développée la route pour établir un diagnostic de développement. Pour conclure le premier chapitre nous proposerons des préconisations destinées à améliorer les impacts et les retombées économiques auprès des communautés sur la Route des Chemins du Mezcal. Dans un second temps, nous présenterons un plan d’actions stratégiques répondant aux problèmes que nous avons délimités dans la partie précédente. Nous tacherons de proposer des actions viables pour permettre de structurer et de dynamiser l’activité touristique sur le territoire. L’ensemble des actions que nous proposons ont été construites dans l’objectif de favoriser l’appropriation des ressources locales par les habitants afin de moderniser l’activité touristique. L’ensemble des actions proposées reposent sur les trois piliers du développement durable (social, économique et environnemental). Ainsi cette partie consistera à exposer plusieurs actions stratégiques dont trois spécialement seront détaillées et présentées sous forme de fiches actions : - Fiche Action 1 : Moderniser la fête du Tapis et de la Gastronomie à Teotitlán ; - Fiche Action 2 : Création d’une coopérative à Teotitlán pour offrir un service touristique complet aux visiteurs ; - Fiche Action 3 : Réévaluer et moderniser l’offre touristique concernant le patrimoine naturel de Teotitlán. 148 Partie 3 : La Route Touristique des Chemins du Mezcal : vers un développement durable des territoires Chapitre 1 : Le développement de la Route des Chemins du Mezcal : source de richesses économiques pour les six territoires concernés Nous avons choisi de nous intéresser à la Route des Chemins du Mezcal qui intègre les deux villages que nous avons étudié (Teotitlán et Tlacochahuaya). Dans un premier temps nous tacherons de présenter ses caractéristiques physiques : les éléments qui la constitue et les activités que peuvent pratiquer les visiteurs. Ensuite nous mettrons en évidence les atouts et les faiblesses de cette route. Pour finir nous formulerons des préconisations afin de favoriser le développement touristique de la Route des Chemins du Mezcal de façon intégrale, respectueuse et efficace. 1. Rappels sur les prémices de la Route des Chemins du Mezcal : de nombreux atouts qui constituent l’attractivité des territoires 1.1 Naissance du projet et définition des objectifs généraux91 « Le tourisme est une priorité fondamentale, non seulement pour sa valeur fraternelle entre les personnes et les villages mais plutôt pour son potentiel comme un moteur du développement et de progrès », (Gabino Cué Monteagudo, gouverneur constitutionnel de l’Etat de Oaxaca, mars 2015). Le projet de création de la Route touristico-économique des Chemins du Mezcal est présidé par Juan Carlos Méndez Zamore épaulé par Javier Portillo Vergara, sub-secrétaire du développement et de la promotion touristique de la STyDE. La STyDE a depuis 2011 développée dix routes touristico-économique dont la Route des Chemins du Mezcal. La mise en place des dix routes touristiques apparaît comme une réponse au plan de développement de l’Etat de Oaxaca. Plusieurs objectifs ont été définis lors de la mise en place des routes touristiques : - Augmenter l’affluence des touristes et la durée des séjours sur le territoire pour impulser le développement économique de la région ; 91 Gobierno del Estado de Oaxaca, Abraza la ruta « Los Caminos del Mezcal » a seis municipios del Valle de Oaxaca, 1703-15. [En ligne]. Disponible sur http://www.oaxaca.gob.mx/abraza-la-ruta-los-caminos-del-mezcal-a-seis-municipiosdel-valle-de-oaxaca/. (Consulté le 16-08-2015) 149 - Proposer un produit complet, intégral et structuré reposant sur le potentiel touristique de chaque territoire en cherchant à équilibrer les ressources et les bénéfices durables ; - Préserver l’identité culturelle, le respect de l’environnement et le développement économique et social des communautés92 La Route des Chemins du Mezcal intègre six municipalités qui disposent chacune d’atouts bien distincts. Nous vous invitons à consulter l’annexe G dans laquelle figurent les caractéristiques des six communes en question : Santa María del Tule ; San Jerónimo Tlacochahuaya ; Teotitlán del Valle ; Tlacolula de Matamoros ; San Pablo Villa de Mitla ; et Santiago Matatlán. 1.2 Des éléments naturels, historiques et culturels remarquables qui diversifient les activités touristiques 1.2.1 Le patrimoine naturel un élément sous-évalué à l’heure actuelle L’Etat de Oaxaca est considéré comme la deuxième destination culturelle du pays. Parmi les principales ressources touristiques naturelles sur la Route des Chemins du Mezcal nous distinguons : l’arbre millénaire du Tule, les cascades pétrifiées de Hierve el Agua accompagnées de ses eaux thermales et les différentes variétés d’agaves sauvages et endémiques des Vallées Centrales. Vous retrouverez des illustrations de l’ensemble de ces éléments dans l’annexe V. L’arbre du Tule attire les touristes tout au long de l’année dans le village de Santa Maria del Tule. Cette commune entame la Route des Chemins du Mezcal et se situe à un peu moins de 15 minutes de la ville de Oaxaca. L’arbre du Tule fait 42 mètres de circonférence et 40 mètres de hauteur. Il représente un symbole pour la l’Etat de Oaxaca et le deuxième lundi d’octobre les villageois organisent une célébration en l’honneur de ce cyprès. A 70 kilomètres à l’est de Oaxaca le site touristique de Hierve el Agua clôture la Route des Chemins du Mezcal. Les cascades pétrifiées et les eaux thermales (27°) attirent les visiteurs au beau milieu des montagnes qui offrent un point de vue exceptionnel. Les plantations d’agaves à perte de vue sont également considérées comme un attrait touristique naturel. Cela s’explique par la 92 Plan Estratégico de la Ruta Turística-Económica Caminos del Mezcal, 2011-2016, Secretaría del turismo y desarrollo económico. 150 diversité des espèces d’agaves. L’Etat de Oaxaca concentre 37 espèces de cette plante sur les 150 existantes dans tout le pays. Pour finir avec l’offre naturelle, certains villages comme par exemple Teotitlán del Valle et Santa María del Tule proposent des activités au cœur de la nature avec par exemple l’observation de la faune et la flore, les randonnées à bicyclette, à chevaux ou à pieds sur les collines avoisinantes. 1.2.2 Une destination culturelle conçue grâce au patrimoine historique et gastronomiques de la destination La Route des Chemins du Mezcal se focalise à la fois sur la promotion des attraits culturels et des richesses gastronomiques présentes dans les Vallées Centrales de Oaxaca. 1.2.2.1 La diversité des zones archéologiques forgent l’identité de la culture zapotèque L’histoire des Vallées Centrales de Oaxaca remontent à l’époque préhispanique au moment l’installation des civilisations zapotèques. Les zones archéologiques se succèdent le long de la Route des Chemins du Mezcal et constituent les témoignages d’une époque lointaine. Proche de Tlacochahuaya nous distinguons la zone archéologique de Dainzú. Teotitlán dispose également d’un témoignage de cette époque. Le village est connu comme étant le premier endroit où les zapotèques s’installèrent. Proche de Tlacolula, nous retrouvons la zone archéologique de Lambityeco. En outre, Mitla reste la zone archéologique qui a l’heure actuelle est la mieux conservée. Elle attire un nombre important de visiteurs chaque année. Pour finir nous recensons également la zone archéologique de Yagul qui dispose d’un jeu de balle le plus grand de Oaxaca. A ce titre, les grottes préhistoriques de Yagul et Mitla ont été inscrites sur la Liste représentative du patrimoine mondial de l’humanité. 1.2.2.2 L’offre gastronomique représente un nouvel enjeu de développement des Vallées Centrales de Oaxaca La gastronomie oaxaquenienne est reconnue au niveau national et international pour son importante valeur culturelle et économique et pour son immense variété en termes d’ingrédients et de techniques de préparation (Annexe H). Elle est devenue une composante à part entière dans le séjour touristique et permet d’enrichir l’expérience des visiteurs tout en contribuant au développement économique des communautés. Les marchés municipaux constituent une nouvelle étape sur le parcours des touristes. Le plus impressionnant reste le 151 marché dominical de Tlacolula. Ce marché offre une quantité des produits alimentaires (fruits, légumes, graines, tortillas, pains…), des produits artisanaux (casseroles en terre-cuite, marmites, plats, tasses, chapeaux, vêtements, accessoires…), et des animaux (dindons, canards, lapins, poulets…). L’ensemble de ces éléments représentent des attraits touristiques traditionnels pour les visiteurs. Le marché couvert se concentre d’avantage sur l’offre culinaire où il n’est pas rare de voir des familles (locales comme étrangères) déguster la « barbacoa » —viande d’agneau cuite dans un four de pierre—, accompagnée d’une boisson locale. La grande diversité des produits a positionné le marché comme l’un des plus attractifs des Vallées Centrales. Tout comme les marchés traditionnels, les fêtes gastronomiques, les routes touristiques sur le thème de la gastronomie et les ateliers de cuisine contribuent à la promotion de la gastronomie oaxaquenienne à l’échelle nationale et internationale. Elle a acquis un rôle important et fait à présent partie intégrante du développement touristique des Vallées Centrales car elle mobilise des produits locaux, ce qui permet de générer de nouvelles richesses sur le territoire. 1.3 Des activités économiques basées sur les ressources locales présentes sur la Route des Chemins du Mezcal 1.3.1 Les aspects économiques et sociaux pour mesurer le développement des Vallées Centrales 1.3.1.1 L’agriculture et l’élevage : des activités fortement représentées sur la Route des Chemins du Mezcal Les habitants des Vallées Centrales se consacrent généralement à l’un des trois secteurs d’activités que sont : l’agriculture, la production de mezcal et la réalisation de produits artisanaux. Il s’agit d’une économie de transition partagée entre le rural et l’urbain. 25 communes se consacrent majoritairement à l’agriculture et à l’élevage. Les habitants restant travaillent dans le secteur secondaire (construction) et le secteur tertiaire (services touristiques). Malgré la diversité des activités, 58.79% de la population de la région des Vallées Centrales se trouve dans une situation de pauvreté dont 18.56% de pauvreté extrême et 40.23% de pauvreté modérée. 152 1.3.1.2 L’Etat de Oaxaca : 1er producteur et exportateur de mezcal du pays L’Etat de Oaxaca est le premier producteur et exportateur de mezcal de tout le pays. En 2013, Oaxaca a produit 76% de toute la production nationale de mezcal. Le district de Tlacolula concentre 36% (soit 1305 individus) des producteurs de mezcal d’Oaxaca. En 2013 la région des Vallées Centrales a semé plus de 7 150 hectares d’agaves et le district de Tlacolula réalise 40% de la production nationale d’agaves. Les districts de Tlacolula et de Yautepec comptent la plus grande proportion d’agaves en termes d’hectares semés. 1.3.1.3 Les produits artisanaux occupent une part significative dans l’offre touristique des Vallées Centrales L’offre artisanale est particulièrement diversifiée sur la Route des Chemins du Mezcal. Nous distinguons principalement des produits réalisés en céramique, en pierre, en bois, en cuir, en palme et les textiles réalisés en laine et en coton. 1.3.2 Des touristes essentiellement nationaux à la recherche d’un offre culturelle remarquable dans un environnement naturel Généralement, les ambassadeurs touristiques proposent un forfait touristique au départ de Oaxaca qui consiste à parcourir la Route des Chemins du Mezcal : visite de l’arbre du Tule, passage par le temple de Tlacochahuaya, découverte de la zone archéologique de Mitla et visite d’un atelier d’élaboration de tapis à Teotitlán. Nous remarquons que la Route des Chemins du Mezcal jouit d’un certain dynamisme qui la positionne comme l’une des routes les plus touristiques de l’Etat de Oaxaca. En termes d’offre d’hébergement, le village de Mitla dispose de quatre hôtels, celui de Tlacolula de trois hôtels qui comptent en moyenne 20 chambres chacun. Le village de Teotitlán propose trois chambres d’hôte. Pour finir Tlacochahuaya compte un hôtel sur le tourisme rural et Matatlán dispose pour sa part d’un hôtel et d’une chambre d’hôte. 153 Selon l’étude réalisée par le « Sistema Integral de Información Turística Estatla (SIITE) » en 2013, la ville de Oaxaca a accueilli 1 305 129 visiteurs soit 24.65% des entrées sur le territoire Mexicain93. Oaxaca est considérée comme la destination la plus touristique du pays. La même année 9.55% des visiteurs provenaient de l’étranger contre 90.45 % de nationaux. Parmi les principaux touristes nationaux nous observons : 30.65% proviennent du District Fédéral (centre) ; 8.57% de Veracruz (sud-est); 8.05% de Oaxaca, 7.79% de Puebla (à 02h00 au sud-est du District Fédéral), 4.42% de Jalisco (centre-ouest)… Les visiteurs nationaux, voyagent pour 58.2% en famille, 19.1% en couple, 18% entre amis et 4.1% seul. En 2013, les principaux visiteurs internationaux provenaient à 46.5% des USA, 8.5% de France, 7.04% du Canada et 5.63% d’Allemagne et d’Espagne. Les visiteurs choisissent de visiter Oaxaca pour ses atouts culturels à 33.25% et pour l’atmosphère naturelle et la beauté des paysages pour 18.18% d’entre eux. Selon la même étude, 68.6% des visiteurs nationaux recommanderont et visiteront à nouveau Oaxaca contre 71.7% des touristes internationaux. Nous remarquons que les touristes nationaux sont les plus nombreux sur le territoire bien que les artisans et les cuisinières observent que les américains sont les plus à mêmes à acheter des produits artisanaux. Que pouvons-nous retenir de cette première approche ? Nous remarquons dans un premier temps que les habitants de la Route des Chemins du Mezcal se consacrent à l’agriculture, à la construction et à la conception de produits artisanaux. La région des Vallées Centrales est la plus touristiques de l’Etat de Oaxaca ce qui octroie un potentiel de développement intéressant pour la Route des Chemins du Mezcal qui s’insère à cette dynamique. La présence incontestable du patrimoine culturel de la route permet de diversifier les produits touristiques et de proposer une offre complète aux visiteurs. En revanche nous remarquons quelques insuffisances en termes d’infrastructures touristiques (accueil, hébergement) que nous allons présenter plus précisément dans l’analyse SWOT. 93 Chiffres retenus de l’étude « sistema Integral de Información Turística Estatla (SIITE), 2013, Perfil y Grado de Satisfacción del Turista que visito la ciudad de Oaxaca 2013». Elle même issue du Plan Estratégico de la Ruta TurísticaEconómica Caminos del Mezcal, 2011-2016, Secretaría del turismo y desarrollo económico. 154 2. Un véritable potentiel de développement touristique qui est toutefois ralenti par des menaces environnantes 2.1 Des attraits culturels tangibles et intangibles qui octroient une certaine notoriété de la destination Notre analyse se divise selon trois domaines : l’offre touristique, les aspects économiques et les caractéristiques sociales. La diversité de l’offre touristique octroie à l’Etat de Oaxaca, un certain potentiel de développement : les festivités, la conservation des traditions et des coutumes sont des notions que les touristes recherchent. Ces éléments peuvent être rapidement atteints sur la Route des Chemins du Mezcal qui s’étale sur environ 50 kilomètres. En termes économiques, l’Etat de Oaxaca est le tout premier producteur et exportateur de Mezcal de la République Mexicaine ce qui le positionne comme un acteur incontestable du développement. En ce qui concerne les aspects sociaux, nous remarquons que les habitants ont reçu des formations de capacitation pour améliorer l’expérience des clients. L’ensemble de ces idées sont réunis dans le tableau suivant : Tableau 10 : Potentialités sur la Route des Chemins du Mezcal Offre touristique ATOUTS ET POTENTIALITES - Diversités des attraits culturels tangibles et intangibles ; - Proximité des villages situés sur la route du mezcal, le plus éloigné est accessible en 40 minutes ; - Présence de nombreuses fabriques de mezcal artisanal qui offrent des visites guidées ; - Le centre historique de la ville de Oaxaca et la zone archéologique du Monte Alban sont inscrits que la Liste représentation du patrimoine mondial de l’Unesco ; - Grottes préhistoriques de Yagul et Mitla également inscrites sur la liste. er Economiques - L’Etat de Oaxaca est le 1 producteur et exportateur de mezcal ; - 330 producteurs ont bénéficié de la certification du produit ; - Modernisation récente de la route fédérale 190 qui constitue la Route des Chemins du Mezcal. Sociaux - Dans les prochains projets il semblerait que la population sera sollicitée pour prendre des décisions ; - Mise en place de programme de formations destiné aux acteurs touristiques et aux producteurs de mezcal ; - Travail fédérateur réalisé en partenariat avec les prestataires touristiques, les associations et les directeurs du tourisme de chaque communauté. 155 2.2 Une manque de coordination au niveau local qui empêchent les habitants de s’impliquer dans les projets touristiques Tableau 11 : Faiblesses sur la Route des Chemins du Mezcal Offre touristique FAIBLESSES ET CONTRAINTES - Une offre trop souvent informelle et désordonnée ; - Manque de diffusion sur les différents canaux : média, télévision, internet, page web, affichage, flyer, publicité sur le lieu de vente; - Absence de services touristiques (seulement 8 hôtels sur la route) ce qui empêchent les touristes de séjourner dans les villages ; - Manque de coordination et de négociation entre les différents acteurs locaux : agences de voyages, producteurs de mezcal et artisans ; - Manque de promotion et de diffusion de l’offre culturelle et gastronomique de la Route des Chemins du Mezcal. Economiques - Sur les six villages de la route, seulement la moitié produisent du mezcal ; - Processus de fabrication du mezcal long et couteux ; - Conditions économiques très irrégulières dans les villages qui reflètent une offre très inégale. Sociales - Manque d’une offre structurée et d’une image formelle et professionnelle pour installer une relation de confiance avec les touristes ; - Manque de coordination entre les différentes institutions de développement et des acteurs des communes ; - Incompréhension de l’offre mezcalière par les habitants : Le village a été élu alors qu’il ne produit pas de mezcal. Nous avons distingué différentes contraintes au sein du territoire qui empêche de développer le tourisme de manière significative sur le territoire. L’offre touristique est peu structurée, elle manque d’une certaine unité et d’une promotion à l’échelle nationale et internationale. L’offre est peu diversifiée en termes d’hébergements, nous distinguons huit hôtels et quatre chambres d’hôtels officiellement recensés. Pour finir nous retiendrons les éléments d’ordre social. Les habitants de certaines municipalités ne se sont pas identifiés à la route touristique des Chemins du Mezcal car ils ne produisent pas de mezcal. Le manque d’implication des autorités compétentes freine considérable les répercussions positives sur le territoire. 156 2.3 Des initiatives nationales orientées vers la promotion du patrimoine alimentaire mexicain qui encouragent la mise en place de projets touristiques locaux tournés vers la gastronomie Les opportunités offertes pour le développement de la Route des Chemins du Mezcal semblent lui assurer un avenir prometteur. Tableau 12: Opportunités sur la Route des Chemins du Mezcal Offre touristique OPPORTUNITES - Oaxaca est l’Etat de plus visité du Mexique ; - Le mezcal bénéficie de la dénomination d’origine depuis 1994 ; - La cuisine mexicaine est inscrite sur la Liste représentative du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2010 ; - La croissance de la demande touristique culturelle et gastronomique au niveau national et international promet des retombées importante pour le pays ; - Oaxaca est située sur la « Route touristique des milles saveurs du Mole » ; - Le positionnement de la Route des Chemins du Mezcal est clairement définit au niveau local, national et international. Economiques - Investissements et réaménagements dans les communautés (reconstruction des marchés municipaux de Tlacolula, de Tlacochahuaya et de Teotitlán del Valle) ; - Investissement de 60 millions de pesos + 35 millions prévus en 2015-2016 pour les producteurs de mezcal (nouvelles infrastructures et commercialisation des marques mezcalières), 248 producteurs ont déjà bénéficié d’une donation ; - Consolidation des petites et moyennes entreprises (équipement productif, infrastructure, formation et certification). Sociales - Une initiative qui vise à développer les produits touristiques, en prenant en compte la préservation de l’identité culturelle et le respect de l’environnement ; - Amélioration de l’image urbaine des villages ; - Mise en place de brochures touristiques pour développer la marque de la Route des Chemins du Mezcal ; - Cette démarche favorise le développement social et ré active l’économie des villages. La Route des Chemins du Mezcal dispose de certains atouts reconnus internationalement: la cuisine mexicaine et la dénomination d’origine octroyée au mezcal depuis 1994. Ces éléments permettent d’embellir la Route Touristique des Chemins du Mezcal et de diversifier l’expérience des touristes. De nombreux investissements ont été réalisés afin d’améliorer l’image des villages auprès des visiteurs. Ces aménagements ont également profité aux habitants. Concernant le développement social les communautés se voient intégrées dans un nouveau projet destiné à promouvoir les destinations. Les habitants vont devoir se convertir en véritable amphitryon pour répondre aux attentes des visiteurs. 157 2.4 Des instabilités sociales et politiques qui freinent la fréquentation touristique de l’Etat de Oaxaca Plusieurs menaces extérieures freinent le bon développement de la route. D’une part, le manque d’infrastructures dans les villages empêche la répartition des ressources au cœur des communautés. Les autres routes gastronomiques dans les Etats voisins peuvent constituer un frein pour le développement de la communauté. L’activité économique dans les Vallées Centrales est envisagée par certaines communautés comme la principale source de revenus ce qui peut entraîner des répercussions négatives lorsque l’activité touristique se fait plus rare. Nous terminerons par l’aspect le plus menaçant qui concerne les intérêts économiques des politiques. La Route des Chemins du Mezcal répond à des préoccupations politiques et n’intègre pas les communautés aux démarches de développement. De plus le cas de la certification du Mezcal met en relief certains aspects des intérêts politiques et commerciaux des autorités. La dénomination d’origine du mezcal est gérée par l’élite locale. Le succès de la boisson risque d’être essentiellement commercial et de ne pas complètement bénéficier aux producteurs. Le pouvoir de l’élite réduit l’efficacité des producteurs et compromet le capital initial du produit94. Tableau 13 : Menaces sur la Route des Chemins du Mezcal Offre touristique Economiques Sociaux MENACES ET LIMITES - Manque d’équipements et d’infrastructures dans les villages pour répondre aux besoins primaires des touristes ; - Offre similaire (routes culturelles et gastronomiques) dans les Etats voisins de Chiapas et de Puebla ; - Forte demande d’agaves par des entreprises nationales qui exercent une pression auprès des producteurs pour obtenir cette ressource naturelle ; - Projet qui relève des intérêts économiques et politiques du gouvernement ; - L’activité touristique est envisagée comme l’activité principale de développement au lieu d’être une activité complémentaire ; - Diminution de la fréquentation touristique depuis 2006. - Situation politique et sociale instable ; - Problèmes de vols entre les producteurs de certaines espèces d’agaves sauvages considérés comme les plus savoureuses ; - Problèmes socio-politiques de 2006 ; - Diminution de la fréquentation touristique nationale et internationale. 94 Centre du Commerce International, Guide des indications géographiques, faire le lien entre les produits et leurs origines, Genève, 2009 [en ligne]. Disponible sur http://www.intracen.org/uploadedFiles/intracenorg/Content/Publications/Geographical_Indications_French.pdf. (Consulté le 04-08-2015). 158 Nous avons distingué de nombreux atouts sur cette route, les autorités ont inauguré ce projet en mars 2015 et il est encore tôt pour mesurer les impacts économiques, culturels et environnementaux sur les six villages concernés. Néanmoins nous avons retenu quelques conclusions d’après le Plan Stratégique de Développement de la route dans lequel de nombreux éléments sont présentés mais ne semblent pas avoir encore avoir été mis en application. Nous allons proposer quelques préconisations afin d’améliorer le développement de la route touristique. 3. Préconisations pour une meilleure valorisation de la Route des Chemins du Mezcal Nous avons pensé à plusieurs propositions qui visent à améliorer le projet de la Route du Mezcal. Lors de notre expérience sur le terrain nous avons distingué certains éléments qui nous encouragent aujourd’hui à proposer des actions pour développer, renforcer et accompagner le développement de l’offre touristique de la Route des Chemins du mezcal. 3.1 Développer, structurer et formaliser l’offre touristique de la Route des Chemins du Mezcal Nous souhaitons rappeler que la Route des Chemins du Mezcal a été inaugurée en mars 2014. Les manquements que nous avons observés reflètent éventuellement d’un manque de temps et de moyens de la part des autorités compétentes dans l’application des actions programmées. Structurer et rééquilibrer l’offre Dans un premier temps nous proposons de structurer et de rééquilibrer l’offre touristique proposée dans chaque municipalité. Tous les villages ne sont pas producteurs de mezcal et il semble important de communiquer l’information aux visiteurs qui peuvent se sentir lésés de ne pas trouver de mezcal une fois sur le territoire. Accompagner les visiteurs L’itinéraire de la route est clair et lisible mais les moyens mis à disposition des touristes pour se rendre dans ces villages ne sont pas forcément évidents. Le plus souvent les visiteurs se rendent sur les territoires de quatre façons : soit par leurs propres moyens (touristes nationaux), soit en louant un véhicule (touristes internationaux), soit en participant à une visite guidée ou soit en utilisant les transports communautaires (taxi ou autocar). Il est nécessaire d’accompagner les visiteurs et de préciser dans les brochures comment ils peuvent se rendre dans les communautés, par quels moyens peuvent-ils y parvenir et à quel prix. Il 159 s’agit de créer un document précisant les heures de passage des autocars et les points de ralliements des taxis (horaires, lieux, coûts, temps de trajet…). 3.2 Renforcer communication le dispositif d’information et de Nous avons observé des lacunes concernant la promotion et la diffusion de l’information. Répartir l’information sur le territoire Des brochures ont été créées dans l’objectif de promouvoir les dix routes touristiques du mezcal. Une brochure intuitive a été consacrée à la Route des Chemins du Mezcal. L’unique difficulté est de se la procurer. Dans le village de Teotitlán, le musée ne dispose que d’une brochure unique qu’il met à disposition des touristes pour qu’ils puissent la consulter sur place. L’idée est de fournir dans chaque village une quantité suffisante de livrets pour inviter les habitants à communiquer sur la brochure et à inviter les visiteurs à découvrir les autres étapes de la route. Informer les visiteurs une fois sur place La Route des Chemins du Mezcal est très récente, mais manque toutefois d’une certaine diffusion à l’intérieur des villages, dans l’Etat de Oaxaca, à l’échelle du pays et pour finir à l’international. Des ambassadeurs des agences de voyages locales parcourent les rues de Oaxaca pour proposer leurs prestations touristiques privées aux visiteurs. Cette méthode fonctionne, mais ne parvient pas à satisfaire les habitants des villages. Afin de formaliser l’information, nous pourrions proposer de nouveaux moyens de diffusion des activités touristiques. Dynamiser les supports de communication La STyDE dispose d’une page facebook et d’un compte twitter qu’elle alimente régulièrement. Cependant, les pages attribuées à chaque village sont administrées par les jeunes habitants de la communauté qui ont trouvé cette idée pour faire connaître leur village. Il est nécessaire de formaliser davantage l’information et de proposer des actions de diffusion de la part de la STyDE. Aucune application n’est mise à disposition du visiteur pour faciliter ses déplacements sur la route et pour l’encourager à participer à des activités touristiques. Les visiteurs manquent certainement d’un accompagnement pour se déplacer correctement le long de la route. Il semble primordial de multiplier les supports de communication et d’information multimédia : page internent, outil mobile, application. 160 3.3 Favoriser la coordination entre la STyDE et les communautés : formation, évaluation et suivi Pour finir, nous imaginons que le rôle de la STyDE sur la route touristique doit être renforcé. Nous envisageons de réaliser des réunions participatives entre les habitants et la STyDE. Ces réunions permettraient aux habitants de s’exprimer sur des questions touristiques qui les préoccupent. La STyDE profiterait de l’occasion pour transmettre un message aux habitants concernant les valeurs partagées par la route qu’ils sont chargés de transmettre aux visiteurs. Il est important de former quelques personnes-ressources sur les territoires d’accueil qui peuvent prendre en charge les touristes et les accompagner dans leurs déplacements. Les habitants pourraient devenir de vrais ambassadeurs pour la route touristique. Nous avons présenté plusieurs préconisations pour accompagner le bon déroulement de la route. Dans un premier temps nous proposons de développer l’offre touristique tout en la structurant. Les nombreux atouts de la route méritent d’être insérés dans les formules touristiques. Nous imaginons également consolider le dispositif d’information et de communication qui admet à ce jour quelques limites. Pour ce faire nous imaginons multiplier les supports de communication à l’intérieur du village et dans la région des Vallées Centrales. Pour finir nous cherchons à rapprocher les politiques touristiques et les communautés sous forme de réunions participantes pour faciliter le dialogue entre les deux entités. En résume du chapitre 1 La route touristique s’appuie sur le patrimoine culturel, artisanal et naturel des Vallées Centrales. Afin de constituer le diagnostic de la route, nous nous sommes appuyé sur le plan stratégique de la Route Touristico-Economique du Mezcal établit par la STyDE pour les années 2011 à 2016. Cette analyse nous a permis de faire plusieurs constats. Comme son nom l’indique la route est nécessairement orientée sur les retombées économiques engendrées par le tourisme. De nombreuses initiatives sont précisées dans le plan stratégique mais ne semble pas avoir été appliquées jusqu’à maintenant (exemple : sensibilisation des locaux à la route touristique). En revanche ces quatre dernières années, le projet de la route a permis de renforcer l’attractivité des territoires et d’augmenter la fréquentation touristique. 161 Chapitre 2 : Stratégie d’intervention pour valoriser, dynamiser et moderniser l’offre touristique de la Route des Chemins du Mezcal Avant de présenter le plan d’action stratégique nous allons rappeler les problèmes que nous avons décelés sur la Route des Chemins du Mezcal. Cette première analyse nous invitera à présenter un ensemble d’actions, dont trois nous ont semblé particulièrement pertinentes. Ces dernières seront présentées sous forme de fiche action opérationnelle. 1. Des problèmes qui paralysent le développement de l’activité touristique sur la Route Touristique 1.1 Qu’est-ce que nous souhaitons résoudre en mettant en place le plan d’actions stratégiques ? L’analyse préliminaire exposée dans la seconde partie nous invite à proposer un plan d’actions stratégiques. Nous avons perçu plusieurs disfonctionnements que nous souhaitons exposer car ils empêchent les habitants de s’approprier leurs ressources locales. Le plan d’actions proposera des opérations destinées à répondre à la question suivante : comment faire renaître l’activité touristique sur la Route des Chemins du Mezcal en faisant en sorte que les habitants s’approprient leurs ressources locales ? Nous avons formulé le plan d’actions en nous concentrant sur le village de Teotitlán qui nous semblait le plus apte à recevoir nos propositions. Nous avons omis le village de Tlacochahuaya car le recueil des informations s’est principalement focalisé sur le village de Teotitlán. 1.2 Détermination des différents problèmes rencontrés sur la Route des Chemins du Mezcal Tout d’abord, nous tenons à rappeler les difficultés rencontrées par les communautés présentes sur la Route des Chemins du Mezcal afin de mieux justifier la formulation du plan d’actions stratégiques. Dans un premier temps le tourisme s’est installé de manière inégale dans les six villages de la route touristique. Selon les études statistiques plus de 90% des visiteurs est donc sont d’origine mexicaine. Il nécessaire d’entreprendre une commercialisation à l’échelle internationale pour parvenir à capter des touristes étrangers. Le manque d’intervention du secrétaire d’Etat au tourisme et du gouvernement étatique empêche les habitants de s’approprier l’activité touristique de manière significative. Le 162 manque de promotion des destinations et de communication entre les acteurs sociaux empêchent les locaux de s’impliquer pleinement dans l’activité touristique. Ces derniers sont parfois placés au second plan dans les projets de territoires. En 2006, les manifestations des professeurs suite aux réformes gouvernementales ont installé un climat d’insécurité et freiné considérablement la fréquentation touristique dans l’Etat de Oaxaca. Pour faire face à ces bouleversements le secrétaire d’Etat au tourisme a créé dix routes touristiques. Cependant ces initiatives sont parfois limitées à cause d’un enracinement particulièrement intense des traditions au sein des communautés. Parmi ces traditions nous retrouvons la gastronomie traditionnelle oaxaquenienne qui se positionne progressivement comme un élément fondamental dans les projets de développement. 1.3 Des résolutions stratégiques à envisager sur le long terme La mise en place du plan d’actions stratégiques nous invite à nous projeter dans l’avenir. Nous aimerions parvenir à plusieurs objectifs : - redynamiser la fréquentation touristique sur la Route des Chemins du Mezcal pour assurer un revenu constant aux communautés dépendantes de tourisme ; - initier les échanges entre le visiteur et le visité pour partager des connaissances et ressortir gagnant de la rencontre culturelle ; - écouter les besoins des habitants pour proposer de nouveaux projets de territoire au plus proche de leurs préoccupations ; - fédérer des acteurs au niveau régional pour mettre en commun les compétences et être plus efficace dans le développement de la communauté. Ces précédentes remarques nous invitent à reconsidérer la place du tourisme sur les territoires. Après avoir remarqué que l’activité touristique souffrait de quelques manquements nous passons à présent à la mise en situation et la proposition opérationnelle d’actions stratégiques de développement. 163 2. Un plan d’actions formulé selon les trois piliers de développement durable qui permettra l’appropriation des ressources locales des habitants D’un point de vue général nous cherchons à proposer des innovations territoriales et sociales dans le but de dynamiser les territoires, d’améliorer l’implantation de la Route des Chemins du Mezcal auprès des communautés et de faciliter l’appropriation des ressources locales par les habitants. Nous distinguons trois typologies d’actions que nous présenterons dans le tableau de synthèse qui figure à la page suivante. Nous allons nous focaliser sur les dimensions sociales, économiques et environnementales pour mener à bien ces actions stratégiques. Nous proposons un modèle d’intervention à trois niveaux : - niveau individuel : proposition d’actions à l’échelle d’une famille, d’un ménage ; - niveau collectif / local : mise en place d’actions à réaliser à l’intérieur de la communauté entre tous les membres de la municipalité et l’ensemble des habitants ; - niveau régional : création d’initiatives en partenariat avec des acteurs extérieurs à la communauté : STyDE, villages voisins… 164 Tableau 14: Plan d'actions stratégiques selon les trois piliers du développement durable DIAGNOSTIC NIVEAU BUT AXES D’INTERVENTION LIGNES STRATEGIQUES - ACTIONS Partager - Organiser de réunions mensuelles entre la STyDE et les habitants pour les familiariser et les sensibiliser aux enjeux du tourisme ; - Entreprendre une valorisation identitaire des communautés. Proposer des formations gratuites auprès des habitants pour les transformer en de vrais ambassadeurs touristiques du le village. - Faire appel à des habitants volontaires ; - Mettre en place des formations de capacitation ; - Réaliser des exercices de mise en situation ; - Suivre et évaluer les résultats. Régional Vallées Centrales Changer Individuel Local Etat Installer une relation de confiance entre les habitants et la STyDE en multipliant les réunions et accompagnant les locaux. Restructurer les comités du tourisme et désigner des personnes ressources : ambassadrices. Local Etat Impliquer Manque de cohésion sur le territoire et absence d’une réellement implication dans les projets touristiques Local Etat Echanger PILIER SOCIAL Mobiliser les acteurs du territoire autour d’un projet commun : la création de la coopérative « El pajaro viajero » (l’oiseau voyageur). - Envisager une nouvelle structuration des services communautaires ; - Définir les rôles des nouveaux représentants : Accueillir, renseigner et orienter les visiteurs ; Tenir un registre ; Diffuser une enquête de satisfaction (Annexe W). - Réunir les acteurs ressources (cuisinières, artisans, propriétaires de chambres d’hôtes, transporteurs, agriculteurs, agences de voyages, guides touristiques certifiés) ; - Définir le tôle de chaque participant ; - Fédérer les acteurs autour du projet commun ; - Appropriation des deux formules à offrir aux touristes (page 172) ; - Diffusion et promotion de l’offre avec le soutien de la STyDE. 165 Un patrimoine naturel important qui n’est pas mobilisé dans les projets de territoire Régional Vallées Centrales Communiquer Une offre touristique peu diversifiée qui manque de modernité et a besoin d’être mise en valeur Régional Vallées Centrales Commer cialiser Local BUT Innover NIVEAU Local Teotitlán Valoriser DIAGNOSTIC AXES D’INTERVENTION PILIER ECONOMIQUE LIGNES STRATEGIQUES - ACTIONS - Amélioration de la fête gastronomique et artisanale de Teotitlán ; Dynamiser l’offre gastronomie : mise en place d’ateliers de dégustation et de cuisine, Entreprendre la restructuration et le Favoriser les échanges entre les artisans et les touristes, renouvellement de l’offre touristique dans Stands de vente de produits locaux et artisanaux. chaque communauté afin de moderniser les - Création d’un nouveau marché local permanent et ouvert tout au long destinations. de la journée ; - Réunir les propriétaires des chambres d’hôtes pour augmenter leur visibilité ; - Mettre en place des événements sur le thème des récits d’histoires. - Actions centrées sur la promotion des ressources locales : Multiplier les canaux de promotion (signalétique, internet, réseaux Mettre en place une politique de communication sociaux, guides pratiques, presse…) ; et de valorisation de l’offre culturelle et Entretenir les partenariats (STyDE, Agences de voyages, guides…) ; gastronomie dans les villages. - Entreprendre une politique de valorisation grâce à certification des produits alimentaires. Multiplier les collaborations et les partenariats pour rendre les villages Multiplier les canaux de distribution pour rendre visibles : les destinations plus visibles et plus accessibles Entreprendre des partenariats avec les acteurs privés ; auprès des consommateurs. Maintenir les partenariats déjà existants. PILIER ENVIRONNEMENTAL Mobiliser le patrimoine naturel pour mettre parvenir à la diversification des activités sur le territoire. - Recensement de la faune et la flore présente sur le territoire de Teotitlán ; - Création d’un topo-guide contenant l’ensemble des circuits de randonnées ; - Formation des habitants pour accompagner les touristes dans leurs randonnées. 166 Ces actions ont été pensées grâce aux observations sur le terrain. Nous tenions à précisément que nous n’avons pas intégrer les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) car au regard des coûts qu’elles engendrent elles ne nous semblaient pas réellement adaptées au territoire. Nous présentons ci-dessous toutes les actions imaginées selon les trois piliers du développement durable. Nous avons alors choisi de détailler trois actions qui nous semblaient les plus viables. 3. Mise en place des actions selon les dimensions sociales, environnementales et économiques du développement durable 3.1 Des actions reposant sur l’axe social pour encourager la transmission des ressources locales des habitants auprès des visiteurs 3.1.1 PARTAGER : Installer une relation de confiance entre les habitants et la STyDE : multiplier les réunions et accompagner les locaux Nous aimerons encourager la mise en place d’évènement régulier entre les autorités gouvernementales et les membres des communautés. L’objectif serait de développer une relation de confiance entre ces deux entités pour créer un discours commun à transmettre aux touristes. Les habitants ont besoin d’un accompagnement pour mesurer les enjeux du tourisme. Trop souvent les touristes arrivent sur les territoires par hasard et ne disposent pas de toute l’information qu’ils désireraient. Cette relation s’illustrerait par l’organisation de réunions mensuelles entre la STyDE et les habitants des communautés afin : de les familiariser avec les objectifs sociaux, environnementaux et économiques de la Route des Chemins du Mezcal. L’idée est de les encourager à transmettre l’information auprès des visiteurs ; de les sensibiliser aux enjeux du tourisme. Réalisation de mises en situation (habitant face à un autre habitant qui se fait passer pour un touriste) pour comprendre les comportements adoptés par les locaux et adapter leurs attitudes aux besoins ; d’entreprendre une valorisation identitaire des communautés locales en mettant en place des actions destinées à sensibiliser les habitants aux richesses dont ils disposent afin de les inviter à les transmettre aux visiteurs. 167 3.1.2 ECHANGER : Proposer des formations gratuites auprès des habitants pour les transformer en de vrais ambassadeurs touristiques des villages Nous cherchons ici à positionner les habitants comme de vrais ambassadeurs du territoire. Nous imaginons les habitants comme des intermédiaires entre la STyDE et les touristes. Nous pensons que l’appropriation des ressources locales par les habitants est particulièrement significative pour qu’ils soient prêts à les transmettre à des visiteurs. Comment procéder ? - Faire appel à des habitants volontaires Il s’agit de trouver les habitants qui soient prêts à participer à la valorisation de leur village dans l’objectif de mieux connaître les visiteurs, d’apprendre à vivre ensemble et de partager des savoirs. - Mettre en place des formations La communauté locale joue un rôle fondamental dans l’application du Plan Stratégique de Développement de la STyDE. Les habitants sont les premières personnes que rencontre un touriste. Nous imaginons mettre en place des formations pour apprendre aux habitants à recevoir les touristes au sein de la communauté. Il s’agit de les inviter à contribuer activement en la réussite de l’expérience vécue par le touriste. Nous cherchons à positionner l’habitant comme un professionnel capable de transmettre ses traditions. - Réaliser des exercices de mise en situation Les professionnels du tourisme accompagneront les habitants à s’approprier un discours professionnel et à adopter une posture formelle face aux touristes. - Suivre et évaluer les résultats Après avoir appliqué les méthodes acquises avec les professionnels du tourisme les habitants pourront donner leur impression et faire un constat sur le comportement des touristes : que recherchent-ils ? A quelle période sont-ils les plus présents ? Ces données permettront de produire des connaissances pour adapter l’offre aux attentes des touristes. 3.1.3 MODIFIER : Restructurer les comités du tourisme et désigner des personnes ressources et ambassadrices Certains territoires disposent d’un comité chargé de développer l’activité touristique. Dans d’autres communautés, dans le cas où ce comité n’existe pas, la compétence « tourisme » est confiée au régisseur de l’agriculture, au régisseur d’œuvres, ou du sport… Nous cherchons à 168 désigner de nouvelles personnes qui puissent s’investir pleinement pour accueillir les touristes dans les meilleures conditions. Pour cela nous envisageons plusieurs étapes : - Envisager une nouvelle structuration des services communautaires Nous envisageons de créer trois nouveaux postes de représentant : celui des transports et des hébergements, celui des activités gastronomiques et pour finir celui des activités culturelles (bien que la gastronomie fasse partie des activités culturelles nous souhaitons lui accorder une place privilégiée car le développement de l’activité touristique repose en partie sur elle. - Définir les rôles de ces nouveaux représentants Ces nouveaux ambassadeurs permettraient de faciliter les déplacements des touristes, de les conseiller sur les activités disponibles sur le territoire, de récolter des données précieuses que nous pourrions traduire sous forme de statistiques. De plus il serait chargé au sein du musée ou de l’hôtel de ville : d’accueillir, renseigner, orienter les visiteurs : Nous voulons créer une entité capable de renseigner les visiteurs. Nous voulons nous inspirer sur les offices de tourisme européennes pour favoriser les échanges d’information entre le visiteur et le visité ; de tenir un registre (journal de bord quotidien) à l’entrée du musée pour connaître les profils des visiteurs (nom, prénom, sexe, nationalité(s), âge, lieu de résidence temporaire…). Cet élément permettrait d’avoir un suivi quotidien pour pouvoir produire des résultats annuels ; de diffuser une enquête de satisfaction à administrer aux visiteurs pour connaître les raisons de leur visite et comprendre leurs attentes. L’enquête se décline en plusieurs parties que vous retrouvez en annexe W. Ainsi ces personnes ressources permettront de renseigner les touristes et d’instaurer certaines normes au sein de la communauté. L’idée est de positionner le comité du tourisme (qui dans certaines communautés n’existe pas encore ou est directement rattaché au comité du musée) comme un acteur majeur du développement qui soit capable de négocier avec les entités gouvernementales et entreprises privées. Nous vous invitons à consulter la page suivante pour prendre connaissance de cette nouvelle structuration : 169 Figure 18 : Proposition de la nouvelle structure du comité du tourisme 3.1.4 IMPLIQUER : Mobiliser les acteurs du territoire autour d’un projet commun : la création d’une coopérative Cette action apparaît d’avantage comme un projet de développement à l’échelle locale. Nous allons la décliner de manière plus approfondie pour cerner l’ensemble de ses étapes. L’objectif de cette action est de fédérer les acteurs d’un territoire sous forme de coopérative que nous pourrions appeler « El pajaro viajero » ou l’oiseau voyageur pour faire référence aux touristes qui viennent pour quelques heures sur le territoire. Nous nous adressons d’un part aux cuisinières de la communauté de Teotitlán qui selon nous manque d’une certaine 170 reconnaissance, nous intégrons également les artisans du village, les hébergeurs, les transporteurs (taxi communautaire de la communauté) et les agriculteurs (dans les cas où les touristes choisissent la seconde formule). Nous cherchons à intégrer des personnes qui n’ont pas les moyens de vendre leurs produits sur le marché ou qui ne peuvent pas se permettre d’ouvrir un commerce. Ainsi ce projet concernerait les habitants de la municipalité, les agences de voyages, guides touristiques certifiés et les visiteurs. Tableau 15 : Définition des rôles de chaque intervenant dans le projet de coopérative Rôle des cuisinières - donner des cours de cuisine ; - proposer des ateliers de dégustation ; - faire preuve d’une volonté de transmettre ses savoirs et savoir-faire ; - élaborer un menu et le proposer aux visiteurs. Rôle des artisans - présenter leur activité et faire visiter l’atelier de tissage ; - proposer aux visiteurs de participer à la création d’une pièce artisanale en laine ; - faire preuve d’une certaine habilité avec les touristes. Rôle des propriétaires de chambres d’hôtes - accueillir les touristes ; - conseiller les touristes en cas de besoins (question sur le village…) ; - offrir les services de base (eau, lumière, repas, dîner avec le soutien des cuisinières traditionnelles). Rôle des transporteurs, (taxi communautaire) - récupérer les touristes à Oaxaca - assurer le transport aller-retour de Oaxaca Teotitlán Oaxaca. Rôle des agriculteurs - partager leurs savoirs et leurs connaissances au sujet de leur activité ; - inviter les visiteurs à nettoyer le maïs ; - récolter quelques produits que les visiteurs pourront consommer à l’avenir. Rôle des agences de voyages - démarcher les habitants pour concevoir des partenariats ; - promouvoir le produit touristique ; - promouvoir la destination de Teotitlán. Rôle des guides touristiques certifiés - capter les touristes dans la ville de Oaxaca ; - accompagner les visiteurs chez l’habitant pour connaître les cuisinières et visiter les ateliers de tissage ; - établir un système de rotation entre chaque membre de la coopérative pour que le tourisme puisse profiter à tous les membres de l’association ; Rôle des touristes - participer aux classes de cuisines ; - parcourir les ateliers des artisans ; - faire preuve de curiosité, poser des questions. 171 Nous cherchons à rééquilibrer les rôles de chaque membre qui se verrait bénéficiaire en participant à ce projet. Il s’agit de définir les obligations de chaque participant pour permettre une certaine complémentarité et opérationnalisation des services. Cette coopérative proposerait ainsi un nouveau projet touristique sur le thème du patrimoine culturel et naturel en incluant la gastronomie, l’artisanat et la randonnée. Le produit se déclinerait sous deux formules : une formule de base d’une journée et une formule complète : de deux journées dont une nuitée chez l’habitant : Formule #1 - Une journée à Teotitlán - 08h15 : récupération des visiteurs au départ de Oaxaca en autocar, trajet 40minutes ; - 09h00 : accueil des touristes chez l’habitant, chocolat chaud et pâtisseries ; - 09h30 : visite du marché municipal et achat des produits pour préparer le repas ; - 10h45 : début de la classe de cuisine, prise de parole par la cuisinière pendant 30 minutes pour expliquer l’origine des produits, les techniques de préparation, les habitudes alimentaires des gens du village… - 11h15 : élaboration d’une recette par les visiteurs avec l’aide de la cuisinière, utilisation des outils préhispaniques : metate, comal… - 12h45 : dégustation d’un mezcal accompagné de quelques entrées préalablement confectionnées par la cuisinière. - 13h15 : dégustation du repas élaboré plus tôt. - 14h30 : fin de la prestation en compagnie de la cuisinière. - 14h45 : visite du village (église et marché artisanal). - 16h00 : découverte de l’atelier de tissage d’un autre membre de la coopérative. - 16h15 : Explication des méthodes pour teindre la laine, pour concevoir les tapis. - 17h30 : Fin de la journée, raccompagnement des visiteurs à Oaxaca en autocar. - 18h15 : Arrivée à Oaxaca. Formule #2 - Une nuitée à Teotitlán La seconde formule reprendrait les mêmes étapes que la première auxquelles s’ajouteraient à la fin de la première journée les éléments suivants : Journée 1 - 17h30 : Installation des visiteurs dans les appartements d’un troisième membre « hébergeur » de la coopérative. - 18h00 : Temps libre pour visiter le village et se reposer. - 19h30 : Diner léger accompagner des discussions entre les visiteurs et les membres de la communauté sous forme de récit d’histoire. - 21h30 : Temps libre. Journée 2 - 09h00 : Réveil des participants accompagné d’un petit déjeuner typique (chocolat, pâtisseries, enfrijoladas…) ; - 10h30 : Randonnée sur la montagne du Picacho avec un guide touristique local; - 11h15 : Visite du barrage et mise à disposition de barques aux visiteurs pour profiter d’une promenade sur l’eau. - 12h30 : Retour au village et temps libre pour visiter la zone archéologique et/ou le marché artisanal. - 14h00 : Repas dans l’un des restaurants du village (El Descanso, ou Tierra Antigua). - 15h30 : Visite des paysages environnants et des cultures de maïs, d’haricot et de courgettes en compagnie des agriculteurs qui expliquent les périodes de semence, de récolte, l’utilisation du produit et la vente ; - 17h00 : Retour à l’hébergement - 17h15 : Raccompagnement des visiteurs à Oaxaca en autocar. - 18h00 : Arrivée à Oaxaca. 172 Cette coopération cherche à intégrer l’ensemble des membres d’une communauté pour promouvoir le territoire et ses ressources. La création de ce projet communautaire permettrait de mobiliser les acteurs autour d’un projet commun, fédérateur et profitable à tous. La mobilisation des ressources locales, sociales et privées permettrait d’engager l’expression de son identité auprès des visiteurs. Vous retrouverez la fiche action résumant le projet à la page 182. 3.2 Des actions orientées sur la dimension économique du développement durable qui reposent sur l’offre historique et culturelle des destinations 3.2.1 INNOVER : Entreprendre la restructuration et le renouvellement de l’offre touristique pour moderniser les destinations Au regard de l’évolution des comportements des touristes nous avons imaginé de nouvelles expériences touristiques attirantes et enrichissantes. Trop souvent les touristes sont étonnés de voir une certaine homogénéité entre les produits artisanaux proposés à la vente. Par le biais de cette action nous cherchons à donner un nouveau souffle à la communauté. Vous retrouverez cette préconisation sous forme de fiche action à la page 183. - AMELIORATION DE LA FETE DU TAPIS ET DE LA GASTRONOMIE DE TEOTITLAN Généralement les événements sont organisés dans la ville de Oaxaca et ne permettent pas la répartition des richesses. Ici nous voulons délocaliser les événements qui existent déjà sur d’autres territoires et faire en sorte que les habitants de la communauté deviennent bénéficiaires. La fête de la gastronomie et de l’artisanat existe déjà à Teotitlán. Elle se déroule du 16 juillet au 02 août sur la place du village (environ trois semaines). Malheureusement cet évènement ne bénéficie pas du succès escompté. Figure 19 : Flyer de la fête du tapis et de la gastronomie – 2015 173 Ainsi nous cherchons à moderniser cette manifestation pour offrir une expérience enrichissante et constructive pour l’habitant et pour le visiteur. Nous commencerons par réduire la durée de l’événement à deux semaines (du 17 au 31 juillet). Dynamiser l’offre gastronomie : atelier de dégustation et de cuisine Nous proposons des ateliers de la dégustation des plats et des boissons typiques de la communauté : mole de cañasta, tamales, tejate, chocolate de agua, atole, champurado… Les cuisinières réaliseront en amont ces préparations pour les vendre tout au long de l’événement. Au cours de cette fête nous proposons également des ateliers de cuisine. Nous invitons les touristes à élaborer des recettes simples et rapides (confection de tortilla et de quesadillas), pour créer un échange entre les cuisinières et les visiteurs. Favoriser les échanges entre les artisans et les touristes Nous proposons aux touristes de comprendre le métier des artisans en participant à l’élaboration des tapis de laine et en apprenant à teindre à l’aide de colorants naturels les fils de laine. Cet atelier serait tenu par plusieurs artisans qui représenteraient une étape dans la confection des tapis de laine (nettoyage de la laine, coloration de la laine, préparation de la laine, élaboration du tapis). Pour chaque étape les artisans mettront à disposition des touristes leurs outils pour faciliter l’appropriation de leur métier. Mise en place de stands de vente de produits locaux et artisanaux Pour finir nous imaginons la manifestation avec des stands plus traditionnels qui offriraient des produits locaux et artisanaux que les touristes pourraient acheter comme souvenir. - CREATION D’UN NOUVEAU MARCHE LOCAL OUVERT TOUTE LA JOURNEE Nous souhaitons créer un nouveau marché local au sein de la communauté. Le marché municipal existant ouvre de 08h30 à 10h30 du matin. Certains touristes arrivent à partir de 11h00 et ne peuvent pas profiter de la manifestation sociale. Nous imaginons mettre en place un nouveau marché quotidien de 10h30 à 17h30 pour satisfaire les touristes désireux de connaître les produits locaux. Ce marché sera quotidien et communautaire. Chaque habitant sera libre de faire dons en petite quantité de ses produits (fruits et légumes, fleurs, pains, plats typiques, vêtements et ustensiles des cuisinières). Chaque jour un membre de la communauté se portera volontaire pour tenir le stand. L’argent récolté serait réutilisé pour les besoins de la communauté. 174 - REUNIR LES PROPRIETAIRES DES CHAMBRES D’HOTES POUR AUGMENTER LEUR VISIBILITE Nous avons remarqué que de nombreux habitants dans la communauté de Teotitlán avaient aménagé une ou plusieurs chambres au sein de leur maison pour la louer aux touristes. Cette activité leur assure un revenu supplémentaire à certaines périodes l’année mais le manque de promotion ne permet pas un revenu constant. Nous imaginons créer une organisation regroupant tous ces habitants qui disposent d’un espace à louer pour améliorer leur visibilité auprès des touristes. Cette organisation recensera dans un guide l’ensemble des chambres disponibles, leur capacité d’accueil et les services annexes (petit-déjeuner, eau froide, chaude…). Elles seront classées selon la qualité du service et les prix imposés. Ainsi si le touriste cherche un endroit pour se loger il pourra consulter ce guide disponible au musée et sur internet pour connaître la disponibilité des chambres et faire son choix en fonction de ses critères d’éligibilité. - METTRE EN PLACE DES EVENEMENTS SUR LE THEME DES RECITS D’HISTOIRES Afin de favoriser les interactions et les échanges entre les touristes et les visiteurs, nous envisageons la mise en place nous envisageons de mettre en place d’événements ponctuels. Cette action a pour objectif de sensibiliser les touristes à la culture et aux traditions partagées au sein de la communauté mais aussi à valoriser les savoirs des habitants du village. L’habitant serait alors au cœur de l’événement et raconterait son histoire. Ces événements auraient lieu une à deux fois par mois avec des personnes désireuses de partager leur histoire. Nous pensons par exemple aux cuisinières traditionnelles, ou encore aux artisanes qui se sont organisées en coopérative pour faciliter la commercialisation de leurs produits. L’événement se déroulerait dans la nouvelle maison de la culture de Teotitlán et l’entrée serait payante. Les bénéfices permettraient d’entretenir l’église et la municipalité. En outre, une partie de l’argent récolté serait reversée à l’intervenant qui a partagé son histoire. 3.2.2 COMMUNIQUER : Mettre en place une politique de communication et de valorisation de l’offre culturelle et gastronomie dans les villages 175 3.2.2.1 Promouvoir les ressources locales à l’échelle nationale et internationale Les villages méritent d’être valoriser à l’échelle locale, régionale et nationale au regard de la richesse culturelle dont ils disposent. Nous encourageons les autorités compétentes à communiquer sur la culture locale des destinations qui comprend les traditions, les coutumes et les richesses patrimoniales tangibles et intangibles. Nous invitons les promoteurs à positionner la gastronomie oaxaquenienne comme un attrait touristique pour la région. - LES CONTENUS : sur quoi voulons-nous communiquer ? Ces actions suivantes seront orientées sur la promotion des villages concernant : l’offre culturelle artisanale : produits artisanaux, techniques ancestrales ; l’offre culturelle gastronomique : diversités des plats, ingrédients, techniques, ustensiles ; l’offre culturelle religieuse : églises, temples ; l’offre écotouristique : randonnée, promenade en barque, location de bicyclette, de cheval. - LES SUPPORTS DE DIFFUSION : comment allons-nous communiquer ? Nous envisageons d’impulser des actions de diffusion en mobilisant plusieurs outils de communication pour promouvoir les villages de la route touristique : mettre en place une signalétique moderne et cohérente depuis la ville de Oaxaca pour indiquer les villages et leurs attraits touristiques ; promouvoir les destinations sur internet, sur les réseaux sociaux ; multiplier la présence des villages dans les guides pratiques et dans la presse ; mise en place d’un guide pratique pour chaque village présent sur la Route des Chemins du Mezcal décliné en plusieurs rubriques : Comment accéder au village ? Où dormir ? Où manger ? Que voir ? Que faire ? (insérer un agenda des manifestations annuelles). Le guide pratique sera proposé en espagnol et en anglais. D’un part parce que les touristes nationaux sont les plus nombreux à visiter Oaxaca et qu’il s’agit de la langue nationale et d’autre part en anglais puisque les américains sont les plus à même à dépenser sur le territoire. - LES ACTEURS RESSOURCES : par quels moyens pourrons-nous communiquer ? Le secrétaire d’Etat au tourisme (STyDE) ; Les membres du comité du tourisme pour recueillir les informations pratiques (hébergements, transports, restaurations, activités touristiques) ; 176 Les membres du comité du musée pour réaliser une rubrique sur l’histoire des traditions et des coutumes de la destination. - LES CIBLES : qui est-ce que nous voulons capter ? Les touristes locaux de l’Etat de Oaxaca et des communautés voisines ; Les touristes nationaux du District Fédéral, et des Etats voisins à celui de Oaxaca ; Les touristes internationaux d’Amérique du Nord et d’Europe. 3.2.2.2 Entreprendre une politique de valorisation des produits alimentaires par la labélisation Nous cherchons à mettre en place une nouvelle démarche de valorisation destinée à obtenir des appellations d’origine. Au Mexique seulement 14 produits bénéficient de la dénomination d’origine parmi eux, nous retrouvons principalement le mezcal, la tequila, le café de Veracruz, celui de Chiapas, la mangue, la vanille, le piment, et le riz. Dans la même dynamique nous imaginons octroyer la Spécialité Traditionnelle Garantie (STG) à des plats composés de viande, à des sauces piquantes, ou à des boissons traditionnelles. Nous pensons tout particulièrement au tejate ou à l’atole : boissons traditionnelles élaborées à base de maïs. Dans un premier temps, il serait nécessaire d’entreprendre un inventaire de l’ensemble des boissons et des plats éligibles pour les positionner comme une marque gastronomique nationale et comme un élément de différenciation au niveau international. Cette certification permettrait d’attester de la qualité d’un plat cuisiné tout comme l’UNESCO l’a fait en 2010 en inscrivant la cuisine mexicaine sur la Liste représentative du patrimoine mondial de l’humanité. Nous pouvons également envisager cette démarche de certification non pas pour la gastronomie mais pour les produits artisanaux tels que les tapis de laine et les ustensiles de cuisine en terre cuite. Nous imaginons que l’ensemble de ces actions contribueront en la promotion efficace et ciblée des destinations touristiques. 3.2.3 COMMERCIALISER : multiplier les canaux de distribution pour rendre les destinations plus visibles et plus accessibles auprès des consommateurs La dernière ligne d’action que nous souhaitons développer dans la rubrique économique concerne la commercialisation. Nous avons imaginé un projet qui permettrait de diversifier les canaux de distribution et de commercialisation de l’offre touristique des villages de la Route des Chemins du Mezcal. Cette action revient à multiplier les collaborations et les partenariats avec les autorités compétentes. 177 - Entreprendre des partenariats avec les acteurs privés L’objectif est de faciliter les négociations entre deux entités —agences de voyages privées et habitants— afin d’assurer un revenu constant aux différents prestataires. La coordination des habitants avec le secteur privé et les prestataires de service permettrait de développer leur visibilité et d’accueillir plus de visiteurs sur les territoires. Nous cherchons principalement à encourager les agences de voyages et les habitants à travailler ensemble de manière contrôlée pour satisfaire les touristes. L’idée serait de faire profiter les artisans et les cuisinières à tour de rôle, comme cela existe dans d’autres régions de Oaxaca. Les guides certifiés accompagnés des touristes pourraient visiter une fabrique de mezcal le mardi, et le jour suivant se rendre dans une fabrique de mezcal différente. Cette action doit également intégrer les restaurants touristiques et les artisans. - Maintenir les partenariats déjà existants Le Secrétaire d’Etat au tourisme (STyDE) se charge de faire la promotion de la Route des Chemins du Mezcal et des villages qui la compose. Nous souhaiterons maintenir les liens qui unissent les villages à la STyDE et créer de nouveaux partenariats pour permettre aux villages de diffuser leurs nouvelles offres et formules touristiques. 3.3 Réévaluer le patrimoine naturel du village de Teotitlán del Valle 3.3.1 MOBILISER : Valoriser le patrimoine naturel pour parvenir à diversifier les activités sur le territoire Nous tenons à réévaluer l’offre touristique concernant le patrimoine naturel à Teotitlán. Ce village est trop souvent assimilé à ses tapis de laine alors qu’il regorge de nombreuses autres ressources naturelles. Nous envisageons de nous concentrer sur le patrimoine naturel de la destination comme par exemple la montagne appelée Picacho et le point d’eau piedra azul. Vous retrouvez cette proposition sous forme de fiche action à la page 184. La montagne de Pichacho se situe à un peu plus de 1680 mètres d’altitude. Les habitants considèrent le sommet de la montagne comme un lieu sacré. Au mois de mai ils grimpent en haut de cette montagne pour faire quelques prières face aux deux croix religieuses. Il n’est pas rare de voir des habitants des vallées voisines participer à ces manifestations. 178 Figure 20 : Cerro Picacho, Teotitlán del Valle, C. Dejean - 02-07-15 - OBJECTIFS : Quels sont les objectifs de l’action ? L’objectif de l’action est d’une part de sensibiliser les acteurs locaux à leur patrimoine naturel et de les encourager à le transmettre aux visiteurs dans l’objectif de réaffirmer l’identité de la communauté. D’autre part nous considérons que cette action permettra de rééquilibrer les ressources sur le territoire. Le patrimoine naturel, les tapis de laine et la cuisine traditionnelle méritent d’être mobilisés sur le même pied d’égalité. Selon nous le patrimoine naturel dispose d’un potentiel incontestable mais le manque de valorisation ne permet pas de profiter de tous ses atouts. Cette initiative permettrait d’éveiller les cinq sens des randonneurs dans la recherche des plantes (médicinales, comestibles…) et des espèces animales. - CIBLES : A qui s’adresse ce projet ? Nous envisageons de nous focaliser sur les personnes en bonne forme physique, qui sont habituées à pratiquer des activités sportives. Nous imaginons également que les personnes passionnées par la faune et la flore puissent participer aux randonnées. Les touristes sensibilisés à la question de l’environnement et de l’écotourisme seront également réceptifs à la proposition. - MOYENS : Par quels moyens parviendrons-nous à réaliser le projet ? Moyens humains : l’habitant « ambassadeur » Nous positionnerons les habitants comme de vrais ambassadeurs afin de valoriser leurs traditions et d’encourager le processus d’appropriation. Ils seront amenés à accompagner les touristes un peu anxieux ou les curieux qui souhaitent profiter d’une promenade pour en 179 savoir un peu plus sur l’histoire de la communauté. La prestation assurerait un revenu à l’ambassadeur de la communauté et rassurerait, faciliterait et répondrait aux attentes des touristes. Moyens humains : Mobilisation des animateurs du patrimoine naturel et paysager pour valoriser la faune et la flore. Nous imaginons également faire appel à des professionnels extérieurs spécialisés dans la faune et la flore des Vallées Centrales de Oaxaca. La région dispose d’une grande diversité d’espèces animales et végétales dont certaines sont considérées comme endémiques. Par exemple parmi les plantes endémiques nous retrouvons certaines espèces de cactus et l’agave maguey, dont l’utilisation est destinée à des fins religieuses, alimentaires et décoratives. Pour ce qui est des espèces animales nous retrouvons le serpent coralillo de couleur rouge parsemé d’anneaux noirs, blancs et jaunes et l’oiseau bleu chara enana. Au total 120 espèces dont 32 sont endémiques à l’Etat de Oaxaca. Ainsi les animateurs pourraient transmettre leurs connaissances à certains villageois pour qu’ils puissent à leur tour les partager avec les visiteurs. Moyens matériels : Nous mettrons à disposition des visiteurs du matériel de randonnée au sein de la nouvelle Maison de la Culture: bâtons de marche, trousses de premiers secours, chapeaux, bouteilles d’eau, carte géographique, sac à dos… De plus, nous cherchons à développer l’offre en proposant également un topo-guide intuitif qui puisse accompagner les visiteurs pendant leur excursion. Ce topo-guide : - reprendrait l’ensemble des chemins praticables ; - dédirait une rubrique sur l’écotourisme afin de sensibiliser les visiteurs au respect de la nature et les inviter à adopter un comportement adapté et sécurisé en montagne ; - identifierait les points d’intérêt touristiques : lieux sacrés, table d’orientation, plantes et animaux endémiques,... ; - consacrerait un chapitre aux plantes remarquables avec des conseils pour savoir où les trouver et comment les reconnaitre. 180 3.4 Présentation de trois fiches actions pour un développement durable sur la Route des Chemins du Mezcal Parmi l’ensemble des actions proposées précédemment, nous avons choisi d’en présenter trois qui illustrent particulièrement notre problématique. Notre problématique étudiait le rôle de l’activité touristique dans le processus d’appropriation des ressources locales des habitants. Ces actions encouragent l’appropriation des ressources locales par les habitants par le biais de l’activité touristique. Nous développerons une action par pilier du développement durable (social, économique, environnemental). Comment avons-nous élaboré le squelette de la fiche action ? Nous avons confectionné les fiches actions en faisant appel à nos compétences acquisses en Master tourisme et développement dans le cadre de l’atelier terrain95. Ainsi dans un premier temps nous avons mobilisé ces premiers éléments auxquels nous avons ajouté, au regard de notre expérience sur le terrain quelques ajustements pour rester fidèle au territoire d’investigation. Par exemple la rubrique « budget » pour des contraintes temporelles ne présentent pas des éléments concrets mais plutôt des éléments de réflexion pour entrevoir le projet sur le court, moyen et long terme. Ci-après vous retrouverez les trois fiches actions détaillées. 3.4.1 Fiche action #1 : « Création d’une coopérative qui offre un service touristique complet ». 95 BESSIERE Jacinthe, TORRENTE Pierre, BOISTEL Julianne. Réutilisation de la méthodologie acquise dans le cadre de l’Atelier terrain de Master 1 TD, Isthia, Université de Toulouse Jean-Jaurès, 2013-2014 en collaboration avec l’Association de développement des Pyrénées par la formation (ADEPFO). 181 Fiche action n°1 Thèmes Objectifs de l’action Retombées de l’action Contenu de l’action Conditions de mise en œuvre de l’action Echéance de mise en œuvre l’action Création d’une coopérative au sein de la communauté de Teotitlán qui puisse offrir un service touristique complet aux visiteurs nationaux et internationaux Social Promotion, Valorisation, Commercialisation, Cohésion, Fédération L’idée est de créer une certaine unité sur le territoire afin que l’activité touristique soit profitable à la majorité des membres de la coopérative : les cuisinières, les artisans, les hébergeurs, les agriculteurs et les transporteurs. Nous voulons positionner les habitants comme de vrais ambassadeurs de leur communauté. La coopérative proposera deux formules pour les touristes : une formule d’une journée et une autre incluant une nuitée. Les deux consisteront à parcourir le village pour rencontrer des acteurs clés : les cuisinières, les artisans et les agriculteurs. Chacun des intervenants proposera une prestation de quelques heures pour le touriste. Nous privilégions dans un premier temps les qualités sociales du projet de coopérative. Le premier enjeu est de fédérer les acteurs du territoire et les prestataires privés (agence voyages et guides touristiques certifiés). Ensuite nous espérons impulser l’attractivité du territoire grâce à la valorisation du travail de tous les membres de la coopérative et créer une certaine cohésion sur le territoire. Dans un deuxième temps nous retenons les retombées économiques qui permettront d’entrevoir un nouvel avenir pour les communautés. La mise en commun des savoirs, des savoir-faire et des compétences de chacun va permettre de créer des richesses sur le territoire. Les guides seront chargés de récupérer l’argent et de le partager avec la coopérative que se chargera de le répartir entre tous les membres adhérents. L’avantage est de faire participer tous les habitants membres de la coopération et d’installer une certaine stabiliser économique pour ces individus. Nous proposons deux formules touristiques : (1) une journée ; (2) une nuitée. La première couterait 730 pesos (soit 30€) et la seconde 1000 pesos (soit 60€). Au cours de ces journées les touristes visiteraient le village, cuisineraient un plat local, découvriraient l’atelier d’un artisan tisseur, se promèneraient dans la montagne et iraient découvrir les cultures de maïs pour la formule complète. Ressources humaines Moyens matériels La création de la coopérative relèverait d’une La mise à disposition des cuisines, des initiative locale où les habitants seraient les ateliers de tissage, des champs de culture principaux acteurs du développement. Nous avons seraient indispensables pour la réalisation besoin de l’implication des cuisinières de ce projet. Nous chercherons également traditionnelles, des artisans, des hébergeurs, des un représentant de la coopérative qui serait agricultures, des agences de voyages et guides prêts à mettre à disposition sa maison pour privés. Le président et le directeur assureront le organiser des réunions et la répartition fonctionnement de la coopérative. bénéfices. Pilote Partenaires associés La création d’une coopérative demande la Restaurateurs, cuisinières, artisans, désignation des membres dirigeants et des hébergeurs, transporteurs, agriculteurs, travailleurs. Nous inviterons les membres de la agences de voyages, guides touristiques, dite coopérative à élire leur représentant. STyDE. Budget Le budget est difficilement quantifiable car il repose sur les biens tangibles et intangibles dont disposent chaque membre chez lui. En revanche les membres de la coopérative recevront une part des bénéfices réalisés en partenariat avec les agences de voyages selon le pourcentage préalablement établi entre tous les intervenants. Court terme Moyen terme Long terme - Réunions entre tous les acteurs - Evaluation des retombées - Inviter de nouveaux et membres de la coopérative économiques, sociales (création habitants à rejoindre la pour établir le rôle de chacun, de partenariat, suite à la mise en coopérative pour les définir les conditions de place de la coopérative) ; encourager à s’approprier paiements ; - Choix dans l’amélioration des leur territoire ; - Conceptualisation des deux offres touristiques au regard des Diversifier l’offre formules touristiques ; premières retombées et touristique - Promotion par les agences de remarques des touristes ; - Promouvoir l’action de voyages à Oaxaca de l’offre de la - Poursuivre les actions de la coopérative à l’échelle coopérative. promotion. locale, régionale, étatique. 182 3.4.2 Fiche action #2 : « Dynamiser la fête du tapis et de la gastronomie (Teotitlán) ». Fiche action n°2 Thèmes Objectifs de l’action Retombées de l’action Contenu de l’action Conditions de mise en œuvre de l’action Echéance de mise en œuvre l’action Moderniser la fête du Tapis et de la Gastronomie à Teotitlán del Valle pour dynamiser l’offre touristique et attirer les touristes sur le territoire Economique Promotion, Commercialisation, Réciprocité, Echange interculturel Cette action vise à améliorer une initiative déjà existante entreprise il y a 5 ans mais qui ne connait pas le succès escompté. Nous allons apporter un certain nombre d’amélioration à la feria del tapete y Gastronomía qui à ce jour consiste uniquement à agrandir le marché artisanal en positionnant 60 nouveaux stands. L’objectif principal est de générer des retombées économiques sur le territoire auprès des cuisinières, des artisans, des restaurants, des commerces et des transporteurs communautaires (taxi et autocar). Le second objectif revient à rapprocher les touristes et les locaux autour de deux intérêts communs : la gastronomie locale et les tapis de laine. La modernisation de la manifestation consiste à créer un échange sincère qui soit bénéfique aux deux parties prenantes. Les événements dont les retombées économiques sont importantes sont généralement organisés dans la ville de Oaxaca. Cependant nous envisageons de délocaliser un événement pour le réaliser au cœur du Teotitlán del Valle sur la place du village. Nous imaginons que cette action génèrera des revenus complémentaires aux habitants, qu’elle permettra de créer une certaine cohésion sur le territoire et qu’elle encouragera les échanges culturels entre le visiteur et le visité. Dans un premier temps nous diminuons la durée de la manifestation passant de 3 à 2 semaines. Nous mobilisons les cuisinières traditionnelles pour conduire des dégustations culinaires et animer des ateliers gastronomiques. Nous intégrons les artisans pour qu’ils fassent des démonstrations de leur métier de la teinte de la laine à l’élaboration du tapis sur le métier à tisser. Ressources humaines Moyens matériels Directes Cuisinières traditionnelles & artisans. Mise à disposition des exposants des équipements et Indirectes du matériel requis (tables, chaises, électricité, accès à Restaurateurs & transporteurs. l’eau depuis la place du village) ; Nous distinguons les acteurs directs qui Les cuisinières devront amenées leur propre matériel seront au cœur de la manifestation, ceux pour confectionner et vendre leurs préparations pour qui les touristes se seront déplacés des culinaires (assiettes, verres et couverts). acteurs indirects auxquels pourra profiter la manifestation sans pour autant qu’ils l’aient prévu. Partenaires associés Agences de voyages, guides touristiques certifiés, Secrétaire d’Etat au tourisme (STyDE). Pilote Le comité du tourisme sera l’initiateur du projet de restructuration de la fête de la gastronomie et de l’artisanat. Il sera chargé de : - coordonner les différentes équipes de travail ; - confectionner un calendrier des différents participants en présentant un équilibre de la présence de tous les habitants ; - gérer les éventuels problèmes au cours de la manifestation (panne d’électricité par exemple) ; - réaliser des enquêtes auprès des touristes pour connaître leurs profils et leurs attentes. Budget Nous envisageons de faire payer le droit d’entrée aux visiteurs 10 pesos (0,55€). Cet argent sera réinjecter dans le comité du tourisme. Pour mener à bien ce projet, nous pensons également à faire payer l’emplacement des stands (5 mètres) aux habitants 5 pesos (0,27€) pour justifier les dépenses en eau et en électricité. Aucune commission sur les ventes réalisées ne sera retenue. Court terme Moyen terme Long terme - Réunion pour soumettre - Evaluation des retombées - Réunir les acteurs pour l’idée aux habitants et les économiques ; proposer ensemble de nouvelles sensibiliser au projet ; - Choix dans la reconduite de innovations pour la fête de la - Etablir un calendrier avec l’événement au regard de la gastronomie ; l’ensemble des participants fréquentation enregistrée ; Réaliser de la veille pour attribuer une date et un - Réaménager les espaces et les concurrentielle pour éviter la rôle à chacun. stands si nécessaire pour faciliter lassitude des visiteurs et les opérations et les proposer une offre moderne et déplacements des touristes. innovante. 183 3.4.3 Fiche action #3 : « Réévaluer et organiser l’offre concernant les ressources paysagères et naturelles ». Fiche action n°3 Réevaluer, organiser et moderniser l’offre touristique concernant le patrimoine naturel Thèmes Environnement Valorisation des ressources, Partage des connaissances, Notre objectif et de sensibiliser à la fois les habitants et les touristes au patrimoine naturel présent dans le village de Teotitlán. Nous cherchons à moderniser l’offre touristique et à rééquilibrer l’importance accordée à chaque ressource présente sur le territoire, (ne pas faire de distinction entre l’artisanat, la gastronomie et les ressources naturelles). Cette action encouragera l’éveil des cinq sens des visiteurs : la vue, le toucher, le goût, l’ouïe et l’odorat. Nous imaginons faire appel à des professionnels extérieurs à la communauté pour qu’ils puissent faire un examen précis de l’ensemble des espèces animales et des plantes présentes pour entreprendre une valorisation auprès des habitants et des touristes. Cette action vise à faire prendre conscience aux habitants de la richesse de leur territoire pour qu’ils soient fiers de la partager par la suite. Dans un second temps nous espérons également contribuer à l’économie du village. D’une part, nous imaginons créer un nouvel emploi, celui de guide local « ambassadeur ». Nous pensons proposer le service d’accompagnement auprès des touristes pour 200 pesos (10€). Cet argent reviendrait directement à l’ambassadeur. De plus la vente du topo-guide et la location du matériel de randonnée permettront d’entretenir la nouvelle Maison de la Culture (paiement des charges fixes). L’action consistera à accompagner les visiteurs sur les sentiers de randonnée tout en leur racontant l’histoire des plantes, de la communauté. Il s’agit de créer une relation de confiance entre l’habitant ambassadeur et le touriste. La randonnée débutera au niveau du point d’eau « Piedra Azul ». Après la randonnée les visiteurs pourront louer une barque pour se reposer dans un environnement calme et paisible. Ressources humaines Moyens matériels - Les habitants du village seront formés pour - Les équipements et le matériel pour la accompagner les touristes en montagne ; randonnée seront mis à disposition des - Les professionnels extérieurs: animateurs du visiteurs moyennant une contrepartie patrimoine naturel et paysager permettront de monétaire dans la nouvelle Maison de valoriser les ressources naturelles locales et de la Culture. légitimer la nouvelle offre touristique. - Le topo-guide sera en vente au même endroit pour 45 pesos (2€40). Pilote Partenaires associés Le comité du tourisme encadrera cette initiative. Il La STyDE communiquera sur la nouvelle se chargera de recruter les habitants volontaires offre éco-touristique mise en place à et ambassadeurs et de suivre l’évolution du Teotitlán. Les animateurs du patrimoine projet. naturel et paysager permettront de consolider l’offre. Budget Nous considérons que la municipalité de Teotitlán pourra fournir quelques ressources financières pour soutenir le projet. Nous pensons également que faire appel aux biologiques peut s’avérer particulièrement onéreux, c’est pourquoi nous imaginons faire appel à des étudiants en biologie pour assurer cette partie du travail et diminuer les coûts. Nous pensons soumettre un dossier de demande d’aides financières auprès de la STyDE pour obtenir une part du budget. Court terme Moyen terme Long terme - Former et sensibiliser les - Entretenir les sentiers de Moderniser l’offre acteurs touristiques au concept randonnées ; touristique en l’associant de l’écotourisme ; - Installer de nouveaux aux autres - Géocaliser, nettoyer et baliser équipements : aires de ressources locales : le sentier de randonnée ; pique-nique, point d’eau. cuisine traditionnelle. - Installer une signalétique - Créer de nouveaux circuits Proposer une journée cohérente et intuitive : table de randonnées en comprenant la randonnée d’orientation, marquage au sol… partenariat avec les villages le matin et le repas par la voisins ; suite ; - Mettre à jour les topo- Imaginer une guides. application mobile gratuite à disposition des visiteurs. Objectifs de l’action Retombées de l’action Contenu de l’action Conditions de mise en œuvre de l’action Echéance de mise en œuvre l’action 184 L’ensemble de ces actions invitent à repenser le rôle de l’activité touristique au sein sur la Route des Chemins du Mezcal. Nous cherchons à installer une certaine qualité dans l’offre touristique en proposant de fédérer, former et associer les acteurs d’un territoire. Nous avons proposé plusieurs actions orientées sur les piliers du développement durable. Les trois actions les plus viables ont été illustrées sous forme de fiches actions : La première action dans le domaine social est focalisée sur le partage des connaissances et l’échange des compétences entre les intervenants. La coopérative « el pajaro viajero » mobilise tous les acteurs du territoire afin de proposer des circuits touristiques modernes. La seconde action orientée sur le pilier économique vise à repenser la fête du tapis et de la gastronomie de Teotitlán. La nouvelle fête fait appel à de nouveaux acteurs et propose de nouvelles activités: atelier de dégustation, atelier de tissage. Et pour finir la dernière action se tourne vers le développement des ressources paysagères et naturelles du village de Teotitlán. Nous cherchons à impulser l’offre écotouristique partiellement exploitée par la communauté en proposant des randonnées avec les habitants « accompagnateurs ». En résume du chapitre 2 Le second chapitre nous a rappelé les difficultés rencontrées par les communautés présentes sur la Route des Chemins du Mezcal : l’activité touristique s’est développée de manière déséquilibrée au sein des villages et ne profite pas de manière équitable à tous les membres d’une communauté. Après avoir déterminé les problèmes rencontrés dans les villages de Teotitlán et de Tlacochahuaya nous avons formulé différentes actions en respectant les piliers du développement durable : social, économique, environnemental et celui de la gouvernance ajouté par Ludovic Schneider. Il est important de préciser la complémentarité des actions : une action orientée sur l’axe social peut entrainer des retombées financières sur le territoire et intégrer l’axe de développement économique. La mise en place de ces trois actions permettrait de rendre les habitants acteurs dans le développement de leur territoire et de renforcer l’appropriation des ressources locales par l’influence de l’activité touristique. Ces opérations consentiraient à diversifier, moderniser et consolider l’offre touristique sur la Route des Chemins du Mezcal. 185 Conclusion de la Partie 3 Dans le premier chapitre de la partie 2 de ce mémoire, nous nous sommes concentrés sur l’étude la Route Touristique des Chemins du Mezcal. Nous avons d’abord réalisé un inventaire des attraits touristiques présents sur cette route. Cela nous a permis de diagnostiquer les problématiques rencontrées à la fois par les habitants et les touristes et de proposer des solutions pour résoudre ces problématiques. Nous avons envisagé de développer l’offre touristique dans les communautés. Ensuite, nous avons imaginé renfoncer les dispositifs de communication et de diffusion. Pour finir, nous encourageons la STyDE à se rapprocher des communautés pour installer une relation de confiance afin de promouvoir la route touristique de manière cohérente sur les territoires. Dans un second chapitre, nous avons formulé un plan d’action stratégique qui cherche à engager le processus d’appropriation des ressources locales par les habitants tout en répondant aux besoins des communautés locales. Trois actions nous ont semblé envisageables à Teotitlán : - la création d’une coopérative unissant tous les acteurs de Teotitlán pour proposer une offre touristique complète ; - la mise en place d’une nouvelle fête de la gastronomie et du tapis pour générer des retombées économiques sur le territoire ; - la revalorisation du patrimoine naturel et paysager pour moderniser l’activité touristique. Selon nous ces actions semblent répondre aux priorités des territoires. Une étude d’opportunité serait nécessaire pour confirmer leur faisabilité. Laquelle serait accompagnée d’une étude des retombées environnementales, économiques et sociales pour prévenir les éventuelles externalités négatives. 186 Conclusion générale Le développement économique des territoires a toujours été au cœur des préoccupations dans les stratégies politiques. Dans les années 70, suite à l’épuisement des ressources à l’échelle planétaire, le développement économique connait une certaine transformation. Au regard de ce constat, le concept du développement durable apparaît comme un nouvel enjeu du développement territorial. Parallèlement l’activité touristique se positionne progressivement comme un outil de développement des territoires suite à la démocratisation des pratiques à partir des années 1936. Plus récemment, nous enregistrons une transformation dans les attentes des touristes. Antérieurement intéressés par le tourisme de soleil et de plage, ils se montrent plus sensibles aux questions du développement durable. Face à cet engouement planétaire, les politiques de développement des territoires n’hésitent plus à miser sur le développement responsable des territoires. Le sujet qui a animé cette recherche intégrait à la fois la question du développement durable et de l’activité touristique en l’associant au patrimoine alimentaire. Depuis 2010, l’UNESCO a entrepris une politique de valorisation des cuisines traditionnelles : en 2010 le repas gastronomique des Français, la cuisine traditionnelle mexicaine et la diète méditerranéenne figureront sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Plus récemment les traditions culinaires des Japonais, ont également bénéficiées de l’inscription sur la Liste. Ces initiatives internationales nous ont encouragés à nous concentrer sur le rôle de la gastronomie au sein de deux villages situés sur la Route touristique des Chemins du Mezcal dans l’Etat de Oaxaca au Mexique. Nous avons observé que plusieurs de ces villages dépendaient de l’activité touristique. Nous avons cherché à analyser l’attachement des cuisinières traditionnelle dans le processus d’appropriation et de transmission des ressources locales aux visiteurs, nous avons alors formulé la problématique suivante : En quoi l’appropriation de l’activité touristique par les populations locales peut entraîner la valorisation et la transmission des ressources locales auprès des visiteurs ? Nous avons émis trois hypothèses qui supposaient que l’activité touristique entraînée différents niveaux d’appropriation. Une appropriation totale qui répond à un enjeu culturel, une appropriation partielle qui apparaît comme un enjeu économique et l’absence d’appropriation dans le cas où les populations se consacraient à une autre activité. Pour mener à bien cette étude nous avons réalisé une vingtaine d’entretien semi-directif auprès des cuisinières et des artisans traditionnels, des habitants des villages, des acteurs touristiques et des touristes. Ces intervenants nous ont permis de confirmer notre première 187 hypothèse qui montrait que l’activité touristique favorisée l’appropriation des ressources locales par les habitants pour les touristes. La seconde hypothèse n’a pas entièrement été validée. Pour ce qui est des cuisinières ; elles ne rentrent pas dans cette catégorie car elles font systématiquement preuve d’une appropriation totale bien qu’elles s’autorisent à modifier leurs recettes pour les touristes. En revanche dans le cas des artisans nous pouvons confirmer l’hypothèse car au-delà de l’échange financier ils ne cherchent pas à poursuivre les échanges avec les visiteurs. Pour finir la dernière hypothèse selon laquelle nous ne pouvions pas parlé d’appropriation par le tourisme puisque l’activité touristique ne s’était pas développée de manière significative a pour sa part était confirmée. Face à ce constat et après la réalisation du diagnostic touristique de la Route des Chemins du Mezcal nous avons émis des préconisations pour encourager le développement de l’activité touristique sur ces territoires afin d’engager le processus d’appropriation par les habitants de leurs ressources locales. Par exemple nous envisageons de créer une coopérative à Teotitlán regroupant tous les acteurs du territoire (artisans, cuisinières, agriculteur, transporteurs, hébergeurs) pour proposer une offre unique et complète aux touristes. Nous envisageons également de moderniser la fête de la gastronomie et du tapis. Pour finir nous voulons développer l’offre écotouristique pour valoriser les patrimoines naturels et paysagers de Teotitlán. Nous avons démontré la richesse du patrimoine gastronomique des Vallées Centrales de Oaxaca selon les habitants et les touristes. Le patrimoine gastronomique a acquis une place fondamentale dans les projets de territoire et notamment dans le cas de la route du Mezcal. Nous avons également mesuré le rôle des politiques de développement touristique et des intérêts économiques qui en découlent. Nous envisageons réellement de proposer la mise en place d’une ou plusieurs actions stratégiques pour envisager la valorisation du patrimoine gastronomique et le développement harmonieux des destinations. En revanche la validité de ces actions mériterait une étude de faisabilité complète pour mesurer les impacts et les retombées sur le territoire. Nous clôturerons cette étude en soulevant deux nouvelles questions : Face à la mondialisation, les communautés locales de Oaxaca sont-elles prêtent à moderniser leurs us et coutumes traditionnels pour parvenir à échanger avec la modernité ? Jusqu’à quel seuil les communautés traditionnelles de la Route Touristique des Chemins du Mezcal sont-elles prêtent à accueillir les touristes ? 188 Bibliographie OUVRAGES AMIROU Rachid, BACHIMON Philippe. Le tourisme local, une culture de l’exotisme. Paris : l’Harmattan, 2000, 237p. BABOU Isabel, CALLOT Philippe. Les Dilemmes du Tourisme. Paris : Vuibert, 2007, 211p. BATAILLOU Christian, SCHEOU Bernard. Tourisme et développement - Regards croisés. Presses Universitaires de Perpignan, 2007, 473p. BENSAHEL Liliane. Le tourisme, facteur de développement local. Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble, 1999, 109p. BESSIERE Jacinthe, Valorisation du patrimoine gastronomique et dynamiques de développement territorial. Le haut plateau de l’Aubrac, le pays de Roquefort et le Périgord noir. Paris : collection « Logiques Sociales », L’Harmattan, 2001, 359p. BLANGY Sylvie. Le guide des destinations indigènes, Tourisme équitable. Paris: Indigène, 2006, 373p. BONTE Pierre, IZARD Michel. Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie. Paris : Presses Universitaires de France, 2010, 842p. (p.704-705). BRABEC Maximilien. Business model vert : l’économie durable comme stratégie gagnante. Paris : Dunod, 2010, 243p. BRUNEL Sylvie, Le développement durable, Que sais-je ? Paris : Presses Universitaires de France, 2004,127p. CAMPAGNE Pierre. Pecqueur Bernard. Le développement territorial : une réponse émergente à la mondialisation. Paris : Editions Charles Léopold Mayre, 2014, 267p. CASTELLANOS GUERRERO Alicia, MACHUCA Jesús Antonio. Turismo, identidades y exclusión. México D.F: Biblioteca de Alteridades, grandes temas de antropología. Universidad Autónoma, Metropolitana, Unidad Iztapalapa, 2008, 253p. CASTELLANOS GUERRERO Alicia, MACHUCA Jesús Antonio. Turismo y antropología: miradas del sur y el Norte. Biblioteca de Alteridades. Universidad Autónoma Metropolitana, unidad Iztapalapa, México, 2012, 299p. 189 CAZES Georges. Tourisme et tiers-monde un bilan controversé. Les nouvelles colonies de vacances ? Paris : Edition l’Harmattan, 1992, 208p. CHEVALIER Bernard. Planification par projet et organisation territoriale. Paris: L’Harmattan, 1999, 183p. FURT Jean-Marie. MICHEL Franck. L’identité au cœur du voyage. Paris : l’Harmattan, 2007, 237p. GUMUCHIAN Hervé, PECQUEUR Bernard. La ressource territoriale. Paris : Economica Athropos, 2007, 266p. LATOUCHE Serge. Survivre au développement : de la décolonisation de l’imaginaire économique à la construction d’une société alternative. Paris : Mille et une nuits, 2004, 126p. LAURENT Alain, Tourisme responsable, clé d’entrée du développement territorial durable, guide pour la réflexion et l’action. Lyon: Chronique sociale, 2009, 511p. LAZZAROTTI Olivier. Patrimoine et tourisme, Histoires, lieux, acteurs, enjeux. Paris: Belin, 2011, 302p. LUZ RAMOS SOTO Ana, G. GÓMEZ BRENA Roberto, PEDRO RAMÍREZ LÓPEZ Marcos. Escenarios naturales de Oaxaca, la otra alternativa turística. Universidad “Benito Juárez” de Oaxaca, 2009, 137p. ORIGET DU CLUZEAU Claude. Le tourisme culturel, Que sais-je ? 4ème édition. Paris : Presses universitaires de France, 1998,128p. PATIN Valéry. Tourisme et patrimoine. 2éme édition. Paris : La documentation Française, 2005, 176p. POULAIN Jean-Pierre. Dictionnaire des cultures alimentaires. Paradis Verts. Paris : Puf, 2012, 1465p. (p.1337-1343 + p.979-p985). SCHNEIDER Ludovic, Le développement durable territorial ,100 questions pour comprendre. La Plaine-Saint-Denis : Afnor éditions, 2010, 156p. 190 ARTICLES DE REVUES BESSIERE Jacinthe, Quand le patrimoine alimentaire innove. Analyse sociologique des processus d’innovation patrimoniale alimentaire au service des territoires. Mondes du tourisme, gastronomie et développement local, p.37-38, juin 2013. ETCHEVERRIA Olivier. Le tourisme gourmand un tourisme qui associe cuisine, vin et gastronomie. Revue espaces, Septembre – Octobre 2014, n°320, p 60-69. KEROUEDAN Marie. Circuits courts et loisirs culinaires renouvellent le patrimoine gastronomique. Revue espaces, Septembre – Octobre 2014, n°320, p. 109-113 LEVY Matthieu. La gastronomie locale, un atout touristique à ne pas négliger. Revue espaces, Septembre – Octobre 2014, n°320, p. 76-80. MALLON Pierre. Gastronomie et tourisme, un mariage difficile mais nécessaire. Revue espaces, Septembre – Octobre 1995, n°135, p.21 SANNER Pierre. Le réseau des cités de la gastronomie, patrimoine alimentaire et tourisme. Revue espaces, Septembre – Octobre 2014, n°320, p. 81-85. STENGEL Kilien. L’essor des loisirs culinaires : une désacralisation de la gastronomie. Revue espaces, Septembre – Octobre 2014, n°320, p. 106-108 VARENNE Christine. Fêtes gastronomiques je mange donc je suis. Revue espaces, Septembre – Octobre 1995, n°135, p.32-36 VIALLON Philippe. La communication touristique, une triple invention. Mondes du tourisme, juin 2013, n°7, p. 5. TRAVAUX UNIVERSITAIRES BOISTEL Juliane. Les démarches territoriales impliquant le tourisme. Comment engager le territoire dans une démarche touristique et durable ? Mémoire de Master 2 Tourisme et Développement, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, CETIA, 2010, 185p. BOUSQUER Julie. Place et rôle de la biodiversité dans le développement touristique des territoires. Le cas du site naturel préservé des Prairies du Fouzon (Loir-et-Cher). Mémoire de Master 2 Tourisme et Développement, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, CETIA, 2012, 253p. 191 DEJEAN Coralie. Patrimoine pastoral et projets de développement touristique dans les espaces ruraux et montagnards. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, ISTHIA, 2014, 128p. GOUESET Valérian. Formation et dialogue territorial, vecteurs de développement local ? Expérience d’un programme de coopération décentralisée en Basse-Casamance. Mémoire de Master 2 Tourisme et Développement, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, ISTHIA, 2014, 361p. RAYSSAC Sébastien. Tourisme et devenir des territoires ruraux. Jeux d’acteurs, discours et requalifications de la ruralité dans trois Pays du sud-ouest français. Thèse. Doctorat, Toulouse : Université de Toulouse II – Le Mirail, 2007, Volume 1, 347p. SARTRE Camille. La valorisation du patrimoine gastronomique, un levier d’écotourisme communautaire sur un territoire, le cas de la province du Pichincha en Equateur. Mémoire de Master 2 Tourisme et Développement, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, CETIA, 2008 2014, 163p. Autres documents ATOUT France. Tourisme et développement durable. De la connaissance des marchés à l’action marketing. Paris : Editions Atout France, 2011, 107p. BERTHIER Nicole. Les techniques d’enquête en sciences sociales : méthodes et exercices corrigés. 4ème édition. Paris : A. Colin, 2010, 350p. VAZQUEZ GUDINO Irene. Estrategias locales de valorización de la gastronomía tradicional de Teotitlán del Valle en la ruta “Caminos del Mezcal”. ODELA: 4ème Congrès international de l’Observatoire de l’Alimentation, Barcelone, Otras maneras de comer. Juin 2015. Ressources internet Organismes Fondation Alfredo Harp Helú Plan Nacional de Desarrollo Política de fomento a la gastronomía nacional Secretaría de Turismo (SECTUR) Secretaría de Turismo y Desarrollo Económico Gobierno del Estado de Oaxaca UAM Xochimilco UAM Xochimilco, Alimentation et culture Adresses http://www.fahho.org/home.php http://pnd.gob.mx/ http://www.venacomer.com.mx/index.html http://www.sectur.gob.mx/ http://www.styde.oaxaca.gob.mx/ http://www.transparenciapresupuestaria.gob.mx http://www.uam.mx/lang/fra/index.html http://www.xoc.uam.mx/investigacion/oam/ 192 Table des annexes 193 INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement » MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE Tourisme, patrimoine alimentaire et développement social à Oaxaca, Mexique Influence du tourisme dans le processus d’appropriation des ressources ANNEXES Présenté par : Coralie DEJEAN Année universitaire : 2014 - 2015 Sous la direction de : Pierre TORRENTE et Miriam BERTRAN VILA 194 Annexe A : Localisation du projet tourisme, gastronomie et développement social 1. 2. 3. 4. 5. 1 Carte du Mexique Les 32 Etats du Mexique Les différents campus de l’UAM Les huit régions des Vallées Centrales de Oaxaca Les sept districts de la région des Vallées Centrales de Oaxaca 2 4 195 5 3 Annexe B : Projet de recherche et institution participantes 196 Annexe C : Extrait de la Politique de Développement de la Gastronomie Nationale 2014-2018 197 1. 2. 3. 4. 5. 2 1 Annexe D : La production de mezcal au Mexique : localisation Plante : Agave Verre de mezcal Production de Mezcal au Mexique Route des Chemins du Mezcal Logo de la Route du Mezcal 5 3 4 198 Annexe E : Informations complémentaires sur Téotitlan del Valle 1. Plan centre-ville de Teotitlán 2. Danse de la plume, C.D, 12.07.15 3. Le point d’eau, barrage « piedra azul », C.D, 15.07.15 3 2 1 199 Annexe F : Informations complémentaires sur Tlacochahuaya 1. Plan centre-ville de Tlacochahuaya 2. Temple et orgue de Tlacochahuaya - C.D - 03.08.15 3. Cultures principales en superficie plantées Tlacochahuaya 3 2 1 200 COMMUNE SANTA MARIA DEL TULE SAN JERÓNIMO TLACOCHAHUAYA TEOTITLÁN DEL VALLE DISTANCE DEPUIS OAXACA 11 km 13 min - Arbre du Tule ; - Temple de Santa María de la Asunsión. 18 km 20 min - Temple et ancien couvent de San Jerónimo du XVIème. - Orgue historique du XVème siècle - Zone archéologique de Dainzú 27.6 km 28 min - Artisanat, tapis de lain ; - Eglise de la Preciosa Sangre de Cristo, XVIème siècle; - Musée communautaire Balaa Xte Guech Gulal; - Centre d’écotourisme Xigie ; - Cuevita del Pedimento ; - Zone archéologique. TLACOLULA DE 33 km MATAMOROS 24 min SAN PABLO VILLA DE 48 km MITLA 36 min SANTIAGO MATATLÁN ATTRAITS TOURISTIQUES 46 km 40 min - Produits artisanaux en terre cuite, en carex, en pierre, en palme et textile ; - Marché du dimanche ; - Zone archéologique de Yagul. - Zone archéologique ; - Temple de San Pablo Apóstol (XVIème siècle. - Capitale mondiale du mezcal; - Musée communautaire Ta Guiil ; - Temple Santiago Apóstol XVIIème siècle ; - Visite des fabriques de mezcal. SERVICES FETES ET TRADITIONS - transport - restauration - marché - artisanat - banque - transport - hébergement - restauration - zone archéologique - transport - hébergement - restauration - marché - artisanat - musée - transport - hébergement - restauration - marché - artisanat - banque - zone archéologique - transport - hébergement - restauration - marché - artisanat - banque - musée - zone archéologique - transport - hébergement - restauration - musée - 15 août célébration de la Santísima Virgen de la Asunción - Deuxième lundi d’octobre: fête de l’arbre de Tule - dernier lundi de juillet : fête de la Guelaguetza, célébration de la virgen del Carmen, - 30 septembre fête de San Jerónimo - premier mercredi de julliet : célébration de la Preciosa Sangre - 8 septembre : Célébration de la Vierge de la nativité - 1er octobre : Fête en l’honneur de la Virgen del Rosario - avril : Fête de la glace et du mezcal ; - deuxième dimanche d’octobre : Fête religieuse del Santo Cristo de la Capilla del señor de Tlacolula ; - novembre : jour des morts - 25 janvier : Fête de San Pablo Apóstol - 29 juin: Célébration de San Pedro et San Pablo - 25 juillet : fête de Santaigo Apóstol - 1er septembre : Célébration de la Virgen de los Remedios - 31 décembre : Célébration de la noche de la Cruz del Pedimiento Annexe G : Caractéristiques des 6 communes intégrant la Route des Chemins du Mezcal 201 Annexe H : Illustrations des plats typiques des Vallées Centrales et ustensiles 1. 2. 3. 4. 5. Soupe de fleurs de courgettes - C.D – 23.07.15 Chapulines – Sauterelles - C.D – 23.07.15 Chocolat à l’eau et pain de cazuela (chocolat et raisins secs) - C.D – 09.07.15 Glace tuna y leche quemada C.D – 12.07.15 Tortillas C.D – 16.07.14 6. 7. 8. 9. 10. Maís morado C.D – 18.07.14 Tlayudas C.D – 11.07.15 Enfrijolafas C.D – 10.07.15 Memelitas C.D – 12.07.15 Deux cuisinières préparant el Mole, Teotitlán del Valle C.D – 12.07.15 11. Mole mariage, Tlacochahuaya C.D – 19.07.15 1 3 2 4 6 5 8 7 9 202 1 1 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Higadito, prépatation à base d’œufs et piments - Tlacochahuaya - C.D – 19.07.15 Mole pour la danse de la plume, Tlacochahuaya - C.D – 19.07.15 Tamal de Coloradito – Pâte de maïs cuite à la vapeur dans une feuille de maïs – Teotitlán - C.D – 12.07.15 ère Cuisine 1 - Teotitlán 1 partie - C.D - 15.07.15 nd Cuisine 1 - Teotitlán 2 partie – 2 Comal et metate - C.D - 15.07.15 Cuisine 2 - Teotitlán – 12.07.15 Cuisinière en train de moudre sur le metate, Tlacochahuaya - C.D – 16.07.15 2 1 3 5 4 6 7 203 Annexe I : Retro planning année 2014 Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre S24 S25 S26 S27 S28 S29 S30 S31 S32 S33 S34 S35 S36 S37 S38 S39 S40 S41 S42 S43 S44 S45 S46 S47 S48 S49 S50 S51 Etape 1: Avant le 1er départ au Mexique Entretien P.Torrente pour définir les enjeux du stage Recherche exploratoire : réalisation bibliographie Etape 2: Mexico, DF, Université UAM Séminaire de recherche, préparation du terrain Etape 3: Travail sur le terrain, Oaxaca, 1ère session Poursuite de la phase exploratoire à Oaxaca Parcours de laroute du Mezcal : avec la STyDE Teotitlán del Valle Santa Ana del Valle Tlacolula de Matamoros Santiago Matatlán San Pablo Villa de Mitla Etape 4 : Retour dans le DF, Université UAM Retranscription de 15 entretiens et rapport final Réunion avec M. Bertran, Nelly et Irène Etape 5: Retour en France Entretien avec P. Torrente pour présenter les résultats du stage Entretien Skype avec M. Bertran, Nelly, Irène, pour améliorer le rapport final Conférence M. Bertran à Foix Rédaction fiche mémoire Poursuite des recherches et réflexions autour du projet 204 Annexe J : Rétro Planning année 2015 Janvier Février Mars Avril Mai Etape 6 : Préparation du stage n°2 et du mémoire Poursuite recherche exploratoire me RDV Mémoire M me Rostand, M Bessière RDV Mémoire P. Torrente Accueil des étudiantes mexicaines, travail terrain + bibliothèque Séminaire de recherche Irène, Nelly, Toulouse Congrès ODELA, Barcelone Etape 7 : Arrivée au Mexique - Avant le travail sur le terrain Préparation du terrain, choix des territoires Etape 8 : Travail sur le terrain - 2ème session Réalisation entretiens Retranscription d'analyse et Etape 9 : Analyse et traitement des résultats – Rapport final Finalisation partie 1 du mémoire Rédaction partie 2 du mémoire Rédaction partie 3 du mémoire Relecture du mémoire Remise du mémoire Soutenance Mémoire - P. Torrente, A. Rostand 205 Juin Juillet Août Septembre Annexe K : Planning du travail sur le terrain – Juillet 2015 Organisation du travail sur le terrain du 1er au 24 juillet 2015 – Vallées Centrales de Oaxace – Route des Chemins du Mezcal LUNDI 29 DF MARDI 30 DF Finalisation Guides d'entretiens Finalisation Guides d'entretiens LUNES 6 MARDI 7 MERCREDI 1 Tlacochahuaya 07:30 am arrivée à Tlacolula Connaissance de Tlacochahuaya MERCREDI 8 Tlacochahuaya Tlacochahuaya Oaxaca Entretien Hôlel Cosijo Tourisme Rural Entretien avec M. G. Habitant du village 10:30am RDV avec M. G. pour découvrir le village 02:30pm Entretien avec M. G. Membre de la municipalité LUNDI 13 Tlacolula JEUDI 2 Teotitlán VENDREDI 3 Tlacochahuaya Entretien avec J. G. Entretien avec A. M. Cuisinière Tourisme alternatif Entretien avec N. A. Charcutier, marché JEUDI 9 VENDREDI 10 Festivités à Teotitlán del valle Chemins du Mezcal Oaxaca SAMEDI 4 Oaxaca DIMANCHE 5 Tlacolula Oaxaca Retranscription des entretiens SAMEDI 11 DIMANCHE 12 Teotitlán Teotitlán Entretiens: R.B - Musée communautaire L.G - Conchita Comedor I. L - Comedor Jaguar A.M - Cuisinière traditionnelle DIMANCHE 19 Tlacochahuaya Parcours de la aroute du 11:30a m Entretien avec mezcal Festivité à Teotitlán G. G avec Miriam, réflexion sur RDV avec M. Bertran Danse de la plume régisseur de l'agriculture le mémoire R. Brelotte , Katia, Entretien M.L. RDV P.Torrente San Juan Guelavia Nelly, Irene Habitante et Arrivée de M. Bertran à Tlacochahuaya tissueuse Oaxaca Tlacolula MARDI 14 Teotitlán Entretiens B.G. - Tisseuse K.S. - Restaurant Tierra Antigua T.L. - Café Delizun R.L. - Tisseuse MERCREDI 15 Teotitlán JEUDI 16 Tlacochahuaya VENDREDI 17 Tlacolula SAMEDI 18 Tlacolula Entretiens R.M. - Cuisinière M.S. - Restaurant Descanso R.B. - Anthropologue Réalisation d'un jour typique aux côtés d'une cuisinière traditionnelle Retranscription des entretiens Retranscription des entretiens Participation à un mariage, découverte des traditions LUNDI 20 MARDI 21 MERCREDI 22 JEUDI 23 VENDREDI 24 SAMEDI 25 DIMANCHE 26 Oaxaca Tlacolula Tlacolula Chemins du Mezcal Oaxaca --> DF DF DF Entretien avec K.L. STyDE Retranscription des entretiens Retranscription des entretiens Retranscription des entretiens 10:30 Retour DF Retranscription des entretiens Retranscription des entretiens Retranscription des entretiens 206 Entretiens 3 9 7 1 SOUSTHEMES Culture et Tradition Patrimoine alimentaire, Habitudes alimentaires, Identité Patrimoine alimentaire & Appropriation Patrimoine identitaire THEMES Annexe L : Guide d’entretiens auprès des habitants GUIDE D’ENTRETIEN PROFIL HABITANT RELANCES Pourriez-vous me décrire votre communauté ? (nombre d’habitants, activité principales des habitants ? D’après-vous, qu’est-ce ce qui fait la force de votre territoire ? Quelle identité attribuez-vous à votre territoire, à votre communauté ? Comment définiriez-vous la culture de votre commune ? Quelles sont les traditions qui font du village une communauté unique ? Existent-ils des événements qui rythment la vie du village ? Données générales : organisation politiques (uses et coutumes, partie politique). Ses atouts patrimoniaux, ses attraits touristiques, son caractère unique… Qu’est-ce qui vous différencie des villages voisins ? Selon vous, est-ce que votre identité est un atout ? Culture zapotèque. Qu’est-ce qui vous unit ? Est-ce que vous participez aux fêtes traditionnelles (fête des morts, fête du St Patron, Guelaguetza). Est-ce que vous-considérez que le marché traditionnel est significatif pour les gens du village ? Pour les visiteurs ? Et le marché artisanal ? Est-ce que vous considérez que le village dispose d’un patrimoine alimentaire significatif ? Pourriez-vous me le décrire ? Comment caractériseriez-vous l’attachement que vous avez pour vos ressources alimentaires ? (symbolique, économique, affectif) Comment décrivez-vous votre gastronomie ? Qu’est-ce qui fait partie de votre alimentation quotidienne et festive ? Pouvez-vous me décrire votre patrimoine alimentaire ? De quoi est-il constitué ? Quels sont les plats qui font partis de votre identité culinaire ? commune ? Qu’est-ce que vous appréciez manger quotidiennement ? et pour les occasions fêtes, mariage, anniversaire ? Quand se déroule le marché municipal? CE QUE JE CHERCHE A COMPRENDRE Qu’est-ce qui constitue l’identité du village ? Quelles est le degré de connaissance de l’habitant concernant la culture de son village ? Est-ce que l’habitant semble s’identifier au territoire ? Comment le qualifieriez- vous ? Est-ce que vous attachez une place importante à votre nourriture ? Comment définiriez-vous la relation entre la nourriture quotidienne et vous ? Quels sont les plats que vous appréciez manger ou reproduire ? Plats, organisation sociale, répartition des tâches… 207 Comment l’habitant perçoit son patrimoine alimentaire ? S’agit-il d’une fierté ? Les touristes De quand date l’apparition du tourisme sur le territoire ? Comment pourrions-nous caractérisez le tourisme qui s’est installé sur le territoire ? Selon vous, quels sont les attraits touristiques du village qui pourraient attirer les touristes ? Que représente le tourisme pour vous ? Les touristes sont-ils nombreux à venir dans le village, et à vous rendre visite ? Etes-vous amenez à rencontrer, à échanger avec ces visiteurs? Généralement qui est à l’origine des rencontres touristes/ habitants ? Qu’est-ce que viennent chercher les touristes ? Demandentils à voir des choses authentiques ? Comment définiriez-vous le comportement des touristes ? Intérêt pour l’alimentation Tourisme et alimentation Evolution et installation de l’activité touristique D’après vous, qu’est-ce que le tourisme ? En ce qui concerne le tourisme et l’alimentation, est-ce que vous pensez que votre patrimoine alimentaire est suffisamment mis en avant ? Comment apparaît cette relation sur le territoire ? Existe-t-il des restaurants spécialement conçus pour les touristes ? Depuis que le tourisme s’est développé, est-ce d’après vous le patrimoine alimentaire du village s’est affirmé ? Avez-vous remarquez des changements au sein de la communauté suite au développement de l’activité touristique ? Est-ce que le tourisme à favoriser ou freiner l’appropriation des ressources alimentaires par les populations locales ? Comment définiriez-vous le tourisme ? Si vous deviez me le décrire en quelques phrases, qu’est-ce que cela vous inspire ? Depuis combien de temps avez-vous observez l’arrivée des touristes ? Avez-vous toujours connu le village avec une affluence de tourisme ? Comment définiriez-vous le tourisme sur le territoire ? S’agit-il d’un tourisme culturel ? un tourisme naturel ? un tourisme gastronomique ? Randonnées, marché traditionnel, marché artisanal. Est-ce que le marché municipal alimentaire constitue un attrait touristique, si oui pour quelles raisons ? Une panacée, une solution, un frein, une source de problème, une ressource économique Quelle image l’habitant perçoit-il du tourisme ? Comment l’envisage-t-il sur le territoire ? A quelle période ? Comment cela s’explique-t-il ? S’agit-il de touristes nationaux ou internationaux ? Comment s’établissent les premiers contacts ? (agences de voyages, visite guidée…). Les touristes viennent-ils par leur propre moyen ? D’après vous, que veulent-ils connaître ? (artisanat, nourriture traditionnelle, aspects culturels, aspects naturels…). Pour vous qu’est-ce qui est authentique dans la communauté ? Indifférents, curieux, inquiet, surpris, joyeux, réceptifs… Comprendre comment le touriste visualise le comportement des touristes ? Manque-t-il de valorisation ? Les comedores accueillent-ils essentiellement des gens du village ou des touristes ? Pourriez-vous interprétez les raisons, les causes ? Par exemple : la multiplication des comedores ? Qu’est-ce que vous avez observez de plus ? Multiplication des postes ambulants ? Pensez-vous que depuis que la relation tourisme et alimentation existe vous êtes plus conscient et plus attaché à votre alimentation ? Ou est-ce que cela n’a pas de relation ? 208 Mesurer le potentiel de la relation tourisme et alimentation selon l’habitant. Authenticité Impacts D° éco D° social Difficultés, désaccords Idées Retombées du tourisme : influences, conséquences Ouverture Considérez-vous que l’authenticité mise en scène par les opérateurs touristiques soit fidèle à l’identité de la communauté ? Est-ce que les touristes souhaitent manger des choses authentiques selon vous ? Est-ce que depuis que le tourisme a fait son apparition, vous avez observé des changements au sein de la communauté Avez-vous changez vos habitudes alimentaires depuis que le tourisme s’est installé sur le territoire ? Aimeriez-vous voir le tourisme se développer d’avantage sur le territoire ? D’après vous le tourisme est-il un bon moyen de dynamiser le territoire ? Comment l’envisagez-vous ? Comment définiriez-vous l’authenticité ? Est-ce que les menus sont ≠ pour les touristes nationaux, internationaux ou visiteurs ? Selon vous, est-ce que l’offre présente dans les restaurants est authentique ? Pouvez-vous m’en dire un peu + ? Nourriture lourde pour les visiteurs ? Apparition de nouveaux commerces ? Conflit d’intérêt entre les habitants ? Avez-vous changez vos habitudes alimentaires pour les touristes ? Mesurer l’attachement de l’habitant pour l’activité touristique ? Pour quelles raisons ? Est-ce que le tourisme peut être perçu comment une menace sur le territoire ? Selon vous, s’agit-il d’un tourisme qui est profitable à tous les membres de la communauté ? Est-ce que l’activité touristique vous a permis de renforcer les liens au sein de la communauté ? D’après-vous le tourisme a-t-il permis de renforcer/consolider les traditions de la communauté ? Est-ce que le tourisme a permis de créer des projets communs avec les membres de la communauté ? Est-ce que les touristes vous rapprochent de vos voisins ou au contraire vous éloignent ? Percevez-vous des tensions au sein de la communauté en relation avec le tourisme et le patrimoine alimentaire ? Selon vous existe-t-il des risques à voir cette activité touristique se développer sur le territoire ? Existe-il des tensions entre les habitants et ceux des villages voisins quant à l’accueil des touristes ? Avez-vous vu naître des projets de territoires qui concernaient le patrimoine alimentaire et le tourisme ? Avez-vous imaginez un projet qui permettrait d’impliquer la société et de développer le tourisme ? Selon vous, quelles solutions seraient envisageables pour que le tourisme soit profitable à tous ? Est-ce que l’habitant fait une distinction associe sa culture à la notion d’authenticité ? Ou au contraire avez-vous observez une perte d’identité ?Est-ce que le tourisme à favoriser ou freiner l’appropriation de vos ressources ? Est-ce que le tourisme est à l’origine de la fédération des acteurs sur le territoire ? Compétences entre les différents prestataires ? Conflits d’intérêts ? Devrait-elle se développer d’avantage ? Une idée de projet ? Créer un projet commun au sein de la communauté ? 209 Cerner les éventuels conflits liés à l’activité touristique. Est-ce que l’habitant envisage l’activité touristique comme un moyen de répondre à ses besoins ? Annexe M : Guide d’entretiens auprès des cuisinières, et restaurateurs Histoire Restau. GUIDE D'ENTRETIEN PROFIL CUISINIERE - RESTAURANTEUR Pouvez-vous me raconter l’histoire du restaurant ? Offre pour les touristes Plats traditionnels Alimentation & authenticité Pensez-vous offrir une nourriture traditionnelle et authentique ? Comment définiriez-vous l’authenticité de votre offre gastronomique ? RELANCES CE QUE JE CHERCHE A COMPRENDRE (Date de création, nombre de couverts, propriétaire, idée de la création, organisation, propriétaire, répartition des tâches, d’où proviennent les savoir-faire, transmission des savoirs, autres activités en plus du restaurant ?…) Comment a surgi l’idée de créer le commerce, quelles étaient les motivations des propriétaires ? Si les plats traditionnels sont authentiques, et que vous les modifiés pour les touristes, est-ce que l’on peut dire qu’ils sont toujours authentiques ? Les plats ont-ils subi des transformations depuis que vous les proposez ? (pour les touristes par ex.) Les plats sont-ils différents du passé ? Si oui pourquoi ? Quel a été l’élément déclencheur ? (le tourisme ?) Quels sont les plats emblématiques du restaurant ? Les plus appréciés ? Les plus demandés ? Comment la cuisinière caractérise et perçoit son offre culinaire ? Qui a choisi de mettre ces plats en valeur ? Avez-vous ressenti le besoin de modifier les recettes des plats Qu’est-ce qui fait la richesse alimentaire du village et du restaurant ? traditionnels pour satisfaire les visiteurs ? Recevez-vous beaucoup de touristes au restaurant ? A quelle période ? S’agit-il de touristes nationaux ou internationaux ? Proposez-vous une carte spéciale pour les touristes ? Si oui pourquoi ? Quelles sont les préférences alimentaires des touristes étrangers Comment a été élaborée la carte des menus ? Quels plats sont proposés ? Est-ce que les touristes demandent à manger des choses Les touristes choisissent-ils les mêmes plats que les locaux ? De qui se compose votre clientèle (touristes, visiteurs, travailleurs…?). Qui sélectionne les plats à mettre en valeur pour le touriste ? authentiques ? 210 Est-ce que l’activité touristique à entrainer des changements au sein de l’activité commerciale ? Annexe N : Guide d’entretiens auprès des touristes THEMES Raisons du déplacement Profil GUIDE D’ENTRETIEN PROFIL TOURISTE D’où êtes-vous originaire ? Homme / femme -/ Tranche d’âge RELANCES D’où venez-vous ? Depuis combien de temps êtes-vous au Mexique ? Pourquoi avoir choisir le Mexique comme destination touristique ? Qu’est-ce que vous aimez découvrir quand vous vous rendez sur un territoire inconnu ? (culture, nourriture, histoire…). Vous préférez un voyage « authentique » ou un voyage simple et détente ? Paysage, culture, festivités, gastronomie… Quels étaient vos critères de sélections et vos motivations ? Pour quelles raisons ? Qu’est-ce que pour vous l’authenticité ? Comment définiriez-vous l’authenticité ? Comment avez-vous connu l’existence de ce village ? Bouche à oreilles, publicité, internet… CE QUE JE CHERCHE A COMPRENDRE Déterminer la provenance des touristes Est-ce que la gastronomie a été à l’origine du déplacement ? Perceptio n de la gastrono mie Que recherchiez-vous avant de visiter ce village ? L’avez-vous trouvé ? Repas à l’extérieur Après le voyage T&D Est-il important pour vous de découvrir le patrimoine gastronomique local ? Est-ce que les touristes cherchent à manger une nourriture locale ? Comment définiriez-vous votre attachement/rapport à la gastronomie mexicaine ? Etes-vous sensibles à la manière dont sont confectionnés les plats ? Et à la provenance des produits ? A quelle fréquence manger vous à l’extérieur de votre lieu de résidence ? Quels types de services privilégiez-vous ? Sur quels critères choisissez-vous les restaurants ? Quels sont vos critères d’éligibilités ? Quel restaurant privilégiez-vous généralement ? qu’est-ce qui vous attire, vous repousse ? Comment les avez-vous découverts ? Quels sont les plats, produits que vous appréciez particulièrement au Mexique ? Généralement vous êtes satisfait de l’offre, du menu ? Quel est votre état d’esprit après un repas mexicain ? Satisfait, rassasié, écœuré, encore faim… Pensez-vous ramenez des produits alimentaires mexicains dans votre pays ? Allez-vous essayer de reproduire ces plats chez vous ? Pensez-vous contribuez au développement des communautés en venant visiter le territoire ? Pensez-vous que l’inscription par l’UNESCO de la cuisine mexicaine sur la liste du patrimoine mondial est justifiée ? Comedor, restaurant touristique, marché Hygiène du lieu, attractivité, accueil… Guide touristique, bouche à oreille, hasard… Comment les touristes envisagent leur repas au cours de leur voyage ? Est-ce que les touristes ont appréciés les repas ? Quel est votre ressentiment ? 211 Perception de leur impact dans les communautés Annexe O : Guide d’entretiens auprès des acteurs touristiques GUIDE D'ENTRETIEN PROFIL ACTEUR TOURISTIQUE RELANCES Depuis combien de temps le tourisme s’est-il installé dans la vallée de Tlacolula ? Mesurer l’influence du tourisme à Oaxaca Evolution tourisme Organisation du tourisme Les touristes Tourisme & Tradition CE QUE JE CHERCHE A COMPRENDRE De quel type de tourisme s’agit-t-il selon vous ? Quel est votre rôle au sein de l’organisation ? Qui est chargé du développement touristique du village ? Comment s’organise la gestion des ressources touristiques ? Qui intervient ? Qu’est-ce qui est important pour vous lorsqu’un projet touristique s’installe sur le territoire ? D’après vous, le village est une destination authentique ? Qui décide de cette authenticité ? Est-ce que les touristes sont nombreux sur le territoire ? A quelle fréquence les touristes viennent sur le territoire ? (durée, fête, période, saison…) Que recherchent les touristes qui se rendent sur le territoire ? Comprendre les motivations de l’acteur en termes de développement de l’activité touristique. Comprendre les motivations et habitudes des touristes Est-ce que les traditions et l’authenticité attirent le touriste ? Qu’est-ce qui représente le traditionnel selon vous ? Est-ce que selon vous les communautés transmettent un savoir traditionnel ou s’agit-il plutôt d’une tradition qui a été réinventée pour le touriste ? Pouvez-vous m’en dire davantage? Est-ce que la tradition est un outil de développement touristique ? Quels restaurants conseillez-vous ? Est-ce que vous avez des partenariats avec la STyDE pour dynamiser le tourisme sur le territoire ? Tourisme & marketing touristique Est-ce que selon vous la STyDE transmet les réelles traditions alimentaires aux touristes ou s’agit-il d’une tradition inventée ? En quoi consiste-t-il ? Mesurer la relation entre le gouvernement et les municipalités Quel est votre opinion au sujet de la route du mezcal ? Comment vous situez-vous par rapport à cette route touristique ? D’après vous, les sociétés transmettent-elle leur réelle identité culinaire aux touristes ? Tourisme & Identité Si non, pourquoi les sociétés ont eu besoin de modifier leurs coutumes ? Quels étaient les besoins en amont ? Souhaitez-vous rajouter quelque chose ? Existe-t-il des risques à vouloir transmettre son identité culinaire ? 212 Annexe P : Tableau récapitulatif des entretiens réalisés entre le 01-07-15 et le 24-07-15 TEOTITLAN DEL VALLE N S Noms Statut Profil 1 ♂ AM Président du tourisme alternatif Acteur municipalité 2 ♀ MLSM Tisseuse et employée du musée Habitante 3 ♀ ♀ AAD & F Deux touristes françaises Touristes 4 ♂ RBG Avocat, impliqué dans la vie sociale du village Habitant 5 ♂ L Comedor Conchita - Propriétaire "Mexican Food" Cuisinière 6 ♂♀ ILC Propriétaire Comedor Jaguar Cuisinière 7 ♀ AMR Propriétaire Restaurant Tlamanalli Cuisinière 8 ♀ ♂ BGM Tisseuse, vend directement chez elle, av. B Juárez Tisseuse 9 ♀ KSB Propriétaire Restaurant Tierra Antigua Cuisinière 10 ♀ TL Propriétaire Café Delízùn Cuisinière & tisseuse 11 ♀ RLG Tisseuse, vends des tapis dans un local, av. Hidalgo Tisseuse 12 ♀ RM Reçoit à domicile - Donne des cours de cuisine Cuisinière 13 ♀ MS Propriétaire Restaurant El Descanso Cuisinière 14 ♀ RB Professeur d'Anthropologie, USA Professeur 15 ♀ KCL STyDE, à l'origine de la route du mezcal Acteur touristique TLACOCHAHUAYA N° S Noms Statut Profil 1 ♀ JG Cuisinière Comedor Carmelita Cuisinière 2 ♂ NA Boucher sur le marché de Tlacochahuaya Vendeur marché 3 ♂ MGG Habitant passionné par son village Habitant 4 ♀ DMG Employée Hôtel Cosijo Acteur touristique 5 ♂ MGM Habitant du village Habitant 6 ♂ GGH Directeur de l'agriculture de la commune Acteur touristique 213 Age* 55 32 35 & 38 42 55 50 50 65 48 42 55 39 30 42 38 Date 02/07 11/07 11/07 12/07 12/07 12/07 12/07 14/07 14/07 14/07 14/07 15/07 15/07 15/07 20/07 Durée Enquêtrice(s) 20 minutes Nelly-Coralie 30 minutes Coralie 15 minutes Coralie 35 minutes Coralie 15 minutes Coralie 35 minutes Coralie 20 minutes Coralie 30 minutes Coralie 35 minutes Coralie 20 minutes Coralie 25 minutes Coralie 35 minutes Coralie 20 minutes Coralie 50 minutes Coralie 20 minutes Coralie Age* 35 35 35 28 65 45 Date 03/07 03/07 06/07 06/07 07/07 08/07 Durée Enquêtrice(s) 10 minutes Coralie 40 minutes Nelly-Coralie 50 minutes Coralie 25 minutes Coralie 10 minutes Coralie 45 minutes Coralie * Approximatif Annexe Q : Condensés des entretiens réalisés à Teotitlán Entretien #1 : homme, 55 ans, acteur touristique et tisseur à Teotitlán - AM Cet acteur touristique est chargé du développement alternatif dans le village de Teotitlán. L’offre consiste en la location de bicyclettes, de chevaux pour découvrir pour parcourir les collines environnantes et découvrir les paysages. L’acteur nous a expliqué qu’actuellement le local a été fermé car ils ont rencontré quelques problèmes. La réouverture n’a pas été programmée. Cet acteur aimerait voir le tourisme se développer et encourage les habitants à proposer des nouveautés en termes d’artisanat car selon lui l’offre est peu innovante voir ennuyante. Entretien #2 : femme, 32 ans, habitante et tisseuse à Teotitlán - MS Cette personne nous a fait partager sa culture, son identité de manière tout à fait naturelle. Fière de ses racines elle explique qu’elle ne quittera jamais son village pour une longue période. Elle est ravie de nous confier que Teotitlán est l’un des rares villages qui a réussi à conserver son identité quand d’autres sont en train de la perdre. Elle imagine que cette capacité à conserver les traditions s’explique par le fait que les habitants des villages sont très conservateurs de leurs coutumes. De plus, les étrangers nationaux ou internationaux ne peuvent pas s’installer dans le village ce qui permet une certaine unité culturelle au sein de la communauté. Entretien #3 : femmes, 35 & 38 ans, deux touristes françaises, études supérieures – FB & AD Ces deux jeunes femmes travaillaient dans l’Etat de Puebla, situé à 340km soit à quatre heures de route de Oaxaca. Elles avaient consulté le guide du Routard car elles étaient à la recherche de quelques souvenirs artisanaux à ramener dans leur famille. Le bouquin les a conduit jusqu’au Teotitlán. Elles semblaient sceptiques sur la qualité des produits et non finalement pas choisi d’acheter de tapis. En revanche, en ce qui concerne la gastronomie, l’une des deux interrogées semblait particulièrement enchantée par la qualité des plats hormis les desserts. Elle considère que partout dans le pays il est facile de trouver un endroit pour manger des plats savoureux. Entretien #4 : homme, 42 ans, avocat, habitant Teotitlán - RB Cette personne semble avoir cernée les problèmes de la communauté en matière de tourisme. Il semblerait que suite à la baisse du tourisme depuis 2006, un sérieux manque d’investissement de la part du gouvernement soit observé. Selon lui, le tourisme fait vivre la communauté et elle mérite une reconnaissance internationale. Il nous explique que certaines relations se créent entre les habitants et les américains. Les touristes viennent découvrir les traditions en s’immisçant dans les familles pour quelques semaines, parfois quelques mois. La gastronomie est un héritage familial de génération en génération. Il dénonce une propriétaire de restaurant de s’être approprié la nourriture du village alors qu’elle appartient à tous les habitants. Il ne doute pas du potentiel touristique du village mais suggère un appui plus important de la part des autorités compétentes. Entretien #5 : homme, 55 ans, tisseur, comedor, habitant Teotitlán L Cet acteur explique que depuis plusieurs années le tourisme a considérablement diminué, ainsi pour répondre aux besoins de ses enfants, avec son épouse ils ont choisi d’ouvrir un comedor. 214 Généralement les touristes choisissent des plats rapides à préparer tels que les « tlayudas » par exemple. Cette personne évoque le cas des guides touristes qui empêchent les touristes de réellement passer du temps dans le village. Les guides sont contraints d’amener les touristes dans d’autres sites comme l’inclut leur forfait touristique. Ainsi il aimerait modifier ce mode de fonctionnement pour que les touristes puissent prendre le temps de parcourir le village à la recherche de produits artisanaux. Entretien #6 : femme, 50 ans, cuisinière traditionnelle, comedor, Teotitlán - IL Le couple a pris la décision de créer le comedor il y a un an pour subvenir aux besoins quotidiens et plus particulièrement à ceux du fils qui avait besoin de fournitures scolaires. Généralement la cuisinière offre deux à trois plats quotidiennement dans son comedor. Elle semble réellement passionnée par son activité et tous les jours va acheter les produits frais au marché. Lorsque les touristes la complimentent sur sa nourriture, elle ressent une certaine fierté qui l’encourage à poursuivre ses efforts. Entretien #7 : femme, 50 ans, cuisinière traditionnelle, restaurant, Teotitlán - AM Cette cuisinière a été reconnue à travers le monde entier pour la richesse de sa cuisine. Elle accueille régulièrement des groupes de touristes dans son restaurant et voyage régulièrement pour promouvoir la gastronomie oaxaquenienne. Elle a acquis un certain discours qui montre son ouverture sur le monde. Elle donne également des cours de cuisine à domicile aux touristes. L’attachement qu’elle éprouve pour sa cuisine l’encourage à la partager. Elle avoue cependant avoir adapté sa cuisine pour le bien être des touristes. Les textures et les saveurs ne changent pas, seulement la manière de les présenter et de les servir : les couverts ont remplacés les tortillas. Entretien #8 : femme, 65 ans, tisseuse Teotitlán - BG Cette personne se consacre à l’artisanat, à entretenir la maison et nourrir sa famille. Elle évoque avec nostalgie le temps ou les touristes venaient en quantité dans le village. D’après elle depuis la destruction des tours jumelles en 2001 le tourisme a nettement diminué. Son mari curieux de comprendre l’objectif de l’entretien s’est inséré dans la discussion et nous a montré que son village disposait de nombreux atouts donc le patrimoine alimentaire. Il nous confie ne pas savoir cuisiner, il accuse aimablement son épouse de ne pas le lui enseigner. Ce couple est en train d’aménager quatre chambres au sein de leur maison pour que les touristes puissent se loger dans le village une fois que Teotitlán sera nommé d’après eux « pueblo magico », village magique. Entretien #9 : femme, 48 ans, cuisinière traditionnelle, restaurant KS La cuisinière traditionnelle a ouvert son commerce avec l’aide de son mari, il y a bientôt huit ans, car elle éprouvait un certain besoin de transmettre sa cuisine. Composée de trois enfants (deux filles de 23 et 18 ans et un fils de 20 ans) la famille accorde une certaine importance aux repas. Le restaurant est dédié aux touristes car la carte présente une importante diversité dont certains plats sont peu consommés par les habitants de Teotitlán (salade verte par exemple). La cuisinière précise cependant qu’elle n’a pas changé sa manière de cuisiner mais qu’elle a adapté sa carte à la demande touristique. 215 Entretien #10 : femme, 42 ans, cuisinière traditionnelle, tisseuse, café, restaurant – TL Cette cuisinière est avant tout passionnée par le tissage. Son mari lui a soumis l’idée de créer un café restaurant car selon lui les visiteurs sont toujours à la recherche d’un café quand ils visitent un village. Ainsi, il y a trois ans ils ont mis en place le commerce. Ils proposent de la nourriture locale et américanisée. Elle accueille en moyenne un groupe de touriste chaque fin de semaine grâce à la fondation envia.org. Cet organisme lui a prêté une somme d’argent pour pouvoir acheter ses outils électroménagers (mixeurs, machine à moudre le café). Elle aimerait trouver un lieu plus adéquat pour proposer ce service car le restaurant est situé au cœur de la maison. Il faut toujours que tout soit impérativement propre pour les visiteurs et cela lui demande beaucoup de travail et d’investissement, ce qu’il l’oblige à mettre de côté l’artisanat. Elle aimerait à l’avenir engager une personne pour la soutenir mais pour des raisons économiques elle ne peut pas se le permettre dans l’immédiat. Entretien #11 : femme, 55 ans, tisseuse, vendeuse dans un local de l’avenue principale – RL Cette personne se consacre à la confection et à la vente de tapis. Elle nous parle de Teotitlán comme un village triste. Elle a toujours vendus divers produits artisanaux tels que des tapis et des vêtements originaires de Mitla. Avant l’instauration du nouveau comité elle vendait ses produits sur le marché artisanal. Suite à l’élection de la nouvelle équipe politique locale, elle a dû trouver un nouveau local pour vendre ses articles car les autorités lui reprochaient de ne pas vendre des produits typiques de Teotitlán. En ce qui concerne la nourriture, il y a quelques mois, elle a accueilli un groupe de touristes désireux de connaître la nourriture Oaxaquenienne. Après le repas, généralement les touristes passent par le local pour lui acheter quelques produits. Les relations qu’elle a nouées avec les touristes étrangers sont significatives car elle leur prête temporairement ses terrains pour que les américains puissent séjourner dans le village. Entretien #12 : femme, 39 ans, cuisinière traditionnelle, donne des cours de cuisine - RM Cette cuisinière fait partie d’une famille de huit enfants (six filles et deux frères). Ella a travaillé pendant dix ans dans une chambre d’hôtes en tant qu’assistante cuisinière aux côtés de Rick Velez, Ricardo Muñoz, Roberto Santibáñez, Marilyn Pausini dans la ville de Oaxaca. Elle a voyagé à Acapulco, Ambrosia (ville située à 01h00 à l’ouest du DF), Madrid pour faire des démonstrations de cuisine où elle a présenté le mole et la boisson des Vallées Centrales le chocolat à l’eau. Aujourd’hui elle donne des cours de cuisine à domicile et travaille avec le soutien de trois de ses sœurs et un de ses frères. Depuis cinq ans elle a arrêté son précédent travail à cause de l’instabilité sociale qui règne en centre-ville. Ainsi depuis cinq ans elle se considère comme indépendante et offre ses prestations culinaires pour 65 dollars par personne (soit quasiment 60€). Le prix inclut le transport de la ville de Oaxaca à Teotitlán, la visite du marché, le déjeuner, les cours de cuisine, le repas fraichement cuisiné par tous les participants et la visite de l’atelier de tissage du frère de la cuisinière. Entretien #13 : femme, 30 ans, cuisinière traditionnelle, restaurant MS Cette jeune femme s’est mariée à l’âge de 16 ans et sa belle-mère lui a appris à cuisiner. Comme les traditions le veulent, la belle fille doit acquérir la manière de cuisiner de sa belle-famille pour que son 216 nouvel époux puisse apprécier la nourriture. Ainsi la belle-mère qui disposait d’un restaurant le lui a cédé il y a bientôt cinq ans, à présent la cuisinière se consacre essentiellement à cette activité. Elle souhaiterait travailler avec les guides touristiques pour assurer une certaine stabilité dans son affaire car les touristes sont peu nombreux et il est difficile de prévoir de la nourriture pour un nombre inconnu de visiteurs. Ses deux enfants réalisent des études pour devenir dentiste et médecin et ne semble pas s’intéresser au restaurant malgré leur précieuse aide pendant les périodes de vacances. Entretien #14 : femme, 42ans, anthropologue spécialisée dans le tourisme culturel et le patrimoine alimentaire - RB Cette personne d’origine américaine s’intéresse au développement de l’activité touristique dans différents village oaxaquenien. Elle remarque que le succès des fabricants de tapis de laine est en grande partie dû aux relations qu’ils entretiennent avec les américains. Les relations qui se sont installées entre certaines familles de Teotitlán permettent aux américains de s’installer quelques jours dans le village en louant un logement à la famille préalablement rencontrée. D’après elle le succès des cuisinières traditionnelles a également à voir avec les relations qu’elles ont su tisser avec les étrangers. Ces contacts contribuent à satisfaire les besoins des habitants et le plaisir des touristes. De plus, elle remarque que les cuisinières traditionnelles qui connaissent un plus grand succès sont celles qui ne sont pas mariées. Il existerait alors un lien entre la succès d’un restaurant et le statut social de la cuisinière. Entretien #15 : femme, 38 ans, actrice touristique, employée de la STyDE Cette personne est chargée de développer la route touristique des chemins du mezcal. Elle remarque un certain détachement de la part des communautés indigènes qui ne sont pas toujours réceptives à l’installation de l’activité touristique sur leur territoire. Selon elle cette ignorance est dû au fait que ces sociétés sont très conservatrices de leur us et coutumes et cela les empêchent de s’ouvrir à l’extérieur. Ainsi la STyDE ne souhaite pas s’immiscer dans le modèle politique des communautés au risque de les dénaturer et de causer des impacts négatifs sur leurs traditions et leurs coutumes 217 Annexe R : Résumés des entretiens réalisés à Tlacochahuaya Entretien #1 : homme, 35 ans, bouché sur le marché de Tlacochahuaya, originaire de Tlacolula – NA Nous avons rencontré un boucher sur le marché municipal de Tlacochahuaya. Originaire de Tlacolula, il vient quotidiennement vendre de la viande aux villageois de Tlacochahuaya. Sa compagne et sa mère vendent également la viande sur le marché de Tlacolula. Nous avons abordé le thème du nouveau marché de Tlacochahuaya. Selon lui la restructuration du marché municipal entraîne une perdition des traditions qui impacte directement le tourisme. Il pense que les touristes viennent justement voir ces personnes assissent à même le sol qui vendent leur produits mais qui avec le nouveau marché moderne risquent de disparaître. Entretien #2 : homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya, professeur – MG Administrateur de la page facebook du village de Tlacochahuaya, cet habitant est toujours prêt à partager un peu de son village avec le touriste. Il est fier de nous décrire les caractéristiques culturelles de sa communauté et connait chaque recoin du village. Aujourd’hui il enseigne l’anglais dans une école à Oaxaca. Il l’a appris aux Etats-Unis car il a luimême migrait 14 ans au nord. Il s’identifie fortement à son village et considère que Tlacochahuaya est un village accueillant et que les habitants sont toujours prêts à offrir l’hospitalité aux touristes. En ce qui concerne les autres villages, il imagine que les communautés sont légèrement fermées et craignent de voir leur culture disparaître ou copiée. Entretien #3 : femme, 28 ans, actrice touristique à Tlacochahuaya – DMG Nous avons interrogé une employée de l’Hôtel Cosijo à Tlacochahuaya. Cet hôtel a été créé il y a cinq ans et commence tout juste à se faire connaître. Il offre dix chambres portaient sur le tourisme rural et s’adresse uniquement aux couples. Généralement l’hôtel est très peu fréquenté hormis pendant les festivités de la Guelaguetza. Le prix des chambres explique éventuellement le faible taux de fréquentation, 1900 pesos (soit 105 €) pour deux personnes incluant le petit-déjeuner. Entretien #4 : homme, 45 ans, acteur de la municipalité, habitant – GGH Cet acteur accompli son service envers la communauté et achève son service dans un an et demi. Ses six frères vivent aux Etats-Unis, il est le seul à être revenu à Tlacochahuaya après avoir vécu sept ans dans le nord. Son fils, qui a aujourd’hui 16 ans est née aux Etats-Unis mais suite au décès de son grand-père, un an après sa naissance, le père et son jeune fils sont revenus vivre au village. A l’âge de 14 ans son fils est retourné au Etats-Unis pour deux ans. Cette personne visualise le tourisme comme un échange interculturel. Il raconte que parfois les touristes sont plus renseignés sur une peinture que l’on trouve dans le temple que les habitants eux-mêmes. Il envisage le tourisme comme un réel atout pour le territoire mais reproche à la STyDE de ne pas poursuivre ses efforts de diffusion entrepris en mars 2015 pour promouvoir la route du mezcal. 218 Annexe S : Tableau d’analyse transversale : Patrimoine alimentaire ST* Ind* Thème 1 : Gastronomie - Le patrimoine alimentaire au cœur des traditions : un nouvel élan pour le développement des communautés ST2 : Les manifestations sociales ST3 : Une offre gastronomique ST1 : Un attachement affectif et positionnent la gastronomie au peu étendue mais qui permet de symbolique au patrimoine alimentaire centre des évènements mais elles dynamiser le territoire et de qui encourage son partage subissent des transformations subvenir aux besoins quotidiens Conscience du patrimoine Traditions ; Effets de la migration ; Le restaurant : une activité gastronomie ; fierté ; héritage ; Adaptation des recettes pour que le complémentaire à l’artisanat partage ; transmission touriste en profite « Je ne cuisine pas, je l'ai eu la chance d'avoir une grand-mère qui avait une manière de cuisiner très spéciale et connaissait différents types de plats locaux qui lui venaient directement de son héritage de ses parents, et elle a toujours dominé tout cela et puis depuis tout petit, j’ai grandi en mangeant différents types de repas d’ici, très propres à Teotitlán. Ainsi ce sont des choses que chaque communauté est tenue de conserver. [...] ce sont des recettes qui ont été conservées de famille en famille, de génération en génération alors ce sont comme des repas très représentatifs de la communauté, très réservés, ou tout le monde a sa propre façon de faire de le faire, de le préparer et ajoute sa touche » (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). * Verb* « Je me sens très fière et quand je termine de cuisiner, je le mets dans un plat, j’en mange un peu et moi-même je me dis, oh oui ça y est c’est délicieux », […] je suis d’autant plus contente parce que ça leur a plu, ma manière de cuisiner et mes saveurs, (femme, 50 ans, cuisinière). * « Moi je cuisinais dans la cuisine de la maison, et quand on avait de la visite des amis de mon époux qui sont grossistes des USA, ils venaient acheter des tapis et ils aimaient passer dans la cuisine et nous mangions, ils aimaient des saveurs de ma nourriture, et ils me disaient, « pourquoi est-ce que tu n’ouvrerais pas un restaurant toi aussi ? » ; « oui, nous voulons le faire, c’est prévu ». Et son épouse me disait, « tu cuisines tellement bien, apprends-moi ». Je lui ai répondu que oui. « Je veux apprendre à faire cette sauce, je veux apprendre à faire ça et ce plat ». Et je leur enseignais. Donc c’est comme ça que j’ai commencé à m’impliquer davantage dans la nourriture, avec goût et envie dans les valeurs que tu transmets à ce que tu fais parce que quand il te remercie pour ce que tu es en train de faire, tu te sens davantage motivée pour continuer à le faire. Et donc nous avons ouvert le restaurant […] (femme, 48 ans, cuisinière). « Traditionnel c’est la même tradition que nous vivons dans mon village parce que la nourriture traditionnelle c’est ce que nous avons à la maison, dans nos champs, les endroits où on le mange, dans une fête, une tradition par exemple aujourd'hui, c’est la fête de la « precisosa sangre », et tout le monde à la maison, il y en a certains qui sont en train de manger des « tamales de mole amarillo », d'autres qui mangent du « mole zapoteco », les autres mangent du « coloradito », mais ça va de pair avec la tradition liée à la fête c’est pourquoi c’est de la nourriture traditionnelle, (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). * « Ah oui, oui, on a toujours fait attention parce que les étrangers ne mangent pas très épicés, donc nos plats nous avons toujours fait en sorte de les préparer avec peu de piquant pour qu’ils puissent en profiter parce si c’est un problème le piment (rires). Mais normalement, si il y a de la sauce piquante, nous la proposons à part, pour qu’ils puissent se servir si ils aiment ça » (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). * « Nous sommes trop confrontés à des forces, à des courants étrangers à notre culture. Mais je crois que il y a un aspect, je ne veux pas dire négatif, mais si délicat de la globalisation non ? Parce que beaucoup de nos plats typiques actuellement nous ne les consommons plus parce que nous consommons des choses que ne sont pas les notre: un hamburger, une pizza, une hot dog, ce qu’en anglais il appelle : street food, nourriture qui se vend dans la rue, beaucoup de ces plats sont en train d’être remplacés par des plats qui ne sont pas les nôtres. […] Mais ça marche puisque les gens aussi l’acceptent non ? […] Il existe un mélange très important mais ça se réfère à la migration dont tu parles non ? » (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). « Alors on pensait à une autre façon, de quelle manière gagner un peu d'argent pour les frais de notre fils, pour l'achat des fournitures, de son uniforme pour l'école, tout ça, alors nous avons pensé à faire ce comedor », (homme, 50 ans, habitant Teotitlán). * « Je suis un artisan, mais la nécessité nous a obligés, parce que nos enfants étudiaient et nous ne parvenions pas à survivre parce que l’artisanat se vend très lentement. Puis nous avons pris un nouveau tournant, pour la gastronomie, pour l’offre de nourriture, pour atteindre les couts des enfants pour qu’ils puissent continués à étudier », (homme, 55 ans, habitant Teotitlán). * « Oui, parce que en offrant un bon repas, en servant une bonne nourriture pour les touristes, ils se disent que ils vont y retourner pour bien manger. Alors je pense qu'il y a une attraction si les gens partagent et montrent ce qu'ils font. Je pense que les gens sont intéressés en cela : bien manger, car c’est la vie, alors moi je pense que cela fait partie de la vie, c’est une évidence de l'être humain, alors il est très sacré pour les gens puissent apprécier la nourriture et c’est pour cela que nous vivons pour manger, alors je pense que la nourriture est sacrée et est importante sur tous les territoires. Bien que la vue peut laisser pendant un certain temps mais tu dois te nourrir pour continuer à vivre c’est ... tu dois vivre avec l’âme non ? Avec le goût, avec la partie de toi-même, la vie elle-même », (femme, 50 ans, cuisinière Teotitlán). *ST : Sous-thème / *Ind : Indicateur / *Verb : Verbatim 219 Annexe T : Tableau d’analyse transversale : Identité Thème 2 : Identité - Une culture identitaire ancrée dans les communautés qui subit les influences extérieures et qui empêchent d’entreprendre de nouveaux projets de développement ST2 : …Mais souffrent d’une ST3 : Une culture identitaire très ST1 : Les habitants d’identifient l’instabilité dans leur activité ce qui présente qui freine parfois la ST à leur culture… entraine la mise en péril des mise en place d’actions traditions touristiques Disparition des coutumes Culinaire et traditionnel Société fermée, conservatrice, Ind Les jeunes cherchent un travail plus Attachement affectif régit sous les us et coutumes stable Verb « Pour moi ça fait partie des sentiments et bien sûr que ça implique que tu le vives. Ça te donne l’argent pour survivre mais c’est plus la partie de ton âme que tu transmets, que tu vis, que tu dois continuer de vivre et continuer d’aller de l’avant […] C’est très important, parce que de cette manière ça ne va pas s’éteindre. Ici tu as une identité qui t’es propre, ici tu as tes racines, ça ne vas pas mourir ». (femme, 50 ans, cuisinière traditionnelle, Teotitlán). * « […] Ma maman cuisine beaucoup des plats typiques donc je m’identifie beaucoup. J’ai vécu 14 ans aux EtatsUnis et ça fait partie d’une rencontre culturelle que tu as aussi mais toujours j’ai eu cette vision de pour que tu puisses apprécier les autres pays, des autres endroits, tu dois connaître le tien. Tu dois te sentir identifie au tien. Moi j’ai vécu aux USA 14 ans, j’ai vécu avec beaucoup de monde, d’autres latitudes, juifs, indous, musulmans, de tout, mais je crois que mon appréciation de leur culture a été beaucoup plus forte parce que je connaissais la mienne ou bien parce que je me sentais identifié à la mienne. […] si je m’identifie beaucoup à l’art culinaire d Tlacochahuaya, en réalité je sais cuisiner tous les plats de Tlacochahuaya (rires), pour que si un jour ma mère est absente, je puisse le faire », (homme, 38 ans, habitant Tlacochahuaya). « Et bien par exemple avant tu allais à San Bartolo, […] les enfants actuellement jouent et dans les villages si tu écoutes leur langue, tu écoutes de l’espagnol. Tout ceci est en train de se perdre. Maintenant il ne quitte pas son village pour améliorer sa qualité de vie, et maintenant ils oublient l’espagnol, vont à Mexico, ils vont aux USA et ils oublient. Et voilà la langue et le reste se perd. Et ce qui est en train de se perdre plus que tout c’est le respect, maintenant c’est plus pareil, avant tu voyais quelqu’un tu le saluer, tu voyais ta mamie, ta tante, et la main de ta mamie, la main de ta tante et maintenant non. « Comment ça va, qu’est-ce que tu racontes mec, qué pedo ? ». Ça c’est devenu normal, ce qui s’écoute dans une conversation » (homme, 35 ans, habitant Tlacolula, vendeur Tlacochahuaya). * « La majeure partie étudie, ce sont des garçons qui n’aiment pas aller au champ, à beaucoup de ces jeunes depuis tout petit. A moi par exemple depuis tout petit mon papa m’amenait la-bàs. Et depuis le temps c’est que ce n’est pas rentable. Plusieurs fois, l’ail par exemple, on y investit beaucoup d’argent pour le semer, pour payer le jeune homme, pour retirer les mauvaises herbes, les désinfecter pour qu’il se porte bien […] et au moment de la récolte, le botte d’ail, quand elle est bien à 30 (1,63€), 40 pesos (2,18€) mais quand c’est moins bien, elle descend à 10 pesos (0,54€), ce sont 60 têtes d’ail qui forment une botte mais ce n’est pas rentable et c’est pour cela que beaucoup de monde dit que le travail au champ c’est inconstant. Et beaucoup de personnes ne veulent pas travailler parce que le travail au champ c’est très instable. Parfois le mauvais temps, quand c’est le moment de la récolte, s’il pleut, tout se perd. Je vous dis, ce n’est pas certain et les jeunes d’ici préfèrent aller travailler à Oaxaca, du moins le peu qui restent parce que la majorité est dans le Nord », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). « Nous, comme secrétaire d’Etat, on les forme, on peut aider à l’organisation mais nous sommes très respectueux de leur us et coutumes, nous ne pouvons pas nous insérer dans tout ça, ou ça voudrait dire leur rompre leur organisation et c’est ce qui fait partie des impacts sociaux négatifs non ? La modification de cette structure, nous ne pouvons pas », (femme, 38 ans, actrice touristique). * « Ici, le commentaire que je peux te faire c’est le suivant : finalement, bien qu’ils aient, bien qu’ils reçoivent des touristes, bien qu’ils soient depuis très longtemps identifiés comme un village touristique, ils n’ont pas cette culture touristique au sein des communautés. (Soudainement, elle parle à voix basse), donc si ils sont… Nous autres nous appelons ça des lacunes, si de toute évidence le travail de la STyDE c’est de les conseiller, de quelle manière ils doivent faire les registres et tout le reste mais je te dis, ils, ici aussi il y a une autre question : ils changent constamment des personnes qui sont à la tête des comités de tourisme par exemple, ça aussi, mais ça vient des « us et coutumes » donc nous en tant que STyDE nous ne pouvons pas intervenir en ce sens parce ce qu’évidemment, les conseiller reviendrait à dire qu’ils devraient avoir une certaine continuité dans leurs registres », (femme, 38 ans, actrice touristique). 220 Annexe U : Tableau d’analyse transversale : Tourisme Thème : Tourisme : Une offre touristique limitée mais qui offre un réel potentiel de développement pour les habitants des communautés ST1 : L’activité touristique est ST3 : Les Américains contribuent ST2 : La mise en place de projets primordiale pour les habitants mais à entretenir le village : ils ST touristiques à dominance politique les politiques de communication sont recherchent l’échange culturel positionne les habitants au second plan insuffisantes privé avec les habitants Une activité ressource, manque Influence des politiques très présente, Achat et location de terrain Ind d’investissement et de promotion Socialisation absente Vivre comme l’habitant Verb « Nous avons tourisme, le tourisme local également, mais le tourisme local cherche juste à connaître et rien de plus, à découvrir son village, son peuple, son identité, mais nous nous vivons du tourisme extérieur, car le tourisme international achète nos produits artisanaux. Il s’intéresse plus dans ce que nous faisons, ce que nous faisons, comment nous mangeons, comment nous parlons, tout ça », (femme, 50 ans, cuisinière traditionnelle Teotitlán). * « Peut-être, qu’il y aurait besoin de plus de promotion, parce que beaucoup de gens qui viennent parfois disent qu'ils ne savaient pas, qu'ils venaient par hasard. Ensuite, je pense aussi que plus de publicité et je ne sais pas, par exemple préciser de quelle manière ils peuvent venir au village parce que aussi beaucoup de monde souhaite venir, mais ne sait pas où sont les autobus ou comme atteindre le village », (femme, 30 ans, cuisinière Teotitlán). * « Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas remarqué tellement parce que je pense que ce qui se passe c’est que, on a besoin de faire de la diffusion parce qu’il y a eu un temps où oui il commencèrent à diffuser mais à partir de là je ne sais pas ce qui s’est passé, si à ma télévision et à la radio ils ont fait de la promotion bref récemment je n’ai pas vu que, je ne sais pas à quoi c’est dû, à voir avec la STYDE mais ultimement ils n’ont pas fait de diffusion, qui sait ce qui s’est passé », (homme, 45 ans, habitant Tlacochahuaya). « Ce que je pense oui, raisons politiques, ici du moins une question politique parce que ce n’était pas le lieu où tu avais besoin d’un marché si important parce que ce n’est pas un district, ou ce n’est un lieu où se rencontre beaucoup de monde pour vendre ses produits disons. Bon ça c’est mon point de vue personnel », (homme, 45 ans, vendeur marché de Tlacochahuaya, habitant de Tlacolula). * « Il nous manque à faire le travail de sociabilisassions avec les communautés, nous avons eu des réunions avec ceux qui sont directeurs du tourisme des municipalités, cependant, eux ne transmettent pas l’information à la population locale, mais si avons besoin évidement de faire cette socialisation avec eux, parce que finalement le tourisme va arriver avec eux y ils vont répondre à cette question « que non », et par manque d’information je te dis. Je crois que si, nous allons devoir diffuser cette information », (femme, 48 ans, actrice touristique). * « Si le gouvernement donnerait plus d'élan au tourisme, au mieux les communautés avanceraient plus, mais non, c’est réellement limité. Réellement, le gouvernement se concentre davantage sur les questions politiques que sur la promotion de la richesse des villages », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán). « Il y a beaucoup de touristes qui viennent et qui vivent dans des maisons privées. Pourquoi? Parce qu'ils ont trouvé ce moyen, parce qu’en réalité, ils peuvent connaître l'essence du village. Pourquoi? Parce qu'ils se réveillent dans une maison d'une personne d’ici, commencent à voir ce qu’est la routine, la vie quotidienne d'une famille, alors ici il y a les ateliers, des ateliers familiaux où sont les des métiers à tisser, le touriste sait que s’il vit au sein de cette maison, il sait à quel moment se lève la personne, ce qu’elle fait en se levant, qu’elle est sa coutume, qu’est ce qui se mange, du petit déjeuner, au déjeuner et le dîner. Dans il y a beaucoup de gens ont, qui pratiquement venir vivre ici, avec les gens d'ici », (homme, 42 ans, habitant Teotitlán) * « Il y a beaucoup d’Américains qui vivent là. C’est un système où ils sont en train de prêter leur nom. C’est-à-dire, les mêmes personnes de la communauté prêtent leurs noms pour que les américains puissent acheter un terrain ou le louer », (femme, 42 ans, anthropologue). 221 Annexe V : Illustrations des attraits touristiques sur la route du mezcal 1. Arbre du Tule, C. D, 06-07-14 2. Hierve el agua, C. D, 31-07-14 3. Plantation d'agave sur la route du mezcal - C. D - 23-07-15 4. Zone archéologique Teotitlán - C. D– 18-07-14 1 5. Zone archéologique de Mitla - C. D 13-08-15 6. Marché dominical de Tlacolula - C. D - 12-07-15 7. Marché dominical de Tlacolula - C. D - 19-07-15 2 3 4 5 222 6 7 Annexe W : Enquête de satisfaction à administrer aux touristes Soucieux de l’amélioration continue de nos prestations et afin de répondre au mieux à vos attentes, la communauté vous propose de lui accorder quelques minutes. Nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir prendre le temps de remplir le questionnaire suivant et de le déposer dans l’urne prévue à cet effet. Merci pour votre implication. 1. 2. 3. I. ACCESSIBILITE ET COMMUNICATION Comment avez-vous connu le village ? (2 réponses maximum). a. affiches, flyer brochures ; b. radio ; c. presse écrite, guide pratique ; d. bouche-à-oreille ; e. STyDE ; f. autre, précisez Est-ce la première fois que vous visitez le village ? - Si oui, pensez-vous revenir ? - Si non, depuis quand est-ce que vous êtes venu la dernière fois ? Par quels moyens nous avez-vous rejoins ? a. b. c. d. 4. 5. 6. 7. 8. 9. véhicule personnel transports communautaires (autocar ou taxi) location de véhicule agence de voyages/guide touristique II. DIVERSITE DE L’OFFRE Pour quelles raisons êtes-vous venus ? a. pour un événement en particulier b. pour découvrir l’offre artisanale c. pour découvrir l’offre gastronomique d. autre, précisez Comment jugez-vous l’accueil sur le territoire ? a. Très satisfaisant b. Plutôt satisfaisant c. Plutôt pas satisfaisant d. Pas du tout satisfaisant Comment évaluez-vous la communication concernant le village ? a. Très satisfaisante b. Plutôt satisfaisante c. Plutôt pas satisfaisante d. Pas du tout satisfaisante Etes-vous satisfait de votre excursion au cœur du village ? a. Très satisfait b. Plutôt satisfaisant c. Plutôt pas satisfait d. Pas du tout satisfait Sur une échelle de 1 à 10, (10 étant la meilleure note) à quel point avez-vous apprécié le village ? Recommanderiez-vous cette destination ? a. Oui, pourquoi ? 223 b. non, pourquoi ? 10. Pensez-vous revenir nous rendre visite ? a. Oui, pourquoi ? b. Non, pourquoi ? 11. Que suggérez-vous pour améliorer l’attractivité du village ? III. IDENTITE TERRITORIALE DE LA DESTINATION 12. Qu’avez-vous le plus apprécié dans le village ? 13. Qu’est-ce qui vous a surpris ? 14. Qu’est-ce qui vous a déçu ? 15. D’après vous le patrimoine culturel et gastronomique est-il suffisamment valorisé ? a. Oui pourquoi ? b. Non pourquoi ? 16. Commentaires, remarques, suggestions IV. a. b. c. d. e. POUR MIEUX VOUS CONNAITRE Sexe : F / M Age : 15-25ans / 25-35ans / 35-45ans/ 45-55ans / 55-65ans / 65 et plus Pays d’origine : Lieu de résidence : Vous êtes venus : - en famille ; - en couple ; - entre amis ; - seul ; - autre, précisez f. Votre courrier électronique : 224 Annexe X : Extrait de quelques retranscriptions des entretiens semidirectifs exécutés en juillet 2015 N° ENTREVISTA ENTREVISTADORA INTERROGADO EDAD EMPLEO DURACIÓN FECHA HORA LUGAR ENFOQUES 4 Coralie RBG 42 años Habitante de Teotitlán, Avocado, involucrado en la vida social del pueblo 35 minutos Domingo 12 de julio de 2015 A las 11:00 En el museo ¿Cómo percibe el turismo, como cree que va evolucionar, cual es el futuro del turismo? C: ¿Me puedes decir su nombre completo por favor? R: RBG C: Aquí parece que hay muchas costumbres, tradiciones, culturas, comida que representa la población y que atrae el turista, ¿Cuál es su opinión acerca del turismo? R: Bueno el turismo viene de diferentes partes del mundo ¿no? generalmente el turismo viene de países como de Estados Unidos, de China, de Japón, de Alemania, de Suiza, de países Europeos pero últimamente el turismo se ha centrado más en un turismo nacional debido a los problemas que ha enfrentado el estado de Oaxaca pues el turismo internacional quedo boqueado y es más el turismo nacional ahorita lo que predomina aquí en la comunidad y en el estado de Oaxaca. Pues se infundió mucho el temor ¿no? (interrupción) De hecho es un reclamo que existe en todas la comunidades ¿no? o sea ahorita por este movimiento magisterial y por la cuestiones políticas que se han dado en Oaxaca pues el turismo se ha alejado un poquito. Y creo que ahorita se está enfocado más en el estado de Chiapas, por lo mismo de que creo que sería más garantillos de la seguridad del turismo de acá lo que pasa aquí en Oaxaca. C: ¿Para usted es turismo es bueno, malo, que opina? R: Pues de hecho los estados de Oaxaca son predominantemente turísticos, si el turismo no llega, pues no existe una entrada económica es decir, el turismo es el que ayuda que los pueblos sigan avanzando ¿Por qué? Porque todas las culturas de Oaxaca se dedican a uno oficio o un arte. Entonces, si no llega, la persona que valore ese arte que adquiere ese arte o ese oficio prácticamente no hay una entrada, o un recurso económico para esas comunidades, entonces podríamos decir que el turismo es bueno para las comunidades, sobre todo para el estado de Oaxaca que prácticamente vive del turismo. C: ¿Que es un turista? R: Une turista es una persona que no es de esa comunidad, podría ser de otra población, o sea del mismo estado de Oaxaca que viene a visitar y a conocer lo que una comunidad les ofrece, por ejemplo aquí Teotitlán es un pueblo centrado, situado en Valles Centrales que al igual, una persona de la ciudad de Oaxaca puede llegar y admirar lo que tiene en si la comunidad entonces el turista puede ser una persona ajena a la comunidad que viene y viene a conocer lo que esa comunidad tiene tanto en gastronomía, artesanía, cultura, y son prácticamente desconocida para otras comunidades ¿no? C: ¿Y por ejemplo cuando el turista llega aquí que pregunta? R: Cuando el turista llega por acá lo que el turismo busca son alternativas son nuevas formas, nuevas visiones, decir que quiere conocer algo diferente a lo que el ya conoce en su comunidad. Por ejemplo aquí generalmente se pregunte es que, cuales son los vestigios arqueológicos que tiene Teotitlán, cual es la fuente de ingreso de Teotitlán, cual es la artesanía o el oficio predominante, en gastronomía que es lo que Teotitlán tiene en cuestión de comidas, que ofrecer al paladar de la persona ajena a la comunidad. C: ¿Y usted que responde por lo de la comida? R: Bueno desgraciadamente aquí en Teotitlán no hay este, como le podría decir, son pocos los lugares, o sea son 2, 3 lugares, que ofrecen lo que es la gastronomía, pero Teotitlán tiene una riqueza gastronómica muy grande, o sea son pocos, es poco lo que se conoce en gastronomía de Teotitlán, pero hay comidas muy autóctonas que vienen ya de herencia que no son conocidas por turismo, dentro esto están los clásicos, los tamales de hoja de milpa que generalmente la mayoría en el Estado de Oaxaca conoce el tamal pero en hoja de totomozle y varias mucho en hoja de milpa, o sea ¿Por qué? porque la hoja de la milpa le dan un sabor especial a la comida o sea es diferente o sea el paladar es diferente. C: ¿Eso sería típico de aquí? 225 R: Es típico de acá porque yendo a Tlacolula, yendo a Santa Ana del Valle, a Macuizotchil no sé hace ese tipo de tamales, ese tamal esta hecho de amarillo de pollo con maíz que se hace, este, se hace preparado de la masa, se le junta lo que es el amarillo de pollo, se le pone la carne de pollo, pero en momento de hacer el envoltorio o la envoltura es con hoja de milpa y se cose al vapor con esa hoja de milpa entonces adquiere un sabor diferente que le da esa hoja de milpa. C: ¿Cual otros platillos identifican la comunidad? R: Una de la comida más ricas y que de hecho ha sido el atractivo también para muchas personas que lo han probado es el espesado de elote que consiste en, es más o menos parecido al caldo de guías que ya es conocido en el estado de Oaxaca, muy conocido, pero esto es diferente ¿Por qué? porque se muele lo que es el elote, el elote tierno, se escoge y se hace una selección de un elote y se muele en el metate, se muele el elote en el metate y se le agrega como al caldo de guía o sea de le agrega y adquiere un sabor distinto o sea lo que es el caldo de guías se vuelve un espesado de guías, un espesado de elote. C: ¿Usted como sabe todo eso al respecto de la cocina? ¿Usted cocina? R: No cocino, he tenido, pues tuve la fortuna de tener una abuela que tenía este una sazón muy especial y conocía diferentes tipos de platillos acá que son herencia de sus padres y ella siempre dominó todo eso y entonces desde niño crecí comiendo diferente tipos de comidas de acá muy propios de aquí, de la población. Entonces son cosas que cada comunidad va guardando y que cada comunidad conserva. Ahorita, pues desgraciadamente hay familias que han patentado esas comidas y lo han hecho suyo cuando en realidad son comidas típicas de acá, que vienen de generación en generación. C: ¿O sea que cambian las recetas? R: No lo han patentado, lo han dicho que viene de su familia, o que su familia ha creado esos platillos pero no es cierto. C: ¿Al turista le gusta comer esos platillos típicos? R: Bueno es espesado de guías es muy poco conocido, el tamal de hoja se milpa se ha dado a conocer un poco más pero, generalmente, hasta que el turista viene acá lo pruebo no se ha ofertado así a restaurante de fuera o en otros lugares. C: Por ejemplo si soy turista, y que te pregunto, que puedo comer, donde puedo comer, ¿cuál lugar me vas aconseja? R: Pues aquí hay 2 restaurantes, 2 restaurantes establecidos que están aquí ubicados a 2 cuadras, el restaurante el descanso, y hay otro que se llama Tierra Antigua creo. Pero bueno ellos se enfocan más a lo comercial. Bueno si nos vamos aquí al mercado vas a encontrar todavía parte de lo que es la comida, o es sabor de aquí de Teotitlán pero generalmente estos platillos son caseros, son muy de casa que solamente una invitación especial de una familia entonces vas a poder probar lo que es en sí la comida de origen de acá. C: ¿Los restaurantes son más enfocados sobre turismo? R: Si ¿porque? Porque se vuelve el restaurante por ser un restaurante se vuelve a comercial, es la idea, o sea entonces ya el preparado, ya no es el mismo ¿Por qué? Porque las recetas vienen de casa y cada familia tiene una sazón diferente. C: ¿O sea que lo están adaptando al gusto de cada quién, a los turistas? R: No ¿Por qué? Porque no se oferta o sea no hay un mercado así donde digan: ven a ofrecen o ven a mostrar lo que tiene tu comunidad. Entonces son recetas que se vienen conservando de familia en familia, de generación en generación entonces son como comidas muy propias de la comunidad, muy reservadas, o sea cada quien cada quien tiene su forma de hacerlo, de prepararlo y le agrega su toque. C: ¿Cuál es su opinión acerca de los restaurantes? R: Bueno son buenos, o sea no digo que están en per… de la comunidad. Son buenos en el sentido que hay lugar donde el turista puede encontrar parte de lo que ofrecer la comunidad, pero o sea, para que haya realmente una experiencia de probar el sabor de Teotitlán tendría uno que ir de casa en casa. C: Si pero el turista se queda muy poco tiempo. R: Muy poco tiempo por lo mismo que no existe ni hoteles, ni lugares adecuados por acá. Hay muchos turistas que llegan y viven en casas particulares ¿Por qué? Porque han encontrado esa manera, porque solo así conocen en realidad la esencia del pueblo ¿Por qué? porque se despiertan en una casa de una persona de acá, empiezan a ver cuál es la rutina, el quehacer cotidiano de una familia, entonces aquí son este, talleres de casa, talleres familiares donde están son telares, sabe el turista si convive dentro de esa casa, sabe desde el horario que se levanta la persona que es lo que hace al levantarse, cuál es su costumbre, que es lo que consume, desde el desayuno, la comida, y la cena, entonces, hay muchas personas que han, que prácticamente vienen a vivir aquí, a convivir con la gente de acá. C: ¿Como lo hacen para encontrarse? R: Como se establece el vínculo, como se hace el intercambio se hace en relación a estos personas, salen ofreciendo sus artesanías a diferentes lugares, y ahí empiezan a conocer a la gente, a las personas que viven, que están en sus lugares, y en base eso, se da la relación, y esas relaciones se va volviendo más estrecha con …conociendo. 226 C: Por ejemplo si quiero yo encontrar esas personas que rentan sus cuartos y que hacen la comida, ¿cuál lugar me aconsejas? R: Hay diferentes personas, o sea realmente tendría que haber un acercamiento con ellos, o sea que vi a varios aquí de la comunidad que hacen ese tipo de cosa o sea de oferta no solo la casa sino también la comida y todo entonces es cuestión de establecer el vínculo con alguno artesano que son los que se enfocan a eso. C: ¿Usted hace parte del comité? R: No yo no soy parte del comité, no yo estoy aquí porque se está montando una exposición fotográfica, son niños que recibieron un curso, entonces estos niños están exponiendo sus cuadros, y me toca hoy por turno cuidar lo que son los cuadros afuera. C: ¿Hace parte de la escuela? R: No esta exposición se vino ofrecer aquí en el museo entonces los padres de familia que estuvieron interesado en que sus hijos recibieron ese curso fueron los que se integraron, entonces ahorita se están exponiendo los avanzas que tienen. C: Las casas grandes que encontramos a la orilla del pueblo ¿son gente de acá? R: ¿Las casas grandes? C: Si porque noté un contraste importante entre las casas del centro y las otras. R: Lo que pasa que es con son gente que ha en cierta forma ha encontrado en las artesanías a través de la exportación, a través de ofertar hacia a otros países el producto artesanal han encontrado una fuente de ingresos buena. Entonces por lo mismo que están, que tienen buenos ingresos de lo que exportan, o de lo que venden, es que tienen la capacidad económica para poder hacer sus casas diferentes algo distinto de lo que se ve acá, ya con diseños más arquitectónicos, o incluso vivienda un poca más grande espacioso entonces por eso que hace un contraste con lo que está en la población o sea generalmente todos los que llegan a Teotitlán, se preguntan qué porque esa diferencia un poco, muy marcada pero se debe a eso, de que ellos si tienen la solvencia para poder hacer eso diferente ¿no? C: ¿Usted cómo ve el futuro del turismo, el porvenir? R: ¿El porvenir o el futuro de la población? C: Los 2. R: Bueno la cuestión acá del turismo, ahorita, el mismo tiempo va demostrando lo que está aconteciendo ¿no? o al mismo tiempo no está indicado que es lo que va a pasar porque en los años 80, el turismo fluía bastante en Teotitlán. Tan es así que las artesanías se vendían mejor. Antes llegaba el turismo casi casi hasta la casa en busca de una pieza, en busca de una imagen, de un arte que solamente podía encontrar en Teotitlán. Desgraciadamente se saturó el mercado en las fronteras, se saturó el mercado en otras partes, con artesanías que no eran propias de acá. Entonces al saturarse el mercado, pues lógico viene la debacle o sea vino el hecho de que todo se fue depreciando y también es así que también que las personas que empezaron a acaparar el producto fueron los que los llevaron a otros lugares, entonces ahí fue que el turismo dejó de fluir y tal vez así que los conflictos sociales que ha vivido el estado de Oaxaca durante de los años 80 para acá han yermado… o han hecho que el turismo vaya disminuyendo entonces el porvenir turístico de Teotitlán pues se ve difícil, se ve difícil ¿Por qué? Porque ahorita es muy difícil para los que venden acá en el mercado poder vender una pieza y eso hace que vaya disminuyendo tanto el ingreso como el hecho de prever que es lo que va a poder pasar en un futuro ¿no? Por eso que si el turismo se acaba, el estado de Oaxaca va a sufrir, o sea no solamente aquí en Teotitlán, todo el estado de Oaxaca va a sufrir ¿Por qué? Porque ya no va a ver ese ingreso que requiere el estado. C: ¿Cada día el artesano tiene la oportunidad de vender tapetes? R: Pues es como la suerte, es como echar esto al azar, o sea yo vengo oferto mi producto un día y se mi va bien alguien va a llegar y me va a comprar algo, depende, pero si no llega nadie pues todo el día me la puedo pasar allí y no vendo nada. Puede pasar semanas o meses sin vender. C: ¿Usted cree que hay un futuro para el turismo un la comida aquí? R: Bueno si realmente se da a conocer este, lo que es la gastronomía de Teotitlán y su oferta así al turismo yo creo que si va a ser algo de impacto ¿Por qué? Porque son, como le podría decir, son sabores que no se conocen, son sabores desconocidos todavía para el turismo internacional, incluso para el turismo nacional, son sabores muy conservados todavía acá en la población que no fácilmente se van a poder probar en otros lados. O sea conocemos lo que es la gastronomía de otros países, pero la de la población de Teotitlán conserva mucha, muchos sabores que no se han dado conocer. C: ¿Por qué no se han dado conocer? ¿Qué falta? R: ¿Qué falta? Por lo mismo que Teotitlán se enfocado más a producir tapetes, artesanías, si Teotitlán se enfocará a dar a conocer su gastronomía habría un cambio, o sea a lo mejor se tendría, no son personas profesionales, ni son chef, son personas de casa, son nada más de casa, que es lo que tienen, o sea, que conocer eso sabores. Entonces no se ha explotado lo que es la gastronomía se ha enfocado más Teotitlán a lo que es la artesanía. C: ¿Usted cree que la cocinera está lista para acoger el turista, les gustaría? 227 R: Pues de hecha aquí hay una señora que ha llevado esos sabores a otros partes, se ha dado a conocer al nivel mundial. C: La señora del… R:… del Tlamanalli, pero, es ahí donde ellos refieren de que estos sabores están de esa familia ¿no? son propias de esa familia y no es cierto o sea son sabores conservados aquí en la comunidad. Entonces es ahí donde le digo, de decir que lo patente es mío y hago fortuna y hago riquezas de acá pero no es eso, pues o sea, realmente sus sabores son de acá, muy propios de la comunidad. C: ¿Usted ha escuchado el respecto de la ruta caminos del mezcal? R: Si eso conocemos, parte de lo que es el proyecto. C: ¿Cual proyecto? R: Pues lo que se pretende es de hacer como una ruta, por eso se llama caminos del mezcal, establecer cuáles son las comunidades que se dedican a producir mezcal. Entonces por eso se les dice caminos del mezcal. Dentro de esos, este, de ese proyecto esta inversas varias comunidades, entonces lo que se pretende, hacer saber, o dar a conocer, quienes son los pueblos productores del mezcal. C: ¿Teotitlán hace parte de la ruta? R: Teotitlán se entiende que está a dentro, pero Teotitlán lo único que produce es el maguey, pero no produce mezcal. C: ¿Por qué lo llamaron tal cual entonces? R: Pues no sabría decirle cuales fueron los requisitos o cuales fueron los requisitos que tomaron en cuanta para poder involucrarlo dentro de esto. C: Pero está bien, ¿usted qué opina de la ruta? R: Pues mire, dentro de esa ruta muchas comunidades que realmente se dedican a la producción del mezcal están quedando fuera 23:05; ¿Por qué? Porque ahorita están involucrados hasta donde yo veo son Mitla, Matatlán, Tlacolula, pero realmente la producción más importante del mezcal viene de las Salvaradas 23:21. C: ¿Eso donde es? R: Es este, pasando a Mitla, son pueblos que están en la montaña pues, lo que es San loranzo de Salvaradas, San Juan del Rio, lo que es… Son comunidades que realmente viven de la producción del mezcal. C: O sea que ellos lo hacen para venderlo a los de Mitla, de Tlacolula? R: Si. Eso es lo que ha caracterizado a tanto la artesanía, como la gastronomía, como al mezcal, de que realmente los productores no son los que dan a conocer sus productos. C: ¿Aquí venden los verdaderos que venden los tapetes, los productores? R: Lo que vienen acá a vender sus productos en el mercado, son los que producen, pero la gente que ya tiene su negocio establecido fuera de acá, en la frontera, en otros lugares del país de México, pues ya obviamente, ya no son productores, son este, revendedores podríamos decir. C: ¿Y a usted les compran? R: Yo ya cambié de profesión (riendo). Bueno, yo tengo una profesión, bueno soy avocado, y ya no me dedico a las artesanías, se hacer los tapetes, se elaborarlos y eso me ayudo para poder sacar mis estudios pero realmente yo tenía que venderle al que tenía, al cliente pues, yo lo vendía a esa persona, y esa persona lo llevaba y lo revendía. C: ¿Usted cree que la ruta caminos del mezcal, permitirá que entren más turistas? R: Lo que pasa es que el turismo, realmente el estado de Oaxaca no hace una publicidad real, o una publicidad, más al fundo de lo que es cada comunidad o sea se limita muy poco, y oferta muy poco también. Si realmente se abrirá más el espacio, y creo que se abrirá más de donde el turismo pueda elegir. C: Faltaría difundir el turismo en los pueblos. R: Lo que pasa es lo que digo de México se conoce el mariachi, internacionalmente, como usted lo dice, se conoce poco de la comida, y realmente la comida que se conoce, por ejemplo del estado de Oaxaca es uno o dos platillos, pero no se conoce realmente lo que es las culturas, lo que los pueblos han conservado históricamente, o sea que son sus sabores pues, su identidad, o sea las comidas autóctonas de acá no se conocen. Si realmente el gobierno diera más impulso al turismo a lo mejor las comunidades avanzarían más pero no se limita mucho. Realmente el gobierno se enfoca más a las cuestiones políticas que realmente dar a conocer la riqueza de los pueblos. C: ¿Aquí es pueblo de usos y costumbre verdad? R: Si. C: ¿Hay un comité de turismo? R: Ahorita se creó apenas, tiene poco que se creó un comité. C: ¿No sabemos cuáles son sus enfoques? R: Pues lo que pretenden con ese comité dar a conocer un poquito más, difundir un poquito más hacia el exterior lo que es la comunidad, lo que son las tradiciones, las costumbres, de este pueblo, lo que puede ofrecer, pero, desgraciadamente, un espacio en la televisión es muy caro, para poder dar a conocer algo. A través de la radio pues, las radios son del estado, las radios no alcanzan más allá de lo que es el estado de Oaxaca. Entonces un espacio en la televisión es muy caro y para poder hacer algo, poder abrir realmente lo que es un pueblo así hacia 228 el exterior se necesitaría de bastantes horas y de bastante capital para poder difundirlo y eso es lo que no se tiene. C: ¿Usted quiere añadir algo que piensa que sea importante que lo sepa? R: ¿Que podríamos añadir? (riendo) Bueno, la cuestión es que a veces han venido muchos, así como en tu caso, muchas personas, interrogando así, nos preguntan todo eso, pero realmente tampoco sabemos en donde se queda toda esa información que llevan ¿no? A lo mejor, nos gustaría que toda esas personas que llegaran, a lo mejor si tuvieran esa oportunidad de abrir todo este contexto de manera más amplia así al exterior sería mucho más mejor ¿no? C: Vamos a hacer una exposición foto para difundir todo eso, reporte… R: Si porque de hecho ahorita las redes sociales y todo esto, si sirven demasiado pero bueno lo que tú, veo que estas enfocada en la gastronomía, desgraciadamente en las redes sociales (riendo) no se pueden llevar los sabores, a lo mejor los imágenes si pero los sabores no, eso es lo complicado. C: Si y hacer tal vez unas videos, de la vida de las cocineras para difundir la comida. R: Pues esta es interesante, en este museo por alguna o por otra cuestión me acercado a museo y si realmente se han hecho varias, varias, como te podría decir, este, entrevistas, se han hecho este, varios videos, varios documentales, de la danza, de lo que es Teotitlán pero esperemos que este también ayude ¿no? y que no se quede… ¿Porque ahorita es un trabajo de escuela? C: Exacto. R: A lo mejor si tú estás estudiando turismo a lo mejor por ahí ver una alternativa para poder sacar esto. C: Si es la idea. R: Si porque de hecho, ya tiene año que se llevó un proyecto a los países Europeos, en Austria que fue una muestra de lo que es México. Estuvo encabezado, con un personaje que se llama Sergio Gomorra, más conocido como Choconoxtle, el llevó parte de lo que es la cultura de México, pero es pura danza lo que llevó así hasta Austria. Esa persona vino aquí a la comunidad en busca de la danza y de hecho se llevaron un grupo de hacia Austria, pero también con muchas creencias pero el, este, no me acuerdo si es de la ciudad de México pero anda con el grupo de la danza de los Aztecas. C: ¿Usted me podrías aconsejar alguien con quien puedo hablar de comida y turismo? R: Podría ser los mismos, artesanos de acá, las señoras, podría usted hablar con ellas, o sea generalmente no se cierran a dar información. Otras comunidades son muy celosa y no te, y no les sacas ni (riendo) ni la palabra. C: Muchas gracias. R: Si de que. N° ENTREVISTA ENTREVISTADORA INTERROGADO EDAD EMPLEO DURACIÓN FECHA HORA LUGAR ENFOQUES 7 Coralie AM Entre 45-50 años Cocinera en Teotitlán 20 minutos Domingo 13 de julio de 2015 A las 02:00pm En el restaurant Tlamanalli, Teotitlán ¿Cual comida ofrece al turista, que es la comida típica, como se adaptó al turismo? C: ¿Usted cómo percibe el turismo? AM: Bueno el turismo es, yo creo que son las personas, porque hay de turismo a turismo también. Hay turismo de interés en la cultura, en la tradición, en la comida, pero hay turismo que nada más viene, si está interesado pero no profundo, de lo que son, de lo que es un pueblo, como vive la gente, que come, entonces pero hay turistas, yo creo que el turismo cultural es el turismo que les interesa tanto la gastronomía como la lengua, la tradición, todo lo que nosotros somos, un pueblo ¿no? entonces, hay como le digo, pero si llegan, lo que es el turismo internacional, lo de a fuere son las que se profundizan más a lo que es nuestra gastronomía, nuestra cocina, nuestra como le digo, nuestra artesanía también porque nosotros somos artesanos, somos tejedores entonces todo el pueblo es tejedor, entonces vivimos de nuestra artesanía, entonces y creo que siempre tenemos turismo de cualquier lado del mundo. Tenemos turismo, tenemos turismo local también pero el turismo local es más para conocer nada más, descubrir su pueblo, su gente, su identidad, pero nosotros vivimos del turismo de afuera porque el turismo de afuera compra nuestras artesanías. Se interesa más en lo que nosotros hacemos, que hacemos, como comemos, como hablamos, todo eso. C: Por ejemplo, aquí vienen muchos turistas verdad, ¿que preguntan, que quieren comer, come están? 229 AM: Bueno de hecho yo este, desde que yo empecé a pues a mostrar diría yo, a compartir, de lo que yo hago de lo que yo preparo, como que yo soy una cocinera tradicional, entonces yo, cuando yo empecé mi restaurante, primero prensé yo en una cafetería, no pensé en un restaurante grande (riendo) porque no tenía yo esto. Era más pequeño el local, es otro lugar, aquí mismo, atrás, otro terreno, pero era un corredor nada más así y yo pensé en algo chiquito, yo pensé vender agua para los visitantes, vender un café, un chocolate, es lo que yo pensé, pero gracias a mi papa, a mi mama y mi familia, me apoyaron y me dijeron: ”pues tu cocina es muy rica ¿entonces porque no ensenas?”, yo si puedo cocinar pero comida tradicional, entonces yo dije pues ellos no conocen, ellos no sé qué van a pensar de mi comida, y ellos dicen lo que es esto, bueno pero vamos a ver, vamos a arriesgar, y yo del momento que yo abrí mi restaurante yo empecé a mostrar la cocina que yo preparo que es de aquí de Teotitlán del valle. Entonces la gente empezó a llegar, el turismo empezó a llegar. Todo el trabajo también era mío y de mis hermanas que iban a la misa y explicaban como es la comida, le decían, esto es así, esto son con hojas, con calabazas, hierbas del campo y este es un mole, un mole negro, un mole amarillo, un mole, un pipián, un ajonjolí coloradito, de todos los moles que yo preparo llevaba una explicación muy grande pero en ese tiempo llevaba la explicación y la gente conociendo, conociendo, conociendo llega un día creo que no fue mucho tiempo un año, dos años, tres años que llegaron periódicos, llegaron revistas, empecieron a escribir, ellos comían y escribían comían y escribían y todo lo que ellos comían, como lo atendíamos, como, todo eso, ellos lo escribían y la gente ya llegaba con el periódico en la mano con guías de turista, todo, antes no había internet (mirando mi teléfono) no había todo, era con periódico y con revistas y ellos dicen: “tu estas aquí en la revista ¿tú sabes?, tu estas aquí en el periódico ¿tú sabes?”. Muchos yo no sé quiénes será que escribía, escribían reporteros de Estados Unidos, de Alemana, de Francia, escribían de todos lados que el turismo llegaba aquí conmigo. Pero unos me dicen que son revistas, y me dicen “te voy a escribir en una revista que yo comí muy rico”. Ay qué bien, bueno usted si comió bien está bien si les gustó adelante. Entonces todo fui para mí este muy grato la forma en que ellos me estaban apoyando de esa manera. Yo no, yo no nunca hice una promoción personal todo fue por mis platos, mis platillos hablaron. Mis platillos fue que les habló a ellos, les habló para escribir en un periódico, yo no les dije: yo voy a pagar para que ustedes me hagan promoción. Entonces fue mucho apoyo para mí, para mis hermanas, para mi familia y hasta para mi pueblo porque está llegando mucha gente gracias a dios ahorita el reconocimiento que ya tiene el restaurante la forma que ya lo conocieron, lo están conociendo y seguimos promoviendo y seguimos haciendo, la gente me está pidiendo hacer reportajes, periódicos, revistas, televisión, entonces yo digo si entonces la promoción se va se va de boca en boca y de las cámaras de televisión y de todos lados entonces. C: ¿Usted propone siempre comida tradicional? ¿Para usted que es el tradicional? AM: Tradicional es la misma tradición que nosotros vivimos en mi pueblo porque la comida tradicional es lo que tenemos en casa, en nuestro campo y como es, donde lo comemos, en una fiesta, en una tradición por ejemplo hoy, hoy es fiesta de la preciosa sangre y todos en casa, hay algunos que están comiendo tamales de mole amarillo, otros que están comiendo mole zapoteco, otros que están comiendo coloradito, pero son, va de la mano con la tradición de la fiesta por eso es comida tradicional, que es … haciendo la parte de la… Entonces es la parte que yo creo que es la comida tradicional. C: ¿Usted a cambiando sus platillos, sus recetas para el turista o siempre sigue siendo como los antepasados? AM: No. Bueno todos los platillos no son como yo lo, como lo comemos aquí, todos desde el momento que yo empecé a servirlo, lo hice a mi manera, a mi toque porque yo lo presenté a la mesa con el toque de que puedan comerlo el turismo porque nosotros lo comemos en una manera más rustica, muy natural porque nosotros lo comemos con tlayudas grandes y ahorita sirvo tortillas suaves, blanditas. Entonces todo esto me las ingenié me las busqué como hacerlo para presentar los platillos en la mesa. Pero los sabores no lo cambio, nada más la forma o sea la textura, la textura es el mismo, no no puede ser la textura porque nosotros lo comemos rústicamente si es una sopa son gruesos, son grandes porque nosotros lo adaptamos a nuestra forma pero ahorita para que la gente llegue y coma con cuchara, nosotros lo comemos con pura tortilla, ellos llegan, llevas el platillo en una mesa y ahí la gente no puede comerlo con tortilla porque no sabe comer tortillas. Entonces la gente está acostumbrado a manejar cubiertos entonces yo pensé eso, entonces vamos hacer como ellos lo hacen, pero es mi sabor y es mi comida, es la misma comida también, con un cuchillo con un tenedor para que lo puedan comer (riendo). C: ¿Quería saber, usted ha elegido los platillos? AM: Yo los elegí porque en una manera son las comidas más sagradas, son más apreciadas. En una manera no nada apreciadas más sagradas más en día para servirlo, en días de fiesta. Entonces yo los elegí por este, por eso porque nada más no lo ofrezco todos los días, entonces yo los ofrezco por días que son festivos, días de fiesta, entonces, para tener un mole no le tienes diario en casa, son moles, por eso cuando la gente viene entonces ellos piensan que es una peregrinación que vienen a comer aquí conmigo. Entonces yo creo que en toda persona cuando llega entonces han pensado en la comida donde comer rico. C: ¿Usted considera la comida como atractivo turístico? AM: Si, porque dando una buena comida, sirviendo una buena comida para la gente del turismo, ellos dicen vamos a ir allá otra vez para comer rico entonces yo creo que es una atracción si la gente está enseñando o 230 compartiendo lo que ellos hacen, yo creo que la gente se interesa en eso, de comer rico porque es la vida, entonces yo creo que es la parte de la vida es la parte de la videncia de ser humano entonces es muy sagrado para que la gente pueda apreciar la comida y pueda, para eso vivimos para comer, entonces yo creo que la comida es sagrada y es más importante para cualquier lugar que sea. Aunque la vista puedes dejar lo un ratito pero el alimento tienes hambre, y tienes que alimentarte para seguir vivir es… tienes que vivir con el alma ¿no? con el sabor, con la parte de ti mismo, la vida misma. C: ¿Y vienen turistas de todos lados verdad? AM: Si llegan ahorita no sé de qué lugar ya llegaron este… Pues pero si vienen de Alemania, vienen de Paris, de Francia, ay de Indos, japoneses, Chinos, de todos lados, no vienen varios, pero llegan esporádicamente, vienen cuatro, seis, depende como japoneses de todos lados. C: ¿Ha cambiado su manera de cocinar después de los turistas? AM: Bueno, la manera de cocinar no porque sigo usando mis metates, ese es lo que estoy haciendo porque el sabor, si yo cambio mi manera, ya los sabores cambian también, entonces lo que estoy tratando es que la gente pueda probar de lo que se hace, yo comencé a cocinar desde muy chiquita y aprendí a eso y sigo trabajando en eso mientras que yo pueda y mis hermanas es lo que esto transmitiendo para las nuevas generaciones para el futuro de lo que es de nosotros de mi familia o de mi pueblo aunque sea ¿no? C: ¿Cómo podría definir su apego para su comida, simbólica, económica, sentimental…? AM: Es parte del sentimiento, y claro todo conlleva lo que es vivas te da el dinero para sobrevivir pero más es la parte de tu alma que transmites, que vives, que tienes que seguir viviendo y seguir haciendo a adelante. C: Para usted la transmisión de esa comida es… AM: …Es más importante, porque así no se va morir. Ahí tienes tu identidad, ahí tienes tus raíces no se va morir. C: ¿Usted quiere añadir algo que cree importante que sepa? AM: Bueno si, yo creo que del turismo gastronómico que se interesa en conocer realmente la cocina mexicana, Oaxaca es muy rico para, todo México lo tenemos, pero Oaxaca específicamente es la cuna de los sabores, porque aquí tenemos mucho, y todavía permanecen las raíces y como lo preparamos, eso es lo que yo creo que si la gente quiere conocer realmente que es una comida tradicional, la auténtica pues recomiendo que vengan a Oaxaca y conozcan lo que es una comida tradicional mexicana. C: ¿Cómo podemos definir la comida tradicional mexicana? ¿Qué es? AM: Siempre y cuando que son los moles. Los moles y las hierbas. Las hierbas esa son comida tradicional mexicana. Y las cocciones, siempre las cocciones que sean a veces son en hojas, a veces son en magueyes, a veces son y en cazuelas, en ollas, eso son comidas tradicionales. Aunque si tú lo puedes hacer, ya puedes usar, si haces poquito, vas a usar peltres o cosas pero tú ya cocinaste la mayor parte en una cazuela y ya tienes el sabor definido nada más lo estas calentando en cosas pequeñas, ya puedes usar metal, ya puedes usar pero ya tomaste el sabor de las ollas. Entonces tú puedes usar, cualquier tipo de peltre, aluminio, porque los aluminios cambian los sabores, ya conozco. Lo que conserva el sabor siempre es el barro, el barro y este el peltre diría yo. Pero los aluminios si lo dejas todo un día se acida, no sé porque la forma que lo, no es por dejar mal a lo que es el aluminio, no pero yo ya lo, vengo conociendo entonces es muy delicado, si te ayuda, es muy rápido el aluminio si pero eso se tiene que acabar la comida rápida. Pero si es aluminio, pero son de los cierros así muy gruesos que ya son niquelados, también aguantan también, pero no está recomendable tener una comida almacenada, lo importante es que lo prepares en el momento y se termina en el momento y ya. C: ¿A usted le gusta recibir los turistas, y convivir con ellos? AM: Siempre y cuando cuando tengo tiempo si y cuando me dicen que quieren una clase de demonstración, cualquier, una plática si nada más que me tienen que hablar antes porque siempre estoy trabajando. Entonces ya para mí el turismo es muy sagrado, muy grande porque somos seres humanos, y hay que tratarnos y cualquier persona que viene a visitarnos es bien recibido pero difícilmente cuando nosotros estamos ocupados entonces ya no puedes y cuando uno no sabe es difícil y es muy bonito cuando la gente sabe que tú vas a llegar entonces ya tengo un poquito de tiempo para ti. C: ¿Que piden los turistas para comer? AM: Bueno lo que es turismo, cuando llegan aquí conmigo ya saben mi menú entonces lo que yo, todo lo que yo preparo ellos piden pero no tienen específicamente algo no. Pero la gente que viene más conmigo pide entonces ellos dicen “quiero conocer el mole negro, quiero conocer el mole zapoteco, quiero una sopa”. Pero yo ofrezco siempre una botanita que es guacamole, tostadas de maíz azul, una copita de mezcal, eso es gratis entonces allí viene de lo que ellos van a pedir que está en la carta o en el pizarro. C: Muchas gracias por su tiempo. ENTREVISTADORA INTERROGADO EDAD EMPLEO Coralie KS 48 años Dueña de restaurante Tierra Antigua en Teotitlán 231 DURACIÓN FECHA HORA LUGAR ENFOQUES 35 minutos Martes 14 de julio de 2015 A las 12:00 del día En el restaurante Tierra Antigua ¿Como ha creado el menú du su restaurante, como se ha desarrollado su negocio? C: ¿Me puedes decir su nombre completo por favor? K: Claro que si mi nombre es Karina Santiago Bautista para servirle. C: Muchas gracias. ¿Me puede contar la historia del restaurante? K: Claro que sí. Yo empecé a cocinar desde pequeña. Aquí la costumbre y las tradiciones dice que la mujer empieza en la cocina en temprana edad y los varones el trabajo del textil. En mi caso somos una familia de 7 hermanos, yo soy la numero 4, somos 3 mujeres y cuatro varones, entonces mis hermanos se iban desde muy pequeños con mi padre al tenido, al lavar lana, y mis hermanas, yo con mi mama a ayudarle en la cocina, para empezar hacer la comida, aprender hacer una salsa, aprender a moler un atole, bueno todo lo básico que debe toda mujer aprender en Teotitlán con las costumbres que tenemos. Y yo a muy temprano yo me casé a los 16 años muy chica pero entonces yo sabía hacer poco en la cocina, lo del metate, ya la salsa, como poner a cocer los maíces. Mis hermanas no tuvieron tanto interés en la cocina, elle preferían más ir con mi padre para los tapetes, para limpiar los tapetes, ahorita son grandes artistas en lo que hacen, una de ella es especialista en hacer bolsa en varios tamaños y también varios modelos. La otra también tiene a su esposo (interrupción). Entonces las hermanas preferían los textiles ayudar a mi padre en los textiles no era mucho de su agrado la cocina y yo a mí sí bastante. Entonces por eso yo tenía mucho más interés que ellas, no en la hora de cocinar, ellas se interesan más en los tapetes. Ella cuando yo me casé, me casé como digo a los 16 años y mi esposo su mama tenía un restaurante, un pequeño restaurante, entonces, y mi suegra también hacía otros sabores que mi mama, y cuando uno se casa pues en las costumbre te dice pues tienes que tomar la manera de cocinar de tu suegra para que sigua tu esposo comiendo el mismo sazón ¿no? Pero yo en lo particular si tomé mucho de lo que es la cocina de mi suegra pero aún conservo yo más con lo que inicié que es la cocina de mi mama y el sabor, y es sazón de mi madre también. Entonces empecé a ayudarle y a hacer otros maneras de cocinar, otras recetas y cuando nosotros decidimos apartarnos de ellos, porque aquí la costumbre es que te quedes a viviré con los suegros cuando te casas por un tiempo. Y nosotros vivimos con ellos bastante tiempo y cuando ellos nos dijeron bueno esto es un terreno para ustedes que construyen su casa, nosotros decidimos que también íbamos a tener un restaurante por lo mismo que a mí me gusta mucho la cocina. Le dije a mi esposo yo quiero seguir preparando la comida y me dijo el que sí vamos a hacer un pequeño negocio de un pequeño restaurante que el pueblo también es un pueblo turístico, necesitamos dar a la gente, pues, un servicio para que nos, siempre estuvo cerrado o se regresa la gente, y no hay comida, y entonces decidimos abrir este espacio pero antes de abrir esto, nos costó tiempo y trabajo, esfuerzo. Pues yo por si cocinaba en la cocina de la casa, y cuando venía amigos, de mi esposo como que son mayorista de los EU y ellos venían a comprar los tapetes, pues les gustaba pasar y nosotros comíamos, les gustaba mi sabor de la comida, entonces me decían, porque no vas a abrir un restaurante tú también, si queremos hacerlo es el plan, y entonces su esposa me decían que rico cocinas puedes ensenarme y yo dije si, como ¿no? quiero aprender hacer esta salsa, quiero aprender a hacer este, esta comida, y enseñaba yo a ellos ¿no? cuando les gustaba venir y aprender un poco. Entonces así fue como yo empecé a involucrarme más en la cocina, con más gusto, con más ganas, el valor que les dan a lo que haces verdad porque cuando te dan las gracias de los que estás haciendo, te siento uno más motivado para seguir haciéndolo. Y entonces nosotros abrimos el restaurante poco a poco con 2 mesas, 3 mesas, así poco a poco hasta el día de hoy, pues que tenemos gracias a dios ya clientes de la ciudad que nos conocen, y conocen la comida y vienen a visitarnos para consumir. C: Que bueno, ¿entonces el restaurante lleva como unos años? K: Si lleva como 8 años. Pero no con todo lo que tenemos. Si empezamos con como digo con los amigos, a una mesa nada más, empezar de poco a poco yo también fui al mercado y empecé a cocinar, tuve un puesto de comida por el mismo pues gusto también digo, y empecé a vender en el mercado, de Teotitlán donde hice guisos y comida para la gente que llegaba cuando todavía no había este espacio. C: Y es bastante grande el espacio. K: Si si si es muy grande. C: Entonces vienen muchos turistas ¿no? K: En temporada de turismo si se deja llegar gente pero pues con los conflictos que hay en Oaxaca yo pienso que el poco el turismo que llega a comparación de como estábamos antes ¿no? había más turistas. C: ¿Desde cuánto tiempo empezó a bajar el turismo? K: Yo pienso desde la 2006 cuando empezaron esos problemas de los maestros. Tiene mucha gente temor porque en las noticias a los menos en el extranjero siempre tienen ese miedo para venir a Oaxaca porque escuchan todo lo que dicen las noticias ¿no? C: ¿Usted trabaja con guías o el turista viene por sus propios medios? 232 K: Así como los turistas que van llegando, y ven el espacio, a veces salen unos amigos, como digo que ahí ya tiempo que estoy con el restaurante, entonces tenemos amigos americanos que viven en la ciudad y ellos traen a sus amigos o americanos que viven acá invitan a sus amigos. Por el momento, yo no estoy trabajando con los guías, en una ocasión, una amiga me dijo, debes a trabajar con los guías pero no he tenido oportunidad de tener esa plática con ello. Vienen unos guías si como unos 3 o 4 días que llegan pero ellos llegan solos porque conocen ya la casa porque han venido a Teotitlán a otros restaurantes, hay 2 más aquí. Y entonces vienen y a lo mejor a veces ellos no están disponibles y entonces fue que llegaron a este lugar y porque los otros están más en el centro. Pero cuando llegaron y probaron la comida ellos siempre traen a los clientes ahora cuando vienen a esta ruta, ellos traen a los clientes a comer aquí con nosotros. C: Si porque les gustan el toque de la cocinera. K: Si les gustan el sazón. C: Los otros dos restaurantes que me estaban comentados son… K: Son de la misma cocina quizás sí porque pues el que traemos del nacimiento ¿no? C: ¿Los que se ubican en la principal, como se llaman? K: Uno se llama el descanso y otro se llama el Tlamanalli. Y este es Tierra Antigua. C: ¿Usted recibe más turistas de cuál lado? K: En temporada de turismo, pues más turista extranjero y nacional y los fines de semanas pues el turista como de Oaxaca, se deja venir, ya de Teotitlán, es muy poco, en realidad solo la gente del municipio, de los sectores, centro de salud, pero la población, no tenemos la costumbre de ir a un restaurante. C: Cuando vienen los turistas por acá, ¿Qué piden más, que les gusta comer? K: Pues a ellos le gustar experimentar mucho la comida de Teotitlán me preguntan que comen aquí, les digo comemos nosotros esto, comemos este un mole, una cegueza, lo que tenemos en tradicional. Y entonces ellos, ellos este piden por lo regular, a veces hay gente que también es vegetariana, come más como una ensalada, tratamos de hacer ensaladas con productos de aquí, de la región también cuando hay temporada, si todo lo que sea fresco, es lo que proponemos en el restaurante. C: ¿Usted cree que cocina lo tradicional? K: Ay si, si yo lo veo que es más mi enfoque en la comida, tradicional del pueblo que otras cocinas para decir hamburguesas, papas, no yo no tengo estos platillos en la carta. Son más, o sea la carta está más hecha al gusto del cliente porque puedo tener como los tradicionales, una salsa, unas tlayudas con chintextle, hay gente que no conoce estos y cuando los prueban a veces para su estómago es un poco fuerte, entonces por eso que trato de meter un poco de ensalada y un poco como las quesadillas cosas que sean para gente con estómagos más sensibles. C: Hicieron la carta con un enfoque para el turista ¿verdad? K: Sí. C: ¿Por ejemplo las ensaladas son para los turistas? K: Si C: Y los platillos para los mexicanos, ¿nacionales? K: Si. Pero muchos extranjeros comen eso, porque está hecha la carta así, porque dicen que quieren tasajo o pollo, entonces por eso que tenemos una mezcla de las carnes ¿no? C: ¿Usted ha cambiado su manera de cocinar para el turista, o adaptado? K: No, siempre sigo cocinando igual el mismo procedimiento que tienen mis platillos, ingredientes o que pique menos o que pica más no. Yo lo sigo haciendo como a mí me enseñaron. No cambian porque cambiaria aquí como nosotros consumimos también lo que está en el restaurante mi familia, tengo 3 hijos y mi esposo, somos 5 en la familia entonces, ellos si están acostumbrados su paladar al sabor de siempre ¿no? de cocinar de sus abuelas, de las dos abuelas, del mío entonces nosotros si vamos a cambiar el básico, van a decir porque no sabe cómo debe saber siempre y ellos eso lo notan cuando por ejemplo alguien que me ayuda en la cocina, cocina ese día una salsa o empieza preparar como un amarillo, y ellos dicen no porque no sabe cómo tú, no lo hiciste tú. Es un poco difícil porque aquí no tenemos como porciones de las medidas de las cosas, nosotros vamos con los dedos nada más. C: Entonces ellos sienten cuando usted no hace salde o lo que sea. K: Si cuando no cocino, ellos me dicen Mama porque no sabe esto así, o no le pusiste, se dan cuenta, sabe diferente. C: ¿Cuantas mujeres trabajan con usted? K: 4 más yo. C: Entonces cocina lo tradicional. Por ejemplo ¿a partir de cual momento podemos decir que alguien no cocina lo tradicional? Porque nos dijo una señora que cuando se usa la licuadora no es tradicional. ¿Qué opina usted? K: Claro. Pues si cambia el sabor porque en el metate se queda todo podemos tener el sabor auténtico de todas las especies, en la licuadora pues se le agrega más agua o es más yo pienso que ni se puede moler ¿no? estos ingredientes como si fuera en el metate. C: Cuando usted ha empezado con el negocio, ¿ha encontrado unas dificultades para impulsarlo? 233 K: Pues nosotros como empezamos el restaurante no empezó el enfoque mucho vendo lo que fuera un negocio. Como digo estábamos pensando en la gente, los amigos que son mayoristas de mi esposo y querían comprar con mi esposo por más de 30 años entonces cuando ellos vienen, pues les ofrecemos algo de comer y entonces porque cuando mi esposa va, vamos a EU a exponer, ellos son amables, nos llevan a comer a unos lugares bonitos y entonces cuando ellos vienen es para mí una atención brindarles alimento y entonces por lo mismo cuando empezamos, pues no empezamos con grandes cantidades porque el pueblo como he dicho no nos consume a los restaurantes, a ninguno de los 3 restaurantes que somos, no acostumbran la gente del pueblo decir: bueno mañana voy a comer a este restaurante o al otro, no ellos se acostumbran siempre en su casa a comer. Solo los sectores, los… o el municipio o doctores, los maestros de diferentes escuela ellos si van a consumir pero el pueblo no, entonces no se manejen los otros restaurantes su volumen de producción pero yo no tengo cada día, como cada día hacemos algo diferente entonces no hacemos mucho. Y también tenemos la ventaja de que hay tejedores de mi esposo que están trabajando en los telares y entonces se prepara para ellos, para nosotros, para todos los que estamos en la casa, los que trabajan entonces la comida no se desperdició. C: ¿Usted ha escuchado al respecto de la ruta caminos del mezcal? K: Solo vi unos anuncios que dicen “ruta del mezcal”. C: Si porque el año pasado no habían los letreros, aunque llegué este año y estaban. ¿Es el gobierno que hizo la propaganda, la publicidad? ¿Desde que están los letreros usted ha notado que los turistas entran más? K: Pues yo pienso que está, no veo mucha diferencia porque también ahora con el nuevo camino que hicieron en la entrada dice “desviación vía rápido al centro”, ¿no sé si vio aquí? Pues hay una carretera nueva pero en realidad no es vía rápida al centro porque vía rápida al centro es esta, la principal porque esta da muchas vueltas pero como yo estaba comentando toda la gente hace cosas en sus beneficios. El presidente municipal de hace 2 tiempos, hizo este camino y dice que porque tiene casa por este lado. Pero para mí no es muy justo porque hay mucha gente que se pierden en este camino que es más largo. Entonces yo creo que si debe haber una opción de otro camino o de otra entrada a Teotitlán pero no pueden engañar la gente y decir que eso es el más corto cuando es esta. Entonces si hay mucha gente que se va por ese lado y he escuchado yo amigos que nos vienen a buscar y cuando llegan saliendo oh apenas encontramos y también es culpa nuestra por no tener señalamientos del restaurante, eso es también lo que vamos a poner porque ellos si entran y buscan al restaurante y ven esta deviación que dice vía rápido y entran, y han buscado, y preguntan dónde está el restaurante y a veces le dicen, a veces no y buscan donde comer porque ya tienen hambre a veces uno está cerrado, el otro también y entonces a la hora de salir ya comieron algo por el mercado. C: Se cansaron de buscar. K: Y si ese camino es un poco más que nada para el turismo nacional o extranjero que viene por primera vez a Teotitlán, pues claro que leen esta instrucción y lo toman y se van a perder el tiempo y perderse a veces por el camino. C: ¿Usted cocina con los productos del mercado? K: Si local, puros locales porque aquí en el mercado vienen los poblaciones cercanas, vienen de la Sierra, de los Valles, y traen todo lo que ellos cosechan, y ahí compramos nosotros. C: ¿Todos los días usted va al mercado? K: Si todo los días, todo los días, para traer pan frescos, para traer igual las verduras. C: ¿La carta del restaurante ha cambiado desde que empezaron? K: He agregado más platillos. He agregado más de todo, quiero decir no habían ensaladas, porque la ensalada la poníamos junto al platillo y ahora ya hay ensalada en 4 variedades, también no había botanas porque pues la gente no, bueno yo empezaba con una sopa y el platillo, pero luego la gente “tiene algo para comer empezar algo” y entonces por eso metimos las botanas, como el cliente este pidiendo, vamos tratando de darlo lo que el cliente pide. C: ¿Usted había empezado con la sopa y los platillos como usted lo comen en casa me imagino? K: Si en realidad aquí, nosotros cuando comemos, no comemos como en la ciudad que comemos la sopa, luego el platillo, luego el postre, no aquí nosotros comemos unos o un platillo o una sopa eso es como se come en Teotitlán. C: ¿Tiene la impresión que proponiendo otros platillos es cambiar, no mentir sino disimular, porque no es realmente lo que ustedes comen en casa? K: No porque todo lo que está aquí es lo nosotros los Teotitecos comemos por ejemplo nosotros comemos una sopa de garbanzo pero digo no lo comemos con un platillo pero ya está incluido aquí lo que comemos. Si comemos la sopa podemos asar pedazo de carne, en el anafre, seco o a veces si comemos caldo de nopales, asamos un pedazo de pescado, entonces si están los platillos que comemos solo que el cliente decide si come solo la sopa o quiere un platillo para complementar porque hay gente que no es suficiente para ellos un sopa, pero nosotros como la maneja de comer es que comemos mucha tortilla por eso es suficiente, podemos comer una, dos tlayudas con nuestra sopa. C: ¿Estoy terminando mis preguntas, solo quería saber cómo usted define el apego que tiene por su comida? 234 K: ¿Cómo puedo definirlo? Pues que si tengo mucho apego con lo que hago y mucho amor porque desde pequeña como le comento me gusta y eso que te trasmite al estar rodeada de los ingredientes o te enfocas en lo que estás haciendo con cariño, siento que te sale más sabroso todo lo que preparas. En mi caso yo voy al mercado y veo, que bonitos tomates son, o los chiles o huelo lo que estoy viendo y me estoy imaginando como va a saber me encanta, si me encanta mucho por eso dice mis hijos tu eres artesana de tradición porque es la familia como nos va dejando pero cocinera de corazón. C: Podemos hablar de un apego sentimental. K: Si, si yo pienso que es eso porque es estar en la cocina y el compartir momentos yo siempre digo que esos son los momentos muy especiales para el seno familial primero ¿no? Yo aún recuerdo me fui muy pequeña de la casa de mis padres, me casé muy joven pero todavía recuerdo en la hora que nosotros comemos y desayunamos… desayunábamos estamos juntos en ese momento todos. Todos. Mi papa no es una, no era una persona que decía bueno vamos a comer, no ha llegado tu hermano pero vamos comer, no. Nosotros siempre teníamos de la escuela que llegar a ese momento a la comida porque el desayuno pues estamos en la escuela, pero del lunes a viernes en la comida estábamos juntos para que, ese momento rodeando la mesa era un momento muy especial para platicar, como te fue en el día, para estar juntar de mama, y también mi mama sentirse contenta de que estemos disfrutando lo que ella hace con todo su cariño. Y eso que me transmitió siento que me marco mucho ¿no? Es un momento especial porque todos teníamos hasta cada quien un lugar no alguien se sentaba en cualquier lado, todos teníamos nuestro lugar, y cuando yo me casé y se quedó mi lugar vacío y me dice mi mama que mi padre me extrañó mucho, si mucho, era yo muy niña. Yo digo si ahora que una de mis hijas a esa edad me hubiera dejado yo creo que me muero. Estoy, es muy sentimental lo que nos une con esto lados que tenemos con la comida. Es un sentimiento yo le digo a mi esposo, ahora estamos con nuestros hijos y tenemos que disfrutar de esos momentos especiales, porque cuando ellos se vayan, es un momento nada más que te puedes sentar, y ver a los ojos y platicar cuando estas en tus actividades en el trabajo, o están estudiando no es lo mismo que estés platicando solo enfocándote en ese momento porque ellos están atendiendo otra cosa. Y cuando estas comiendo, comes y estas disfrutando, y está platicando ¿no? te cómo te va. C: ¿Usted quería transmitir eso momento gracias al restaurante? K: Si, es muy bonito poder transmitir todo lo que sientes en un platillo ¿no? C: ¿Usted cree que existe un platillo que comieron al nivel local y que lo pusieron al nivel nacional y que se regresó por acá y que ha conocido cambios? K: Pues creo que tal tratan de tener la misma esencia porque si cambian ya no fuera el mismo platillo. Hay en otros lugares, le llaman aquí por ejemplo “memelitas” en otros lugares “sopes” y “garnachas” que también son del tamaño pero son en otro procedimiento, son muy ricas también pero yo pienso que la mayoría de la persona que lo llevan a los lugares tratan de cocinarlo del mismo procedimiento que lleva porque es lo que yo decía es lo mismo sentimiento que te llevas, cuando quieres en México comer una tlayuda y te acuerdas no en Oaxaca tus tlayudas, tu queso, el asiento, la salsa pues son momentos que recuerdas ¿no? Como que tu sentir que en ese día te hace recordar, no sé muchas cosas y yo pienso que pues la gente igual se lleva tal cual es la cocina ¿no? no lo cambia. C: Usted es muy orgullosa de transmitir su comida ¿verdad? K: Si mucho me gusta, pues si es muy especial para mí como yo digo para hacerlo bien te debe de gustar mucho para… A mi yo tengo dos hijas, me hubiera gustado que, ellas cocinan, pero me hubiera gustado que ellas también se dedicaran (tocando la mesa con su mano) a esta, que se siguiera que quedara por el restaurante y que ellas hagan su cocina también pero la hija mayor a ella le gusta la medicina, y ya terminó la carrera de medico pero hay otra satisfacción para mí del que yo había transmitido a ella también conocimientos porque ahora ella está en un internado en otro estado, del país pero cuando tiene sus días libres ella me dice: “mira mama cociné” y me mandó una foto y estoy tranquilla porque sé que pueden ver bien, o sea pueden salir a buscar las verduras, porque aquí ellas iban conmigo al mercado, yo les enseñé a comprar, a cocinar entonces, no necesita luz si necesita ser una salsa simplemente, si se va la luz ella sabe que ella puede hacer en un molcajete, su salsa lo que vaya comer su… Entonces me enseña a veces sus fotos, me dice “mira mama cociné” y me siento tranquilla por ese lado porque yo di que “buen comer no van a sufrir” porque ellas saben cocinar. Ya la otra pequeña ella dice que ella quiere estudiar gastronomía. Si me dijo: “sabes mama voy a estudiar gastronomía” y le dije pues que bueno. C: ¿Cuantos años tienen sus hijos? K: Mi hija la mayor, tiene 23 años, la doctora, y mi hijo tiene 20 años y está estudiando administración y mi hija más pequeña tiene 18 años y está en la preparatoria. C: ¿Todos los días regresa acá? K: Si todos los días mi esposo la lleva y la trae. C: A bueno, Carina, no sé cómo puedo agradecerla K: No es un placer compartir contigo. Yo voy a participar en un festival, ¿escuchó los 7 moles en Oaxaca? Yo voy a participar en el festival ellos también hacen favor de invitarme y yo llevo mole de aquí de Teotitlán. C: ¿Cual mole va a llevar usted, el mole negro? 235 K: No este es mole, pues en todo Oaxaca y en los valles se prepara este mole que yo voy a llevar es únicamente de Teotitlán. Solo se prepara aquí en Teotitlán del valle. Se llama mole de castilla. Lleva puras hierbas aromáticas, o sea lleva lo que lleva el negro pero el negro lo lleva en seco el orégano, el tonillo (31:45), lo lleva seco, y este mole lo lleva verde, recién cortado del huerto, si del huerto es mole muy aromático, muy rico que se da aquí en Teotitlán en las bodas de Fandango, bautizo y en nuestras fiestas también principales, este mole se conserva. C: Como va a ser en Oaxaca, ¿usted renta un puesto? K: No ellos los proporcionan el lugar, solo nosotros vamos a llevar el mole preparado en nuestra cocina para la ciudad de Oaxaca. C: ¿Y vienen los turistas para pedir un platillo? K: Si porque ellos venden los boletos como una entrada, tiene costo de la entrada, y ellos que entran pueden probar todo. C: Si queríamos ir, ¿es el 16? K: El 17, en el jardín etnobotánico, el 16 hay una muestra vivencial en el jardín, el pañuelito van a dar, vamos a llevar un pequeño cantidades para que la gente pruebe. C: ¿Conoce usted el costo para entrar el 17? K: Creo que como 350pesos (20€). C: ¿Si son varios exponentes? K: Si son varios los que vamos a llevar mole, no recuerdo alrededor de cuantos moles van a llegar porque hay otros estados, otros pueblos también del mismo del estado de Oaxaca que traen sus moles que también solamente lo hacen en sus poblaciones, si va haber mole de chicatanas, de camarón, se según la región que venga. C: ¿A usted le gusta probar los otros moles? K: Si, si si mí me gusta, también hay otros sabores, otros aromas si son muy ricos también. C: ¿Cómo podría definir usted su comida? K: Pues mi comida para el público, es comida hecha con mucho corazón, con mucho cariño, y es auténtica de Teotitlán y de Oaxaca para que también la gente se lleve un pedacito de Teotitlán en su corazón. N° ENTREVISTA 14 ENTREVISTADORA Coralie INTERROGADO RB EDAD 35 años EMPLEO Antropóloga sobre en los Estados Unidos DURACIÓN 50 minutos FECHA Miércoles 15 de julio de 2015 HORA A las 04:00pm LUGAR En el café la brújula, Oaxaca ENFOQUES Como la antropóloga percibe el turismo en Teotitlán del Valle, nuevas pistas de reflexiones R: Yo creo que Teotitlán, porque Teotitlán es uno de los pueblos más, como te puede explicar, es que tiene muchos años siendo un pueblo turístico, me entiendes, no es como otros pueblos como por ejemplo, lo que es la ruta del mezcal ¿no? Pues si antes iba gente al mercado de Tlacolula o iba a Matatlán, pero yo creo que por sus tapetes, Teotitlán siempre ha sido un pueblo turístico y la gente muy consciente de que están dando un show para el turismo ¿no? Y las referencias que te di hablan un poco de esto ¿no? de que lo que es el performance ( representación) de identidad que ellos tienen para mover sus productos, más que nada sus productos de Textiles, de lana ¿no? Y hay muchas personas que se han casados con extranjeros, cuando estaba hablando con Miriam, de unos artesanos más conocidos de los tapetes, se casó con una mujer de Canadá, y abrieron un, no sé si has andado por la calle, es una tienda que se llama la mano mágica, está un poco más abajo, y pues ya, es una historia larga pero se casó con una mujer de Canadá, abrieron la tienda, tuvieron mucho éxito, él llegó a ser muy reconocido como artista de lana, y se murió el, y se divorciaron antes de que se muriera y se casó otra vez y la mujer que ya tenía la tienda pero no eran los mismos clientes, o sea aparte, abrieron un negocia en el pueblo que es como un centro de no sé cómo de meditación, y ofrecen clase de yoga, ofrecen excursiones en caballo, no sé si tienen clases de cocina me imagino que sí, y pues las personas que llegan son, pues no sé, pero yo puesto que casi la mayoría son gringos, extranjeros, de Canadá, o quizás incluso unos de Europa. Eso sería interesante ver. Luego, tu conocer a Reyna Mendoza? C: Si por la mañana la encontré, muy amable, que se da cuenta que es importante difundir. Y además mis entrevistas muestran que los habitantes no saben nada al respecto de la ruta. R: Yo creo que la verdad, no es algo que les importa tanto ¿no? Quizás los apoyos que daban el gobierno para poner la ruta, pero la cosa es que Teotitlán no es pueblo mezcalero. C: Y lo del pueblo mágico, ¿si lo son? 236 R: Capulálpam, hay un pueblo que se llama Capulálpam de Méndez. Quieren ser pueblo mágico pero no están en la lista. Lo que pasa es que hace uno meses no sé quién es la persona que hace la evaluación de los pueblos, pero tienen que ir al pueblo, y me imagino que tienen una lista de criterios por lo que debe cumplir ¿no? No sé sería algo interesante que ver la encuesta. Y a lo mejor, no has ido a la oficina de turismo. No sé si quieres hablar con la persona que hizo la ruta caminos del mezcal, se llama Karina Luna. Y ella es la persona que, no sé si hizo todo el proyecto de la ruta del mezcal pero, es una de las persona más involucrada en el proceso y tiene un jefe que no me acuerdo como se llama, pero también él sabe mucho de la ruta, no solamente del mezcal sino también de, va haber una ruta del café, son 13 rutas que van a construir creo, 10 o 13 rutas, hay una de café, una de artesanías, otra pues no sé de iglesia, otra de… Pues eso sería interesante ver la solicitud de Teotitlán si quieren ser pueblo mágico, en que consiste, o sea donde ven la magia del pueblo, es que está promoviendo su gastronomía, me imagino tienen la base como de productos artesanales. C: Cultura, costumbres, si sería interesante. R: Me suena muy interesante tu proyecto, ¿cuáles son tus las bases de teoría que estas aplicando, utilizando para hacer tu análisis? C: Es lo que me falta. Tengo bases del año pasado. R: Hay una revista que se llama Gastronomía y Turismo y acaba de salir es el tema y los artículos son escritos por antropólogos de ciencias sociales, creo que es Tours and Gastronomy o algo hacía. Es en inglés. Para empezar el libro más fundamental, o sea la antropología de turismo surgido después del libro El turista por Dean Maccannell y luego de ahí hay otros que han escrito sobre el mismo tema que son John Hury y de comida, este, yo tengo un libro que es una antología que se llama food perspectivas de la comida como patrimonio cultural y ahí vienen varios ensayos y conoces el Welte aquí, es un pequeño centro y biblioteca, y toda la colección son libros que se trata de Oaxaca de una forma. Esta sobre la calle Emilio Carranza en Colonia Reforma. Y luego la bibliotecas de Ciesgas. Hay una copia de mi libro también. C: Se me hace interesante el pueblo porque tienen muchas ideas para impulsar el turismo pero hay faltas. Pero me pregunto porque Karina de Tierra Antigua no ha conocido el éxito aunque tiene un restaurante muy acogedor como Abigail. Reyna tiene muchos grupos además. R: Reyna es mucho más joven, creo que tiene como 30… C: 39 años. Pues tú conoces un poco de la historia de Reyna, sí que ha viajado, que trabajó con un chef. R: Si aquí, trabajó en el restaurante la Olla con Pilar Cabrera. Una persona que surgió desde hace poco y lo veíamos como una persona como una figura en este mundo de gastronomía. Y trabajo como asistente por muchos años de Pilar y creo que fue a sabes que, sabes porque eso es la misma familia, es un imperio, eso es algo que tienes que entender, es una familia que tiene muchísimo éxito, Abigail es una de las hermanas, luego Arnulfo su hermano se casó con Mary Jane, que tenía la tienda, que tenía un montón de dinero y luego viene pues creo que Reyna es la sobrina de alguien ¿no? C: Porque cuando entré en el Tlamanalli, ¿pregunté por Reyna, no sabían? R: Yo creo que se pelearon, y no sé más que esto, platicó un poco pero no me dijo que había pasado. Se pelearon me imagino por el mismo hecho de que ella quería poner un negocio ¿no? Y también es interesante porque en el caso de Abigail, creo que nunca se casó. No estoy segura, pero tienes que checar, Reyna no se ha casado, es una mujer de 39 años en un pueblo, ¿por qué? de ahí viene en parte su existo o pues me entiendes ¿no? ¿Por qué nunca se casó? No tenía un esposo, no tenía pues una familia para mantener, no tenía hijos, se podía dedicar a crecer su negocio, sería algo, una línea de investigación, quien se casó y quien ¿no? ¿Quién es madre soltera y quien tiene su esposo? Eso se me hace muy importante porque yo veo algo ¿no? y también con el mezcal, las mujeres, son pocas que trabajan en el mezcal son madres solteras, viudas, unas que nunca se casaron. C: Como que tenían tiempo para dedicarse a otra cosa. R: Si o no tienen un esposo que dice me vas a mantener la casa, y atender los hijos, porque no estás en la casa porque estas en el negocio. C: Lo noté, con dos cocineras de comedor, a veces se acercaron los esposos durante las entrevistas, o sea que empezaron a hablar por elle. Y siempre que tenía una pregunta la espose miraba al esposo, a ver si él iba a responder, y siempre él lo hacía. La relación, y la relación social… R: Pues es que el machismo está muy, esta cabron ahí como en todo México, es algo que yo creo que tiene que ver con el éxito de… Pues claro que las mujeres en muchos casos son las que manejen el dinero de la casa ¿no? O del negocio ¿no? Pero los que tienen sus propios negocios, si es muy común ver una mujer vendiendo en el mercado, si vas al mercado, la 90% son mujeres ¿no? Porque están vendiendo queso, nieve, lo que sea, pero que tienen negocios, negocios así, yo creo que sería interesante ver si hay algo qué tiene que ver con su situación familiar. Yo sospecho que sí. El caso de Reyna es muy, porque no es una mujer típica del pueblo ¿no? Ha viajado por la misma, cómo se llama el esposo de no sé si es su tío, Arnulfo que se llama que se murió, que estaba casado con la canadiense, fue a Canadá y vivo con su familia y por un tiempo de un mes, y se puso a estudiar inglés, o sea también es cuestión de quien este, si yo, yo veo muy difícil que una persona, que viene de los EU, que tome un curso con una persona que no comunicar en inglés. 237 C: Si exacto, cuando pregunté por el precio, Reyna Mendoza me dijo directamente el precio en inglés. Me dijo 65 dolares, no habló en peso. R: Y cobra en dólares, su público no es mexicano, no es mexicano, son gringos, extranjeros, que vienen, quieren, yo, yo creo que la mayoría de las personas que vienen, pues yo lo confirmé con Pillar, yo confirmé que la mayoría de las personas que vienen estudiar, tomar un curso de cocina son, son gringos, son gringos, así y simple. No franceses, no italianos, son gringos, porque tenemos esa cultura de… pues está muy de moda cocinar ¿no? Y si una persona de la clase y media, media alta, es algo que quieres aprender no, las revistas, tienen pues, ves tenemos el … de comida y todo el mundo quiere ser como un chef ¿no? Y vienen a Oaxaca tomar un curso, una clase de comida ¿no? No son japoneses, creo que son casi puros gringos. Pero yo en Teotitlán los que me parece que han tenido mucho existo son las que por una razón u otra han podido cultivar una relación con gringos, o tienen relación por el mismo comercio de los tapetes con gringos. Los mexicanos no van a Teotitlán por la gastronomía no creo. C: Parece que no. Entrevisté unos turistas locales, venían para comer tamales, una señora de Canadá venía por los tapetes, unos de Puebla venía por los tapetes. Entrevisté una señora que vende tapetes y me dijo que renta terreno para gringos, construyeron una casa en Teotitlán. Y van a rentarla unos años. R: Es lo que te dije hay muchos gringos viviendo ahí. Es un sistema que están prestado nombres ¿no? O sea los mismos, personas en la comunidad prestan sus nombres para que los gringos puedan comprar terreno o rentar. Está pasando en Teotitlán más que en otros lugares creo y otro factor que me acabé de ocurrir, yo estoy casi 100% segura que lo había visto, hay muchos programas de donde hay unos chef famosos van a otros lugares del mundo ¿no? Por ejemplo Anthony Bourdain, no sé si conoces él, pues es un chef, que es autor, que ya tiene como dos programas en cable, yo creo que ha ido a filmar en Teotitlán del valle. O sea Teotitlán del valle ha salido en sus programas en EU entonces la gente conoce Teotitlán y conoce Abigail y luego hay una autora famosísima Diana Kennedy, es un mujer, es un inglesa creo, que llego en los años 70, 60, 60 con su esposo diplomático, algo así, se murió él, y ella se quedó a vivir en México, tiene como 80, 90 años y vive en Michoacán pero es una de las personas más más… Escribió el primer libro de la comida, la gastronómica mexicana regional para gente que hablaba inglés o sea es como la biblia para los gringos que quieren saber cocinar y hace unos 6, 8 años salió un libro que se llama Oaxaca al gusto que es un libro así grandote y se hizo una traducción al español y habla de los regiones, de la comida regional, y ahí aparece mil veces Mendoza, como la reina de la cocina oaxaqueña. O sea los gringos llegan aquí con la idea de Teotitlán en su mente como lugar de gastronomía y no es solamente por la información que tienen aquí, sino también por los medios de comunicación que tenemos nosotros de los programas de cable, de los libros de cocina, de los chefs, de los … chefs como eso ¿no? Entonces esta cuestión que ver quien está saliendo en esas publicaciones de esos programas también que nos da la idea que tiene que ir a Teotitlán. C: Si varias cosas que analizar. R: Tienes que poner unas límites de lo que vas a examinar porque luego se vuelve en una cosa tan enorme que no puedes analizar nada. Pero yo creo que hablando de los gringos, conozco mi tribu, podemos decir, yo creo que ya eso son las influencias que llevan ¿no? Yo conocí una pareja que han llegado a Oaxaca como 6 veces me dicen cada vez que vienen a Oaxaca toman un curso con Reyna en Teotitlán. C: Si me ha dicho que unos son fieles, su cocina es muy bien ordenada. R: Si tomé un curso con ella hace, creo en mayo. C: ¿Qué le pareció? R: Bien, bien lo que pasa es que yo vine con un amigo de los Estados que no habla español, y había dos mujeres mexicanas, una que vive en el extranjero y otra de Baja California. Y aunque todos hablaban inglés, ellos querían platicar su español o hablar en español. Entonces Reyna como que es mucho más cómodo en español casi pues, todo el tiempo estaba hablando en español, y yo estaba traduciendo, traduciendo, todo el tiempo, entonces dijo que hacia la clases en inglés. Yo, la verdad yo fui un poco decepcionada, esperaba algo en inglés la verdad. Yo creo que por la dinámica de las otras dos mujeres dio la clase en español. Pero si este, la gente de Teotitlán es tan acostumbrada a ver el mercado de turismo. Hay un artículo de la misma persona, como se llama, Lynn Stephen, a parte de su libro Mujeres zapotecas es un capitulo en un libro que se llama, como se llama, escrito por Jim Nacho, se trata de cómo empezó la industria de los tapetes en el pueblo ¿no? y como empezaron a formar su identidad como zapotecos artesanos, es muy interesante. Hay otro libro que se me ocurrió ahorita Culinary tourism, es una colección en … la persona que lo compiló es una … se llama Lucy Long de cierta forma están construyendo una identidad de mujer zapoteca en la cocina y esta el elemento de que es comida tradicional, que es auténtica, que es comida prehispánica, esos son categorías que no, aunque parecen claras no son bien detenidas al final de cuenta. C: De hecho cuando estoy preguntando por esas cosas me dicen el mole… Pero se refieren también a las técnicas como que desde que empiezas a usar la licuadora no es tradicional. Tienen ganas de hacer comida pero falta algo, difundir… 238 R: Es que no, está muy despereza, hay unas familias que tienen pues los recursos, reconocimiento para promoverse como proveedores de cocina ¿no? Y el resto de la población pues no sé no es algo que tú vas a Teotitlán o vas a Tlacolula, cualquier pueblo de esa zona tienen la misma comida. C: Si pero nos van a decir de un pueblo al otro que cambia, es diferente… R: Pues no sé si es cierto ¿no? Según ellos sí pero eso es como se distinguen de otros pueblos ¿no? No pero también dicen que los tapetes son de ahí pero tal vez vienen de otro pueblo ¿no? o sea hay muchas, o sea ahí está el Teotitlán que ve el turista y está el Teotitlán que esta atrás ¿no? Eso es algo que tienes que ver. También hay un libro, es una historia de la vida de Abigail. Salió hace unos, quizás 6 años, unos, creo que no son antropólogos, pero alguien, es como un tipo de biografía escrito no sé si es en sus propias palabras, tengo una copia pero hace mucho años que no lo leo, sería bueno conseguir una copia de ese libro, no sé si está en venta todavía, puedes ir a checar aquí, en que se llama Amatebooks, librería Amate, o estoy segura que van a tener una copia en el Welte que puedes consultar, creo que tiene un nombre en zapoteco, una foto de Abigail. Y a lo mejor ahí aparecen los detalles de cómo llegó hacer tan reconocida la cocina ¿no? Y lo que veo en los pueblos, también son muchos celosos, si tienen muchos celos de alguien por tener más éxito que yo. Por ejemplo eso paso en pueblo de Arrazola donde hacen los alebrijes ¿no? El primer artesano de los alebrijes era un señor llamaba Manuel Jiménez ya se murió, él fue, hizo los alebrijes originales ¿no? y llegó a ser muy exitoso había viajado a varios países, sus piezas se vendían miles dólares, y casi no se llevaba con nadie del pueblo al final de su vida, por, él estaba muy, no quería decir, que secreto, se escondía, y casi ya tenía relación con gente de afuera con sus compañones del pueblo ¿no? Es algo que puede ser con la familia Mendoza que están como aparte ¿no? C: Si de hecho, hablé con unos habitantes que me dicen que sus precios son bien carros, me dicen los habitantes que no tienen ganas de ir porque es la misma comida que ellos hacen en su casa, no se acostumbra mucho ir a comer afuera, por lo menos en su familia. R: Pues si así surgiendo las divisiones sociales ¿no? Yo creo y no estoy segura pero desde mis perspectivas, conociendo los pueblos artesanos, es un poco de lo estás viendo ahí en Teotitlán, hay unos casos excepcionales de gente que por una razón probablemente que tiene una buena relación con un gringo, el caso de Arnulfo se casó con Mary Jane y son casos excepcionales que aprenden hacer un buen negocio con extranjeros y si ves a la cocina de Reyna Mendoza por ejemplo tiene hasta la estética, la estética de lo que espere un gringo. C: ¿Es decir la disposición? R: No de como esta, pues, esto lo que es la cocina de Frida Kahlo, es como este de lo que espere un gringo. No quieren entrar a ver una cocina que no tiene cosas bonitas, no quieren ver cuvettes de plásticos, quieren ver de barro y Reyna tiene esa estética ¿no? Para nosotros es lo más chingón. Si vas a cualquier casa, no se va a ver, nadie va a tener una casa que se ve así. … 38.17 la gente pobre no tiene su casa tan, es un tipo de escena para el turismo ¿no? y que te ponen a moler, es parte del programa (riendo) que está haciendo el trabajo de una mujer tradicional ¿no? Y si se usa el metate pero no todos los días. Pues si van a hacer algo para una boda, un evento, sí, pero la comida típica de todos los días no usan, no, no. C: Si están haciendo, no estoy hablando de manipulación pero están cambiando las… R: Es una presentación que se hace una reinvención de la tradición para el turismo, eso es la palabra ¿no? ¿Has leído la invención de la tradición? Tienes que leer o saber a qué se refiere ¿no? Y lo que debes leer es la introducción con eso es suficiente, con eso es suficiente. Te va a ayudar a orientar. O sea yo creo que el secreto el éxito es esto que quizás lo que estás viendo del turismo son, ¿porque realmente quien está viviendo del turismo gastronómico? Algunas personas pero no todas, unos pocos personas, Reyna, pues la familia Mendoza, quien más hay unos como tres cafés ahí, que casi uno nunca está abierto. C: Entrevisté una señora que me dice que los americanos comen tlayudas, tortas… R: Lo que pasa es que no hay que reconocer que no hay una cultura de comer, pues si vas a los pueblos no hay una cultura de comer en restaurantes tampoco, la gente si tú vives en un pueblo, tú comes en tu casa, no sabes a pues vamos a comer ahí en la casa de… C: No se acostumbra mucho, porque no lo sé. R: Porque vas a comer la misma cosa, es más carro y para qué ¿no? si vas a comer una tlayuda porque no comes un tlayuda en tu casa. Lo que si hay una cultura en la noche salir a comer un taquito este, una memela algo pues sencillo en la calle, pero los pueblos nadie pues la comida siempre se come en casa, siempre se come en casa. Entonces si tú no puedes captar el mercado gringo o el mercado extranjero pues, eso sería curioso que… Los mexicanos están comiendo ahí en el pueblo o ¿no? Yo creo que no pero no estoy segura pero tú tienes la información más que nadie. C: Pues yo sé que los turistas vienen por el mercado, en el caso de Tierra Antigua, vienen a comer la familia, amigos que tienen que son americanos, pero falta atraer personas que no conocen. R: Si yo lo veo muy difícil además, hay lo que es una segmentación del mercado ¿no? No has visto la carta del Tlamanalli. Si ves hace mucho año que no han cambiado, me imagino que sigue siendo carísimo ¿no? Un mexicano pues de la clase media me imagino que va con su familia de 6 personas ¿no? vamos a decir, quizás una pareja con sus 2 hijos y pues la tía, la abuela. No van a pagar 180pesos por una sopita, menos en un pueblo y no 239 van a conocer, a ver quién es Abigail Mendoza. Un gringo de San Francisco con todo el gusto y van a sacar fotos, a tomar un curso de cocina. C: De hecho vi los precios, y el mole hace 3 años estuvo a 180 (10,40€) y hoy en día es a 250pesos. (=15€) R: Eso son los mismos precios que vas a encontrar en Nueva York. Un plato de Mole, un plato de cualquier comida, o sea eso es como de lo más primer gourmet que vas a encontrar, y se te pongas a pensar quien va a llagar en un pueblo a pagar esos precios: unos gringos que saben que es famosa esa mujer por salir en el libro de Diana Kennedy, nos acordamos… Pero nada más para este pinche mole, no mames no van pagar. C: No y además aparece a 80pesos (4,60€) el mole en los otros restaurants (descanso, tierra antigua), Abigail gracias a su imagen internacional se puede permitir proponerlo así. Además cuando tuvo la entrevista con ella su discurso estaba muy fluido. R: Es una maestra de, es que hace poco, hace unos meses había una delegación, de Oaxaca al Vaticano y ¿sabes quienes fueron? Abigail Mendoza entre no sé, unos 6 personas más famosas de Oaxaca. O sea a lo mejor es una experta en relaciones públicas, y no estoy criticando pero yo diría que es una excepción y no la regla. ¿Si me entiendes? Es una persona excepcional dentro de una comunidad, o sea ella no representa la comunidad para nada, es una excepción dentro de una comunidad no es el modelo ¿no? Y algunas personas que sí a lo mejor han logrado un poquito del éxito de ella también pero no es comprobable con ella con lo que ha logrado ella. C: Abigail se da cuenta que gracias a ella entran turistas en el pueblo y que a lo mejor comprar tapetes pero quien sabe si los turistas tienen tiempo para un recorrido del pueblo. Usted conoce el alojamiento acá en Oaxaca que se llama las Bougambilias. Los turistas venían con esta empresa. R: Es ese de la misma dueña de la Olla, donde empezó Reyna, es Pillar Cabrera. Es que cuando vienen con un guía, él guía ya tiene las personas con quien trabaja ¿no? hay un taller de tapetes que es famosísimos que se llama Isaac Vásquez, pues él tiene le fama de ser la persona que supuestamente rescató las tintas naturales, no sé si es cierto o no pero, hace unos 20 o 30 años habían unos artículos famosísimos, revistas en EU con su historia ¿no? Y hay gente que nada más llega a su taller a comprar no van a otro lugar. Entonces yo creo que son varios factores, entonces la estructura de cómo se maneje el turismo en Oaxaca en los pueblos. Pues la cuestión de la gastronomía yo voy a defender mi posición de que los gringos son los que llegan más a comer allá o aprovechar la comida de Oaxaca no los mexicanos. Y vale la pena como dije ver la cuestión de género, pues el estado de la mujer, si es una mujer soltera, muchos casos eso permite que tú hagas otros tipos de negocios. Tienes más poder hasta cierto punto, libertad, nadie te va decir, una mujer muy tradicional del pueblo, a veces yo lo he visto en los casos de los artesanos en Arrazola, la mujer no, a veces el esposo salgo solo, no quiere que la mujer está tratando mucho comida, la gente que llegue porque son hombres ¿no? En cambio una mujer que no tiene este tipo de puede reducción puede tratar con cualquier persona que quiere ¿no? en la forma que quiere hacer. Si es mucho (riendo). C: Si no me había ocurrido el tema. R: Es interesante porque si piensas en quienes son los chefs en Oaxaca son, ¿Quién es? Donde fuimos a comer con Miriam ¿no? Casa Oaxaca, Alejandro Ruiz, chef, el chef de aquí en frente, Pitiona hombre, Origen, hombre, casi puros hombres pero algo, pues cuando debes ser mujer cocinando es una cocinera, cuando es un hombre cocinando es un chef, y yo creo que el mismo hecho de que son, son del pueblo, porque no son hombres que están cocinando en los pueblos ¿no? y no hay esa carrera de ser chef en el pueblo ¿no? O sea ser un cocinero orgánico del pueblo tienes que ser mujer. Eso te permite salir como la persona con un conocimiento, de un hombre también. O sea sería interesante pensar la cuestión del género en contraste con la ciudad ¿no? o la carrera de Chef. Creo que también sería interesante hacer entrevista con gringos en las clases de cocina, si puedes tomar una clase de cocina, a ver como es la interacción, porque Oaxaca, porque están ahí no en una clase de cocina con Pillar, los otros opciones que tienen aquí en Oaxaca ¿no? C: Muchas gracias por su ayuda Ronda. N° ENTREVISTA ENTREVISTADORA INTERROGADO EDAD EMPLEO DURACIÓN FECHA HORA LUGAR ENFOQUES 15 Coralie KCL 35 años Subsecretaría del turismo 20 minutos Lunes 20 de julio de 2015 12:00 del día Parque llano, en la entrada de la feria del mezcal, Oaxaca ¿Cuál es la estrategia para desarrollar el turismo al nivel estatal y local? ¿Cómo se ha desarrollado la ruta caminos del Mezcal? 240 C: ¿Cual es papel en la secretaría del turismo? K: Bueno yo soy jefa de departamento dentro de la subsecretaría desarrollo y promoción turística. Es el departamento de identificación de vocaciones turísticas. Ahí nos encargamos de realizar rutas, desarrollo de productos turísticos que son rutas turísticas, estoy yo a cargo de lo que es la ruta caminos del mezcal, la ruta Sierra Juárez y recientemente me están encargando de la ruta del café. En eso estamos trabajando. C: ¿Desde cuánto tiempo se ha desarrollado el turismo en los Valles Centrales? K: Pues como tal en Valles Centrales, ya tiene bastante, bastante tiempo, no te puedo dar como una fecha exacta porque apenas tengo dos años trabajando aquí en la secretaría pero definitivamente de donde yo vengo que es de la ciudad de México, pues obviamente Oaxaca es uno de los estados con mucho potencial turístico. Considero yo que aún le falta desarrollar como tal el producto sin embargo, como se llama, con el incurso de la rutas turísticas, te puedo decir que se está marcando mucho lo que es el poder, este, como se llama, ir hacia arriba del turismo ¿no? marcar, hacer que Oaxaca, resalte un poco más que otros estados. C: ¿Podemos decir que la gente de Oaxaca vive del turismo? K: Si una parte de la región si, todavía falta trabajar, porque yo lo he dicho en otras ocasiones, en el hecho de que una ruta turística, no solamente es marcar las localidades, obviamente se tiene que trabajar en lo que es el desarrollo en sí de producto haciendo yo referencia en el trabajo de las actividades, los servicios que requiere el turista, hospedaje, alimentación, te digo actividades que pueden ser de 02:11. Si hablamos por ejemplo de la gastronomía ¿no? de ecoturismo o recorridos culturales, tiene que… El turismo tú sabes que es dinámico, entonces en este sentido, tienes que estar innovando constantemente, y afortunadamente Oaxaca tiene esos bienes culturales tanto tangibles como intangibles para generar productos constantemente. C: ¿A qué te refiere con los bienes intangibles? K: El conocimiento que tienen las diferentes comunidades, en sus, tanto en sus tradiciones, sus fiestas, en la misma gastronomía, en su medicina tradicional, es a lo que me refiero, es el conocimiento, obviamente lo intangible va acompañado de algo tangible ¿no? y al revés. Yo sea es un ir y venir. C: ¿De qué tipo de turismo se trata en Tlacochahuaya y en Teotitlán? K: Pues mira, como tal es un turismo en su mayoría nacional, si tiene también turismo obviamente internacional, como tal un perfil que tengamos muy definido, bueno, se sabe que es un turismo de clase media, su mayoría viene de la ciudad de México, de Puebla, de estados cercanos, vienen familias, y bueno parejas, jóvenes, en la zona como tal, estas dos localidades que mencionaste tanto Teotitlán como Tlacochahuaya que están dentro de la ruta caminos del mezcal, son rutas que si bien, cuentan con todo lo que es la artesanía, la gastronomía, no tienen en sí lo que es la parte de mezcal. Si hay mezcalerías pero como tal productor de mezcales originarios, auténticos del lugar como tal no lo hay, aunque se han desarrollado, colocado fábricas de mezcal, bueno a pie de carretera de grandes marcas renombre, sin embargo como tal esas localidades no tienen lo que es la producción de mezcal, tendrán algunas de ellas, o estas dos lo que es parte de lo es el sembrar del maguey. Teotitlán si tiene antecedente de elaboración de mezcal, pero Teotitlán es reconocido turísticamente hablando es reconocido más por la elaboración de sus tapetes de lana. Si eso es lo que tiene más el imaginario de la gente. C: ¿Cuando entran los turistas? K: Pues es que varía, obviamente, se ha requerido hacer un esfuerzo para que llegue turismo pero regularmente, son temporada de vacaciones, semana santa, esta temporada de Guelaguetza, el verano, pues algunos fines de semanas largos y días de muertos y fin de año. C: ¿Sabe cuánto tiempo se quedan? K: Pues es que mira, varia te voy a decir porque aquí en la ciudad de Oaxaca está marcado de 1.3 a 1.6 noches que se quedan y finalmente como son localidades que son muy cercanas a la ciudad van por horas a estas localidades ¿no? 3, 4 horas no se quedan aunque por ejemplo en Tlacochahuaya hay un hotel el cosijo, que es un hotel boutique, si obviamente si hay, si llega el turista pero es mínimo. En Teotitlán exactamente lo mismo también hay casas que dan el servicio de hospedaje pero igualmente es mínimo. C: ¿Por qué no quedan los turistas? K: Muchas veces no se quedan porque desoncen primero que hay a lo mejor el servicio de hospedaje una. Y otra la cuestión de las actividades para que el turista pueda quedarse en un lugar necesita tener que hacer. Por ejemplo en Teotitlán hay todo lo que es, tienen un centro, bueno un comité de ecoturismo en donde si hacen recorridos, actividades, bicicletas, hay este ofertantes de ciclismo, sin embargo lo que ahí se requiere mucho es promoción, se desconoce. C: ¿En lo que concierne la ruta caminos de mezcal, cuando inició el proyecto? K: El proyecto como tal, cuando inicia este gobierno, se tenían proyectadas lo que eran las rutas turísticas. Obviamente hubo pues diferentes situaciones que llego que llega y que se concretara como tal el proyecto en 2013 arrancamos como tal. La instrucción que nos dieron fue que se generan comités de trabajo o de seguimientos de la ruta y que estos comités iban estar integrados por la población objetivo, en el caso del mezcal pues iban a ser productores de mezcal. Oaxaca como tal tiene 7 distritos mezcaleros, alrededor de 27 municipios un poquito más de 27 municipios que elaboran mezcal lo que es Sierra Sur y Valles Centrales. Te digo son 7 241 distritos Tlacolula, Miahuatlán, Yautepec, Ejutla, Ocotlán, Sola de Vega y Zimatlán son partes de los distritos mezcaleros y la ruta caminos del mezcal o el comité está integrado por mezcaleros, productores de mezcal de estos distritos. C: ¿Tú sabes cómo fueron elegidos los pueblos de la ruta? K: Los pueblos como tal no fíjate que cuando yo llegué aquí, te figo yo tengo dos años, cuando yo llegué aquí, ya tenían de alguna manera seleccionada cual era la ruta, y bueno esa razón, yo así lo veo que a razón de que lo que quisieron hacer es innovar el producto o sea lo único que hicieron fue de la, que se conoce la ruta Mitla, lo único que se hizo fue sumar Matatlán que está a 10 minutos de Mitla y se le da el nombre de ruta del mezcal precisamente por esa población que son alrededor de 450 productores de mezcal que están ahí. Y lo único te digo que se hizo fue eso aprovechar ya los atractivos turísticos tanto naturales como culturales de la ruta Mitla y lo único que se hozo fue sumar, sumar Matatlán con el tema de Mezcal. C: ¿Sabes porque cuando pregunté a los habitantes que representa la ruta caminos del mezcal, no saben responderme? K: Nos ha hecho falta ser trabajo de sociabilización con las comunidades, hemos tenido reuniones con los que son directores de turismo de los municipios. Sin embargo ellos como tal no bajan la información con la población local. Pero si requerimos obviamente de hacer esa sociabilización con ellos, porque finalmente el turista va a llegar con ellos y ellos a responder de esa pregunta van a decir ¿qué no, aparte de qué? y es pues, por falta de información te digo. Yo creo que sí, bueno vamos a nosotros a tener que sociabilizar esa información. C: Si porque parece que no se sienten todavía identificados con esa ruta. K: Mira yo te voy a decir una cosa de las primeras reuniones, yo en estas primeras reuniones yo no estuve ahí presente pero a mí me han comentado que mucho, por ejemplo lo de Teotitlán, los del Tule, básicamente, ellos se cuestionaban que porque venden mezcal si ellos no hacían, y hacían artesanías. Entonces hasta donde yo sé la repuesta que se les decía bueno, esto se aumentó, se va a innovar, pero obviamente se va a tomar su artesanía como parte de los atractivos ¿no? Vuelvo a repetir lo nos ha faltado hacer esa sociabilización con ellos, es eso, básicamente es eso. C: ¿Usted ha notado impactos ya? K: Si ya contamos, con datos, no los tengo ahorita en la cabeza sin embargo igual te puedo proporcionar la información como para que tu vayas viendo. Ahorita hicimos un previo al lanzamiento, vamos hacer otro para ver cómo es que están, cual está haciendo el impacto económico, social, de la ruta como tal. C: Que bueno porque por ejemplo en Teotitlán, no había en el museo en cuaderno para registrarse, aunque el año pasado lo tenía, digo no saben de dónde vienen los turistas. K: Yo ahí el comentario que te puedo hacer es el siguiente: finalmente, aunque tengan, aunque les llegue el turista, aunque ya tienen mucho tiempo identificado como un municipio turístico no tienen esa cultura turística dentro de las localidades. (Hablando muy bajo) Entonces pues si son, nosotros le décimos lagunas, así como el que tenga, si obviamente el trabajo de la secretaría que a ellos se les puede asesorar de si, de qué manera tienen que ir registrando y todo lo demás pero este te digo si, ellos, aquí también hay otra cuestión cambian ellos constantemente de quienes se encabezan de los comités de turismo por ejemplo, ese es también, pero es bajo de sus usos y costumbres, entonces nosotros como secretaría como tal no podemos intervenir en ese sentido, pero si obviamente, asesorar y decir que deben de tener una continuidad para sus registros. C: ¿En lo que concierne Teotitlán del valle, como defines la oferta gastronómica? K: Pues obviamente es muy vasta la gastronomía nada más de Teotitlán sino de Valles Centrales todo lo que es, todo Oaxaca, obviamente cada región tiene sus platillos, pero en Valles Centrales está más identificada la gastronomía por parte del turista ¿no? más que otras regiones. Es un caso muy emblemático Teotitlán, ¿porque? Porque en Teotitlán hay cocineras tradicionales, y hay una cocinera tradicional muy, de mucho renombre, y que ella ha cuidado mucho en que, se sigua conservando como tal la elaboración de los platillos y obviamente, hace uso de (buscando la palabra) de los insumos que hay, que son originarios de allí de Teotitlán. C: Estas hablando de Abi… K: …Abigail Mendoza. C: ¿Tú tienes relaciones con ellas, digo trabajan juntas? K: A ella se le presentó el proyecto de la ruta Caminos del Mezcal con tour operadores de aquí, de la ciudad de Oaxaca, obviamente a ella se le interesa sin embargo, ella fue muy puntual al decir que ella no, que ella no trabaja con un turismo masivo, ella pues si les reservan, yo les hago la comida, no abre todos los días, abre durante nada más cuatro horas, si llega a ser ella muy selectiva pero es también porque ella no ha querido del todo, esta parte de la comercialización, está bien respetable, este como se llama, pero sin embargo hay otros cocineras tradicionales que a lo mejor no estamos a ellas, primero empezamos a decir de que se trata el turismo y que tanto ella está interesada en promover la gastronomía del local, de la localidad. C: ¿Tú has escuchado de Reyna Mendoza también? K: Si que eso también familiar, lo que sucede es que el apellido es muy común aquí, pueden que sean familiares, puede que no. C: Reyna da clases, ¿crees que es una buena manera de difundir el turismo? 242 K: Si claro, o sea, finalmente para lo que son las rutas gastronómicas, traer alimentos o traer los productos de una ruta gastronómica, lo que serían como tal este talleres los talleres gastronómicos, ferias o eventos gastronómicos, y obviamente que haya gastronomía. C: ¿O sea que las clases permiten dinamizar todo el territorio, o beneficie a toda la comunidad? K: No pues es que allí, yo te podría decir que se podría tomar el ejemplo de otras localidades en donde se organizan de tal manera que no siempre llegan al mismo lugar los turistas, si no que se rotan, por ejemplo las casas artesanales, o los comedores, y aquí es una cuestión de organización por parte de ellos. C: ¿De ellos? K: De ellos claro, nosotros como secretaría pues se les capacita también, se les puede organizar, pero si también, somos muy respetuosos de sus usos y costumbres nosotros no nos podemos meter del todo eso ¿no? o sea romperles el esquema y es lo que, parte de los impactos negativos sociales ¿no? el cambiarles esa estructura, nosotros no podemos C: ¿Tú crees que tienen la capacidad de hacer lo? K: Si tienen, si tienen la capacidad, si tienen la capacidad de hacer lo pero les falta información, porque te vuelvo a repetir, a ellos como se les ha llegado el turismo por esos bienes tangibles como los tapetes, pero sin embargo no, (interrupción de una muchacha) pero como tal no, como se llama, no saben que es el turismo, o sea yo supongo que también ahí en Francia, las localidades al exterior, en el interior de Francia o sea poco saben de qué se trata el turismo, o sea tienen ese recurso pero como tal, darle ese uso, o ese valor turístico es muy distinto, lo mismo aquí, y aquí su mal es por … 18:30 ignorancia, el analfabetismo. C: ¿O sea que no se dan cuenta? K: Si, no se dan cuenta y no saben cómo potencializarlo. Entonces aquí por ejemplo, hay ciertas regiones en donde hay consultores que van y los apoyan, obviamente, los cobran ¿sí? pero hay otros lugares en donde ¿no? y como tal la sociedad o esa grupo de personas, no se les permite tampoco porque, porque también ha sido engañados. C: ¿Podríamos decir que Teotitlán y Tlacochahuaya como pueblos auténticos? K: Si. C: ¿Por qué? Para ti que es el auténtico K: El auténtico es obviamente que siguen conservando como tal sus tradiciones y costumbres. (Interrupción telefónica) N° ENTREVISTA ENTREVISTADORA INTERROGADO EDAD EMPLEO DURACIÓN FECHA HORA LUGAR ENFOQUES 3 Coralie MGG 38 años Maestro de inglés + da recorridos del pueblo como un guía 50 minutos Lunes 06 de julio de 2015 A las 11:45am En el pastor en el jardín de municipio Describir el potencial del turismo en la comunidad (Recorriendo el municipio, iglesia, reloj de sol, la picota y pastor) MGG: Ya esta es, le llaman la picota. Anteriormente en la época colonial, existía un régimen de castigo. Hay algunos documentos donde decían que talreo por haber robado, por haber robado un buey, un caballo o algo, era este condenado a 15 picotazos. Entonces un picotazo que los amaraban y los azotaban. Era como una especia de castigo público ¿no? Pero después, hay todo el conjunto se utilizó para escenificación de la certificación de Jesús en la semana santa, que fue el principal uso que se le dio después pero sigue igual, la picota. Y eso es, está todo céntrico, me gusta porque está el palacio municipal, el centro de salud, la estación de policía, el parque y el templo. Coralie: Todo muy cerca y cree una unidad. MGG: Claro. ¿Y qué te trajo a México? Coralie: El trabajo. Estoy de intercambio con la UAM de Xochimilco. Universidad autónoma metropolitana. Como que yo estudio lo que es turismo. MGG: A pues muy bien, muy bonito. Mira, de hecho, nosotros ahorita, por ejemplo lo que somos administrador de esa página, pues somos jóvenes de aquí, de Tlacochahuaya. Y lo que hacemos es de que pues buscarles una especie de difusión. Porque hay muchos atractivos turísticos escondidos o sea que la gente no los conoce mucho o que les hace falta cierta difusión, por ejemplo el templo de Tlacochahuaya. O sea es un templo hermosísimo o 243 sea no sea porque yo sea de Tlacochahuaya, pero el despliegue de color que tiene, y el estilo, porque se habla mucho del estilo barroco mexicano y aquí tienes un ejemplo vivo de lo que fue el barroco mexicano, del estilo, de las pinturas, de las colores, de las alineaciones, de los retables de todo. Es como un ejemplo vivo. Si tú defines el barroco mexicano como esto, como esto, como esto, ok ahora aquí está, véanlo. Esto era lo, son las pruebas de asiente de cómo era lo barroco. Entonces es por eso que tenemos esa página y un grupo de danza de la pluma de Tlacochahuaya. Y en esa página que te mostré de you tube son videos así completamente caseros, amateur, nada profesional pero tiene la intención de eso de difundir el acervo cultural de nuestra comunidad. Coralie: Si como compartir los conocimientos. Si me imagino. Pues mira yo tenía unas preguntas en lo que concierne la identidad del pueblo. Me puedes describir la comunidad, cuantos habitantes son? MGG: Claro. San Jerónimo Tlacochahuaya es un municipio, tiene alrededor de unos, este, 2000 habitantes. La actividad principal es la agricultura. Es por eso que a veces también, muchas de las visitantes preguntan “¿Y qué hacen como artesanía o algo?”. No hay porque la actividad primordial del pueblo es el campo. Sembramos maíz, frijol, garbanzo, flores, comino, ajo que es la actividad primordial. Entonces es por eso de que no hay una especia de artesanía que sea distintiva porque la gente se dedica al campo porque hay mucha tierra fértil, de cultivo. Es un asentamiento zapoteco originalmente fue fundado por un guerrero zapoteca Cochicahuala, y en el tiempo de la colonia todas sus posesiones fueron entregada a la encomienda, fue unas de las ocho encomiendas que existieron en Oaxaca al señor Gaspar de Calderón y ya después de mucho tiempo de la administración, ya paso al poder de la corona. El distintivo es el templo, el templo dominico porque los frailes que vivieron aquí eran de una corriente extremadamente conservadora. Eran muy conservadores en el aspecto de las normas y de las reglas del clero por eso que Tlacochahuaya también fue el convento más acreditado de su época. O sea del hecho de que los frailes salieran de Tlacochahuaya hablaba de un rango muy muy importante por la rigidez en que seguían las normas. Aquí vivió (San) Juan de Córdoba que es uno de los lingüistas más reconocidos de la época colonial por el estudio que hizo del zapoteco que aunque estudio el zapoteco pensando en normas latinas, o sea el como que agarró el mol de la gramática del latín y trató de enfocarlo a la gramática zapoteca. No encajaban mucho porque hay muchos aspectos del zapoteco que ya encajan con el latín, pero lo importante, lo destacado es que lo estudió, o sea se encardo de estudiarlo y de darnos una reseña muy grande del arte del idioma zapoteco, es uno de los libros más ocurridos por lingüistas cuando se trata del estudio de la lengua, y su vocabulario. Coralie: Oye ¿según tu cual sería la fuerza del municipio? MGG: ¿Como la fuerza económica? Coralie: Si la fuerza, atractivos turísticos… MGG: El atractivo turístico es el templo y el órgano. Porque ha existido mucho esfuerzos de catalogación de los órganos, para catalogarlos, para tener una especie de… un conteo de todos los órganos barrocos que existen en Oaxaca. Y lo importante de estos es que los órganos que existen en Oaxaca están funcionando. O sea muchos órganos a veces en algunos templos o en algunos lados, así aquí está el órgano y es una pieza de museo muy bonita, aquí está en exhibición. Pero en Oaxaca el distintivo aparte de que están, de que están en pie de que están restaurados y todo trabaja. Y eso también es muy importante, así me gustaría mucho que vinieras al concierto el domingo porque ahí puedes escuchar el rango, lo hermoso de su sonido porque esta, está construido como un órgano muy pequeño, si lo ves en su tamaño es muy pequeño en comparación a otros órganos monumentales que existen, pero su sonido es como de un órgano muy grande, o sea tiene ese truco no. Coralie: ¿A qué hora va estar el concierto? MGG: A las doce del día. Coralie: En lo que concierne las tradiciones, tu como puedes definir la tradición. Por ejemplo ¿cuáles serían las tradiciones de este pueblo? MGG: Las tradiciones del pueblo, sus fiestas, sus mayordomías, sus bodas, y las fiestas de los lunes del cerro, las fiestas de los muertos, son las tradiciones que son más visibles aunque en la vida diaria también hay muchos aspectos tradicionales que todavía se siguen en la comunidad, no sé el hecho de saludar a las personas mayores, y hablar el zapoteco, es mi lengua materna. Y eso también es otros aspectos en el cual se está trabajando para el rescate porque muchas comunidades Tlacochahuaya entre ellas incluida son comunidades que están hasta cierto punto sino abandonando pues si desdeñando un poco el uso del zapoteco. Hay influencias ya muy fuertes en los jóvenes, en los adolescentes, que ya no permiten, o que ya no hacen tan fácil el hecho de inculcarles zapoteco la lengua materna. Primero por parte de los padres porque también ese es el principal esfuerzo, los papas tienen la mayor tarea de inculcarlos a los hijos, y pues también hay varias actividades entorno a eso. De hecho hace poco terminamos un intercambio con la Universidad de California, y Pensilvania. Tuvimos un grupo de estudiantes, estuvieron trabajando con nosotros en la catalogación de la… para ellos como son lingüistas pues le sirven como práctica. Pero de hecho vienen a estarse unas días aquí en el pueblo y estuvieron en esta ocasión sobre enfoque principal fue catalogar plantas. O sea las plantas en su nombre nativo en zapoteco y encontrar un poquito el uso, para que servían. Ese fue el tema de este intercambio este año hubo 6 estudiantes, unos de la University of Texas Austin, unos de las Universidad de Maryland y de California. Eso fue el principal trabajo que se estuvo haciendo en este verano. Entonces esa es parte de las tradiciones, mayordomías, bodas, fiestas de los lunes del cerro, y las fiestas de muertos. 244 Coralie: Lo que concierne alimentación, como crees que lo habitantes ven este mercado, por ejemplo ¿puede ser un atractivo turístico? MGG: Puede ser si, si porque encuentras alimentos o comidas también locales ¿no? es una distinciones ¿no? De hecho están terminando construir el nuevo mercado, que a lo mejor por la forma que se está construyendo, por el tamaño que tiene también va a ser un atractivo para el visitante ¿no? Porque anteriormente el otro estaba muy pequeño, estaba más pequeño, no había mucha variedad en los productos tal vez entonces ahorita ya es otra, es una opción diferente para el visitante. Coralie: ¿Quien decidió cambiarlo? ¿Había problemas en el último? ¿Qué pasó? MGG: Habían problemas de tamaño, estaba muy pequeño, entonces fue por eso que se presentó una iniciativa al pueblo mismo, se decidió presentar esa iniciativa y de acordar si se necesitaba construir o no entonces el pueblo decidió que sí, y es por eso que se amplió, se hizo más grande. Coralie: ¿Cuál es el patrimonio alimentario del pueblo? MGG: ¿Cómo recetas tú dices? Coralie: Recetas, platillos… MGG: Platillos típicos hay muchos, pero así podemos empezar desde no sé frijoles en hierba de conejo, son frijoles con una plantita, un pastito especial que existe en la montaña, que tiene pues un sabor muy bonito, muy muy rico ¿no? Coralie: ¿Es típico de Tlacochahuaya? MGG: De Tlacochahuaya, del valle, del valle de Oaxaca, pues en Tlacochahuaya también se come. Uno que le llaman caldillo que está hecho a base de nopales y chicharos. Esta también los caldos, caldo de cazuela le llaman a uno, caldo de res, hay uno muy destacado en las bodas que es belaguana que es carne al orégano, chichilo, amarillo, mole verde, y tamales. Coralie: ¿Tu cómo puedes caracterizar tu apego a la alimentación? ¿Te sientes cerca de tu patrimonio alimentario? MGG: Si, muy cerca (riendo). ¿A lo mejor te refieres si me identifico con él? Coralie: Exacto. MGG: La identidad culinaria. Si bastante, sobre todo porque mi mama cocina mucho comida típica entonces si me identifico bastante. Viví 14 años en Estado Unidos y es parte de un encuentro cultural que tú tienes también pero siempre ha sido mi visión de que para que tú puedas apreciar lo de otros países, de otros lugares, tienes que conocer lo tuyo. Tienes que sentirte identificado con lo tuyo. Yo viví en Estados con mucha gente de, pues de otras latitudes judíos, hindúes, musulmanes de todo, pero creo que mi apreciación de su cultura fue mucho más fuerte porque yo conocí la mía o sea porque yo me sentía identificado con la mía. Si es la pregunta va eso, si si me identifico mucho con el arte culinario de Tlacochahuaya, de hecho se cocinar todas las cocinas de Tlacochahuaya (riendo) también por si algún día mi madre ya no está, la puedo hacer. Coralie: ¿Tú crees que la comunidad también tiene este sentimiento afectivo o a lo mejor económico? MGG: Si, afectivo, afectivo. Si porque nosotros como comunidad en el pueblo somos muy especiales en el aspecto de la comida, si, si somos muy, como que nos identificamos mucho con nuestras recetas. Y si de repente vemos algo diferente decimos no pero es que en Tlacochahuaya se hace así (riendo) Coralie: ¿Para las bodas, los eventos, se come igual los platillos que me has contado? MGG: Si, si, por ejemplo, en las fiestas tradicionales eso es algo que me gusta mucho de Tlacochahuaya, en las fiestas tradicionales como que ya existe un meno específico. O sea ya es tradicional. Tu sabes que cuando hay una boda, el viernes se va a comer frijoles con hierva de conejo, el sábado va haber empanadas, el domingo va haber Velacuana con carne a la olla que le llaman, el carne de olla y así hay un patrón especifico, eso también comentábamos hace al rato con los del intercambio, lo del chichilo, una comida muy muy rica que es el chichilo pero en Tlacochahuaya se come los funerales, entonces es coma ya definido, que si hay un difunto, si alguien fallece el día del entierro se va a comer chichilo. Coralie: ¿Y esta rico? MGG: Si muy rico, es más que bueno que vas a estar mucho tiempo para que te invite a la casa y que vengas a comerlo. Entonces eso es lo distintivo, si existe esa identidad culinaria, si existe. Ahora, hay un aspecto, pero eso yo no lo veo solamente en el aspecto culinario sino en el aspecto cultural en general estamos ya enfrentados demasiado por fuerzas o por corrientes ajenas a la nuestra. Pero creo que ya es un aspecto no quiero decir negativo pero si delicado de la globalización ¿no? Porque ahorita muchos de nuestros platillos típicos ya no los consumimos porque estamos consumiendo cosas que ya no son nuestras: una hamburguesa, una pizza, un hot dog, ya es la que se conoce como en inglés: street food, comida que se vende en la calle, muchos de estos platillos ya se están sustituyendo por platillos que ya no son nuestros. Coralie: ¿Y cómo han llegado hasta acá? MGG: Por la influencia de los que van, por la televisión, por el internet… Coralie: ¿Por la migración? 245 MGG: Claro, claro, o sea la migración tiene un factor económico, un factor político, un factor socioeconómico, pero su influencia también tiene mucho que ver en las infraestructuras sociocultural de los pueblos, muchísimo, muchísimo. Coralie: Si es muy interesante este tema, de hecha una compañera mía, se interesa a lo que es migración y su influencia en la comida callejera. MGG: Es mucho, fíjate que aquí en Tlacochahuaya los jueves en la cuaresma, en el tiempo de la Semana Santa hay una actividad muy bonita que se llama las placitas españolas. Cada jueves hay una placita, aquí se venden los platillos típicos. Pero lo que nosotros hemos notado es que las placitas españolas ya están cambiando mucho el menú. O sea antes las placitas españolas sea encontrar niguatole, coquitos en miel, mangos en vinagre, arroz con leche, garbanzos en miel, cosas netamente nuestras, sino de Tlacochahuaya pero Oaxaqueñas, oaxaqueñas en general. Y ahorita estamos encontrando tacos, pizza, hamburguesas, hot dog y así como que no, no vaya, pues bueno hay un contraste. Si va porque la gente pues también lo está aceptando ¿no? O sea ese es el punto, estamos aceptando poco a poco poco a poco y se está haciendo como una mezcla ya muy muy grande pero eso viene a colación con esos aspectos migratorios que tu mencionas ¿no? porque nadie conocía la pizza menos que alguien la había traído y se la ha ensenando ¿no? Coralie: Y acerca del turismo, me puedes decir que es un turista, ¿Qué opinas del turismo? MGG: Para mí un turista pues es alguien que viene a admirar los lugares que tenemos pero este me suena más como a viajero. A mí me gusta el turista como tú que se sienta, que platica y que se toma una nieve contigo y va a tu casa o algo con esos aspectos más allá. De hecho este grupo, te iba a ensañar la foto. Cada julio tenemos este intercambio con esta lingüista. Es una lingüista de la Universidad de California que yo conocí cuando viví en Estados Unidos. Y como su área es la lengua por eso que viene con nosotros, para que nosotros trabajemos con ella. Coralie: ¿El intercambio se hace en inglés o en español? MGG: En zapoteco, en español y en inglés (riendo) somos trilingües (enseñándome una foto) si es una lingüista, Brook Lillehaugen y cada año trae estudiantes de Estados Unidos. Este año se estuvieron viviendo en Tlacochahuaya y estuvimos trabajando en lo de los parajes, (ensenadome otra foto) mira de hecho aquí estamos en el cerro con mi papa, y entonces fuimos y esta planta se llama así en zapoteco, tiene ciertas propiedades medicinales y de esa fue su proyecto, hacer un catálogo de plantas en zapoteco. Coralie: ¿Para ti ellos son turistas? MGG: No, ellos son visitantes, o sea vienen pero se quedan con nosotros, porque ellos vivieron en la casa. Entonces ellos ven como nos levantamos temprano, como vamos al campo, como convivimos, que cosas comemos, aprendieron a comer comida picosa (se quedó riendo) con mucho chile. Coralie: ¿No se enfermaron? MGG: No, no porque mi mama, los preparaba suave, y eso es entonces para mí un turista pues si viene por un momento, viene a admirar los atractivos, es bueno. Pero hace más impacto su presencia más allá. A veces por cuestiones de tiempo también no es posible. Pero es muy bueno convivir con personas que vienen así de visita porque tú les muestras lo que tú eres, o sea como vives, como todo, y pienso mucho que eso tiene también mucho que ver en cambiar los estereotipos de los lugares, no porque por ejemplo, California que yo vivía allí, el típico estereotipo que existe de California es Disneyland y Hollywood y ya. Yo pude ver más allá o sea me fascinó mucho la similitud que puede existir con la gente porque hay pueblo pequeño muy bonitos también. Y eso habla mucho de cómo la convivencia entre la gente puede eliminar esas barreras, muchos me preguntan por ejemplo con los intercambios como es que se llevan tan bien, bueno nos llevamos muy bien y hacemos de esas convivencia cada año porque trabajamos en similitudes y no en diferencias. Porque si trabajamos en diferencias, ya empezamos mal. Trabajamos en similitudes. Yo ahorita que ya vivo aquí, viajo a california solamente por vacaciones, o mi cumpleaños, sigo teniendo la misma visión o sea no me sigue impactando de que “Wooo”. Tengo la misma visión de las similitudes que pueden existir y eso ayuda muchísimo. Coralie: Si me imagino. ¿Oye vienen muchos turistas? MGG: Si Coralie: ¿De dónde vienen? MGG: Americano pero también mucho Europeo. Coralie: Si ¿de qué parte? MGG: De hecho existía un proyecto, muy padre de Bélgica, ellos estuvieron aquí grabando órganos oaxaqueños. Y mira grabaron el de Tlacochahuaya, nos tocó. Eso fue un proyecto de Bélgica. Entonces vienen americano, europeo, también turista nacional. Hay mucho turista nacional. Sobre todo durante las fiestas de los lunes del cerro. Hay mucho turista local, de México pues ¿no? Pero si también hay una marcada presencia de extranjero, internacional. Coralie: ¿Tú crees que son más numerosos los extranjeros o los mexicanos? MGG: Mas extranjeros. Coralie: ¿Tú crees que el hecho que vienen muchos turistas es bueno para el pueblo? 246 MGG: Es bueno si porque en primer lugar se dar a conocer ¿no? El turista viene porque se interesa o sea tiene cierto grado de pues de interés cultural de conocer los acervos cultural que tiene México, los acervos culturales que tiene Oaxaca. Entonces para mi es una buena opción de… Es un impacto para la comunidad. En primer lugar también un impacto económico porque ayuda la manutención del templo, muchas de las actividades, o de los proyectos que se han realizado han sido con fondos obtenidos del turismo restauraciones no sé compra de bancas, pago de luz o sea tiene un impacto económico sí. Coralie: Cuál es tu opinión acerca del turismo, de todos modos es bueno tener turistas o ¿hay impactos negativos? MGG: Para mi está bien. Desde mi punto de vista está bien. Coralie: ¿Y los turistas son numerosos en este pueblo? ¿Cuándo entran? MGG: Los meses de julio en el verano. Coralie: ¿por navidad? MGG: También diciembre, fin de año. Coralie: ¿A veces intercambias con ellos? MGG: Si de hecho en el mes de diciembre, estuvimos grabando un concierto de órgano, y allí nos encontramos este, estaban en el coro unos turistas americanas, y empezamos a platicar, y empezaron hacer preguntas, si hay a veces este encuentros, intercambios con ellos, y eso es la parte buena, es la parte buena porque es lo que te puede llevar a un intercambio más productivo ¿no? Coralie: ¿Cómo están los turistas? Curiosos, sorprendidos… MGG: (pensando) Curiosos todos quieren conocer, por ejemplo llegan y dicen “que bonito templo, y que más hacen aquí, que venden, que comen”… Entonces sí, es más de curiosidad de interés ¿no? que quieren conocer. Coralie: ¿Existen unos restaurantes aquí dedicados a los turistas? MGG: No, solo el mercado, y algunas tiendas aquí enfrente, ahorita vamos si gustes. Ahorita como que están construyendo el mercado, lo están haciendo en otro lado acá, pero principalmente es la parte céntrica. Coralie: ¿Entonces no hay restaurantes por los turistas? MGG: Exclusivamente no. Coralie: ¿Como lo hacen entonces si quieren como no hay lugar? MGG: El mercado, el mercado, y si lo que hay es un restaurante campestre un criadero de mojarras pero el solo sábados y domingos, solo el fin de semana. Coralie: ¿Entran muchos turistas? MGG: Turistas no he visto pero yo creo que sí debe venir, por lo menos nacionales. Coralie: ¿Cuánto tiempo nos tardamos para ir, caminando desde aquí (parque frente a la iglesia), puedo ir, porque lo intenté una vez perro estuvo lejos? MGG: ¿Cual es restaurante campestre? Coralie: Si de los pescados. MGG: ¿Quieres ir? Coralie: Si otro día como no. MGG: Vas a empezar a venir todo los días (riendo) Coralie: Si es cierto voy a vivir aquí. ¿A veces los turistas preguntan por cosas auténticas, tradicionales? MGG: Si, te digo que la parte yo creo más sorpresiva para ellos es de que no hay artesanía, porque ellos, un lugar que visitan, tienen la idea que van a encontrar un recuerdo, algo… “Fui a Tlacochahuaya, ¿que me llevo?” Coralie: Pues, o hay nada. MGG: Exacto, pero no es porque la actividad… O sea nosotros no nos dedicamos a la artesanía, nos dedicamos al campo. Además ahorita si quieres, si nos da tiempo vamos a dar un recorrido por el campo. Coralie: Si me encantaría. ¿Para ti cual es la relación entre territorio, turismo y alimentación aquí? ¿O sea hay relaciones? ¿Cómo lo podemos definir? MGG: Territorio, alimentación, turismo, tal vez no, tal vez no porque la presencia del turismo es corta, vaya es breve ¿no? tal vez yo creo en la presencia o en la relación que pueda existir más es un intercambio más tal vez lingüístico, tal vez de costumbres tal vez, pero, territorio, alimentación, no mucho. Coralie: Podría ser algo que tendremos que desarrollar a lo mejor… MGG: Por su ’… Si, claro, a mí encanta la idea, eso de los intercambios o sea a mí me gusta mucho porque lo he hecho estos 3 años. O sea estos 3 años, pero solo se ha enfocado en la lengua. Que tal y si hacemos un intercambio basado en música. O sea, pueden venir no sé músicos de otros países, tener una estancia de una semana o algo, y aprender o escuchar el órgano, intercambiar técnicas musicales, intercambiar piezas musicales, hay bandas de música locales… Coralie: ¿Y si lo hacemos con la comida francesa, te parece? MGG: Hum (pensando) ¿Tendríamos que cocinar con vino? (riendo) si, no fíjate que no esta tan descabellada la cosa. Fíjate que la comida oaxaqueña, es de unas texturas, y de unos sabores o sea impresionante que bien callejera un intercambio muy muy padre en comida, si o sea sería un excelente idea y a lo mejor hasta cierto 247 punto hacerle cierta, no cambios, no modificaciones pero si experimentos con la comida oaxaqueña dar le así como un toque francés ¿no? Tal vez sí, no suena tan alejado de la realidad del asunto. Coralie: Si. Desde que el turismo se ha desarrollado por acá ¿has notado unos cambios en la comida, en el municipio, en los proyectos? MGG: He notado muchos cambios, que están orientando así a que el turismo lleve una buena imagen de aquí. Por ejemplo, anteriormente, no existía un parque, no existía un quiosco no existía el otro parque que está aquí al ladito, no existía… Entonces independientemente que con obras de infraestructura para que la comunidad se sienta contente, o feliz en su pueblo, orgullosa también tienen un toque de que de buena imagen para el turismo. Porque yo por ejemplo, muchos de mis amigos, porque yo soy muy, me siento muy identificado con mi pueblo, entonces mis amigos de la escuela de inglés, o mis alumnos, siempre programo una visita y los traigo a hacer un recorrido asi siempre, siempre, siempre “es que me gustó mucho el parque”. Entonces eso habla de que algunas obras, o algunos trabajos que se hacen siempre si tienen ese impacto, o sea si tienen esa idea de por lo menos generar una buena imagen al turismo. Coralie: Mira, si cambiamos el parque, si cambiamos en mercado por el turista, ¿no crees que es un poco mentir al turista y refleja algo que nosotros no somos? MGG: Hasta cierto puntos tal vez sí. Pero yo creo que muchas de las obras son así. O sea muchas de las infraestructuras turísticas es así, el presentar una primera impresión. Yo creo que ya lo que sigue después el turista decida quedarse o estar convivir en el pueblo es cuando ya puedes ver de cerca lo que hay detrás el parque bonito (riendo). Lo que hay detrás, ir al campo a las seis de la mañana, comer en el campo, no tener agua dos días, (riendo) se logra vivir directamente lo que es la vida del pueblo. Coralie: del habitante. MGG: Exacto. Coralie: ¿Tú crees que el turismo ayuda a que la gente se apropia su patrimonio alimentario? Como que yo me enfoco mucho a la parte alimentación… MGG: Me vas a enseñar a cocinar Crème Brulée! Coralie: ¡Cómo no! Cuando quieras… MGG: Bueno, mira la cuestione yo creo que si ayuda porque el turista va a preguntar por la comida. O sea tu ahorita me preguntaste: “oye y que comen y que hacen” entonces yo pienso que si ayuda porque es uno de los acervos que tú puedes mostrar. Es una de las cosas que tú puedes mostrar. “Oye que comen”, si yo te describo, frijoles en hierva de conejo, se oye bien pero es una cosa muy diferente de que yo te diga, que te invite, que lo comas y que lo pruebas ¿no? Si ayuda, yo creo que la principal influencia de las comidas no locales no ha venido del turismo, ha venido de la migración, de la migración, eso es definitivo, a menos que el turista se quedé por mucho tiempo y que te ensené como cocinar algo diferente tal vez pero la influencia de otras recetas, de otras comidas ha venido de la migración. Eso es definitivo. Coralie: ¿A ti te gustaría que entren más turistas en el pueblo? MGG: Si como no. Pero me enfocaría más a estancias. O sea que entrarán y que se quedarán un mes (riendo). Coralie: Un mes. MGG: Exacto. Y vamos al campo a trabajar, no es cierto. Si, si, si es bueno como parte de convivencia cultural, es bueno como parte de pues de convivencia también con otras costumbres, con otra forma de pensar sobre todo. Coralie: ¿Crees que el turismo puede ser beneficioso a todos los habitantes del pueblo? MGG: No necesariamente, no porque también porque muchas comunidades no son tan abiertas al turismo, a pesar de que son comunidades y a lo mejor que tengan cierto atractivo, no son tan receptivos, o sea si son un poquito así “Ay hola turista bienvenido y hasta ahí ¿no?” No todas las comunidades son así. Tlacochahuaya, afortunadamente desde mi punto de vista es muy abierto o sea con alguien de fuera: “Hola de donde es, pásale, que les ofrezco, una agua o algo”. Yo creo que si lo has notado con algunas comunidades de que no son tan openminded. Coralie: El año pasado en Santa Ana del Valle, estábamos en el turist yu’u pero la gente no le gustaba nuestra presencia. O sea quieren que entren los turistas para los tapetes, económicamente hablando, pero si vienen dos horas esta suficiente. MGG: Es la forma que te digo, pues o sea si haría muchos beneficios, si es mucho, pero no toda las comunidades están así abiertas. Coralie: ¿Porque no están abiertas tú crees? MGG: Por la forma de pensar, tiene mucho que ver con la idiosincrasia. Muchas de la personas, muchas de las formas que se comporten tal vez así, porque tienen un sello muy especial, con respecto a lo suyo porque piensa que le vas a quitar su servo, porque piensas que se lo vas a copiar, porque piensan que se los va a imitar no sé algo ¿no? En ciertas formas es bueno porque también mantiene el acervo cultura intacto. Eso es un punto mantienen el acervo cultural intacto pero también evita el intercambio de ideas, evita el intercambio de ideas. Por ejemplos, traigo muchas colaciones de lo del intercambio porque en esta ocasión que estuvimos dentro del intercambio, pues estuvimos hablando de eso, estuvimos, mi mama nos cocinó. Entonces esto a lo que me refiero a lo que vas más allá de turista, más que visitante. A mi mama le dice ok, llegan a las dos de la tarde después de 248 su recorrido, nos tomamos una copita de mezcal, y yo les cocino el plato típico de aquí de Tlacochahuaya, y platicamos, e intercambiamos, y es lo máximo para mi es la forma Coralie: la más agradable de convivir… MGG: Exacto. Y yo no le copio el estilo de vida de ellos, ni ellos tal vez a nosotros no sé pero si éxito ese intercambio de ideas, ese intercambio de risas, ese intercambio de convivencia. Coralie: ¿Tú crees que la actividad turística permite reforzar los vínculos entre los habitantes? MGG: A veces sí, si si porque volvemos al mismo punto pues si orienta esa actividad hacia el turismo bueno, necesitamos cambiar la imagen de esto porque el turismo que va a pensar ¿no? Cosas así si hay ciertos comunitarios que se han hecho, basados en eso. Coralie: ¿Al contrario crees que puede crear problemas de interés? MGG: Tal vez si, tal vez sí. Coralie: ¿Pasó por acá? MGG: Aquí no especialmente, pero tal vez sí. Sobre todo del aspecto del, cuando algunas actividades ya se tornan en exclusivo orientadas sobre el turismo por ejemplo hay en algunas comunidades donde hay grupos o hay personas que traen personas extranjeras para las estancias y todo pero ya es un negocio personal, es ahí donde yo pienso que si tenía impactos negativos ¿no? Pues si estas trayendo al turismo, y tienes el grupo y todo, pero te pagaron a ti y al pueblo no les dieron nada. Coralie: Es el problema porque los recursos pertenecen a todos. ¿Tú crees que el turismo hace que se pierde las tradiciones? MGG: No, no creo, no la tradición se pierde por descuido de la propia gente ¿no? Yo mi lengua yo en mi casa hablamos solo zapoteco en casa, y pues si llega un turista al contrario le digo mire se dice así. O sea hay muy poco impacto que el turismo puede tener en esa área, el mayor impacto que puede tener son las propias comunidades. El acervo cultural no se pierde porque el turismo viene se pierde porque las comunidades las descuidan. Coralie: ¿O sea que no has notado tensiones en la comunidad por parte del turismo? MGG: No, no no no, a lo menos en Tlacochahuaya. En Tlacochahuaya dices que eres turista, te abren la puerta y te ofrecen un vaso de agua (riendo). No te preocupes, de donde eres de Francia, Oh dios mío, pásale. Coralie: ¿Tu como ves el futuro del turismo aquí? MGG: Yo lo veo como un buen, como una buena opción de crecimiento para el pueblo, una buena opción de intercambio con la gente, sobre todo por el órgano, el órgano llama mucho la atención sus conciertos, hay forma, hay ciertos rasgos que nos pueden unir con el turismo. Y simplemente hacer lo que la toda comunidad quisiera hacer, mostrarle al mundo lo que tú eres, creo que en esencia es la raíz de todo el turismo, mostrar lo que tú eres, mostrar tu identidad lingüística, culinario, cultural, de todo ¿no? Coralie: ¿Lo que faltaría al pueblo para ti que podría ser para que el turista se queda? MGG: Mas infraestructura, más infraestructura, restaurantes hay uno, hoteles hay uno, cosijo, y yo creo unas casas donde se puedan quedar un tiempo. Si yo estoy pensando seriamente en eso la verdad porque ya llevo tres años haciendo lo mismo en la casa tenemos espacios pero son espacios donde ellos vienen a vivir con nosotros, a lo mejor faltaría un espacio como una especia de hotel pero más como tipo casa, donde se puedan quedar, donde tengan su cocina o sea todo y pueden vivir en la comunidad como si fueran habitante de aquí por un mes. Coralie: Podría ser un proyecto, crear un alojamiento por los turistas con comida tradicional… MGG: ¿Dónde firmo? (riendo) Pues fíjate que sería un excelente proyecto para ti en el caso de tu escuela no sé, en cuestión de infraestructura y de lo poco que yo puedo ofrecer en la casa ahí está, cada año vienen los de EU y se quedan aquí, bien podrías quedarte tu otra estudiante, ahí está tu casa no hay problema. Te digo en Tlacochahuaya a mi es lo que me gusta, que la gente… Coralie: ¿Tú crees que toda la comunidad está abierta para acoger este proyecto? MGG: Yo creo que no manejaría tanto desde aspecto público, como que ya sería una cuestión más privada, pero que ciertas actividades se involucren. Coralie: Quería conocer lo que faltaría… MGG: Es eso infraestructuras, en cuanto a lo que puede ver creo que la infraestructura esta lista porque lo más tenemos que ofrecer es el templo, y ahí vienen, y ven si hay un calendario de concierto, le dice tal día hay un concierto, y los conciertos son de acceso libre, o sea no hay costo, no. Ese sería un aspecto las infraestructuras. Yo creo que la infraestructura que hace falta es la infraestructura que motive más intercambio humanístico, más intercambio ideológico. Coralie: ¿Qué opinas de Tierra del Sol? MGG: Es un proyecto muy bueno, a mí me fascina Tierra del sol porque a la vez ellos si tienen estancias porque de hecho ahí te puedes quedar unos días y a la vez también están promoviendo el hecho de crear conciencia sobre los casos que se están haciendo los recursos naturales. O sea existen pocas áreas donde todavía podemos contar por ejemplo aquí en Tlacochahuaya con plantas con agua, con muchas cosas que en otros lugares ya no existen, y el proyecto me parece muy bueno porque construye o te hace la idea de volverte sustentable, o sea de 249 sembrar para ti mismo, de cultivar para ti mismo, y mezclar, si es muy bueno. Tal vez necesitamos un espacio así para construir nuestra propia granja. Coralie: Voy a comprar un terreno aunque no tengo dinero. ¿Escuché que aquí se pueden comprar terrenos? MGG: No necesariamente pero sí. Coralie: En Teotitlán del valle, ya sé que no sé puede, alguien de otro municipio. MGG: Y ese también es un poquito, la dicotomía de las cosas ¿no? Porque también ahí se tendrá un impacto diferente en la vida comunitaria, porque tal vez muchos turistas que llegaran a vivir y se decidieran quedar, tal vez ya no sean tan, ya no estén tan dispuestos a colaborar en la vida comunitaria como los nativos. Y eso sí podría generar conflictos ¿no? Ese es mi punto de vista, y yo creo que es la razón detrás, porque muchas comunidades no lo permiten, porque di tú vas a vivir aquí por ejemplo nosotros cada determinado tiempo, existen al nivel comunitario cooperación des anuales, cada casa tiene que aportar al municipio entonces, a veces si se han dado en el pueblo pero en otras localidades donde las personas que llegan de otros lados no lo quieren hacer. Coralie: ¿Por ejemplo, el señor del hotel, el dueño, es de aquí? MGG: No. Coralie: ¿No ha generado conflictos? MGG: No pero creo que si tiene ciertas participaciones con el municipio. Coralie: Bueno, gracias MGG, sería todo. 250 Table des sigles AOC : Appellation d’origine contrôlée ; AOP : Appellation d’origine protégée ; CIEDD : Centro de Información Estadística y Documental para el Desarrollo – Centre d’information statistiques et documentaire pour le développement ; CONAPO : Consejo Nacional de Población, Conseil national pour la population ; DF : District Fédéral ; FAHHO : Fondation Alfredo Harp Helú Oaxaca ; IGP : Indication géographique protégée ; INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques ; ISTHIA : Institut Supérieur de l'Hôtellerie, du Tourisme et de l’Alimentation ; NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ; OMT : Organisation Mondiale du Tourisme ; ONG : Organisation non gouvernementale ; ONU : Organisation des Nations Unies ; PFGN: Política de Fomento a la Gastronomía Nacional – Politique de développement de la gastronomie nationale ; PED : Plan Estatal de Desarrollo – Plan de Développement de l’Etat ; PND : Plan Nacional de Desarrollo – Plan National de développement ; TO : Tour Opérateur ; UAM : Université Autonome Métropolitaine ; UNESCO : United Nations Educational, Scientific ans cultural organization : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ; SECTUR: Secretaría de Turismo, Le ministère du Tourisme au Mexique ; SIITE: Sistema Integral de Información Turística Estatal STyDE: Secretaría de Turismo y Desarrollo Económico - Secrétaire d’Etat chargée du Tourisme et du Développement Economique ; URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques ; USA : United States of America ; UT2J : Université Toulouse Jean Jaurès. 251 Table des figures Figure 1: Objectifs et enjeux de la première partie .................................................................. 10 Figure 2 : Processus de construction et de définition de la ressource territoriale ................... 16 Figure 3 : Les étapes de la valorisation de la ressource territoriale .......................................... 18 Figure 4 : Les groupes de pouvoirs et de contre-pouvoirs dans le développement local des territoires selon Jean-Louis Guigou ........................................................................................... 23 Figure 5 : Les trois étapes de construction des projets de développement ............................. 36 Figure 6 : Schéma du développement durable du tourisme ..................................................... 40 Figure 7 : Les six étapes du processus d'appropriation selon Brunel et Roux, 2006 ................ 58 Figure 8 : Les trois étapes du processus d'appropriation selon Carù et Cova, 2003 ................ 59 Figure 9 : Cheminement pour définir le concept d'appropriation, C. Dejean ........................... 61 Figure 10 : Les composantes de la tradition selon Gérard Lenclud .......................................... 67 Figure 11 : Le phénomène de rupture, C. Dejean ..................................................................... 72 Figure 12 : Route touristique des Chemins du Mezcal dans le district de Tlacolula ................. 80 Figure 13 : Axes du projet Gastronomie, Tourisme et Développement social ?....................... 84 Figure 14 : L’affluence de visiteurs à Oaxaca entre 2005 et 2014. ........................................... 92 Figure 15: Répartition des activités pratiquées par les migrants oaxaqueniens, 2014. ........... 96 Figure 16 : Répartition des différents groupes ethniques à Oaxaca ......................................... 97 Figure 17 : Affluence touristique dans l’Etat de Oaxaca de 2004 à 2010 ............................... 101 Figure 18 : Proposition de la nouvelle structure du comité du tourisme ............................... 170 Figure 19 : Flyer de la fête du tapis et de la gastronomie – 2015 ........................................... 173 Figure 20 : Cerro Picacho, Teotitlán del Valle, C. Dejean - 02-07-15 ...................................... 179 252 Liste des tableaux Tableau 1 : Comparaison entre terroir et territoire selon Véronique Peyrache-Gadeau ......... 14 Tableau 2 : Finalités des projets territoriaux de développement durable................................ 37 Tableau 3 : Retombées issues de la relation entre tourisme et identité .................................. 48 Tableau 4 : Approche pluridisciplinaires du concept d'appropriation ...................................... 55 Tableau 5 : Récapitulatif des différents acteurs concernés par le projet "Oaxaca" ................. 79 Tableau 6 : Caractéristiques des deux villages étudiés ........................................................... 102 Tableau 7 : Récapitulatif des trois hypothèses........................................................................ 107 Tableau 8 : Récapitulatif du travail méthodologique entrepris du 01/06/14 au 15/09/15 .... 108 Tableau 9 : Justification du choix des profils à interroger lors des enquêtes sur le terrain ... 109 Tableau 10 : Potentialités sur la Route des Chemins du Mezcal............................................. 155 Tableau 11 : Faiblesses sur la Route des Chemins du Mezcal ................................................. 156 Tableau 12: Opportunités sur la Route des Chemins du Mezcal ............................................ 157 Tableau 13 : Menaces sur la Route des Chemins du Mezcal .................................................. 158 Tableau 14: Plan d'actions stratégiques selon les trois piliers du développement durable ... 165 Tableau 15 : Définition des rôles de chaque intervenant dans le projet de coopérative ...... 171 253 Table des matières SOMMAIRE ..................................................................................................................................... 6 INTRODUCTION GENERALE ..................................................................................................... 7 PARTIE 1 : L’ACTIVITE TOURISTIQUE COMME UN OUTIL DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES ................................................................................................ 11 Chapitre 1 : Du développement des Trente Glorieuses au développement durable des territoires : une finalité ...................................................................................................................................................... 11 1. Les territoires au cœur des projets de développement ..................................................................... 11 1.1 Du concept de territoire à l’apparition des terroirs .................................................................. 11 1.2 Le processus de construction de la ressource territoriale ......................................................... 15 1.3 Les étapes de valorisation de la ressource territoriale .............................................................. 17 2. Rappels sur les prémices du développement ..................................................................................... 19 2.1 Comment définir le développement ?....................................................................................... 19 2.2 Le développement social et local des territoires, quels enjeux et quelles spécificités ?........... 20 1.2.1 Le développement social au cœur de notre thématique… ....................................................... 20 1.2.2 …en interaction avec le développement local........................................................................... 22 1.2.3 Le développement local face au développement social, quelles relations ? ............................ 24 3. Vers un développement durable des territoires ................................................................................ 25 2.1 Comment le développement durable est-il apparut ? ..................................................................... 25 2.2 Texte de références, outils du développement durable ........................................................... 27 2.2.1 Les piliers du développement durable .................................................................................. 27 2.2.2 Une nouvelle étape franchie avec l’adoption de l’Agenda 21 .............................................. 28 2.2.3 Sommet mondial de Johannesburg ....................................................................................... 29 Chapitre 2 : L’activité touristique, un outil de développement social des territoires................................. 31 1. Rappels sur les trois grandes étapes du développement touristique ................................................ 31 1.1 Retour sur les prémices du tourisme ................................................................................................ 31 ème 1.2 Vers une diversification des pratiques au XIX siècle .................................................................... 33 1.3 Jusqu'à la démocratisation de l’activité touristique : tourisme de masse ........................................ 33 ème 2. Le tourisme et le développement du XXI siècle : enjeux et perspectives ..................................... 35 2.1 Les projets touristiques comme outil de développement des territoires ........................................ 35 2.2 Les grandes étapes de construction d’un projet de développement ............................................... 36 2.3 Les finalités des projets de développement ..................................................................................... 37 3. L’activité touristique comme outil de diffusion du développement durable : moyens et limites ..... 38 3.1 Tourisme et développement durable, quelles relations ? ................................................................ 38 3.2 Les limites du tourisme durable........................................................................................................ 41 Chapitre 3 : L’identité, l’appropriation et les traditions face à la mondialisation touristique ? ................. 43 1. Nouvelles attentes et aspirations des touristes : l’identité comme un enjeu .................................... 43 1.1 Qu’est-ce que l’identité ? .......................................................................................................... 43 1.2 Relation entre tourisme et identité ........................................................................................... 46 1.2.1 Identité et authenticité : «le nouvel eldorado?» ...................................................................... 46 1.2.2 Les retombées positives observées ........................................................................................... 47 1.3 Les limites du discours fondé sur l’identité: le tourisme ravageur ................................................... 49 1.3.1 Risques, préoccupations ............................................................................................................ 49 1.3.2 Les retombées négatives liées à la mise en tourisme d’une identité ........................................ 49 2. Le concept d’appropriation au cœur de notre questionnement ............................................................ 50 254 2.1 Comment définir l’appropriation ? Approches pluridisciplinaires .................................................... 50 2.1.1 Approche générale et origines du concept ............................................................................... 50 2.1.2 Appropriation et habitat ........................................................................................................... 52 2.1.3 Appropriation géographique de l’espace .................................................................................. 53 2.1.4 Appropriation et géopolitique ................................................................................................... 53 2.2 Processus d’appropriation et système de valeur associée ............................................................... 55 2.2.1 Le système de valeur une condition préalable à l’appropriation .............................................. 55 2.2.2 Les étapes du processus d’appropriation .................................................................................. 57 2.2.1.1 L’appropriation en six étapes ................................................................................................. 58 2.2.1.2 L’appropriation en trois étapes .............................................................................................. 59 2.3 Risques et conflits liés à l’appropriation ........................................................................................... 60 3. De la tradition à la tradition inventée ..................................................................................................... 62 3.1 La tradition étroitement liée au patrimoine immatériel .................................................................. 62 3.2 Qu’est-ce qu’une tradition ? ............................................................................................................. 64 1.1.1 La composante temporelle ................................................................................................... 65 1.1.2 Le message culturel transmis ................................................................................................ 65 1.1.3 Les modes de transmission ................................................................................................... 66 3.3 La tradition inventée selon Éric Hobsbawm ..................................................................................... 68 3.3.1 Pourquoi s’intéresser à la tradition inventée ? ......................................................................... 68 3.3.2 Entre tradition et coutume ........................................................................................................ 69 3.3.3 Le concept de la tradition inventée ...................................................................................... 70 3.3.4 La tradition face au tourisme ................................................................................................ 71 PARTIE 2 : TOURISME, GASTRONOMIE ET DEVELOPPEMENT SOCIAL SUR LA ROUTE DES CHEMINS DU MEZCAL : PRESENTATION DU PROJET D’INVESTIGATION ET DELIMITATION DU TERRITOIRE ............................................. 77 Chapitre 1 : Contextualisation avec le projet d’investigation : objectifs, méthodologie et spécificités des territoires ................................................................................................................................................. 77 1. Un stage d’investigation issu d’un partenariat universitaire sur le thème du tourisme et de la gastronomie ................................................................................................................................................ 77 1.1 Quelques mots sur la structure d’accueil : l’Observatoire de l’Alimentation et de la Culture de l’UAM-X ................................................................................................................................................... 77 1.2 Un programme de recherche orienté sur le développement touristique de la gastronomie sur la Route des Chemins du Mezcal ............................................................................................................ 80 1.3 Des objectifs d’enquêtes et une mission de stage reposant sur l’investigation sur le terrain .. 82 1.4 Pourquoi la gastronomie comme sujet central du programme de recherche ? ....................... 84 1.4.1 Antécédents de la gastronomie mexicaine ............................................................................... 85 1.4.2 Diversité et richesse du patrimoine alimentaire mexicain ........................................................ 86 1.4.3 Place privilégiée accordée à la gastronomie dans le Plan National de Développement 20132018 .................................................................................................................................................... 86 2. Délimitation du territoire d’investigation : le tourisme apparait comme un outil de développement économique des destinations ..................................................................................................................... 88 2.1 L’étroite relation entre L’Etat de Oaxaca et l’activité touristique .................................................... 88 2.1.1 Oaxaca, un Etat qui mise son développement économique sur la valorisation des ressources locales ................................................................................................................................................. 89 2.1.1.1 De nombreuses initiatives nationales, régionales et locales pour mettre en tourisme le territoire mexicain ......................................................................................................................... 89 A l’échelle nationale .................................................................................................................. 89 255 A l’échelle de la région .............................................................................................................. 91 A l’échelle du Secrétaire d’Etat au Tourisme ............................................................................. 92 2.1.1.2 La Route touristique des chemins du Mezcal : notre terrain d’investigation fondé sur la production artisanale d’un spiritueux ............................................................................................ 93 Qu’est-ce que le mezcal ? .......................................................................................................... 93 Le processus d’élaboration du Mezcal ...................................................................................... 94 La route des Chemins du mezcal : la réponse à un besoin d’innovation ................................... 94 2.1.2 Des caractéristiques conjoncturelles qui structurent l’identité de l’Etat de Oaxaca : migration, culture, organisation politique et manifestation de 2006.................................................................. 95 2.1.2.1 La migration : un phénomène caractéristique des Vallées Centrales de Oaxaca .............. 95 2.1.2.2 La culture zapotèque connecte, unit et rapproche les membres d’une communauté ..... 97 2.1.2.3 L’organisation sociale et politique traditionnelle selon les « us et coutumes » ................ 99 2.1.2.5 Les conséquences des problèmes sociopolitiques de 2006 liés aux manifestations des professeurs des écoles à Oaxaca ................................................................................................. 100 2. Contextualisation avec les territoires investis: Teotitlán et Tlacochahuaya ..................................... 101 2.4 Délimitation des problèmes, pourquoi avoir choisi précisément de travailler sur ces deux villages ? .............................................................................................................................................................. 105 3. Une méthodologie principalement orientée sur de la recherche et du travail sur le terrain .......... 106 3.1 Des hypothèses qui résultent des premiers éléments d’analyse des territoires ............................ 106 3.2 Comment appréhender un stage orienté sur de l’investigation terrain : proposition méthodologique ................................................................................................................................... 106 3.3 Précisions sur la troisième étape clés de notre travail : les enquêtes sur le terrain ...................... 109 Quels sont enjeux liés à la réalisation de ces enquêtes ? ........................................................ 109 Quels ont-été les objectifs des enquêtes ? .............................................................................. 109 Choix des profils à interroger et justification : quels échantillons ? ........................................ 109 Elaboration des guides d’entretien ......................................................................................... 110 Chapitre 2 : Analyse thématique du travail sur le terrain : Teotitlán et Tlacochahuaya deux territoires qui présentent des caractéristiques touristiques bien distinctes .................................................................. 111 1. Teotitlán : un village qui se nourrit de l’activité touristique en mobilisant l’artisanat, la gastronomie et les traditions culturelles ....................................................................................................................... 111 1.1 L’activité touristique repose sur des échanges matériels et immatériels ............................... 111 1.1.1 Le tourisme perçu comme un moyen de subvenir à ses besoins mais qui rencontre des difficultés de développement .......................................................................................................... 111 1.1.1.1 Le tourisme international comme une ressource économique ....................................... 111 1.1.1.2 L’activité touristique freinée pour plusieurs raisons parmi lesquelles les conflits sociaux et le manque de mobilisation à l’échelle locale et étatique ........................................................ 112 1.1.2 L’artisanat, la gastronomie et le mezcal support de l’offre touristique de Teotitlán .............. 115 1.1.2.1 L’artisanat et la gastronomie : deux activités culturelles qui dynamisent de manière significative le territoire ............................................................................................................... 115 1.1.2.2 Route touristique du mezcal : une initiative récente peu assimilée par les habitants .... 115 1.2 L’héritage du patrimoine alimentaire forge l’identité culinaire des villageois de Teotitlán ........... 116 1.2.1 Des coutumes alimentaires qui reflètent un attachement sentimental et une cuisine saine 116 1.2.2 La conservation des pratiques alimentaires par les villageois montrent leur capacité à transmettre des savoirs et savoir-faire culturels intacts .................................................................. 117 1.2.3 Des spécificités significatives observées auprès des cuisinières renommées ......................... 118 1.2.4 L’offre gastronomique influencée par les pratiques alimentaires locales et étrangères : adaptation des traditions culinaires ................................................................................................. 119 1.3 Les traditions conservées qui laissent place à une certaine unité au sein du village .............. 122 256 1.3.1 Une village dont les traditions font la renommée ................................................................... 122 1.3.2 Des traditions ancrées qui parfois empêchent la bonne exécution des politiques touristiques mais dont certains habitants ont su faire preuve d’adaptation ....................................................... 123 2. Le tourisme à Tlacochahuaya : une activité peu développée mais dont le potentiel ne fait pas de doute ......................................................................................................................................................... 125 2.1 Une offre touristique peu diversifiée mais bien accueillie par les habitants .................................. 125 2.1.1 Une rencontre enrichissante pour le visiteur et le visité : un échange interculturel particulier .......................................................................................................................................................... 125 2.1.2 Une offre touristique peu affirmée dont le développement ne semble pas être réellement évident.............................................................................................................................................. 126 2.1.2.1 L’offre touristique culturelle peu développée freine le développement de l’offre gastronomique ............................................................................................................................. 126 2.1.2.2 Une fréquentation touristique faible qui s’explique par le manque de promotion touristique.................................................................................................................................... 127 2.1.3 L’influence du tourisme entraine des retombées positives dans le village ............................. 127 2.1.3.1 Potentialités de développement attribuées à l’activité touristique par les habitants .... 127 2.1.3.2 Le modernisation du marché municipal : une réponse touristique de l’Etat qui entraine des transformations avantageuses ou superflues? ..................................................................... 128 2.1.3.3 Les opportunités offertes suite au développement de la Route des Chemins du mezcal 129 2.2 Des traditions manifestement ancrées dans l’esprit des habitants mais qui tendent à disparaître .............................................................................................................................................................. 129 2.2.1 Des traditions culinaires qui forgent l’identité du village et qui sont facilement partagées .. 129 2.2.2 Une identité culturelle qui s’affirme au quotidien mais qui se perd avec les évolutions conjoncturelles ................................................................................................................................. 130 2.3 Quelques obstacles qui semblent freiner le développement touristique de la destination .......... 131 2.3.1 La question de la migration : des raisons financières qui entrainent les flux migratoires aux Etats-Unis ......................................................................................................................................... 131 2.3.2 La faible implication du gouvernement pour dynamiser l’agriculture et développer l’offre culturelle .......................................................................................................................................... 132 Chapitre 3 : Les résultats de l’analyse transversale aboutissent sur le traitement des hypothèses ......... 134 1. L’activité touristique un outil d’appropriation des communautés qui encourage la transmission des ressources locales ..................................................................................................................................... 134 1.1 Le tourisme contribue à l’appropriation du patrimoine alimentaire par les cuisinières. ............... 134 1.1 La patrimoine alimentaire, une composante du patrimoine culturel dans une famille ............. 134 1.2 La reconnaissance encourage les cuisinières à poursuivre leur activité : le tourisme est à l’origine du processus d’appropriation .......................................................................................................... 136 1.3 L’activité touristique se charger d’identifier le patrimoine alimentaire des destinations en encourage sa valorisation................................................................................................................. 136 1.2 Une appropriation trop intense qui peut entraîner des risques et des tensions au sein d’une communauté ........................................................................................................................................ 137 2. Une appropriation partielle des ressources locales qui répond essentiellement à des intérêts économiques ............................................................................................................................................. 138 2.1 L’activité touristique génère des devises sur les territoires mais la baisse de fréquentation peut entrainer une appropriation partielle des ressources .......................................................................... 139 2.1.1 Une appropriation incomplète qui provoque le découragement des habitants..................... 139 2.1.2 Une appropriation inachevée qui provoque la transformation des pratiques traditionnelles 140 2.1.3 L’appropriation partielle d’une tradition réinventée pour le tourisme .................................. 141 257 2.2 Une modification des ressources ne prouve-t-elle pas que les cuisinières se soient effectivement approprié leur cuisine ? ........................................................................................................................ 141 3. Une appropriation limitée provoquée par un découragement de trois entités : les locaux, l’Etat et les touristes étrangers .................................................................................................................................... 142 3.1 L’activité touristique ne permet pas d’engager correctement le processus d’appropriation ........ 142 3.1.1 Une appropriation peu mesurable face à l’investissement fragiles des habitants ................. 142 3.1.2 Des sociétés « conservatrices » qui empêchent le développement de l’activité .................... 143 3.1.3 Le STyDE n’encourage pas les habitants à s’approprier les ressources du territoire ............. 144 3.2 Le terme d’appropriation est-il réellement adapté à notre questionnement au regard des caractéristiques des villages? ............................................................................................................... 145 PARTIE 3 : LA ROUTE TOURISTIQUE DES CHEMINS DU MEZCAL : VERS UN DEVELOPPEMENT DURABLE DES TERRITOIRES .........................................................149 Chapitre 1 : Le développement de la Route des Chemins du Mezcal : source de richesses économiques pour les six territoires concernés ............................................................................................................ 149 1. Rappels sur les prémices de la Route des Chemins du Mezcal : de nombreux atouts qui constituent l’attractivité des territoires ....................................................................................................................... 149 1.1 Naissance du projet et définition des objectifs généraux ....................................................... 149 1.2 Des éléments naturels, historiques et culturels remarquables qui diversifient les activités touristiques ........................................................................................................................................... 150 1.2.1 Le patrimoine naturel un élément sous-évalué à l’heure actuelle .......................................... 150 1.2.2 Une destination culturelle conçue grâce au patrimoine historique et gastronomiques de la destination ....................................................................................................................................... 151 1.2.2.1 La diversité des zones archéologiques forgent l’identité de la culture zapotèque.......... 151 1.2.2.2 L’offre gastronomique représente un nouvel enjeu de développement des Vallées Centrales de Oaxaca .................................................................................................................... 151 1.3 Des activités économiques basées sur les ressources locales présentes sur la Route des Chemins du Mezcal ............................................................................................................................... 152 1.3.1 Les aspects économiques et sociaux pour mesurer le développement des Vallées Centrales 152 1.3.1.1 L’agriculture et l’élevage : des activités fortement représentées sur la Route des Chemins du Mezcal ..................................................................................................................................... 152 er 1.3.1.2 L’Etat de Oaxaca : 1 producteur et exportateur de mezcal du pays .............................. 153 1.3.1.3 Les produits artisanaux occupent une part significative dans l’offre touristique des Vallées Centrales ...................................................................................................................................... 153 1.3.2 Des touristes essentiellement nationaux à la recherche d’un offre culturelle remarquable dans un environnement naturel ............................................................................................................... 153 2. Un véritable potentiel de développement touristique qui est toutefois ralenti par des menaces environnantes ........................................................................................................................................... 155 2.1 Des attraits culturels tangibles et intangibles qui octroient une certaine notoriété de la destination .............................................................................................................................................................. 155 2.2 Une manque de coordination au niveau local qui empêchent les habitants de s’impliquer dans les projets touristiques .............................................................................................................................. 156 2.3 Des initiatives nationales orientées vers la promotion du patrimoine alimentaire mexicain qui encouragent la mise en place de projets touristiques locaux tournés vers la gastronomie ................ 157 2.4 Des instabilités sociales et politiques qui freinent la fréquentation touristique de l’Etat de Oaxaca .............................................................................................................................................................. 158 3. Préconisations pour une meilleure valorisation de la Route des Chemins du Mezcal ..................... 159 3.1 Développer, structurer et formaliser l’offre touristique de la Route des Chemins du Mezcal....... 159 3.2 Renforcer le dispositif d’information et de communication .......................................................... 160 258 3.3 Favoriser la coordination entre la STyDE et les communautés : formation, évaluation et suivi .... 161 Chapitre 2 : Stratégie d’intervention pour valoriser, dynamiser et moderniser l’offre touristique de la Route des Chemins du Mezcal ................................................................................................................ 162 1. Des problèmes qui paralysent le développement de l’activité touristique sur la Route Touristique 162 1.1 Qu’est-ce que nous souhaitons résoudre en mettant en place le plan d’actions stratégiques ? ... 162 1.2 Détermination des différents problèmes rencontrés sur la Route des Chemins du Mezcal .......... 162 1.3 Des résolutions stratégiques à envisager sur le long terme ........................................................... 163 2. Un plan d’actions formulé selon les trois piliers de développement durable qui permettra l’appropriation des ressources locales des habitants .............................................................................. 164 3. Mise en place des actions selon les dimensions sociales, environnementales et économiques du développement durable............................................................................................................................ 167 3.1 Des actions reposant sur l’axe social pour encourager la transmission des ressources locales des habitants auprès des visiteurs ........................................................................................................ 167 3.1.1 PARTAGER : Installer une relation de confiance entre les habitants et la STyDE : multiplier les réunions et accompagner les locaux ................................................................................................ 167 3.1.2 ECHANGER : Proposer des formations gratuites auprès des habitants pour les transformer en de vrais ambassadeurs touristiques des villages .............................................................................. 168 3.1.3 MODIFIER : Restructurer les comités du tourisme et désigner des personnes ressources et ambassadrices .................................................................................................................................. 168 3.1.4 IMPLIQUER : Mobiliser les acteurs du territoire autour d’un projet commun : la création d’une coopérative ...................................................................................................................................... 170 3.2 Des actions orientées sur la dimension économique du développement durable qui reposent sur l’offre historique et culturelle des destinations ............................................................................. 173 3.2.1 INNOVER : Entreprendre la restructuration et le renouvellement de l’offre touristique pour moderniser les destinations ............................................................................................................. 173 3.2.2 COMMUNIQUER : Mettre en place une politique de communication et de valorisation de l’offre culturelle et gastronomie dans les villages ............................................................................ 175 3.2.2.1 Promouvoir les ressources locales à l’échelle nationale et internationale ...................... 176 3.2.2.2 Entreprendre une politique de valorisation des produits alimentaires par la labélisation ..................................................................................................................................................... 177 3.2.3 COMMERCIALISER : multiplier les canaux de distribution pour rendre les destinations plus visibles et plus accessibles auprès des consommateurs .................................................................. 177 3.3 Réévaluer le patrimoine naturel du village de Teotitlán del Valle .......................................... 178 3.3.1 MOBILISER : Valoriser le patrimoine naturel pour parvenir à diversifier les activités sur le territoire ........................................................................................................................................... 178 3.4 Présentation de trois fiches actions pour un développement durable sur la Route des Chemins du Mezcal.............................................................................................................................................. 181 3.4.1 Fiche action #1 : « Création d’une coopérative qui offre un service touristique complet ». .. 181 3.4.2 Fiche action #2 : « Dynamiser la fête du tapis et de la gastronomie (Teotitlán) ». ................. 183 3.4.3 Fiche action #3 : « Réévaluer et organiser l’offre concernant les ressources paysagères et naturelles ». ...................................................................................................................................... 184 CONCLUSION GENERALE ......................................................................................................187 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................189 TABLE DES ANNEXES .............................................................................................................193 259 Annexe A : Localisation du projet tourisme, gastronomie et développement social.................................... 195 Annexe B : Projet de recherche et institution participantes ......................................................................... 196 Annexe C : Extrait de la Politique de Développement de la Gastronomie Nationale 2014-2018 ................. 197 Annexe D : La production de mezcal au Mexique : localisation .................................................................... 198 Annexe E : Informations complémentaires sur Téotitlan del Valle ............................................................... 199 Annexe F : Informations complémentaires sur Tlacochahuaya .................................................................... 200 Annexe G : Caractéristiques des 6 communes intégrant la Route des Chemins du Mezcal ......................... 201 Annexe H : Illustrations des plats typiques des Vallées Centrales et ustensiles ........................................... 202 Annexe I : Retro planning année 2014 .......................................................................................................... 204 Annexe J : Rétro Planning année 2015 .......................................................................................................... 205 Annexe K : Planning du travail sur le terrain – Juillet 2015 ........................................................................... 206 Annexe L : Guide d’entretiens auprès des habitants ..................................................................................... 207 Annexe M : Guide d’entretiens auprès des cuisinières, et restaurateurs ..................................................... 210 Annexe N : Guide d’entretiens auprès des touristes ..................................................................................... 211 Annexe O : Guide d’entretiens auprès des acteurs touristiques ................................................................... 212 Annexe P : Tableau récapitulatif des entretiens réalisés entre le 01-07-15 et le 24-07-15 .......................... 213 Annexe Q : Condensés des entretiens réalisés à Teotitlán ........................................................................... 214 Annexe R : Résumés des entretiens réalisés à Tlacochahuaya...................................................................... 218 Annexe S : Tableau d’analyse transversale : Patrimoine alimentaire............................................................ 219 Annexe T: Tableau d'analyse transversale: Identité………………………………………………………… …………………..220 Annexe U : Tableau d’analyse transversale : Tourisme ................................................................................. 221 Annexe V : Illustrations des attraits touristiques sur la route du mezcal ...................................................... 222 Annexe W : Enquête de satisfaction à administrer aux touristes ................................................................. 223 Annexe X : Extrait de quelques retranscriptions des entretiens semi-directifs exécutés en juillet 2015 .... 225 TABLE DES SIGLES ..................................................................................................................251 TABLE DES FIGURES ..............................................................................................................252 LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................253 TABLE DES MATIERES ...........................................................................................................254 260 RESUME L’activité touristique s’est positionnée comme un outil de développement durable des territoires. Dernièrement les politiques de développement n’hésitent plus à mobiliser le patrimoine alimentaire local pour diversifier les activités d’une destination. Ce travail de recherche s’intéresse à la corrélation entre trois dimensions : la mise en tourisme, la valorisation du patrimoine alimentaire et l’appropriation des ressources par les locaux. Nous avons tenté de montrer en quoi l’activité touristique peut favoriser cette appropriation dans l’objectif de la transmettre aux visiteurs. Teotitlán del Valle et San Jerónimo Tlacochahuaya sont deux communautés indigènes situées dans les Vallées Centrales de Oaxaca, au sud-est du Mexique. Elles ont vu l’activité touristique se déployer de manière très distincte. Nos hypothèses analysent trois niveaux d’appropriation—total, partiel, faible—des ressources locales par l’activité touristique qui s’expliquent selon des facteurs endogènes et exogènes à la communauté : organisation sociale et politique locale, taux de fréquentation touristique, implication des politiques étatistes… Mots-clés : activité touristique, appropriation, adaptation, identité, traditions, ressources locales, patrimoine alimentaire, gastronomie. ABSTRACT The tourism industry has positioned itself as a sustainable territorial development tool. Recent policies have no qualms about displacing local food heritage in order to diversify the activities of any given destination. Our research is concerned with the relationship between three items: tourism development, the preservation of food heritage, and the appropriation of resources by locals. We have tried to show how tourism constitutes an incentive for the appropriation of resources with the goal of making them available to visitors. Teotitlán del Valle and San Jerónimo Tlacochahuaya are two indigenous communities located within the central valleys of Oaxaca, in southeastern Mexico, who have been witnesses to a significantly different development process of tourism. Our hypotheses analyse three levels of appropriation of local resources as a result of touristic activity—total, partial and weak—which can be explained according to various endogenous and exogenous factors in relation to the community: local socio-political organisation, tourism influx rates, the involvement of state policies… Key-words: tourist activity, appropriation, adaptation, identity, traditions, local resources, food heritage, gastronomy. RESUME El turismo se ha posicionado como una herramienta de desarrollo territorial sostenible. Las políticas recientes de desarrollo no tienen escrúpulos para desplazar el patrimonio alimenticio local para diversificar las actividades de algún destino. Este trabajo de investigación se enfoca en la relación entre el desarrollo del turismo, el rescate del patrimonio alimenticio, y la apropiación de los recursos por parte de los habitantes. Hemos intentado mostrar cómo el turismo puede estimular a la apropiación de los recursos para ponerlos a disponibilidad de los visitantes. Teotitlán del Valle y San Jerónimo Tlacochahuaya son dos comunidades indígenas ubicadas en los valles centrales de Oaxaca, al sudeste de México, que han visto el turismo desarrollarse de una manera muy distinta. Nuestras hipótesis analizan tres niveles de apropiación de los recursos locales por la actividad turística—total, parcial y débil—, que se pueden explicar según varios factores endógenos y exógenos a la comunidad: la organización socio-política local, la tasa de afluencia turística, la participación de políticas estatales… Palabras claves: actividad turística, apropiación, adaptación, identidad, tradiciones, recursos locales, patrimonio alimentario, gastronomía. 261