anexos

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ANEXOS
1
Anexos
ÍNDICE DE ANEXOS
Anexo 1: Traducciones de Le Spleen de Paris ..................................................................5
Anexo 2: Orden de la edición póstuma de Banville y Asselineau.....................................6
Anexo 3: Orden cronológico seguido por Alain Verjat.....................................................8
Anexo 4: Dedicatoria a Arsène Houssaye (1862) ...........................................................10
Anexo 5: Índice de la edición de Pedro Vances (1910?).................................................11
Anexo 6: Traducciones de Julián del Casal (1890) en La discusión ...............................12
Anexo 7: Traducción de Holguín (1954) del poema en prosa XXXV..............................22
Anexo 8: Traducciones de Ricardo Baeza (1913) de los poemas
en prosa XXXVI, XXXVII y XLI .......................................................................................23
Anexo 9: Traducciones de Manuel Álvarez Ortega (1913) de los
poemas en prosa I, VIII y XXXIII ....................................................................................25
Anexo 10: Recuerdo de infancia – Félix Grande (Badajoz, 1937-) ................................27
Anexo 11: Índice onomástico de personajes reales que aparecen en EP ........................28
Anexo 12: Traducciones de XXIX – Le Joueur généreux................................................33
Anexo 13: Traducciones espacializadas de XXXIII – Enivrez-vous !..............................67
Anexo 14: Traducciones espacializadas de XXXII – Le Thyrse ......................................89
Anexo 15: Traducciones de XVIII – L’Invitation au voyage.........................................156
3
Anexos
ANEXO 1: TRADUCCIONES DE LE SPLEEN DE PARIS
AÑO
TRADUCTOR/A
LUGAR
EDITORIAL
1905
Eusebio Heras
Barcelona
B. Castellá
1918
José Francés
Madrid
Mateu
1920
Enrique Díez-Canedo
Madrid
Calpe
¿...?
Madrid
Compañía Ibero-americana de Publicaciones
1942
Agustín Esclasans
Barcelona
María M. Borrat
1973
Vicente Gil-Vilache
Barcelona
Bruguera
1975
Alain Verjat
Barcelona
Bosch
1979
Emilio Olcina Aya
Barcelona
Fontamara
1985
Jaime Uribe
Madrid
Club Internacional del Libro
1986
José Antonio Millán Alba
Madrid
Cátedra
1989
Enrique López Castellón
Madrid
Edimat
1990
Margarita Michelena
México D.F.
Papeles Privados
1993
Pedro Gandía Buleo
Altea
Aitana
1995
Mercedes Sala Leclerc
Barcelona
Edicomunicación
1997
Joaquín Negrón
Madrid
Visor
1999
Francisco Torres Monreal
Madrid
Alianza
2008
Pablo Oyarzún
Santiago (Chile)
LOM
2009
Manuel Neila
Sevilla
Espuela de Plata
1930/1
5
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 2: ORDEN DE LA EDICIÓN PÓSTUMA DE BANVILLE Y
ASSELINEAU
Nº
TÍTULO DE LA PIEZA
PRIMERA
PUBLICACIÓN
À Arsène Houssaye
1862
I
L'Étranger
1862
II
Le Désespoir de le vieille
1862
III
Le Confiteor de l'artiste
1862
IV
Un plaisant
1862
V
La Chambre double
1862
VI
Chacun sa chimère
1862
VII
Le Fou et la Vénus
1862
VIII
Le Chien et le flacon
1862
IX
Le Mauvais Vitrier
1862
X
À une heure du matin
1862
XI
La Femme sauvage et la petite-maîtresse
1862
XII
Les Foules
1861
XIII
Les Veuves
1861
XIV
Le Vieux Saltimbanqui
1861
XV
Le Gâteau
1862
XVI
L'Horloge
1857
XVII
Un hémisphère dans une chevelure
1857
XVIII
L'Invitation au voyage
1857
XIX
Le Joujou du pauvre
1862
XX
Les Dons des fées
1862
XXI
Les Tentations ou Éros, Plutus et la gloire
1863
XXII
Le Crépuscule du soir
1855
XXIII
La Solitude
1855
XXIV
Les Projets
1857
XXV
La Belle Dorothée
1864
XXVI
Les Yeux des pauvres
1864
XXVII
Une mort héroïque
1863
XXVIII
La Fausse Monnaie
1864
XXIX
Le Joueur Généreux
1864
6
Anexos
XXX
La Corde
1864
XXXI
Les Vocations
1864
XXXII
Le Thyrse
1863
XXXIII
Enivrez-vous
1864
XXXIV
Déjà !
1863
XXXV
Les Fenêtres
1863
XXXVI
Le Désir de peindre
1863
XXXVII
Les Bienfaits de la Lune
1863
XXXVIII
Laquelle est la vraie ?
1863
IXL
Un cheval de race
1865
XL
Le miroir
1864
XLI
Le Port
1864
XLII
Portraits de maîtresses
1869
XLIII
Le Galant Tireur
1869
XLIV
La Soupe et les nuages
1869
XLV
Le Tir et le cimetière
1867
XLVI
Perte d'auréole
1869
XLVII
Mademoiselle Bistouri
1869
XLVIII
Any where out of the world
1867
Assommons les pauvres
1869
Les Bons Chiens
1865
Épilogue
1869
XLIX
L
7
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 3: ORDEN CRONOLÓGICO SEGUIDO POR ALAIN VERJAT (1975)
Nº
I
TÍTULO
PUBLICACIÓN
Le Crépuscule du soir – Atardecer crepuscular
1855
(escritos
1855
II
hacia
La solitude – La soledad
1851-
homenaje a
Fontainebleau
1852)
III
1857
1861
hemisferio en una cabellera
IV
L’Invitation au voyage – Invitación a viajar
V
Les Projets – Los proyectos
VI
L’Horloge – El reloj
VII
Les Foules – Las muchedumbres
VIII
IX
1862
Un Hémisphère dans une chevelure – Un
X
XI
XII
XIII
Le Vieux saltimbanque – El viejo
saltimbanqui
La Femme sauvage et la petite-maîtresse – La
mujer salvaje y la petimetra
A une heure du matin – A la una de la
Le Désespoir de la vieille – La desesperación
de la vieja
Le Chien et le flacon – El perro y el frasco
XVI
Le Mauvais vitrier – El mal vidriero
XX
XXI
27/08
L’Étranger – El extraño
XV
XIX
La Revue
Fantaisiste
La Presse
madrugada
Le Fou et la Vénus – El bufón y la Venus
XVIII
01/11
Le Présent
Les Veuves – Las viudas
XIV
XVII
24/08
Le Confiteor de l’artiste – El Confiteor del
28/08
artista
Un Plaisant – Un gracioso
La Chambre double – La habitación
desdoblada
Chacun sa chimère – Cada cual con su
quimera
Les Dons des fées – Los Dones de las Hadas
8
24/09
Anexos
XXII
Le Gateau – El pastel
XXIII
Le Joujou du pauvre – El juguete del pobre
XXIV
Laquelle est la vraie - ¿Cuál es la verdadera?
XXV
XXVI
1863
Le Thyrse – El Tirso
Le Désir de peindre – El deseo de pintar
XXX
Les Fenêtres – Las ventanas
XXXI
Déjà ! – ¡Ya!
XXXII
Enivrez-vous – ¡Embriagaos!
XXXIII
Le Joueur généreux – El jugador generoso
I
XXXV
II
XXXV
III
OS
10/10
10/12
07/02
La Corde – La cuerda
Les Vocations – Las vocaciones
Le Figaro
14/02
La Belle Dorothée – La bella Dorotea
Les Yeux des pauvres – Los ojos de los
02/07
La Vie Parisienne
01/11
L’artiste
pobres
La Fausse monnaie – La moneda falsa
Le Miroir – El espejo
XL
Le Port – El puerto
XLI
Les Bons chiens – Los buenos perros
21/06
L’indépendance
XLII
Un Cheval de race – Un pura sangre
25/12
belge
XLIII
Portraits de maîtresses – Amantes retratadas
21/09
XLIV
XLVI
TUM
20/06
IXL
XLV
PÓS
Le Boulevard
La Revue Nationale
XXIX
XXXV
1867
Las Tentaciones, o Eros, Pluto y la Gloria
XXVIII
XXXV
1865
Les Tentations ou Éros, Plutus et la Gloire –
Une Mort héroïque – Muerte heroica
V
14/06
Luna
XXVII
XXXI
1864
Les Bienfaits de la lune –Los favores de la
25/12
Any where out of the world – En cualquier
sitio fuera del mundo
Le Tir et le cimetière – El tiro y el cementerio
pobres!
Mademoiselle Bistouri – La señorita Bisturí
XLVIII
Perte d’auréole – Aureola perdida
L
de Paris
La Revue Nationale
12/10
Assomons les pauvres - ¡A porrazos con los
XLVII
XLIX
28/09
La Nouvelle revue
Le Galant tireur – El tirador galante
La Soupe et les nuages – La sopa y las nubes
9
1869
(rechazados por La Revue
Nationale en 1865)
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 4: DEDICATORIA A ARSÈNE HOUSSAYE (1862)
À ARSÈNE HOUSSAYE
Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il
n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et
réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à
tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le
manuscrit, le lecteur sa lecture; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable
d'une intrigue superflue. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se
rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à
part. Dans l'espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous
amuser, j'ose vous dédier le serpent tout entier.
J'ai une petite confession à vous faire. C'est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le
fameux Gaspard de la Nuit, d'Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de
nos amis, n'a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux) que l'idée m'est venue de tenter quelque chose
d'analogue, et d'appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite,
le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose
poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements
lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience?
C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables
rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n'avez-vous pas tenté de traduire en une
chanson le cri strident du Vitrier, et d'exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions
que ce cri envoie jusqu'aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue?
Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m'ait pas porté bonheur. Sitôt que j'eus
commencé le travail, je m'aperçus que non seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant
modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s'appeler quelque chose) de singulièrement
différent, accident dont tout autre que moi s'enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu'humilier
profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poète d'accomplir juste ce qu'il a
projeté de faire.
Votre bien affectionné,
C. B.
10
Anexos
ANEXO 5: ÍNDICE DE LA EDICIÓN DE PEDRO VANCES (1910?)
TO
ORDEN VANCES
I
I – El extranjero
II
II – La desesperación de la anciana
III
III – El «confiteor» del artista
VI
IV – Cada uno con su quimera
X
V – A la una de la madrugada
XII
VI – Las muchedumbres
XIII
VII – Las viudas
XVII
VIII – Un mundo en una cabellera
XVIII
IX – La invitación al viaje
XIX
X – El juguete del pobre
XXII
XI – El crepúsculo vespertino
XXIII
XII – La soledad
XXIV
XIII – Los proyectos
XXV
XIV – La hermosa Dorotea
XXVI
XV – Los ojos de los pobres
XXVIII
XVI – La moneda falsa
XXXI
XVII – Las vocaciones
XXXII
XVIII – El tirso
XXXIII
XIX – Embriagaos
XXXIV
XX – ¡Ya!
XXXVI
XXI – El deseo de pintar
XXXVII
XXII – Los favores de la luna
XXXVIII
XXIII – ¿Cuál es la verdadera?
XXXIX
XXIV – Un caballo de raza
XLV
XXV – El campo de tiro y el camposanto
XLVI
XXVI – Pérdida de aureola
XLVIII
XLIX
L
XXVII – «Any where out of the world». Fuera del mundo, no importa dónde
XXVIII – Atropellemos a los pobres
XXIX – Los buenos perros
11
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 6: TRADUCCIONES DE JULIÁN DEL CASAL (1890) EN LA
DISCUSIÓN
La discusión, diario político (La Habana), lunes, 28 de abril de 1890:
Poemas en prosa.
(DE CARLOS BAUDELAIRE)
La Desesperación de la Vieja.
La viejecilla, encojida [sic.] y arrugada, se sintió contenta al ver un lindo niño, á quien todo el
mundo deseaba agradar, un lindo ser, tan frágil como ella, ya viejecilla, y, como ella también, sin dientes
y sin cabellos.
Y se aproximó á él, queriendo hacerle caricias y gestos agradables.
Pero el niño, espantado, se debatía bajo las caricias de la buena mujer decrépita, y aturdía la casa
con sus chillidos.
Entonces la viejecilla se retiró á su soledad eterna, y, llorando en un rincón, decía: –«¡Oh! para
nosotros, [sic.] desgraciadas hembras viejas, ha pasado la edad de agradar, hasta los inocentes; y
horrorizamos á los niñitos que queremos amar!»
EL CONFITEOR DEL ARTISTA.
¡Cuán penetrantes son los últimos momentos de los días otoñales! ¡Ay! penetrantes hasta
producir el dolor! porque hay ciertas sensaciones deliciosas cuya vaguedad no excluye la intensidad; y no
hay punta más acerada que la de lo Infinito.
¡Gran delicia produce la inmersión de la mirada en la inmensidad del cielo y de la mar! Soledad,
silencio, castidad incomparable del azul! una vela pequeña estremeciéndose en el horizonte y que, por su
pequeñez y su aislamiento imita mi irremediable existencia, melodía monótona de la marea, todas esas
cosas piensan por mí, ó pienso por ellas (porque en la grandeza del ensueño, el yo se pierde pronto);
piensan, digo, pero musical y pintorescamente, sin argucias, sin silogismos y sin deducciones.
Algunas veces, esos pensamientos, ya salgan de mí ó se desprendan de las cosas, se vuelven
pronto demasiado intensos. La energía en la voluptuosidad crea un malestar y un sufrimiento positivos.
Mis nervios demasiado tensos no dan más que vibraciones agudas y dolorosas.
Y ahora la profundidad del cielo me consterna; su limpidez me exaspera. La insensibilidad de la
mar, la inmutabilidad del espectáculo, me sublevan... ¡Ay! es preciso sufrir eternamente ó huir
eternamente de lo bello? Naturaleza, encantadora impía, rival siempre victoriosa, déjame. ¡No tientes más
12
Anexos
mis deseos y mi orgullo! El estudio de lo bello es un duelo en que el artista lanza un grito de miedo antes
de estar vencido.
EL PERRO Y EL FRASCO.
–«Mi buen perro, mi bello perro, mi querido perrito, aproxímate y ven á respirar un perfume
excelente que he comprado en casa del mejor perfumista de la ciudad.»
Y el perro, moviendo la cola, señal que corresponde en esos seres, creo yo, á la risa y á la
sonrisa, se aproxima y pone curiosamente su nariz húmeda sobre el frasco destapado; después,
retrocediendo repentinamente con asombro, me arroja un ladrido á manera de reproche.
–¡O! miserable perro; si te hubiera ofrecido un paquete de excrementos, lo hubieras olfateado
con gusto y quizás devorado. Por eso, tu mismo, indigno compañero de mi triste vida, te pareces á la
muchedumbre, á quien no se debe presentar jamás perfumes delicados que lo exasperan, sino inmundicias
cuidadosamente escojidas.
HERNANI.
La discusión, diario político (La Habana), martes, 29 de abril de 1890:
Poemas en prosa.
(DE CARLOS BAUDELAIRE)
Un hemisferio en una cabellera.
Déjame respirar largo tiempo, muy largo tiempo, el olor de tus cabellos, sumerjir [sic.] allí todo
mi rostro, como un hombre sediento en el agua de una fuente, y agitarlos con mi mano como un pañuelo
oloroso, para sacudir recuerdos en el aire.
¡Si pudieses saber todo lo que veo, todo lo que siento y todo lo que oigo en tus cabellos! Mi alma
viaja sobre el perfume, como el alma de los otros hombres sobre la música.
Tus cabellos contienen un ensueño, lleno de velámenes y de arboladuras; contienen grandes
mares, cuyos monzones me llevan hacia encantadores climas, donde el espacio es más azul y más
profundo, donde la atmósfera está perfumada por los frutos, por las hojas y por la piel humana.
En el océano de tu cabellera, entreveo un puerto hormigueante de cantos melancólicos, de
hombres vigorosos de todas las naciones y navíos de todas las formas, recortando sus figuras finas y
complicadas sobre un cielo inmenso donde se pavonea el calor eterno.
En las caricias de tu cabellera vuelvo á encontrar las languideces de largas horas pasadas en el
camarote de un buen navío, mecidas por el vaivén imperceptible del puerto, entre vasos de flores y
aguamaniles helados.
13
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
En la chimenea ardiente de tu cabellera, respiro el olor del tabaco mezclado al opio y al azúcar;
en la noche de tu cabellera, veo resplandecer lo infinito del azul tropical; en las márgenes vellosas de tu
cabellera me enervo con los olores combinados del alquitrán, del musgo y del aceite de coco.
Déjame morder largo tiempo tus trenzas pesadas y negras. Cuando mordisqueo tus cabellos
elásticos y negros me parece que como recuerdos.
LOS BENEFICIOS DE LA LUNA
La luna, que es el mismo capricho, miró por la ventana mientras dormías en tu cuna, y se dijo:
«Esta niña me gusta».
Y descendió suavemente por su escalera de nubes y pasó, sin hacer ruido, á través de los vidrios.
Después se tendió encima de tí con la dulce ternura de una madre y depuso sus colores en tu faz. Tus
pupilas han permanecido verdes y tus mejillas extraordinariamente pálidas. De tanto contemplar á esa
visitadora tus ojos se han ensanchado extrañamente; y ella te ha apretado tan tiernamente la garganta que,
desde entonces, has conservado siempre el deseo de llorar.
Sin embargo, en la expansión de su alegría, la luna llenaba todo el cuarto como una atmósfera
fosfórica, como un veneno luminoso; y toda su luz viviente, pensaba y decía: «Tú sufrirás eternamente la
influencia de mi beso. Serás bella á mi manera. Te gustará lo que me gusta y á quien le gusto: el agua, las
nubes, el silencio y la noche; la mar inmensa y verde; el agua informe y multiforme; el lugar en que no
estés; el amante que no conozcas; las flores monstruosas; los perfumes que hacen delirar; los gatos que se
desmayan sobre los pianos y gimen y comen como las mujeres, con voz ronca y dulce.
Y tú serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás la reina de los hombres de
ojos verdes, cuya garganta he apretado también con mis caricias nocturnas; de los que aman la mar, la
mar inmensa, tumultuosa y verde, el agua informe y multiforme, el lugar en que no están, la mujer que no
conocen, las flores siniestras que parecen incensarios de una religión desconocida, los perfumes que
perturban la voluntad y los animales salvajes y voluptuosos que son los emblemas de la locura».
Y, por eso, maldita y querida niña mimada, estoy ahora acostado á tus pies, buscando en toda tu
persona el reflejo de la temible Divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza, envenenadora de todos
los lunáticos.
HERNANI
La discusión, diario político (La Habana), viernes, 2 de mayo de 1890:
Poemas en prosa.
(DE CARLOS BAUDELAIRE)
El Extranjero.
14
Anexos
–¿A quién amas más, hombre enigmático, dí, á tu padre, á tu madre, á tu hermana ó á tu
hermano?
–No tengo ni padre, ni madre, ni hermana, ni hermano.
–¿A tus amigos? –Usa usted una palabra cuyo sentido desconocía hasta hoy.
–¿A tu patria?
–Ignoro bajo que latitud está situada.
¿A la belleza? [sic.]
–La amaría con gusto, si fuese diosa é inmortal.
–¿Al oro?
–Lo odio tanto como usted odia á Dios.
–¿Y á quien amas, pues, extraordinario extranjero?
–Amo las nubes... las nubes que pasan... por allá abajo... las maravillosas nubes.
A la una de la madrugada.
¡Al fin, solo! No se oye mas que el rodar de los coches detenidos y derrengados. Durante algunas
horas, poseeremos el silencio, si no el reposo. Al fin la tiranía de la faz humana ha desaparecido y no
sufriré más que por mi mismo.
Al fin me será permitido sumerjirme [sic.] en un baño de tinieblas. Demos primero una vuelta
doble á la cerradura. Me parece que la segunda amentará [sic.] mi soledad y fortificará las barricadas que
me separan actualmente del mundo.
¡Horrible vida! ¡Horrible ciudad! Recapitulemos lo hecho en un dia; haber visto muchos
literatos, uno de los cuales me ha preguntado si se podía ir á Rusia por tierra (tomaba sin duda á la Rusia
por una isla); haber disputado generosamente contra el director de una revista, quien, á cada objeción,
respondía: –Este es el periódico de las gentes honradas, lo cual indica que los otros diarios están
redactados por canallas; haber saludado veinte personas, de las cuales quince, me son desconocidas; haber
distribuido apretones de manos en la misma proporción y sin haber tomado la precaución de comprar
guantes; haber subido, por matar el tiempo, durante una llovizna, á casa de una bailarina que me pidió un
modelo de traje de Venustria; haber hecho la corte á un director de teatro, quien me decía echándome á la
calle:
–Haríais bien en dirigiros á Z...; es el más pesado, el mas tonto y el mas célebre de todos mis
autores; con él podríais obtener alguna cosa. Habladle y luego nos veremos; haberme vanagloriado (¿por
qué?) de muchos actos sucios que no he cometido jamás y haber negado cobardemente algunas fechorías
que he cometido con alegría, delito de fanfarronería y crímen [sic.] de respeto humano; haber negado á un
amigo un favor fácil y haber dado una carta de recomendación á un perfecto pillo: ¡puf! ¿he acabado ya?
Descontento de todos y de mí mismo, quisiera rescatarme y enorgullecerme un poco en el
silencio y la oscuridad de la noche. Almas de los que he amado, almas de los que he cantado;
fortificadme, sostenedme, apartad de mí la mentira y los miasmas corruptores del mundo; y vos, Señor,
Dios mio, concédeme la gracia de producir algunos buenos versos que me prueben á mi mismo, que no
soy el último de los hombres, que no soy inferior á los que desprecio.
15
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
HERNANI
La discusión, diario político (La Habana), jueves, 8 de mayo de 1890:
Poemas en prosa.
(DE CARLOS BAUDELAIRE)
El Puerto.
Un puerto es un asilo encantador para un alma fatigada de las luchas de la vida. La amplitud del
cielo, la arquitectura movil de las nubes, las coloraciones cambiantes de la mar y el relampagueo de los
faros, son un prisma maravillosamente propio para divertir los ojos sin cansarlos jamás. Las formas
salientes de los navíos, de aparejos complicados, á los cuales la marea imprime oscilaciones armoniosas,
sirven para mantener en el alma el gusto del ritmo y la belleza. Y después, sobre todo, hay una especie de
placer misterioso y aristocrático para el que no siente ya ni curiosidad ni ambición, en contemplar,
acostado en una azotea ó de codos en el muelle, todos esos movimientos de los que parten y de los que
vuelven, de los que tienen todavía la fuerza de querer, el deseo de viajar ó de enriquecerse.
EL LOCO Y LA VENUS
¡Qué admirable día! El vasto parque se desmaya bajo la mirada ardiente del sol, como la
juventud bajo el dominio del Amor!
El éxtasis universal de las cosas no se expresa por ningún ruido; las aguas mismas están como
adormecidas. Al revés de las fiestas humanas, la orgía es aquí silenciosa.
Parece que una luz siempre creciente hace brillar cada vez más los objetos; que las flores
excitadas arden en deseos de rivalizar con el azul del cielo por la energía de los colores y que el calor,
haciendo visibles los perfumes, los hace subir hacia el astro como si fueran humo.
Sin embargo, en medio de esta alegría universal, he notado un ser afligido.
A los piés de una Venus colosal, uno de esos locos artificiales, bufones encargados de hacer reir
á los reyees cuando el Remordimiento ó el Hastío los obseden, embozado en un traje chillón y ridículo,
coronado de cuernos y de campanillas, acurrucado contra el pedestal, levanta los ojos llenos de lágrimas
hacia la Diosa inmortal.
Y sus miradas dicen: –«Soy el último y el más solitario de los humanos, privado de amor y de
amistad, y bien inferior en eso al más imperfecto de los animales. Apesar [sic.] de esto, estoy hecho
también para comprender y sentir la Belleza inmortal! [sic.] ¡Oh Diosa! tened piedad de mi tristeza y de
mi delirio!»
Pero la implacable Venus mira á lo lejos no sé qué cosa con sus ojos de mármol.
16
Anexos
HERNANI
La discusión, diario político (La Habana), sábado, 31 de mayo de 1890:
Poemas en prosa.
(Imitados de Baudelaire)
LAS QUIMERAS
Bajo un cielo obscuro, en ancha llanura polvorosa, sin caminos, sin yerba, sin un cardo, sin una
ortiga, encontré muchos hombres que marchaban encorbados. [sic.]
Cada uno llevaba sobre su espalda una Quimera enorme, tan pesada como un saco de harina ó de
carbón ó la cartuchera de un soldado romano.
Pero la monstruosa bestia, lejos de ser un peso inerte, envolvía y oprimía al hombre con sus
músculos elásticos y potentes; se afianzaba con sus dos garras largas al pecho de su cabalgadura y su
cabeza fabulosa coronaba la frente del hombre como uno de esos cascos horribles con los cuales los
generosos antiguos inspiraban más terror á sus enemigos.
Llamé á uno de aquellos hombres y le pregunté adonde iban así. Respondióme que no sabía
nada, ni él, ni los otros; pero que evidentemente iban á alguna parte, puesto que estaban dominados por
una necesidad invencible de andar.
Y, cosa curiosa para el observador, ninguno de aquellos viajeros tenía el aire irritado contra la
bestia feroz colgada á su cuello y pegada á su espalda; hubierase dicho que lo consideraba como una parte
de sí propio. Todas aquellas caras fatigadas y serias no demostraban ninguna desesperación; bajo la
cúpula sombría del firmamento con los piés hundidos en el polvo de un suelo tan desolado como aquel
cielo, caminaban con la fisonomía resignada de los que están condenados á esperar siempre.
Y el cortejo pasó al lado mio y se hundió en la atmósfera del horizonte, en el lugar en que la
superficie redonda del planeta se oculta á la curiosidad de la mirada humana.
Y durante algunos momentos me obstiné en comprender aquel misterio; pero bien pronto la
irresistible indiferencia se desplomó sobre mí y me sentí más abrumado que aquellos hombres por sus
aplastantes quimeras.
¿CUÁL ES LA VERDADERA?
Yo conocí á una mujer llamada Beatriz, que llenaba la atmósfera de ideal y cuyos ojos esparcían
el deseo de la grandeza, de la belleza, de la gloria y de todo lo que hace creer en la inmortalidad.
Pero esa criatura milagrosa era demasiado bella para vivir mucho tiempo; murió á los pocos días
de conocerla y la enterré, un día que la primavera agitaba su incensario hasta en los cementerios. Sí, yo
mismo la enterré, después de haberla clavado bien en un ataud de madera perfumada é incorruptible como
en los cofres de la India.
17
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Y como mis ojos permanecieron fijos en el sitio en que escondí mi tesoro, ví súbitamente á una
personilla que se parecía extraordinariamente á la difunta, y que, hateando sobre la tierra fresca, con
violencia histérica y rara, decía echándose á reir: «¡Soy la verdadera Beatriz! ¡Soy una famosa canalla! Y
en castigo de tu locura y de tu ceguera, me amarás tal como soy!»
Pero, lleno de rabia, le respondí: ¡Nó, nó, nó! Y para acentuar mejor mi negativa, pegué tan
fuerte golpe en la tierra con el pié que mi pierna se hundió hasta la rodilla en la sepultura reciente y
permanezco unido, como un lobo á la trampa, tal vez para siempre, á la fosa de mi Ideal.
HERNANI
La discusión, diario político (La Habana), miércoles, 11 de junio de 1890:
Caprichos y Fantasías.
La invitación al viaje
(IMITACIÓN DE BAUDELAIRE.)
Hay un país soberbio, según dicen, un país desconocido, que yo sueño visitar con una vieja
amiga. Es un país singular, ahogado en las brumas del Norte, y que se podría llamar el Oriente del
Occidente o la China de Europa, porque allí ha vivido solo la ardiente y caprichosa fantasía, ilustrándola
tenaz y pacientemente con sus hermosas y delicadas vegetaciones.
Es un país magnífico, donde todo es bello, rico, tranquilo; donde el lujo se complace en mirarse
en el orden; donde la vida es sana y suave de respirar; donde el desórden, la turbulencia y lo improvisto
están excluidos; donde la dicha está casada con el silencio; donde la cocina misma es poética y excitante á
la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en los dias de miseria, esa nostalgia
del país que se desconoce, esa angustia de la curiosidad?
Hay una comarca que se te parece, donde todo es bello, rico y tranquilo, donde la fantasía ha
construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está casada
con el silencio. Allá es preciso que vayamos á vivir, allá es preciso que vayamos á morir.
Sí, en esa atmósfera sería bueno vivir, allá abajo, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes tocan la hora del goce con más profunda y significativa solemnidad.
Sobre testeros lucientes, ó sobre cueros dorados y de riqueza sombría, viven discretamente
figuras beatíficas, tranquilas y misteriosas, como las almas de los artistas que las crearon. Los reflejos del
poniente, que coloran tan ricamente la sala de comer ó el salón, entran tamizados por telas hermosas ó por
esas altas ventanas caladas que el plomo divide en numerosos compartimientos.
Los muebles son anchos, curiosos, extraños, armados de cerraduras y de secretos como almas de
seres refinados. Los espejos, los metales, las cortinas, la orfebrería y las porcelanas tocan para los ojos
18
Anexos
una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los ángulos, de todas las fisuras de las
gabetas [sic.] y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, que es como el alma de la
estancia.
Es un país magnífico, te digo, donde todo es rico, limpio y luciente, como una buena conciencia,
como una excelente batería de cocina, como una espléndida joyería, como una quincallería abigarrada.
Allí afluyen los tesoros del mundo, como á la casa de un hombre laborioso y que ha merecido bien del
mundo entero. Es un país singular, superior á los otros, como el Arte lo es á la Naturaleza, donde ésta está
reformada por el ensueño, donde está corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que busquen todavía, que acorten sin cesar los límites de la felicidad los
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premio de sesenta y cien mil florines al que resuelva sus
ambiciosos problemas! Ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul.
Flor incomparable, tulipán hallado, alegórica dalia ¿no es verdad que en ese país hermoso, tan
tranquilo y tan soñador, es preciso ir á vivir y á florecer? ¿No estarías allí encuadrada en tu analogía y no
te podrías mirar, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Ah! ¡sueños! siempre sueños! [sic.] y cuanto más ambiciosa y delicada en el alma, [sic.] tanto
más lejos de lo posible la apartan los ensueños. [sic.] Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural,
incesantemente segregada y renovada, y desde el nacimiento á la muerte ¿cuántas horas contamos de goce
positivo, de acción cumplida y saboreada? ¿Viviremos algún, dia, [sic.] pasaremos por ese cuadro que ha
pintado mi espíritu, por ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esas flores milagrosas, esos perfumes, todo eso
eres tú. Tambien eres esos grandes rios y esos canales tranquilos. Y esos enormes navios que chirrian,
cargados de riquezas, y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos
que duermen ó medan [sic.] sobre tu seno. Tu los conduces suavemente hacia la mar que es lo Infinito,
reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma bella:–y cuando fatigados por la marea y
abrumados por los productos del Oriente, vuelven á entrar en el puerto natal, son todavía mis
pensamientos enriquecidos que retornan de lo Infinito hacia tí.
HERNANI
La discusión, diario político (La Habana), lunes, 16 de junio de 1890:
La Cámara Doble.
(IMITACIÓN DE BAUDELAIRE.)
Es una cámara semejante á una fantasía, una cámara verdaderamente espiritual, donde la
atmósfera estancada está lijeramente [sic.] teñida de rosa y azul.
Allí toma el alma un baño de pereza, perfumado por el pesar y el deseo. Es una cosa que tiene
algo de crepuscular, de azulado y de rosáceo; un ensueño voluptuoso durante un eclipse.
19
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Los muebles tienen formas prolongadas, dolientes, abatidas. Parecen que sueñan, [sic.] que están
dotados de vida sonambólica [sic.] como el mineral y el vegetal. Las cortinas hablan una lengua muda,
como las flores, como los cielos, como los soles ponientes.
No hay una sola abominación artística en las paredes. Relativamente al ensueño puro, á la
impresión no analizada, el arte definido, el arte positivo es una blasfemia. Todo tiene aquí la suficiente
claridad y la deliciosa obscuridad de la armonía.
Un olor infinitesimal, elegido por gusto exquisito, al cual se mezcla una humedad muy ligera,
nada en esta atmósfera, donde el espíritu soñoliento está mecido por sensaciones de invernadero cálido.
La muselina llueve copiosamente ante las ventanas y ante el lecho, desarrollándose en torrentes
nevados. Sobre ese lecho está acostado el Idolo, la soberana de los ensueños. Pero ¿cómo está aquí?
¿quién la ha traido? ¿qué poder mágico la ha instalado en ese trono fantástico y voluptuoso? ¿Qué
importa? aquí está: reconozco.
Ahí están sus ojos, cuya llama atraviesa al crepúsculo; esos sutiles y servibles espejillos que
reconozco por su espantosa malicia. Ellos atraen, subyugan y devoran la mirada del imprudente que los
contempla. Muchas veces he estudiado esas estrellas negras que imponen la curiosidad y la admiración.
¿A qué demonio benévolo debo el estar así, rodeado de misterio, de silencio, de paz y de
perfumes? ¡Oh beatitud! Lo que nombramos generalmente la vida, hasta en su espansión mas feliz, no
tiene nada de común con esta vida suprema que conozco ahora y saboreo minuto por minuto, segundo por
segundo!
¡Nó! no hay minutos, no hay segundos! El tiempo ha desaparecido y la Eternidad reina, una
eternidad de delicias!
Pero un golpe terrible, fuerte, ha resonado en la puerta y, como en los ensueños infernales, me ha
parecido que recibía un azadonazo en el estómago.
Y un Espectro ha entrado después. Es un alguacil que viene á torturarme en nombre de la ley;
una infame abandonada que viene á llorarme miserias y á añadir las trivialidades de su vida á los dolores
de la mia ó bien el director de un diario que reclama la continuación del manuscrito.
La cámara paradisiaca, el ídolo, la soberana de los ensueños, la sílfide, como decía el gran René,
toda esa magia ha desaparecido al oir el golpe brutal del Espectro.
¡Horror! yo me acuerdo! yo me acuerdo! sí; esa estancia, ese albergue del estío eterno, es el mio.
Mirad los muebles vulgares, empolvados, rotos; las tristes ventanas en que la lluvia abrió surcos en el
polvo; los manuscritos raspados é incompletos; el almanaque donde el lapiz ha señalado fechas siniestras.
Y ese perfume de otro mundo que enervaba mi perfeccionada sensibilidad ¡ay! está reemplazado
por fétido olor de tabaco mezclado á no sé que nauseabunda podredumbre. Aquí se respira ahora lo rancio
de la desolación.
En este mundo estrecho, pero tan lleno de asco, un solo objeto conocido me sonríe: la redoma de
láudano, una vieja y terrible amiga y, como todas las amigas, ¡ay! fecunda en caricias y traiciones.
Sí! sí! el Tiempo ha reaparecido: el Tiempo reina ahora como soberano; y con el horrible viejo
ha vuelto su endemoniado cortejo de Recuerdos, de Pesares, de Espasmos, de Miedos, de Angustias, de
Pesadillas, de Cóleras y de Neurosis.
20
Anexos
Os aseguro que los segundos se acusan ahora fuerte y, solemnemente, y cada uno, al brotar del
péndulo, dice:–«Soy la Vida, la insoportable, la implacable Vida!»
No hay más que un segundo en la vida humana que tenga la misión de anunciar una buena
noticia, la buena noticia que causa á cada uno inexplicable miedo.
Sí; el Tiempo reina; ha vuelto á tomar su brutal dictadura. Y me empuja, como si fuese un buey,
con su doble aguijón, diciéndome:–«¡Arre, borrico! ¡Suda, esclavo! ¡Vive condenado!»
HERNANI
21
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 7: TRADUCCIÓN DE HOLGUÍN (1954) DEL POEMA EN PROSA
XXXV
LAS VENTANAS
El que mira desde afuera a través de una ventana abierta no ve nunca tantas cosas como aquel
que contempla una ventana cerrada. No hay objeto más profundo y misterioso, más oscuro y fecundo,
más deslumbrante que una ventana iluminada por una candela. Lo que puede verse a pleno sol es siempre
menos interesante que lo vislumbrado detrás de un ventanal. En ese hueco, negro o luminoso, vive la
vida, sueña la vida, sufre la vida.
Más allá del oleaje de los techos, alcanzo a ver una mujer, ya madura, ajada y pobre, inclinada
siempre sobre algún objeto, una mujer que no sale jamás. Con su rostro, con su vestido, con su gesto, casi
con nada, reconstruyo la historia de aquella mujer, o, más bien, su leyenda, y a menudo me la cuento a mí
mismo, llorando.
Si se tratara de un pobre anciano, yo reconstruiría su leyenda con la misma facilidad.
Y me acuesto luego, satisfecho de haber vivido y de haber sufrido en un ser distinto de mí
mismo, o en otros muchos seres.
Me dirás, acaso: «¿Estás seguro de que esa leyenda es la verdadera?» Pero, ¿qué importa lo que
pueda ser la realidad situada fuera de mí, si esa leyenda me ayuda a vivir, a sentir que existo, a sentir lo
que soy?
22
Anexos
ANEXO 8: TRADUCCIONES DE RICARDO BAEZA (1913) DE LOS POEMAS
EN PROSA XXXVI, XXXVII Y XLI
EL DESEO DE PINTAR
¡Desgraciado quizás el hombre, pero feliz el artista a quien el deseo desgarra!
Yo ardo en deseos de pintar a la que se apareció tan extrañamente y huyó tan aprisa, como una
bella cosa que añorar tras el viajero arrastrado por la noche. ¡Cuánto tiempo hace ya que desapareció!
Es bella, y más que bella; es sorprendente. En ella lo negro abunda: y todo lo que inspira es
nocturno y profundo. Sus ojos son dos astros en que centellea vagamente el misterio, y su mirada ilumina
como el relámpago: es una explosión en las tinieblas.
La compararía a un sol negro, si se pudiese concebir un astro negro vertiendo la luz y la dicha.
Pero más bien hace pensar en la luna, que sin duda la ha marcado con su temible influencia; no la luna
blanca de los idilios, que parece una fría desposada, sino la luna siniestra y embriagadora, colgada en el
fondo de una noche tempestuosa y atropellada por las nubes que corren; no la luna apacible y discreta
visitando el sueño de los hombres puros, sino la luna arrancada del cielo, vencida y rebelde, que las
hechiceras tesalias obligan duramente a danzar sobre la hierba aterrorizada.
En su frente breve habitan la voluntad tenaz y el amor de la presa. Sin embargo, en la parte
inferior de este rostro inquietante, donde la nariz móvil aspira lo desconocido y lo imposible, estalla, con
una gracia inexpresable, la risa de una gran boca, roja y blanca, y deliciosa, que hace soñar en el milagro
de una soberbia flor abierta en un terreno volcánico.
Hay mujeres que inspiran el deseo de vencerlas y de gozar de ellas; pero ésta sugiere el deseo de
morir lentamente bajo su mirada.
LOS BENEFICIOS DE LA LUNA
La Luna, que es el mismo capricho, miró por la ventana mientras dormías en tu cuna, y se dijo:
“Esta niñ me gusta”.
Y descendió muellemente su escalera de nubes y pasó sin ruido a través de los cristales. Luego
se extendió sobre ti con la ternura suave de una madre, y depositó sobre tu rostro sus colores. Tus pupilas
han quedado verdes, y tus mejillas extraordinariamente pálidas. Por contemplar a esta visitante tus ojos se
han ensanchado tan singularmente; y con tanta dulzura te apretó la garganta que conservaste para siempre
el deseo de llorar.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Mientras tanto, en la expansión de su alegría, la Luna llenaba toda la estancia como una
atmósfera fosfórica, como un veneno luminoso; y toda esta luz viva pensaba y decía: “Tú sufrirás
eternamente la influencia de mi beso. Tú serás bella a mi manera. Tú amarás de lo que yo amo y me ama:
el agua, las nubes, el silencio y la noche; el mar inmenso y verde; el agua informe y multiforme; el lugar
en que no estés; el amante que no conozcas; las flores monstruosas; los perfumes que hacen delirar; los
gatos que se extasían sobre los pianos y gimen como las mujeres, con una voz ronca y dulce.
“Y serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás la reina de los hombres de
ojos verdes cuya garganta apreté también en mis caricias nocturnas; de los que aman el mar, el mar
inmenso, tumultuoso y verde, el agua informe y multiforme, el lugar en que no están, a la mujer que no
conocen, las flores siniestras que semejan incensarios de una religión desconocida, los perfumes que
turban la voluntad, y los animales salvajes y voluptuosos que son los emblemas de su locura.”
Y por esto, maldita niña mimada, estoy ahora echado a tus pies, buscando en toda tu persona el
reflejo de la temible Divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza emponzoñadora de todos los
lunáticos.
EL PUERTO
Un puerto es una residencia encantadora para un alma fatigada de las luchas de la vida. La
amplitud del cielo, la arquitectura móvil de las nubes, las coloraciones cambiantes del mar, el centelleo de
los faros, son un prisma maravillosamente propio para distraer los ojos sin cansarlos nunca. Las formas
esbeltas de los navíos, de aparejo complicado, a los cuales la marea imprime oscilaciones armoniosas,
sirven para mantener en el alma el gusto del ritmo y de la belleza. Y luego, sobre todo, hay una especie de
placer misterioso y aristocrático para el que ya no tiene ni curiosidad ni ambición, en contemplar, echado
en la azotea o de codos sobre el muelle, todos esos movimientos de los que parten y de los que vuelven,
de los que todavía tienen la fuerza de querer, el deseo de viajar o de enriquecerse.
24
Anexos
ANEXO 9: TRADUCCIONES DE MANUEL ÁLVAREZ ORTEGA (1913) DE
LOS POEMAS EN PROSA I, VIII Y XXXIII
EL EXTRANJERO
—Hombre enigmático, di, ¿a quién amas más: a tu padre, a tu madre, a tu hermana o a tu
hermano?
—No tengo padre, ni madre, ni hermana, ni hermano.
—¿A tus amigos?
—Te sirves de una palabra cuyo significado hasta ahora no he comprendido.
—¿A tu patria?
—Ignoro en qué latitud se encuentra.
—¿A la belleza?
—La amaría con gusto, diosa e inmortal.
—¿Al oro?
—Lo odio como odias a Dios.
—¿Qué amas entonces, extraordinario extranjero?
—Amo a las nubes... a las nubes que pasan a lo lejos... a las maravillosas nubes.
EL PERRO Y EL FRASCO
—Precioso perro, buen perro, querido chucho, acércate y ven a respirar un perfume excelente
comprado al mejor perfumista de la ciudad.
Y el perro, moviendo la cola, signo, yo creo, que en estos pobres seres corresponde a la risa y a
la sonrisa, se acerca y coloca curioso su húmeda nariz en el frasco destapado; después, retrocediendo
repentinamente con temor, me ladra a manera de reproche.
—Ah, miserable perro, si te hubiera ofrecido un montón de excrementos los hubieras olfateado
con placer y acaso los hubieras devorado. Así tú, indigno compañero de mi triste vida, te asemejas a la
gente, a quien nunca se ha de ofrecer perfumes delicados que le irrite [sic], sino basura cuidadosamente
escogida.
EMBRIAGAOS
25
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Es preciso estar siempre ebrio. Esto es todo: la única cuestión. Para no sentir la horrible carga del
tiempo que desgarra vuestros hombros y os inclina sobre la tierra, es preciso embriagarse sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os parezca. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la triste
soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o desaparecida ya la embriaguez, preguntadle al
viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda,
a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y
el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser martirizados, esclavos del tiempo,
embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os parezca».
26
Anexos
ANEXO 10: RECUERDO DE INFANCIA – FÉLIX GRANDE (Badajoz, 1937-)
RECUERDO DE INFANCIA
Hoy el periódico traía sangre igual que de costumbre
venía chorreando como la tráquea de un ternero sacrificado
he visto chotos cabras vacas durante su degüello
bajo el agujero del cuello una orza se va llenando de sangre
los animales se contraen en sacudidas cada vez más nimias
de pronto ya no respiran ni por la nariz ni por la boca
sino por la abertura que la navaja hizo en la tráquea
en la cual aparecen burbujas a cada nueva respiración
a menudo parece que están completamente muertos
y no obstante aún se agitan una o dos veces suavemente
ahora sus ojos ya no miran tienen como una niebla
un teloncillo de color indeterminado que recuerda al ceniza
entonces el carnicero se incorpora con las manos manchadas
y procede a desollar y trocear el animal cadáver
para después pesarlo venderlo en porciones hacer su negocio
hoy el periódico traía sangre lo mismo que otros días
acaso unos cuantos estertores más que de hábito
pero cómo saberlo hay países que no especifican
por ejemplo el departamento de estado no da las cifras de las bajas
únicamente les agrega apellidos
bajas insignificantes bajas ligeras bajas moderadas
hoy el periódico traía sangre en volumen considerable
y mientras leo pacientemente civilizadamente el intento
de justificación de esos destrozos escrito de sutil manera
recuerdo vacas chotos la gran orza en el suelo
y recuerdo imagino pienso que unos cuantos carniceros
continúan desollando troceando pesando en sus básculas
haciendo su negocio mediante esos pobres animales sacrificados.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 11: ÍNDICE ONOMÁSTICO DE PERSONAJES REALES QUE
APARECEN EN EP1
ARETINO, PIETRO (1492-1556). [L] Poeta, escritor y dramaturgo italiano, escribió textos
que acompañaron las obras de su amigo Tiziano, así como poesía de carácter licencioso
y satírico. Protegido por poderosos que acaso temieran sufrir el castigo de su pluma, sus
escritos le obligaron a exiliarse, primero de su Arezzo natal y luego de Roma, y murió
en Venecia probablemente a causa de un ataque cerebral.
BERTRAND, ALOYSIUS (1807-1841). [A Arsène Houssaye] Considerado el padre del
poema en prosa, Bertrand escribió una única obra que pasaría a la posteridad, Gaspard
de la Noche, publicada con prefacio de SAINTE-BEUVE por David Angers y Victor
Pavie, que lo calificaría de «uno de los mayores desastres de la librería». ARSÈNE
HOUSSAYE citaría a Bertrand en su libro Voyage à ma fenêtre (1851). El subtítulo de la
obra de Bertrand, Fantasías a la manera de Rembrandt y Callot, remite sus poemas, y
por analogía los poemas en prosa de Baudelaire, al ut pictura poesis de HORACIO.
BUFFON, GEORGES LOUIS LECLERC
CONDE DE
(1707-1788). [L] Ilustrado autor de una
Historia Natural en 36 tomos que aparecerían entre 1749 y 1789, donde la zoología
ocuparía un lugar central. Según Robert Kopp, Baudelaire consideraba al académico
«un maestro en materia de lengua y estilo» a la altura de LA BRUYÈRE,
CHATEAUBRIAND o Gautier.
EPICURO
DE
SAMOS (341-270 a.C.). [XLV] Filósofo griego cuyo pensamiento
promulgaba el placer en la medida en que este condujera a la felicidad y alejara al
hombre del sufrimiento (hedonismo racional).
HORACIO FLACO, QUINTO (65-8 a.C). [XLV] Poeta del carpe diem, al que se refiere
Baudelaire en este poema, también acuñó en el verso 361 de su Arte poética la
1
Destacado entre corchetes el poema en el que se halla la referencia.
28
Anexos
expresión ut pictura poesis, «la poesía es como la pintura». A este respecto, podemos
remitirnos a la sección Cuadros parisinos de Las Flores del mal, amén de a los propios
poemas en prosa, auténtica ékfrasis poética de retablos de la gran urbe, figurados o no
(para Robert Kopp, [VI] podría inspirarse en un capricho de Goya, Tú que no puedes;
ver también más abajo la nota sobre JOSEPH STEVENS).
HOUSSAYE, ARSÈNE (1815-1896). Hombre de letras que dirigía La Presse cuando
Baudelaire publicó en dicho periódico Le Spleen de Paris, que el poeta le dedicó en un
texto [A Arsène Houssaye] empleado por Banville y Asselineau como encabezamiento
de la totalidad de poemas en la edición póstuma de 1869 (ver también la introducción a
esta edición). Arsène Houssaye escribirá un poema en prosa titulado La canción del
vidriero; «grito estridente», dirá Baudelaire en su dedicatoria, que contestará además su
«exaltación fraternitaria» –en palabras de Murphy– en [IX] El mal vidriero).
LA BRUYÈRE, JEAN
DE
(1645-1696). [XXIII] Moralista francés, «maestro inimitable»
(El pintor de la vida moderna), escribió en su obra principal Les caractères (1688):
«Todo nuestro mal viene de no poder estar solos: de ahí el juego, el lujo, la disipación,
el vino, las mujeres, la ignorancia, el infundio, la envidia, el olvido de sí mismo y de
Dios».
LÉLUT, LOUIS FRANÇOIS (1804-1877); BAILLARGER, JULES GABRIEL FRANÇOIS (18091890). [XLIX] Médicos alienistas que aplicaron en varias obras la ciencia psicológica a
la ciencia histórica con la intención de probar que el daimon socrático demostraba que
el filósofo griego estaba loco.
LISZT, FRANZ (1811-1886). [XXXII] Baudelaire y el célebre compositor se conocen en
1861 e intercambian respectivamente sendas copias dedicadas de Los paraísos
artificiales (1860) y De los bohemios y su música en Hungría (1859). Según Robert
Kopp, esta obra inspiraría al poeta Las vocaciones [XXXI].
MANET, ÉDOUARD (1832-1883). [XXX] Robert Kopp apunta que Manet, a quien
Baudelaire dedica La cuerda, sería asimismo el narrador de este «cuento cruel» que se
basaría en un hecho real: así, su desdichado protagonista sería un muchacho de nombre
Alexandre que sirvió de modelo para el cuadro El niño de las cerezas (1858/1859) y el
29
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
grabado El chico y el perro (1861/1862), y que acabaría ahorcándose en el estudio del
pintor.
MAURIN, NICOLAS (1799-1850). [XLVII] Grabador que expuso en el Salón de 1833 a
1835, en El pintor de la vida moderna, ensayo dedicado a otro grabador, Constantin
Guys, Baudelaire lo llama «historiador de las gracias fraudulentas de la Restauración».
PASCAL, BLAISE (1623-1662). [XXIII] En Pensamientos, obra publicada en 1670 a
partir de notas y aforismos encontrados en diversos manuscritos, el sabio mantiene que
«toda la infelicidad de los hombres viene de una sola cosa, que es no saber quedarse
reposando en una habitación».
PROUDHON, PIERRE-JOSEPH (1809-1865). Filósofo y escritor anarquista autor, entre otras
muchas, de un ensayo sobre la propiedad (a la cual equiparaba al robo) y de una
Filosofía de la miseria publicada en 1846, y a la que su hasta entonces amigo Karl Marx
respondería un año más tarde con su Miseria de la filosofía. El manuscrito del poema
[XLIX] acaba con la irónica frase (aparte): «¿Qué te parece, ciudadano Proudhon?», lo
que incita a relacionar los libros criticados al principio del poema con la obra del
filósofo. Por lo demás, la pieza, rechazada por La Revue nationale en 1865, fue
probablemente escrita a la muerte de Proudhon, al que Courbet, que había pintado a un
Baudelaire lector en 1847, dedicaría también un retrato el año de su deceso.
RÉGNIER, MATHURIN (1573-1613). [XLVII] Poeta de carácter satírico que al decir de
Asselineau influyó en el joven Baudelaire. La pluma de Victor Hugo quiere en Los
miserables que Régnier se emborrachara en la misma mesa de la misma taberna que el
pintor Charles-Joseph Natoire (1700-1777).
RENÉ (CHATEAUBRIAND, FRANÇOIS RENÉ
DE.
1768-1848). [V] La «Sílfide» es una
referencia a la mujer ideal que puebla como un fantasma constante su Memorias de
ultratumba (1848), autobiografía que también aparecería en forma de folletín en La
Presse. Entre sus notas publicadas de forma póstuma, Baudelaire consideraba en un
nuevo ejercicio de correspondencia a Chateaubriand, junto con Alphonse Rabbe y
Edgar A. Poe, como «la nota eterna, el estilo eterno y cosmopolita».
30
Anexos
ROQUEPLAN, NESTOR (1805-1870). [L] Director de ópera y teatro, escritor, periodista y,
ante todo, dandi, un folletín de Roqueplan publicado por primera vez el 16 de mayo de
1857 en La Presse serviría, por decirlo de algún modo, de cantera de imágenes a Los
buenos perros.
SAINTE-BEUVE, CHARLES-AUGUSTIN (1804-1869). [L] Considerado el padre de la
crítica moderna, fue también folletinista y escribió acerca de la obra de [5]
CHATEAUBRIAND y [XLIX] PIERRE-JOSEPH PROUDHON. [A Arsène Houssaye] En 1842,
prologó la primera edición, póstuma, del Gaspard de la Noche de ALOYSIUS BERTRAND.
SANTERRE, ANTOINE-JOSEPH (1752-1809). [XXIII] General de la Guardia Nacional que
ordenó que redoblaran los tambores antes de la ejecución de Luis XVI para evitar que el
pueblo oyera las últimas palabras del Borbón.
STERNE, LAURENCE (1713-1768). [L] Más conocido por su Tristram Shandy, publicó en
1768 Viaje sentimental por Francia e Italia. Baudelaire hace referencia al capítulo
«Nampont: el asno muerto» de esta última obra. También en su Salón de 1859
comparará este episodio a la visión de un «niño grotescamente vestido que retuerce con
torpeza su gorra en el templos de Dios» en el cuadro El Ángelus (1859) de Alphonse
Legros.
STEVENS, JOSEPH (1819-1892). [L] Pintor belga de la miseria a través de los perros;
según la nota que acompañaba al poema Los buenos perros en su primera publicación
en L’Indépendance belge, y que sería confirmado por Poulet-Malassis, antiguo editor de
Baudelaire, el poema se basaría en un hecho real: durante su estancia en Bélgica,
Baudelaire se encaprichó por un chaleco de Stevens que consideraba sugestivo y el
pintor se lo regaló con la condición de que el poeta escribiera algunas líneas en honor a
los perros de los pobres. Baudelaire tomaría inspiración en el cuadro de Stevens Interior
de saltimbanqui, expuesto en el Salón de 1857, que había podido contemplar en la
colección Crabbe de Bruselas.
SWEDENBORG, EMANUEL (1688-1772). [XVIII] Autor de Del cielo y sus maravillas y
del infierno y del Tratado de las representaciones y de las correspondencias, donde
31
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
define la famosa teoría que dará nombre al celebérrimo poema Correspondencias de
Las Flores del Mal.
TEÓCRITO (310-260 a.C.) [L] Poeta griego, padre de la poesía bucólica autor de los
Idilios, donde celebra la vida campesina mayormente mediante diálogos entre pastores.
VAUVENARGUES, LUC
DE
CLAPIERS
MARQUÉS DE
(1715-1747) [XIII]. Baudelaire se
remite al pasaje «Sobre las miserias ocultas» de las Reflexiones y máximas (1746) de
este moralista:
[...] no hay día que al entrar al Luxemburgo o a cualquier otro jardín público no me vea rodeado
de todas las miserias sordas que acucian a los hombres[. E]n las alamedas apartadas encuentro
miserables que rehuyen la vista de los felices, viejos que ocultan la vergüenza de su pobreza,
jóvenes que el error de la gloria mantiene alejados de sus quimeras; mujeres condenadas al
oprobio por la ley de la necesidad, ambiciosos que acaso concierten temeridades inútiles para
salir de la oscuridad.
VIRGILIO MARÓN, PUBLIO (70-19 a.C.). [L] Autor de Las bucólicas, poemas que
imitaban la manera pastoril de los Idilios del griego TEÓCRITO. Virgilio guía a Dante en
su Divina Comedia a través de los círculos del Infierno y el Purgatorio, y así lo
representarían numerosos artistas del XIX como Delacroix, cuyo Dante y Virgilio
(1822) fascinaba a Baudelaire.
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Anexos
ANEXO 12: TRADUCCIONES DE XXIX – LE JOUEUR GÉNÉREUX
1905: EUSEBIO HERAS
XXIX – EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, á través de la muchedumbre del bulevar, me sentí codeado por un Ser misterioso á quien
había siempre querido conocer, y á quien reconocí en seguida, aun cuando jamás le hubiera visto. Había,
sin duda, en él, con respecto á mí, un deseo análogo, porque, al pasar, hízome un guiño significativo, al
cual me apresuré yo á obedecer.
Le seguí atentamente, y pronto bajé detrás de él á una morada subterránea, deslumbrante, en la
cual reinaba un lujo de que no hubieran dado ejemplo aproximado las más elegantes habitaciones de
París.
Me pareció singularísimo haber podido pasar tantas veces junto á aquella prestigiosa guarida sin
adivinar su entrada.
Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque embriagadora, que hacía olvidar casi
instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; respirábase una sombría beatitud, análoga á la
que debieron experimentar los comedores de Loto cuando, al desembarcar en una isla encantada,
alumbrada por los fulgores de una eterna tarde, sintieron nacer en sí, bajo los sonidos adormecedores de
las melodiosas cascadas, el deseo de no volver á ver nunca sus casas, sus mujeres, sus hijos, y de no
volver á viajar nunca por la superficie del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que me
parecía haber visto ya en épocas y en países de los cuales me era imposible acordarme exactamente, y que
me inspiraban más bien una simpatía fraternal que aquel temor que nace ordinariamente en presencia de
un desconocido. Si quisiera tratar de definir de un modo cualquiera la expresión singular de sus miradas,
diría que nunca ví ojos en que brillasen más enérgicamente el horror del fastidio y el deseo inmortal de
sentirse vivir.
Al sentarnos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y buenos amigos. Comimos, bebimos con
exceso de toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, al cabo de
algunas horas, que no estaba más borracho que él.
Mientras tanto el juego, ese placer sobrehumano, había cortado á ratos nuestras frecuentes
libaciones, y debo decir que yo había jugado y perdido mi alma, en empeñada partida, con una
despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, inútil con tanta frecuencia y
á veces tan fastidiosa, que vine á experimentar, en lo que á pérdida tal respecta, una emoción algo menor
que si hubiese perdido dando un paseo mi tarjeta de visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la
nostalgia de un país y de dichas desconocidas, y, embriagado con delicias tantas, me atreví en un acceso
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
de familiaridad que no pareció desagradarle, á exclamar, apoderándome de una copa llena hasta los
bordes:
“¡A la inmortal salud de usted, viejo Macho cabrío!”
Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la fatuidad
humana. Acerca de este punto, Su Alteza no escaseaba las bromas ligeras é irrefutables; y se expresaba
con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la bufonada que no he encontrado en ninguno de los
más célebres decidores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que hasta
entonces habían tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó hablarme confidencialmente de
algunos principios fundamentales, de los cuales no me conviene compartir los beneficios y la propiedad
con nadie. No se quejó en manera alguna de la mala reputación de que goza en todas partes,
asegurándome que era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que
no había tenido miedo, con respecto á su propio poder, más que una vez, cierto día que oyó á un
predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito:
“Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis alabar el progreso de las luces, que la
más bella de las farsas del diablo es persuadiros de que no existe.”
El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente al asunto de las academias; y mi
extraño anfitrión me aseguró que no le sabía mal, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, á todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si le había visto
recientemente.
Me respondió con una indiferencia en que se veía cierta tristeza:
“Nos saludamos cuando nos encontramos; pero como dos hidalgos en quienes una cortesía innata
no puede extinguir por completo el recuerdo de antiguos rencores”.
Dudoso es que Su Alteza haya nunca dado tan larga audiencia á un simple mortal, y temía estar
abusando. Por último, como el alba temblorosa blanquease ya los vidrios, aquel célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos, que sin saberlo trabajan para su gloria, me dijo:
“Quiero que conserve usted de mí buen recuerdo, y probarle que yo, que tan mal tratado soy, soy
á veces buen diablo, sirviéndome de una de las locuciones vulgares de ustedes. A fin de compensar la
irremediable pérdida que ha tenido usted de su alma, le doy el premio que hubiese usted ganado si la
suerte le hubiera sido propicia, es decir, la posibilidad de aliviar y vencer, durante su vida, la chocante
afección del Aburrimiento, que es la fuente de todas las enfermedades y todos los miserables progresos de
ustedes. Nunca tendrá usted un deseo que yo no le ayude á realizar; reinará usted sobre sus vulgares
semejantes; será usted halagado y hasta adorado; el dinero, el oro, los brillantes, los palacios fantásticos,
les buscarán á usted y le rogarán los acepte, sin que haya usted hecho un esfuerzo para ganarlos; cambiará
como usted de patria y de comarca tan á menudo como su fantasía se lo ordene; se hartará usted de
voluptuosidades, sin cansarse nunca, en países encantadores en que hace siempre calor y donde las
mujeres huelen tan bien como las flores... Etcétera, etcétera”, añadió levantándose y despidiéndome con
una sonrisa.
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Anexos
Si no hubiera sido por el temor de humillarme ante tan numerosa asamblea, de buena gana
hubiese caído de rodillas á los pies de aquel generoso jugador para darle las gracias por su inusitada
munificencia. Pero poco á poco, luego de separarme de él, la incurable desconfianza volvió a mi pecho;
no me atreví á creer en tan prodigiosa dicha; y, al acostarme, haciendo aún mi oración por un resto de
costumbre imbécil, repetía en un ensueño:
“¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío! ¡haced que el diablo cumpla su palabra!”
1918: JOSÉ FRANCÉS
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso al que
siempre había deseado conocer, y al que reconocí en seguida, aunque no le había visto nunca.
Seguramente sentía, respecto de mí, un deseo análogo, porque al pasar me guiñó el ojo de un
modo significativo que me obligó a seguirle. Bien pronto descendí detrás de él en una mansión
subterránea y deslumbradora donde resplandecía un lujo del que ninguno de los salones principales de
París podía ofrecer un ejemplo aproximado. Me pareció singular que hubiese podido pasar tantas veces al
lado de aquel prestigioso refugio sin adivinar su entrada.
Reinaba allí una atmósfera exquisita y capitosa que hacía olvidar instantáneamente todos los
fastidiosos horrores de la vida. Se respiraba allí una sombría beatitud análoga a la que deben sentir los
comedores de lotos cuando, desembarcando en una isla encantada, iluminada por los fulgores de una tarde
eterna, sienten nacer en ellos, al son adormecedor de gloriosas cascadas, el deseo de no ver nunca más sus
penates, sus mujeres, sus hijos, de no remontar nunca las altas olas del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, maculados de una belleza fatal, y que me
parecía haberles visto ya en épocas y en países de los cuales me era imposible acordarme exactamente;
rostros que me inspiraban una simpatía fraternal en vez de ese temor que brota ordinariamente frente a un
desconocido.
Si quisiera definir la expresión singular de sus miradas, diría que nunca he visto brillar en los
ojos más enérgicamente el horror del fastidio y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Mi huésped y yo nos habíamos ya hecho viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos
exageradamente de toda clase de vinos extraordinarios, y —lo que es más extraordinario todavía— me
pareció después de muchas horas, que yo no estaba más borracho que él. Mientras tanto el juego, ese
placer sobrehumano, había cortado, con diversos intervalos, nuestras frecuentes privaciones. Y debo decir
que había jugado y perdido mi alma con una inconsciencia y una ligereza heroicas.
El alma es una cosa tan impalpable, tan inútil a veces y casi siempre molesta, que no sentí al
perderla más emoción que si hubiera perdido durante un paseo una tarjeta de visita.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Fumamos mucho tiempo algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparable producían la
nostalgia de países y dichas desconocidas. Enervado de todas estas delicias me atreví, en un acceso de
familiaridad que no pareció desagradarle mucho, exclamar levantando una copa llena hasta el borde:
—¡A vuestra inmortal salud, viejo Macho cabrío!
Hablamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura, de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas del enfautamiento
[sic] humano. Sobre este punto su alteza empleaba bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una
suavidad de dicción y una tranquilidad zumbona que no he encontrado en ninguno de los más célebres
conversadores de la humanidad.
Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que habían hasta entonces tomado posesión del
cerebro humano y se dignó hacerme la confidencia de algunos principios fundamentales, de los cuales no
me conviene compartir los beneficios y la propiedad con el primero que se presente.
No se quejó de ningún modo de la mala reputación que tiene en todas las partes del mundo, y me
aseguró que era precisamente el más interesado en destruir la superstición, confesándome que la única
vez en que tuvo miedo de perder su poderío, fue oyendo decir a un predicador más sutil que sus
compañeros, desde el púlpito: «No olvidéis, queridos hermanos, cuando oigáis elogiar el progreso de las
luces, que la mayor astucia del diablo es la de pesuadirnos [sic] que [sic] no existe».
El recuerdo de este célebre orador nos llevó, naturalmente, a hablar de las academias, y mi
extraño anfitrión me afirmó que en muchos casos no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia e los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto
recientemente.
Me contestó con una despreocupación no exenta de cierta tristeza. Cuando nos encontramos nos
saludamos ceremoniosamente como dos viejos gentiles hombres en quienes la innata cortesía no logra
extinguir por completo el recuerdo de antiguos rencores.
Dudo que nunca haya concedido su alteza una audiencia tan larga a un simple mortal. No me
atreví, por lo tanto, a abusar por más tiempo. Y cuando el alba temblorosa blanqueaba ya los cristales, el
célebre personaje, cantado ya por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria
sin darse cuenta de ello, me dijo:
—Quiero que conserve usted de mí un buen recuerdo y probarle que yo, de quien se han dicho
tantas cosas malas, soy a veces un pobre diablo, como dice una de vuestras vulgares frases. A fin de
compensar la pérdida irreparable de su alma, le concedo a usted la puesta que hubiese ganado si la suerte
le hubiera sido favorable; es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer durante toda su vida ese extraño
afecto del hastío que es la fuente de todas sus enfermedades y de todos los miserables progresos. Nunca
sentirá usted un deseo sin que yo le ayude a realizarlo; reinará sobre la vulgaridad de sus semejantes; le
adularán e incluso le prestarán adoración; la plata, el oro, los diamantes, los palacios fabulosos, vendrán a
buscarle sin que haga el menor esfuerzo para conseguirlo; cambiará de patria y de comarca cuantas veces
lo desee; se embriagará de voluptuosidades sin cansarse nunca, en países encantadores donde hace
36
Anexos
siempre calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, y etc., etc., etc. —añadió levantándose
y despidiéndose con afable sonrisa.
Si no hubiera sido por el temor de humillarme delante de aquella asamblea, me hubiese arrojado
de muy buena gana a los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia.
Pero más tarde, cuando me separé de él, volví a sentir la incurable desconfianza. No me atreví a
creer en una felicidad tan prodigiosa, y al acostarme repitiendo mis oraciones por una costumbre imbécil,
repetí entre sueños:
—Dios mío, ¡oh Señor!, haced que el diablo me cumpla su palabra.
1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre tuve
deseo de conocer, y a quien reconocí en seguida, aunque no le hubiese visto jamás. Había, sin duda, en él
para conmigo un deseo análogo, porque al pasar me lanzó significativamente un guiño, al que me di prisa
por obedecer. Le seguí con atención, y pronto bajé detrás de él a una mansión subterránea deslumbradora,
en que brillaba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría ofrecer ejemplo
aproximado. Parecíame raro que hubiese podido yo pasar tan a menudo cerca de aquel misterioso cobijo
sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque de mareo, que casi hacía olvidar
instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; respirábase allí una sombría beatitud, análoga
a la que debieron de sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada
por los resplandores de una eterna prima tarde, sintieron nacer dentro de sí el sonido adormecedor de las
cascadas melodiosas, el deseo de no volver a ver nunca a sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no
tornar nunca a mecerse en las altas olas del mar.
Había allí rastros [sic] extraños de hombres y de mujeres, señalados por una hermosura fatal, que
me parecía haber ya visto en épocas y en países que no podía recordar exactamente, y antes me
inspirataban fraternal simpatía que ese temor nacido de ordinario al aspecto de lo desconocido. Si
intentara definir de un modo cualquiera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca vi ojos en
que más enérgicamente brillara el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Mi huésped y yo éramos ya, cuando nos sentamos, antiguos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos sin tasa toda clase de vinos extraordinarios, y lo que es más extraordinario aún, me pareció,
después de varias horas, que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, placer
sobrehumano, había interrumpido con diversos intervalos nuestras libaciones frecuentes, y tengo que
deciros que me había jugado y perdido el alma, mano a mano, con una despreocupación y una ligereza
heroicas. El alma es cosa tan impalpable, tan inútil a menudo, y en ocasiones tan molesta que al perderla,
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
no sentí más que una emoción algo menor que si se me hubiera extraviado, yendo de paseo, una tarjeta de
visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables daban al alma la
nostalgia de países y de venturas desconocidos, y embriagados de tantas delicias, me atreví, en un acceso
de familiaridad que no me pareció desagradable, a exclamar, echando mano a una copa llena hasta el
borde: «¡A vuestra salud, inmortal viejo Chivo!»
Hablamos también del Universo, de su creación y de su destrucción futura; de la idea grande del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de la infatuación
humana. Tratándose de esto, su alteza no agotaba las chanzas ligeras e irrefutables, expresándose con una
suavidad de dicción y una tranquilidad en la chacota que no he visto nunca en ninguno de los más
célebres conversadores de la Humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que se habían
posesionado hasta entonces del cerebro humano, y hasta se dignó declararme, en confianza, algunos
principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó
en lo más mínimo de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo; me aseguró que él, en
persona, era el mayor interesado en destruir la superstición, y llegó a confesarme que no había temido por
su propio poder más que una vez sola, el día en que oyó decir desde el púlpito a un predicador más listo
que sus cofrades: «Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces,
que la más bonita astucia del diablo está en persuadiros de que no existe.»
El recuerdo de aquel célebre orador nos llevó naturalmente al asunto de las academias; mi
extraño huésped me afirmó que no tenía a menos, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra, la
conciencia de los pedagogos, y que asistía siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto
recientemente. Me contestó con un despego matizado de alguna tristeza: «Nos saludamos si nos vemos,
pero como dos caballeros ancianos que no hubieran conseguido apagar del todo el recuerdo de pasadas
rencillas en una cortesía innata.»
Es dudoso que su alteza haya dado jamás audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía estar
abusando. Por fin, cuando la trémula aurora blanqueaba los cristales, aquel famoso personaje, cantado por
tantos poetas y servido por tantos filósofos que, sin saberlo, trabajan por su gloria, me dijo: «Quiero que
tenga buen recuerdo de mí, y voy a demostrarle que yo, de quien tan mal se habla, soy algunas veces un
buen diablo, para servirme de una locución vulgar. En compensación por la pérdida irremediable de su
alma, le doy la puesta que hubiese ganado si la suerte se hubiera declarado a favor suyo, es decir, la
posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda la vida, esa rara afección del hastío, fuente de todas
vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formulará deseo que yo no le
ayude a realizar; reinará sobre todos sus vulgares semejantes; tendrá buena provisión de halagos y aun de
adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios de magia saldrán a buscarle, y le rogarán que los
acepte, sin que haya necesidad de esfuerzo para guardarlos; cambiará de patria y de país tan a menudo
como su fantasía se lo ordene; se emborrachará de placeres, sin cansancio, en países encantadores donde
siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, etc., etc…», añadió levantándose
y despidiéndome con amable sonrisa.
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Anexos
Si no hubiera sido por temor a humillarme delante de tan numerosa asamblea, de buena gana
hubiese yo caído a los pies del generoso jugador, para darle las gracias por su munificencia inaudita. Pero
poco a poco, luego que le hube dejado, fue volviendo a mi seno la desconfianza incurable; no me atreví
ya a creer en felicidad tan prodigiosa, y mientras me acostaba, rezando una vez más por un resto de
costumbre imbécil, repetíame medio dormido: «¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haced que el diablo me
cumpla su palabra!»
1942: AGUSTÍN ESCLASANS
XXIX – EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, a través de la multitud del Boulevard, me sentí rozado por un Ser misterioso, que siempre
había deseado conocer, y que reconocí en seguida, aunque no lo hubiese visto nunca. Había, sin duda, en
él, relativamente a mí, un deseo análogo, pues al pasar me guiñó un ojo de un modo significativo, y yo me
apresuré a obedecer. Le seguí atentamente, y pronto bajé con él a un subterráneo, una habitación
deslumbrante, en la que estallaba un lujo que no encontraríamos en ninguna de las más bellas
habitaciones de París. Me pareció curioso que yo hubiese podido pasar tan a menudo por el lado de ese
prestigioso refugio sin adivinar su entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita, aunque algo corrupta,
que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba allí una
beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar
en una isla encantada, iluminada por la claridad de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, a los sones
enervantes de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás sus penates, sus mujeres, sus
hijos, y de no aparecer nuevamente en las altas olas del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que ya me
parecía haber visto en épocas pasadas y en países de los que me era imposible acordarme exactamente, y
que me inspiraban más bien una simpatía fraterna que no ese temor que nace ordinariamente ante el
aspecto de lo desconocido. Si yo quisiese definir, de algún modo, la expresión singular de sus miradas,
diría que jamás vi ojos que brillasen más enérgicamente con el horror del tedio y el deseo inmortal de
sentirse vivir.
Mi huésped y yo, al sentarnos, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos y bebimos, a
nuestro placer, toda clase de vinos extraordinarios, y me pareció, después de muchas horas, que yo no
estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había cortado, a diversos
intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que yo había jugado y perdido mi alma, en partida
recia, con una despreocupación y una inconciencia heroica. El alma es una cosa tan impalpable, y a
menudo tan inútil, y a veces tan molesta, que ante esa pérdida no experimenté más emoción que si
hubiese perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita.
Fumamos tranquilamente algunos cigarros, cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma
la nostalgia de países y felicidades desconocidas, y embriagado por todas esas delicias, me atreví, en un
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
exceso de familiaridad que no pareció desagradable, a exclamar, tomando una copa llena hasta el borde:
«¡A vuestra salud, inmortal viejo macho cabrío!»
Hablamos también del universo: de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y e la perfectabilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación
humana. Sobre este asunto, Su Alteza no dejaba de bromear, con ironías leves e irrefutables, y se
expresaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la burla que no he encontrado en ninguno de
los más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó la absurdidad de las diferentes filosofías que
hasta ahora han tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó confiarme algunos principios
fundamentales, cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó, en
manera alguna, de la mala reputación de que disfruta en todas las partes del mundo; y me aseguró que ella
misma era la persona más interesada en la destrucción de la superstición; y me confesó que sólo había
sentido miedo, respecto a su propio poder, una sola vez, el día que escuchó a un predicador, más sutil que
sus colegas, que decía entre otras cosas: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando escuchéis
alabar el progreso y eso que llaman las luces, que la más bella de las artimañas del diablo consiste en
persuadiros de que él no existe!»
El recuerdo de ese célebre orador nos condujo naturalmente hacia la cuestión de las academias, y
mi extraño convidado me afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si hacía tiempo que lo había
visto. Me contestó, con una indiferencia velada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos
encontramos, pero como dos viejos gentileshombres, en los que una educación innata no basta para
extinguir del todo el recuerdo de antiguos rencores».
Es dudoso que Su Alteza haya dado nunca una audiencia a un simple mortal, y temí abusar.
En fin, como que ya la aurora temblorosa emblanquecía los cristales, ese célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos, que trabajan en favor de su gloria sin saberlo, me
dijo: «Quiero que guardeis de mí un buen recuerdo, y probaros que Yo, del que se dice tanto mal, soy a
veces un buen diablo, para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. Con el fin de compensaros la
pérdida irremediabe de vuestra fama, yo apuesto a que habríais ganado, si la suerte os hubiese favorecido,
esto es, obtenido la posibilidad de domar y vencer, durante toda vuestra vida, esa extraña afección que se
llama Tedio, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Jamás
formularéis un deseo, sin que yo os ayude a realizarlo; reinaréis sobre vuestros vulgares semejantes;
obtendréis halagos, y hasta adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios encantados, vendrán
hacia vos, y os rogarán que los aceptéis, sin que debáis hacer ningún esfuerzo para ganarlos; cambiaréis
de patria y de lugar tan a menudo como vuestra fantasía os lo ordene; os saturaréis de voluptuosidades,
sin cansaros nunca, en países deliciosos, en los que siempre hace calor, y donde las mujeres huelen tan
bien como las flores»—etcétera, etcétera... añadió él, levantándose y despidiéndome con una buena
sonrisa.
Si no hubiese temido humillarme ante una tan grande asamblea, habría caído a los pies de aquel
jugador generoso, para darle gracias por su inusitada munificencia. Pero, poco a poco, cuando le hube
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Anexos
dejado, la incurable desconfianza penetró en mi pecho; no me atrevía a creer en tan prodigiosa felicidad, y
al acostarme, haciendo otra vez mi plegaria cotidiana, repetí ya medio dormido: «¡Dios mío! ¡Señor!
¡Dios mío! ¡Haced que el diablo cumpla su palabra! »
1973: VICENTE GIL VILACHE
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso que siempre
había deseado conocer y que reconocí en seguida, aunque nunca lo había visto. Tenía sin duda con
relación a mí, el mismo deseo, pues al pasar me hizo un guiño significativo al que yo me apresuré a
obedecer. Le seguí atentamente y pronto bajé detrás de él a una estancia subterránea, deslumbradora,
donde resplandecía un lujo con el que no podía competir el de ninguna de las habitaciones superiores de
París. Me parecía extraño que yo hubiese pasado tan a menudo cerca de aquella prestigiosa guarida sin
advertir su entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita, aunque mareante, que hacía olvidar casi al
momento todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría semejante a la que
debieron experimentar los comedores de loto cuando al desembarcar en una isla encantada, iluminada por
los fulgores de un eterno mediodía, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de las melodiosas
cascadas, el deseo de no volver a ver nunca más sus hogares, sus mujeres, sus hijos, y de no volver nunca
más a mecerse en las altas olas del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados con una belleza fatal, que me parecía
haber ya visto en otras épocas y en otros países de los que me era imposible acordarme exactamente, y
que me inspiraban más bien una simpatía fraternal que ese temor que nace ordinariamente a la vista de lo
desconocido. Si quisiese intentar definir de cualquier forma la expresión singular de sus miradas diría que
nunca vi ojos en que brillase con más fuerza el horror al hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Al sentarnos, mi huésped y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos sin
restricción toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, después de varias horas
me parecía que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano, había
cortado con diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y tengo que decir que había jugado y
perdido mi alma, mano a mano, con una indiferencia y una ligereza heroicas. El alma es una cosa tan
impalpable, tan a menudo inútil y algunas veces tan molesta, que, al perderla, sentí un poco menos de
emoción que si hubiese extraviado, paseándome, una tarjeta de visita.
Fumamos lentamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la
nostalgia de países y de dichas desconocidas, y embriagado de todas aquellas delicias me atreví, en un
acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, a gritarle, amparándome en una copa llena hasta el
borde. «¡A su salud, viejo Chivo!»
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y del perfeccionamiento, y en general, de todas las formas de la infatuación
humana. Sobre este sujeto, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se explicaba con una
suavidad de dicción y una tranquilidad tal en las cosas grotescas que yo nunca he encontrado en ninguno
de los grandes conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que
hasta entonces habían tomado posesión del cerebro humano, y hasta se dignó hacerme confidente de
algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con quien
quiera. No se lamentó de ninguna forma de la mala reputación que gozaba en todas las partes del mundo;
me aseguró que él mismo era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó
que solamente una vez había tenido miedo por su propio poder, fue el día que escuchó a un predicador,
más sutil que sus cofrades, gritar desde el púlpito: «Queridos hermanos, no olvidéis nunca cuando oigais
[sic] alabar los progresos de las luces, que la más bella astucia del diablo es la de persuadiros de que él no
existe».
El recuerdo de aquel célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias, y
mi extraño huésped me afirmó que no desdeñaba en muchos casos inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto
recientemente. Me respondió con una indiferencia matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando
nos encontramos, pero como dos viejos caballeros en los que la cortesía innata no ha sabido apagar del
todo el recuerdo de antiguos rencores».
Es dudoso que Su Alteza haya dado alguna vez una audiencia tan larga a un simple mortal, y yo
temía abusar. Al fin, cuando la aurora estremecida blanqueaba los cristales, aquel célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan por su gloria sin saberlo, me dijo:
«Quiero que guardes de mí un buen recuerdo y probarte que yo, de quien tanto malo se dice, soy alguna
vez buen diablo, para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de recompensarte por la
pérdida irremediable de tu alma, te concedo la apuesta que hubieses ganado si la suerte hubiera estado de
tu parte; es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer durante toda tu vida, esa extraña afección del
Hastío que es la fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Todos
los deseos que formules te ayudaré a realizarlos; reinarás sobre tus vulgares semejantes; estarás lleno de
agasajos y hasta de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios feéricos, vendrán a buscarte y
te rogarán que los aceptes sin que tengas que hacer ningún esfuerzo para ganarlos; cambiarás de patria y
de lugar tan a menudo como tu fantasía te lo ordene; te embriagarás de voluptuosidades, sin cansancio, en
países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, y etc.,
etc.», añadió levantándose y despidiéndose con una amable sonrisa.
Si no hubiese sido por el temor de humillarme ante tan gran asamblea, gustoso hubiera caído a
los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su largueza inaudita. Pero, poco a poco, después que
le hube dejado, volvió a mí la incurable desconfianza; ya no me atrevía a creer en una dicha tan
prodigiosa, y al acostarme, rezando mi plegaria como siempre por una costumbre estúpida, repetía medio
dormido: «¡Dios mío, Señor, Dios mío, haz que el diablo cumpla su palabra!»
42
Anexos
1975: ALAIN VERJAT
XXXIII
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre
había deseado conocer y al que reconocí en seguida, aunque no le había visto nunca. Él debía desear lo
mismo respecto a mí porque al pasar, me guiñó el ojo de manera significativa en una invitación a la que
me apresuré a corresponder. Le seguí con atención, y al cabo de poco tiempo bajaba tras él a una mansión
subterránea, deslumbrante, donde se manifestaba un lujo al que no se acerca ninguna de las casas
superiores de París. Me resultó extraño haber podido pasar tantas veces al lado de la entrada de esta
guarida sin verla. Allí reinaba un ambiente delicioso, aunque embriagador, que hacía olvidar de inmediato
todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una sombría beatitud, semejante a la que
experimentaron los comedores de lotos cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por la
luz de un eterno atardecer, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de las melodiosas cascadas, el
deseo de no volver a ver nunca sus lares, sus mujeres, sus hijos, y de no volver a viajar por el alto oleaje
del mar.
Allí había extraños rostros de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal que me parecía
haber visto ya en unas épocas y países que no conseguía recordar exactamente y que, más bien, me
inspiraban una simpatía fraternal que aquel temor que suele nacer cuando se contempla lo desconocido. Si
quisiera tratar de definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que nunca vi brillar
ojos tan enérgicamente por el horror del tedio y las inmortales ganas de sentirse vivir.
Al sentarnos, mi huésped y yo, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos más de
la cuenta toda suerte de vinos extraordinarios y, detalle no menos extraordinario, al cabo de varias horas,
me parecía que no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, placer sobrehumano, habiá
interrumpido en varias ocasiones nuestras frecuentes libaciones y debo decir que había jugado y perdido
mi alma en una apuesta, con una displicencia y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable,
tantas veces inútil y en ocasiones tan molesto, que, en lo que atañe a esta pérdida, no sentía más emoción
que si hubiese perdido mi tarjeta de visita durante un paseo.
Durante largo rato estuvimos fumando algunos puros, cuyo sabor y aroma incomparables
inspiraban al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos y, ebrios de todas estas delicias, me atreví,
en un arrebato de familiaridad que no pareció resultarle desagradable, a exclamar cogiendo una copa llena
hasta el borde: «¡A tu salud, viejo Cabrón!»
Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectabilidad [sic] y, de una manera general, de todas las formas del
engreimiento humano. Sobre este tema, su Alteza no paraba de contar bromas ligeras e irrefutables, y se
expresaba con una flexibilidad de dicción y una serenidad en lo cómico que no encontré en ninguno de
43
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
los más famosos conversadores de la humanidad. Me explicó la absurdidad de las diversas filosofías que,
hasta el momento, se habían adueñado del cerebro humano e incluso se dignó decirme confidencialmente
algunos principios fundamentales cuyo beneficio no me conviene compartir con nadie. No se quejó en
modo alguno de la mala fama que tiene en todo el mundo, se aseguró que era la persona que más interés
tenía en la destrucción de la superstición, y me confesó que no había tenido [sic] por su poder personal
más que una vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el
púlpito: «Queridos hermanos, cuando oigan pregonar el progreso de las luces, ¡no olviden que la mejor
astucia del diablo consiste en convencerles de que no existe!»
El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias y mi extraño
huésped me afirmó que no le repugnaba, en más de una ocasión, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que presenciaba casi siempre, aunque permanecía invisible, las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si lo había visto
recientemente. Me contestó con displicencia matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos
encontramos, pero como dos viejos gentilhombres en quienes la cortesía innata no consigue borrar del
todo el recuerdo de antiguas diferencias.»
Es poco probable que su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal y
temía abusar. Por fin, como la trémula alba coloreaba las ventanas, el famoso personaje, celebrado por
tantos poetas y servido por tantos filósofos que contribuyen a su mayor gloria sin saberlo, me dijo:
«Quiero que conserve un buen recuerdo de mí, quiero demostrarle que Yo, de quien a veces dicen tantas
cosas malas, soy de vez en cuando un buen diablo, para utilizar una de sus expresiones vulgares. Para
compensar la irremediable pérdida de su alma, le daré lo que hubiese ganado si la muerte [sic] le hubiese
favorecido, es decir, la posibilidad de vencer, durante toda su vida, esta rara dolencia del Tedio, que es la
fuente de todas sus enfermedades y de todos sus despreciables progresos. No formulará nunca un deseo
sin que yo le ayude a realizarlo; reinará sobre sus semejantes vulgares; no le faltarán loanzas e incluso
adoradores; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño, le vendrán a buscar y le suplicarán
que los acepte, sin que haya hecho un solo esfuerzo para ganarlos; cambiará de patria y de país tantas
veces como su fantasía se lo ordene; se embriagará con voluptuosidades, sin hastiarse nunca, en países
encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores; — et coetera,
et coetera [sic]…» — añadió levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa.
Si no hubiese sido por temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, a gusto hubiese caído a
los pies de este jugador generoso para agradecerle su inaudita esplendidez. Pero poco a poco, después de
dejarle, la incurable desconfianza se fue deslizando en mi corazón; ya no me atrevía a creer en tan
prodigiosa dicha y, al acostarme, volviendo a decir mis oraciones en un resto de estúpida costumbre, iba
repitiendo entre despierto y dormido: «¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haz que el demonio cumpla con su
palabra!»
1979: EMILIO OLCINA HAYA
44
Anexos
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la muchedumbre de la avenida, sentí que me rozaba un Ser misterioso que yo
siempre había deseado conocer, y que enseguida reconocí pese a no haberlo visto nunca. Existía en él, sin
duda, respecto a mí, un deseo análogo, ya que, al pasar, me hizo un guiño significativo al que me apresuré
a obedecer. Le seguí atentamente, y no tardé en bajar tras él a una morada subterránea, deslumbrante, en
la que brillaba un lujo del que ninguna de las mejores mansiones de París podría dar un ejemplo
aproximado. Me pareció singular el que yo hubiera podido pasar tan a menudo junto a esta prestigiosa
guarida sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque espiritosa, que hacía olvidar
casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una sombría beatitud, análoga
a la que debieron sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada
por las luces de un eterno atardecer, sintieron nacer en ellos, entre los sonidos adormecedores de las
cascadas melodiosas, el deseo de jamás volver a ver sus penates, sus mujeres, sus hijos, y jamás volver a
montar sobre las altas olas de la mar.
Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una fatal belleza, que me
parecía haber visto anteriormente en épocas y en países de los que me era imposible acordarme
exactamente, y que me inspiraban más bien una simpatía fraterna que no ese temor que nace
ordinariamente cuando se contempla lo desconocido. Si pretendiera tratar de definir de alguna manera la
expresión singular de sus miradas, diría que nunca había visto ojos que brillaran más enérgicamente con
el horror al aburrimiento y con el deseo inmortal de sentirse vivir.
Mi huésped y yo éramos ya, al sentarnos, viejos y excelentes amigos. Comimos, bebimos en
exceso toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, al cabo de varias horas me
parecía que ni él ni yo estábamos borrachos. Entre tanto, el juego, ese placer sobrehumano, había
interrumpido a distintos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y he de decir que había jugado y
perdido mi alma, en partidas ligadas, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es una
cosa tan impalpable, tan frecuentemente inútil y algunas veces tan molesta, que sólo experimenté, ante su
pérdida, una turbación algo menor que si hubiera perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita.
Estuvimos fumando durante largo rato algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables
infundían al alma la nostalgia de países y dichas desconocidas, y, embriagado por todas esas delicias, me
atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció disgustarle, a exclamar, levantando una copa llena
hasta el borde: «¡A su inmortal salud, viejo Chivo!»
Charlamos también sobre el universo, su creación y su futura destrucción; sobre la gran idea del
siglo, es decir, el progreso y la perfectibilidad, y, en general, sobre todas las formas de la infatuación
humana. En este tema, Su Alteza era inagotable en cuanto a bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba
con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la sorna como no las he encontrado en ninguno de los
conversadores célebres de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que hasta el
momento habían tomado posesión del cerebro humano, y se dignó incluso hacerme confidencia de
algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene compartir con
45
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
absolutamente nadie. No se lamentó en absoluto de la mala reputación de que goza en todas las partes del
mundo, me aseguró que ella misma era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y
me confesó que, en lo que se refería a su propio poder, no había sentido miedo más que en una ocasión, y
fue el día en que oyó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «Mis queridos
hermanos, ¡no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la mejor de las astucias
del diablo consiste en persuadirnos de que no existe!»
El recuerdo de ese célebre orador nos condujo con toda naturalidad al tema de las academias, y
mi extraño huésped me afirmó que, en muchos casos, no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre, en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Alentado por tantas bondades, le pedí nuevas de Dios, y le pregunté si le había visto
recientemente. Me respondió, con una despreocupación matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos
cuando nos encontramos, pero como lo harían dos viejos gentileshombres en los que una cortesía innata
no pudiera apagar por completo el recuerdo de viejos rencores.»
Cabría dudar que Su Alteza hubiera jamás concedido una audiencia tan larga a un simple mortal,
y yo temía abusar. Finalmente, cuando ya el alba temblorosa blanqueaba los cristales, ese célebre
personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo,
me dijo: «Quiero que conserve de mí un buen recuerdo, y demostrarle que pese a que se habla de Mí tan
mal soy a veces un buen diablo, por emplear una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la
pérdida irremediable de su alma, le doy la puesta [sic] que hubiera ganado si hubiera tenido la suerte de
su lado, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda su vida, esa extraña dolencia del
Aburrimiento, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Cada vez
que forme usted un deseo, cuente con que yo le ayudaré a realizarlo; reinará sobre sus vulgares
semejantes; se verá cubierto de halagos, e incluso de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los
palacios de fantasía, vendrán a buscarle y le rogarán que los acepte, sin que haya hecho usted ningún
esfuerzo por conseguirlos; cambiará de patria y de país tan a menudo como se lo ordene su capricho; se
verá saciado de voluptuosidades, sin cansancio, en los países encantadores en los que siempre hace calor
y en los que las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera...», añadió, poniéndose en pie y
despidiéndome con una amable sonrisa.
Si no hubiera sido por temor a humillarme ante tan ilustre asamblea, de buena gana me hubiera
dejado caer de rodillas ante aquel jugador generoso, para darle las gracias por su inaudita munificiencia
[sic]. Sin embargo, poco a poco, tras haberlo dejado, la incurable desconfianza volvió a mi pecho; no me
atrevía ya a creer en una felicidad tan prodigiosa, y, al acostarme, mientras hacía una vez más mis rezos
por un imbécil resto de costumbre, iba repitiendo, semidormido: «¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío! ¡Haz que
el diablo me cumpla su palabra!»
1985: JAIME URIBE
46
Anexos
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un Ser misterioso al que siempre deseé
conocer y a quien reconocí en seguida, aunque jamás lo había visto. Sin duda él albergaba, con respecto a
mí, un deseo análogo, porque, al pasar, me guiñó el ojo significativamente y me apresuré a obedecerle. Le
seguí atentamente y pronto bajé tras él a una morada subterránea, deslumbrante, donde resplandecía un
lujo del que ninguna de las habitaciones altas de París podía dar un ejemplo aproximado. Me pareció
singular que yo hubiese podido pasar tan a menudo junto a aquella prestigiosa madriguera sin adivinar la
entrada. Reinaba en ella una atmósfera exquisita, aunque embriagadora, que hacía olvidar casi al instante
todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba allí una beatitud sombría, análoga a la que debieron
experimentar los comedores de lotos cuando, al desembarcar en una isla encantada, alumbrada por los
resplandores de una eterna siesta, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de melodiosas
cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus penates, sus mujeres, sus hijos y de no remontarse jamás
sobre las altas olas del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y países de los que me resultaba imposible acordarme exactamente y que me
inspiraban más una simpatía fraternal que el temor que surge corrientemente ante lo desconocido. Si
quisiera intentar definir de alguna manera la expresión de sus miradas, diría que jamás he visto ojos
donde brillara con más fuerza el horror por el hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Cuando mi huésped y yo nos sentamos, ya éramos viejos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos sin mesura toda clase de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria, me pareció,
después de varias horas, que no estaba yo más borracho que él. Sin embargo, el juego, ese placer
sobrehumano, había cortado a intervalos nuestras frecuentes libaciones y debo decir que yo había jugado
y perdido mi alma, en parte hipotecada, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo
tan impalpable, con frecuencia inútil y a veces tan molesta, que, al perderla, no experimenté más emoción
que si hubiese extraviado mi tarjeta de vista durante un paseo.
Fumamos largamente algunos cigarros de sabor y perfume incomparables que traían al espíritu la
nostalgia de países y dichas desconocidas y, embriagado con todas aquellas delicias, me atreví, en un
acceso de familiaridad que no pareció molestarle, a exclamar, apoderándome de una copa llena hasta el
borde: «¡A tu inmortal salud, viejo Cabrón!»
Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad y, en general, de todas las formas del engreimiento
humano. Sobre este punto, Su Alteza no escatimó bromas ligeras e irrefutables, expresándose con una
suavidad de dicción y una gracia tranquila como nunca he encontrado en ninguno de los más célebres
charlistas de la humanidad. Me explicó el absurdo de las diferentes filosofías que hasta el presente se
habían apoderado del cerebro humano y hasta se dignó confiarme algunos principios fundamentales cuyos
beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. De ningún modo se quejó de la mala
reputación de que goza en todo el mundo y me aseguró que él mismo era la persona más interesada en
destruir la superstición. Me confesó que, respecto a su propio poder, sólo una vez había sentido miedo; un
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
día en que oyó a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos
hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis elogiar el progreso de las luces, que la mejor artimaña del
diablo es persuadiros de que no existe!»
El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias, y mi extraño
huésped afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de los
pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones académicas.
Estimulado por tantas bondades, le pregunté si tenía noticias de Dios y si le había visto
recientemente. Me respondió con despreocupación matizada de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando
nos encontramos, pero como dos viejos caballeros cuya cortesía innata no logra extinguir del todo el
recuerdo de antiguos rencores.»
Dudo que Su Alteza haya concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal y temí
abusar. Por fin, cuando la temblorosa aurora blanqueaba los cristales, el célebre personaje, cantado por
tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo: «Quiero que
guardes de mí un buen recuerdo y quiero demostrarte que Yo, de quien se habla tan mal, soy a veces un
pobre diablo, para utilizar una de vuestras expresiones vulgares. Para compensarte de la pérdida
irremediable de tu alma, te concedo la baza que hubieras ganado si la suerte hubiese estado de tu parte: la
posibilidad de aliviar y vencer, durante toda tu vida, esa extraña afección que es el Hastío, fuente de todas
vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formularás un deseo que yo no te
ayude a realizar, reinarás sobre tus vulgares semejantes; recibirás halagos e incluso adoración; el dinero,
el oro, los diamantes, los palacios mágicos, vendrán a buscarte y te rogarán que los aceptes, sin que hayas
hecho ningún esfuerzo por ganarlos; cambiarás de patria y de comarca con tanta frecuencia como tu
fantasía te lo ordene; te embriagarás de voluptuosidades sin cansancio, en países encantadores donde
siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores…, etcétera, etcétera…», añadió
levantándose y despidiéndome con una amplia sonrisa.
De no haber temido humillarle ante tan gran asamblea, hubiera caído con gusto a los pies de
aquel generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, tras haberme
separado de él, la incurable desconfianza volvió a mi seno; ya no me atrevía a creer tan prodigiosa dicha
y, cuando me acosté, diciendo una vez más mi oración por un resto de costumbre imbécil, repetía medio
dormido: «¡Dios mío! ¡Señor! ¡Dios mío! ¡Haz que el diablo cumpla su palabra!»
1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA
29
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que siempre
había deseado conocer y al que reconocí inmediatamente aunque no lo hubiese visto nunca. Sin duda se
daba en él un deseo análogo respecto de mí, pues al pasar me hizo un significativo guiño de ojos al que
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Anexos
me apresuré a obedecer. Le seguí atentamente y pronto bajé, tras de él, a una morada subterránea,
deslumbrante, donde brillaba un lujo del que ninguna de las habitaciones superiores de París podría
suministrar un ejemplo aproximado. Me resultó cosa singular que hubiese podido pasar tan a menudo al
lado de aquel prestigioso refugio sin haber adivinado su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita,
aunque embriagadora, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida;
respirábase allí una sombría beatitud, análoga a la que debieron experimentar los comedores de loto
cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces un eterno atardecer, sintieron nacer
en ellos, al son adormecedor de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca sus penates, sus
mujeres, sus hijos, así como de no remontar nunca las altas olas del mar.
Había allí extraños rostros de hombres y mujeres, señalados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y países de los que me era imposible acordarme exactamente y que, más que ese
miedo nacido de ordinario ante el aspecto de lo desconocido, me inspiraban, más bien, sentimientos de
fraternidad. Si quisiera intentar definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que
nunca vi ojos que brillasen más enérgicamente por el horror del aburrimiento y por el inmortal deseo de
sentirse vivir.
Cuando nos sentamos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos, más de lo conveniente, de toda clase de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria,
me parecía, después de varias horas, que yo no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer
sobrehumano, había cortado con diversas pausas nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había
jugado y perdido mi alma, en parte atada, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es
algo tan impalpable, tan frecuentemente inútil y tan molesta en ocasiones, que sólo experimenté, respecto
de esta pérdida, una emoción menos intensa que si durante un paseo hubiese perdido mi tarjeta de visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables hacían sentir al
alma la nostalgia de países y felicidades desconocidos, y embriagado de todos estos deleites, en un acceso
de familiaridad que no pareció desagradarle, osé gritar adueñándome de una copa llena hasta los bordes:
«¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!»
Hablamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de enfatuación humana.
Sobre este tema, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad
en la dicción y una tranquilidad en la ironía que no he vuelto a encontrar en ninguno de los más célebres
conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que habían tomado
posesión, hasta el presente, del cerebro humano, e incluso se dignó hacerme confidente de algunos
principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó
en modo alguno de la mala reputación de la que goza en cualquier parte del mundo; me aseguró que él
mismo era la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que, en lo
referente a su propio poder, sólo había tenido miedo en una única ocasión, el día en que había oído a un
predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis
nunca, cuando oigáis pregonar el progreso de las luces, que, de las trampas del diablo, la más lograda es
persuadiros de que no existe!»
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
El recuerdo de este célebre orador nos condujo de forma natural hacia el tema de las academias;
mi extraño huésped me afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que casi siempre asistía en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y si le había visto recientemente. Me
respondió con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos,
pero como dos viejos gentilhombres, en quienes una innata cortesía no podría apagar enteramente el
recuerdo de antiguos rencores.»
Parece dudoso que Su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal, y
temí estar abusando. Finalmente, como el trémulo amanecer blanqueaba los cristales, este célebre
personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para gloria de él sin
saberlo, me dijo: «Quiero que guardéis un buen recuerdo de mí, y probaros que Yo, de quien se ha
hablado tan mal, soy en ocasiones un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares.
Para compensar la irremediable pérdida de vuestra alma, os doy la apuesta que hubieseis ganado si
hubieseis tenido la suerte con vos, es decir, la posibilidad de aliviar y de vender, durante toda vuestra
vida, esa extraña afección del Hastío, fuente de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros
miserables progresos. Nunca habrá un deseo formulado por vos que yo no acuda a cumplirlo; reinaréis
sobre vuestros vulgares semejantes; estaréis bien surtido de halagos y hasta de adoraciones; el dinero, el
oro, los diamantes, los palacios mágicos vendrán a buscaros y os rogarán que los aceptéis, sin que hayáis
hecho ningún esfuerzo por conseguirlos; cambiaréis de patria y de región tan a menudo como vuestra
fantasía os lo ordene; os embriagaréis de voluptuosidades, sin cansaros, en encantadores países siempre
cálidos y en los que las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera…», añadió
levantándose y despidiéndose con una bella sonrisa.
Si no hubiese sido por el temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, hubiese caído
voluntariamente a los pies de este generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero,
después de haberle dejado, fue entrando poco a poco en mi seno la incurable desconfianza; no me atreví a
seguir creyendo en tan prodigiosa felicidad y, al acostarme rezando una vez más por un resto de estúpida
costumbre, repetía medio dormido: «¡Dios mío, Señor mío, haced que el diablo mantenga su palabra!».
1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN
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EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la multitud del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso a quien siempre
había deseado conocer, y al que reconocí en seguida, a pesar de no haberle visto jamás. Sin duda él
deseaba lo mismo respecto a mí, pues, al pasar, me guiñó significativamente un ojo, a lo que me apresuré
a obedecer. Le seguí atentamente, y de pronto descendí tras él a una mansión subterránea, deslumbrante,
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Anexos
donde se ostentaba un lujo que no cabría encontrar en ninguna de las casas superiores de París. Me resultó
curioso que hubiese podido pasar tan a menudo junto a aquella prestigiosa guarida sin percatarme de su
entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, aunque sofocante, que hacía olvidar casi al instante todos
los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría, semejante a la que debieron
experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los
resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, con los sones adormecedores de melodiosas
cascadas, el deseo de no volver a ver nunca más sus penates, a sus mujeres ni a sus hijos, y de no volver a
escalar las altas olas del mar.
Había allí hombres y mujeres de rostro extraño, marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y países que no conseguía recordar con exactitud, y que me inspiraban una
simpatía fraterna y no ese temor que suele sentirse ante lo desconocido. Si pretendiera definir de algún
modo la expresión singular de sus miradas, diría que nunca había visto unos ojos en los que brillara con
más fuerza el horror al aburrimiento y el deseo inmortal de sentirse vivo.
Cuando nos sentamos, mi anfitrión y yo éramos ya viejos y excelentes amigos. Comimos,
bebimos más de la cuenta toda clase de vinos extraordinarios y, lo que no es menos extraordinario, al
cabo de varias horas, me pareció que ninguno de los dos estábamos borrachos. Mientras tanto, el placer
sobrehumano del juego había interrumpido con diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y debo
decir que me había jugado y que había perdido mi alma en una apuesta cruzada, con una despreocupación
y una ligereza heoicas [sic]. El alma es algo tan impalpable, tantas veces inútil y en ocasiones molesta,
que, cuando la perdí, lo sentí menos que si hubiera extraviado mi tarjeta de visita durante un paseo.
Estuvimos durante largo rato fumándonos unos cigarros puros cuyo sabor y aroma
incomparables infundían en el alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y, embriagado por todas
estas delicias, me atreví, en un acceso de familiaridad que no pareció molestarle, a exclamar cogiendo una
rebosante copa: «¡A vuestra salud, viejo chivo.!».
Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de esa gran idea de
nuestro siglo que es el progreso, de la posibilidad de perfeccionamiento y, en general, de todas las formas
del engreimiento humano. Sobre este tema su alteza no acababa nunca de contar anécdotas graciosas,
frívolas e incontestables, y se expresaba con una dicción suave y una sorna que yo no había visto nunca
en ninguno de los conversadores más célebres de la humanidad. Me explicó el carácter absurdo de las
distintas filosofías que hasta hoy se han adueñado del cerebro humano e incluso se dignó decirme
confidencialmente algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene
compartir con nadie. No se quejó en modo alguno de la mala reputación que tiene en todo el mundo, me
aseguró que él era la persona más interesada en destruir la superstición y me confesó que, en lo relativo a
su propio poder, no había tenido miedo más que en una ocasión y fue el día en que oyó a un predicador,
más sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Queridos hermanos míos, cuando oigáis alabar el
progreso de las luces, no olvidéis nunca que la mayor astucia del diablo consiste en persuadirnos de que
no existe!»
El recuerdo de este célebre orador nos llevó naturalmente al tema de las academias, y mi extraño
anfitrión me aseguró que, en muchos casos, no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la conciencia de
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
los pedagogos, y que asistía casi siempre personalmente, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si le había visto
recientemente. Me contestó, con despreocupación teñida de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos
encontramos, pero como dos viejos caballeros en quienes una cortesía innata no puede borrar del todo el
recuerdo de antiguos rencores.»
Es dudoso que su alteza haya concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal, y yo
temía abusar. Finalmente, cuando ya la aurora blanqueaba, aterida, los cristales, el célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo:
«Quiero que conserves un buen recuerdo de mí y deseo demostrarte que yo, de quien dicen tantas cosas
malas, soy a veces un buen diablo, por emplear una de vuestras expresiones corrientes. Para compensar la
pérdida irremediable de tu alma que has sufrido, te regalo lo que hubieras ganado en el juego si te hubiera
favorecido la suerte, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda tu vida, esa extraña
dolencia que es el aburrimiento, la cual constituye la causa de todas tus enfermedades y de la pobreza de
tus progresos. Jamás formularás un deseo sin que yo te ayude a realizarlo; reinarás sobre tus vulgares
semejantes; te verás colmado de adulaciones y hasta de adoraciones; irán en tu busca la plata, el oro, los
diamantes, los palacios de ensueño y te rogarán que los aceptes, sin que hayas hecho esfuerzo alguno por
conseguirlos; cambiarás de patria y de país tan a menudo como te lo ordene tu fantasía; te hartarás de
voluptuosidades sin cansarte, en esos países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen
tan bien como las flores, etc., etc...», añadió, levantándose y despidiéndose con una amable sonrisa.
De no haber sido porque temía humillarme ante tanta gente, me habría arrojado de buena gana a
los pies de aquel generoso jugador para darle las gracias por su insólita esplendidez. Pero cuando le hube
dejado, fue volviendo poco a poco a mi pecho la incurable desconfianza; ya no me atrevía a creer en una
felicidad tan maravillosa, y, al acostarme, mientras decía una vez más mis oraciones por una estúpida
costumbre que tengo arraigada, iba repitiendo medio dormido: «¡Señor mío y Dios mío! ¡Haz que el
diablo me cumpla su palabra!»
1990: MARGARITA MICHELENA
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, a través de la multitud del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que siempre
había yo deseado conocer y al que reconocí en seguida aunque no lo había visto jamás. Tenía a mi
respecto un deseo análogo porque, al pasar, me hizo un guiño significativo, que me apresuré a obedecer.
Le seguí atentamente y muy pronto descendí detrás de él a una morada subterránea, deslumbradora,
donde brillaba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría suministrar un
ejemplo aproximado. Me pareció singular que yo hubiera podido pasar tan a menudo cerca de sitio tan
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Anexos
prestigioso sin adivinar la entrada. Allí reinaba una atmósfera exquisita aunque capitosa que hacía olvidar
casi instantáneamente los fastidiosos horrores de la vida; allí se respiraba una beatitud sombría, análoga a
la que debieron experimentar los comedores de lotos cuando, al desembocar en una isla encantada,
iluminada por las luces de un eterno atardecer, sintieron nacer en sí, a los sones adormecedores de
melodiosas cascadas, el deseo de no ver nunca más sus lares, ni a sus esposas, ni a sus hijos, y de no
remontar jamás las altas olas de la mar.
Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados con una belleza fatal, que me
parecían ya vistos en épocas y países que me eran difíciles de recordar exactamente y que me inspiraban
más una simpatía fraternal que ese temor que nace ordinariamente ante el aspecto de lo desconocido. Si
tratara yo de definir de un modo cualquiera la singularidad de sus miradas, diría que nunca he visto ojos
brillar más enérgicamente por el horror al tedio y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Mi huésped y yo éramos, al sentarnos, viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos en exceso
toda suerte de vinos extraordinarios y, cosa no menos extraordinaria, me parecía, después de muchas
horas, que no estaba yo más ebrio que él. Entretanto el juego, ese placer sobrehumano, había cortado, en
diversos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había yo jugado y perdido mi alma
con despreocupación y ligereza heroicas. El alma es una cosa tan impalpable, tan a menudo inútil y a
veces tan estorbosa, que yo no experimentaba, en cuanto a tal pérdida, sino tan poco emoción como si
hubiera extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la
nostalgia de unos países y unas dichas desconocidos y, embriagado por todas estas delicias, osé, en un
acceso de familiaridad que me pareció no disgustarle, exclamar al apoderarme de una copa llena hasta los
bordes: “¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!”
Charlamos también del universo, de su creación y su futura destrucción y, en general, de todas
las formas del engreimiento humano. Sobre este tema, Su Alteza no agotaba sus chanzas ligeras e
irrefutables y se explicaba con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la extravagancia que no he
encontrado en ninguno de los más célebres charlistas de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las
diferentes filosofías que han tomado posesión, hasta el presente, del cerebro humano, y aun se dignó
hacerme la confidencia de algunos principios fundamentales de los que no me conviene compartir los
beneficios y la propiedad con el que sea. No se quejaba Su Alteza, en modo alguno, de la mala reputación
de que goza en cualquier parte del mundo, y me aseguró él mismo que era la persona más interesada en
destruir la superstición y me confesó que no había temido por su propio poder sino una sola vez, el día en
que escuchó a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el púlpito: “Queridos hermanos,
no olvidéis jamás, cuando oigáis que se alaba al progreso de las luces, que la mejor de las tretas del diablo
es persuadiros de que no existe”.
El recuerdo de ese célebre orador nos condujo naturalmente al tema de los académicos, y mi
extraño comensal me aseguró que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos y que asistía, casi siempre en persona, a todas las sesiones de los
académicos.
Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si lo había visto
recientemente. Y me respondió con una despreocupación matizada de cierta tristeza: “Nos saludamos al
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
encontrarnos, pero como dos viejos gentileshombres en quienes una innata cortesía no podría extinguir
del todo el recuerdo de viejos rencores”.
Es dudoso que Su Alteza haya dado nunca una tan larga audiencia a un mortal, y yo temía
abusar. Y como, al fin, el alba temblorosa blanqueaba ya los vidrios, el célebre personaje, cantado por
tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan por su gloria sin saberlo, me dijo: “Quiero que
guardes de mí un buen recuerdo y probarte que yo, de quien se habla tan mal, soy a veces un buen diablo,
para servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de compensarte por la pérdida irremediable
de tu alma, te doy la prenda que habrías ganado si la suerte hubiera estado contigo; es decir, la posibilidad
de aliviar y vencer, durante toda tu vida, esa extraña enfermedad del Tedio que es el origen de todos tus
males y todos tus míseros progresos. Jamás sentirás un deseo sin que yo te ayude a realizarlo; reinarás
sobre tus vulgares semejantes; tendrás halagos y hasta admiración; la plata, el oro, los diamantes, los
placeres frenéticos, vendrán a buscarte suplicándote que los aceptes, sin que hagas ningún esfuerzo por
ganarlos; cambiarás de patria y de comarca tan a menudo como tu fantasía te lo ordene; te embriagarás de
voluptuosidades sin fatiga en los países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen
como las flores, etcétera, etcétera…”, añadió levantándose y despidiéndome con una gran sonrisa.
Si no hubiera sido por el temor de humillarlo delante de una tan grande asamblea, de buena gana
habría caído a los pies de aquel generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a
poco, después de que le dejé, la incurable desconfianza volvió a mi seno; no osaba ya creer en tan
prodigiosa dicha, y al acostarme, haciendo todavía mis oraciones por un resto de costumbre imbécil,
repetía yo en un semisueño: “¡Dios mío! ¡Señor, Dios mío, haz que el diablo me cumpla su palabra!”
1993: PEDRO GANDÍA BULEO
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso al que
siempre había deseado conocer, y al que reconocí de inmediato, aunque no lo hubiera visto jamás. Se
daba en él, sin duda, respecto a mí, un deseo análogo, pues, al pasar, me guiñó el ojo de un modo
significativo, y me apresuré a obedecerlo. Lo seguí con atención, y pronto descendí tras él a una
deslumbrante morada subterránea, donde brillaba un lujo del que ninguna de las habitaciones superiores
de París podría ofrecer un ejemplo aproximado. Me resultó singular que hubiera podido yo pasar tan a
menudo al lado de aquel prestigioso refugio sin adivinar su entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita,
aunque enajenante, que hacía olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se
respiraba allí una satisfacción sombría, análoga a la que debieron experimentar los comedores e loto
cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por las luces de una eterna tarde, sintieron nacer
en ellos, a los sones adormecedores de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus
penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no remontar nunca las altas olas del mar.
54
Anexos
Había allí extraños rostros de hombres y mueres, marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y países de los que me resultaba imposible acordarme exactamente, y que me
inspiraban más bien una simpatía fraternal que ese temor que nace de ordinario ante el aspecto de lo
desconocido. Si pretendiera definir de algún modo la singular expresión de sus miradas, diría que jamás
vi ojos que brillaran más enérgicamente por el horror del aburrimiento y el deseo inmortal de sentirse
vivir.
Mi anfitrión y yo eramos [sic] ya, cuando nos sentamos, viejos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos sin medida de toda clase de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, me parecía,
después de algunas horas, que yo no estaba más borracho que él. Mientras tanto, el juego, ese placer
sobrehumano, había irrumpido, a diversos intervalos, nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que me
había jugado el alma y la había perdido, en partidas ligadas, con una despreocupación y una ligereza
heroicas. El alma es algo tan impalpable, tan inútil a menudo y a veces tan molesto, que no sentí, al
perderla, más que una emoción algo menos que si hubiera extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visito.
Nos fumamos durante largo rato algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables infundían
al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y, embriagado de todas aquellas delicias, me atreví a
exclamar, en un acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, tomando una copa llena hasta el
borde: «¡A vuestra inmortal salud, viejo Chivo!»
Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las clases de fatuidad humana.
Sobre aquel tema, Su Alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad
de dicción y una tranquilidad en la ironía como no he vuelto a encontrar en ninguno de los más célebres
conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que, hasta el presente, se
habían apoderado del cerebro humano y se dignó, incluso, en hacerme confidencias de algunos principios
fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me convienen [sic] compartir con nadie. No se quejó en
absoluto de la mala reputación de que goza en el mundo entero, me aseguró que él mismo era la persona
más interesada en destruir la superstición, y me confesó que no había temido por su propio poder más que
una sola vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus colegas, exclamar desde el
púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no olvidéis jamás, cuando oigáis ensalzar el progreso de las luces, que
la astucia más lograda del diablo consiste en persuadirlos de que no existe!»
El recuerdo aquel célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias; mi
extraño convidado me afirmó que no desdeñaba, en muchos caso, [sic] inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantos favores, le pedí noticias de Dios, y si lo había visto recientemente. Me
respondió, con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos encontramos,
pero como dos viejos caballeros en quienes una innata cortesía no hubiera sabido apagar por completo el
recuerdo de antiguos rencores».
Es dudoso que Su Alteza haya jamás concedido una audiencia tan larga a un simple mortal, y
temí estar abusando. Finalmente, como el alba trémula blanqueara los cristales, aquel célebre personaje
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para gloria de él sin saberlo, me dijo:
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
«Quiero que guarde un buen recuerdo de mí, y demostrarle que yo, de quien tan mal se ha hablado, soy a
veces un buen diablo, por servirme de una de su [sic] locuciones vulgares. A fin de compensar la pérdida
irremediable de su alma, le doy la apuesta que hubiera ganado si la suerte hubiese estado de su parte, es
decir, la posibilidad de aliviar y de vender, durante toda su vida, esa extraña afección del aburrimiento,
fuente de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. Jamás formulará un deseo de que
[sic] yo no le ayude a realizar; reinará sobre sus vulgares semejantes; estará surtido de halagos e, incluso,
de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios mágicos vendrán a buscarlo y le rogarán que
los acepte, sin que haya hecho esfuerzo alguno para ganarlos; cambiará de patria y de país tan a menudo
como su fantasía se lo ordene; se embriagará de voluptuosidades, sin cansarse, en países encantadores
donde siempre hace calor y las mujeres huelen tan bien como las flores, etcétera, etcétera...», añadió,
poniéndose en pie y despidiéndose con una amable sonrisa.
Si no hubiese sido por el temor a humillarme ante tan numerosa asamblea, hubiera caído de
buena gana de rodillas ante aquel jugador generoso, para darle las gracias por su inaudita munificencia.
Pero, después de haberlo dejado, fue entrando poco a poco en mi pecho la incurable desconfianza; ya no
osaba creer en tan prodigiosa felicidad, y, al acostarme, rezando una vez más por un resto de imbécil
costumbre, repetía medio en sueños: «¡Dios mío! ¡Señor Dios, mío! [sic] ¡Haced que el diablo me
mantenga su palabra!»
1995: MERCEDES SALA LECLERC
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre el gentío del bulevar, sentí que me rozaba un ser misterioso que siempre sentí deseos
de conocer, y a quien reconocí rápidamente, aunque no le hubiese visto jamás. Había, sin duda, en él para
conmigo un deseo semejante, porque al pasar me lanzó significativamente un guiño, al que enseguida
obedecí. Le seguí atentamente, y pronto bajé detrás de él a una mansión subterránea alucinante, en que
brillaba un lujo del cual ninguna de las casas superiores de París podría ofrecer ejemplo parecido. Me
parecía extraño que hubiese podido yo pasar con tanta frecuencia cerca de aquel misterioso escondite sin
descubrir su entrada. Reinaba allí un clima selecto, aunque sofocante, que casi hacía olvidar al momento
todos los desagradables horrores de la vida; respirábase allí una beatitud sombría, semejante a la que
debieron sentir los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada, iluminada por los
resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en su interior el sonido adormecedor de las cascadas
melodiosas, el deseo de no volver a ver nunca sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no tornar nunca
a mecerse en las altas olas del mar.
Había allí hombres y mujeres de rostros extraños, marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber ya visto en épocas y en países que no podía recordar exactamente, y que me inspiraban fraternal
simpatía y no ese temor nacido de ordinario ante lo desconocido. Si intentara definir de un modo
56
Anexos
cualquiera la expresión singular de sus miradas, diría que nunca vi ojos en que más vigorosamente brillara
el horror del descubrimiento y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Mi huésped y yo éramos ya, cuando nos sentamos, antiguos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos sin control toda clase de vinos maravillosos y, lo que es más excepcional aún, me pareció,
después de varias horas, que yo no estaba más borracho que él. Sin embargo, el juego, placer
sobrehumano, había interrumpido con diversos intervalos nuestras libaciones frecuentes, y tengo que
comunicaros que me había jugado y perdido el alma, mano a mano, con una despreocupación y una
ligereza heroicas. El alma es cosa tan intangible, tan inútil a menudo, y a veces tan molesta, que, al
perderla, no sentí más que una emoción algo menor que si me hubiera perdido, yendo de paseo, una
tarjeta de visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables infundían al alma la
nostalgia de países y de venturas desconocidos, y embriagado de tantas delicias, osé, en un ataque de
familiaridad que no le pareció desagradable, a exclamar, cogiendo una copa llena hasta el borde:
—¡A vuestra salud, inmortal viejo Chivo!
Hablamos también del Universo, de su origen y de su destrucción futura; de la idea grande del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la desgracia
humana. Tratándose de esto, su alteza no agotaba las bromas ligeras e irrefutables, expresándose con una
suavidad de palabra y una tranquilidad en el bullicio que no he visto nunca en ninguno de los más
famosas [sic] conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que se
habían posesionado hasta entonces del cerebro humano, y hasta se dignó declararme, en confianza,
algunos principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No
se quejó en absoluto de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo; me aseguró que él,
en persona, era el mayor interesado en acabar con la superstición, y llegó a confesarme que no había
tenido miedo por su propio poder más que en una única ocasión, el día en que oyó decir desde el púlpito a
un predicador más listo que sus devotos:
—Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis ensalzar el progreso de las luces, que la
más bella astucia del diablo está en persuadirnos de que no existe.
El recuerdo de aquel famoso predicador nos llevó naturalmente al asunto de las academias; mi
extraño huésped me afirmó que no tenía a menos, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra, la
conciencia de los pedagogos, y que asistía siempre en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Alentado por tantas bondades, le solicité noticias de Dios y le pregunté si le había visto
recientemente. Me respondió con un desapego matizado de alguna tristeza:
—Nos saludamos si nos vemos; pero como dos caballeros ancianos que no hubieran logrado
apagar del todo el recuerdo de pasadas disputas por medio de una cortesía innata.
Es dudoso que su alteza haya dado jamás audiencia tan larga a un simple mortal, y yo temía estar
abusando. Por fin, cuando la trémula aurora blanqueaba los cristales, ¡que! famoso personaje, cantado por
tantos poetas y servido por tantos filósofos, que, sin saberlo, trabajan por su gloria, me dijo:
—Deseo que tenga buen recuerdo de mí, y voy a demostrarle que yo, de quien tan mal se habla,
soy en ocasiones un buen demonio, para servirme de un dicho popular. Para resarcir la pérdida
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
irremediable de su alma, le doy la puesta [sic] que hubiese ganado si la suerte se hubiera inclinado en
favor suyo, es decir, la probabilidad de aliviar y de vencer, durante toda la vida, esa extraña afección del
hastío, origen de todas vuestras enfermedades y de todos vuestros miserables progresos. Nunca formulará
un deseo que yo no le ayude a realizar; reinará sobre todos sus vulgares semejantes; tendrá buena
provisión de halagos y aun de adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño saldrán
a buscarle, y le rogarán que los acepte, sin que haya necesidad de esfuerzo para guardarlos; cambiará de
patria y de país con tanta frecuencia como su fantasía se lo ordene; se embriagará de placeres sin
agotamiento, en países maravillosos donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como
las flores, etcétera, etc... —añadió levantándose y despidiéndome con amable sonrisa.
Si no hubiera sido por miedo a humillarme delante de tan concurrida reunión, de buena gana
hubiese yo caído a los pies del desinteresado jugador, para darle gracias por su generosidad inaudita.
Pero, poco a poco, después de que le hube dejado, fue volviendo a mi pecho el recelo incurable, no me
atrevía a creer en felicidad tan extraordinaria, y mientras me acostaba, rezando una vez más, por un resto
de costumbre imbécil, repetíame medio dormido:
—¡Dios mío! ¡Señor Dios mío! ¡Haced que el diablo me cumpla su palabra!
1997: JOAQUÍN NEGRÓN
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre el gentío que atestaba el bulevar, sentí el roce de un Ser misterioso a quien siempre
había deseado conocer y que reconocí de inmediato pese a no haberlo visto jamás. Sin duda, él debía de
sentir un deseo análogo al mío, puesto que, al cruzarse conmigo, me hizo un significativo guiñó que me
apresté a obedecer. Lo seguí sin perderlo de vista y al poco bajé tras él hasta una morada subterránea,
deslumbrante, que ostentaba un lujo sin parangón posible con ninguna de las mansiones del París exterior.
No dejaba de sorprenderme que hubiese podido pasar en multitud de ocasiones ante tan prestigioso garito
sin reparar siquiera en la entrada. Reinaba allí una atmósfera tan exquisita como embriagadora, que hacía
olvidar casi al instante todo cuanto de fastidioso y horrible hay en la vida; se respiraba una placidez
insidiosa, análoga a la que debieron de experimentar los comedores de lotos cuando, al desembarcar en
una isla encantada, iluminada por los fulgores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, al son
adormecedor de las melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás a sus penates, a sus mujeres y
a sus hijos y de no regresar nunca a las altas olas del mar.
Veíanse allí extraños rostros de hombres y mujeres marcados por una belleza fatal, a quienes
tenía la impresión de haber visto ya en épocas y países que me resultaba imposible recordar con exactitud,
y que me inspiraban más una simpatía fraterna que ese temor que nace de ordinario ante lo desconocido.
Si quisiera tratar de definir de algún modo la inenarrable expresión de sus miradas, diría que en mi vida
58
Anexos
había visto ojos en los que brillara con más intensidad el horror del hastío a la par que el deseo inmortal
de sentirse vivo.
Nada más sentarnos, mi anfitrión y yo éramos ya como viejos y buenos amigos. Comimos,
bebimos hasta la saciedad toda clase de vinos extraordinarios, y no menos extraordinario se me hacía que,
después de varias horas, no me sintiera más borracho que él. Entretanto, el juego, ese placer
sobrehumano, había interrumpido a intervalos diversos nuestras frecuentes libaciones, y he de decir que,
en una partida al mejor de varias manos, aposté mi alma y la perdí, con una indiferencia y una ligereza
heroicas. El alma es algo tan impalpable, tantas veces inútil y tan engorrosa en ocasiones, que su pérdida
apenas me causó mayor emoción que si hubiese extraviado mi tarjeta de visita dando un paseo.
Fumamos pausadamente cigarros cuyo aroma y sabor incomparables infundían en el alma la
nostalgia de países y dichas ignorados, y, embriagado por tanta delicia, en un acceso de familiaridad que
no pareció desagradarle, me atreví a exclamar, alzando mi copa llena hasta el borde: «¡A vuestra salud
inmortal, viejo Macho Cabrío!».
Charlamos entre otras cosas del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la
sublime idea que obsesiona a este siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad, y en general, de todas
las formas que adopta la infatuación humana. A este respecto, Su Alteza encadenaba broma tras broma,
tan sutiles como irrefutables todas ellas, y se expresaba con una suavidad de dicción y una sorna flemática
como no he hallado en ninguno de los más afamados conversadores de la humanidad. Me explicó lo
absurdo de las diferentes filosofías que hasta entonces habían atormentado al cerebro humano e incluso se
dignó revelarme en confianza algunos principios fundamentales cuyos beneficios y exclusividad no me
conviene compartir con nadie. En modo alguno se quejó de la mala reputación de que goza en el mundo
entero, me aseguró que él mismo era el primer interesado en que desapareciera toda superstición y me
confesó que solamente una vez sintió peligrar su poder, y fue el día en que escuchó a un predicador, más
sutil que sus colegas, exclamar desde el púlpito: «¡Queridos hermanos, no olvidéis nunca, cuando oigáis
ponderar los logros del progreso humano, que el más astuto ardid del diablo consiste en persuadiros de
que no existe!».
La evocación de tan ilustre orador guió nuestra conversación, como cabría esperar, hacia el tema
de las academias, y mi extraño acompañante me afirmó que no desdeñaba, en multitud de casos, inspirar
la pluma, las palabras y la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, aunque de
modo invisible, a todas las sesiones académicas.
Enardecido por tantas bondades, llegué a preguntarle por Dios, y si no hacía mucho que se
habían visto, a lo que él me respondió, con una indiferencia levemente impregnada de tristeza: «Cuando
nos cruzamos el uno con el otro nos saludamos, pero como dos viejos caballeros cuya cortesía innata no
sabría encubrir del todo el recuerdo de antiguas rencillas».
Dudo que Su Alteza hubiese concedido nunca una audiencia tan larga a un simple mortal, así que
no quise abusar más de su tiempo. Para concluir, cuando el alba trémula emblanquecía ya los cristales,
este insigne personaje, cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que con sus obras
contribuyen inconscientemente a glorificarlo, me dijo: «Quisiera que guardaseis un buen recuerdo de mí y
demostraros que, pese a lo que digan las malas lenguas, no es tan malo el diablo como lo pintan, por citar
una de vuestras locuciones vulgares. Para compensar la irremediable pérdida de vuestra alma, os concedo
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
la apuesta que habríais ganado si la suerte se hubiese decantado a vuestro favor, o sea, la posibilidad de
mitigar y vencer de por vida esa extraña afección del Hastío, fuente de todos vuestros males, así como de
todos vuestros miserables progresos. No habrá deseo que formuléis que no os ayude yo a realizar;
reinaréis sobre vuestros vulgares semejantes; se os colmará de halagos, de adoraciones incluso; el dinero,
el oro, los diamantes, los palacios de fábula, irán a vuestro encuentro y os rogarán que los aceptéis, sin
que tengáis que hacer el menor esfuerzo para merecerlos; cambiaréis de país y de patria cuantas veces se
le antoje a vuestra fantasía; os embriagaréis de placeres sin que el tedio os asalte jamás, en países
maravillosos de climas eternamente cálidos y en donde las mujeres huelen tan bien como flores, etcétera,
etcétera…». Y dichas estas palabras, se levantó y se despidió de mí con una amable sonrisa.
De no ser porque temía ponerme en ridículo humillándome ante todos los allí presentes, gustoso
me habría postrado a los pies de aquel jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia. Mas, a
poco de habernos separado, la incurable desconfianza volvió a instalarse paulatinamente en mi ser; me
resistía a creer que tan prodigiosa dicha fuera posible, y al acostarme, mientras rezaba mis oraciones
como reminiscencia de una vieja y estúpida costumbre, no dejaba de repetirme semidormido: «¡Dios
mío!, ¡Señor mi Dios!, ¡haz que el diablo mantenga su palabra!».
1999: FRANCISCO TORRES MONREAL
XXIX. EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, me sentí rozado por un Ser misterioso al que
siempre había deseado conocer, y que reconocí al instante, pese a no haberlo visto nunca. Probablemente
había un deseo análogo de él hacia mí, porque al pasar me hizo un significativo guiño de ojos al que me
apresuré a obedecer. Lo seguí con atención, y pronto descendí tras él a una estancia subterránea,
deslumbrante, en la que resplandecía un lujo al que ninguna de las mansiones superiores de París podría
ofrecer un ejemplo comparable. Me pareció extraño que hubiera yo podido pasar con tanta frecuencia
cerca de este prestigioso refugio sin reparar en su entrada. Reinaba en él una atmósfera exquisita, aunque
enajenante, que hacía olvidar casi de modo instantáneo todos los enojosos horrores de la vida; se
respiraba una beatitud sombría, análoga a la que debieron experimentar los consumidores de loto cuando,
desembarcando en una isla encantada iluminada por los fulgores de una tarde eterna, sintieron que les
nacía, a los sones adormecedores de melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver más sus penates, ni
a sus mujeres, ni a sus hijos, y de no volver a cabalgar sobre las altas olas del mar.
Había allí rostros extraños de hombres y mujeres marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y en países de los que me era imposible acordarme con exactitud, y que, más que
ese temor que nace de ordinario ante la visión de lo desconocido, me inspiraban una simpatía fraternal.
De querer intentar definir de algún modo la expresión singular de sus miradas, diría que no vi nunca unos
ojos que brillaran con tanta fuerza de horror al hastío y del deseo inmortal de sentirse vivir.
60
Anexos
Mi huésped y yo éramos, nada más sentarnos, viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos sin
medida toda clase de vinos extraordinarios, y, lo que no deja de ser menos extraordinario, me parecía, al
cabo de varios horas, que no andaba yo más borracho que él. Pero, el juego, placer sobrehumano, había
interrumpido en diversos intervalos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que aposté a un número
fijo de jugadas y perdí mi alma con una ligereza y un desprendimiento heroicos. El alma es algo tan
impalpable, tan frecuentemente inútil y, algunas veces, tan molesto, que sólo sentí, por lo que atañe a esta
pérdida, una emoción un punto menor que si hubiera perdido, en un paseo, mi tarjeta de visita.
Fumamos despaciosamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables procuraban al
alma la nostalgia de países y de dichas desconocidas, y, embriagados de todas estas delicias, osé, en un
acceso de familiaridad que no pareció desagradarle, gritar, apoderándome de una copa llena hasta los
bordes: «¡A vuestra inmortal salud, viejo chivo!».
Hablamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y de la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación
humana. En este punto, su Alteza no le veía el final a sus bromas ligeras e irrefutables, y se expresaba con
una suavidad de dicción y una tranquilidad en la burla como no he hallado semejante en ninguno de los
más célebres conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las diferentes filosofías que hasta
la fecha se habían adueñado del cerebro humano, y se dignó incluso hacerme confidente de algunos
principios fundamentales cuyos beneficios y propiedad no es conveniente comparta con nadie. No se
quejó, en modo alguno, de la mala reputación de que goza por todas partes en el mundo; me aseguró que
era él la persona más interesada en la destrucción de la superstición, y me confesó que sólo había tenido
miedo, en lo que concierne a su propio poder, en una ocasión, el día en el que oyó a un predicador, más
sutil que sus cofrades, gritar desde el púlpito: «Queridos hermanos, no olvidéis jamás, cuando oigáis
ensalzar el progreso de las luces, que el más bello de los engaños del Diablo es el de persuadiros de que
no existe».
El recuerdo de este célebre orador nos condujo con toda naturalidad a un tema de las academias,
y mi extraño comensal me aseguró que él no despreciaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y
la conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre, en persona aunque invisible, a todas las
sesiones académicas.
Animado por tal cúmulo de bondades, le pedí noticias de Dios y le pregunté si no lo había visto
recientemente. Me respondió con un desinterés matizado de cierta tristeza: «Nos saludamos cuando nos
encontramos, aunque al modo de los viejos amigos gentileshombres, para quienes la cortesía innata no
sabría apagar por entero el recuerdo de viejos rencores».
Dudo que Su Alteza haya concedido nunca tan prolongada audiencia a un simple mortal, y, así,
temí abusar. Finalmente, como el alba temblorosa blanqueara ya los cristales, este célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo:
«Quiero que guarde un buen recuerdo de mí, y quiero probarle que Yo, de quien tanto y tan malo se
cuenta, soy a veces un buen diablo, para echar mano de una de sus locuciones vulgares. En compensación
por la pérdida irremediable de su alma, le concederé cuanto habría ganado de tener la suerte de su lado; es
decir, le concederé la posibilidad de aliviar y de vencer, durante toda su vida, esa rara afección del Hastío,
que es la fuente de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. En adelante, no habrá
61
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
deseo que formule que no le ayude yo a llevar a cabo; reinará sobre sus vulgares semejantes; estará bien
provisto de halagos e incluso de adoraciones; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios encantados
vendrán en su búsqueda y le suplicarán que los acepte, sin que por su parte haya hecho el menor esfuerzo
por merecerlos; cambiará de patria y de región con tanta frecuencia como su fantasía se lo ordene; se
embriagará de voluptuosidades, sin desmayo, en países encantadores en los que siempre hace calor y en
donde las mujeres huelen tan bien como las flores, – etcétera, etcétera», añadió levantándose y
despidiéndose con una amable sonrisa.
De no haber temido sentirse humillado ante tan magna asamblea, me habría postrado de buen
grado a los pies de mi generoso jugador, para darle las gracias por su inaudita liberalidad. Mas poco a
poco, luego de haberlo dejado, la incurable desconfianza volvió a entrar en mi pecho; no me atreví a creer
en tan prodigiosa felicidad, y, al acostarme, haciendo aún mis rezos, por un resto de estúpida costumbre,
repetía aún en duermevela: «¡Dios mío! ¡Señor y Dios mío! Haced que el demonio cumpla su palabra».
2008: PABLO OYARZÚN
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, entre la multitud del bulevar, me sentí rozado por un ser misterioso que siempre había
deseado conocer, y que reconocí de inmediato, aunque jamás lo había visto. Sin duda había en él un deseo
análogo respecto de mí, pues al pasar me hizo un guiño significativo que me apresuré a obedecer. Lo
seguí con atención, y muy pronto descendí tras él a una morada subterránea, deslumbrante, donde
fulguraba un lujo del cual ninguna de las habitaciones superiores de París podría suministrar un ejemplo
aproximado. Me pareció curioso que hubiese podido pasar tan a menudo al lado de esta prestigiosa
guarida sin adivinar la entrada. Reinaba allí una atmósfera exquisita, pero embriagadora, que hacía
olvidar casi instantáneamente todos los fastidiosos horrores de la vida; se respiraba una beatitud sombría,
análoga a la que debieron experimentar los lotófagos cuando, al desembarcar en una isla encantada,
iluminada por los resplandores de una tarde eterna, sintieron nacer en ellos, a los sones adormecedores de
melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver jamás sus penates, sus mujeres, sus hijos, y de no
remontar nunca las algas olas de la mar.
Había allí rostros extraños de hombres y de mujeres, marcados por una belleza fatal, que me
parecía haber visto ya en épocas y países que me era imposible recordar exatamente, y que me inspiraban
más una simpatía fraterna que ese temor que ordinariamente nace del aspecto de lo desconocido. Si tratara
de definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que jamás vi ojos que brillasen
más enérgicamente con el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Cuando nos sentamos, mi huésped y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos, bebimos
sin medida toda suerte de vinos extraordinarios, y, cosa no menos extraordinaria, después de varias horas,
me parecía que yo no estaba más ebrio que él. Entre tanto, el juego, ese placer sobrehumano, había
62
Anexos
cortado a intervalos diversos nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había jugado y perdido mi
alma, en apuesta de prendas, con despreocupación y ligereza heroicas. El alma es una cosa tan
impalpable, tan a menudo inútil y en ocasiones tan molesta, que cuando la perdí solo sentí un poco menos
de emoción que si hubiese extraviado, en un paseo, mi tarjeta de visita.
Fumamos largamente algunos cigarros cuyo sabor y perfume incomparables daban al alma la
nostalgia de países y dichas desconocidas, y, borracho de todas estas delicias, al coger una copa colmada
hasta el borde, osé exclamar, en un acceso de familiaridad que no pareció disgustarle: “¡A vuestra salud
inmortal, viejo Chivo!”
Charlamos también del universo, de su creación y de su destrucción futura; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad, y, en general, de todas las formas de la infatuación
humana. Sobre este asunto, Su Alteza no cesaba de emitir chanzas ligeras e irrefutables, y se expresaba
con una suavidad de dicción y una tranquilidad en la sorna que no he encontrado en ninguno de los
conversadores más célebres de la humanidad. Me explicó el absurdo de las diferentes filosofías que hasta
el presente habían tomado posesión del cerebro humano, e incluso se dignó a hacerme confidencia de
algunos principios fundamentales cuyos beneficios y cuya propiedad no me conviene compartir con
nadie. No se quejó en manera alguna de la mala reputación de que goza en todas partes del mundo, me
aseguró que él mismo era la persona más interesada en destruir la superstición, y me confesó que solo
había temido por su poder una sola vez, el día que escuchó a un predicador, más sutil que sus cofrades,
exclamar desde el púlpito: “¡Queridos hermanos míos, jamás olvidéis, cuando oigáis ponderar el progreso
de las luces, que la más hermosa de las tretas del diablo es persuadiros de que no existe!”
El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente al tema de las academias, y mi
extraño huésped me afirmó que en muchos casos no desdeñaba inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que asistía casi siempre en persona, bien que invisible, a todas las
reuniones académicas.
Alentado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y si no lo había visto recientemente. Me
respondió, con una despreocupación matizada de cierta trsiteza [sic]: “Nos saludamos cuando nos
encontramos, pero como dos viejos caballeros, en quienes una cortesía innata no podría extinguir
enteramente el recuerdo de antiguos rencores”.
Es dudoso que Su Alteza haya dado jamás una audiencia tan prolongada a un simple mortal, y yo
temía estar abusando. Por fin, como el alba temblorosa blanqueaba los cristales, este célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que trabajan para su gloria sin saberlo, me dijo:
“Quiero que guardes de mí un buen recuerdo, y probarte que Yo, de quien se dice tanta cosa mala, soy a
veces un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares. A fin de compensar la pérdida
irremediable de tu alma en que has incurrido, te doy la prenda que habrías ganado si la suerte hubiese
estado de tu parte, es decir, la posibilidad de aliviar y de vencer, a lo largo de toda tu vida, esta singular
afección del Hastío, que es la fuente de todos tus males y de todos tus míseros progresos. Nunca
formularás un deseo que yo no te ayude a realizar; reinarás sobre tus vulgares semejantes; se te
proporcionarán halagos e incluso adoraciones; la plata, el oro, los diamantes, los palacios feéricos saldrán
a tu busca y te rogaran [sic] que los aceptes, sin que hayas hecho ningún esfuerzo por ganarlos; cambiarás
de patria y de región con tanta frecuencia como te lo ordene tu fantasía; te hartarás de voluptuosidades,
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
sin fatiga, en países encantadores donde siempre hace calor y las mujeres huelen tan bien como las flores,
etcétera, etcétera...”, agregó, levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa.
Si no hubiera sido por el temor de humillarme ante una asamblea tan grande, gustosamente me
habría arrojado a los pies de este jugador generoso para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a
poco, después de haberlo dejado, la desconfianza incurable volvió a mi seno; ya no me atreví a creer en
una dicha tan prodigiosa y, al acostarme, mientras hacía una vez más mis oraciones por un resabio de
estúpida costumbre, repetía en un semisueño: “¡Dios mío! ¡Señor mi Dios! ¡Haz que el diablo me cumpla
su palabra!”
2009: MANUEL NEILA
XXIX
EL JUGADOR GENEROSO
Ayer, en medio de la muchedumbre del bulevar, sentí que me rozaba un Ser misterioso al que
siempre había deseado conocer, y al que reconocí enseguida, aunque no lo hubiera visto nunca. Sin duda,
él debía albergar un deseo análogo respecto a mí, pues al pasar me hizo un guiño de ojos significativo al
que me sometí con premura. Le seguí atentamente, y pronto bajé tras él a una morada subterránea,
deslumbradora, donde brillaba un lujo que ninguna de las viviendas superiores de París podría emular con
su ejemplo. Me resultó extraño haber podido pasar tantas veces al lado de este prestigioso habitáculo sin
descubrir su entrada. Reinaba allí un ambiente delicioso, aunque embriagador, que hacía olvidar casi de
inmediato todos los fastidiosos horrores de la vida. Respirábase allí una sombría beatitud, análoga a la
que debieron experimentar los comedores de loto cuando, al desembarcar en una isla encantada,
iluminada por las luces de un sempiterno atardecer, sintieron nacer en ellos, al son adormecedor de
melodiosas cascadas, el deseo de no volver a ver nunca a sus penates, a sus mujeres, a sus hijos, y de no
volver a viajar nunca sobre las altas olas del mar.
Había allí extraños rostros de hombres y mujeres, marcados por una belleza fatal, que me parecía
haber visto ya en épocas y países cuyo recuerdo me resultaba imposible precisar con exactitud, y que más
bien me inspiraban una simpatía fraternal que ese temor nacido de ordinario ante lo desconocido. Si
pretendiera definir de alguna manera la singular expresión de sus miradas, diría que nunca vi ojos en que
brillara más enérgicamente el horror del hastío y el deseo inmortal de sentirse vivir.
Cuando nos sentamos, mi hospedero y yo éramos ya viejos y perfectos amigos. Comimos y
bebimos, sin mesura, toda suerte de vinos extraordinarios y, detalle no menos extraordinario, me parecía,
después de varias horas, que no estaba más ebrio que él. Sin embargo, el juego, ese placer sobrehumano,
había interrumpido a pausas nuestras frecuentes libaciones, y debo decir que había jugado y perdido mi
alma, mano a mano, con una despreocupación y una ligereza heroicas. El alma es algo tan impalpable, tan
inútil con frecuencia y tan molesta en ocasiones, sólo experimenté respecto de esa pérdida, una emoción
menos intensa que si hubiera perdido durante un paseo mi tarjeta de visita.
64
Anexos
Fumamos durante largo tiempo algunos cigarros cuyo sabor y aroma incomparables procuraban
al alma la nostalgia de países y dichas desconocidos, y embriagado de todas estas delicias, en un arrebato
de familiaridad que no pareció desagradarle, me atreví a exclamar, echando mano a una copa llena hasta
los bordes: «¡A tu inmortal salud, viejo Chivo!»
Charlamos también del universo, de su creación y de su futura destrucción; de la gran idea del
siglo, es decir, del progreso y la perfectibilidad y, en general, de todas las formas de infatuación humana.
Sobre este tema, Su Alteza no agotaba las chanzas ligeras e irrefutables, y se expresaba con una suavidad
de dicción y una tranquilidad dentro de la extravagancia que no encontré en ninguno de los más célebres
conversadores de la humanidad. Me explicó lo absurdo de las distintas filosofías que, hasta el presente, se
habían adueñado de la mente humana, e incluso se dignó hacerme confidente de algunos principios
fundamentales cuyos beneficios y propiedad no me conviene compartir con nadie. No se quejó en modo
alguno de la mala reputación de que goza en todas las partes del mundo, me aseguró que era la persona
más interesada en destruir la superstición, y me confesó que no había temido por su poder personal más
que una vez, el día en que había oído a un predicador, más sutil que sus cofrades, exclamar desde el
púlpito: «¡Mis queridos hermanos, no lo olvidéis nunca, cuando oigáis pregonar el progreso de las luces,
que la mejor astucia del diablo consiste en convenceros de que no existe!»
El recuerdo de este célebre orador nos condujo naturalmente hacia el tema de las academias, y
mi extraño hospedero afirmó que no desdeñaba, en muchos casos, inspirar la pluma, la palabra y la
conciencia de los pedagogos, y que casi siempre asistía en persona, aunque invisible, a todas las sesiones
académicas.
Animado por tantas bondades, le pedí noticias de Dios, y le pregunté si lo había visto
recientemente. Me respondió con una indiferencia matizada por cierta tristeza: «Nos saludamos cuando
nos encontramos, pero como dos viejos gentileshombres, en quienes una innata cortesía no podría borrar
enteramente el recuerdo de antiguos rencores.»
Parece dudoso que Su Alteza haya concedido nunca tan larga audiencia a un simple mortal, y
temí estar abusando. Al fin, como la trémula aurora blanqueaba los cristales, este célebre personaje,
cantado por tantos poetas y servido por tantos filósofos que contribuyen a su gloria sin saberlo, me dijo:
«Quiero que conserve un buen recuerdo de mí, quiero demostrarle que Yo, de quien se ha hablado tan
mal, soy en ocasiones un buen diablo, por servirme de una de vuestras locuciones vulgares. Para
compensar la irremediable pérdida de su alma, le concedo la apuesta que habría ganado si hubiera tenido
la suerte a favor suyo, es decir, la posibilidad de aliviar y vencer, durante toda su vida, esa extraña
afección del Hastío, que es el origen de todas sus enfermedades y de todos sus miserables progresos. No
formulará nunca un deseo que no le ayude a realizar; reinará sobre sus semejantes; no le faltarán halagos
e incluso adoraciones; el dinero, el oro, los diamantes, los palacios de ensueño saldrán a su encuentro y le
suplicarán que los acepte, sin que haya hecho ningún esfuerzo por conseguirlos; cambiará de patria y de
región tan a menudo como su fantasía se lo pida; se embriagará de voluptuosidades, sin hastiarse nunca,
en países encantadores donde siempre hace calor y donde las mujeres huelen tan bien como las flores, et
caetera, et caetera…», añadió levantándose y despidiéndome con una amable sonrisa.
Si no hubiera sido por temor a humillarme ante tan magna asamblea, habría caído de buena gana
a los pies de este generoso jugador para agradecerle su inaudita munificencia. Pero poco a poco, después
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
de haberlo dejado, la incurable desconfianza fue volviendo a mi seno; ya no me atrevía a creer en tan
prodigiosa dicha y, al acostarme, rezando una vez más por un rescoldo de estúpida costumbre, iba
repitiendo en duermevela: «¡Dios mío, Señor mío, haced que el diablo mantenga su palabra!»
66
Anexos
ANEXO 13: TRADUCCIONES ESPACIALIZADAS DE XXXIII – ENIVREZVOUS !
6.2.4.1. 1905: EUSEBIO HERAS
Embriagaos
Se ha de estar siempre ebrio. Todo en eso consiste: he ahí la única cuestión. Para no sentir el
horrible peso del Tiempo, que quiebra vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, es menester que sin
tregua os embriaguéis.
¿Con qué? Con vino, poesía ó virtud, á vuestra guisa. Pero embriagaos.
Y si, alguna vez, en la escalera de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la lúgubre
soledad de vuestro aposento, llegáis á despertar, la embriaguez ya disminuída ó desaparecida, preguntad
al viento, á la ola, á la estrella, al ave, al reloj, á todo lo que huye, á todo lo que gime, á todo lo que rueda,
á todo lo que canta, á todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el
reloj, os responderán:
“¡Es hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos,
¡embriagaos sin cesar! Con vino, poesía o virtud, á vuestra guisa.”
Y si, alguna vez,
en la escalera de un palacio,
sobre la verde hierba de un foso,
en la lúgubre soledad de vuestro aposento,
llegáis á despertar,
la embriaguez ya disminuída ó desaparecida,
preguntad
al viento,
á la ola,
á la estrella,
al ave,
al reloj,
á todo lo que huye,
á todo lo que gime,
á todo lo que rueda,
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
á todo lo que canta,
á todo lo que habla,
preguntad qué hora es; y
el viento,
la ola,
la estrella,
el ave,
el reloj,
os responderán
6.2.4.2. 1910?: PEDRO VANCES
EMBRIAGAOS
Es preciso estar siempre ebrio. A esto se reduce todo. Y no hay más. Para no sentir la horrible
carga del Tiempo, que abruma vuestros hombros y encorva vuestras espaldas, es preciso embriagarse
sin tregua.
Y ¿con qué? Con vino, con poesía o con virtud, como gustéis. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de una zanja o en la
melancólica soledad de vuestro cuarto, despertáis desvanecida o disminuída ya la embriaguez,
preguntadle al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que murmura,
a todo lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, y la ola,
y la estrella, y el pájaro, y el reloj, os dirán: «¡La hora e embriagarse! ¡Para no ser los martirizados
esclavos del Tiempo, embriagaos sin cesar! Con vino, con poesía o con virtud, como gustéis.»
Y si alguna vez,
en la escalinata de un palacio,
en la verde hierba de una zanja o
en la melancólica soledad de vuestro cuarto,
despertáis desvanecida o disminuída ya la embriaguez,
preguntadle
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
68
Anexos
a todo lo que huye,
a todo lo que murmura,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es,
y el viento,
y la ola,
y la estrella,
y el pájaro,
y el reloj
os dirán
6.2.4.3. 1913: MANUEL ÁLVAREZ ORTEGA
EMBRIAGAOS
Es preciso estar siempre ebrio. Esto es todo: la única cuestión. Para no sentir la horrible carga
del tiempo que desgarra vuestros hombros y os inclina sobre la tierra, es preciso embriagarse sin
tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os parezca. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la triste
soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o desaparecida ya la embriaguez, preguntadle al
viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda,
a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y
el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser martirizados, esclavos del tiempo,
embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os parezca».
Y si alguna vez,
en las escaleras de un palacio,
en la verde hierba de una zanja,
en la triste soledad de vuestro cuarto,
os despertáis,
disminuida o desaparecida ya la embriaguez,
preguntadle
69
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es, y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro
y el reloj
os responderán
6.2.4.4. 1918: JOSÉ FRANCÉS
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Eso es lo único. Para no sentir el horrible fardo del tiempo que
rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, hay que emborracharse sin tregua.
¿De qué? De vino, de poesía o de virtud, como gustéis. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en la escalera de un palacio, o en el borde de un foso, o en la soledad
melancólica de vuestro cuarto despertáis ya disminuida o desaparecida la embriaguez, pedidle al viento, a
la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo
que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es.
Y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os contestarán: «Es la hora de embriagarse.
Para no ser los esclavos martirizados por el tiempo, embriagaos constantemente. De vino, de poesía o
de virtud, como gustéis.»
Y si alguna vez,
en la escalera de un palacio,
70
Anexos
o en el borde de un foso,
o en la soledad melancólica de vuestro cuarto
despertáis ya disminuida o desaparecida la embriaguez,
pedidle
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es.
Y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
os contestarán
6.2.4.5. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre borracho. Todo consiste en eso: es la única cuestión. Para no sentir la
carga horrible del Tiempo, que os rompe los hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que
embriagaros sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, de lo que queráis. Pero embriagaos.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la tristona
soledad de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida ya o disipada la embriaguez, preguntad al viento, a la
ola, a la estrella, al ave, al reloj, a cuanto huye, a todo lo que gime, a lo que rueda, a cuanto canta, a todo
lo que habla, preguntadle la hora que es; y el viento, la ola, la estrella, el ave, el reloj, os contestarán: «¡Es
hora de emborracharse! Para no ser esclavos y mártires del Tiempo, embriagaos, embriagaos sin
cesar. De vino, de poesía o de virtud; de lo que queráis.»
Y si alguna vez,
en las gradas de un palacio,
sobre la hierba verde de un foso,
en la tristona soledad de vuestro cuarto,
os despertáis,
disminuida ya o disipada la embriaguez,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al ave,
al reloj,
a cuanto huye,
a todo lo que gime,
a lo que rueda,
a cuanto canta,
a todo lo que habla,
preguntadle la hora que es; y
el viento,
la ola,
la estrella,
el ave,
el reloj,
os contestarán
6.2.4.6. 1942: AGUSTÍN ESCLASANS
72
Anexos
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Todo consiste en eso; es la única cuestión. Para no sentir el
horrible fardo del Tiempo, que pesa sobre vuestras espaldas y os hace inclinar hacia la tierra, hay que
embriagarse sin cesar.
¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos.
Y si, a veces, en los peldaños de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad
melancólica de vuestra habitación, os despertáis, con la embriaguez ya disminuída o desaparecida,
preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a cuanto huye, a cuanto gime, a cuanto rueda,
a cuanto canta, a cuanto habla, preguntad qué hora es: y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj, os
contestarán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ver a los esclavos martirizados del Tiempo,
embriagaos, embriagaos sin cesar! ¡De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto!»
Y si, a veces,
en los peldaños de un palacio,
sobre la hierba verde de un foso,
en la soledad melancólica de vuestra habitación,
os despertáis,
con la embriaguez ya disminuída o desaparecida,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a cuanto huye,
a cuanto gime,
a cuanto rueda,
a cuanto canta,
a cuanto habla,
preguntad qué hora es: y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
os contestarán
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
6.2.4.7. 1973: VICENTE GIL-VILACHE
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre embriagado. Ese es el secreto; ésa es la única cuestión. Para no sentir
la horrible carga del Tiempo que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, tenéis que
embriagaros sin tregua.
¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la yerba verde de un foso, en la lúgubre
soledad de vuestro cuarto, os despertáis con la embriaguez ya disminuida o desaparecida, preguntad al
viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda,
a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el
reloj, os responderán: «¡Es la hora de emborracharse! ¡Para no ser los martirizados esclavos del
Tiempo, embriagaos, embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto.»
Y si alguna vez,
en las escalinatas de un palacio,
sobre la yerba verde de un foso,
en la lúgubre soledad de vuestro cuarto,
os despertáis con la embriaguez ya disminuida o desaparecida,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntad qué hora es; y
el viento,
la ola,
74
Anexos
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
os responderán
6.2.4.8. 1975: ALAIN VERJAT
¡EMBRIAGAOS!
Siempre hay que estar ebrio. Es lo importante: la única cuestión. Para no sentir el horrible
fardo del Tiempo que destroza el hombro y os doblega hacia el suelo, os tenéis que embriagar siempre.
Pero ¿con qué? Con vino, con poesía o virtud, como queráis. Pero embriagaos.
Y si a veces, en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la triste soledad de
vuestra habitación os despertáis, la embriaguez amainada ya o desaparecida, preguntad al viento, a las
olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo cuanto huye, a todo cuanto solloza y da vueltas, a todo
cuanto canta y habla, preguntad qué horas; y el viento, las olas, las estrellas, los pájaros, el reloj os
contestarán: ¡es hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos;
¡embriagaos sin parar!
¡Con vino, poesía o virtud, como queráis!
Y si a veces,
en la escalinata de un palacio,
en la verde hierba de un foso,
en la triste soledad de vuestra habitación
os despertáis,
la embriaguez amainada ya o desaparecida,
preguntad
al viento,
a las olas,
a las estrellas,
a los pájaros,
al reloj,
a todo cuanto huye,
a todo cuanto solloza y da vueltas,
a todo cuanto canta y habla,
75
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
preguntad qué horas;
y el viento,
las olas,
las estrellas,
los pájaros,
el reloj
os contestarán
6.2.4.9. 1979: EMILIO OLCINA AYA
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Nada más: ése es todo el asunto. Para no sentir el horrible peso
del Tiempo que os fatiga la espalda y os inclina hacia la tierra, tenéis que embriagaros sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como queráis. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las escalinatas de un palacio, sobre la hierba verde de una cuneta, en la
lúgubre soledad de vuestra habitación, os despertáis, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez,
preguntad al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo
lo que rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntad qué hora es, y el viento, la ola, la estrella,
el pájaro, el reloj, os contestarán: «¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser los esclavos martirizados
del Tiempo, embriagaos; embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como queráis.»
Y si alguna vez,
en las escalinatas de un palacio,
sobre la hierba verde de una cuneta,
en la lúgubre soledad de vuestra habitación,
os despertáis,
habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
76
Anexos
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntad qué hora es, y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
os contestarán
6.2.4.10. 1985: JAIME URIBE
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Ahí está todo: es la única cuestión. Para no sentir el horrible
fardo del Tiempo que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, es preciso que os
embriaguéis sin tregua.
Pero, ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la soledad
melancólica de vuestra habitación, os despertáis y la embriaguez ha disminuido o desaparecido, preguntad
al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que
rueda, a todo lo que canta o lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro,
el reloj os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo,
embriagaos; ¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, de lo que queráis.»
Y si alguna vez,
en las gradas de un palacio,
en la hierba verde de una cuneta,
en la soledad melancólica de vuestra habitación,
os despertáis y la embriaguez ha disminuido o desaparecido,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
77
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta o lo que habla,
preguntadle qué hora es; y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj
os responderán
6.2.4.11. 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA
EMBRIAGAOS
HAY que estar siempre borracho. Todo radica ahí: es la única cuestión. Para no sentir el
horrible fardo del Tiempo, que destroza vuestras espaldas y os inclina hacia el suelo, es preciso
emborracharse sin tregua.
¿Y de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo, pero emborrachaos.
Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, en la verde hierba de un foso, en la
mustia soledad de vuestro cuarto, habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez, preguntad al
viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, gime, rueda, canta y habla, preguntadle
qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán: «¡Es hora de emborracharse! Para no
ser esclavos martirizados por el Tiempo, emborrachaos, emborrachaos constantemente! [sic] De vino,
de poesía o de virtud, a vuestro antojo».
Y si alguna vez os despertáis
en la escalinata de un palacio,
en la verde hierba de un foso,
en la mustia soledad de vuestro cuarto,
habiendo disminuido o desaparecido la embriaguez,
preguntad
al viento,
78
Anexos
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que
huye,
gime,
rueda,
canta
y habla,
preguntadle qué hora es;
y el viento,
la ola,
la estrella,
el reloj
os responderán
6.2.4.12. 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Nada más: ésa es toda la cuestión. Para no sentir el peso horrible
del tiempo, que os quiebra la espalda y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin parar.
¿De qué? De vino, de poesía o de virtud, como queráis. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las escaleras de un palacio, en la verde hierba de una zanja, en la soledad
sombría de vuestro cuarto, os despertáis, porque ha disminuido o ha desaparecido vuestra embriaguez,
preguntad al viento, a las olas, a las estrellas, a los pájaros, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que
gime, a todo lo que gira, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es, y el viento, las
olas, las estrellas, los pájaros, el reloj, os contestarán: «¡Es la hora de embriagarse!» Para no ser los
esclavos martirizados del tiempo, embriagaos; embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud,
como queráis.
Y si alguna vez,
en las escaleras de un palacio,
en la verde hierba de una zanja,
en la soledad sombría de vuestro cuarto,
79
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
os despertáis,
porque ha disminuido o ha desaparecido vuestra embriaguez,
preguntad
al viento,
a las olas,
a las estrellas,
a los pájaros,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que gira,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es, y
el viento,
las olas,
las estrellas,
los pájaros,
el reloj,
os contestarán
6.2.4.13. 1990: MARGARITA MICHELENA
EMBRIAGAOS
HAY QUE ESTAR SIEMPRE EBRIO. Todo está allí: es la única cuestión. Para no sentir el horrible
fardo del Tiempo, que rompe vuestros hombros y os inclina hacia la tierra, hay que embriagarse sin
cesar.
¿Pero de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa.
Y si alguna vez, sobre las gradas de un palacio, sobre la hierba verde de un foso, en la soledad
melancólica de vuestra alcoba, os despertáis, la embriaguez ya atenuada o desaparecida, pedid al viento, a
la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj y a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo
lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el
reloj os responderán: “¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo,
embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa”.
80
Anexos
Y si alguna vez,
sobre las gradas de un palacio,
sobre la hierba verde de un foso,
en la soledad melancólica de vuestra alcoba,
os despertáis,
la embriaguez ya atenuada o desaparecida,
pedid
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj
y
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es; y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro
y el reloj
os responderán
6.2.4.14. 1993: PEDRO GANDÍA BULEO
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Todo radica ahí: ése es todo el asunto. Para no sentir la horrible
carga del Tiempo que os destroza las espaldas y os inclina hacia tierra, tenéis que embriagaros sin
tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, en las gradas de un palacio, en la hierba verde de una cuneta, en la triste soledad
de vuestra habitación, os despertáis, disminuida o aparecida ya la embriaguez, preguntad al viento, a la
ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo lo
que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro y el reloj
81
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
os responderán: «¡Es hora de embriagarse! Para no ser esclavos martirizados por el Tiempo,
embriagaos, embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestro gusto».
Y si alguna vez,
en las gradas de un palacio,
en la hierba verde de una cuneta,
en la triste soledad de vuestra habitación,
os despertáis,
disminuida o aparecida ya la embriaguez,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es; y
el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro
y el reloj
os responderán:
6.2.4.15. 1997: JOAQUÍN NEGRÓN
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Todo se reduce a eso; es la única cuestión. Para no sentir el
horrible peso del Tiempo, que os destroza los hombros doblegándoos hacia el suelo, debéis embriagaros
sin cesar.
Pero, ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, como os plazca. Pero embriagaos.
82
Anexos
Y si alguna vez os despertáis en la escalinata de un palacio, tumbados sobre la verde hierba de
una cuneta o en la lóbrega soledad de vuestro cuarto, menguada o disipada ya la embriaguez, preguntadle
al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que
rueda, canta o habla, preguntad qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj os
contestarán: «¡Es hora de embriagarse!» Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo, embriagaos;
¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, como os plazca.
Y si alguna vez os despertáis
en la escalinata de un palacio,
tumbados sobre la verde hierba de una cuenta
o en la lóbrega soledad de vuestro cuarto,
menguada o disipada ya la embriaguez,
preguntadle
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que
rueda,
canta
o habla,
preguntad qué hora es;
y el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj
os contestarán:
6.2.4.16. 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL
EMBORRACHAOS
83
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Hay que estar siempre borracho. Ésa es la clave, ésa la única cuestión. Para no sentir la
horrible carga del Tiempo que os rompe los hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que
emborracharos sin tregua.
¿De qué? De vino, de poesía, de virtud, a vuestro antojo. Pero emborrachaos.
Y si en algún momento, en las escalinatas de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la
soledad triste de vuestra habitación, os despertáis, la embriaguez menguada o desaparecida, preguntad al
viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda,
a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadles qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro,
el reloj, os responderán: «¡Es la hora de emborracharse! Para no ser los esclavos martirizados del
Tiempo, emborrachaos; ¡emborrachaos sin tregua! De vino, de poesía o de virtud: a vuestro antojo».
Y si en algún momento,
en las escalinatas de un palacio,
sobre la verde hierba de un foso,
en la soledad triste de vuestra habitación,
os despertáis,
la embriaguez menguada o desaparecida,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadles qué hora es;
y el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
os responderán
84
Anexos
6.2.4.17. 2006: MAURO ARMIÑO
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Todo está ahí: ésa es la única cuestión. Para no sentir el horrible
fardo del Tiempo que rompe vuestras espaldas y os inclina hacia el suelo, tenéis que embriagaros sin
tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, lo que prefiráis. Pero embriagaos.
Y si alguna vez, sobre la escalinata de un palacio, sobre la verde hierba de un foso, en la soledad
sombría de vuestro cuarto, os despertáis, ya menguada o desaparecida la embriaguez, preguntad al viento,
a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que rueda, a todo
lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el pájaro, el reloj,
os responderán: «¡Es la hora de embriagarse! Para no ser los esclavos martirizados del Tiempo,
¡embriagaos sin cesar! De vino, de poesía o de virtud, lo que prefiráis».
Y si alguna vez,
sobre la escalinata de un palacio,
sobre la verde hierba de un foso,
en la soledad sombría de vuestro cuarto,
os despertáis,
ya menguada o desaparecida la embriaguez,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es;
y el viento,
la ola,
la estrella,
el pájaro,
el reloj,
85
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
os responderán
6.2.4.18. 2008: PABLO OYARZÚN
EMBRIAGAOS
Hay que estar siempre ebrio. Todo está allí: es la única cuestión. Para no sentir el horrible
fardo del Tiempo que quiebra vuestras espaldas y que os inclina hacia la tierra, tenéis que embriagaros
sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa. Pero embriagaos.
Y si alguna vez os despertáis, sobre los peldaños de un palacio, sobre la verde hierba de una
zanja, en la soledad sombría de vuestro cuarto, ya aminorada o desaparecida la embriaguez, preguntadle
al viento, a la ola, a la estrella, al pájaro, al reloj, a todo lo que huye, a todo lo que gime, a todo lo que
rueda, a todo lo que canta, a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el
pájaro os responderán: “¡Es la hora de embriagarse! ¡Para no ser esclavos martirizados del Tiempo,
embriagaos; embriagaos sin tregua! De vino, de poesía o de virtud, a vuestra guisa”.
Y si alguna vez os despertáis,
sobre los peldaños de un palacio,
sobre la verde hierba de una zanja,
en la soledad sombría de vuestro cuarto,
ya aminorada o desaparecida la embriaguez,
preguntadle
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo lo que huye,
a todo lo que gime,
a todo lo que rueda,
a todo lo que canta,
a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es;
y el viento,
86
Anexos
la ola,
la estrella,
el pájaro
os responderán
6.2.4.19. 2009: MANUEL NEILA
EMBRIAGAOS
HAY que estar siempre borracho. Eso es todo: esa es la única cuestión. Para no sentir el
horrible fardo del Tiempo, que destroza vuestros hombros y os inclina hacia el suelo, tenéis que
embriagaros sin tregua.
Pero ¿de qué? De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo, pero embriagaos.
Y si alguna vez, en la escalinata de un palacio, en la hierba verde de un foso, en la triste soledad
de vuestro cuarto, os despertáis, disminuida o disipada ya la embriaguez, preguntad al viento, a la ola, a la
estrella, al pájaro, al reloj, a todo cuanto huye, a todo lo que gime, a todo cuanto rueda, a todo lo que
canta y a todo lo que habla, preguntadle qué hora es; y el viento, la ola, la estrella, el reloj os responderán:
«¡Es hora de emborracharse! Para no ser los esclavos martirizados por el Tiempo, embriagaos,
embriagaos sin cesar. De vino, de poesía o de virtud, a vuestro antojo.»
Y si alguna vez,
en la escalinata de un palacio,
en la hierba verde de un foso,
en la triste soledad de vuestro cuarto,
os despertáis,
disminuida o disipada ya la embriaguez,
preguntad
al viento,
a la ola,
a la estrella,
al pájaro,
al reloj,
a todo cuanto huye,
a todo lo que gime,
a todo cuanto rueda,
a todo lo que canta
87
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
y a todo lo que habla,
preguntadle qué hora es;
y el viento,
la ola,
la estrella,
el reloj
os responderán
88
Anexos
ANEXO 14: TRADUCCIONES ESPACIALIZADAS DE XXXII – LE THYRSE
6.3.4.1. 1905: EUSEBIO HERAS
El tirso
A Frantz [sic.] Listz [sic.]
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en mano
de los sacerdotes ó
de las sacerdotisas
que celebran la divinidad de que son los
intérpretes y
siervos.
Pero
físicamente
no es más que
una varilla,
simplemente
una varilla,
pértiga de lúpulo,
tutor de vid,
seca,
dura y
recta.
En torno de esta varilla,
en caprichosas revueltas,
juegan y
loquean
tallos y
flores,
89
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
aquéllos
sinuosos y
fugitivos,
éstas
inclinadas como
campanas ó
copas vueltas.
Y una sorprendente gloria brota de aquella complejidad de
luces y
colores,
chillones ó
tiernos.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte á la línea y
bailan en torno de la misma en muda adoración?
¿No se diría que
todas aquellas corolas delicadas,
todos aquellos cálices,
explosiones
de aromas y
de colores,
ejecutan un místico fandango en torno de la varilla hierática?
¿Y quién es, sin embargo, el mortal imprudente capaz de decidir
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
la varilla,
ó si
la varilla
no es más que el pretexto para mostrar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
90
Anexos
El tirso
es
la representación de la sorprendente cualidad de usted,
maestro
potente y
venerado,
querido Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Nunca
ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió
su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta
energía y
capricho
como
agita
usted
su genio
sobre los corazones de sus hermanos.
La varilla
es
su voluntad de usted,
recta,
firme é
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de su fantasía en torno de su voluntad;
es
el elemento femenino ejecutando en torno del macho sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
91
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad de la palabra,
unidad del fin,
variedad de medios,
amalgama
omnipotente é
indivisible
del genio,
¿qué análisis tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
á través de las brumas,
del otro lado de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan su gloria,
donde la imprenta traduce su sabiduría,
en cualquier lugar donde se encuentre usted,
en los esplendores de la vida eterna ó
en las brumas de los países soñadores que consuela Cambronus, [sic.]
improvisando cantos
de delectación ó
de dolor inefable, ó
confiando al papel sus meditaciones abstrusas,
chantre
de la Voluptuosidad y
de la Augustia [sic.]
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡salúdole á usted en la inmortalidad!
92
Anexos
6.3.4.2. 1910?: PEDRO VANCES
EL TIRSO
A Franz Liszt
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal que los
sacerdotes y
sacerdotisas
llevan en la mano y
con el que solemnizan la divinidad, de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero,
físicamente,
no es más que
una vara,
una verdadera vara,
una rama de viña,
un rodrigón de vid,
esbelto,
seco y
muy resistente.
En torno de esta vara,
alrededor de sus caprichosas sinuosidades,
brotan y
se revuelven
tallos y
flores,
fugitivos y
sinuosos
93
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
los unos,
inclinadas
las otras
como
campanas o
copas del revés.
Y un estupendo esplendor surge de esta complejidad de
líneas y
colores,
delicados o
resplandecientes.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
cortejan a la recta y,
con muda adoración,
en torno de ella
danzan?
¿No se diría que
todas esas sutiles corolas y
todos esos cálices,
explosiones de
matices y
perfumes,
bailan un místico fandango alrededor de la hierática vara?
¿Y qué imprudente mortal osaría decir
si
las flores y
los pámpanos
se hicieron para
la vara,
o si
la vara
no es más que un pretexto para que se nos muestre la belleza de
los pámpanos y
las flores?
94
Anexos
El tirso
es
la portentosa representación de vuestro sorprendente dualismo,
poderoso y
venerado
maestro,
Bacante de la
misteriosa y apasionada
Belleza.
Jamás
ninfa alguna,
exasperada por el invencible Baco,
agitó
su tirso
sobre las cabezas de sus enloquecidas compañeras
con tanto
poderío e
imaginación
tanta,
como
agitáis
vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
La vara
es
vuestra voluntad
erguida,
firme e
inquebrantable;
las flores,
el vuelo de vuestra fantasía
en torno de vuestra voluntad,
el elemento femenino que ejecuta
alrededor del macho sus prestigiosas piruetas.
Rectas y
arabescos,
95
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidades del verbo,
unidad de miras,
variedades de ejecución,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué espíritu analítico tendría el abominable
[atrevimiento de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades en las que
los pianos cantan vuestra gloria o
la imprenta traduce vuestra sabiduría,
dondequiera que estéis,
entre los esplendores de la Ciudad Eterna, o
entre las brumas de los países meditabundos que Gambrinus consuela,
ya
improvisando cantos
de delectación o
de inefable pesadumbre,
ya
confiando al papel vuestras abstrusas meditaciones,
cantor
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
96
Anexos
filósofo,
poeta y
artista,
¡os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.3. 1918: JOSÉ FRANCÉS
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es un emblema sacerdotal en la mano
de los sacerdotes y
de las sacerdotisas,
que exalta la dignidad de la cual son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un bastón,
un trozo de palo
que sirve para sostener las viñas,
seco,
duro y
recto.
En torno de este bastón
juegan y
se solazan
en caprichosos meandros
tallos y
flores,
sinuosos y
97
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
fugitivos
aquéllos,
inclinadas
éstas
como
campanas o
copas al revés.
Y una gloria sombrosa surte de esta complejidad de
líneas y
colores
suaves o
chillones.
¿No parece que
la línea curva y
la espiral
cortejan a la línea recta y
danzan en torno de ella con muda adoración?
¿No parece que
todas esas corolas,
todos esos cálices,
explosiones
de perfumes
de colores,
ejecutan un místico fandango en torno del bastón hierático?
¿Quién será el mortal imprudente que se atreva a decidir
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
esta vara
o si
la vara
no es más que el pretexto para mostrar la belleza
de los pámpanos y
de las flores?
El tirso es la representación de su portentoso dualismo,
o maestro
98
Anexos
venerado y
potente,
bacante de la belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco,
agitó su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tan
caprichosa energía
como
vos
agitáis vuestro genio
sobre los corazones fraternos.
La varita
es
vuestra voluntad,
recta y
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en torno de vuestra voluntad,
son
el elemento femenino ejecutando
alrededor del macho
sus piruetas fastuosas.
Línea recta y
arabesco,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
99
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
unidad de propósito,
variedad de medios,
amalgama
omnipotente e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendría el detestable valor de
dividiros y
separaros?
A través de las brumas,
querido Liszt,
al otro lado de los ríos,
por encima de las ciudades
donde
los pianos cantan vuestra gloria o
la imprenta traduce vuestra sabiduría,
estéis donde
estéis,
en los esplendores de la Ciudad Eterna o
en las brumas de los países soñadores que Gambrinus consuela,
improvisando cantos
de delectación o
de dolor inefable,
confiando al papel
vuestras meditaciones abstrusas,
cantos
de la voluptuosidad y
de la angustia eterna,
filósofo,
poeta y
artista,
¡yo os saludo en la inmortalidad!
100
Anexos
6.3.4.4. 1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en manos
de los sacerdotes o
de las sacerdotisas
que celebran a la divinidad, cuyos
intérpretes y
servidores
son.
Pero
físicamente
no es más que
un palo,
un sencillo palo,
percha de lúpulo,
rodrigón de viña,
seco,
duro y
derecho.
En derredor de ese palo,
en meandros caprichosos,
juegan como locos
tallos y
flores,
sinuosas y
huidizas
éstas,
inclinados
101
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
aquéllos como
campanas o
copas vueltas del revés.
Una gloria asombrosa mana de tal complejidad
de líneas y
de colores,
tiernas o
brillantes.
¿No se diría que
la curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta,
bailando en torno suyo con adoración muda?
¿No se diría que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones
de aromas y
de color,
ejecutan un fandango místico en derredor del palo hierático?
¿Y cuál es, sin embargo, el mortal imprudente que se atrevería a decidir
si
las flores y
los pámpanos
se han hecho para
el palo,
o si
el palo
no es más que el pretexto para mostrar la hermosura de
pámpanos y
flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerando, [sic]
caro bacante de la belleza
102
Anexos
misteriosa y
apasionada.
Jamás
la ninfa exasperada por Baco invencible,
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
sacudió el tirso
con tanto
vigor y
capricho
como
vos
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
El palo
es
vuestra voluntad
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en derredor
de vuestra voluntad;
es
el elemento femenino que ejecuta
en redor [sic.]
del macho sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea de arabesco,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
103
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
unidad del propósito,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué analítico tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
¡Querido Liszt:
a través de las brumas y
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
en que los pianos cantan vuestra gloria y
la imprenta traduce vuestro saber,
dondequiera que os halléis vos,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las nieblas de los países soñadores consolados por Gambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de dolor inefable
o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
del placer y
de la angustia
eternos,
filósofo,
poeta y
artista,
yo os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.5. 1942: AGUSTÍN ESCLASANS
104
Anexos
EL TIRSO
(A Franz Liszt)
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
era
un emblema sacerdotal, en manos de los
sacerdotes o
sacerdotisas
que veneraban a sus divinidades, de las que eran
los intérpretes o
los servidores.
Pero,
físicamente,
no era más que
un bastón,
un puro bastón,
pértiga de lúpulo,
tutor de viña,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este bastón,
en meandros caprichosos,
se enroscan y
entretejen
ramitas y
flores,
éstas
sinuosas y
fugitivas,
aquéllas
inclinadas como
campanas o
copas invertidas.
105
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Y de esa complejidad de
líneas y
colores,
tiernos y
brillantes,
brota una gloria sorprendente.
¿No se diría que las líneas
curva y
espiral
hacen su corte a la línea recta y
danzan a su alrededor, en muda adoración?
¿No se diría que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones de
perfumes y
colores,
ejecutan un místico fandango alrededor del bastón hierático?
¿Y cuál es, sin embargo, el mortal imprudente que osaría decidir
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
el bastón,
o si
el bastón
sólo es el pretexto para mostrar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
El tirso
es
la representación de vuestra admirable dualidad,
señor
poderoso y
venerado,
106
Anexos
querido Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió
su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta energía y
tan caprichosamente
como
vos
agitáis
vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
alrededor de vuestra voluntad,
son
el elemento femenino que ejecuta
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
107
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
unidad del objeto,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendría el detestable valor de
dividiros y
repararos? [sic.]
¡Querido Liszt:
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades,
en las que los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta traduce vuestra sapiencia,
en cualquier lugar donde os halléis,
entre los esplendores de la Villa Eterna o
entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
de delectación o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
chantre
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
yo os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.6. 1973: VICENTE GIL-VILACHE
108
Anexos
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en la mano
de los sacerdotes o
de las sacerdotisas
que celebran la divinidad de la que son
interpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
una vara,
una simple vara,
pértiga de lúpulo,
estaca de vis [sic.],
seca,
dura y
recta.
Alrededor de esa vara,
en meandros caprichosos,
juegan bromeando
flores y
tallos,
éstos
sinuosos y
huidizos,
aquéllas
inclinadas como
campanas o
copas vueltas del revés.
Y un asombroso esplendor se desprende de esta complejidad
109
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
de líneas y
de colores
delicados y
resplandecientes.
¿No podría decirse que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
danzan a su alrededor con muda adoración?
¿No podría decirse que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones
de aroma y
de colores
ejecutan una mística danza alrededor de la hierática vara?
¿Y, sin embargo, qué mortal imprudente se atrevería a decidir
si
las flores y
los pámpanos
se hicieron para la vara
o si
ésta sólo es el pretexto para mostrar la belleza
de los pámpanos
de las flores?
El tirso
es
la representación
de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
querida Bacante,
de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
110
Anexos
Nunca
la ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió el tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta fuerza y capricho como
vosotros
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
La vara
es
vuestra voluntad
recta,
sólida,
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en torno de vuestra voluntad,
el elemento femenino que ejecuta
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Rectas y
arabescos,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad de propósito,
variedad de medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
111
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
¿qué analista tendrá el detestable valor
de dividiros y
de separaros?
Querido Liszt:
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan tu gloria,
donde la imprenta traduce tu sabiduría,
en el lugar que tú estés,
en los esplendores de la Ciudad Eterna o
en las brumas de los países soñadores a los que Gambrinus consuela
improvisando cantos
de delectación o
de inefable dolor, o
confiando al papel tus abstrusas meditaciones,
chantre
de la Voluptuosidad y
de la Angustia eterna,
filósofo,
poeta y
artista,
¡yo te saludo en la inmortalidad!
6.3.4.7. 1975: ALAIN VERJAT
EL TIRSO
a Franz Liszt
¿Qué es un tirso?
Según el significado
moral y
112
Anexos
poético
es
un emblema sacerdotal en mano de los
sacerdotes y
sacerdotisas
que celebran la divinidad de que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un palo,
un simple palo,
vara para el lúpulo,
tutor para la vid,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este palo,
con caprichosos meandros,
juegan y
retozan
tallos y
flores,
sinuosas y
huidizas
éstas,
aquéllas
inclinadas cual
campanulas o
copas invertidas.
Y
de estas líneas complejas
y
de estos colores
pastel o
deslumbrantes
113
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
brota una gloria asombrosa.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
cortejan la línea recta y
bailan a su alrededor con callada adoración?
¿No se diría que
todas estas delicadas corolas,
todos estos cálices,
explosiones de
fragancias y
colores,
interpretan un místico fandango alrededor del hierático bastón?
Y sin embargo, ¿cuál sería el imprudente mortal que se atrevería a decidir
si
las flores y
los pámpanos
fueron creados para
el bastón,
o si
el bastón
no es más que el pretexto para lucir la belleza
de las flores y
de los pámpanos?
El tirso es la representación de vuestra sorprendente dualidad,
maestro
fecundo y
venerado,
querido Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Nunca
ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
encima de las cabezas de sus compañeras
con tanta
114
Anexos
energía y
caprichos
como
agitáis vuestro genio
sobre la sensibilidad de vuestros semejantes.
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el pasear de vuestra fantasía
alrededor de vuestra voluntad;
es
el elemento femenino ejecutando
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendría el detestable valor de
analizaros y
115
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
separaros?
Querido Liszt,
a través de las nieblas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta se hace el eco de vuestra sabiduría,
donde quiera que estéis,
en medio
del esplendor de la ciudad eterna o
de las nieblas de los países soñolientos que Cambrino consuela,
improvisando cantos
deleitosos o
inefablemente dolorosos,
o confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
de la voluptuosidad y
de la angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.8. 1979: EMILIO OLCINA AYA
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
De acuerdo con el sentido
moral y
poético,
es un emblema sacerdotal en manos de
116
Anexos
los sacerdotes o
las sacerdotisas
que celebran la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un bastón,
un mero bastón,
estaca de lúpulo,
tutor de vid,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este bastón,
en caprichosos meandros,
juguetean y
retozan
ramillas y
flores,
las primeras
sinuosas y
huidizas,
las segundas
inclinadas como
campanas o
copas invertidas.
Y surge una gloria sorprendente de esa complejidad
de líneas y
de colores,
tiernos o
brillantes.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
117
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
cortejan a la recta y
danzan a su alrededor con muda adoración?
¿No se diría que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones
de aromas y
de colores,
ejecutan un fandango místico alrededor del bastón hierático?
Y, por lo demás, ¿qué mortal imprudente se atreverá a dictaminar
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
el bastón,
o si
el bastón
no es más que un pretexto para exhibir
pámpanos y
flores?
El tirso es la representación de su sorprendente dualidad,
querido bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta
energía y
capricho
como
agita
usted
su genio
sobre los corazones de sus hermanos.
118
Anexos
El bastón
es
su voluntad,
recta,
firme e
inconmovible;
las flores
son
el paseo de su fantasía
alrededor de su voluntad;
es
el elemento femenino que ejecuta
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del objetivo,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el valor detestable de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
119
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
por encima de las ciudades
en que los pianos cantan vuestra gloria,
en que la imprenta traduce vuestra sabiduría,
sea donde
sea que estéis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las brumas de los países soñadores consolados por Cambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de dolor inefable, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.9. 1985: JAIME URIBE
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
En el sentido
moral y
poético,
es un emblema sacerdotal en manos de
sacerdotes y
sacerdotisas
que alaban a la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
120
Anexos
no es más que
un bastón,
un simple palo,
una estaca,
tutor de viña,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de ese palo,
en meandros caprichosos,
juegan y
retozan
tallos y
flores,
éstas
sinuosas y
huidizas,
aquellas
colgantes como
campanas o
copas volcadas.
Y una gloria sorprendente brota de esta complejidad
de líneas y
de colores,
apagados o
resplandecientes.
¿No parece que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
danzan a su alrededor en muda adoración?
¿No se diría que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones de
aromas y
colores,
121
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ejecutan un místico fandango alrededor del hierático palo?
Y, sin embargo, ¿qué mortal imprudente osaría decidir
si
las flores y
los pámpanos
fueron hechos para
el palo,
o si
el palo
es tan sólo el pretexto para mostrar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
amada Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta
energía y
capricho
como
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
122
Anexos
son
el paseo de vuestra fantasía
alrededor de vuestra voluntad;
es
el elemento femenino ejecutando
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
arabesco,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad de objetivo,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Amado Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
en que los pianos cantan tu gloria,
en que la imprenta traduce tu sabiduría,
dondequiera que estés,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
deleitosos o
123
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
de inefable dolor, o
confiando al papel tus meditaciones abstrusas,
cantor
de Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡te saludo en la inmortalidad!
6.3.4.10. 1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
un emblema
sacerdotal y
poético
en la mano de los
sacerdotes y
sacerdotisas
que celebran a la divinidad, de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero,
físicamente,
no es más que
un bastón,
un mero bastón,
percha de lúpulo,
tutor de viña,
124
Anexos
seco,
duro y
recto.
En torno a este bastón,
formando unos caprichosos meandros,
juegan y
retozan
tallos y
flores,
sinuosos y huidizos
aquéllos,
inclinadas
éstas como
campanas o
copas invertidas.
Y una asombrosa gloria brota de esta complejidad
de líneas y
de colores,
tiernas o
brillantes.
¿No diríamos que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
danzan a su alrededor en muda adoración?
¿No diríamos que
todas esas delicadas corolas,
todos esos cálices,
explosión
de fragancias y
de colores,
ejecutan un místico fandango en torno al hierático bastón?
Y sin embrago [sic.], ¿quién es el imprudente mortal que se atreverá a decir
si
flores y
125
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
pámpanos
han sido hechos para
el palo,
o si
éste
es sólo el pretexto para mostrar la belleza de
pámpanos y
flores?
El tirso
es
la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
venerado y
poderoso,
querida Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Nunca
ninfa alguna exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso con tanto capricho y energía como
agitáis vos vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
–
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad;
son
el elemento femenino que ejecutan
alrededor del macho
126
Anexos
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
variedad de los medios,
omnipotente e
indivisible
amalgama del genio;
¿qué analítico tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta traduce vuestra sabiduría,
cualquiera que sea el lugar en el que os encontréis,
entre los esplendores de la ciudad eterna o
entre las brumas de los países soñadores consolados por Gambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
del Placer y
de la Angustia
eternos,
filósofo,
127
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
poeta y
artista,
¡yo te saludo en la inmortalidad!
6.3.4.11. 1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN
El tirso
A FRANZ LISZT.
¿Qué es un tirso?
Según su sentido
moral y
poético,
es
lo que llevan en la mano, como emblema de su función,
los sacerdotes o
las sacerdotisas
cuando veneran a la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un palo,
un simple palo
–vara para el lúpulo,
tutor para la vid–,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este palo,
en caprichosos meandros,
retozan y
juegan
entre sí
128
Anexos
tallos y
flores,
aquéllos
sinuosos y
huidizos,
éstas
colgantes como
campanas o
copas invertidas.
Y este complejo
de líneas y
de colores
mates o
brillantes
desprende un nimbo asombroso.
¿No cabría decir que
la línea curva y
la espiral
cortejan a la línea recta y
bailan a su alrededor con callada adoración?
¿No cabría decir que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices
–explosión de
aromas y
colores–
interpretan un místico fandango alrededor del hierático bastón?
Y, sin embargo, ¿qué imprudente mortal se atreverá a decidir
si
las flores y
los pámpanos
fueron hechos para
ese palo,
o si
el palo
no es más que un pretexto para exhibir la belleza
129
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
de los pámpanos y
de las flores?
El tirso
es
la representación de vuestra sorprendente dualidad,
poderoso y
variado
maestro,
querido bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco,
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta energía y tanto capricho como
vos
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el rondar de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad;
es
el elemento femenino ejecutando
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
arabesco,
130
Anexos
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad y
sinuosidad del verbo,
unidad del fin y
variedad de los medios,
amalgama
omnipotente e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
cuyos pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta traduce vuestra sabiduría,
entre los esplendores de la Ciudad Eterna o
entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras abstrusas meditaciones,
cantor
de la voluptuosidad y
de la angustia eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡os saludo en la inmortalidad!
131
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
6.3.4.12. 1990: MARGARITA MICHELENA
El tirso
A Franz Liszt.
¿QUÉ ES UN TIRSO?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en manos de
los sacerdotes y
las sacerdotisas
que celebran a la Divinidad de la cual son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un bastón,
sólo un bastón,
un mero bastón,
garrocha de lúpulo,
tutor de viña,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este báculo,
en meandros caprichosos,
juegan y
se rozan
tallos y
flores,
ésos
sinuosos y
132
Anexos
huyentes,
éstas
colgadas como
campanas o
copas volcadas.
Y una gloria sorprendente salta de esa complejidad de
líneas y
colores,
suaves o
estallantes.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
danzan en su derredor en muda admiración?
¿No se diría que todas
esas corolas delicadas,
esos cálices,
explosión de
aromas y
colores,
ejecutan un místico fandango en torno del bastón hierático?
¿Y cuál es, entre tanto, el mortal imprudente que osará decir
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
el bastón,
o si
el bastón
no es más que el pretexto para mostrar la belleza de
las flores y
los pámpanos?
El tirso
es
133
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
caro bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
sobre la cabeza de sus compañeras enloquecidas
con tanta energía y capricho como
vos
agitáis vuestro genio
sobre el corazón de vuestros hermanos.
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo
alrededor de vuestra voluntad;
son
el elemento femenino que ejecuta
en torno al masculino
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
134
Anexos
variedad de los medios,
unidad en el fin,
amalgama
todopoderosa e
invisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta traduce vuestra sabiduría,
en cualquier lugar donde os encontréis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las nieblas de los países brumosos que consuela Gambrino,
improvisando cantos
de delectación o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor de
la Voluptuosidad y
la angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡yo os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.13. 1993: PEDRO GANDÍA BULEO
135
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
El Tirso
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en la mano de
los sacerdotes o
las sacerdotisas
que celebran a la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
un palo,
un simple palo,
estaca de lúpulo,
rodrigón de viña,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este palo,
en meandros caprichosos,
se ríen y
juguetean
tallos y
flores,
aquéllos
sinuosos y
huidizos,
éstas
colgadas como
campanas o
copas invertidas.
136
Anexos
Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad de
líneas y
colores,
suaves o
vivos.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
bailan a su alrededor en muda adoración,
y que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
explosiones de
fragancias y
colores,
ejecutan un fandango místico en torno al hierático palo?
Y, sin embargo, ¿qué mortal imprudente se atreverá a decidir
si
las flores y
los pámpanos
se han hecho para
el palo,
o si
el palo
no es más que el pretexto para mostrar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
querido bacante de la belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
137
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ninguna ninfa exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta
energía y
capricho
como
vos
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
El palo
es
vuestra voluntad
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad;
es
el elemento femenino ejecutando
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea de arabesco,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del objetivo,
variedad de los medios,
amalgama
omnipotente e
138
Anexos
indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades donde
los pianos cantan vuestra gloria y
la imprenta traduce vuestra sabiduría,
en cualquier lugar que estéis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las brumas de los países soñadores consolado pro [sic] Cambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
del placer y
de la angustia eternos,
filósofo,
poeta y
artista,
yo os saludo en la inmortalidad.
6.3.4.14. 1997: JOAQUÍN NEGRÓN
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
En el sentido
moral y
139
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
poético,
es
un emblema hierático que sostienen en su mano
sacerdotes o
sacerdotisas
en loor de la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
no es más que
una vara,
una simple vara,
rodrigón de lúpulo,
tutor de vid,
seco,
duro y
recto.
Y alrededor de esa vara,
dibujando caprichosos meandros,
retozan y
juguetean
tallos y
flores,
sinuosos y
huidizos
aquéllos,
inclinadas
éstas
como
campanas o
copas invertidas.
Y un prodigioso esplendor nace de esa complejidad de
líneas y
colores,
tenues o
deslumbrantes.
140
Anexos
¿No parece como si
la línea curva y
la espiral
cortejaran a la línea recta y
bailaran en derredor en una muda adoración?
Y todas
esas corolas delicadas,
esos cálices,
estallido de
fragancias y
colores,
¿no parecen interpretar un místico fandango alrededor de la vara
hierática?
¿Y qué imprudente mortal osaría discernir
si
las flores y
los pámpanos
están hechos para
la vara,
o si
la vara
no es sino el pretexto para exaltar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
querido Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás hubo
ninfa exasperada por el invencible Baco que
agitara su tirso
sobre las cabezas de sus enloquecidas compañeras con tanto
141
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
vigor y
fantasía
como
vos
blandís vuestra genialidad
por sobre los corazones de vuestros hermanos.
La vara,
es
vuestra voluntad,
recta,
firme,
inquebrantable;
las flores,
son
la divagación de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad,
son
el elemento femenino efectuando
alrededor del macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
arabesco,
intención y
expresión,
rigor de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
diversidad de medios,
todopoderosa e
indivisible
amalgama fruto de la genialidad,
¿qué detestable analista osará
escindiros y
separaros?
142
Anexos
Querido Liszt,
a través de las brumas,
allende los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprenta traduce vuestra sabiduría,
dondequiera que estéis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
entre las brumas de los países soñadores que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
de delectación o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
del Placer y
la Angustia
eternos,
filósofo,
poeta y
artista,
¡yo os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.15. 1999: FRANCISCO TORRES MONREAL
El tirso
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Un emblema sacerdotal
–en su significación
moral y
poética–
en mano de
sacerdotes y
sacerdotisas
143
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
que celebran a la divinidad de la que son
sus
intérpretes y
servidores.
Pero
físicamente
es sólo
un trozo de leño,
un simple bastón,
vara para el lúpulo,
tutor de vid,
seco,
duro,
recto.
Alrededor de este palo,
en meandros caprichosos,
juegan y
retozan
tallos y
flores,
sinuosas y
huidizas
éstas,
inclinados
aquéllos
como campanillas o
como copas boca abajo.
Y una gloria asombrosa surge de esta complejidad
de líneas y
de colores,
tiernos y
estallantes.
¿Sería aventurado decir que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
144
Anexos
bailan a su alrededor, en muda adoración?
¿Sería aventurado decir que
estas delicadas corolas,
estos cálices,
explosiones de
olores y
colores,
ejecutan un místico fandango en torno al bastón jerárquico?
¿Y qué mortal habrá tan imprudente que ose decidir
si
las flores y
los pámpanos
han sido hechos para
el bastón
o si
el bastón
no es otra cosa que pretexto para mostrar la belleza
de los pámpanos y
de las flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
maestro
poderoso y
venerado,
querido Bacante de la Belleza
apasionada y
misteriosa.
Jamás
ninfa alguna, exasperada por el invencible Baco,
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras alocadas
con tanta
energía y
capricho
como
vos
agitáis vuestro genio
145
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
sobre los corazones de vuestros hermanos.
–
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme,
inquebrantable;
las flores,
el paseo de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad,
el elemento femenino que ejecuta
en torno al masculino
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
arabesco,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable valor para
dividiros y
separaros?
¡Querido Liszt,
a través de las brumas,
del otro lado de los ríos,
por encima de las ciudades
146
Anexos
en las que los pianos cantan vuestra gloria,
en las que la imprenta traduce vuestra sabiduría,
en cualquier lugar en donde estéis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las nieblas de los países de ensueño que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
de delectación o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
chantre
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
yo os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.16. 2008: PABLO OYARZÚN
El Tirso
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
De acuerdo al sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en la mano
de los sacerdotes o
de las sacerdotisas
que celebran a la divinidad de la que son
intérpretes y
servidores.
Pero
147
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
físicamente
no es sino
un bastón,
un simple bastón,
una vara de lúpulo,
un rodrigón de vid,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de este bastón,
en caprichosos meandros,
se entrelazan jugueteando
tallos y
flores,
aquellos
sinuosos y
fugitivos,
pendiendo
éstas
como
campanas o
copas inversas.
Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad
de líneas y
de colores,
tiernas o
boyantes.
¿No se diría que
la línea curva y
la espiral
le hacen la corte a la línea recta y
danzan a su derredor en adoración muda?
¿No se diría que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
148
Anexos
explosión
de aromas y
de colores,
ejecutan un fandango místico en torno al bastón hierático?
¿Y quién será, sin embargo, el mortal imprudente que osará decidir
si
las flores y
los pámpanos
fueron hechos para
el bastón,
o si
el bastón
no es sino el pretexto para mostrar la belleza de
los pámpanos y
las flores?
El tirso es la representación de vuestra asombrosa dualidad,
poderoso y
venerado
maestro,
querido Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Ninguna
ninfa
exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
nunca
sobre las cabezas de sus compañeras enloquecidas
con tanta
energía y
capricho
como
vos
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
149
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
–
El bastón
es
vuestra voluntad,
recta,
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
alrededor de vuestra voluntad;
son
el elemento femenino que ejecuta
en torno al macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
variedad de los medios,
amalgama
omnipotente e
indivisible
del genio,
¿qué analista tendrá el detestable coraje de
dividiros y
separaros?
¡Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por sobre las ciudades
150
Anexos
en que los pianos cantan vuestra gloria,
donde traduce la imprenta vuestra sabiduría,
doquiera que estéis,
en los esplendores de la ciudad eterna o
en las brumas de los soñadores países que consuela Gambrinus,
improvisando cantos
de deleite o
de dolor inefable, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
os saludo en la inmortalidad!
6.3.4.17. 2009: MANUEL NEILA
EL TIRSO
A Franz Liszt.
¿Qué es un tirso?
Según el sentido
moral y
poético,
es
un emblema sacerdotal en la mano de
los sacerdotes y
las sacerdotisas
que celebran a la divinidad, de la que son
intérpretes y
servidores.
151
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Pero
físicamente
no es más que
una vara,
una simple vara,
soporte para el lúpulo,
rodrigón de viña,
seco,
duro y
recto.
Alrededor de esta vara,
en meandros caprichosos,
juegan y
retozan
cañas y
flores,
sinuosas y
huidizas
unas,
inclinadas como
campanas o
copas invertidas
otras.
Y una gloria asombrosa brota de esta complejidad
de líneas y
de colores,
suaves o
resplandecientes.
¿No cabría decir que
la línea curva y
la espiral
hacen la corte a la línea recta y
danzan a su alrededor en muda adoración?
¿No cabría decir que
todas esas corolas delicadas,
todos esos cálices,
152
Anexos
explosión
de fragancias y
de colores,
ejecutan un místico fandango en torno a la vara hierática?
Y no obstante, ¿quién es el mortal imprudente que se atrevería a decir
si
las flores y
los pámpanos
han sido creados para
la vara,
o si
ésta
no es más que el pretexto para mostrar la belleza
de pámpanos y
de flores?
El tirso es la representación de vuestra sorprendente dualidad,
maestro
venerado y
poderoso,
caro Bacante de la Belleza
misteriosa y
apasionada.
Jamás
ninfa alguna exasperada por el invencible Baco
sacudió su tirso
sobre las cabezas de sus compañeras
con
tanta energía y
tanto capricho
como
agitáis vuestro genio
sobre los corazones de vuestros hermanos.
La vara
es
vuestra voluntad,
recta
153
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
firme e
inquebrantable;
las flores
son
el paseo de vuestra fantasía
en torno a vuestra voluntad;
son
el elemento femenino que ejecuta
en torno al macho
sus prestigiosas piruetas.
Línea recta y
línea arabesca,
intención y
expresión,
rigidez de la voluntad,
sinuosidad del verbo,
unidad del fin,
variedad de los medios,
amalgama
todopoderosa e
indivisible
del genio;
¿qué analista tendría el detestable valor de
dividiros y
separaros?
Querido Liszt,
a través de las brumas,
más allá de los ríos,
por encima de las ciudades
donde los pianos cantan vuestra gloria,
donde la imprente traduce vuestra sabiduría,
donde quiera que os encontréis,
entre los esplendores de la ciudad eterna o
entre las brumas de los países soñadores consolados por Cambrinus,
154
Anexos
improvisando cantos
de gozo o
de inefable dolor, o
confiando al papel vuestras meditaciones abstrusas,
cantor
de la Voluptuosidad y
de la Angustia
eternas,
filósofo,
poeta y
artista,
¡os saludo en la inmortalidad!
155
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
ANEXO 15: TRADUCCIONES DE XVIII – L’INVITATION AU VOYAGE
1890: JULIÁN DEL CASAL (HERNANI)
Cfr. [ANEXO 6]
1905: EUSEBIO HERAS
La invitación al viaje
Hay, según me han dicho, un país soberbio, un país de Jauja, que pienso visitar con una vieja
amiga. País singular, oculto en las brumas de nuestro Norte, y que podría llamar el Oriente de Occidente,
la China de Europa, tanto en él ha corrido la ardiente y caprichosa fantasía, tan paciente y tercamente le
ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo tiene el
placer de mirarse en el desorden; donde la vida es amplia y se aspira dulcemente; donde el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto no existen; donde la dicha va unida al silencio; donde la cocina misma es
poética, substanciosa y excitante á la vez; donde todo parécese á usted, angel [sic.] mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, la nostalgia del
país que no se vió, la angustia de la curiosidad? Es una comarca que se te asemeja, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honrado; donde la fantasía ha construído y decorado una China occidental, donde la vida
transcurre dulcemente, donde la dicha va unida al silencio.
Sí, allí es donde se ha de ir á respirar, á soñar y á prolongar las horas por lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals. ¿Quién compondría la Invitación al viaje para
ofrecerla á la mujer amada, á la hermana elegida?
Sí, en esta atmósfera es donde se viviría bien; allá abajo, donde las horas más lentas contienen
más pensamientos, donde los relojes dejan oir la hora e la dicha con una más profunda y más significativa
soledad.
En lienzos relucientes, ó sobre cueros dorados de una sombría riqueza, viven discretamente
pinturas beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearan. Los soles
ponientes, que con tanta riqueza coloran el comedor ó el salón, pasan al través de bellas telas ó por esas
altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son vastos,
curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las
telas, la orfebrería y las porcelanas, tocan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas partes,
156
Anexos
de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume
singular, un volved aquí de Sumatra, que es como el alma de la habitación.
Un verdadero país de Jauja, te lo repito, donde todo está limpio y reluce, como una bella
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería
multicolor. Los tesoros del mundo afluyen allí, como van á la casa del hombre laborioso y que mucho ha
merecido del mundo entero. País singular, superior á los otros, como el Arte lo es á la Naturaleza, donde
ésta es reformada por el sueño, donde es corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que busquen sin cesar, que amplíen constantemente los límites de su dicha esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de sesenta y cien mil florines para quien resuelva
sus ambiciosos problemas! ¡Yo encontré ya mi tulipa negra y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipa recobrada, alegórica dalia, ahí, ¿no es verdad?, en ese delicioso país
tan tranquilo y soñador, es donde se quisiera vivir y florecer. ¿No estarías entonces dentro del marco que
mereces, y no podrías mirarte, hablando como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la
alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y
renovada, y, del nacimiento á la muerte, ¿cuántas horas contamos llenas por el goce positivo, por la
acción afortunada y decidida? ¿Viviremos nunca, pasaremos nunca á ese cuadro que ha pintado mi
imaginación, á ese cuadro que se te asemeja?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, eso perfumes, esas flores milagrosas, todo eso eres tú, y tú
estás también en esos grandes ríos y esos tranquilos canales. Esos enormes navíos que llegan cargados de
riquezas y de los que se desprenden los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen ó se mueven en tu seno .Lesconduces [sic.] poco á poco hacia el mar, que es el Infinito,
reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma bella; y cuando, fatigados por la ola y
hartos de los productos de Oriente, regresan al puerto natal, son siempre mis pensamientos enriquecidos
que el Infinito vuelven á tí.
1910?: PEDRO VANCES
IX
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Sueño visitar, con una antigua amiga, un admirable país, un país al que llaman Jauja, extraño
país ahogado en nuestras brumas norteñas, y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la China de
Europa: de tal modo allí ha dado rienda suelta a sus deseos la cálida y caprichosa fantasía y tan por lo
pertinaz y paciente la ha enriquecido con sabias y delicadas vegetaciones.
Verdadera Jauja, en la que todo es bello, abundante, apacible, justo; en la que el lujo se complace
contemplándose en el orden; en la que la vida es fácil y dulce de vivir; en la que el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto no existen; en la que la felicidad se ha desposado con el silencio; en la que
157
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
incluso la cocina es poética, abundante y excitante, a la vez; en la que todo, mi ángel querido, se te
parece.
¿Conoces esa febril enfermedad que se apodera de nosotros en las heladas miserias, esa nostalgia
del país ignorado, esa angustia de la curiosidad?
Es una comarca que se te parece, en la que todo es bello, abundante, apacible y justo; en la que la
fantasía ha construído y decorado una China occidental, en la que la vida es dulce de vivir, en la que la
felicidad se ha desposado con el silencio.
Es preciso ir a vivir, es preciso ir a morir a ese paraje.
Sí, a ese paraje es preciso encaminarse para vivir, soñar y alargar las horas en lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha compuesto La invitación al vals; ¿qué músico compondrá La invitación al
viaje, que pueda ser ofrecida a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, en esa atmósfera se viviría agradablemente, allá abajo, donde las más lentas horas contienen
más pensamientos, donde los relojes dan la hora de la dicha con una más significativa y más profunda
solemnidad.
En lienzos brillantes o en guadamaciles de una sombría riqueza, viven beatíficas pinturas, con
apacible y ensimismada discreción, como las almas de los artistas que las crearon. Los moribundos soles
que tan ricamente colorean el corredor o el salón, pasan al través de magníficas telas o de altos y
realzados ventanales que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son amplios,
sorprendentes, singulares, con cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las
telas, la orfebrería y la porcelana, representan allí, para los ojos, una muda y misteriosa sinfonía. Y de
todos los objetos y de todos los rincones, por las ranuras de los cajones y de los pliegues de las telas, se
escapa un singular perfume, un revenez-y de Sumatra, que es como el alma de la morada.
Una verdadera Jauja, te digo, en la que todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como una abigarrada
bisutería; los tesoros mundanales afluyen allí, como en la casa de un hombre laborioso que se hubiera
hecho acreedor a la estima del mundo entero. Extraño país, superior a los otros, como el arte lo es a la
Naturaleza, en el que la Naturaleza ha sido reformada por la imaginación, reformada y corregida,
embellecida y refundida.
¡Que los alquimistas de la horticultura, los que incesantemente amplían las fronteras de su
felicidad, busquen y rebusquen aún! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y cien mil florines a los que
resuelvan sus problemas ambiciosos! ¡Yo, ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, descubierto tulipán, alegórica dalia, ¿no es cierto que deberíamos vivir y
florecer en ese tan soñador y apacible lugar? ¿No estarías allí en tu apropiado marco y no podrías–como
dicen los místicos–contemplarte en tu propia correspondencia?
¡Sueños!, ¡siempre sueños!, y mientras más ambiciosa y sutil es el alma, más se alejan los sueños
de lo posible.
Cada hombre oculta en sí mismo su natural dosis de opio, incesantemente esparcida y renovada.
¿Cuántas horas hemos gozado–desde el nacimiento hasta la muerte– henchida [sic.] por el gozo positivo,
por la victoriosa y decidida acción? ¿Viviremos alguna vez, penetraremos alguna vez en ese cuadro que
se te asemeja?
158
Anexos
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, todo eso
eres tú. Y tu [sic.] eres, también, esos grandes ríos y esos apacibles canales. Y esos navíos inmensos que
ellos arrastran, y de los que emergen los monótonos cantos de las maniobras, son mis pensares que
duermen o se deslizan por tu seno. Tú los conduces suavemente al mar que es el Infinito, reflejando las
celestes profundidades en la transparencia de tu hermosa alma; y cuando, cansados de la mar y repletos de
orientales productos, regresan al puerto patrio, siguen siendo mis enriquecidos pensares que a ti vuelven
desde el Infinito.
1918: JOSÉ FRANCÉS
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Yo sueño visitar con una vieja amiga un país soberbio, ese país que llaman de Jauja.
País singular, ahogado en las brumas de nuestro Norte y que podría llamarse el Oriente de
Occidente, la China de Europa, tal como la cálida y caprichosa fantasía se ha obstinado pacientemente en
ilustrarle con sabias y delicadas vegetaciones.
Verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado; donde el lujo se
complace en verse reflejado en el orden; donde la vida es cómoda y dulce de respirar; de donde se han
excluido el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado con el silencio;
donde la cocina, incluso, es poética y excitante a la vez, donde todo se te parece, ángel querido.
¿Tú conoces esa febril dolencia que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del
país ignorado, esa angustia de la curiosidad?
Es una comarca que se parece a ti, donde todo es bello, rico, tranquilo y honrado, donde la
fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida es dulce de respirar y donde la
felicidad se ha desposado con el silencio.
Es preciso ir a vivir allí, es preciso ir a morir allí.
Sí; allí debemos ir a respirar, a soñar y alargar las horas en lo infinito de las sensaciones. Si un
músico ha escrito La invitación al vals, ¿quién compondrá La invitación al viaje para ofrecerla a la mujer
amada, a la hermana de elección?
En este ambiente sería bueno vivir; allá donde las horas más lentas contienen más pensamientos,
donde la dicha suena en los relojes con más profunda y más significativa solemnidad.
Sobre lucientes paneles o sobre dorados cueros de una sombría riqueza viven discretamente
beatas pinturas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon.
Los soles ponientes que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón pasan tamizados por
ricas telas o por esas altas ventanas complicadas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los
muebles son amplios, curiosos, extraños, armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los
espejos, los metales, las telas, la orfebrería y las fayenzas ejecutan para los ojos una sinfonía muda y
159
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
misteriosa. Y de todas las cosas y de todos los ángulos, de las ranuras de los cajones y de los pliegues de
las telas, se escapa un perfume singular, un revenez-y de Sumatra que es como el alma de la casa.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es rico, limpio y luciente como una hermosa conciencia,
como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una bisutería abigarrada,
donde afluyen los tesoros del mundo como en la casa de un hombre laborioso que mereciese el mundo
entero. País singular, superior a los demás, como el arte lo es a la naturaleza, y donde ésta ha sido
reformada por el ensueño, donde ésta aparece corregida, embellecida, refundida.
¡Ya pueden buscar y rebuscar los que retroceden incesantemente en los límites de su felicidad,
esos alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para los que
resuelvan sus ambiciosos problemas! Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul.
Flor incomparable, hallado tulipán, alegórica dalia, ¿no es cierto que debemos ir a vivir y a
florecer en ese hermoso país tan plácido y tan soñador? ¿No estarías allí enmarcada en tu analogía y no
podrías contemplarte –como dicen los místicos– en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Conforme el alma es más ambiciosa y delicada, se alejan los sueños
de la posibilidad.
Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural constantemente secrecionada [sic.] y renovada.
Desde que nacemos hasta que morimos, ¿cuántas horas podríamos contar llenas del goce positivo, de la
acción victoriosa y definida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado
mi espíritu, en ese cuadro que se parece a ti? Esas flores milagrosas, esos tesoros, esos muebles, ese lujo,
ese orden, esos perfumes, eres tú. Y eres tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos, los enormes
navíos cargados de riquezas de donde ascienden los cantos monótonos de las maniobras; son mis
pensamientos que duermen o que ruedan en tu seno. Tú les conduces dulcemente hacia el mar, que es el
infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa.
Y cuando fatigados por las marejadas e hinchados de los productos de Oriente retornan al puerto
natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que vuelven del infinito hacia ti.
1920: ENRIQUE DÍEZ-CANEDO
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Hay una país soberbio, un país de Jauja –dicen–, que sueño visitar con una antigua amiga. País
singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, y al que se pudiera llamar el Oriente del Occidente, la
China de Europa; tanta carrera ha tomado en él la cálida y caprichosa fantasía; tanto la ilustró paciente y
tenazmente con sus sabrosas y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, en el que todo es bello, rico, tranquilo, honrado; en que el lujo se
refleja a placer en el orden; en que la vida es crasa y suave de respirar; de donde están excluidos el
160
Anexos
desorden, la turbulencia y lo imprevisto; en que la felicidad se desposó con el silencio; en que hasta la
cocina es poética, pingüe y excitante; en que todo se te parece, ángel mío.
¿Conoces la enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, la ignorada
nostalgia de la tierra, la angustia de la curiosidad? Un país hay que se te parece, en que todo es bello, rico,
tranquilo y honrado, en que la fantasía edificó y decoró una China occidental, en que la vida es suave de
respirar, en que la felicidad se desposó con el silencio. ¡Allí hay que irse a vivir, allí es donde hay que
morir!
Sí, allí hay que irse a respirar, a soñar, a alargar las horas en lo infinito de las sensaciones. Un
músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién será el que componga la invitación al viaje [sic] que pueda
ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, en aquella atmósfera daría gusto vivir; allá, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes hacen sonar la dicha con más profunda y más significativa solemnidad.
En tableros relucientes o en cueros dorados con riqueza sombría viven discretamente unas
pinturas beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol,
que tan ricamente colorean el comedor o la sala, tamizadas están por bellas estofadas o por esos altos
ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimientos. Vastos, curiosos, raros son los
muebles, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Espejos, metales, telas, orfebrería,
loza, conciertan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todo, de cada rincón, de las rajas
de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un singular perfume, un vuélvete de Sumatra, que es
como el alma de la vivienda.
Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente como una buena
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como una joyería
policromada. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre laborioso que mereció bien
del mundo entero. País singular, superior a los otros, como lo es el Arte a la Naturaleza, en que ésta se
reforma por el ensueño, en que está corregida, hermoseada, refundida.
¡Busquen, sigan buscando, alejen sin cesar los límites de su felicidad esos alquimistas de la
horticultura! ¡Propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien resolviese sus ambiciosos
problemas! ¡Yo ya encontré mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán hallado de nuevo, alegórica dalia, allí, a aquel hermoso país tan
tranquilo, tan soñador, es adonde habría que irse a vivir y a florecer, ¿no es verdad? ¿No te encontrarías
allí con tu analogía por marco y no podrías mirarte, para hablar, como los místicos, en tu propia
correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños!, y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma tanto más la alejan de
lo posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
renovada y, del nacer al morir, ¿cuántas horas contamos llenas del goce positivo, de la acción bien
lograda y decidida? ¿Viviremos jamás, estaremos jamás en ese cuadro que te pintó mi espíritu, en ese
cuadro que se te parece?
Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas son tú.
Son tú también estos grandes ríos, estos canales tranquilos. Los enormes navíos que arrastran, cargados
todos de riquezas, de los que salen los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos, que
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
duermen o ruedan sobre tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar, que es lo infinito, mientras reflejas
las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa; y cuando, rendidos por la marejada y
hastiados de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son también mis pensamientos, que tornan,
enriquecidos de lo infinito, hacia ti.
1942: AGUSTÍN ESCLASANS
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Existe un país magnífico, un país de Cucaña, según dicen, que deseo visitar con una antigua
amiga. País singular, anegado por las brumas de nuestro Norte, y que podríamos llamar el Oriente del
Occidente, la China de Europa, por lo mucho que la cálida y caprichosa fantasía se ha desatado sobre él,
tanto como por lo que lo ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Cucaña, en el que todo es bello, rico, tranquilo, honesto; en el que el lujo
encuentra placer en contemplarse en orden; en el que la vida es dulce y sabrosa para respirarla; del que se
hallan excluídos el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; en el que la felicidad se une con el silencio;
en el que hasta la cocina es poética, abundante y excitante a la vez; en el que todo se os asemeja, ¡querido
ángel mío!
¿Conoces ya esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esta
nostalgia del país ignorado, esta angustia de la curiosidad? Hay un país que se te parece, en el que todo es
bello, rico, tranquilo y honesto, en el que la fantasía ha construído y decorado una China occidental, en el
que la vida es suave al respirarla, en el que la felicidad se une al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir,
es allí donde hay que ir para morir!
Si. Es allí donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por el infinito de las sensaciones.
Un músico ha escrito la Invitación al vals. ¿Cuál será el que componga la Invitación al viaje, para
ofrecerlo [sic.] a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, es en esta atmósfera donde daría gusto vivir–allá lejos, donde las horas más lentas contienen
más pensamientos, donde los relojes suenan la felicidad con una solemnidad más profunda y significativa.
Sobre tableros relucientes o sobre cueros dorados y de una riqueza sombría, viven discretamente
pinturas beatas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crean. Los soles ponientes, que
coloran tan ricamente el comedor o el salón, son tamizados por bellas telas o por esas altas ventanas
labradas que el plomo divide en numerosos compartimietos. Los muebles son vastos, curiosos, extraños,
llenos de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los tejidos, la
orfebrería y la loza de arte suenan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de
todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de los tejidos, sale un perfume singular,
un volved de Sumatra, que parece el alma de la habitación.
Un verdadero país de Cucaña, créeme, en el que todo es rico, limpio y reluciente, como una bella
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería
162
Anexos
abigarrada. Los tesoros del mundo afluyen allí, como en la casa de un hombre laborioso, y que ha
merecido el agradecimiento del mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte lo es a la
Naturaleza, en el que ésta es modificada por el sueño, que la corrige, embellece y refunde.
¡Que busquen, que busquen más, que cada vez ensanchen más los límites de su felicidad esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios para quien resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo
he encontrado ya mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomprable, tulipán redescubierto, alegórica dalia, ¿es allí, verdad, en aquel bello país
sereno y soñador, donde hay que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías encuadrada en tu analogía, y no
podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más delicada y ambiciosa es el alma, más los sueños la
alejan de lo posible. Cada hombre se trae su dosis de opio natural, incesantemente segregada y renovada.
Del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos que puedan ser llenadas por el goce positivo, por la
acción lograda y decidida? ¿Viviremos nunca, figuraremos nunca en ese cuadro que ha pintado mi
espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, son tú.
También son tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que por ellos navegan,
cargados de riquezas, y de los que suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que brotan en su seno. Tú los guías suavemente hacia ese mar del Infinito, reflejando las
profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, fatigados por la marejada y cargados de
productos del Oriente, vuelven a entrar en el puerto natal, son otra vez mis pensamientos enriquecidos los
que regresan del infinito hacia ti.
1973: VICENTE GIL-VILACHE
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Hay un país soberbio, un país de Jauja –dicen– que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, ahogado en las brumas de nuestro Norte y que se podría llamar el Oriente de Occidente, la China
de Europa, tanto en él la cálida y caprichosa fantasía ha tomado allí carrera, tanto lo enriquecieron,
pacientemente, sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto, donde el lujo se
contempla con placer en el orden, donde la vida es crasa y suave de respirar, en donde el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está desposada con el silencio, donde la
misma cocina es poética, crasa y excitante a la vez, donde todo se te parece, mi querido ángel.
¿Conoces tú esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia
del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Es una región que se te parece, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida
163
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
es dulce respirar, donde la felicidad está desposada con el silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí
donde hay que ir a morir!
Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar y a prolongar las horas con lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién compondrá la Invitación al viaje para
ofrecerla a la mujer amada, a la hermana elegida?
Sí, es en esta atmósfera donde sería bueno vivir, allá lejos, donde las horas más lentas contienen
más pensamientos, donde los relojes dan la dicha con una profundidad y una significación más solemne.
Sobre tableros brillantes o cueros dorados de una riqueza sombría, viven discretamente pinturas
plácidas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los atardeceres que colorean
tan ricamente el comedor o el salón están tamizados por bellas estofas o por esas altas ventanas trabajadas
que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros. Armados
de cerraduras y de secretos como unas almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y
la loza, juegan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las cosas, de todos los
rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume singular, un
vuelve de Sumatra que es como el alma de la vivienda.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería
abigarrada. Allí afluyen los tesoros del mundo como en la casa de un hombre trabajador que ha merecido
bien del mundo entero. País singular, superior a los otros, como el Arte lo es a la Naturaleza, en el que
ésta está reformada por el sueño, en que está corregida, embellecida, refundida.
¡Que busque, que busquen todavía, que alejen sin cesar los límites de su dicha, esos alquimistas
de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y cien mil florines para quien resuelva sus
ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, ¿es ahí, no es verdad, en ese
país tan tranquilo y soñador que habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías tú allí encuadrada en su
analogía y no podrías mirarte para hablar con los místicos en tu propia correspondencia?
¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la
alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregado y
renovado, y, desde el nacimiento hasta la muerte ¿cuántas horas podemos contar llenas de goce positivo y
de acción triunfante y decidida? ¿No viviremos nunca, no pasaremos nunca en ese cuadro que ha pintado
mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, son tú
misma. Son también tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que se arrastran
cargados de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar, que es lo infinito,
reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma, y cuando, fatigados por la
marejada y hartos de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son también mis pensamientos
enriquecidos quienes vuelven de lo infinito hacia ti.
164
Anexos
1975: ALAIN VERJAT
IV
INVITACIÓN A VIAJAR
Dicen que hay un país magnífico, un país de Cucaña; anhelo visitarlo con una vieja amiga.
Curioso país, anegado en las brumas de nuestra región norteña, y que podría llamarse el Oriente de
Occidente, la China de Europa, por lo mucho que allí llegó a desarrollarse la cálida y caprichosa fantasía,
por lo mucho que estas fantasías la adornó paciente y tozudamente con su sabia y delicada flora.
Un verdadero país de Cucaña en el que todo es hermoso, abundante, tranquilo, honrado; donde el
lujo disfruta contemplándose en el orden; donde la vida resulta agradable y rica de respirar; donde el
desorden, la turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad ha maridado el silencio; donde
la mismísima cocina resulta poética, pesada y excitante a la vez; donde todo se os parece, ángel mío
querido.
¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en medio de las frías miserias,
aquella nostalgia del país desconocido, aquella angustia de la curiosidad? Hay una comarca que se te
parece, donde todo es hermoso, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía edificó y adornó una China
Occidental, donde la vida resulta dulce de respirar, donde la felicidad ha maritado el silencio. ¡Allá hay
que ir a vivir, allá hay que ir a morir!
Sí, es allá donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas con sensaciones infinitas. Un
músico ha compuesto la Invitación al Vals, ¿cuál compondrá la Invitación a Viajar que se pueda ofrecer a
la mujer amada, a la hermana elegida?
Sí, es en aquella atmósfera donde resultaría agradable vivir – allá, donde las horas más lentas
contienen más pensamientos, donde los relojes dan la felicidad con una solemnidad más profunda y
significativa.
En paneles brillantes, o en cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas
beatas, tranquilas y profundas, cual las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes, que
colorean tan ricamente el comedor o el salón, quedan tamizados por hermosas colgaduras o por aquellas
altas ventanas que el plomo divide en numerosos compartimentos como en las vidrieras. Los muebles son
espaciosos, curiosos, raros; los defienden cerrojos o mecanismos ocultos cual almas refinadas. Los
espejos, los metales, los tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para la vista una sinfonía muda y
misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los
tejidos se desprende un perfume singular, un Revenez-y de Sumatra, que es algo como el alma del piso.
Un verdadero país de Cucaña, te digo, donde todo es rico, limpio y brillante, como una hermosa
conciencia, como una orfebrería espléndida, como joyas multicolores. Los tesoros del mundo entero se
concentran allí, como en la casa de un hombre laborioso y que se ha hecho acreedor del mundo entero.
Curioso país, diferente de los demás, superior a los demás, como el arte lo es a la Naturaleza, donde ésta
queda reformada por el sueño, corregida, embellecida, refundida.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
¡Que busquen, que busquen más, que echen más atrás los límites de su felicidad, aquellos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de sesenta y cien mil florines a quien resuelva sus
ambiciosos problemas! ¡Yo ya tengo mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor sin par, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, ¿es allá, verdad, en aquel hermoso
país tan quieto y propenso al soñar donde se tendría que ir a vivir y florecer? ¿Acaso no estarías
enmarcada en tu analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia
correspondencia?
¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la
alejan de lo posible. Cada hombre lleva en si su dosis de opio natural, renovada y secretada sin descanso,
y, desde el nacer hasta el morir, cuantas horas llenas de fruición positiva podemos contar? ¿Llegaremos a
vivir algún día, entraremos algún día, en este cuadro que pintó mi madre, aquel cuadro que se te parece?
Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, eres
tú. Y tú también, aquellos grandes ríos y aquellos canales tranquilos que trajinan aquellos enormes
navíos, todos cargados de riquezas, y de los que brotan los monótonos cantos de la maniobra; tales son
mis pensamientos que duermen o van rodando en tu pecho. Los llevas dulcemente hacia el mar que es el
Infinito, reflejando al mismo tiempo las profundidades del cielo en la nitidez de tu bella alma; – y cuando
agotados por el oleaje y rebosando de los productos del Oriente, vuelven al puerto natal, otra vez son mis
pensamientos enriquecidos que desde el Infinito vuelven hacia ti.
1979: EMILIO OLCINA AYA
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Existe un país soberbio, un país de Jauja según dicen, que sueño con visitar junto con una vieja
amiga. Un país singular, sumido en las brumas de nuestro Norte, al que se podría llamar el Oriente de
occidente, la China de Europa, hasta tal punto tiene libre curso en él la cálida y caprichosa fantasía y hasta
tal punto lo ha ilustrado paciente y obstinadamente con sus vegetaciones sabias y delicadas.
Un auténtico país de Jauja, donde todo es hermoso, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo
encuentra placer al contemplarse en el orden; donde la vida es regalada y dulce al respirarla; del que están
excluidos el desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado al silencio;
donde incluso la cocina es poética, a la vez grasa y excitante; donde todo se te parece, ángel mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia
del país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Existe una tierra que se te parece, donde todo es
hermoso, rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental,
donde la vida es dulce al respirarla, donde la felicidad se ha desposado al silencio. ¡Es allí donde hay que
ir a vivir, es allí donde hay que ir a morir!
166
Anexos
Sí, allí es donde hay que ir a respirar, a soñar y a prolongar las horas por lo infinito de las
sensaciones. Un músico compuso la Invitación al vals; ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje
que podamos ofrecer a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, es en esa atmósfera en la que sería grato vivir, allí, donde las horas más lentas encierran más
pensamientos, donde los relojes dan las campanadas de la felicidad con una solemnidad más profunda y
significativa.
Sobre las tablas relucientes, o sobre cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente
pinturas piadosas, tranquilas y profundas como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de
sol, que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón, están tamizadas por telas hermosas o por esas
altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son grandes,
curiosos, extraños, y están provistos de cerraduras y de secretos como almas refinadas. Los espejos, los
metales, las telas, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de
todas las cosas, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas, emana
un perfume singular, un regresad de Sumatra, que es como el alma del apartamento.
¡Un auténtico país de Jauja, te repito, donde todo es rico, limpio y reluciente como una hermosa
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una orfebrería espléndida, como un
abigarramiento de joyas! Allí afluyen los tesoros del mundo, como en la casa de un hombre trabajador
respetado por el mundo entero. Un país singular, superior a los demás, como lo es el Arte a la Naturaleza,
donde ésta ha sido reformada por el sueño, donde ha sido corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que alejen incesantemente los límites de su felicidad, esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para el que
resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿es allí, no es cierto, en ese hermoso
país tan tranquilo y tan soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No te verías enmarcada en tu
analogía, no podrías mirarte, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, tanto más los sueños
la alejan de lo posible. Cada hombre lleva consigo su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
renovada, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas horas contamos llenadas por el goce positivo,
por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en ese cuadro que ha
pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, eres tú.
También eres tú, estos grandes ríos y estos canales tranquilos. Estos enormes navíos que ellos arrastran,
repletos de riqueza, y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos
que duermen o se balancean en tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar, que es el Infinito, mientras
reflejas las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma hermosa; y cuando, fatigados del oleaje y
rebosantes de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos
enriquecidos que regresan del Infinito a ti.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
1985: JAIME URIBE
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Existe un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que sueño visitar con una vieja amiga.
País singular, ahogado en las brumas de nuestro norte, y que se podría llamar el Oriente del Occidente, la
China de Europa, de tal manera se ha dado rienda suelta en él a la cálida y caprichosa fantasía, tan
paciente y tenazmente la ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo se
complace en mirarse en el orden; donde la vida es fértil y se respira dulce; de donde se han excluido el
desorden, la turbulencia y lo imprevisto; donde la dicha ha desposado al silencio; donde hasta la cocina es
poética, a la vez abundante y excitante; donde todo se te parece, ángel querido.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en la fría miseria, esa nostalgia del
país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una comarca que se te parece, donde todo es rico,
tranquilo y honesto, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde se respira
una dulce vida, donde la dicha ha desposado al silencio. ¡Allí hay que ir a vivir, allí hay que ir a morir!
Sí, allí hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por el infinito de las sensaciones. Un
músico escribió la Invitación al vals; ¿quién compondrá la Invitación al viaje, que se pueda ofrecer a la
mujer amada, a la hermana que uno elija?
Sí, sería bueno vivir en esa atmósfera; allí, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes dan la hora de la felicidad con solemnidad más profunda y significativa.
Sobre tablas relucientes o sobre cueros dorados de oscura riqueza, viven discretamente pinturas
beatíficas, plácidas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes que
colorean tan ricamente el comedor o el salón son tamizados por hermosos tejidos o por esas altas ventanas
labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios, curiosos, raros,
armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, la orfebrería y
la porcelana interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa. Y de todas las cosas, de todos los
rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los tejidos se escapa un perfume singular, un
recuerdo deleitoso de Sumatra, que es como el alma de la casa.
¡Un verdadero país de Jauja, te dije, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una buena
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como un surtido de
joyas! Los tesoros del mundo afluyen allí como a la casa de un hombre laborioso que se ha hecho digno
del aprecio de todo el mundo. País singular, superior a los demás, como lo es el Arte a la Naturaleza,
donde ésta es reformada por el sueño, donde es corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que busquen todavía, que hagan retroceder incesantemente los límites de su
dicha, los alquimistas de la horticultura!
¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines a quien resuelva sus ambiciosos
problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
168
Anexos
Flor incomparable, tulipán recuperado, alegórica dalia, ¿no es allí, a ese hermoso país, tan
pacífico y soñador, donde habría que ir a vivir y florecer? ¿No estarías en un marco análogo a ti y no
podrías contemplarte, hablando como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños!, ¡siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregado y
renovado y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas horas tenemos llenas de gozo positivo, de
acción realizada y decidida? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez por ese cuadro que ha pintado
mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, eres tú. Tú
también eres esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que los recorren cargados
de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen
o que ruedan en tu seno. Tú los conduces dulcemente hacia el mar que es el Infinito, reflejando las
profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma. Y cuando, fatigados por el oleaje y
atiborrados de productos del oriente regresan al puerto natal, también son mis pensamientos enriquecidos
que vuelven del Infinito hacia ti.
1986: JOSÉ ANTONIO MILLÁN ALBA
18
LA INVITACIÓN AL VIAJE
HAY un país soberbio, un país de Jauja –dicen– que sueño con visitar en compañía de una
antigua amiga. País singular, ahogado por las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente del
Occidente, la China de Europa, tanto cuerpo ha tomado en él la cálida y caprichosa fantasía, con tanta
paciencia y tenacidad lo he ilustrado de sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo gusta
contemplarse en el orden; donde la vida es crasa y dulce de respirar; de donde el desorden, la turbulencia,
y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está unida al silencio; donde la misma cocina es
poética, grasa y excitante a la vez, donde todo se os parece, querido ángel mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del
país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una región que se te parece, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida
es suave de respirar, donde la felicidad está unida al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí
donde hay que ir a morir!
Sí, allí es donde hay que ir a respirar, ensoñar y alargar las horas mediante lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al Vals: ¿quién es aquel que comprenderá la Invitación al
viaje, que puede ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección?
169
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Sí; es en esa atmósfera donde daría gusto vivir, allá, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes hacen sonar la felicidad con más profunda y significativa solemnidad.
En relucientes paneles, o en dorados cobres de sombría riqueza, viven discretamente felices
pinturas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que con
tanta riqueza colorean el comedor o el salón, están tamizadas por hermosas telas o por esos altos
ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios,
curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los
tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de toda cosa, de
todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un perfume
singular, un vuélvete de Sumatra que es como el alma de la casa.
Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y luminoso, como una conciencia
limpia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una abigarrada
joyería. Los tesoros del mundo afluyen a él, como en la casa de un hombre laborioso digno de merecer el
mundo entero. Singular país, superior a cualquier otro, como el Arte lo es respecto de la Naturaleza; en
aquél ésta es reformada por el sueño, es corregida, embellecida, refundida.
¡Que esos alquimistas de la horticultura continúen buscando, que alejen los límites de su
felicidad! ¡Que propongan precios de setenta y cinco mil florines para quien resuelva sus ambiciosos
problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán reencontrado, dalia alegórica, es allí, ¿no es cierto?, en ese bello país
tan calmo y tan soñador donde habría que ir a vivir y a florecer. ¿No quedarías enmarcada por tu analogía,
y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y mientras más ambiciosa y delicada es el alma, más los sueños la
alejan de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
renovada y, desde el nacimiento a la muerte ¿cuántas horas podemos contar que hayan sido colmadas por
el gozo positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, alguna vez pasaremos a ese
cuadro que ha pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas eres tú.
Eres también tú esos grandes ríos y esos tranquilos canales. Esos enormes navíos de carga, totalmente
cargados de riquezas, y de donde suben los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar, que es lo Infinito,
reflejando a la vez las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y, cuando, cansados por
la marejada y ahítos de los productos del Oriente, vuelvan al puerto natal, siguen siendo mis
pensamientos enriquecidos que regresan de lo Infinito hacia ti.
1989: ENRIQUE LÓPEZ CASTELLÓN
18
Invitación al viaje
170
Anexos
Hay un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que ansío visitar con una vieja amiga. Un
país singular, perdido entre las brumas que se extienden al norte de nosotros y que se podría considerar el
oriente de occidente, la China de Europa, por lo mucho que se ha dado rienda suelta a la febril y
caprichosa fantasía respecto a él, por lo mucho que ésta lo ha adornado paciente y tenazmente con su
sabia y delicada vegetación.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo
disfruta mirándose en el orden; donde se respira una vida fértil y dulce; donde se hallan excluidos el
desorden, la inquietud y lo imprevisto; donde la felicidad se ha desposado con el silencio; donde hasta la
cocina es poética, jugosa y excitante a la vez; donde todo se parece a ti, ángel mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia de
un país ignorado, esa angustia de la curiosidad? Es una tierra que se te parece, donde todo es hermoso,
rico, tranquilo y honrado; donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde se
respira una vida dulce, donde la felicidad se ha desposado con el silencio. ¡Allí hay que ir a vivir, allí hay
que ir a morir!
Sí, allí hay que ir a respirar, a soñar y a alargar las horas con infinitas sensaciones. Un músico ha
compuesto la Invitación al vals27, ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje, que podamos ofrecer
a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, sería admirable vivir en esa atmósfera, allí donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes dan la hora de la dicha con una solemnidad más honda y significativa.
En brillantes tablas o en cueros relucientes y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas
religiosas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que
iluminan con tan ricos colores el comedor o el salón, están tamizadas por hermosos tejidos o por esas
altas ventanas trabajadas que el plomo divide en diferentes trozos. Los muebles son amplios, curiosos,
raros, armados de cerraduras y de secretos28, como las almas refinadas. Los espejos, los metales, los
tejidos, la orfebrería y la porcelana interpretan allí para los ojos una sinfonía muda y misteriosa, y de
todos los objetos, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de los tejidos,
emana un perfume singular, un Revenez-y29 de Sumatra, que es como el alma de la vivienda.
Un verdadero país de Jauja, te lo aseguro, donde todo es rico, limpio y reluciente como una
hermosa conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una
abigarrada joyería. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre trabajador, que ha
merecido el reconocimiento del mundo entero. Singular país, superior a los otros, como el arte lo es la
naturaleza, donde ésta queda transformada por la imaginación, donde es corregida, embellecida,
refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que amplíen sin cesar los límites de su felicidad esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines30 a quien resuelva
sus ambiciosos problemas! Porque yo ya he dado con mi tulipán negro y mi dalia azul.
Flor incomparable, tulipán descubierto de nuevo, alegórica dalia, ¿no es verdad que habría que ir
a vivir y a florecer en ese país tan sereno y tan soñador? ¿No estarías encuadrada en tu analogía? ¿No
podrías contemplarte, como dirían los místicos, en tu propia correspondencia?31.
171
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
¡Sueños, siempre sueños! Y cuanto más delicada y ambiciosa es el alma, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, sagrada y renovada de continuo, y
desde el nacimiento hasta la muerte, ¿con cuántas horas de goces positivos y de acciones decididas y
realizadas contamos? ¿Viviremos algún día, entraremos algún día en ese cuadro que mi espíritu ha
pintado, en ese cuadro que se te parece?
Tú eres esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores maravillosas.
También eres tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Y esos enormes navíos repletos de riquezas
que arrastra su corriente, y de los que ascienden los monótonos cantos de la maniobra, son mis
pensamientos que duermen o que rondan en tu pecho. Tú los llevas suavemente hacia el mar que es el
infinito, reflejando plenamente la profundidad del cielo en la limpidez de tu alma hermosa, y cuando,
cansados por el oleaje y rebosantes de productos de oriente, vuelven a su puerto de origen, son también
mis pensamientos enriquecidos que desde el infinito vuelven a ti.
1990: MARGARITA MICHELENA
XVIII
La invitación al viaje
HAY UN PAÍS SOBERBIO, un país de Jauja, se dice, que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, anegado en las brumas de nuestro Norte y que podríamos llamar el Oriente del Occidente, la
China de Europa, tanto la cálida y caprichosa fantasía se ha abierto campo, tanto, paciente y tercamente,
ha ilustrado con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Cucaña donde todo es bello, fino, tranquilo, honesto; donde el lujo se
complace en mirarse en el orden; donde la vida es muelle y dulce de respirar; del que el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto se hallan excluidos; donde la dicha está desposada con el silencio; donde la
cocina misma es poética, opulenta y excitante a la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel.
¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia
del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Es un paraje que se te parece, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha construido y decorado una China occidental, donde la vida
es dulce de respirar, donde la dicha está esposada a la dicha. Es allí donde hay que vivir, es allí donde hay
que ir a morir.
Sí, es allí donde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas por lo infinito de las sensaciones.
Un músico ha escrito la “Invitación al vals”. ¿Quién será el que componga la “Invitación al viaje” que se
pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, en esa atmósfera sería hermoso vivir... allá lejos, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes suenan la dicha, con una solemnidad más profunda y significativa.
Sobre los paneles relucientes o sobre los cueros dorados de una riqueza sombría viven
discretamente las pinturas beatíficas, serenas y profundas como las almas de los maestros que las crearon.
172
Anexos
Los soles ponientes, que colorean tan ricamente el comedor o el salón, están tamizados por bellas telas o
por esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimientos. Los muebles son
vastos, curiosos, extravagantes, armados de cerraduras secretas como almas refinadas. Los espejos, los
metales, las telas, la orfebrería y la cerámica ejecutan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa y de
todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de las gavetas y de los pliegues de los tejidos se
escapa un perfume singular, un recuerdo de Sumatra, que es como el alma del apartamento.
Un país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente como una conciencia limpia,
como una hermosa batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería abigarrada. Los
tesoros del mundo afluyen allí como a la morada de un hombre laborioso que ha merecido el bien del
mundo entero. País singular, superior a los otros, como el Arte es superior a la Naturaleza, donde ésta se
halla reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que vuelvan a buscar, que hagan retroceder los límites de su dicha, esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien
resuelva sus ambiciones problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es verdad que es allí, en ese bello país
tan tranquilo y soñador, al que habría que ir a vivir y florecer? ¿No estarás tú encuadrada en tu analogía, y
no podrías mirarte, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más es el alma ambiciosa y delicada, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y
renovada y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos colmadas de regocijo positivo, por la
acción resuelta y decidida? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez en ese cuadro que ha pintado
mi espíritu, el cuadro que se te parece?
Esos tesoros, los muebles, el lujo, el orden, los perfumes, las flores milagrosas, son tú. Son otra
vez tú los grandes ríos y los canales tranquilos. Esos enormes navíos que las corrientes arrastran, cargados
de riquezas, y de los que suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que duermen
o que se balancean sobre tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar que es el Infinito, en tanto se
reflejan las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, fatigados por la ola y
colmados de productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son de nuevo mis pensamientos enriquecidos
que regresan del Infinito hacia ti.
1993: PEDRO GANDÍA BULEO
XVIII
La invitación al viaje
Hay un país soberbio, un país de Jauja, dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, sumergido en las brumas de nuestro Norte, y que podría llamarse el Oriente de Occidente, la
173
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
China de Europa, hasta tal punto tiene libre curso allí la cálida y caprichosa fantasía, y hasta tal punto lo
ha adornado con paciencia y tenacidad de sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honrado; donde el lujo gusta de
mirarse en el orden; donde la vida es abundante y suave al respirarla; donde la felicidad está unida al
silencio; donde incluso la cocina es poética, pingüe y excitante a la vez; donde todo se te parece, ángel
mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia del
país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una tierra que se te parece, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida
es suave de respirar, donde la felicidad está unida al silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí
donde hay que ir a morir!
Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar, a alargar las horas por lo infinito de las
sensaciones. Un músico escribió La invitación al vals11; ¿quién compondrá La invitación al viaje, que
pueda ofrecerse a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, es en aquella atmósfera donde daría gusto vivir; allá lejos, donde las horas más lentas
contienen más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la dicha con una más profunda y significativa
solemnidad.
En paneles relucientes o sobre cueros dorados y de riqueza sombría, perduran discretamente
unas pinturas dichosas, tranquilas y profundas, con las almas de los artistas que las crearon. Las puestas
de sol, que colorean con tanta riqueza el comedor o el salón, están tamizadas por bellas estofas o por esos
altos ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios,
curiosos, extraños, provistos de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los metales, las
telas, la orfebrería y la loza interpretan allí para la vista una sinfonía muda y misteriosa; y de todas las
cosas, de todos los rincones, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas se escapa un
perfume singular, un regresad12 de Sumatra, que es como el alma de la vivienda.
Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una buena
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería
abigarrada. Allí afluyen los tesoros del mundo como a la casa de un hombre laborioso que bien se
mereció el mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte lo es a la Naturaleza, donde
ésta se halla reformada por el sueño, se halla corregida, embellecida, refundida.
¡Qué [sic] busquen, que sigan buscando, que alejen incesantemente los límites de su felicidad
esos alquimistas de la horticultura! ¡Qué [sic.] ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para
quien resuelva sus ambiciosos problemas! Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul13.
Flor incomparable, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿no es allí, en aquel bello país tan
calmo y soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿Acaso no quedarías enmarcada en tu analogía
y podrías mirarte, para hablar como los místicos14, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, tanto más la alejan de
lo posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
renovada, y, desde el nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas podemos contar colmadas del goce positivo,
174
Anexos
de la acción acertada y decidida? ¿Es que jamás viviremos, jamás estaremos en ese cuadro que ha pintado
mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas eres tú. Tú
eres, además, esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos de acarreo, repletos de
riquezas, y de los que ascienden los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces dulcemente hacia el mar, que es lo Infinito, reflejando
las profundidades del cielo en la limpidez de tu alma pura; y cuando rendidos por el oleaje y saciados de
los productos del Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis pensamientos enriquecidos que
regresan de lo Infinito hacia ti.
1997: JOAQUÍN NEGRÓN
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Existe un país maravilloso, una auténtica Jauja, como suele decirse, que sueño con visitar en
compañía de una vieja amiga. Un país sin igual, anegado en las brumas de nuestro Norte y que podría
bautizarse como el Oriente de occidente, la China de Europa, por cómo la cálida y caprichosa fantasía ha
alzado sobre él su libre vuelo y por la tenacidad y la paciencia con que ha sabido ilustrarlo con su flora
sabia y delicada.
Una auténtica Jauja en donde todo es belleza, esplendor, calma, honestidad, en donde el lujo se
deleita contemplándose en el orden, en donde la vida es fecunda y se respira dulzura, de donde el
desorden, el tumulto y lo imprevisto están desterrados, en donde la dicha se hermana con el silencio, en
donde hasta la cocina es poética, suculenta y excitante a la vez, en donde todo se asemeja a vos, querido
ángel mío.
¿Has padecido alguna vez esa enfermedad febril que se adueña de nuestras almas en las frías
miserias, esa nostalgia de un país ignorado, esa desazón de la curiosidad? Sé de un lugar hecho a tu
imagen, en donde todo es belleza, esplendor, calma, honestidad, en donde la fantasía ha erigido y
decorado una China occidental, en donde la dulzura de vivir se respira, en donde la dicha se hermana con
el silencio.
¡Partamos hacia ese hermoso lugar para vivir, hacia ese hermoso lugar para morir!
Refugiémonos allí para respirar, soñar y eternizar las horas merced a la infinitud de las
sensaciones. Un músico compuso la Invitación al vals, ¿quién será el que componga la Invitación al viaje,
con la que obsequiar a la mujer amada, a esa hermana libremente elegida?
Sí, marchémonos allí donde el ambiente es siempre ideal para vivir, allí donde las horas, más
lentas, encierran más pensamientos, donde los relojes marcan el compás de la felicidad con una
solemnidad más significativa, más honda.
175
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
En lustrosas tablas o en cueros dorados de obscura riqueza, viven discretamente pinturas
plácidas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Altas ventanas labradas que
el plomo divide en numerosos compartimentos, o hermosas telas, tamizan la luz de los atardeceres y tiñen
de ricos colores el comedor y el salón. Los muebles son vastos, curiosos, extraños, provistos de un sinfín
de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, las telas, las piezas de
orfebrería y de loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa. Y de cada objeto, de cada
rincón, de las rendijas de los cajones y de los pliegues de las telas se desprende un perfume singular, un
levísimo aroma que nos transporta a Sumatra y que viene a ser como el alma del apartamento.
Una auténtica Jauja, como te digo, en donde todo es rico, diáfano y resplandeciente, como una
conciencia pura, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida labor de orfebrería, como la
sinfonía de colores de una joya de pedrería. Confluyen en él los tesoros del mundo, como en la morada de
un hombre laborioso a quien el mundo entero tributara una merecida recompensa. Un país sin igual,
superior a los demás como el Arte lo es a la Naturaleza, en donde ésta se ve remodelada por el sueño, que
la corrige, la embellece, la refunde.
¡Que busquen y busquen en vano, que se alejen más y más los límites de la felicidad para esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan sumas de sesenta o cien mil florines a quien resuelva sus
ambiciosos problemas! ¡Yo he hallado al fin mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es verdad que ese país tan sereno y
soñador es el lugar ideal para vivir y florecer? ¿No estarías enmarcada en tu analogía y no podrías
contemplar tu imagen, por hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños!, ¡siempre sueños!; y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva dentro de sí su dosis de opio natural, segregado sin cese y sin
cese renovado, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿cuántas son en realidad las horas colmadas por el
goce absoluto, por la acción emprendida con decisión y llevada a cabo con éxito? ¿Alcanzaremos alguna
vez la dicha de vivir o de perecer en ese paisaje pintado por mi imaginación, en ese lienzo hecho a tu
imagen?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, todo eso
eres tú. Tú eres también esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Y los enormes navíos que surcan sus
aguas cargados de riquezas, deslizándose al son de los cantos monótonos de los marineros, son mis
pensamientos que duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar del
Infinito, reflejando las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando, extenuados por
el oleaje y repletos de productos de Oriente, vuelven al puerto natal, son nuevamente mis pensamientos
que, enriquecidos, regresan a ti desde el Infinito.
1999: FRANCISCO TORRES MONREAL
XVIII. Invitación al viaje
176
Anexos
Cuentan que existe un país magnífico, un país de Cucaña que sueño visitar con una antigua
amiga. País singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, que podríamos llamar el Oriente de
Occidente, la China de Europa, que a tal punto la cálida y caprichosa fantasía allí se ha dado libre curso,
que a tal punto lo ha ilustrado, con ingenio y con paciencia, de sabias y delicadas flores.
Un verdadero país de Cucaña, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo siente
el placer de contemplarse en el orden; donde la vida es rica y es dulce respirarla; donde el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la dicha se ha desposado con el silencio; donde hasta la
cocina es poética, grasa y excitante a un tiempo; donde todo se os parece, ángel amado.
¿No conoces la enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, la nostalgia
del país que se ignora, la angustia de la curiosidad? Una región existe que se te parece, en la que todo es
bello, rico, tranquilo, honesto; en la que la fantasía ha construido y decorado una China occidental, en la
que se hace dulce respirar la vida, en la que la dicha está desposada con el silencio. ¡Allí es preciso ir a
vivir, allí es preciso ir a morir!
Sí, es preciso ir allí: para respirar, para soñar, para alargar las horas con lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿qué músico compondrá la Invitación al viaje,
para ofrendarla a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, en esa atmósfera resultaría el vivir grato; allí, donde las horas, más lentas, contienen más
pensamientos, donde los relojes dan las horas de la dicha con más significativa y honda solemnidad.
En paneles brillantes, o en cueros dorados y de una belleza sombría, viven discretamente
pinturas beatíficas, profundas y tranquilas como las almas de los artistas que las crearon. Con qué
profusión los atardeceres, tamizados por las hermosas colgaduras o por las altas ventanas labradas que el
plomo divide en numerosos compartimentos, llenan de color el comedor y el salón. Los muebles son
amplios, curiosos, extraños, provistos, como las almas refinadas, de cerraduras y secretos. Los espejos,
los metales, los paños, la orfebrería y la porcelana interpretan para los ojos una sinfonía muda y
misteriosa; y de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de los
tejidos se desprende un perfume singular, un Volved aquí de Sumatra, que es como el alma de la casa.
Un verdadero país de Cucaña, te digo, en donde todo es rico, limpio, brillante como una hermosa
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como joyas
multicolores. Allí afluyen los tesoros del mundo, como a la casa de un hombre laborioso que de todos se
ha hecho acreedor. País singular, superior a los demás, como el arte a la Naturaleza, en el que ésta es
reforzada por el sueño, corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que retrasen sin cesar los límites de su felicidad todos esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien florines a quien solucione sus
ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor sin par, tulipán reencontrado, alegórica dalia, ¿no es allí, a ese país tan tranquilo y tan
ensoñador adonde sería preciso ir a vivir y a florecer? ¿No estarías allí encuadrada en tu analogía, y no
podrías contemplarte, para hablar el lenguaje de los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños!, ¡siempre los sueños! ¡Que cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan
los sueños de lo posible! Cada hombre lleva consigo su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
177
La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
renovada, y, desde el nacimiento hasta la muerte, ¿con cuántas horas contamos, con cuántas horas llenas
por el goce positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos alguna vez, entraremos alguna vez en
ese cuadro que ha pintado mi espíritu, en ese cuadro que se te parece?
Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas... eres
tú. Y tú también esos ríos caudalosos, y esos canales tranquilos. Y los enormes navíos que los ríos y
canales acarrean colmados de riquezas y de los que ascienden los cantos monótonos de la maniobra son
mis pensamientos que duermen o que ruedan por tu seno. Tú los conduces suavemente hacia el mar que
es el Infinito, sin dejar de reflejar las alturas del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y cuando,
cansados por la marejada y saciados de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, aún siguen
siendo mis pensamientos enriquecidos que vuelven hacia ti del Infinito.
2006: MAURO ARMIÑO
LA INVITACIÓN AL VIAJE
Hay un país soberbio, un país de Jauja, dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, anegado por las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente de Occidente, la China
de Europa, tanta rienda suelta se ha dado en él la cálida y caprichosa fantasía, tanto lo ha vuelto ilustre
ésta, paciente y tenazmente, con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, magnífico, tranquilo, honrado; donde el lujo
se complace en mirarse en el orden; donde la vida es fértil y dulce de respirar; del que el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto están excluidos; en el que la dicha está maridada al silencio; donde hasta la
cocina misma es poética, ubérrima y excitante a la vez; donde todo se te parece, mi querido ángel.
¿Conoces esa enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esa nostalgia
del país que ignoramos, esa angustia de la curiosidad? Es una comarca que se te parece, donde todo es
hermoso, magnífico, tranquilo y honrado, donde la fantasía ha construido y decorado una China
occidental, donde la vida es dulce de respirar, donde la dicha está maridada al silencio. ¡Allí hay que ir a
vivir, allí hay que ir a morir!
Sí, allí es adonde hay que ir a respirar, soñar y alargar las horas con lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿quién será el que componga la Invitación al viaje
que pueda ofrecer uno a la mujer amada, a la hermana de elección?
Sí, es en esa atmósfera dónde [sic] sería grato vivir –allá, donde las horas más lentas, contienen
más pensamientos, donde los relojes dan la dicha con una solemnidad más profunda y más significativa.
Sobre paneles relucientes, o sobre cueros dorados y de sombría riqueza viven discretamente
pinturas plácidas, serenas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles ponientes,
que colorean de forma tan magnífica el comedor o el salón, están tamizados por bellas colgaduras o por
esas altas ventanas labradas que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son
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Anexos
enormes, curiosos, raros, armados de cerraduras y secretos como almas refinadas. Los espejos, los
metales, los paños, la orfebrería y la cerámica conciertan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y
de todas las cosas, de todos los rincones, de las fisuras de las gavetas y de los pliegues de las telas escapa
un perfume singular, un volved de Sumatra, que es como el alma del piso.
¡Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es magnífico, limpio y reluciente como una
bella conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una
bisutería abigarrada! Los tesoros del mundo afluyen a él, como a la casa de un hombre laborioso y que ha
merecido bien el mundo entero. País singular, superior a cualquier otro, como el arte lo es a la Naturaleza,
en el que ésta está reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que hagan retroceder sin tregua los límites de su dicha esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan premios de sesenta y de cien mil florines para quien
resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán recobrado, alegórica dalia, ¿no es cierto que es ahí, a ese hermoso
país tan sereno y tan soñador, a donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías tú encuadrada en tu
analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan de lo
posible los sueños. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente secretada y
renovada, y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas colmadas por el gozo positivo, por la acción
lograda y decidida podemos contar? ¿Viviremos alguna vez, pasaremos alguna vez a ese cuadro que ha
pintado mi espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas son tú.
Siguen siendo tú esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que arrastran,
totalmente cargados de riqueza, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis
pensamientos que duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los guías dulcemente hacia el mar que es el
Infinito, mientras se reflejan las profundidades del cielo en la limpidez de tu bella alma; y cuando,
fatigados por el oleaje y atiborrados de productos de Oriente, retornan al puerto natal, siguen siendo mis
pensamientos enriquecidos que vuelven del infinito hacia ti.
2008: PABLO OYARZÚN
XVIII
La Invitación al viaje
Hay un país soberbio, un país de Jauja, se dice, que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, sumido en las brumas de nuestro Norte, y que se podría llamar el Oriente del Occidente, la
China de Europa, tanta rienda suelta se ha dado la cálida y caprichosa fantasía, tanto la ha ilustrado,
paciente y tenaz, con sus sabias y delicadas vegetaciones.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Un verdadero país de Jauja, donde todo es bello, rico, tranquilo, honesto; donde el lujo disfruta
mirándose en el orden; donde la vida es feraz y dulce de respirar; donde están excluidos el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto; donde la dicha está desposada con el silencio; donde hasta la cocina es
poética, ubérrima y excitante a la vez; donde todo se te parece, querido ángel mío.
¿Conoces esta enfermedad febril que se apodera de nosotros en las frías miserias, esta nostalgia
del país que se ignora, esta angustia de la curiosidad? Es una región que se te parece, donde todo es bello,
rico, tranquilo y honesto, donde la fantasía ha edificado y decorado una China occidental, donde la vida
es dulce de respirar, donde la dicha está desposada con el silencio. ¡Es allí donde hay que ir a vivir, es allí
donde hay que ir a morir!
Sí, es allí donde hay que ir a respirar, a soñar y prolongar las horas con el infinito de las
sensaciones. Un músico ha escrito la Invitación al vals; ¿cuál será el que componga la Invitación al viaje,
que se pueda ofrecer a la mujer amada, a la hermana electiva?
Sí, es en esa atmósfera donde haría bien vivir –allá, donde las horas más lentas contienen más
pensamientos, donde los relojes tocan a la dicha con una solemnidad más profunda y más significativa.
Sobre paneles relucientes, o sobre cueros dorados de sombría riqueza, discretamente viven
pinturas beatas, calmas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Los soles en ocaso,
que colorean tan ricamente el comedor o el salón, son tamizados por telas hermosas o por esos altos
ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios,
curiosos, extravagantes, armados de cerraduras y secretos, como almas refinadas. Los espejos, los
metales, las telas, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de
todas las cosas, de todas las esquinas, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas escapa un
perfume singular, un revenez-y de Sumatra, que es como el alma de la habitación.
¡Un verdadero país de Jauja, te digo, donde todo es rico, limpio y reluciente, como una bella
conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una joyería
abigarrada! Los tesoros del mundo afluyen, como a la casa de un hombre laborioso que bien ha merecido
el mundo entero. País singular, superior a los demás, como el Arte a la Naturaleza, donde ésta ha sido
reformada por el sueño, donde está corregida, embellecida, refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que hagan retroceder sin cesar los límites de su dicha, esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que ofrezcan premios de sesenta y de cien mil florines para el que
resuelva sus ambiciosos problemas! ¡Yo he encontrado mi tulipa negra y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipa reencontrada, alegórica dalia, ¿no es allí, acaso, en ese bello país tan
sereno y tan soñador, donde habría que ir a vivir y a florecer? ¿No estarías enmarcada en tu analogía, y no
podrías tú mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y mientras más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, secretada y renovada
incesantemente, y, del nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas contamos colmadas por el gozo positivo,
por la acción lograda y decidida? ¿Viviremos jamás, entraremos jamás a ese cuadro que ha pintado mi
espíritu, ese cuadro que se te parece?
Esos tesoros, esos muebles, ese lujo, ese orden, esos perfumes, esas flores milagrosas, eres tú. Y
también eres tú, esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que discurren por ellos,
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Anexos
cargados de riquezas, y de donde suben los cantos monótonos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que ruedan sobre tu seno. Tú los llevas suavemente hacia el mar que es el Infinito, reflejando
las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; –y cuando, fatigados por el oleaje y ahítos
de los productos del Oriente, regresan al puerto natal, son también mis pensamientos enriquecidos que del
Infinito vuelven a ti.
2009: MANUEL NEILA
XVIII
LA INVITACIÓN AL VIAJE
HAY un país soberbio, un país de Jauja, según dicen, que sueño visitar con una vieja amiga. País
singular, anegado en las brumas de nuestro Norte, y que cabría llamar el Oriente de Occidente, la China
de Europa, hasta tal punto se ha dado rienda suelta a la cálida y caprichosa fantasía, hasta tal punto ella lo
adornó paciente y obstinadamente con sus sabias y delicadas vegetaciones.
Un verdadero país de Jauja, donde todo es hermoso, abundante, tranquilo, honrado; donde el lujo
gusta contemplarse en el orden, donde la vida es abundosa y agradable de respirar; donde el desorden, la
turbulencia y lo imprevisto están excluidos; donde la felicidad está desposada con el silencio; donde la
misma cocina es poética, abundante y excitante a la vez, donde todo se os parece, querido ángel mío.
¿Conoces esa enfermedad febril que se adueña de nosotros en medio de las frías miserias, esa
nostalgia del país que se ignora, esa angustia de la curiosidad? Hay una región que se te parece, donde
todo es hermoso, abundante, tranquilo y honrado, donde la fantasía edificó y decoró una China
Occidental, donde la vida es agradable de respirar, donde la felicidad está desposada con el silencio. ¡Allá
hay que ir a vivir, allá hay que ir a morir!
Sí, allá es adonde hay que ir a respirar, soñar y prolongar las horas mediante lo infinito de las
sensaciones. Un músico ha compuesto la Invitación al Vals: ¿quién compondrá la Invitación al viaje que
puede ofrecerse a la mujer amada, a la hermana elegida?
Sí; es en esa atmósfera donde daría gusto vivir –allá lejos, donde las horas más lentas contienen
más pensamientos, donde los relojes hacen sonar la felicidad con más profunda y más significativa
solemnidad.
En paneles lustrosos, o en cueros dorados y de sombría riqueza, viven discretamente pinturas
beatas, tranquilas y profundas, como las almas de los artistas que las crearon. Las puestas de sol, que
colorean tan ricamente el comedor o el salón, quedan tamizadas por hermosas telas o por esos altos
ventanales labrados que el plomo divide en numerosos compartimentos. Los muebles son amplios,
curiosos, raros, armados de cerraduras y de secretos, como almas refinadas. Los espejos, los metales, los
tejidos, la orfebrería y la loza interpretan para los ojos una sinfonía muda y misteriosa; y de cualquier
cosa, de todos los rincones, de las fisuras de los cajones y de los pliegues de las telas se desprende un
perfume singular, un Revenez-y de Sumatra que es como el alma de la vivienda.
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La traducción y recepción del poema en prosa en España: Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire
Un auténtico país de Jauja, te digo, donde todo es abundante, limpio y luminoso, como una
buena conciencia, como una magnífica batería de cocina, como una espléndida orfebrería, como una
joyería abigarrada. Los tesoros del mundo afluyen a él, como en la casa de un hombre laborioso que se
hubiera hecho merecedor del mundo entero. País singular, superior a cualquiera otro, como el Arte lo es
respecto de la Naturaleza, donde ésta queda modificada por el sueño, donde ella queda corregida,
embellecida, refundida.
¡Que busquen, que sigan buscando, que alejen sin pausa los límites de su felicidad esos
alquimistas de la horticultura! ¡Que propongan precios de setenta y cinco mil florines para quien resuelva
sus ambiciosos problemas! ¡Yo ya he encontrado mi tulipán negro y mi dalia azul!
Flor incomparable, tulipán encontrado de nuevo, alegórica dalia, es allá, a aquel hermoso país
tan tranquilo y tan soñador adonde habría que ir a vivir y a florecer, ¿no es verdad? ¿Acaso no tendría por
marco tu propia analogía, y no podrías mirarte, para hablar como los místicos, en tu propia
correspondencia?
¡Sueños! ¡Siempre sueños! Y cuanto más ambiciosa y delicada es el alma, más la alejan los
sueños de lo posible. Cada hombre lleva en sí su dosis de opio natural, incesantemente segregada y
renovada y, desde el nacimiento a la muerte, ¿cuántas horas podemos contar que hayan sido colmadas por
el gozo positivo, por la acción lograda y decidida? ¿Llegaremos a vivir alguna vez, accederemos alguna
vez a ese cuadro que pintó mi espíritu, a ese cuadro que se te parece?
Estos tesoros, estos muebles, este lujo, este orden, estos perfumes, estas flores milagrosas, todo
ello eres tú. Eres esos grandes ríos y esos canales tranquilos. Esos enormes navíos que se arrastran
cargados de riquezas, y de los que llegan los monótonos cantos de la maniobra, son mis pensamientos que
duermen o que avanzan sobre tu pecho. Tú los conduces suavemente hacia el mar que es lo Infinito,
reflejando al mismo tiempo las profundidades del cielo en la limpidez de tu hermosa alma; y cuando,
rendidos por la marejada y ahítos de los productos de Oriente, vuelven al puerto natal, siguen siendo mis
pensamientos enriquecidos que regresan de lo Infinito hacia ti.
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