UNIVERSITE LYON 2 LUMIERE INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. DENISOT Marie. Séminaire Politique, Culture et Espace Public. Sous la direction de Bernard LAMIZET. Soutenu le septembre 2007. Table des matières Remerciements. . . Avant-propos . . Epigraphe . . Introduction. . . I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. . . A) La Santa Muerte : Symbolique d’une mort au double visage. . . 1) Esthétique de la mort humaine, incertaine et nécessaire. . . 2) Les attributs de la Santa Muerte : une mort puissante et juste. . . 3) Des pouvoirs s’étendant au-delà de la morale. . . B) Le Culte à la Santa Muerte : une Réalité qui dérange au sein de l’Espace Public. . . 1) Des pratiques utilitaristes qui bousculent la morale. . . 2) Le parallèle avec le catholicisme : des rapports à interroger. . . 3) Une concurrence nouvelle dans le commerce du religieux à Mexico DF. . . C) Un phénomène social aux Frontières équivoques. . . 1) Une spatialité constitutive de l'identité politique de la Santa Muerte. . . 2) Une base sociale entre ombre et lumières. . . 3) L’augmentation du culte et de la croyance en la Santa Muerte : une évolution problématique. . . II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? . . A) Les Débats autour de la Santa Muerte dans l’Espace Public chilango : un Imaginaire de la Peur qui s'exprime dans le Réel par le Refus de la Parole. . . 1) Conflit religieux : de la non-reconnaissance à la lutte. . . 2) Un Conflit Politique : le Refus d’Attribuer à la Santa Muerte une officialité. . . 3) Conflit social : la création d'une frontière normative. . . B) La Santa Muerte : Manifestation Symbolique d'une Identité de l'ombre dans l'Espace Public chilango. . . 1) L'informalité comme mode d'organisation. . . 2) La fonctionnalité comme valeur tolérante. . . 3) Une dualité intégrée à l’espace. . . C) Les Débats autour de l’Origine de la Santa Muerte : Parabole Symbolique aux Origines de la ville de Mexico DF ? . . 1) La filiation aztèque de la Santa Muerte et l’inscription symbolique dans le temps long. . . 2) L’origine de la Santa Muerte : une lutte pour la légitimité. . . 3) Le mythe du syncrétisme originaire. . . III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. . . A) La Santa Muerte : un Rapport barbare au Sacré ? . . 1) L’idée d’une communication directe avec le divin. . . 2) Les moyens de communication avec le divin : la prise en compte de l’inconscient. .. 3) Identité des dieux et des hommes. . . B) Quand le Rêve de Magie se fait Rêve d’Identité. . . 5 6 7 8 13 14 14 16 18 20 21 23 25 27 27 29 32 35 36 36 39 41 43 43 45 47 48 49 50 51 54 55 55 56 57 59 1) Une unité fondée sur la magie. . . 2) Le rêve d’une identité païenne. . . 3) Mexico DF ou l’espace symbolique de la destinée du monde contemporain. . . Conclusion . . Bibliographie . . Définitions et concepts . . Livres étudiés . . Livres explorés . . Articles . . Sitographie . . Paroles de chanson . . Filmographie . . Photographie . . Annexes . . Annexe 1 : Photographies de la Santa Muerte . . Annexe 2 : Paroles de la chanson Santa Muerte de Cartel de Santa. . . Annexe 3 : Exemples de tatouages de la Santa Muerte. . . Annexe 4 :Exemples de prières dédiées à la Santa Muerte. . . Annexe 5 : Exemple de mises en garde contre la santa Muerte sur un site Internet catholique. . . Annexe 6 : Les lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF. . . Annexe 7 : Liste des principaux sites Internet mentionnant la Santa Muerte. . . Sites mentionnant la Santa Muerte. . . Sites Internet où l’on peut acheter des articles en relation avec la Santa Muerte . . Forums . . Articles d’opinion. . . 59 60 61 63 65 65 65 65 66 66 67 67 67 68 68 69 70 71 75 76 78 78 79 79 80 Remerciements. Remerciements. A l'heure de remettre ce travail entre d'autres mains que les miennes, je tiens à remercier toutes les personnes, qui, par leur temps, leurs connaissances, leur attention, ou leur simple mais inestimable présence, ont concouru à la rédaction de ce mémoire et au sentiment personnel d'enrichissement. Parmi elles, je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Bernard Lamizet, qui fut d'une part mon maître de séminaire, mais aussi mon professeur depuis quatre ans dans le cadre de la section Politique et Communication de l'IEP de Lyon et dont les analyses n'ont cessé de me mobiliser intellectuellement, humainement et personnellement. Ses encouragements autant que ses conseils ont été pour moi d'un soutien précieux et m'ont donné la confiance pour mettre à bien mon projet de mémoire. Merci à Mademoiselle Nélida Michaud qui fut ma professeur d'espagnol autant que mon amie et qui a bien voulu accepter de faire partie de mon jury pour la soutenance de ce mémoire. Sa passion pour la langue de Cervantes ainsi que sa disponibilité ont ponctué ce travail et cette année de moments de partage et de compréhension mutuelle. Enfin, merci, « gracias » devrais-je dire, à l'ensemble des Mexicains que j'ai pu connaître et aimer lors mon séjour à Mexico DF. Ces anonymes qui s'appellent comme des milliers d'autres mexicains, Juan, Yearim, Jessica, Nuria, Carmen, Angela, Roberto, Margarita, Maru, m'ont donner à voir leur pays, leur ville, leur culture, leur traditions, un peu de leur vie en somme et je leur dois tout ce que je sais du Mexique. Ils sont réellement l'âme de ce travail. Denisot Marie - 2007 5 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Avant-propos Puisque nous ne sommes pas encore entré à proprement parler dans ce qu’il est convenu d’appeler un mémoire, j’aimerais profiter de cet espace pour mettre en perspective sinon le statut, du moins la place que tient ce travail au sein de ma scolarité mais plus généralement au sein de ma formation personnelle. Ces quelques dizaines de pages sont issues de quatre années d’enseignements à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, mais également d’une expérience personnelle qui s’inscrit presque a contrario du cycle de vie qui a pu être le mien au cours de mon passage à l’IEP. En effet, ce que l’on a coutume d’entendre par « semestre de mobilité internationale » fut pour moi une parenthèse de vie au Mexique, une parenthèse bouleversant à la fois le connu et l’approche de l’inconnu, le savoir passé comme celui à venir, parenthèse qui à ma plus grande satisfaction ne s’est pas refermée à mon retour et qui, tout au contraire, ne cesse de repousser l’heure de son dénouement. Cette expérience est longtemps venue concurrencer, voire contredire l’enseignement théorique que j’ai pu recevoir au cours de ma scolarité. C’est ainsi que la perspective du mémoire m’est apparue comme un signe de réconciliation. La liberté quant au choix du sujet a entrouvert la possibilité pour moi de penser un thème résolument personnel, mais également ma propre implication par rapport à ce thème. Les occasions, et j’irais même jusqu’à dire les chances de réaliser un tel travail sont assez rares pour qu’elles soient notées. J’ai donc voulu de ce travail qu’il soit à l’image non seulement de ce que j’ai pu apprendre à travers mon cursus scolaire, mais aussi à l’image de ce que j’ai vécu plus intimement, des doutes, des remises en questions, des contradictions parfois, qui ont animé mon esprit au cours des dernières années. Sans doute est-ce autant une qualité qu’un défaut ; néanmoins ces deux réalités, personnelle et théorique, tout à la fois complices et concurrentes, constituent le contexte d’écriture de ce mémoire. 6 Denisot Marie - 2007 Epigraphe Epigraphe « Le Mexique est une terre de rêves. Je veux dire une terre faite d'une vérité différente. Pays de lumière extrême, pays de violence, où les passions essentielles sont plus visibles et où la marque de l'antique histoire de l'homme est plus sensible ; tout comme dans certains pays fabuleux, la Perse, l'Égypte, la Chine. Pourquoi ce rêve? Qu'est-ce qui fait du Mexique un des lieux privilégiés du mystère, de la légende, un lieu où le moment même de la création paraît encore proche alors que déjà s'annonce, inexplicablement, l'autre moment suprême, celui de la destruction du monde ? » JMG Le Clézio « Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue » Denisot Marie - 2007 7 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Introduction. Si le thème du Mexique m'est toujours apparu comme un horizon privilégié en vue de la rédaction du mémoire clôturant mon cursus à l'IEP, ce n'est réellement qu'à mon retour en France que le désir de poursuivre mon expérience mexicaine, et certainement aussi de la prolonger, s'est imposé avec une telle nécessité. Cependant, je n'aurais jamais pris comme objet d'étude la croyance en la Santa Muerte si je n'avais pas été en contact direct avec ce 1 phénomène dans ma vie de tous les jours à Mexico DF . J'avoue d'ailleurs mon ignorance totale quant à l'existence même de cette dernière, et ce malgré mon intérêt marqué pour le Mexique et sa culture, avant d'y avoir vécu. Ainsi, la naissance de ce projet de mémoire est aussi celle d'une rencontre, celle entre le bouquet d’idées qui circulent en Occident sur le Mexique et la découverte de quelque chose de tout à fait inattendu et de typiquement mexicain. Mais peut-être est-il temps de préciser quelque peu ma situation personnelle quant à l’objet d’étude qui est le mien et que je définirais de manière encore très générale par la croyance en la Santa Muerte. Dans le cadre de la troisième année à l’IEP, je suis donc partie effectuer un stage de six mois au Musée Diego Rivera et Frida Kahlo dans la capitale mexicaine. A la suite de rencontres aussi hasardeuses que fortunées, j’ai pu bénéficier d’un point de vue privilégié, et à vrai dire inespéré sur la société mexicaine. En effet, je vivais dans une des délégations les plus pauvres (Venustiano Carranza), et réputée comme la plus dangereuse de la capitale, et travaillait chaque jour dans un des quartiers les plus aisés (San Angel). Je crois pouvoir dire sans pécher par l’orgueil que j’ai alors bénéficié dans ces deux zones si différentes pourtant, d’une intégration exceptionnelle, que je n’aurais pas même osé imaginer avant mon départ. Je vivais vraiment au sein des mexicains qui peuplaient mes deux lieux de vie principaux, avec lesquels je partageais les préoccupations et les activités quotidiennes, en somme, la vie de tous les jours. Or, c’était généralement le désaccord, voire le conflit qui définissait la confrontation des idées, des appréciations, des modes de vie, des goûts émanant de chacun des deux univers dans lesquels j’évoluais. J’occupais donc la position d’une observatrice à part entière bénéficiant d’un certain recul, tout en étant partie prenante de chacun des deux groupes. C’est dans le quartier où je vivais que j’ai découvert la Santa Muerte dans la mesure où la plupart de mes proches étaient des fidèles. Je dois avouer que la première rencontre avec cette figure au corps décharné, aux orbites vidés, à demi couverte par de lourds tissus criards, respirant tout à la fois une présence inquiétante et l’allégresse éhontée de la pratique de son culte, fut le point de départ pour moi d’une fascination. Fascination esthétique et spirituelle d’abord mais cette dernière s’est associée peu à peu, au sentiment, à l’intuition que ce fait religieux si particulier constituait une fenêtre privilégiée de compréhension de nombreux aspects de la vie dans la capitale mexicaine. C’est donc sous l’impulsion de ce ressenti que j’ai décidé d’axer mon mémoire autour de l’étude de la Santa Muerte. 1 Les lettres « DF » sont l’abréviation de Distrito Federal (en français district fédéral) terme par lequel on désigne au Mexique, la capitale du pays, afin de la différencier du nom du pays lui-même se prononçant de la même façon. 8 Denisot Marie - 2007 Introduction. Le sujet étant énoncé, il convient dès lors de définir le cadre dans lequel il sera étudié. Le phénomène de la Santa Muerte est repérable dans l’ensemble de la République mexicaine, bien que sous des formes qui peuvent être variables. On peut l’observer également dans certaines grandes villes du sud et de l’ouest des États-Unis, notamment à Los Angeles, ce qui s’explique par l’importante immigration mexicaine dans ces régions. D’autre part, on remarque que la présence de la Santa Muerte est essentiellement le fait des villes et même des très grandes villes mexicaines. On en trouve quelques traces dans les campagnes mais on peut dire que l’importance du phénomène est largement associée au fait urbain. Même si ces différents éléments seront détaillés par la suite, pour l’heure ils fournissent les raisons qui ont orienté mon choix de délimiter l’étude de la Santa Muerte à la ville de Mexico DF. En effet, Mexico DF est non seulement la ville par excellence puisque c’est l’une des plus grandes du monde, mais c’est surtout dans cette ville que j’ai vécu six mois durant. Elle a été pour moi un terrain d’observation quotidien jusqu’à me devenir familière en quelque sorte, ce qui n’est pas le cas du reste du pays. C’est ainsi que pour des raisons de capacité et de connaissance, nous restreindrons l’aire géographique du sujet à celle de Mexico DF, choix qui sera par la suite confirmé par l’enjeu du sujet lui-même, nous aurons certainement l’occasion d’y revenir. Cette délimitation du cadre de l’analyse est également à mettre en lien avec les sources utilisées au cours du travail préliminaire de recherche d’informations. Une grande partie de l’analyse est en effet basée sur l’observation directe, c'est-à-dire sur la participation aux fêtes organisées pour la Santa Muerte, sur son culte plus quotidien, mais surtout sur les nombreuses discussions que j’ai pu avoir avec des mexicains. L’intérêt de l’ensemble de la population mexicaine pour les thèmes religieux ont permis il est vrai d’aborder le sujet très facilement et, ce qui est peut-être plus surprenant pour un pays très religieux comme le Mexique, sur un mode particulièrement libre. C’est vraiment dans ce contact direct et quotidien avec la croyance et le culte à la Santa Muerte, mais aussi dans la confrontation de ce dernier avec des personnes qui ne le pratiquent justement pas, que se sont forgées les premières hypothèses. Enfin cette proximité avec l’objet a permis de doter l’analyse d’une certaine spontanéité, celle des réactions que pouvaient avoir certaines personnes, celle des anecdotes, des positions pour ou contre. Cette spontanéité constitue un matériau important pour ce travail dans la mesure où elle permet une approche plus sensible de la réflexion. Cette nature quelque peu instinctive des sources issues de l'observation directe se retrouve sous une autre forme dans l'appréhension des sources écrites. En effet, les recherches indiquent une relative pauvreté de la littérature traditionnelle concernant la Santa Muerte ; entendons par là qu'il existe très peu de livres, d'essais, d'articles d'universitaires et même d'articles de journaux, alors qu'au contraire les sites dédiés à la Santa Muerte sont nombreux et particulièrement bien fournis. Bien sur le phénomène est récent, ou du moins récemment visible, mais il semble que cela ne constitue pas la principale explication. Internet apparaît comme un instrument rapide, intelligible rapidement et par n'importe qui, favorisant les échanges d'opinions en temps réel et donc adapté aux passions suscitées par l'augmentation du culte à la Santa Muerte, quelles soient sociales, religieuses ou politiques. Ainsi, l'abondance d'informations autour de la Santa Muerte sur le média Internet fait déjà partie en quelque sorte de la réflexion elle-même. Cela présente évidemment un avantage dans la mesure où Internet apparaît comme une source particulièrement porteuse de sens en ce qui concerne l'étude de la Santa Muerte, mais cela impose également d'avoir un certain recul par rapport à ce média-source afin de Denisot Marie - 2007 9 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. ne pas tomber justement dans l'analyse purement réactionnelle. Cela explique alors le choix d'utiliser en parallèle le livre de J.M.G. Le Clézio intitulé « Le rêve mexicain ou la pensée interrompue » qui interroge sur le temps long le silence des peuples indiens par la violence du monde moderne. Le but étant de combiner à la fois des sources d'origine directe et une pensée plus globale, plus reculée sur l'identité mexicaine. Dès lors, la délimitation du sujet ainsi que des sources qui en constituent la base de recherche sont parties prenantes de l'analyse du phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF dans la mesure où elles constituent elles-mêmes des points d'appui sur lesquels développer le raisonnement. Ces différents éléments seront donc par la suite approfondis ; pour l'heure, ils forment le cadre dans lequel s'inscrira la démarche de ce travail. Il convient à présent de définir les supports théoriques qui seront les nôtres, autrement dit les notions auxquelles nous ferons appel pour argumenter la réflexion. L’hypothèse de départ est de penser que l’étude de la Santa Muerte dans la capitale mexicaine nous permet de parler de l’espace public de Mexico, de son organisation, de son identité. Autrement dit nous partirons du principe que l’étude d’un fait religieux ne parle pas que du domaine du religieux ou de quelques autres secteurs qui lui sont associés, mais de l’espace entier sur lequel il s’inscrit. D’autre part, nous essayerons de nous inscrire dans une démarche constructiviste, c’est à dire que nous partirons de l’observation du phénomène lui-même (celui de la Santa Muerte à Mexico DF) c’est à dire des faits bruts si l’on peut dire, pour en déduire des explications ou plutôt des significations. Notons enfin, avant d’énoncer plus explicitement les axes qui seront les nôtres au cours de cette réflexion, que ce travail est avant tout un point de vue originale sur la signification de la Santa Muerte à Mexico DF dans la mesure où elle prend le parti d’un sens possible de signification qui n’est certainement pas le seul et qui n’est pas étranger à une certaine subjectivité sur le sujet. Cependant, si cet a priori a constitué l’acte de naissance de l’idée même de ce travail, il n’a pas lieu de citer dans le déroulement de l’analyse qui essaye elle d’aborder l’objet scientifiquement. Il s’agit donc maintenant de qualifier plus précisément l’objet d’étude. Tout d’abord, 2 on peut dire de la Santa Muerte qu’elle est une croyance , terme par lequel on entend le fait de croire à la vérité ou à l'existence de quelque chose. Cela entraîne nécessairement 3 l’existence de croyants (qui a une foi religieuse) c'est-à-dire de personnes qui instituent son existence comme vraie. Ainsi la notion de croyance relève d’une médiation, c'est-àdire d’une dialectique entre le singulier et le collectif. Chaque individu croyant possède une expérience personnelle de sa croyance, mais qui est toujours en rapport avec celle de la croyance sociale. Ainsi l’existence d’une croyance sur un espace donné n’est pas anodine dans la mesure où elle instaure un rapport à l’autre, à l’autre « croyant », à l’autre « non croyant », à l’autre « qui a une autre croyance ». Il y a donc quelque chose de l’ordre de l’identité qui se joue dans l’existence d’une croyance. L’identité en ce sens apparaît comme un concept profondément politique, donc symbolique. Aussi, le sens de l’existence d’une croyance en la Santa Muerte dans l’espace public de Mexico DF, est profondément politique, et c’est ce sens politique qu’il s’agira de mettre à jour. D’autre part la question du temps est elle aussi constitutive du symbolique. On a pu voir dans quelle mesure une croyance relève d’une médiation. Or la notion de médiation institue une temporalité, dans la mesure où elle apparaît comme le contraire de l’immédiat. On a donc d’une part le réel qui est le présent et donc l’absence de temps et de l’autre une médiation qui va construire une définition par rapport au réel. Ainsi, l’existence de la 2 3 10 Dictionnaire Larousse 2004. Dictionnaire Larousse 2004. Denisot Marie - 2007 Introduction. croyance en la Santa Muerte nous fait entrer de fait dans une dialectique entre un temps court et un temps long, autrement dit le temps court qui est celui de l’existence plutôt récente du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussi celui d’un temps plus long, celui de l’histoire religieuse du pays, de l’histoire de la ville, des quartiers de cette ville. Finalement ce que l’on va chercher à savoir, c’est ce que nous dit la Santa Muerte sur la ville de Mexico DF. A ce propos il est peut être temps d’expliciter ici un mot familier mexicain auquel nous aurons souvent à faire référence et qui éclairera certainement le sens de la démarche que nous souhaitons mettre en place : c’est le mot qui est aussi un adjectif « chilango ». Celui-ci est employé dans tout le pays pour désigner les habitants de Mexico DF mais aussi pour caractériser ce qui vient de la capitale, l’accent par exemple, la manière de s’habiller, les recettes de cuisine, les expressions ou encore l’humour. Bien sûr dans chaque ville, les habitants, les spécialités prennent de fait le nom de cette dernière, mais pour ce qui vient de la capitale mexicaine, on ne dérive pas à partir du nom de la ville ou du moins on n’utilise pas cette possibilité qui existe pourtant, mais à partir d’un mot complètement différend. Il me semble que le sens de ce travail se situe là, dans la tentative de définir, à travers l’étude de la Santa Muerte le « chilango » si l’on peut l’exprimer ainsi et que l’on pourrait définir comme l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, les particularités de la croyance et du culte rendu à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussi celles liées à son enracinement social, à sa reconnaissance sociale semblent intimement liées au destin de la ville elle-même. Nous choisirons de consacrer l’intégralité de la première partie de ce travail à la description de l’objet en lui-même autrement dit la Santa Muerte : qui est-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Quelles sont les pratiques qui forment son culte ? Qui la vénère ? Autant de questions qui peuvent sembler de l’ordre de la pure observation et qui pourtant constituent la base de l’analyse car en effet, la manière de vivre une croyance n’est pas anodine. Il s’agit donc d’étudier et de mettre en perspective la réalité de l’objet d’étude dans la ville de Mexico DF. D’autre part et d’un point de vue plus pragmatique, il est important que le lecteur puisse se faire une idée de la réalité d’une telle croyance afin d’en percevoir ensuite les différents enjeux au sein de l’espace public de Mexico DF. Nous nous intéresserons donc tout d’abord à la Santa Muerte mais dans la mesure où elle est une croyance c’est à dire qu’un collectif lui attribut un certain nombre de choses comme étant vrai. De plus, elle est aussi un culte et donc une existence sociale particulière sur un espace donné, celui de la ville de Mexico DF. C’est donc dans cette rencontre entre des éléments issus de l’imaginaire et d’autres du réel que nous mettrons en évidence l’ambiguïté de la Santa Muerte. Ces différents éléments mis en place, nous serons alors en mesure d’étudier la perception par la société mexicaine de l’existence d’une croyance en la Santa Muerte En effet, nous mettrons en évidence les débats qui se sont greffés autour de la Santa Muerte, avec bien sur derrière ceux-ci des acteurs, des forces qui entrent en conflit. Or c’est nécessairement dans le conflit que se crée l’identité. Le but ici n’est pas de mettre à jour les raisons qui poussent certaines personnes ou certaines institutions à être pour ou contre la Santa Muerte puisque c’est dans ces termes que se situe le débat, mais d’essayer d’entrevoir qu’elle image cela nous donne de la ville de Mexico DF, comment l’identité de cette dernière transparaît au travers de ces confrontations. D’autre part, nous ferons le tentative de qualifier, de caractériser ces identités qui émanent de la conflictualité sociale mise en place par la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF mais aussi de les mettre en perspective dans l’espace et dans le temps. Denisot Marie - 2007 11 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Enfin nous formulerons l’hypothèse d’inscrire ce phénomène dans le temps long de l’histoire de Mexico DF et de montrer dans quelles mesures ce débat autour de la Santa Muerte médie d’une certaine manière le choc entre deux rêves que fut la conquête du Mexique par Hernan Cortès ; il faut entendre par ces deux rêves celui de modernité et d’or des Espagnols et celui de magie des Indiens. Cela ne signifie pas que l’on se situe dans ce genre d’opposition dans le Mexique d’aujourd’hui mais que la relation de la Santa Muerte avec cette rencontre de deux temps historiques, de deux mondes qui ne peuvent se penser réciproquement a quelque chose à voir avec l’identité de la ville de Mexico DF comme espace significatif. L’objectif étant alors de voir si la croyance en la Santa Muerte ne serait pas une manifestation de cette volonté récente de retour aux origines en quelque sorte contre l’imposition d’une modernité à sens unique. Notons que pour cette troisième et dernière partie nous partons sur une réflexion formulant une hypothèse a priori et qui ne prétend à l’heure de l’introduction d’aucune validité avérée ou pressentie. Ceci dit, nous prendrons le parti de l’exploiter en se basant sur la pertinence et la légitimité à se poser la question. Voici donc détaillés les trois axes principaux que nous suivrons pour mener à bien ce travail. Mais avant d’entrer cette fois dans le corps du mémoire, il semble important, 4 pour mieux se saisir de l’objet de commencer par l’observation de quelques photos qui ont été réalisées à Mexico DF et qui parviennent à donner une idée de la Santa Muerte et de l’ambiance qu’elle diffuse. 4 12 Annexe 1. Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. Lorsque l'on cherche des informations générales concernant le Mexique sur n'importe quel moteur de recherche, on rencontre dans un premier temps des sites dont la démarche est essentiellement touristique et qui fournissent toute sorte de renseignements sur les 5 coutumes et particularités du pays. En visitant d'un peu plus près l'un d'entre eux , on trouve alors un article décrivant une réalité religieuse mystérieuse, celle de la Santa Muerte. Si ces quelques lignes intriguent, rien de comparable pourtant avec ce que l'on peut ressentir lorsque l'on se retrouve pour la première fois au centre d'une messe dédiée à la « Santisima » (Saintissime), face à face avec un squelette de plus de deux mètres, au milieu d'une foule de fidèles massée dans quelques rues fermées à la circulation, au centre de 6 la capitale mexicaine, dans le quartier de Tepito . C'est tout d'abord dans cette découverte que se trouve la raison d'être de cette première partie qui se veut une approche descriptive de la croyance et du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF. Cela va nous permettre d'entrevoir la réalité que prend effectivement la Santa Muerte dans la capitale mexicaine. Or cette réalité dérange par bien des aspects. Pourtant dans la ville de Mexico DF, le culte à un saint particulier n'est pas chose rare ; il y a en effet, et en tout premier lieu, le culte à la Vierge de Guadalupe qui est extrêmement populaire, mais aussi celui de Chalma pour qui l'on danse, ou encore le Saint enfant de Atocha auquel on apporte des jouets. Mais la Santa Muerte n'est pas une sainte parmi ceux-ci et parmi tant d'autres encore, elle est à part dans la mesure où sa croyance et son culte interrogent la société chilanga. Nous essayerons de montrer dans quelles mesures la Santa Muerte apparaît comme ambiguë, c’est à dire dont le sens est équivoque, incertain et que l'on peut interpréter de différentes façons et ce à plusieurs niveaux. Nous commencerons par l'étude de la figure en elle-même qui manipule une symbolique d'une mort duelle ou bicéphale. 7 Puis nous nous intéresserons au culte à la Santa Muerte, terme par lequel on entend l'hommage rendu à Dieu, à une divinité, ou à un saint, mais qui désigne aussi l'ensemble des cérémonies et pratiques par lesquelles on rend cet hommage. Nous montrerons que celui-ci s'inscrit à la fois dans une culture catholique mais également contre cette dernière. Enfin nous nous pencherons sur l'inscription sociale de la croyance et du culte à la Santa Muerte en essayant d'en montrer les contours au sein de l'espace de la ville de Mexico DF, contours qui présentent, nous le verrons, des frontières floues. 5 6 Http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm Tepito est un quartier du centre de Mexico DF qui est connu depuis des années pour résister à la modernisation, pour le commerce illégal de toutes sortes de produits et pour son taux de violence considéré comme l’un des plus élevés de la capitale mexicaine. 7 Dictionnaire Larousse 2007. Denisot Marie - 2007 13 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Par la mise en évidence de ces ambiguïtés, nous nous proposons d'appréhender l'objet d'étude qu'est la Santa Muerte, mais aussi déjà de repérer les éléments qui sont à l'origine des débats autour de cette divinité dans l'espace public de la ville de Mexico DF. A) La Santa Muerte : Symbolique d’une mort au double visage. Il s'agit donc de décrire ici la figure de la Santa Muerte, ce que nous ferons sous plusieurs 8 angles. On entend par figure la représentation plastique d'un être humain ou d'un animal, mais aussi l'idée d'apparaître, de s'ébaucher, sens que l'on retrouve notamment dans une expression dérivée du mot telle que « prendre figure ». Cela nous renvoie donc tout d'abord à une réalité physique mais aussi, et par ce biais notamment à quelque chose de l'ordre de la représentation, c'est à dire de l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'un signe, d'un symbole. Ce sont ces signes et ces symboles qui constituent la réalité de la Santa Muerte dans l'espace de la ville de Mexico DF, que nous allons essayer de mettre à jour. Nous commencerons par l’étude de l’esthétique déployée par le personnage de la Santa Muerte, puis nous nous intéresserons à ses attributs et à leur signification avant de terminer ce premier point par l’étude des pouvoirs qui sont attribués à la Santa Muerte. Nous analyserons ces trois éléments sous l’angle de la signification dans l’espace public. 1) Esthétique de la mort humaine, incertaine et nécessaire. La Santa Muerte est un squelette que l'on considère de sexe féminin, pouvant atteindre jusqu'à la taille humaine. Elle possède la figure (le visage) traditionnelle du squelette d'une 9 des fêtes mexicaines les plus importantes, celle du « Jour des Morts » De part cette coutume, la figure du squelette n'est pas quelque chose de particulièrement choquant pour les Mexicains puisqu'elle est au contraire associée à quelque chose de plutôt festif, contrairement à l'image qu'il peut avoir dans nos sociétés occidentales. Cependant la Santa Muerte n'est pas un squelette comme les autres. Elle est vêtue luxueusement par des tuniques de différentes couleurs, à la manière d'une sainte ; c'est d'ailleurs sous ce dernier terme qu'elle est désignée. Elle porte en effet, telle une vierge, 10 une tunique qui la couvre des pieds à la tête et dont on change la couleur en fonction de la demande du fidèle. Ainsi, le rouge symbolise l'amour et la passion, le noir la force et le pouvoir, le marron ouvre les chemins, le vert sert à maintenir unis les êtres aimés, le jaune à porter la chance, quant au blanc et au bleu, qui sont les couleurs de la Vierge Marie, ils représentent la pureté. Notons toutefois qu'entre les croyants eux même, il n’y a pas vraiment de cohérence sur la signification de ces coloris, dans la mesure où, par 8 9 Dictionnaire Larousse 2004. Cette fête d’une grande importance au Mexique est célébrée le 2 novembre et correspond à ce que nous appelons la Toussaint. Elle vient de la tradition catholique qui veut que le calendrier réserve un jour pour visiter les morts. Cependant, durant l’époque aztèque, on visitait plusieurs fois par an les morts et on venait manger et chanter sur les tombes. Cet aspect très festif de la tradition préhispanique est restée en vigueur au Mexique et fait du jour des morts une fête particulièrement joyeuse. La figure du squelette y est particulièrement présente et largement tournée en dérision, notamment sous la forme de petites têtes de mort en sucre que mangent les enfants. 10 14 http:www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. exemple, aucun des sites consacrés à la Santa Muerte ne mentionne les mêmes binômes signification/couleur. Cette tunique colorée représente la forme par laquelle nous cachons notre véritable apparence derrière une autre. Ainsi, de même que le tissu cache le squelette, qui est le corps de la Santa Muerte, notre chair dissimule ce que nous portons vraiment à l’intérieur, l'essence même de notre humanité, que nous essayons de déguiser. C'est particulièrement 11 vrai pour ce qui est du visage . En effet, nous jugeons de la beauté du visage par ce que nous en voyons, autrement dit la peau, la couleur de celle-ci. Mais finalement, si l’on enlève à un visage sa peau et qu'on en considère les seuls os, on se rend compte alors que notre visage est très peu différent de celui de notre voisin, de notre collègue de travail, de notre meilleur ami ou de notre pire ennemi. Ainsi, la tunique de la Santa est en quelque sorte la couverture, le déguisement par lequel elle cache le destin de chacun, destin que nous portons tous à l’intérieur de notre corps. Ces premiers éléments physiques nous montrent la Santa Muerte comme déification d'un phénomène naturel : la mort. En effet, tout être vivant est caractérisé par un cycle qui commence à la naissance et se termine au moment de la mort. Or la mort est quelque chose qui est de l'ordre de l'inconnu puisque par définition, c'est un moment que nous ne vivons pas et qu'il nous est impossible de connaître par l'expérience. Dans la Santa Muerte, la mort est matérialisée, elle acquiert d'une part une réalité, mais une réalité aux traits humains, en témoigne notamment la taille humaine de certaines figures représentant la Santa Muerte. Mais en parallèle de cette déification d'une des caractéristiques humaines, on trouve aussi une humanisation de la divinité. On remarque en effet que si nous autres humains dissimulons ce que nous sommes vraiment derrière des apparences, ce qui peut être vue comme quelque peu négatif, la Santa Muerte fait de même en dissimulant derrière sa tunique le destin de chaque homme. Cela nous amène à penser la Santa Muerte, c'est à dire la divinité, et ses fidèles, ceux qui croient en son existence, sur le même plan. Or cette idée se trouve être en contradiction 12 avec le sens du mot « saint » qui se dit de Dieu en tant qu'il est souverainement pur, parfait ou de quelqu'un qui a été béatifié ou canonisé, dont la vie est proposé en exemple par l'Église et auquel est rendu un culte public. Cette notion d'exemple est laissée de coté puisque la Santa Muerte semble justement ne pas représenter la toute perfection, mais au contraire s'inscrire dans un personnage plus en adéquation avec les possibles « travers » des hommes et de leur vie. De plus, par l'analyse de son apparence vestimentaire, on peut noter que la Santa Muerte manipule une dialectique entre l'intérieur et l'extérieur à laquelle on peut substituer celle de l'obscurité et de la lumière. Le vrai semble alors se trouver à l'intérieur, masqué par des apparences qui sont visibles au grand jour. Nous poursuivons donc dans cette symbolique de l'incertain dans lequel nous nous trouvons la plupart du temps puisque le certain est ailleurs, à l'intérieur, dissimulé sous ce que l'on voit à la lumière. La Santa Muerte laisse paraître la mort dans la lumière de l'espace public, mais l'heure et le jour de chacun reste secret. Elle incarne à la fois la certitude de l'existence d'une heure pour terminer sa vie, et l'impossibilité de connaître cette heure tout comme l'impossibilité de la penser. On retrouve d'ailleurs ces caractéristiques dans les surnoms qui sont donnés, par ses fidèles, à la Santa Muerte. Il est en effet dit dans la croyance que la Santa préfère ne 11 12 Http://www.santamuerte.galeon.com/ Dictionnaire Larousse 2007. Denisot Marie - 2007 15 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. 13 pas être nommé par son nom et qu’elle apprécie des surnoms affectueux comme « la Flaquita » (la maigre), « Nina Santa » (la petite fille sainte), « la Bonita » (la mignonne »), « la Senora » (la dame), « la Santisima » (saintissime), « Senora de las Sombras » (dame des ombres). Autant de mots tendres qui permettent aux fidèles de ne pas prononcer le mot « mort », terme qui suscite la peur. On a donc à faire à une volonté de figurer la mort qui prend tout à coup une forme bien réelle tout en évitant de prononcer son nom de part l'incertitude que l'idée de mort inspire. Notons aussi à propos des termes qui la désignent que sont également employées des expressions telles que « la comadre » (la marraine) qui fait référence à une figure féminine protectrice, notamment dans la religion catholique, mais aussi comme le féminin de « parrain » que l'on emploie en argot « chilango » pour désigner le compère, le comparse. Enfin elle est aussi appelée « la cabrona » que l'on pourrait traduire par « saloperie ». On peut donc y voir un élément supplémentaire qui nous permet d'affirmer que cette divinité est humanisée dans le sens où elle semble posséder les défauts des humains. Pour conclure ce premier point sur l'esthétique générale de la Santa Muerte, il semble intéressant de reporter ici une anecdote contée par une vieille dame mexicaine et qui résume, assez bien, la croyance en cette divinité. Devant les craintes exprimées quant à l'idée de la mort elle a répondu l’histoire suivante : un jour la Santa Muerte a demandé à Dieu de prendre des vacances parce qu'elle était lassée de son travail dans lequel elle devait emporter des personnes qui ne voulaient pas mourir et dont la mort rendait triste bon nombre de proches. Elle a donc profité de ces vacances pour se promener à travers le monde sans avoir pour autant à emporter des gens sur son passage. Elle s'est alors rendue compte que de nombreuses personnes souffraient énormément, elles perdaient du sang, étaient prises de douleurs insoutenables sans que la mort viennent leur donner quelconque soulagement. La Santa Muerte s'est alors rendue compte de l'importance de sa tâche et de ses aspects positifs. Cette légende révèle assez justement la dialectique entre nécessaire et incertain que manipule le personnage de la Santa Muerte. 2) Les attributs de la Santa Muerte : une mort puissante et juste. La Santa Muerte est souvent représentée avec d'autres objets qui véhiculent eux aussi une symbolique forte ; c'est ce que nous nous proposons d'étudier dans ce second point. Dans sa main droite, et traversant presque l'intégralité de son corps, elle porte toujours une faux. Cet instrument utilisé pour la culture des champs, notamment pour le labourage, représente la justice implacable, non pas la sienne, sinon celle de l’être suprême qui gouverne et régie la vie de tous. En effet, c’est la nature elle-même qui nous impose de mourir un jour pour clôturer le cycle mis en place au moment de la naissance. Finalement, c'est sous la faux que tout se termine, c'est l'instrument par lequel la Santa Muerte coupe le chemin de la vie et apporte la mort à chacun. Cette faux large et sinistre nous indique que sur le chemin de la mort il n’y a pas de distinctions : elle est l'unique instrument par lequel la mort nous emporte et celui qui attend tout le monde à un moment ou à un autre. On peut donc le voir comme un signe d’équité et d’harmonie puisque nous sommes d'une part, tous égaux devant la mort, et d'autre part, cela permet à un cycle nouveau de se remettre en place lorsque l'un s'arrête. La faux est également dotée d'une autre signification qui présente une autre image de la mort. En effet, il se dit dans la croyance que l’âme est unie au corps 13 16 Http://es.catholic.netle Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. par un petit fil d'argent. Grâce à sa faux, la Santa Muerte coupe alors ce fil et pendant que le corps suivra son processus de corruption, l'âme quant à elle sera sauvée. Dans la paume de sa main droite, la Santa Muerte soutient le monde représenté par un globe terrestre. Sa signification est très claire ; cela indique que la Santa n’a pas de frontières, qu'elle est et existe en tout lieu et ne fait pas de différence entre les hommes qui peuplent la terre. La terre entière est à elle et repose dans le creux de sa main. La mort apparaît alors comme quelque chose qui transcende les différences quelles qu'elles soient. De plus, les représentations de la Santa Muerte sont très souvent affublées d'une balance qui trône à ses pieds. Cet objet est une allusion claire à l’équité, à la justice et à l’impartialité. Cela vient confirmer ce que l'on a pu voir auparavant dans l'analyse des autres attributs de la Santa. Mais cette balance représente également la volonté divine. Ici, la balance qui est un symbole du jugement, représente celui de la Santa Muerte certes, mais aussi l'inscription du jugement de cette dernière sous la tutelle du jugement divin. Enfin, l'image de la Santa Muerte est également souvent accompagnée d'un sablier qui est la mesure de la vie sur la terre. Ce n'est pas une horloge, ni une montre mais un sablier parce qu’il suffit de le retourner pour que le temps reparte de nouveau. Cela indique que la vie de chacun est cyclique, c'est à dire composée d'événements (la naissance, la croissance, la mort) qui se renouvellent dans un ordre immuable. En ce sens, la mort est seulement un changement et finalement, quelque chose de similaire au fait de retourner le sablier et de recommencer un cycle. Si l'on a pu entrevoir dans le point précédent que la Santa Muerte, contrairement à ce que l'on entend traditionnellement par « saint », n'est pas emprunte de la « toute perfection », elle possède néanmoins des attributs qui témoignent d'un sens de la justice, de l'équité. Ici encore on peut mettre ceci en relation avec le fait que la mort, ce que représente la Santa Muerte, est quelque chose qui vaut pour tous en tout lieu. C'est en cela que réside la certitude de la mort. Dans une chanson d'un groupe de rap de la capitale, cette dimension 14 est affirmée « la seule certitude dans cette vie c'est vous Santa Muerte ». On trouve donc une sorte de résignation face à la mort, qui apparaît alors comme une réalité imminente. La terre qui tient dans la seule paume de main de la Santa Muerte traduit à quel point les hommes sont peu de choses face au cycle de la vie qui se termine. Mais la Santa Muerte n'est pas uniquement cette divinité qui coupe le chemin de la vie, elle emporte chacun vers le commencement d'un nouveau cycle et en ce sens elle est une instance rassurante. La mort étant divinisée dans une sainte humanisée, se dessine alors une sorte de confiance en la mort puisque la Santa Muerte est juste et impartiale. Ainsi, l'inconnu de la mort, matérialisé dans une figure divine aux traits humains, n'inspire plus la peur mais un fatalisme confiant. De plus il est intéressant de noter que les représentations de la Santa Muerte traduisent un lien avec le catholicisme. Ses attributs témoignent de ses particularités mais s'inscrivent dans une référence à Dieu ou du moins à un être suprême. De ce fait la croyance en la Santa Muerte ne semble pas constituer pour ses fidèles un cadre exclusif des rapports de ces derniers avec le sacré. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce point. Enfin, un autre élément est mis en évidence par l'analyse des attributs de la Santa Muerte : sa puissance. En effet, bien que l'existence d'un être au dessus d'elle est suggérée, son pouvoir semble pourtant immense. Elle maîtrise et manipule le temps des hommes sur la terre. Elle est donc justement sur cette frontière entre le réel, la certitude présente d'une heure où le cycle de la vie humaine s'arrêtera, et l'imaginaire, autrement dit l'incertitude que l'on a du moment de la mort future. 14 Cartel de Santa : « Santa Muerte » Annexe 2. Denisot Marie - 2007 17 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. On peut donc dire que la Santa Muerte se trouve à la croisée de plusieurs significations. Tout d'abord elle semble à la fois sous l'autorité d'une instance supérieure mais aussi dotée d'une puissance presque sans limites. Elle possède les attributs de l'impartialité et de la justice, mais garde secret le moment où sa faux viendra couper le chemin de la vie, et de ce fait garde secrètes les raisons d'abréger ou non la vie de chacun. Enfin, elle manifeste la certitude réelle de la mort autant que sa dimension inconnue. 3) Des pouvoirs s’étendant au-delà de la morale. Afin de terminer cette présentation du personnage de la Santa Muerte, nous allons maintenant nous intéresser aux pouvoirs qui lui sont conférés par les fidèles. Ses 15 promoteurs la présentent comme une « entité spirituelle » qui a toujours existé , et qui manipule une énergie appelée « énergie de la mort ». On dit d'elle qu'elle est une des protections les plus fortes qu'il existe et qui est capable de se manifester corporellement, ou encore d’imprimer son image en divers endroits comme on peut le voir à la lumière de ce 16 témoignage d'une ancienne droguée de 21 ans recueilli sur un site Internet : « Moi je me droguais on m’avait donné une bonne raclée. J’étais très mal mais soudain la Santa Muerte m’est apparue dans la maison d’un ami et elle m’a aidé à sortir de tout ça. Je pensais qu’elle allait m’emporter avec elle, mais ce ne fut pas ainsi, elle m’a fait aller de l’avant et c’est pour cela que je la prie et que je la porte sur moi sur une bague à son effigie. ». Dans les livres et les revues qui promeuvent son culte, on raconte les interventions miraculeuses qui ont eu lieu, par exemple, quand la Santa Muerte a aidé quelqu’un à se sortir de grands dangers et à résoudre des situations complexes. C'est d'ailleurs ce qui transparaît dans les discussions que l’on peut avoir avec les fidèles. Une dame raconte par exemple qu'elle attendait son fils, inquiète de ne pas le voir rentrer à la maison. Elle a alors invoqué la Santa Muerte afin qu'il protège celui-ci où qu'il se trouve. La Santa Muerte, en signe de réponse, aurait alors fait bouger la porte d'entrée afin de l'avertir qu'elle ne devait pas se faire de soucis. Une dizaine de minutes plus tard, le fils était de retour. Elle insistait particulièrement sur le fait que la Santa a voulu la prévenir, la tranquilliser. Le fait que la Santa Muerte puisse apparaître directement à ses fidèles, jusque dans leurs propres maisons est une idée qui est d'ailleurs relayée par les sites consacrés à la Santa Muerte comme l'un d'entre eux qui demande aux visiteurs et fidèles de la Santa de les prévenir immédiatement dans le cas où ils seraient l'objet d'une apparition, notamment 17 au cours de rêves . Il semble donc que la Santa Muerte possède des pouvoirs tels qu'ils lui permettent d'être présente et d'apparaître directement à ses fidèles dans leur espace du quotidien. La notion de miracle est présente dans de nombreuses religions, mais le plus souvent, 18 comme dans le catholicisme par exemple, sous forme de quelques miracles spectaculaires qui deviennent alors des points de référence pour les croyants. La Santa Muerte, au contraire, possèderais une force qui lui permet de se rendre présente régulièrement et à 15 16 La question des origines, dans la mesure où elle est sujette à débats, sera étudiée et mise en perspective par la suite. Http://www.terra.com 17 18 http://santamuerte.galeon.com/ Nous prendrons le catholicisme comme exemple dans la mesure où c'est avec cette religion que la Santa Muerte entretient le plus de rapports, qu’il s’agisse de rapports de proximité autant que de concurrence. 18 Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. tous. Cela lui donne alors de fait une relation de proximité avec les fidèles, ce qui explique certainement la ferveur de ces derniers. Le croyant en la Santa Muerte peut d’ailleurs apprendre, lui aussi, à manipuler cette énergie qui émane des images consacrées de la Santa, ce que l’on retrouve dans le fait de porter sur soi une image ou un objet représentant la Santa puisque le contact avec cette dernière nous met également en relation avec sa puissance. Ainsi, la très grande puissance de la Santa Muerte et sa capacité à réaliser les demandes viendrait du fait qu’il est impossible d’échapper à la mort et que de ce fait, son pouvoir sur nous est immense. Ainsi, contrairement à Dieu qui est tout puissant mais aussi « toute bonté », la Santa Muerte elle présente une face double. Elle concentre en effet la force créatrice comme destructrice de l’univers. Les fidèles font appel à elle pour lui demander des faveurs en relation avec l’amour, la santé ou le travail. Mais on peut également la solliciter pour atteindre des buts plus ambigus, tels que des vengeances ou encore la mort d'une personne. Elle peut récupérer l’amour perdu, pousser une personne qui ne le souhaitait pas à concéder au mariage, faire que certaines personnes se rapprochent. Elle peut aider au niveau économique, à soigner des maladies, à repousser les mauvais sorts, à se défaire des ennemis. Ici, on se rend compte que la Santa Muerte ne fonctionne pas conformément à ce que l'on entend par le terme de « saint » qui inclut nécessairement celui d'exemple. En ce sens elle apparaît comme une divinité fonctionnelle dans la mesure où elle peut agir sur l'ensemble des désirs humains qu'ils soient conformes ou non à la morale. On peut citer à ce titre le commentaire de Roberto Guitierrez, vendeur ambulant : « Je lui demande qu’elle prenne soin de moi et qu’elle me protège de la jalousie et quand on s'est mal comporté avec moi, je n'hésite pas à lui faire appel, j'ai confiance en 19 sa justesse. » Cette fonctionnalité se retrouve également dans l'usage que font les fidèles de ses pouvoirs. En effet; si on veut qu’elle nous concède une faveur, il faut lui promettre quelque chose en échange que l’on sera en mesure de réaliser. Dans le cas d'une promesse non tenue, et que cela soit volontaire ou non, elle « emporte » alors avec elle une personne de la famille ou un proche. Il y a donc un réel échange entre la Santa Muerte et le fidèle : leurs actions sont effectivement interdépendantes et associées dans un lien de réciprocité. On se trouve donc dans le cadre d'un lien de causes à effets direct et sans équivoques. 20 Cela nous permet de rapprocher la croyance en la Santa Muerte du mysticisme , doctrine philosophique et religieuse qui admet la réalité d’une communication directe et personnelle avec Dieu par intuition ou par l’extase. Bien sûr ici, il ne s'agit pas de Dieu mais d'une sainte, cependant, le mode de communication avec la divinité qui est décrit s'apparente à celui observé pour la Santa Muerte. Finalement, au terme de ce point il apparaît deux choses. Tout d’abord que, par la puissance de sa force, la Santa Muerte est présente par des miracles ou encore des apparitions dans l’espace du quotidien et ce de façon directe et réciproque ce qui semble aller à l’encontre de l’image traditionnelle que véhicule un saint. D’autre part, cette puissance, bien qu’elle soit toujours considérée comme juste par les fidèles peut s’avérer bénéfique mais également maligne ce qui lui donne à la fois une dimension protectrice mais aussi vengeresse. ~ Nous avions posé au préalable la Santa Muerte comme une croyance c'est-à-dire qu’un collectif croit en son existence et en la vérité de celle-ci. Cette réalité considérée comme 19 20 Http://www.terra.com Dictionnaire Larousse 2004. Denisot Marie - 2007 19 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. vraie par les fidèles, c’est celle que nous venons de détailler à travers la symbolique du personnage de la Santa Muerte. Or, nous avons pu constater que la simple description du personnage de la Santa Muerte montre déjà des ambiguïtés, étant entendu qu’il n’ait bien sûr donné aucune connotation négative à ce terme. Diviniser un phénomène aussi naturel et pourtant aussi inconnu que celui de la mort n’est pas anodin et semble ne pas coïncider avec ce que l’on peut observer généralement à Mexico DF où les nombreux saints auxquels on rend un culte sont conformes à la définition de l’Eglise catholique. Cela concerne en effet des personnes dont la vie est donnée en exemple par l’Eglise et qui sont canonisées. De fait un phénomène naturel ne peut accéder à la dimension de saint. De plus, cette mort devenue déesse, est représentée sous une forme sinistre et morbide bien que richement vêtue et plus surprenant, à la manière d’une vierge, créant en quelque sorte une confusion quant à son identité. Confusion qui est entretenue par ses pouvoirs qui sont capables de protéger autant que de détruire et cela dans une justice et une impartialité affichée par ses attributs. La Santa Muerte s’inscrit donc dans une proximité avec ses fidèles. Elle représente le destin qui les attend tous et en attendant cette heure qu’elle garde en secret, elle accomplit en échange de promesses tenues, les désirs humains de toute sorte, et apparaît à eux de manière quotidienne. Endossant les défauts des hommes comme les qualités des dieux, elle semble au plus proche de ses fidèles, réduisant les distances sur lesquelles se fondent justement le rapport au sacrée dans la religion catholique : avec la Santa Muerte, le rapport est direct, amoral, quotidien et réciproque. B) Le Culte à la Santa Muerte : une Réalité qui dérange au sein de l’Espace Public. Après avoir rencontré le personnage de la Santa Muerte dont nous avons décrit la croyance, nous choisirons de nous intéresser à présent au culte qui lui est rendu dans la ville de Mexico DF. Un culte, en tant qu’il est l'hommage rendu à Dieu, à une divinité, ou à un saint, mais aussi l'ensemble des cérémonies et pratiques par lesquelles on rend cet hommage, s’inscrit en relation étroite avec l’espace sur lequel on peut l’observer. On retrouve bien sûr certaines des pratiques que nous décrirons dans d’autres parties de la République mexicaine mais c’est le système qu’elles constituent dans la capitale du pays que nous mettrons en relief. Si l’on considère un culte comme une conjonction d’actes que l’on attribue à une 21 vénération profonde et qui sont liés à la culture , alors, ce système d’actes divers possède un sens profondément politique. Nous commencerons par étudier les pratiques en ellesmêmes afin d’en déterminer les particularités, puis nous essaierons d’étudier quelles sont leurs relations avec celles observées au sein du même espace mais dans la religion catholique. Enfin, nous nous pencherons sur la traduction économique du culte qui nous renseigne à la fois sur les pratiques ainsi que sur la concurrence de la Santa Muerte avec le catholicisme. Il s’agit de voir par l’étude de ces trois points si l’on retrouve des éléments caractéristiques de la Santa Muerte, observés dans le point précédent mais aussi peut-être de mettre en évidence de nouvelles dimensions concernant cette dernière à Mexico DF. 21 ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente 1988-1997. 20 Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. 1) Des pratiques utilitaristes qui bousculent la morale. On ne peut aborder l’étude d’un fait religieux sans s’intéresser à sa manifestation réelle au sein d’une société ou plutôt d’un espace public considéré. L’espace public étant un espace de visibilité politique, ce qui s’y passe prend alors un sens politique. C’est ce que nous proposons de mettre à jour ici. Il convient tout d’abord de signaler que le culte à la Santa Muerte se pratique de manière individuelle ou familiale mais aussi de manière collective, notamment dans le centre de la ville de Mexico DF, à Tepito étant entendu que ces deux dimensions entretiennent des relations très étroites. De manière individuelle, les dévots de la Santa Muerte ont pour coutume de porter une représentation de celle-ci sur eux en permanence afin d’obtenir sa protection à chaque instant de leur vie. Cela peut prendre la forme de chaînes, de médaillons, de bagues 22 quand d’autres décident d’en porter une marque indélébile en se la tatouant sur la peau . D’autre part on trouve dans les foyers mais aussi dans le lieu de travail des fidèles quels qu’ils soient , bureau, stand de nourriture, restaurant, taxis, de petits autels comprenant généralement une statuette de la Santa Muerte pouvant aller d’une quinzaine de centimètres à taille humaine entourées de diverses offrandes. Dans la plupart des maisons, on les trouve au centre de la pièce à vivre, généralement à proximité de la table où l’on prend les repas. Ces autels sont en quelque sorte une reproduction de l’immense autel dédié à la Santa Muerte dans le quartier de Tepito. Cette chapelle se trouve en face de la maison familiale 23 de Madame Romero ; la statue de la Santa mesure près de deux mètres de hauteur et est entourée de fleurs, de fruits, notamment de pommes qui symbolisent l’abondance, d’ex24 voto , de morceaux de pain, de bougies qui changent de couleur selon la demande du fidèle, de jouets, d’encens, de billets et pièces de monnaie, de bonbons, de cigares, de cigarettes de marijuanas, de boissons alcoolisées en verres et en bouteilles qui sont presque toujours composées par l’alcool national mexicain, la tequila. Enfin plus ponctuellement mais néanmoins régulièrement, on trouve des robes de mariée afin de trouver un conjoint, 25 ou encore les mariachis que l’on contracte afin qu’ils viennent lui chanter des chansons d’amour. Comme on a pu le voir auparavant lors de l’étude des surnoms donnés à la Santa Muerte, on trouve des offrandes traditionnelles dirons-nous, mais aussi certaines moins morales pourrait-on dire comme l’alcool ou encore des drogues et des cigarettes. Ce sont des cadeaux que l’on offre à la Santa Muerte parce qu’ils sont de son goût et qu’ainsi, elle est susceptible de les protéger en remerciement. La Santa, à l’image des hommes apprécie les substances qui sont considérées généralement comme porteuses de vice. Elle n’est 22 23 Annexe 3. Enriqueta Romero fut la première à dédier publiquement une chapelle au culte de la Santa Muerte, en face de chez elle, au 12 rue de Alfareria à Tepito dans la colonia Morelos, l’un des quartiers les plus populaires mais aussi les plus dangereux de Mexico DF. 24 Un ex-voto est une offrande faite à Dieu en remerciement. Par extension, le terme désigne également un objet ou une inscription placé dans une église ou un lieu de pèlerinage en remerciement d’une grâce obtenue. Ces objets peuvent prendre de multiples formes : plaques, crucifix, mais aussi selon les régions et les sujets de prières, des maquettes de bateaux, tee-shirt de sportifs, des médailles militaires, etc. En latin, ex-voto signifie « d’après le vœu » c'est-à-dire conformément à ce qui a été souhaité. Dictionnaire Larousse 2004. 25 Le terme mariachi désigne tout à la fois un type de formation musicale originaire du Mexique, le style de musique associé, et une culture musicale proche de ces deux éléments. Ils sont le symbole de la musique populaire mexicaine. Dictionnaire espagnol Larousse, 2007. Denisot Marie - 2007 21 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. donc pas au dessus de pratiques plus clandestines ou du moins excessives. On retrouve donc cette dimension d’une divinité humanisée parce qu’elle incarne aussi les défauts des hommes. De plus, tout ce qui se fume, cigarettes, marijuana, cigares doivent toujours aller par deux : un pour elle et un pour le dévot. Une partie de la fumée doit par ailleurs aller sur l’image de la Santa comme formant partie d’un rite de purification : « Elle, elle aime quand 26 on fait ça parce qu’elle aime bien l’odeur du tabac » a pu dire madame Romero. Ici c’est l’idée de réciprocité et de relation directe qui est mise en évidence : il n’y a pas unilatéralisme dans la relation des fidèles à la divinité mais au contraire réciprocité, ce qui est très différent de ce que l’on peut trouver dans le culte à d’autres saints à Mexico DF : dans le cas de la Santa Muerte, l’offrande est partagée. Madame Romero et sa famille changent les vêtements de la Santa chaque premier du mois en accordant la couleur avec la saison et les demandes des fidèles. La fête de la Santa Muerte est le deux novembre, « jour des morts » au Mexique et équivalent de notre Toussaint. Ainsi, la nuit du 31 octobre venue une récitation de chapelet est organisée autour de l’autel de Tepito pour la vêtir de blanc telle une jeune mariée. Ce jour là ainsi que le premier lundi de chaque mois, des récitations semblables sont organisées ce qui est l’occasion pour les dévots de venir faire bénir les images, statues, tatouages et diverses représentations de la Santa qui forment le culte individuel et familial. Notons tout de même que si le rendez-vous au début de chaque mois à Tepito est largement suivit dans la capitale mexicaine, la fête officielle de la Santa Muerte est plus équivoque. Les sites qui lui sont 27 consacrés avancent des dates différentes, comme le 15 août qui serait déclaré comme « jour de la Santa Muerte » par ses fidèles. Mais retenons que c’est plutôt la non officialité qui régie les moments de prières à la Santa Muerte ce qui n’est pas si surprenant dans la mesure où nous avons pu constaté que la figure de la Santa Muerte existait pour les croyants dans l’espace de leur quotidien. Par contre, ce qui attire l’attention de manière plus surprenante, c’est la récitation de 28 chapelets , autrement dit des deux prières catholiques les plus répandues : « je vous salue 29 Marie » et « Notre Père ». On prie la Santa Muerte par le biais d’oraisons qui lui sont propres et dont les sites Internet abondent mais aussi par des prières catholiques ce qui nous montre une fois encore les relations étroites qu’il existe entre la Santa Muerte et la religion catholique. Les fidèles ont d’ailleurs pour habitude, lorsqu’ils arrivent devant l’autel de Tepito de s’incliner en signe de respect mais aussi de se signer, c'est-à-dire d’effectuer sur eux le signe de croix catholique. De part les différentes pratiques qui ont pu être décrites au cours de ce point, la fonctionnalité de la Santa Muerte semble confirmée. En effet, les couleurs changent selon les demandes, et la demande du fidèle peut être représentée directement par un objet (offrande de pommes pour obtenir l’abondance). D’autre part, cette divinité comme nous avions pu l’entrevoir, semble d’un accès plus facile dans la mesure où son identité semble émerger de la rencontre entre la réalité de la nature humaine et l’imaginaire de la perfection 26 27 28 http://www.udlondres.com/revista_psicologia:articulos/stamuerte.htm http://es.catholic.netle Objet de piété mariale, en forme de collier, composé de cinq dizaines de grains enfilés sur une chaînette ou un cordon, utilisé pour compter les prières à réciter. 29 22 Annexe 4. Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. divine. La Santa Muerte se situerait donc dans le domaine du symbolique révélant un visage double, moral et immoral, supérieure et égal à ses fidèles, divine et terrestre. Enfin, le parallèle avec le catholicisme demande à être étudier plus profondément puisque de nombreux éléments nous indiquent que la controverse qu’il existe autour de la Santa Muerte réside certainement dans l’ambiguïté de ses relations avec la religion dominante de la ville et dans le pays. Ce sera l’objet du point suivant. 2) Le parallèle avec le catholicisme : des rapports à interroger. Mexico DF est une ville qui est à 90% catholique dont l’immense majorité est pratiquante, et ce n’est pas un hasard si le Pape Jean-Paul II y est venu cinq fois. Elle est caractérisée 30 par le culte rendu à la vierge de Guadalupe qui est la sainte la plus populaire de la ville et chaque année, le 12 décembre, quelques 10 millions de pèlerins se rendent à la basilique pour lui rendre grâce. Nous aurons l’occasion d’y revenir mais ces quelques éléments nous permettent de poser de manière générale le cadre religieux qui est celui de la ville de Mexico DF et donc celui dans lequel s’inscrit le culte et la croyance en la Santa Muerte. Madame Romero, doyenne de la chapelle principale de la Santa Muerte à Tepito assure que la majorité des fidèles sont des pratiquants catholiques. Ainsi, dans les prières et les demandes, on trouve une invocation presque systématique à Dieu, au Christ et la vierge de Guadalupe. On peut d’ailleurs entendre dans la bouche de nombreux fidèles de la Santa que « en premier c’est Dieu et ensuite la Santa Muerte » parce que pour eux, la Santa n’est pas étrangère à la religion chrétienne. D’ailleurs, lors des messes organisées en son honneur, on demande la permission à Dieu pour l’invoquer. 31 Bien que l’Eglise catholique condamne cette vénération en la qualifiant de pécheresse, beaucoup de personnes la pratiquent en association avec le catholicisme. C’est ce qui explique que dans les pratiques relatives au culte de la Santa Muerte, la référence au Dieu catholique est très présente. Ces dernières sont d’ailleurs vraisemblablement similaires à ce que l’on peut observer dans le culte catholique dans la ville de Mexico DF à quelques exceptions près. Ces exceptions nous les avons mise en évidence précédemment et nous pourrions les qualifier comme partie prenante d’une dimension immorale de la Santa Muerte comme par exemple le fait d’offrir à celle-ci de la drogue ou encore de la nommer par des termes insultants. Ainsi, s’ils ne sont bien sûr que des différences, ils sont en fait plus que cela dans la mesure où ils s’inscrivent justement en contradiction complète avec la morale catholique. Ainsi, on peut considérer avec d’autant plus de surprise le fait de pratiquer le catholicisme en même temps que le culte païen à la Santa Muerte. Pourtant pour les fidèles, la contradiction n’existe pas, comme en témoigne ce commentaire d’Eduardo Ruben Villegas chauffeur de taxi : « la Santa Muerte est un saint comme n’importe quel autre : elle fait beaucoup de 32 miracles ». 30 La vierge de Guadalupe est le nom donné à la vierge Marie lors de son apparition à un indigène des Amériques en 1531. C’est une figure catholique très célèbre sur le continent américain et qui est considérée comme la Sainte Patronne du Mexique et plus particulièrement de la ville de Mexico DF. 31 Ce point sera détailler par la suite lorsque nous nous pencherons sur les polémiques crées par la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. 32 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Denisot Marie - 2007 23 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Si les fidèles ne voient aucun problème à pratiquer les deux cultes, l’Eglise catholique, elle, voit d’un très mauvais oeil la confusion des deux. En sont la preuve les innombrables mises en garde contre la croyance en la Santa Muerte que l’on peut lire sur les sites Internet 33 catholiques et où la pratique du culte est largement condamnée d’un point de vue religieux. Enfin, on peut signaler dans les pratiques en relation avec le catholicisme, celles de celui que l'on peut considérer comme le chef de file des croyants en la Santa Muerte et qui est pourtant issue du catholicisme : l'archevêque de l'église apostolique traditionnelle Mexique-USA, David Romo qui est la figure la plus populaire du culte. La dénomination même de cette institution religieuse est contestable puisqu'elle n'est pas reconnue par Rome. Le polémique religieux, doté d’un passé militaire, revendique pourtant son appartenance au catholicisme même s'il se confronte à la hiérarchie catholique romaine pour être marié, promouvoir l’usage de contraceptifs dont la pilule du lendemain, de préservatifs féminins comme masculins, pour accepter les avortements en cas de viols et pour se déclarer contre le mythe de la virginité. De plus il a ouvert son église aux homosexuels et aux travestis. Au cours de ses messes qui se déroulent selon la tradition catholique, il bénie les figures de la Santa Muerte afin que les fidèles reçoivent sa protection. Ici, la contradiction entre ce qui est accepté par l'église catholique et ce qui l'est par la croyance en la Santa Muerte est d'autant plus forte. Les pratiques de ce prêtre en ce qui concerne la sexualité, vont complètement à l'encontre de l'image construite par le catholicisme. En effet, la papauté, si elle a pu faire des concessions dans certains domaines, reste au contraire très attachée à sa conception de la sexualité. Pourtant, encore une fois, pour les croyants en la Santa Muerte, la pratique du culte païen et celle du culte catholique ne semble pas entrer en lutte dans leur détermination religieuse. Il apparaît donc que les pratiques liées au culte de la Santa Muerte s’inscrivent à la fois dans une tradition catholique mais de manière alternative à celle-ci. Si l’on définit le terme de culte comme une conjonction d’actes que l’on attribue à une vénération profonde 34 et qui sont liés à la culture , on peut alors penser que la Santa Muerte est liée à une culture catholique et c’est le cas, la ville de Mexico DF étant imprégnée de cette religion. Il s’agit de savoir maintenant d’où proviennent les éléments alternatifs que nous avons pu mettre en valeur précédemment. Or c’est dans le conflit que se construit l’identité et de ce fait on peut donc dire que l’identité de la Santa Muerte se trouve dans le conflit entre les pratiques issues de la religion catholique, encore une fois telle qu’on peut l’observer à Mexico DF, et les pratiques alternatives, dont on ignore la provenance. C’est là l’intérêt de l’étude de la Santa Muerte, qui réside dans la tentative de mise à jour de l’identité de la Santa Muerte en tant que représentation exprimant l’identité de la ville de Mexico DF. Elle semble se manifester comme relevant du syncrétisme, c'est à dire comme un système philosophique ou religieux (c'est le cas ici) qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes. Cette notion de confusion de plusieurs éléments en une seule entité est représentative de ce que l’on trouve quant à l’étude de l’identité de la Santa Muerte qui apparaît alors comme une sorte d’amalgame entre la tradition d’un catholicisme populaire et d’autres sources de la culture de la ville de Mexico qui se trouve au sein de la société chilanga. 33 34 Annexe 5. ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente 1988-1997. 24 Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. 3) Une concurrence nouvelle dans le commerce du religieux à Mexico DF. Afin de donner une vision complète du culte à la Santa Muerte observé à Mexico DF, il semble intéressant de se pencher sur sa traduction économique. En effet, dans une édition du magazine Paris-Match Monde consacré au Mexique, on peut trouver un article consacré 35 à la Santa Muerte dont l’un des sous-titres est le suivant : « un commerce juteux ». Il est assez intriguant de constater que dans un article de quelques pages à peine on consacre un des gros titres à l’aspect économique du culte à la Santa Muerte. Tout porte à croire en tous cas que la sainte n’est pas étrangère à la sphère de l’argent (ce que nous avions pu remarquer dans les offrandes qui lui sont faites et qui peuvent être constituées de billets ou de pièces de monnaie) et que cette implication dérange d’une manière ou d’une autre. C’est ce que nous nous proposons de décrire et d’analyser ici. Autour du lieu de cérémonie à la Santa Muerte à Tepito, lors des récitations de chapelets mensuelles, se groupent des vendeurs ambulants c'est-à-dire des personnes qui se déplacent pour vendre leur marchandise et dont la ville de Mexico DF regorge, en particulier dans les zones populaires. Ils vendent toutes sortes de choses : des petits encas, des boissons, des fleurs, des bougies, des figures de la Santa, des habits, des cigarettes, des feuilles volantes sur lesquelles sont inscrites des prières dédiées à la Santa. D’autre part dans la chapelle de Madame Romero, chacun peut acheter des cigares qui sont, selon la croyance, ceux que la Santa a l’habitude de fumer, pour la somme de dix pesos Ce commerce est particulièrement significatif lors de l’affluence des fidèles chaque début de mois pour venir prier leur sainte. Or à Mexico DF, les vendeurs ambulants s’installent dans tous les endroits où le passage est important. On attribue une partie importante du marché religieux de la Santa Muerte aux marchands ambulants, principalement dans le centre historique qui fait partie des aires les plus populaires de la ville. De plus, nous avons pu observer également une augmentation de la consommation d’articles en relation avec des images, des fétiches et des représentations de la Santa Muerte dans les marchés populaires de Mexico DF comme celui de Sonora, la Merced, 36 Candelaria ainsi que dans les tianguis , mexicanisme utilisé pour désigner un marché public mexicain ambulant, ou du moins qui n’est pas fixe, et qui s’installent dans les rues d’une ville. Dans ces derniers on peut acheter des herbes, des bougies, des encens, et des articles religieux pour combattre le « mauvais œil ainsi que toutes sortes de malédictions inimaginables. La dévotion à la Santa Muerte apparaît dans le commerce populaire aux cotés 37 des images des saints traditionnels. Selon une enquête informelle auprès de plusieurs vendeurs dans le marché populaire de Sonora où l’on peut trouver une infinité d’articles religieux, « La Santa est celle qui se vend le plus : des petites statuettes, des grandes, des médailles elle se vend plus que les autres saints » commente Maria Guadalupe Alfaro, employée d’une boutique du marché en question. Les vendeurs assurent d’ailleurs de façon unanime que quotidiennement ils vendent des articles liés à la Santa Muerte. Ainsi, on 35 Match du Monde, « Mexique : beauté et grandeur du métissage » article « Santa Muerte, priez pour nous », Juillet/Août 2006. 36 (Du nahuatl « tianquizth ») marché entre les habitants des peuples de Méso-Amérique qui avaient lieu selon des jours déterminés, et dans lesquels se réunissaient les vendeurs des villages des alentours pour offrir leur produits sur une place. Il s’y vendait des légumes, des herbes médicinales, du mais, des poissons, etc. des juges étaient présents pour rendre la justice parmi les traités commerciaux, et qui surveillaient les produits. 37 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Denisot Marie - 2007 25 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. peut donc noter que bien qu’il n’existe pas un recensement du nombre de personnes qui pratiquent ce culte, ce qui est sûr, c’est que la vente d’articles en relation avec la Santa Muerte est supérieure à celle des autres saints. On peut constater par exemple que dans le marché de Sonora et au sein de celui-ci, dans le lieu réservé à la vente d’articles religieux, sur trois allées, deux sont entièrement consacrées au commerce d’objets représentant la Santa Muerte ce qui donne d’ailleurs à celles-ci une ambiance mystérieuse et spirituelle. Cela nous permet de conclure, du moins partiellement, sur une popularité de la croyance en la Santa Muerte parmi les habitants de Mexico DF. Notons également ce commentaire particulièrement intéressant, d’Alfredo Flores, propriétaire d’un local dans le même marché de Sonora : « les saints se vendent seulement à leur moment, c'est-à-dire lorsque leur fête approche. Au contraire, la Santa Muerte n’a pas de jour spécial pour se vendre, on en vend des images quotidiennement. » Ainsi, une fois encore la Santa Muerte en tant qu’elle ne possède pas vraiment de jour officielle prend la forme d’une divinité plus quotidienne dont le culte se réalise au jour le jour. La relation entretenue par la Santa Muerte avec ses fidèles s'ancre donc dans l’angle de la proximité. Mais cette traduction économique du succès de la Santa Muerte pose problème à l’église catholique dans la mesure où elle vient concurrencer le marché religieux issu du catholicisme et notamment celui liée à la sainte patronne de Mexico DF, la vierge de Guadalupe. On trouve il est vrai des stands consacrés à la vente d’objets représentant la Santa Muerte jusque dans les alentours de la basilique de Mexico DF qui est le lieu de pèlerinage du culte à la vierge de Guadalupe. Ainsi, dans les propres bastions des saints catholiques, la Santa Muerte est de plus en plus présente. C’est alors que de nombreux sites Internet d’obédience catholique, accusent les promoteurs de la Santa Muerte d’avoir inventé cette croyance dans le but de convertir certaines personnes crédules en consommateurs d’articles liés à la Santa. Or nous pouvons entrevoir ici une certaine contradiction dans ce discours dans la mesure où la religion catholique est elle aussi un commerce plus que fructueux dans la capitale mexicaine et finalement assez semblable à celui que l’on observe pour la Santa Muerte. Le culte à la Santa Muerte est donc actuellement d’une importance telle qu’il se traduit économiquement par l’entrée de cette croyance dans les marchés populaires de la ville et ce avec de plus en plus de succès. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce succès est lié à une plus grande quotidienneté de la présence de la Santa dans la vie des fidèles. Sous sa forme marchande, la Santa semble également, comme on a pu le voir dans d’autres domaines, se confronter à l’église catholique puisqu’elle vient en quelque sorte chasser sur des terres qui autrefois étaient siennes. Au terme de l’analyse du culte rendu à la Santa Muerte, il semble que la dimension ambiguë de cette dernière soit pertinente, et ce dans la mesure où elle trahit, dans les pratiques des fidèles également, un « coté sombre » qui semble se placer du coté de l’immoralisme. C’est ce que nous avions pu voir auparavant par l’étude du personnage et de sa symbolique. L’approche de la croyance par les actes qui relèvent de l’existence de cette croyance tend à nous faire croire que cette dimension noire de la Santa l’est dans la mesure où elle ne correspond pas aux valeurs affichées par l’Eglise catholique. Elle semble incarner de ce fait le lieu de conflits entre les valeurs catholiques et d’autres valeurs qu’on ne peut pour le moment se permettre de qualifier, mais qui sont caractérisées par le rejet de l’Eglise. L’espace public de la ville de Mexico DF apparaît alors sous le jour d’un espace de lutte pour l’imposition d’une norme religieuse. Cependant ce combat ne semble pas être mené de 26 Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. manière équivalente du coté de l’Eglise catholique et des adeptes de la Santa Muerte. C’est un fait, si ces derniers combinent les deux croyances sans y voir la moindre contradiction, on sent au contraire une confrontation beaucoup plus vindicative du coté catholique. Bien que nous en soyons encore au stade descriptif de l’analyse, on peut sentir déjà que les rapports entre la Santa Muerte et la religion catholique demanderont à être approfondis et interrogés. C) Un phénomène social aux Frontières équivoques. Afin de proposer une approche globale de la réalité qui soutend l'existence de la Santa Muerte à Mexico DF, et après s'être intéresser à la dimension symbolique de la croyance ainsi qu'à la traduction de son culte, il convient d'essayer de la caractériser socialement et cela tant en termes quantitatifs que qualitatifs. L'objectif ici est d'appréhender les frontières sociales et sociologiques de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF. Nous observerons 38 donc la Santa Muerte sous l'angle d'un phénomène sociale. L'étymologie du terme phénomène vient du grec « phainoménon », ce qui apparaît. C'est tout d'abord un fait observable, un événement, mais c'est aussi un fait qui frappe par sa nouveauté, par son caractère exceptionnel. Ainsi, on trouve derrière la notion de phénomène, l'idée de quelque chose de visible, dont on peut donc chercher les causes ; en ce sens il s'inscrit sur un espace qui est modelé par les hommes, qui a une histoire, des valeurs. Mais on trouve également l'idée de soudaineté d'un fait qui est elle aussi intéressante dans la mesure où elle donne du sens au fait observé sur un espace donné. Dans un premier temps, nous mettrons en perspective l'augmentation de la croyance et du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF. De là nous essayerons de situer le phénomène géographiquement pour enfin nous intéresser à la base sociale de celuici. Nous aurons ainsi, au terme de ce point, décrit de manière relativement générale le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF. 1) Une spatialité constitutive de l'identité politique de la Santa Muerte. Au cours des points précédents, divers lieux de la capitale mexicaine ont déjà été évoqués sans qu'ils aient fait l'objet d'une analyse approfondie. Or nous allons le voir, tous ces endroits qui sont en relation avec la Santa Muerte, présentent des caractéristiques communes que nous essayerons de mettre en valeur ici. Commençons tout d'abord par le lieu à Mexico DF où la Santa Muerte est vénérée comme une patronne et qui est aussi celui qui possède la plus grande chapelle édifiée à son effigie : Tepito. C'est un des quartiers les plus anciens et les plus emblématiques de 39 la ville qui se situe au cœur de la délégation Cuauhtémoc . Durant la colonisation et en marge de la ville espagnole, San Francisco Tepito était un quartier indigène certainement le plus marginalisé de tous les quartiers pauvres de la ville. A partir de 1856, on réalisa de grands travaux qui modifièrent le visage du quartier notamment en construisant des 40 grands immeubles pour des personnes (indigènes et métisses) aux faibles revenus. 38 Dictionnaire Larousse 2004. 39 40 Annexe 6. Traduit de l'espagnol « vecindad » qui désigne un immeuble avec un patio en commun où le voisinage a coutume de cohabiter. Denisot Marie - 2007 27 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Ainsi transformé en un quartier populaire urbain, il se spécialisa dans la production de chaussures. Mais à partir de la seconde moitié du XIX°siècle, les autorités considérèrent Tepito comme un faubourg dangereux en parti pour les bandes délinquantes qui y sévissaient et les immeubles qui étaient vus comme des taudis. Le gouvernement lança alors un plan de réhabilitation des immeubles en appartements et interdit le commerce ambulant. Mais les habitants résistèrent contre ces projets revendiquant l'importance de la convivialité propre à la vie des immeubles ainsi que le droit à préserver leur identité. Tepito développa avec véhémence les tianguis pour se convertir en un immense centre de vente de toutes sortes de choses, la plupart issue de la contrebande. Il est également spécialisé dans les trafics en tout genre, drogue, armes, etc. qu'il dessert dans toute la République mexicaine et au-delà de ses frontières, vers l'Amérique du sud. C'est un quartier qui possède en outre une identité culturelle très particulière avec notamment le Centre d'études de Tepito et le journal de Tepito dont la devise résume à elle seule la dimension populaire de celui-ci : « un ptit journal a bec pointu et aussi un 41 peu vulgaire parce sinon, ce ne serait pas l'organe dépouillé de la race tepitena » mais 42 encore avec son festival « Vive mon quartier, qu'est ce qui transite dans tes veines? » . On peut noter l'importance de Tepito dans la créativité qui s'y développe en ce qui concerne la communication verbale et non verbale. L'influence de Tepito dans le renouvellement de l'argot, des codes grossiers et des intonations est exceptionnelle et s'étend à toutes les zones populaires de la ville. Enfin, Tepito tient également sa renommée des grandes figures qui sont issues de son berceau comme le footballeur le plus populaire du Mexique, Cuauhtémoc Blanco et le boxeur de lutte libre « El mistico ». C'est donc dans ce quartier en particulier, seul « barrio bravo » (quartier brave) de la capitale selon ses habitants, que la Santa Muerte est considérée plus que nul part ailleurs comme la Sainte patronne. Aujourd’hui on répertorie d'ailleurs vingt chapelles dédiées à la Santa Muerte à Tepito et 43 44 dans la colonia Morelos , autre zone populaire jouxtant Tepito. D'autre part, il convient de considérer également l'église de David Romo, chef de file de la croyance en la Santa Muerte, qui se trouve au numéro 35 de la rue Bravo, dans un 45 quarter populaire de la délégation Venustiano Carranza , elle aussi non loin de Tepito. Enfin, il faut également nous intéresser aux lieux de la traduction économique du culte à la Santa Muerte que nous avons étudié précédemment et qui sont également ceux des marchés populaires les plus importants de la ville. Il faut entendre par-là le marché de la Merced, celui de Sonora et celui de Candelaria, ainsi que le centre historique de la ville où l'on trouve une grande proportion de vendeurs ambulants se dédiant au commerce d'articles en relation avec la Santa Muerte. Le marché de le Merced construit en 1890 a vu son importance devenir réellement significative qu’à partir des années 1900, date à laquelle il a pris son caractère hégémonique en matière de distribution d’aliments à Mexico DF. Puis le marché a pris de plus en plus d’ampleur, les rues alentours étant envahies par un nombre incalculable de stands fixes et semi-fixes du à l’affluence dans la capitale, d’une population pauvre issue de 41 42 43 De Tepito. « Viva mi barrio, que transita por tus venas ? » Mode de découpage administratif de la ville de Mexico DF tout d'abord divisée en délégations, puis en colonias (colonies) puis en secciones (sections) et enfin en rues . 44 45 28 Annexe 6. Annexe 6. Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. l’immigration interne. C’est à cette époque, entre 1920 et 1950 que virent le jour les premières associations de défense sectorielle. Il s’étend sur plusieurs kilomètres, à cheval entre la délégation Cuauhtémoc et la Venustiano Carranza. Les marchés de Sonora et de Candelaria ont été construits dans les années 60 afin de moderniser le vieux marché de la Merced. Ils se trouvent donc dans la continuité de ce dernier. Ce sont des lieux particulièrement populaires et considérés comme des zones particulièrement dangereuses du District Fédéral. On y trouve en effet des trafics en tout genre et des luttes entre bandes délinquantes pour le contrôle du territoire. Dans ces quartiers ; la pauvreté s’est largement développée ces vingt dernières années laissant place à l’urbanisation massive, au commerce de survie, et à une augmentation de la violence. C’est la première caractéristique commune que possèdent les marchés de la Merced, de Sonora, de Candelaria mais aussi de Tepito et du centre historique. Ce dernier renvoie à la partie de la ville qui a donné naissance au développement qui a été le sien et ce bien avant l’arrivée des européens. C’est le lieu à partir duquel les Aztèques construisirent l’antique cité de Tenochtitlan, qui fut détruite par les Espagnols et où ces derniers édifièrent la capitale de la Nouvelle Espagne. Bien que cette zone soit considérée comme patrimoine mondial de l’humanité, elle est le lieu de travail d’une population très pauvre convertie au commerce ambulant pour pallier les difficultés économiques. Les rues qui jouxtent le centre historique se remplissent chaque jour de stands de fortune qui permettent à leurs propriétaires de gagner quelques pesos. Ainsi, le culte à la Santa Muerte s’inscrit dans des zones d’habitat comme dans des aires plus commerciales mais avec la particularité d’être exclusivement des zones que l’on peut qualifier de très populaires, c'est-à-dire où l’on trouve un type d’urbanisation et une présence de la population mal maîtrisée. On y trouve alors une organisation qui relève plus de l’arrangement, de la débrouille que de l’officialité. Enfin, ces zones se caractérisent également par la présence importante d’activités clandestines de toute sorte ainsi que par une violence qui ose de plus en plus s’afficher au grand jour. Cependant, on peut remarquer en outre que tous ces quartiers possèdent une identité très marquée et de plus revendiquée comme telle. C’est bien sur le cas pour Tepito, mais également pour la Merced dont les habitants ont crée entre eux et depuis près de 50 ans des formes de solidarité qui leur sont propres. Formes de solidarité que l’on retrouve également à Candelaria quartier des prostitués de Mexico DF entre ces dernières, ainsi qu’entre elles et la police qui s’occupe du quartier. Enfin le centre historique de part son histoire est un quartier dont l’identité surgit au détour de chacune de ses rues. On peut donc émettre des hypothèses quant à l’inscription géographique du culte à la Santa Muerte à Mexico DF. Celui-ci semble particulièrement présent dans les zones populaires et pouvant prendre un caractère très violent, zones qui sont des lieux d’identité particulièrement forts au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF. On peut donc se demander si l’identité de la Santa Muerte ne serait pas en relation avec l’identité de ces zones dans lesquelles son culte s’inscrit plus particulièrement. 2) Une base sociale entre ombre et lumières. A présent que nous avons une idée un peu plus précise des contours géographiques du culte à la Santa Muerte, il convient de déterminer si l’étude de la base sociale de cette croyance confirme ou infirme les conclusions issues de l’étude géographique du culte. En effet, dans le souci de décrire la réalité de cette croyance, il nous faut maintenant nous Denisot Marie - 2007 29 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. intéresser aux fidèles, à qui ils sont, et d’envisager s’il est possible de les déterminer socialement. De part ce que nous avons pu voir dans le point précédent nous pouvons peut déjà émettre l’idée qu’il s’agit certainement de personnes appartenant aux classes populaires, mais la réalité est plus complexe, plus nuancée. Nous commencerons en faisant un détour par une observation issue de l’expérience. Dans un quartier de la délégation Venustiano Carranza, beaucoup étaient des fidèles de la 46 Santa Muerte quand au contraire à San Angel , une des aires les plus aisées de la ville personne ne revendiquait la croyance en la Santa Muerte, au contraire, il était fréquent d’entendre des commentaires péjoratifs sur cette dernière. Cela transcrit une réalité décrite par l’ensemble des articles d’opinion se référant à cette croyance sur les sites Internet. La base sociale du culte semble être intégrée par des personnes aux faibles ressources, exclues des marchés formels de l’économie, de la sécurité sociale, du système juridique et de l’accès à l’éducation, ainsi que par un large secteur social urbain et semi-urbain de plus en plus pauvre. Mais ce qui est décrit par ces mêmes sites et avec plus de véhémence encore, c’est le lien entre la croyance en la Santa Muerte et le trafic de drogue, voir le crime organisé. En 47 effet, l’auteur Homero Aridjis dans son livre « La Santa Muerte » relate une fête à laquelle il a participé et où se trouvaient réunis des hauts dignitaires du trafic de drogue mais aussi quelques hommes politiques locaux ; c’est là que pour la première fois, bien avant qu’elles ne soient visibles dans la rue à la lumière publique, il vit une chapelle dédiée à la Santa Muerte. Il cite en outre une opération policière réalisée dans la Colonia Buenos Aires où fut arrêtée une bande organisée dans le vol de voitures, et, dans le couloir de leur repère, il y avait une figure de la Santa Muerte de taille humaine. L’auteur note également comme autre preuve du lien entretenu par la Santa Muerte avec le crime organisé, la présence très importante d’images représentant la Santa dans 48 les cellules de prison. Selon un site Internet , c’est particulièrement vrai dans la prison Nord du DF, celle qui possède la plus grande population de la ville : 8300 hommes qui ont majoritairement moins de trente ans y vivent privés de liberté. Dans cette prison, les jeunes reclus ont élu la Santa comme marraine protectrice pour oser se trouver dans un lieu rempli de péchés, de désespoir et de risques. Fernando de Nova Lujon qui y travaille en tant que geôlier depuis 22 ans constate qu’il y a quinze ans on peignait timidement sur les murs des images de la Santa Muerte dans quelques cellules mais que depuis trois ans on remarque un engouement incroyable pour l’installation d’autels dédiés à la Santa. La majorité des prisonniers l’ont déjà tatouée sur la peau et c’est une dévotion de la même ampleur voire 49 supérieure à celle de la vierge de Guadalupe . Les autels se multiplient donc dans les cellules de la prison nord, particulièrement dans le dortoir six où sont reclus les prisonniers les plus bagarreurs, les plus sales et les plus semeurs de troubles. Il semble donc que la croyance en la Santa Muerte véhicule un lien plus ou moins défini et dont on mesure mal l’intensité avec les secteurs illégaux de la ville de Mexico DF. On peut avancer plusieurs sources d’explication. Tout d’abord, trafiquants de drogue, marchands ambulants, chauffeurs de taxi, vendeurs de contrefaçons, enfants de la rue, prostitués, voleurs à la tire et bandes délinquantes ont une caractéristique en commun : ils 46 47 48 49 30 Voir Introduction. Aridjis Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte. http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. ne sont pas très religieux mais ne sont pas athées non plus. Ils développent cependant, de part leur activité illégale et bien souvent soumise à des risques, une tendance très marquée pour la superstition. D’autre part, ces personnages de la sphère plus ou moins clandestine semblent s’être réfugié dans la Santa Muerte, image qui les représente et les protège. Elle apparaît en effet comme une sainte fonctionnelle en accord avec leurs activités où la violence, la vie et la mort sont étroitement liées formant ainsi une expérience quotidienne. Elle leur permettrait en outre d’éviter un châtiment absolu au moment de leur propre mort. Tous les types de personnes que nous avons pu citer comme particulièrement fervents croyants de la Santa Muerte agissent en effet de manière marginale dans la société dans la mesure où cette dernière ne les reconnaît pas et même les condamne pour se trouver justement dans cette marge qu’est l’illégalité. Seuls certains de leurs comportements ponctuels sont éclairés par l’espace public, mais leur vie, la manière dont ils la mènent, les instances auxquelles ils se réfèrent ne sont pas de l’ordre de la visibilité publique. Ces acteurs qui vivent en marge de la loi ont pris possession de la dimension symbolique de la sainte dans la mesure où elle est un des éléments qui fait partie de la définition de leurs propres codes, de leur organisation, de leur identité. Les personnes de la délinquance organisée ne s’approchent pas de l’Eglise ni des autres institutions qui ont quelque chose à voir avec un caractère politique légalisé, ils semblent donc trouver dans la croyance en la Santa Muerte une divinité qui leur ressemble, qui incarne leur propre identité. A son tour, la Santa Muerte, de par le pouvoir symbolique qu’ils lui confèrent (pouvoir nous l’avons vu qui se trouve toujours être à la frontière entre le moral et l’immoral), va alors les légitimer dans certains secteurs de la société. Cependant, on ne trouve pas chez les fidèles de la Santa Muerte uniquement des personnes qui sont issues des catégories que l’on vient de citer. Enriqueta Romero, doyenne de la chapelle à la Santa à Tepito assure qu’ « il n’y a pas seulement des trafiquants de drogue et les assassins mais aussi des gens très communs, du voisinage et d’autres 50 endroits de la ville. » « Nous nous mettons tous ensemble, bons et mauvais parce qu’elle 51 fait de grands miracles, surtout pour ceux qui croient en elle. » On peut observer en effet de nombreuses mères de famille, des femmes de ménage, des employés dont les activités étaient parfaitement légales, croire en la Santa Muerte. D’autre part on trouve aussi des fidèles du coté des policiers qui lui demandent de les 52 protéger comme en témoigne ce commentaire rapporté dans le livre d’Homero Aridjis : « Je suis policier, j’allume toujours une bougie pour qu’elle me protège des délinquants qui me cherchent, et une autre pour qu’elle me protège de mes collègues policiers, pour qu’ils n’aillent pas m’envoyer une balle dans le dos ! » Finalement, la base sociale de la croyance et du culte à la Santa Muerte semble difficile à définir très clairement et avec sûreté. Si l’on essaye cependant de faire la synthèse des différents éléments observés, on peut dire que le lien entre la Santa Muerte et la sphère des activités clandestines apparaît comme existant effectivement et ce de manière assez forte. La fonctionnalité de cette divinité que l’on pourrait qualifier d’ambiguë vis-à-vis des valeurs morales, semble alors plus tolérante et plus à l’image de cette population. C’est aussi de cette manière que l’on peut voir l’existence de fidèles du coté de la loi cette fois 50 51 52 http://www.terra.com http://www.terra.com Aridjis Homero La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte. Muerte » Denisot Marie - 2007 31 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. (policiers ou militaires) mais qui finalement se trouve dans le même rapport à la mort et d’une certaine manière dans le même rapport à l’illégalité, qu’ils côtoient chaque jour, et à laquelle il n’est pas rare de les voir participer. Enfin, la Santa Muerte apparaît comme une divinité très populaire dans les classes les plus basses, qui certes ne se trouvent pas forcément impliquées dans les secteurs illégaux mais qui cohabitent avec eux sur leurs lieux d’habitation ou qui du moins se trouvent, comme eux, marginalisés par les institutions publiques (n’ont pas accès à la sécurité sociale, au système juridique, à l’éducation). Ainsi, la Santa Muerte pour reprendre une métaphore que la symbolique de son personnage trahit déjà, se dresse dans la ville de Mexico DF comme « la sainte de l’ombre » celle d’une partie de la population qui semble ne pas être prise en compte par les autorités, et évoluer dans l’obscurité de l’espace public. 3) L’augmentation du culte et de la croyance en la Santa Muerte : une évolution problématique. Si l'on présente la croyance et le culte en la Santa Muerte comme étant en augmentation, cela signifie alors qu'il n'est pas un phénomène totalement nouveau, que son existence est antérieure à ce que l'on peut observer aujourd'hui. Néanmoins, la question des origines 53 étant particulièrement complexe, elle ne sera pas abordée en détail ici et nous nous contenterons de l'évoquer brièvement. Retenons pour l'heure que cette croyance semblait exister de manière occulte auparavant et que sa visibilité dans l'espace public n'est apparue que plus récemment. Lorsque sont organisées les récitations de chapelet, chaque début de mois à Tepito, les rues qui se situent autour de l'autel de la famille Roméo, dédié à la Santa, sont alors fermées à la circulation par les habitants du quartier. Madame Romero qui lui rend culte 54 depuis 42 ans culte qu’elle a elle-même hérité de sa tante Leonor Paredes , du succès récent de la Santa : « au départ nous n’étions vraiment pas beaucoup, mais les gens sont venus petit à petit. Maintenant grâce à Dieu et à la Santa Muerte, nous devons fermer la rue 55 parce qu’elle se remplie de monde chaque premier du mois pour réciter le saint chapelet. » Les chapelles sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses atteignant le nombre de vingt à Tepito et dans la colonia Morelos. C'est le fait des fidèles qui affichent leur ferveur et qui ont donc installé des autels dans la rue afin que chaque personne nécessitant l’aide de la Santa puisse l'invoquer librement. La pratique du culte semble avoir augmenté significativement il y a environ cinq ans de cela et on compte à l'heure actuelle, et ce malgré l'absence d'un recensement officiel, 56 environ deux millions de fidèles au Mexique dont un million dans la capitale . Néanmoins, depuis quinze ans, on a pu assister à une multiplication des centres de vénération, des maisons et des temples improvisés en l’honneur de la Santa Muerte L'augmentation est telle que la croyance s’est développée aux Etats-Unis avec l’immigration de nombreux mexicains qui affirment avoir placé sous la protection de la Santa Muerte leur traversée de la frontière en emportant parmi leurs vêtements des images de 53 Voir seconde partie. 54 55 56 32 http://es.catholic.net http://www.terra.com http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Denisot Marie - 2007 I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. celle-ci. La pratique du culte de la Santa Muerte est d'ailleurs intégrée par quinze paroisses 57 d'obédience catholique à Los Angeles et une à Mexico , et ce bien que celle-ci soit répudiée par Rome. On peut noter en outre, comme on a pu le voir dans le point précédent, que le succès de la Santa est visible également dans les prisons, notamment dans la plus grande de Mexico, la maison d’arrêt nord. De plus, Internet constitue également une preuve particulièrement tangible de 58 l’engouement pour la Santa Muerte On trouve en effet un nombre incalculable de sites évoquant selon des points de vue divers le phénomène de la Santa Muerte, tous consacrant une partie à l’importance de ce dernier dans la capitale mexicaine. On trouve des articles d’opinion bien sûr, issus des versions en ligne des journaux mexicains pour certains, mais aussi des sites indiquant des prières spécifiques à réciter à la Santa Muerte, des autels virtuels, des forums de discussion. Sur l’un d’entre eux on peut même demander à recevoir 59 gratuitement et ce régulièrement un bulletin d’information sur la divinité en question. Il semble d’ailleurs qu’Internet soit le média privilégié en ce qui concerne les informations autour de ce fait religieux, ce qui traduit la jeunesse du phénomène puisqu’il est difficile de trouver au contraire une traduction de cette augmentation dans des médias plus classiques tels que les journaux, les livres ou encore les articles universitaires. On peut se demander alors quelles sont les raisons qui soutendent cette visibilité nouvelle de la figure de la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. On ne peut légitimement se poser la question sans s’intéresser aux évolutions parallèles des autres religions et notamment de la religion catholique qui est celle de l’immense majorité des habitants de la capitale. En effet, si au cours de la décennie 1960, plus de 90% de la population du District Fédéral se déclarait catholiques, au début des années 2000, la proportion n’atteignait pas même ce chiffre. En peu de temps, on a donc assisté à une perte de vitesse de la religion catholique parmi la population de la capitale, alors qu’an contraire le nombre de sectes et de cultes non catholiques n’a cessé d’augmenter. Ce retrait, bien que relatif puisque la population chilanga reste majoritairement d’obédience catholique, explique certainement pour une part le contexte dans lequel on a vu la croyance en la Santa Muerte gagner de plus en plus de fidèles. Certains attribuent l’augmentation du culte au fait que les gens ne soient pas préparés à mourir ; ils chercheraient donc des alliés qui pourraient les aider au moment de faire le grand pas. La Santa Muerte serait une de ces alliés. Il semble cependant, d’après les différents éléments que nous avons pu mettre auparavant en évidence, qu’une partie de la population, parce qu’elle est justement préparée à mourir à n’importe quel moment et confrontée au risque de la mort presque quotidiennement (de par les dangers liés aux activités pratiquées, la précarité des situations, etc.) se soit réfugie dans le culte à la Santa Muerte qui incarne une réalité (la mort) qui existe en tant que telle dans l’espace de leur quotidien. Dans un contexte général de perte de crédibilité de la religion catholique et d’augmentation de la population concernée par la marginalisation quelle qu’elle soit, et qui est particulière à la vie dans la ville de Mexico DF, la Santa Muerte apparaît dans l’espace public comme la revendication d’une identité alternative à celle proposée par l’ensemble des institutions officielles. Elle semble être la partie immergée mais qui est de plus en plus visible à la surface d’un nouveau système de valeurs resté jusque là dans l’ombre. 57 58 59 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm Annexe 7. Annexe 8. Denisot Marie - 2007 33 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Nous sommes donc bien en face d’un phénomène social dont les frontières sont d’autant plus significatives qu’elles ne sont pas forcément bien définies. Encore une fois on retrouve la Santa Muerte sur une ligne de démarcation entre plusieurs systèmes de valeurs ce qui constitue certainement sa signification politique dans l’espace public chilango. Si son existence semblait auparavant ne poser problème que d’un point de vue religieux, l’inscription sociale et géographique étend le débat autour de cette croyance dans un cadre plus globale. ~ Cette description détaillée à laquelle nous venons de procéder avait pour but de nous familiariser avec l’objet « Santa Muerte à Mexico DF ». Or nous nous sommes attachés à considérer sous différents aspects la réalité de cette croyance et de son culte ce qui nous donne dans un premier temps une vue d’ensemble de l’objet. Cela nous a en outre permis de mettre en évidence les éléments qui relèvent d’une ambiguïté de la Santa Muerte à Mexico DF. Peut importe l’angle de vue considéré, la Santa Muerte intrigue l’espace public de la capitale mexicaine et elle n’y est pas visible avec de plus en plus de puissance sans créer un certain nombre de conflits. Figure à la fois moral et amorale, bousculant les valeurs catholiques tout en s’inscrivant dans sa tradition, initialement le fait de la population clandestine de l’ombre et grignotant aujourd’hui les zones de lumière des classes populaires, elle suscite de nombreux débats dans la société chilanga. On a pu voir que dans la figure de la Santa Muerte s’incarnait d’une part, des valeurs issues du fait religieux catholique tel que l’on peut l’observer dans le district fédéral, mais aussi d’un amalgame de valeurs dont l’origine est confuse et qui lui donne sa dimension de « Sainte des ombres ». Si l’on définit la culture comme la médiation symbolique de l’identité, alors la Santa Muerte apparaît alors comme cette médiation, c'est-à-dire qui est au milieu et qui incarne par ce fait une certaine idée du temps et donc de l’histoire de la ville de Mexico DF. La Santa Muerte semble bien être un des éléments qui médie l’identité de la ville, prenant la forme d’un phénomène comme la pointe symbolique d’une identité chilanga dissimulée et dont la signification est profondément politique. Ce sont ces relations complexes entre l’identité de la Santa Muerte et celle de la ville de Mexico DF que nous essayerons de mettre à jour au cours de la seconde partie. 34 Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? Une croyance, en tant qu'elle est révélatrice de l'organisation sociale vécue ou désirée, ne se borne pas à nous parler de l'aspect religieux d'un espace ou d'une société mais de cet espace lui-même, de cette société dans laquelle elle s'inscrit. Cette seconde partie est donc basée sur l'hypothèse que la Santa Muerte, dans la mesure où nous avons pu l'observer au sein de l'espace de la ville de Mexico DF, nous parle justement de l'identité de la ville tout entière. Il ne s'agit pas de dire là que telle est sa fonction puisqu'elle n'a pas à proprement parler de fonction au niveau politique. Ce qu'elle possède par contre et de manière nécessairement politique, c'est une signification, et c'est cela même qui nous intéresse ici. Cette signification, nous l'étudierons selon le triptyque réel, symbolique, 60 imaginaire . Par réel, il faut entendre l'ensemble des éléments qui sont donnés, qui ne dépendent pas de nous, autrement dit pour notre étude cela correspond globalement au point précédent c'est à dire à la présence de la Santa Muerte à Mexico DF. L'imaginaire est caractéristique du discours, c'est à dire qu'il renvoie à ce vers quoi l'on voudrait tendre où encore ce dont on a peur et que l'on souhaiterait au contraire éviter à tout prix. Le symbolique quant à lui apparaît lorsqu'il y a représentation d'une identité. Le symbolique apparaît donc comme une médiation entre le réel et l'imaginaire. Ces notions sont donc très étroitement imbriquées les unes aux autres. L'identité de la Santa Muerte, nous l'avons vu revêt de nombreux aspects ambigus et il s'agit d'entrevoir ce que ces derniers trahissent quant à l'identité de la ville elle-même. Cependant, la Santa Muerte n'est pas qu'une représentation qui exprime une identité dans l'espace public, elle semble véhiculé tout un ensemble de représentations qui conduisent à l'identité de l'espace lui-même. Ainsi, elle semble exprimer non seulement une culture bien particulière au sein de la ville de Mexico DF, mais plus que cela, dans la mesure où elle est une porte d'accès privilégiée à l'identité chilanga. Il convient ici de définir une expression que nous utiliserons régulièrement et qui est 61 celle d'espace public. Selon Hannah Arendt dans « Penser l’événement » l’espace public est un espace de visibilité qu’elle tient pour une condition essentielle de la vie politique. Garanti par les institutions républicaines qui assurent la publicité des débats, l’espace public n’est pas garanti contre l’indifférence, il n’existe pas une fois pour toutes à la manière d’une scène : cet espace dépend des gestes qui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiques par lesquelles des membres d’une société affichent, sans égard pour les codes sociaux tacites, leur souci du politique. Cette définition est en rapport avec notre sujet dans la mesure 62 où nous entendons par culture l’ensemble des représentations qui expriment une identité dans l’espace public. 60 LAMIZET Bernard. Cours de « Médiation », « Communication Politique » et « Politique Culturelle » Institut d' Études Politiques de Lyon. 61 62 ARENDT Hannah. Penser L’évenement. LAMIZET Bernard. Séminaire. Institut d' Études Politiques de Lyon. Denisot Marie - 2007 35 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Nous nous intéresserons tout d'abord à la manière dont les imaginaires autour de la Santa Muerte s'expriment dans le réel en étudiant notamment les débats qu'elle a suscités et ce dans plusieurs domaines. Cela nous permettra de mettre en avant les points de désaccord qui font surface et donc d'en déterminer leur signification politique. Ceci étant, nous pourrons donc qualifier l'identité à laquelle elle renvoie au sein de l'espace public de la ville de Mexico DF qui devient alors en quelque sorte un enjeu de lutte identitaire. Enfin, nous essayerons de déterminer si la dualité de la ville de Mexico DF constitue le fondement identitaire de la ville, question pour laquelle nous nous situerons dans une temporalité plus élargie. A) Les Débats autour de la Santa Muerte dans l’Espace Public chilango : un Imaginaire de la Peur qui s'exprime dans le Réel par le Refus de la Parole. Nous avons pu le constater à diverses reprises, l'imaginaire autour de la Santa Muerte est riche et prend des dimensions souvent contradictoires. Or l'imaginaire dans l'espace public, c'est ce qui structure les choix dans le réel. C'est ainsi que l'on peut observer la mise en place de décisions concernant la Santa Muerte et qui sont issues de l'imaginaire qu'elle déploie. Notons ici que ces différentes décisions valent pour l'ensemble du territoire mexicain dans la mesure où elles émanent pour certaines d'institutions publiques. Cependant, l'inscription particulière de la Santa Muerte laisse à penser qu'elles sont destinées de manière privilégiée à l'espace de la ville de Mexico DF. De plus, la majorité de ces instances publiques ont leur siège dans la capitale ; il y a donc, entre ces dernières et la société chilanga un lien de réactivité particulièrement fort. Ainsi, Mexico DF apparaît comme le lieu privilégié du débat de société autour de 63 la Santa Muerte. La notion de débat relève de l'examen d'un problème entraînant une discussion animée entre personnes d'avis différents mais signifie aussi un conflit intérieur. La présence d'au moins deux acteurs semble donc de mise lorsque l'on parle de débat et le poids de chacun dans celui-ci prend alors toute son importance. D'autre part, l'idée d'une situation conflictuelle à l'intérieur d'un ensemble plus large nous ramène également à l'idée d'une lutte d'identité au sein d'un espace quel qu'il soit. En analysant les débats qui se greffent autour de la Santa Muerte, c'est bien d'identité dont il s'agit. Le débat public concernant la Santa Muerte s'installe dans la société autour de récits évènements que nous nous proposons de développer dans le point qui va suivre, en commençant tout d'abord par le débat au niveau religieux, puis au niveau juridique avant d'envisager son inscription sociale. 1) Conflit religieux : de la non-reconnaissance à la lutte. On a pu le constater auparavant, l'église semble ne pas voir d'un bon oeil le succès grandissant pour la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF ce qui l'a poussé à situer le 63 36 Dictionnaire Larousse 2004. Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? débat dans des termes réels, c'est à dire qui dépassent le simple jugement de valeur pour se placer du coté du problème autour de la sanctification, c'est à dire du coté de Dieu de ce qu'il permet ou non. Notons, tout de même que l'église fait appel à tous les moyens pour 64 décourager les fidèles de la Santa Muerte. Dans la version en ligne de son journal officiel au Mexique, il est mentionné que seule l'Eglise, guidée par l’Esprit Saint, a la faculté de proclamer la qualité de saint d’une personne. Elle explique ensuite comment par manque de connaissance on peut en arriver à attribuer la sainteté à quelqu’un et les conséquences qui peuvent en découler. Ainsi, il est fait état que lorsque dans l’acception populaire, on tient un défunt pour saint mais que cela n'a pas été reconnu par l'Église, il peut s'agir de trois situations distinctes : Il se peut que la dévotion soit reconnue plus tard par l’Eglise, que la personne soit très croyante, menant une vie exemplaire, mais qui n'est pas une sainte tant qu'elle n'est pas béatifiée par l'Église catholique, ou enfin, il se peut que les gens se trompent, qu’ils s’identifient à quelqu’un qui a lutté ou qui a souffert, mais cela n’est pas nécessaire pour lui reconnaître la qualité de saint ; Encore faut-il avoir vécu tout cela dans un amour héroïque pour Jésus Christ et de cela il n'y a que l'Église qui puisse en juger. Au fur et à mesure du site, il est aussi rappelé les dangers qui peuvent dériver des croyances populaires. Si les valeurs de la piété populaire sont indéniablement soulignées comme bonnes, on ne cesse d’indiquer cependant les dangers auxquels elle peut donner naissance et qui seraient liés à la présence insuffisante de foi chrétienne, comme par exemple la disproportion entre l’estime accordée au culte des saints et celle attribuée à la conscience de la centralité absolue de Jésus Christ et de son mystère, la distance prise par rapport à la vie sacramental de l’Eglise, la conception utilitariste de certaines formes de piété, l’utilisation de signes, gestes et formules qui parfois acquièrent une importance excessive au point de chercher le spectaculaire, le risque et dans certains cas extrêmes de favoriser l’entrer des sectes et de conduire à la superstition, la magie, le fatalisme ou l’angoisse. Par cette démonstration, il est ainsi prouvé en quelque sorte que la Santa Muerte ne remplit pas les caractéristiques nécessaires selon l'Église catholique pour que lui soit attribuée la qualité de sainte. Sur le même site on peut trouver également une explication de ce qu'est « vraiment » la mort pour l'Église, argumentée de passages de la bible qui viennent témoigner de la véracité et de la conformité des dires à la parole de Dieu. La mort serait la conséquence logique de notre péché originel, elle a été vaincue par Jésus Christ dans la mesure où il est ressuscité (410-421, 1010-1014). Notons d'ailleurs à ce propos un commentaire de Sergio 65 Roman dans la revue officielle de l'église catholique de Mexico « desde la fe » « Jésus a battu la mort, son ennemie, conséquence et châtiment du péché… comment alors peuton qualifier de très sainte la mort ? Aucun catholique ne doit rendre culte à cette grotesque image qui représente fondamentalement tout ce contre quoi le Christ a toujours lutté ». On trouve également des passages où sont décrites les peurs concernant le moment de la mort, notamment la maladie, le fait de laisser des êtres chers, mais que la résurrection viendra finalement récompenser. Il y a donc dans le discours de l'Église catholique une volonté de discréditer la croyance et le culte à la Santa Muerte du point de vue de la religion chrétienne, en se basant sur le désaccord de Dieu avec cette divinité et en inscrivant cette dernière du coté du péché, qui selon l'Église catholique peut entraîner un châtiment. L'accent est mis sur la volonté de faire peur avec l'inconnu, dans le cas présent avec la mort. 64 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521 65 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521 Denisot Marie - 2007 37 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. La décision de ne pas reconnaître la croyance à la Santa Muerte apparaît donc comme la conséquence logique de l'imaginaire de la peur mis en place autour de cette divinité, 66 par l'Église catholique. En effet, sur un autre site catholique , on indique au croyant en la Santa Muerte qui voudrait se défaire de cette dernière, la conduite à suivre : tout d'abord brûler l'intégralité des représentations que l'on pourrait posséder ou bien si on ose le faire soi-même, les apporter dans l'église la plus proche et les confier à un prêtre qui s'en chargera. Puis ensuite bien sûr, il est important de renouer le dialogue avec Dieu en allant se confesser, en allumant des bougies à la Vierge de Guadalupe, etc. C'est donc bien l'imaginaire de la peur qui est véhiculé ici d'autant plus que l'on insiste particulièrement tout au long du site sur l'ambiance dans laquelle se pratique le culte à la Santa Muerte qui serait comparable à celle de la magie noire, des trafiquants de drogue, des forces occultes, des assassins, du satanisme, de l'idolâtrie. Nous pouvons constater ici clairement le manque de nuance qui est une manière pour l'Eglise catholique de légitimer d'autant plus son opposition à la Santa Muerte, d'un point de vue religieux comme nous avons pu le voir mais d'un point de vue social également. Notons en outre que les références catholiques auxquelles nous faisons appel mentionnent régulièrement que la croyance et le culte en la Santa Muerte sont le fait de personnes aux faibles connaissances notamment religieuses, qui ne savent pas assez sur 67 le Christ et sur le vrai catholicisme . On peut lire dans ce type de commentaire une volonté de marginaliser les fidèles en la Santa Muerte qui dans une certaine mesure s'apparentent ou à des personnes aux faibles ressources intellectuelles ou bien aux délinquants en tout genre qui promeuvent ce culte dans le but de permettre à leurs activités de prospérer ou d'en tirer un profit économique. Les fidèles sont donc définis et catégorisés au sein de la société, bien qu'ils ne ferment pas la porte à ces derniers vers une éventuelle réconciliation. On trouve donc du coté de l'église catholique une volonté farouche de lutter contre la croyance et le culte à la Santa Muerte et c'est ce qui explique qu'elle s'investit dans un débat et même une lutte contre cette divinité. Au contraire, l’autre acteur du débat qui englobe l'ensemble des croyants de la Santa est beaucoup moins vindicatif il faut bien le dire. David 68 Romo lieder de ces derniers avoue ne rien trouver de réellement critiquable ou qui dévierait de la doctrine ou de la connaissance de la foi. Pour lui, contrairement à ce que l'on pense, le culte à la Santa Muerte n’est pas pratiqué par des sataniques. David Romo tient d'ailleurs à prendre ses distances vis-à-vis de la magie noire qui selon lui « n’aide en rien et est utilisée simplement pour profiter des gens ». Il s'accorde en outre à dire que si elle est le fait de trafiquants de drogue, ils ne la prient pas pour faire le mal : « ce qu’ils demandent c’est une protection pour eux et pour leur famille. » Il assure de plus que « beaucoup de personnes de positions élevées et aussi des gens très humbles l’ont acceptée comme leur sainte. » On a donc ici, contrairement au discours de l'église catholique un refus de normer les personnes qui croient en la Santa et celles qui ne croient pas. La parole trahit plutôt une position d'ouverture. Ainsi, les deux discours semblent s'opposer principalement dans la mesure où ils n'invitent pas au même positionnement. 66 67 68 38 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521 http://www.univision.com/ http://www.univision.com/ Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? Remarquons enfin que la répudiation de la Santa Muerte par l'Eglise catholique ne fait pas sentir ses croyants ni plus ni moins catholiques à l'image de ce qu'affirme son chef de 69 file « nous préférons être proches de Dieu et loin du Pape ». Finalement, nous avons à faire à un débat qui fonctionne de manière presque unilatérale dans la mesure où le conflit entre la religion catholique et la Santa Muerte est approvisionné principalement par la première qui tient absolument à sa désolidariser de la seconde. Autrement dit, non seulement l'église catholique tente d'effrayer afin de décourager l'investissement de ce culte par la population, mais encore elle ne veut sous aucun prétexte être associée à ceux qui le pratiquent déjà alors que la plupart sont aussi des croyants chrétiens. Enfin, notons la signification symbolique du refus par l'église de reconnaître la Santa Muerte qui est une manière de lui refuser l'usage de la parole et qui transcrit le refus de s'objectiver en elle. Autrement dit, on évince le fait même que l'on puisse parler de croyance lorsqu'il s'agit de la Santa Muerte et donc qu'ils s'agissent de croyants lorsqu'il s'agit des fidèles de la Santa. Il y a donc par le biais du discours de l'Eglise l'introduction d'un double niveau d'appartenance spirituelle : le vrai, le bon, celui de l'Eglise catholique, le faux, le mauvais celui de la Santa Muerte. 2) Un Conflit Politique : le Refus d’Attribuer à la Santa Muerte une officialité. Si l'on pouvait prévoir d'une certaine manière que la Santa Muerte entraîne de vives réactions dans le domaine religieux, il était plus difficile d'imaginer qu'elle serait également l'objet d'un débat au niveau politique. Il s'agit donc ici de mettre en relief le cadre dans lequel se définit le débat politique autour de la Santa Muerte. Comme nous avons pu le voir, la croyance et le culte à la Santa Muerte prennent des réalités très diverses sans suivre vraiment un mode d'organisation ou encore une hiérarchie formalisée à l'image de ce qu’il existe par exemple dans la religion catholique. Cependant l'organe officiel dirons-nous semble être l'Église Catholique Traditionnelle 70 mexicano-étasunienne (ECTME) qui a, à sa tête, le prêtre David Romo et qui constitue une association religieuse selon la loi fédérale mexicaine. Or, les autorités du secrétariat du gouvernement ont décidé de retirer à celle-ci le 71 registre constitutif d’une association religieuse qu'elle avait pourtant obtenu . L'enquête puis la décision finale du gouvernement mexicain s’est faite à partir d’un prêtre qui intégrait lui-même l'ECTME et pourtant dissident du groupe, et qui a demandé à ce que l’on fasse des recherches sur cette association religieuse qui considère la Santa Muerte comme une servante de Dieu. La loi considère comme une infraction le fait de « détourner les fins d'une association, 72 de manière à ce qu’elles altèrent gravement leur nature de départ » . Ainsi, en ayant déclaré un objet de culte et en se dédiant à un autre, l’objet de l’association religieuse est gravement affecté et l’autorisation d'exister en tant qu'association est alors retirée aux personnes qui professent cette confession. Dans sa demande le groupe a en effet stipuler que son objectif 69 70 71 72 http://es.catholic.netle Iglesia catolica traditional MEX-USA (ICTMU) http:/www.meta-religion.com http://www.terra.com Denisot Marie - 2007 39 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. était de conserver la liturgie de la sainte messe Tridentine, codifiée par le pape Pie V à la demande du concile de Trente en 1570. Cependant ils n’ont jamais mentionné que leur activité consistait à prier la Santa Muerte. De plus, cette organisation n’a rien à voir avec le catholicisme selon le gouvernement. Bien que l’annulation de l’association n’ait pas empêché les fidèles de continuer leurs pratiques religieuses, cela a influé de manière importante sur les droits, maintenant perdus, de l'ECTME. Elle est désormais extrêmement limitée pour ce qui concerne la perception de fonds et la possession de biens. En effet, le Comité de Sanctions du gouvernement mexicain ayant tranché pour l'annulation de la qualité d'association religieuse dans laquelle opérait la Santa Muerte, cela la réduit à un groupe sans personnalité juridique. Avant cela, on n'avait jamais assisté à une punition de cette ampleur au Mexique qui, pourtant, laissa inchangée la liberté de pensée religieuse et la liberté de culte, tels qu'ils sont garantis par la constitution. Le directeur des questions religieuses du secrétariat 73 de gouvernement, Alvaro Castro manifeste que le cas de la Santa Muerte, qui a cessé d’utiliser un registre qui ne lui correspondait pas, montre que dans le pays toutes les personnes sont libres de pratiquer les cérémonies, les dévotions ou les actes de culte de leur religion pour autant qu’elles ne constituent pas un délit (le fait de ne pas poursuivre le but déclaré lors de la création étant illégal, c'est donc le cas pour la Santa Muerte). Personne, dit-il, n’a cependant été molesté par les autorités pour sa croyance en la Santa Muerte. C'est donc d'un point de vue juridique et non pas pour l'objet de la croyance que l'association religieuse qui se consacrait à la Santa Muerte a cessé d'exister. L'argument est bien sur recevable du point de vue du droit et pourtant ce sont malgré tout les autorités publiques de par la formule consacrée « selon les autorités » qui ne dit ni trop, ni trop peu, qui se sont mises d'accord pour dire que la Santa Muerte n'avait aucun lien avec le catholicisme ce que revendique également l'Eglise catholique ce qui est par ailleurs réfutée par le chef de file de la croyance en la Santa, le prêtre David Romo. Ce dernier a accusé cette décision publique d'être le fruit d'une pression de la part de l'Eglise catholique en qualifiant le Secrétariat de gouvernement de s'être transformé en bureau 74 du Vatican . C'est d'ailleurs avec vigueur qu'après l'annonce d'annulation, le même David 75 Romo a déclaré : « avec ou sans registre la Santa Muerte continuera d'exister » ou encore « le fait que les autorités se soient prononcées contre les fidèles, ne vont pas leur permettre pour autant d'en finir avec le culte. » C’est ainsi que les fidèles ne sont pas restés les bras croisés puisque quelques jours après l’annulation, une série de manifestations a été 76 organisée autour de la résidence officielle du président de la République « Los pinos » et dans le centre historique afin de protester contre cette décision. Bien qu'elle soit basée sur un problème juridique, ce qu'il ressort de l'analyse de la décision d'annulation de l'association religieuse, c'est qu'elle semble particulièrement politique. Sur ce point, les autorités se joignent à l'Eglise catholique pour essayer d'empêcher la croyance et le culte à la Santa Muerte de prospérer. On peut donc voir qu'il y a en quelque sorte un front des instances de pouvoir traditionnelles qui s'allient afin de faire barrage, à la Santa Muerte. Ainsi, si l'on considère le niveau politique, on remarque également un imaginaire de la peur qui pousse à prendre dans le réel, des choix qui vont 73 74 75 76 40 http:/www.meta-religion.com http://www.terra.com http://www.terra.com Il s'agissait alors de Vicente Fox. Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? permettre de maîtriser cette peur. On retrouve une volonté de la part des autorités publiques de mettre sous silence ce symbole et donc puisqu'elle est une médiation, de mettre sous silence la culture ou encore le mode d'organisation sociale qui parle à travers elle. Du coté du gouvernement mexicain, on préfère ne pas laisser, à tout ce que représente, médie la Santa Muerte, l'occasion de s'exprimer. Celui-ci se positionne donc clairement non pas de ces espaces, de ces populations que représente la Santa Muerte, mais au contraire de la population mexicaine, moins cette partie là, à laquelle on objecte le silence pour éviter la confrontation. Si l'espace public, selon la définition d'Hannah Arendt que nous avons posé en introduction à cette seconde partie apparaît comme un espace qui dépend des gestes qui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiques par lesquelles des membres d’une société affichent, sans égard pour les codes sociaux tacites, leur souci du politique, alors, la décision d'annulation semble être au contraire une intervention publique qui conformément aux codes sociaux tacites (ici la morale chrétienne) retire une des possibilités d'afficher son souci pour le politique. Cela retranscrit donc d'une certaine manière la volonté du gouvernement de mettre en place un espace public exclusif. 3) Conflit social : la création d'une frontière normative. Les récits évènements de l'Eglise catholique d'une part et des autorités publiques d'autre part semblent donc destinés tous deux à faire reculer le phénomène de la Santa Muerte dans la République mexicaine, mais surtout dans la ville de Mexico DF puisque c'est sur cet espace qu'elle semble la plus puissante et là où elle nourrit particulièrement et avec force un imaginaire de la peur. Or les voix conjointes de l'Eglise et du gouvernement sont des voix qui résonnent plus que d'autres dans l'espace public et qui sont très influentes. Il n'est pas surprenant dès lors de constater des conséquences directes dans l'acceptation sociale de la croyance et du culte à la Santa Muerte. Pour ce point, nous ferons appel plus particulièrement à des observations directes sous forme de témoignages essentiellement recueillis à Mexico DF. Si l'on prend comme base de réflexion le tissu des sites Internet concernant la Santa Muerte, en se basant notamment sur les forums, on se rend compte que les opinions la concernant s'inscrivent très souvent dans une confrontation. En effet, on peut diviser les 77 avis selon deux grandes catégories : les personnes demandant des renseignements à propos de la Santa Muerte (qu'il s'agisse de la vénérer ou de s'en protéger) et d'autre part les personnes qui expriment leur position personnelle quant à celle-ci. Or pour cette dernière catégorie, on peut noter une grande animation ayant pour but de convaincre du bien fondé ou non de la Santa Dans celles-ci et en particulier pour les personnes la soutenant, on peut noter l'utilisation régulière de l'argot très typique de la capitale mexicaine et dont la créativité tient particulièrement aux quartiers les plus populaires de la capitale comme Tepito. La Santa semble donc incarner deux réalités sociales dont les contours sont mobiles et pas forcément clairs et qui se rencontrent sous forme de confrontation voir de conflit. De plus, dans les conversations avec les habitants de Mexico DF nous pouvons constater également une grande réactivité provoquée par la Santa Muerte dans l'espace social. En effet, le fait de porter par exemple scapulaire autour du cou représentant une image de la Santa Muerte entraînes des commentaires édifiants : « ça c'est la vierge des trafiquants de drogue, celui qui te l'a donné doit sans doutes en être un » ou encore « je sais que tu t'entends bien avec les gens de ton quartier mais il ne faut pas les laisser te donner 77 Annexe 9. Denisot Marie - 2007 41 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. des choses comme ça, c'est dangereux et les gens biens le voient très mal qu'une jeune fille ait ce truc là autour du cou. » Au contraire, de nombreuses personnes dans les quartiers plus populaires se sentent rassurés de voir qu’une personne à qui ils tiennent porte une image de la Santa parce qu’ils la savent alors protégée. Il convient de dire cependant que les choses ne sont pas aussi simples. Nous avons déjà eu l'occasion de le remarquer, la Santa Muerte ne forme pas une frontière stricte entre les classes populaires et les classes aisées de la ville puisque l'on trouve des croyants dans les deux groupes bien que l'inscription soit beaucoup plus nette dans les classes à faibles ressources. Il semble tout de même que la Santa Muerte crée au sein même de la société un double niveau d'appartenance qui ne donne pas lieu à une réelle confrontation mais qui s'inscrit dans un double rapport d'exclusion. La Santa Muerte apparaît donc en ce sens comme créatrice d'une frontière sociale dont la ligne est perméable mais qui renvoie dos à dos deux niveaux de valeur. Cependant le rapport n'est pas égal puisque de manière générale une majorité de la société chilanga soutient la position de l'Eglise catholique. On peut analyser cet accord par le fait que l'Eglise catholique, au fil du temps, a habitué la société à ne pas remettre en question ses décisions. Cependant, avec la Santa Muerte, une partie de la société et aussi petite soit-elle ne se réfère plus au discours de l'Eglise qui est pourtant certainement un des plus influents dans l'espace public mexicain, et va même jusqu'à s'émanciper de ce dernier. Notons enfin que dans la société, contrairement aux plans politiques et religieux où la confrontation semble bien présente, nous n'avons pas assisté jusqu'à aujourd'hui à un quelconque évènement qui trahisse une opposition voire une lutte réelle. Au contraire il y a bel et bien une cohabitation entre les deux cultes à l'image du quartier de Tepito où l'on croise au milieu des autels à la Santa Muerte, des figures de la vierge de Guadalupe. Finalement pour conclure ce point, nous pouvons signaler qu'au sein même de la société chilanga, la Santa Muerte s'apparente à une frontière sociale sur laquelle se rencontrent deux imaginaires collectifs qui fonctionnent dans un rapport d'exclusion : d'un coté les fidèles de la Santa Muerte qui ne font plus confiance aux discours du gouvernement et de l'Eglise catholique et qui créent ailleurs d'autres symboles correspondant à leur identité. Et de l'autre les catholiques qui ne croient pas en la Santa Muerte et qui ont, dans leur relation à elle, intégré le discours de l'Eglise catholique et se sont approprié en conséquence l'imaginaire de la peur que cette dernière a véhiculé. ~ Cette partie nous l'enseigne fort bien, la Santa Muerte est une figure controversée qui fait naître des débats importants dans l'espace public mexicain mais particulièrement dans la capitale du pays, et ce au niveau religieux, politique et sociétale. Le discours des institutions publiques et de l'Eglise catholique procède de la même démarche qui est globalement celle d'un refus d'attribuer la parole et donc l'expression de l'identité que véhicule la Santa Muerte La société se trouve alors en contact essentiellement avec l'imaginaire proposé par les institutions du pouvoir. On peut alors questionner l'existence ou non d'un véritable espace public dans la mesure où il semble ségrégé et qu'il ne permet pas à chacun d'afficher son intérêt pour le politique. On pourrait conclure sur le fait que l'identité n'existant que dans la mesure où elle s'exprime, l'identité véhiculée par la Santa Muerte n'a pas vraiment de sens au niveau politique. Cependant l'augmentation de plus en plus significative du nombre de ses fidèles nous montre qu'elle existe avec d'autant plus de vivacité. La question est alors 42 Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? la suivante : est-elle la manifestation d'une identité particulière dans l'espace public ou alors celle d’une identité que l’on cherche à exclure de l'espace public? B) La Santa Muerte : Manifestation Symbolique d'une Identité de l'ombre dans l'Espace Public chilango. Les débats de société autour de la Santa Muerte que nous avons pu étudier au cours du point précédent mettent en évidence des niveaux de signification différents dans l’espace public chilango. Cependant ceux–ci ne dessinent pas nécessairement les mêmes contours selon le point de vue envisagé : politique, économique, religieux, etc. Ces niveaux de significations différents, dans la mesure où ils rentrent en conflit au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF, structurent cette dernière symboliquement, lui donnant alors l’essence de son identité. Il ne s’agit donc pas seulement de mettre à jour la culture que représente la Santa Muerte dans l’espace des cultures telles qu’elles existent dans la ville de Mexico DF, mais d’envisager dans quelles mesures la confrontation de la Santa Muerte avec le reste de l’espace public chilango nous renseigne sur l’identité de la ville toute entière. Nous nous plaçons ainsi dans une dialectique entre singulier et collectif puisque si chaque personne se place différemment dans l’espace public par rapport à la Santa Muerte, cela amène à former des groupes au sein de la société ; mais cela forme aussi une identité du point de vue de la ville elle-même. On se trouve de ce fait dans le symbolique. 1) L'informalité comme mode d'organisation. Un des éléments qui semble caractériser la Santa Muerte et qui s’inscrit justement a contrario de la religion catholique est qu’elle semble régner sur les secteurs informels de la ville de Mexico DF. Elle apparaît d’ailleurs elle-même comme une sainte de l’ombre, antithèse noire et morbide de la vierge de Guadalupe. On remarque notamment que son culte semble ne recourir à aucune forme de hiérarchie. Des figures émanent bien sur comme des points de convergence du culte et de la croyance comme celle de Enriqueta Romero doyenne de la plus grande chapelle de la ville, à Tepito ou encore David Romo qui apparaît comme le chef de file de fidèles à la Santa Muerte. Ces personnages dans la mesure même où ils influent sur la symbolique de la croyance, renvoient à cette notion d’informalité. Pour la première en effet, il s’agit d’une femme dont la fonction vis-à-vis de la Santa Muerte n’est en rien le fruit d’un processus décisionnel ce qu’elle-même ne revendique pas et pour lequel elle n’est pas reconnue par les fidèles qui se rendent à la chapelle ; chapelle qui a vu le jour sous la simple impulsion personnelle de cette femme. En ce qui concerne David Romo, bien que celui-ci bénéficie d’un grade religieux qui lui donne une légitimité au sein de l’église catholique, il est cependant mis en question par l’autorité de Rome, qui a en outre, même en cas de validité de son titre religieux, condamné ses discours en faveur de la Santa Muerte. De plus, son titre de chef de file des fidèles à la Santa Muerte est le fait d’une autproclamation plus que d’une nomination quelconque. Finalement ces deux personnages sont des figures plus visibles parmi les fidèles mais ils ne constituent d’aucunes façons des échelons qui pourraient s’apparenter à une forme de hiérarchie. Cela ne signifie pas pour autant que la croyance en la Santa Muerte ne soit pas un fait social, c'est-à-dire un fait repérable au sein d’une société par des similarités de Denisot Marie - 2007 43 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. pratiques ; on a pu le voir par exemple avec les manifestations qui ont suivi l’annulation du statut d’association religieuse qui témoigne d’un sentiment d’appartenance à un même groupe, à une même tendance religieuse. L’absence de hiérarchie dans la croyance et le culte à la Santa Muerte apparaît ici comme une volonté de s’extraire d’un caractère institutionnel, normé. On peut attribuer cette caractéristique aux secteurs qui donnent leur préférence à la Santa Muerte et qui sont le fait de personnes qui de par leur activité, leurs ressources économiques, leur lieu d’habitation (éléments qui sont de fait liés) ne sont pas visés par les discours institutionnels, essentiellement ceux des pouvoirs publics et de l’Eglise catholique. Pour ces derniers l’informalité s’apparente à une véritable forme d’organisation sociale dans la mesure où c’est à elle qu’ils font appel pour trouver des solutions que le monde de la formalité ne peut leur offrir. L’informalité apparaît alors à Mexico DF non pas comme un recours ponctuel, mais comme une forme d’organisation sociale qui fournit travail, cercles de relations, rôle social, ce qui induit des formes diverses de reconnaissance. Il ne s’agit pas ici de faire l’éloge de l’informalité en montrant qu’elle fonctionne mieux que la sphère institutionnelle, mais elle offre indéniablement dans l’espace public de la ville de Mexico DF des alternatives satisfaisantes à ce que propose le niveau de vie formelle. Le but n’étant pas ici d’évaluer lequel des deux est le plus efficace mais de mettre en évidence d’une part l’existence conjointe des deux ainsi que leur concurrence au sein de l’espace de la ville de Mexico DF. Ainsi, c’est toute une culture de l’informalité qui se développe dans l’espace public de la ville de Mexico DF, c'est à dire un ensemble de représentations qui exprime cette identité de l’informalité. Plus qu’un état de fait, une circonstance que l’on observe dans le réel, le mode de vie informel va alors engendrer un certain nombre de symboles, de codes exprimant une certaine appartenance dont la Santa Muerte est un parmi d’autres. Nous pouvons d'ailleurs noter que Cartel de Santa, un groupe de rap mexicain consacre une chanson à la Santa Muerte dont les paroles nous intéressent particulièrement ici. En effet, 78 tout au long de cette « dédicace toute spéciale » le personnage de la Santa Muerte est constamment mis en relation avec le monde de la rue, du danger, de la clandestinité qui sont les thèmes par excellence de la musique rap dans la mesure où au sein de ce monde là, la Santa protège, est justement maîtresse de ce fil qui lie la mort à la vie. On peut donc voir que l’informalité n’est pas qu’une organisation sociale dans la ville de Mexico mais aussi une culture c'est-à-dire l’expression d’une identité qui demande à être reconnue. C’est en ce sens qu’elle s’oppose à un autre niveau de signification qui est celui de la sphère formelle. Là aussi la chanson que nous avons citée plus haut est un bon exemple puisque dans cette dernière, la dualité est particulièrement présente sous le trait notamment des deux 79 familles « celle de sang et celle qui se fait au coin de la rue ». Cela exprime clairement l’existence de deux niveaux d’appartenance différents qui se trouvent cohabiter au sein du même espace et qui s’inscrivent à la fois sur un socle commun mais aussi dans un rapport de conflit. C’est particulièrement visible dans le discours des pouvoirs publics notamment dans l’annulation du statut d’association religieuse au culte à la Santa Muerte. En effet, la Santa Muerte étant l’un des symboles les plus forts de cette culture de l’informalité, l’Etat mexicain qui représente au contraire celui du formel, de l’institution, s’emploie par cet acte à maintenir dans l’ombre autant que possible les signes d’émergence de cette culture de l‘informalité. On est alors dans une situation où l’une des cultures d’un espace se trouve devant une non-reconnaissance de cette dernière comme partie prenante des identités composant 78 79 44 Première phrase de la chanson de Cartel de Santa : « Santa Muerte ». Annexe 2. Annexe 2 . Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? l’espace public. Notons pour nuancer que le simple fait de mettre en place une procédure juridique d’annulation d’association est en quelque sorte une forme de reconnaissance implicite de l’existence de cette culture. Finalement, de ce conflit entre ces deux cultures, donc de cette confrontation entre deux identités émane alors l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, on peut donc dire de l’espace public de la ville de Mexico DF qu’il est traversé par un conflit, une ligne de fracture qui est d’un type particulier. Cela signifie que l’on semble pouvoir définir l’identité de la ville par la frontière normative entre l’espace de l’informalité et celui de la formalité. Or il convient 80 de noter si l’on reprend la définition d’Hannah Arendt que les institutions républicaines doivent garantir la publicité des débats au sein de l’espace public. Dans le cas qui nous intéresse le refus de reconnaissance des institutions de cette culture qui vit en marge d’elles mais qui a aussi pris leurs contraires (les formes d’informalité) comme valeur identitaire, amène à une segmentation de l’espace public et de ce fait celui-ci cesse d’être un espace de visibilité politique. On peut d’ailleurs noter le parallèle avec les événements qui ont suivit la défaite controversée du candidat de gauche aux dernières présidentielles. Ce dernier qui a reçu le soutien de ce que nous avons pu observer comme étant les secteurs informels de la ville de Mexico DF, a mis en place devant le refus de procéder à de nouvelles élections, un gouvernement parallèle à celui nouvellement élu, se dotant de ministres, d’un président (luimême), etc, ce pour quoi il a au départ bénéficier d’un grand soutien populaire notamment des classes les plus liées au monde de l’informalité. Il y a donc bien une identité bipolaire de la ville de Mexico qui se dessine de part et d’autre d’une dialectique formelle/informel et dont l’une des figures symbolique est celle de la Santa Muerte. 2) La fonctionnalité comme valeur tolérante. D’autre part, un des éléments que nous avons pu mettre en évidence auparavant, c’est le fonctionnement de la Santa Muerte comme une divinité fonctionnelle. On a pu le voir en effet, elle manipule l’idée d’une mort qui peut surgir à tout moment et qui est donc en lien direct avec les dangers liés au monde de l’informalité, de l’illégalité, de l’économie parallèle. D’autre part cette fonctionnalité est due également à une humanisation de la divinité qui est véritablement à l’image de ses fidèles dans la mesure où comme eux elle n’est pas emprunte de perfection mais possède au contraire des défauts qui sont de l’ordre de la condition humaine. Le caractère pur et parfait du divin tel qu’on l’observe dans la religion catholique est contrebalancé chez la Santa Muerte par toutes sortes sentiments, de goûts, ou d’actions contestables qui sont normalement le fait de la seule essence humaine. L’ambiguïté de cet amoralisme en quelque sorte s‘explique de la même façon dans le réel par le recours dans les secteurs informels de la société à des pratiques qui sont d’une manière ou d’une autre condamnables par les institutions publiques et la morale chrétienne qui y est associée. Cette fonctionnalité s’affirme donc comme une valeur tolérante ou intégratrice. En effet, la morale issue de la tradition catholique dessine une norme entre ce qui relève ou non de ce qu’elle considère comme de l’ordre du péché (en opposition à la perfection divine). La Santa Muerte au contraire semble reprendre une certaine idée de la justesse tout en intégrant le péché dans l’essence même de sa « morale ». Elle fonctionne ainsi effectivement comme une divinité qui englobe les défauts humains et parmi eux celui de la finitude humaine. 80 ARENDT Hannah. Penser l’évènement. Denisot Marie - 2007 45 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. On le remarque également par la tolérance du prêtre David Romo qui accepte les homosexuels, les transsexuels et qui revient sur certaines interdictions formulées par l’église catholique comme la contraception ou encore le mythe de la virginité. Nous pouvons donc faire l’hypothèse que l’absence de refoulement de la mort donne lieu à l’absence de refoulement de la sexualité dans son ensemble et dans toutes les formes qu’elle peut prendre. La Santa Muerte semble donc exprimer une identité de la marginalité. En effet, nous avons pu voir auparavant qu’elle était un symbole d’une culture de l’informalité, mais la fonctionnalité de cette dernière nous permet d’entrevoir une autre dimension : celle de la marginalité. On le voit ici, la Santa Muerte ne s’inscrit pas dans un clivage classes populaires/classes aisées mais plutôt sur une frontière entre le monde de la marginalité et celui de la conformité (sous entendu aux normes préconisées par les institutions publiques et l’Eglise catholique). Ici l’approche de la sexualité est particulièrement intéressante puisque les personnes qui sont considérées comme pratiquant un certain type de déviance sexuelle (selon le discours de l’Eglise catholique, relayé par la sphère du pouvoir politique) et donc exclues du discours de ces derniers, vont trouver dans le culte et la croyance en la Santa Muerte un monde non pas qui tolère cette déviance mais qui l’intègre de manière active. C’est exactement ce que l’on retrouve dans le discours de madame Romero quant à la réputation de la Santa Muerte d’être une divinité pour bandits et délinquants : « nous nous mettons tous ensemble pour la prier, bons comme mauvais. » Ainsi, ce que les institutions et la morale qui y est associée considèrent comme marginal aussi bien du point de vue moral, économique que sexuel, est alors intégré par le culte et la croyance en la Santa Muerte. Il y a donc une fonctionnalité réelle de la Santa Muerte dans la vie de tous les jours pour les fidèles, qui représente dans le symbolique une identité de la marginalité. 81 Or il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur le terme marginalité par lequel on entend qui est autour, ce qui est en dehors. En effet, la volonté des pouvoirs publics d’amoindrir le plus possible le signe de cette culture de la marginalité qu’est la Santa Muerte montre clairement que c’est une identité que l’on cherche à exclure de l’identité de la ville de Mexico DF. En effet, la sphère du pouvoir institutionnel semble vouloir repousser la culture représentée par la Santa Muerte aux marges de l’espace public de la ville de Mexico DF comme si cette dernière ne s’exprimait pas au sein même de celui-ci. Or, ironie du sort, c’est justement au cœur de la capitale mexicaine, dans ce qui fut depuis l’origine le centre névralgique de la ville que la Santa Muerte s’exprime avec le plus de ferveur. On peut donc voir que l’identité de la ville de Mexico DF semble émaner de la confrontation entre ce monde de la conformité (au discours des institutions et de l’Eglise catholique) et celui de la marginalité. Ainsi la capitale mexicaine nous apparaît comme un espace de luttes symboliques entre un niveau d’identité conformiste et un autre niveau qui serait celui d’une identité de la marginalité, symbolisée comme telle par cette divinité aux fonctions amorales. Notre analyse fait donc apparaître que l’identité de la ville de Mexico DF se lit selon une ligne de fracture qui serait l’appartenance ou non par n’importe quel type d’activité ou de caractéristique a ce qui est accepté selon la sphère du pouvoir comme la marginalité ou la non marginalité. A cet élément il faut ajouter le fait que l’image de la marginalité construite symboliquement par les institutions publiques associées à l’église catholique est d’une part dépréciée mais aussi souvent niée afin de l’empêcher de s‘exprimer en tant qu’identité singulière dans l’identité collective de la ville de Mexico DF. Il n’est pas surprenant alors que la récente augmentation de la visibilité sociale de la Santa Muerte dans cette dernière 81 46 Dictionnaire Larousse 2004. Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? ait appelée une réaction aussi forte, et, il faut le rappeler inédite, que l’annulation du statut d’association religieuse. 3) Une dualité intégrée à l’espace. Les deux points précédents ont mis en évidence des niveaux de significations symboliques et donc d’appartenances politiques différents au sein de l’espace de la ville de Mexico DF. On note en effet un ensemble de langages, de codes qui trahissent l’aspect conflictuel des appartenances. Or la conflictualité sociale s’exprime toujours dans une spatialité que nous nous proposons d’étudier ici. Si on prend l’exemple des grandes villes françaises, et en toute conscience de la simplification extrême des propos qui vont suivre, on peut dire qu’il existe une conflictualité, du moins économique, entre un centre et ce qui serait une première couronne périphérique. La ville de Mexico DF elle, voit la conflictualité que nous avons décrit précédemment s’organiser d’une toute autre façon. La répartition des espaces autour des dialectiques formalité/informalité et marginalité/ conformité se fait très clairement d’une manière clairsemée. Nous entendons par là que ces derniers sont repérables davantage par une inscription ponctuelle que par des zones unifiées. Si l’on considère le centre historique par exemple, et en particulier la place du Zocalo, on y trouve le palais présidentiel, lieu par excellence des institutions et du pouvoir officiel. Or la rue qui borde celui-ci se remplit chaque jour de milliers de marchands ambulants qui quittent les lieux, le baluchon de marchandises sur le dos, à la moindre sirène de police. Ceci n’est bien sûr qu’un exemple mais cette alternance entre zones marginales et informelles, et zones qui sont au contraire à la lumière publique est fréquente si l’on considère le centre de la ville. Cela nous donne l’impression d’une véritable cohabitation spatiale des deux niveaux d’appartenance symbolique, de quelque chose de l’ordre d’un entrelacement. C’est que la conflictualité sociale ne semble pas s’inscrire de manière horizontale à Mexico DF, c’est à dire selon un découpage au sol pourrait-on dire, mais plutôt selon une délimitation verticale. Le monde de l’informalité et de la marginalité serait celui le plus proche du sol, de la terre, de la rue et celui de la conformité et de l’officialité plus en hauteur. Ce découpage vertical est particulièrement visible dans le film mexicain « Amorres 82 Perros » dont les histoires ont lieu au centre de la ville de Mexico DF. Or cette différence de mode de vie, d’organisation sociale, de valeurs entre les classes les plus proches de la rue et celles qui se trouvent par leur hauteur les plus éloignées est appréhendée clairement dans une dialectique informalité/formalité et marginalité/conformité. En effet, on voit très bien dans le film que les personnages des secteurs informels et marginaux évoluent sur la même portion de territoire qui est le centre de la capitale mexicaine. Ce qui les différencie, c’est leur situation verticale, c’est à dire leur proximité avec ce qui est dans l’ombre et proche du sol : la marginalité et l’informalité où leur appartenance aux zones de lumière et d’institution. Notons d’autre part que cette conflictualité sociale est visible dans ce qui peut être considéré comme le centre élargi de Mexico DF. Sur cet espace, on trouve notamment les lieux de présence de la Santa Muerte et dans le même temps les lieux de présence des institutions qui la rejettent et la condamnent (édifices publics, ministères, églises importantes.) Grâce à cet élément, nous passons d’une spatialisation de la conflictualité sociale à une mise en perspective dans le temps de cette dernière. En effet, la ville de 82 GONZALEZ INARRITU Alejandro. Amorres Perros. Denisot Marie - 2007 47 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Mexico DF s’est construite autour du quartier que l’on appelle à juste titre d’ailleurs le Centre 83 Historique ; Les quartiers les plus en marge de la ville étant au début du XX° siècle des villages autonomes qui ont peu à peu été intégrées à celle-ci. Le centre de la ville de Mexico DF revêt une importance toute particulière dans la mesure où il était le centre de l’ancienne 84 cité aztèque de Mexico Tenochitlan , puis le centre de ce qu’on a appelé la Nouvelle Espagne après la conquête de celle-ci en 1531. Le centre à Mexico DF est donc doté d’une importance historique particulière. Cela nous amène à formuler l’hypothèse d’une relation entre l’histoire de Mexico DF et les conflictualités sociales mises en évidence par l’étude de la croyance et du culte en la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. En effet, la rencontre des conflictualités sociales mises en relief par la Santa Muerte est repérable sur l’espace qui est au cœur de l’histoire de la ville et même des origines de celle-ci. C’est donc une piste qui demande à être étudier dans notre démarche d’en savoir plus sur l’identité de la ville de Mexico DF. L’étude de la Santa Muerte nous a donc permis de mettre en relief les caractéristiques identitaires de la ville de Mexico DF qui se construit on a pu le voir selon des axes dialectiques. La Santa Muerte, en tant que représentation d’une identité au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF, semble être le symbole d’une culture alternative qui s’oppose à celle revendiquée par les pouvoirs publics et l’Eglise catholique. Mais la Santa Muerte apparaît également comme la partie émergente de cette conflictualité sociale particulière. Dans la mesure où de cette conflictualité naît l’identité, on se trouve de fait dans le domaine du symbolique. Or les deux dimensions constitutives du symbolique se trouvent être le temps et l’espace. La spatialité de la conflictualité sociale dans la ville de Mexico DF semble diriger notre analyse vers l’histoire même de la ville, l’histoire des origines de celle-ci. C’est ce que nous allons aborder dans le point suivant. C) Les Débats autour de l’Origine de la Santa Muerte : Parabole Symbolique aux Origines de la ville de Mexico DF ? Dans le dernier point de cette seconde partie nous essayerons donc de voir dans quelle mesure la croyance et le culte à la Santa Muerte dans l’espace de la ville de Mexico DF nous parle de cette dernière mais dans une dimension temporelle. En effet, comme on a pu le remarquer auparavant, le phénomène social de la Santa Muerte c’est à dire sa visibilité sociale et son augmentation, sont des phénomènes relativement récents. Ils font partie du temps très contemporain de l’actualité, du temps du présent, donc de celui en train de se faire. Il s’agit alors d’étudier s’il existe un lien entre le phénomène présent de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF et l’histoire de cette dernière. Notre démarche se construit donc selon une dialectique entre un temps long et un temps court ; Nous serons ainsi amenés à qualifier les tenants de cette dialectique dans 83 84 Centro Historico. La ville de Mexico Tenochtitlan était la capitale de l’empire aztèque. Elle fut fondé en 1325 et devint en très peu de temps la ville la plus puissante de la région en soumettant les villes les plus proches, mais aussi une des plus grandes du monde avec près de 500 000 habitants. Elle fut détruite en 1531 par les espagnols menés par Hernan Cortes qui en fit le centre de la Nouvelle Espagne. 48 Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? l’espace qui nous concerna afin d’entrevoir si de cette dernière émane l’identité de l’espace de la ville de Mexico DF. 1) La filiation aztèque de la Santa Muerte et l’inscription symbolique dans le temps long. 85 L’ethnologue Jesùs Chamorro Cortés dans son livre « Les Origines du Culte au Mexique », montre que de nombreux peuples de Méso-Amérique, avaient pour coutume d’adorer la mort avec des objets sacrés placés sur des autels familiaux, dans lesquelles on gardait les os des ancêtres qu’on vénérait de la même manière que les divinités. C’est ce qui explique notamment la relation très intime entre la société mexicaine et la mort, une relation qui avec le temps a donné lieu à un culte qui s’est étendu à de nombreuses civilisations du Mexique antique. Les Mayas, les Zapotèques, les Mixtèques, les Totonaques, mirent en place un culte à la mort en représentant des figures décharnées à la moitié du corps qui représentaient la dualité de toute chose dans la nature comme celle de la vie et de la mort et qui n’est pas sans lien avec la forme prise par la fête catholique de la Toussaint que l’on appelle au Mexique « Jour des Morts ». Mais un des peuples où le culte à la mort a acquis 86 le plus de force fut celui des Aztèques . Ce peuple considéré comme un des plus guerriers a mené à l’extrême la dévotion à la mort. Or, les Aztèques sont justement le peuple indigène qui est installé dans la vallée de Mexico (on les appelle d’ailleurs aussi « Mexicas ») avant l’arrivée des Espagnols. Ils occupaient en effet ce qui était déjà le centre névralgique du Mexique antique, celui des civilisations indiennes qui avait pour nom Mexico Tenochtitlan. On retrouve donc d’une certaine manière une répartition du culte à la mort à l’époque préhispanique sur le territoire de ce qui est aujourd’hui la République mexicaine comparable à celle de la Santa Muerte actuellement sur le même espace. En effet, on note la présence de la Santa Muerte dans la majorité des régions du territoire actuel mexicain, mais là où la croyance et le culte à cette divinité sont les plus présents, c’est au cœur de la ville de Mexico DF. De la même façon le culte à la mort est présent dans toutes les civilisations indiennes de Méso-Amérique mais il a pris une importance considérable au sein de la culture aztèque, dont l’inscription géographique recouvre celle de l’actuel centre de Mexico DF. En effet, les Mexicas héritèrent d’époques plus anciennes de Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl le dieu et la déesse du Mictlan, la région des morts. C’est dans ce lieu qu’allaient les personnes qui mouraient de causes naturelles. Mais le chemin n’était pas facile. Avant de se présenter devant eux, il fallait franchir de nombreux obstacles : des pierres qui s’entrechoquaient les unes avec les autres, des déserts et des collines, un crocodile appelé Xochitonal, ainsi qu’un énorme fleuve que le mort devait traverser avec l’aide d’un petit chien qui était alors sacrifié le jour de son enterrement. Finalement le défunt arrivait alors devant Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl les terribles dieux de l’obscurité et 85 86 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm À l'époque de l'arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle , les Aztèques étaient à la tête du plus grand empire qui ait jamais existé en Méso-Amérique . Cette petite tribu chichimèque faisant partie du grand groupe des peuples de langue nahuatl était arrivée fort tard dans la vallée de Mexico après de nombreuses tribulations et s'était fixée sur un îlot du lac Texcoco . En un siècle, les Mexicas (le nom que les Aztèques se donnaient eux-mêmes à partir du commencement de leur vie sédentaire), avaient fait de la petite cité de Tenochtitlan , située à l'emplacement de métropole, qui dominait, avec les autres membres de la jusqu'à l' isthme de Tehuantepec Mexico Triple alliance , l'actuelle capitale du Mexique un empire s'étendant du territoire , une immense huaxtèque au nord au sud. Denisot Marie - 2007 49 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. de la mort. Leur temple se situait dans le centre cérémonial de l’ancienne ville de Mexico Tenochtitlan et portait le nom de Tlalxico qui signifie nombril de la terre. Cela nous montre qu’il y eu un culte très important à la mort sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le centre de la capitale mexicaine. Notons que les Espagnols ont longtemps lutté contre ce culte en complet désaccord avec le discours de l’Eglise catholique concernant la mort, mais qu’ils n’ont pas réussi à l’éradiquer. Il a apparemment continué d’exister en secret. Le lien entre le culte à la mort chez les Aztèques dans l’antique cité de Mexico Tenochtitlan et la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF et surtout au centre de celle-ci semble pouvoir être établit. Il ne s’agit pas ici d’établir un lien de causalité entre l’ancienne présence d’un culte à la mort sur l’espace de la ville de Mexico DF et la présence actuelle de la Santa Muerte. Les similarités que nous avons pu démontrer entre le temps court et le temps long de l’image de la mort, aussi différente soit-elle, dans l’espace de la ville de Mexico DF nous indiquent plutôt une relation de type identitaire. La vision sociale de la mort semble en effet, dans le temps court comme dans le temps long, manipulé un conflit symbolique autour des origines. Il y a donc bel et bien quelque chose de l’ordre de l’identitaire qui se joue dans le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF puisque ce dernier est à la fois d’actualité mais s’articule également à une histoire plus longue, celle des origines de la ville qui sont préhispaniques. Or, la question des origines fait débat et diffère selon les diverses tentatives d’expliquer le phénomène. L’origine préhispanique n’est pas la seule mise en avant, au contraire. Il existe en quelque sorte, une lutte de légitimité quant à l’attribution de l’origine de la Santa Muerte : il s’agira donc d’étudier si ces conflits de légitimité autour des origines de la croyance sont également à mettre en relation avec l’histoire de la capitale mexicaine. 2) L’origine de la Santa Muerte : une lutte pour la légitimité. D’après les réflexions que l’on peut lire autour de la Santa Muerte, on se rend compte que le lien entre celle-ci et la culture préhispanique en particulier aztèque, même s’il ne peut guère être nié, n’est pas forcément mise en avant comme l’origine directe. Cela nous pousse à considérer deux choses : tout d’abord que l’on ne connaît pas vraiment les origines de la Santa Muerte, qu’il n’y a rien en tout cas qui prouve efficacement les raisons de son existence, de son éventuel réapparition. Cela montre ensuite que l’origine de cette dernière est en lien avec quelque chose de l’ordre de l’identité puisqu’elle est l’enjeu d’appropriations diverses. C’est ce que nous allons étudier ici. La Santa Muerte est souvent présentée comme un fait totalement lié à la notion très générale de « modernité ». La relation préhispanique expliquerait donc simplement un lien particulier que le Mexique entretient avec la mort, et non pas l’existence d’une filiation directe entre le culte préhispanique à la mort et la croyance en la Santa Muerte. Il convient ici d’expliquer un peu mieux ce que l’on peut lire à propos du terme de modernité comme explication de l’origine de la Santa Muerte. On avance en effet, notamment du 87 côté des sites Internet d’obédience catholique , mais pas seulement, le vide existentiel, les difficultés économiques, le manque de repères moraux dû à l’évolution des sociétés modernes, comme cause première de l’existence de la Santa Muerte. Or, comme nous pouvons le remarquer il s’agirait des aspects négatifs de la modernité qui auraient poussés à la construction de la croyance en la Santa Muerte. Le terme de modernité fonctionne ici 87 50 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521 Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? 88 comme un mythe au sens de Roland Barthes pour qui tout discours outre son message direct, sa référence au réel, peut percevoir des connotations qui le font entrer dans le domaine de la signification, dans le champ des valeurs. Le mythe ne crée donc pas de langages mais les détourne au service d'une idéologie en les faisant parler obliquement des choses. La modernité est vidée de son sens initial et rempli d’une connotation négative d’une part, mais totalement déconnecté d’une quelconque participation, ou résultat d’un processus historique. On trouve donc dans la croyance en la Santa Muerte un conflit d’origine qui oppose le temps long des Aztèques et le temps court de la modernité ; le premier apparaissant du côté de la légitimité et le second de celui de l’illégitimité. On peut d’ailleurs remarqué que les sites dédiés au culte de la Santa Muerte essayent d’enraciner le plus possible cette dernière dans une filiation préhispanique, créant là aussi un mythe, celui d’un enracinement de la Santa Muerte au sein d’un temps historique légitime. Quant aux sites Internet catholiques, ils minimisent ce lien historique au profit d’explications récentes issues des supposées dérives de la modernité et qui seraient la raison de la très récente augmentation du culte à la Santa Muerte. L’origine de la Santa Muerte est donc l’objet de filiations diverses et concurrentes par le biais d’une dialectique entre le temps long des aztèques et le temps court de la modernité. Or, la ville de Mexico DF manipule elle aussi une dialectique entre l’époque préhispanique et l’époque moderne, celle-ci commençant à la chute de Tenochtitlan lorsque les Espagnols menés par Cortés deviennent les maîtres de ce que sont aujourd’hui les Etats-Unis Mexicains. La ville est d’ailleurs elle-même marquée physiquement par cette appartenance simultanée au temps long des indigènes et à un temps plus court des Espagnols. En effet, si on se concentre sur l’architecture du centre de la ville et notamment sur la place du Zocalo, on trouve à la fois le palais présidentiel construit par Cortés en style colonial mais également à ses côtés les ruines du templo mayor qui était le centre cérémonial de l’ancienne ville aztèque. Au centre de la capitale mexicaine, aztèques et espagnols semblent se regarder pour l’éternité. Ainsi, nous pouvons considérer que la Santa Muerte apparaît comme une des représentations qui au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF exprime l’identité de cette dernière. Or la spatialité de la Santa Muerte semble faire apparaître une proximité avec le conflit d’identité de la capitale mexicaine, notamment du point de vue des origines. La croyance en la Santa Muerte manipule donc symboliquement un conflit autour de son origine, qui est de type identitaire, et que l’on peut rapprocher du conflit de « temps », d’histoire, sur lequel se base l’identité chilanga. 3) Le mythe du syncrétisme originaire. Comme nous avons pu le constater dans les deux points précédents, l’origine de la Santa Muerte ne semble pas être définie clairement ; du moins cette dernière apparaît-elle comme un thème tant controversé qu’il est difficile de repérer ce qui relève de l’analyse, de ce qui relève du parti-pris, si tant est qu’il soit possible de séparer strictement les deux. Cependant nous avons pu constater que le lien entre la conflictualité sociale issue de la présence de la Santa Muerte et l’histoire de l’espace sur lequel elle s’inscrit, est bien réel et de type identitaire. 88 BARTHES Roland. Mythologies. Denisot Marie - 2007 51 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. 89 C’est ainsi qu’Homero Aridjis dans son livre sur la Santa Muerte définit celle-ci comme le fruit d’un syncrétisme entre des cultes préhispaniques, certaines branches marginales du catholicisme baroque espagnol et le vide existentiel lié à la modernité. En effet, le syncrétisme exprime cette idée de mélange notamment d’un point de vue religieux entre origines différentes. La notion de syncrétisme sonne telle un signe de réconciliation de ces filiations si différentes et permet de penser le mélange des cultures tel qu’on peut l’observer au Mexique en général et à Mexico DF en particulier. Effectivement, il existe par exemple à Mexico DF, dans le centre de la ville, une place dite « des trois cultures » qui semble être le symbole des propos que nous venons de tenir. Elle doit son nom au fait que se trouvent cohabiter sur ce même lieu les restes d’une pyramide de l’antique cité préhispanique de Mexico-Tenochtitlan, une église catholique de type baroque et autour de ces monuments, de grandes barres d’immeubles habitationnelles contemporaines (datant des années 70) Sur cette place, on peut lire sur une plaque l’inscription suivante : « Le Mexique d’aujourd’hui est cela, né du mélange entre les racines préhispaniques et les racines espagnoles qui se sont métissées pour mettre la nation en marche vers le progrès » Ainsi nous pouvons remarquer que cette idée de syncrétisme, de métissage, de mélange entre plusieurs origines semble être une grille de lecture privilégiée pour comprendre ou qualifier l’histoire de la ville de Mexico DF, ou plus généralement le « mexicain », l’essence mexicaine. Il n’est donc pas surprenant de rencontrer une telle explication pour décrire un fait religieux tel que celui de la Santa Muerte. D’autre part, nous pouvons noter que l’identité syncrétique de la ville de Mexico DF en elle-même, mais aussi en tant que symbole de la République mexicaine, est affichée comme telle dans l’espace public. C’est cette identité et non une autre qui est posée comme l’unique. La Santa Muerte si on considère qu’elle est issue d’un syncrétisme du type de celui qu’a pu connaître la ville dans son histoire, on peut se demander alors pourquoi sa présence est maintenue le plus possible dans le silence par les institutions quelles qu’elles soient. Ainsi, la notion de syncrétisme ne résout pas dans le sens où elle n’explique pas l’existence problématique d’une croyance et d’un culte à la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. Il semble donc que cette identité syncrétique revendiquée comme celle de l’espace public de la ville de Mexico DF pose problème dans la mesure elle substitue aux rapports de force entre civilisations différentes l’idée consensuel de mélange entre celles-ci qui serait depuis le départ le socle commun de l’histoire de la ville de Mexico DF. Tout comme on temps à présenter la Santa Muerte comme issue de telle ou telle origine ou bien alors du mélange de plusieurs d’entre elles sans jamais intégrer l’idée de rapports de force voir de domination entre ces différentes origines. IL s’agit de le noter ici, nous ne sommes pas en train de faire un procès à l’histoire en essayant de définir laquelle des origines est le plus à l’origine de la Santa Muerte ou de la ville de Mexico DF. Le but ici est de ne pas considérer la question des origines unilatéralement mais de chercher l’identité dans les rapports de conflit qui nécessairement font s’exprimer les identités et font de fait qu’elles s’expriment. C’est pour cela que l’idée de syncrétisme n’est pas satisfaisante pour le sujet qui nous concerne dans la mesure où elle temps à gommer les rapports conflictuels et de ce fait à fonctionner comme un mythe, c’est à dire comme un détournement de signification au profit d’une idéologie. Cela faisant cette notion apparaît alors dans l’espace public de la ville de Mexico DF comme une cause première (comme un mythe de l’origine) plutôt que comme une conséquence. 89 52 ARIDJIS Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte. Denisot Marie - 2007 II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? Si l’on revient à l’identité de Mexico DF, l’idée de métissage entre la culture aztèque pourrions-nous dire et celle importée par les colons espagnols semble oublier un élément implacable de l’histoire de la ville, celui de la conquête, de la chute de Mexico-Tenochtitlan qui a été synonyme, non seulement de la fin de la civilisation aztèque mais aussi du début de la colonie et de l’exploitation des survivants indiens par les espagnols. Or nous nous entendons pour dire que ce moment évènement revêt une importance capitale étant donné la coupure qu’il introduit dans l’histoire de l’espace de la ville de Mexico-Tenochtitlan aujourd’hui Mexico DF. La conquête apparaît comme un bruit sourd dans l’histoire pas temps pour le cycle que cela a terminé ou pour celui qu’elle a commencé, mais pour le choc que fut résolument la rencontre des deux. La mort n’est pas étrangère à cet évènement historique, ni réellement, ni symboliquement puisqu’elle termine le cycle de la vie pour en commencer un autre selon la croyance en la Santa Muerte. Cette dernière n’est alors que le lieu de rencontre entre les deux tout comme la conquête serait le lieu de rencontre entre deux temps de l’histoire. Nous sommes donc en droit de faire l’hypothèse que la croyance et le culte en la Santa Muerte à Mexico DF entretiennent un rapport symbolique avec le choc des temps historiques que fut la conquête. Dans cette seconde grande partie nous nous sommes intéressés aux relations que pouvaient entretenir la Santa Muerte avec l’espace sur lequel elle s’inscrit qui est celui de la ville de Mexico DF et cela dans une approche autour du triptyque réel/imaginaire/ symbolique. Or nous avons pu observer les éléments suivants. Tout d’abord, les débats qui émanent de l’existence de la Santa Muerte dans l’espace public trahissent le conflit entre deux niveaux de signification politique distincts et concurrents à Mexico DF et qui permettent de lire l’identité de la ville selon la bipolarité symbolique de l’espace public qu’elle constitue. Autrement dit, nous avons suivit l’hypothèse que, des conflits symboliques autour de la Santa Muerte, émane l’identité de Mexico DF, c’est à dire ce qui fait sens, ce qui fait Mexico DF n’est pas une autre ville mais bien celle-ci et qu’ainsi, les autres la perçoivent. La Santa Muerte en tant que médiation symbolique construit une identité par rapport au réel qui sont les dialectiques entre informalité et formalité et marginalité et conformité, qui s’inscrivent elle-mêmes dans une spatialité et une temporalité particulières au sein de la ville. L’aspect conflictuel de l’origine de la Santa Muerte nous amène à penser l’identité de cette dernière et à travers elle celle de la ville de Mexico DF (et inversement) du coté de l’histoire et de la dialectique entre temps long et temps court. Or, un des éléments qui semble attirer particulièrement notre attention c’est le moment du choc frontal entre les deux pointes extrêmes de cette dialectique du temps. C’est en passant par cette étude particulière de la temporalité que nous essaierons d’entrevoir dans quelles mesures l’identité de la Santa Muerte et celle de la ville de Mexico DF, espace sur lequel elle s’inscrit, se rencontrent l’une et l’autre. Ce sera l’objet de la dernière grande partie de ce travail. Denisot Marie - 2007 53 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. Pour cette dernière partie qui sera en quelque sorte l’aboutissement de ce travail nous nous plongerons dans ce que nous pensons être la clef de l’identité de la ville de Mexico DF et qui est un des évènements historiques les plus brutaux, les plus dramatiquement importants de l’histoire de l’humanité : La conquête de l’Amérique centrale. Or la conquête de l’Amérique centrale se fait à partir d’un point unique, centralisateur, névralgique et déterminant qui est 90 l’espace de l’ancienne cité aztèque de Mexico-Tenochtitlan . Hernan Cortes le conquérant espagnol arrive pour conquérir ce que sont aujourd’hui les Etats-Unis mexicains avec pas plus de 500 hommes pour un territoire habité par une des civilisations les plus avancées, celle des Indiens de Méso-Amérique, dominée par la civilisation aztèque installée dans la vallée de Mexico. C’est la rencontre, le choc entre des hommes qui n’ont aucune idée de l’existence réciproque de l’autre, de ses habitudes, de sa hiérarchie, de sa philosophie, de sa religion. C’est un moment où l’histoire se trouve face à elle-même, où elle n’est plus ni linéaire, ni cyclique, mais où elle doit se contempler ellemême avant de poursuivre sa route. Or le chemin qui a été le sien fut on le sait le massacre des indigènes, la chute de Mexico-Tenochtitlan, la spoliation intégrale et systématique des richesses indiennes ainsi que la mise sous servitude de l’intégralité de la population 91 indigène. C’est ce que nous raconte J.M.G. Le Clézio dans son livre intitulé « Le rêve mexicain ou la pensée interrompue. » Ce dernier évoque déjà à lui-même cette coupure temporelle que fût la conquête pour la pensée indienne qui fut non seulement détenue, coupée dans sa course mais cela pour toujours. C’est d’ailleurs la question douloureuse et pressante que pose Le Clézio : quelle aurait été l’évolution des peuples amérindiens s’il n’y avait pas eu ce choc brutale de la conquête et en parallèle, comment aurait évoluer l’Europe s’il elle n’avait pas basé son identité sur la destruction des racines amérindiennes. C’est donc en nous basant sur l’analyse que fait l’auteur de la conquête du Mexique et plus particulièrement de la chute de Mexico-Tenochtitlan que nous allons aborder la dernière phase de la réflexion autour de la croyance en la Santa Muerte. Mais pour ce faire il est nécessaire d’expliquer la démarche qui sera la nôtre et de quelle manière nous lierons les réflexions l’une à l’autre. J.M.G. Le Clézio définit la conquête du Mexique comme le choc entre deux rêves : le rêve d’or des Espagnols et le rêve de magie des Aztèques. « Dans le drame de la conquête du Mexique, ce qui me semble le plus bouleversant, c’est cette équivoque : d’un coté des gens qui demandent de l’or pour devenir des maîtres, pour acheter, pour posséder, et, de l’autre, des gens qui donnent tout leur or en pensant que ce sont des dieux qui viennent 90 La source historique la plus authentique et fiable relatant ce que l'on appelle la Conquête du Mexique est le récit autobiographique du conquistador Bernal Diaz del Castillo qui participa à toutes les expéditions de Hernan Cortes. Sa chronique s'intitule Historia verdadera de la conquista de la Nueva España (Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne). Tous les autres ouvrages qui relatent cette aventure s'inspirent de cette chronique qui constitue, avec les lettres personnelles de Cortès, le seul document établi par un témoin oculaire. La chronique de Bernal Diaz contient en outre de remarquables descriptions des rites aztèques. 91 54 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. Denisot Marie - 2007 III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. 92 réclamer ce qui leur appartient » Quand Le Clézio parle de rêve de magie des Aztèques, il se réfère au rapport que ces derniers entretiennent avec le sacré. Ainsi, nous étudierons les éventuelles relations entre le rapport au sacré dans la croyance et le culte à la Santa Muerte et le rapport au sacré chez les peuples amérindiens et en particulier cher les Aztèques. L’objectif n’étant pas ici de prendre position dans le conflit autour des origines de la Santa Muerte que nous avons mis en évidence précédemment, mais ce qui dans les similarités et les différences de cette dernière avec la religion préhispanique nous permet de qualifier l’identité de la Santa Muerte. Puis nous verrons comment, à partir de ce rapprochement entre la Santa Muerte et le choc des deux rêves décrit dans l’ouvrage de J.M.G. Le Clézio, nous pouvons appréhender le sens politique de l’identité de la ville de Mexico DF. A) La Santa Muerte : un Rapport barbare au Sacré ? Dans « Le Rêve mexicain », Le Clézio distingue les Espagnols des barbares qui correspondent aux amérindiens. Or, ce qualificatif n’est en rien péjoratif il est utilisé du point de vue de la civilisation. Ainsi, pour les colons qui arrivent au Mexique, les Indiens, qu’ils appellent les barbares représentent une sorte d’impossible de liberté qu’ils ne pourront jamais atteindre parce qu’ils sont justement issus eux de la civilisation. Or cette dimension barbare se retrouve dans les rapports qu’entretiennent les peuples indigènes avec le sacré. En effet, la religion telle qu’elle existe chez les Aztèques notamment n’a rien à voir avec ce que l’on connaît dans la religion catholique par exemple. Nous avons pu voir précédemment que la croyance en la Santa Muerte se trouvait elle aussi être dans une situation de conflit vis à vis du catholicisme. D’autre part, nous avons pu établir une éventuelle relation originaire entre les racines aztèques qui pratiquaient avec beaucoup de ferveur le culte à la mort et le culte à la Santa Muerte. Nous nous proposons donc ici de mettre en évidence les différences entre les rapports au sacré dans la religion catholique et les rapports au sacré dans la religion indigène. Il s’agira donc de qualifier la nature de ces différences et de déterminer si elles sont du même ordre que celles qui sont à l’origine de la conflictualité crée par l’existence de la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. 1) L’idée d’une communication directe avec le divin. Les sociétés amérindiennes ont toutes en commun la particularité d’être particulièrement religieuses. En effet, la religion occupe une place très importante et ce jusque dans le moindre geste de la vie de tous les jours. Mais le rapport entretenu par ces civilisations avec le sacré est d’une nature tout à fait différente à ce que l’on connaît en Occident et c’est sans doute ce qui explique le choc que fut la découverte des rites religieux aztèques (prenons ici comme exemple les sacrifices) par les colons issus du siècle humaniste de la Renaissance. En effet, il n’existe pas dans la religion de ces peuples une forme de hiérarchie qui serait le passage obligatoire entre les hommes et les dieux. La plupart d’entre eux vivent une religion sans clergé souvent réduites aux cultes familiaux et aux cérémonies 92 LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. (p 68) Denisot Marie - 2007 55 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. 93 chamaniques . Cela s’explique par le fait que les religions indiennes fonctionnent sur le principe du messianisme qui admet une communication directe et sans intermédiaire entre les hommes et la sphère du divin. Une pratique catholique comme celle de la confession où le fidèle vient confier ses péchés à un curé qui les transmet à Dieu puis qui dans le sens inverse, achemine le pardon de ce dernier jusqu’au confessant, est absolument impensable dans les religions préhispaniques. En effet, ces dernières de par cette relation directe et immédiate entre les hommes et 94 les dieux permettent à tout homme quel qu’il soit d’atteindre le surnaturel , de se mettre en communication avec lui. Cela donne lieu à une appréhension différente de la religion avec laquelle on est lié 95 de manière individuelle . En effet, étant donné qu’il n’est nul besoin de tierce personne pour permettre l’accès aux sphères du divin, chacun est alors doté d’un rapport privilégié et personnel avec ses dieux. Cette dimension nous fait entrevoir le caractère particulièrement libre de ces religions indiennes qui laissaient à chacun la possibilité de vivre sa foi de manière individuelle, directement avec les dieux sans nécessité de contrôle ni de démonstration particulière. La religion telle qu’elle se vit chez les peuples amérindiens est l’expression d’une foi plus quotidienne, plus aléatoire, plus libre. Or, cette relation entre la divinité et l’homme est absolument opposée aux structures hiérarchisées de l’église chrétienne. C’est ce caractère violent et irrationnel des religions indiennes qui les opposent au christianisme et qui rend plus cruelle et plus urgente encore la nécessité de convertir les Indiens. On retrouve nombreux de ces aspects dans la croyance en la Santa Muerte, dans la mesure où son culte, de la même manière ne présente aucune hiérarchie et que la communication se fait directement entre le fidèle et la Santa. L’aspect individualisé de cette croyance peut s’observer notamment par le fait de porter des insignes à son effigie de manière individuelle comme les tatouages, les médaillons ou encore comme la fait de construire un autel lui étant dédié dans sa propre maison ou sur son lieu de travail. Notons tout de même que cela ne signifie pas que la Santa Muerte ou encore les religions préhispaniques ne se pratiquent pas collectivement : ce n’est pas le cas. Néanmoins, le rapport au sacré il est vrai ne se fait pas sur un mode collectif mais individuel. 2) Les moyens de communication avec le divin : la prise en compte de l’inconscient. Maintenant que nous avons qualifié le type de rapport qu’entretiennent les peuples amérindiens avec le sacré et que nous avons établi la similarité ce celui-ci avec ce que l’on peut observer dans la croyance en la Santa Muerte, il convient de s’intéresser aux moyens de cette communication. En effet, lors de notre étude préalable des pratiques liées au culte de la Santa Muerte, nous avons pu relever certaines d’entre elles comme étant en contradiction avec la morale catholique. Il semble donc pertinent de se demander si on peut rapprocher ces pratiques en question de celles rapportées par J.M.G. Le Clézio dans son ouvrage sur le Mexique à propos des peuples indigènes. Nous pourrons ainsi en déduire la signification symbolique. 93 94 95 56 Nous aurons l’occasion de revenir sur ce terme un peu plus tard au cours de cette première sous partie. LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 200) LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. (p 186, 187) Denisot Marie - 2007 III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. L’un des objets particulièrement emblématique de la culture barbare amérindienne est 96 celui de la pipe de tabac, qui est notamment utilisée au cours des rites de guerre . Celleci se remplit de tabac puis est consumée collectivement au cours de rituels particuliers. La fumée qui s’en échappe est emprunte d’une signification très importante dans la mesure où elle permet de communiquer avec les dieux. Nous pouvons ici faire le lien avec ce 97 que l’on appelle le chamanisme, pratique très répandue dans la majorité des civilisations préhispaniques. En effet, la fumée de tabac fonctionne comme une médiation symbolique entre les êtres humains et la sphère de l’au-delà. Or nous avons pu mentionner auparavant une pratique similaire qui consistait à diriger la fumée d’une cigarette directement sur l’image de la Santa Muerte pour satisfaire à son plaisir. La symbolique de la fumée est donc similaire à celle observée dans la religion amérindienne et insiste sur cette relation directe entre l’humain et le divin puisque le chemin que prend naturellement la fumée du bas vers le haut suffit à mettre en place la communication avec les dieux. De plus, on trouve d’autres moyens pour se mettre en relation avec le divin dans la prise de drogues, dans les rêves, les hallucinations ou encore la transe, autant d’éléments qui sont bien sûr différents mais qui sont toujours plus ou moins en relation. Ceux-ci permettent d’entrer dans un contact immédiat et irraisonné avec l’au-delà. La foi apparaît non pas comme le fruit d’une rationalisation de la pensée mais comme quelque chose qui constitue l’être humain tant dans son essence consciente qu’inconsciente. C’est donc une sorte de magie qui émane de cette pratique de la foi dans les civilisations préhispaniques ; magie qui n’est pas concevable pour les concepts moraux récemment issus de la Renaissance et dont les colons espagnols sont les porteurs. De plus, cela confirme l’impossibilité pour ces peuples en questions de penser l’existence d’un clergé quel qu’il soit puisque rêve, la transe, l’usage de drogue relèvent de l’expérience personnelle et introduit un rapport privilégié entre la divinité et l’être humain. Ainsi, ce qui apparaissait comme particulièrement « choquant » ou du moins ce qui attirait l’attention dans le fait de donner en offrande à la Santa Muerte des produits tels que l’alcool ou la marijuana semble soudain relativisé de par sa proximité avec ce que l’on peut observer dans les civilisations antiques du Mexique. Finalement, cela nous amène à considérer un rapport à la divinité de la Santa Muerte différend de ce que l’on a coutume de voir dans les pratiques catholiques. C’est donc moins sur l’aspect vicieux des offrandes à la Santa, qui seraient le symbole du vice de ses fidèles, que sur une conception différente du sacré qu’il faudrait se focaliser. Cela nous permet de considérer sous un autre angle les particularités du culte à la Santa Muerte à Mexico DF. 3) Identité des dieux et des hommes. Les deux points précédents nous ont enseigné que les civilisations préhispaniques manipulent un rapport au divin qui accepte la conception d’une communication directe et immédiat avec les dieux et de manière individualisée ; ce que nous avons pu remarquer également dans certaines pratiques. Or ces particularités de la religion indienne sont remarquables également dans la croyance et le culte à la Santa Muerte. Il s’agit d’étudier maintenant quelles sont les conséquences de ces observations. 96 97 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 183) Le chamanisme ou shamanisme est un système symbolique de médiation entre les êtres humains et les esprits de la surnature. Cette médiation a une fonction économique au sein de la communauté : gérer l'aléatoire. C'est le chaman qui incarne cette fonction, dans le cadre d'une interdépendance étroite avec la communauté qui le reconnaît comme tel. Denisot Marie - 2007 57 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. L’aspect direct de la communication entre l’humain et le divin crée un lien réel entre 98 les hommes et le surnaturel, quelque chose de l’ordre d’une relation charnelle .En effet, si l’on observe la pratique du sacrifice chez les Aztèques par exemple, J.M.G. Le Clézio montre que le sacrifice des victimes est plus qu’un honneur : c’est la participation rituelle à un mystère où la divinité, le sacrificateur et la victime sont confondus. Nous pouvons donc dire en quelque sorte que les dieux ont faim et que les hommes sont leur nourriture. L’homme est à la fois l’aliment et la substance des dieux. L’auteur montre ici à quel point la limite 99 entre l’humain et le divin est imprécise . En effet, tout homme quelque soit son passé ou son origine sociale peut changer sa nature et devenir l’incarnation de la divinité. Il y a donc une identification totale aux forces que représentent les dieux. Pour les Espagnols qui arrivent et entrent pour la première fois en contact avec les cultures amérindiennes, ce que nous venons de décrire a quelque chose de choquant qui ressemble plus à de la sorcellerie qu’à de la religion. Penser une consanguinité des hommes et des dieux est du point de vue de la religion catholique de l’ordre de l’hérésie la plus totale dans la mesure où croire à l’identité de l’humain et du divin, c’est croire à la réalité du surnaturel, ce qui est contraire aux lois de l’église chrétienne et aux principes de la raison qui sont les deux supports de l’humanisme du XVI° siècle. Si l’on revient à la Santa Muerte, on retrouve également cette identification de la divinité aux hommes et des hommes à la divinité. En effet, nous avions pointé le fait que contrairement à l’idée de sainteté, attribuée dans le religion catholique à Dieu ou à une personne exemplaire notamment du point de vue de la foi, la Santa Muerte combinait en elle le bien comme le mal, les vertus comme les vices, à l’image des humains. D’après la démonstration que nous avons mis en place, il semble donc que nous puissions relever un parallèle entre le rapport au sacré chez les peuples amérindiens et celui que l’on peut observer dans la croyance en la Santa Muerte. Les dieux y apparaissent sous une double apparence : l’une humaine et charnelle et l’autre surnaturelle et fugitive. Ces particularités sont intéressantes pour le sujet qui nous concerne dans la mesure le rapport au sacré va fonctionner comme ce qui médie l’identité de la Santa Muerte. En effet, c’est dans la mesure où la croyance en la Santa Muerte fonctionne sur le mode d’une communication directe et individualisée entre elle-même et ses fidèles qu’elle fait débat dans l’espace public de la ville de Mexico DF. L’identification entre les la divinité et les croyants entraîne que celle-ci apparaît bien, dans la lumière de l’espace public comme le symbole divin d’une population avec son organisation, ses valeurs, à son image. D’autre part, ce type de rapport particulier au sacré est comme nous avons pu le voir plus emprunt à la liberté ce qui peut expliquer l’opposition farouche de l’Eglise catholique contre la Santa Muerte. Effectivement, là où cette dernière a mis en place tout au long de son implantation sur le territoire mexicain, des lois, des interdictions, des systèmes de sanctions (dont la tristement célèbre inquisition) en somme des procédés qui contraignent la liberté de chacun, la Santa Muerte de par le rapport qu’elle détermine au sacré permet à chacun quel qu’il soit de vivre une foi libre de normes. C’est donc bien d’un rapport barbare au sacré qu’il s’agit puisque les religions préhispaniques comme la croyance en la Santa Muerte s’inscrivent dans une foi libre et magique. Or cette origine magique de l’espace sur lequel on repère la présence de la Santa 98 99 58 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 180) LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. (p 237) Denisot Marie - 2007 III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. 100 Muerte, « ce rêve de magie des Aztèques » semble donner lieu à des flux de rêves qui traversent le Mexique à toutes les époques produisant des explosions d’irrationnel, d’illusion et même d’absurde. Ce pouvoir de rêve conduit à l’époque contemporaine à une renaissance de l’irrationnel. Cela expliquerait pourquoi le culte à la Santa Muerte plus ou moins enfoui au cours des siècles derniers réapparaît subitement. Cependant cette subite éruption d’irrationnel dans la mesure où elle est le résultat d’un conflit entre un temps long et un temps court, entre une histoire collective et des destins personnels, procède du domaine du symbolique et recouvre donc une signification politique dans l’espace public considéré. C’est ce que nous proposons d’étudier à présent. B) Quand le Rêve de Magie se fait Rêve d’Identité. Nous nous attacherons donc au cours de ce point à définir la signification politique de ce soudain rêve de magie que l’on peut lire à travers le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF. Mais revenons tout d’abord sur la notion même de rêve. On définit cette 101 dernière premièrement comme une production psychique survenant pendant le sommeil et pouvant être partiellement mémorisé. Il existe également un autre sens qui entend une représentation, plus ou moins idéale ou chimérique, de ce qu’on veut réaliser, de ce qu’on désire. Quand J.M.G. Le Clézio parle de rêve dans son ouvrage concernant le Mexique, il fait référence simultanément à ces deux niveaux de sens, d’une part le phénomène du rêve qui est le fruit du travail de notre inconscient, et d’autre part la production d’un désir futur et donc d’une production d’imaginaire. Cependant chez les peuples amérindiens, il revêt une dimension et une importance supérieure. Pour l’auteur, « le rêve n’est pas une manifestation gratuite de l’imaginaire. Il faut le rapprocher du pouvoir des rêves au cœur 102 des civilisations précolombiennes : rêves où les hommes rencontrent les dieux » Le rêve apparaît ici comme un voyage pour prendre conscience du futur qui fait que l’histoire de ces peuples semble être une histoire rêvée. Autrement dit, nous assistons ici à une rencontre entre des temps opposés : celui du futur imaginé en rêve et celui du présent en train de se faire, influencée par le temps rêvée alors que ce dernier n’est pas encore survenu. Dans la croyance en la Santa Muerte on retrouve le même type de phénomène dans la mesure où le temps imaginé de la mort est mis en relation avec le temps présent dans lequel ce temps imaginaire de la mort peut faire irruption à tout moment. Le rêve de magie couvre donc une dimension semblable dans la mesure où la magie va fonctionner comme une réelle volonté de la pensée et exprimer une signification dans l’espace public. 1) Une unité fondée sur la magie. Puisque nous allons parler ici d’identité, il est important de qualifier les points sur lesquels celle-ci se forme, c’est à dire contre quoi elle se construit ce qui vient de fait définir la caractéristique commune. 100 101 102 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. Dictionnaire Larousse 2004. LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 216) Denisot Marie - 2007 59 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Nous avons pu le constater au cours de notre analyse, les frontières de la Santa Muerte sont floues puisque selon le point de vue considéré, ces dernières englobent des réalités différentes qui ne se recoupent pas forcément entre elles. Ici encore, nous irons chercher du coté des origines de l’espace sur lequel elle s’inscrit afin de déterminer si il est pertinent de lire le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF à travers ces dernières. Si l’on observe les peuples amérindiens dans leur diversité il semble quelque peu compliqué de leur trouver un dénominateur commun tout en voulant rester précis. Ce que nous fait remarquer J.M.G. Le Clézio dans « Le rêve mexicain », c’est que l’unité des peuples barbares est moins dans la politique que dans ce rapport à la magie.En effet, leur unité semble spirituelle dans la mesure où elle est basée sur les rêves et les augures. La pensée ne se situe pas uniquement du coté du raisonnement mais le raisonnement lui-même intègre le choix de la magie pour agir sur le réel. Ce trait de caractère des peuples préhispaniques est d’ailleurs encore marqué aujourd’hui conformément à ce que soutient J.M.G. Le Clézio : « Je crois que toutes les sociétés amérindiennes sont marquées par cette possibilité de recours au rêve. Elles ne considèrent pas le réel comme la solution définitive à tous les 103 problèmes. » En cela ces sociétés sont profondément opposées, de fait, au christianisme dans la mesure où pour les Espagnols, l’autorité fondée sur la magie ne pouvait avoir en 104 aucun cas une valeur humaine . Or finalement dans la croyance en la Santa Muerte, le plus petit dénominateur commun aux fidèles de cette divinité semble être également ce recours à la magie. Nous avons pu l’observer à plusieurs reprises, c’est l’aspect miraculeux de la Santa Muerte qui est invoqué pour justifier de cette piété en sa faveur. Ainsi, la confrontation entre les traits communs aux peuples préhispaniques et aux fidèles de la Santa Muerte semblent résider dans cette faculté à penser le recours à l’irréel. Il semble que cette particularité soit constitutive de l’identité mexicaine : « En vivant au Mexique, on s’aperçoit que les gens ont un certain scepticisme vis à vis de tout ce qui paraît utile, de tout ce qui paraît indispensable. Mais je crois que ce qui lie le Mexique ancien, enfin ce Mexique magique, au Mexique moderne, c’est cette possibilité de s’abstraire de la vie réelle ; c’est de na pas considérer que la vie réelle est ce qu’il y a de plus important ; c’est d’admettre par exemple que les arbres ont 105 une âme. » 2) Le rêve d’une identité païenne. Cette unité des peuples barbares autour de l’unité spirituelle qu’est ce rêve de magie, qui traverse n’importe lequel d’entre eux d’une manière ou d’une autre, s’inscrit donc contre la religion importée, imposée par les nouveaux arrivants dans la mesure où ce rêve est contraire aux valeurs prosélytiques de la Renaissance que sont l’humanisme, la raison et les concepts moraux notamment religieux. Or cette magie n’est jamais séparée du monde réel puisqu’elle exprime l’identité des sociétés amérindiennes jusque dans les actes les plus simples de la vie quotidienne. On imagine alors la violence et la brutalité du choc que fut la rencontre entre ces deux mondes. Cela explique pourquoi par exemple l’un des premiers gestes de Cortes à la chute de Mexico Tenochtitlan fut très symboliquement de brûler ce que les Espagnols qualifient alors comme des idoles et qui sont les dieux indiens. Le monde étant pour ces derniers considéré comme un tout, comme une union totale et 103 104 105 60 LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine.(p 50) LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 191) LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 48) Denisot Marie - 2007 III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. impétueuse entre le divin et le sacré, il leur était absolument impossible de ne pas s’incliner contre les colons venus d’Europe et qui furent considérés comme des dieux. La culture et la conception du sacré chez les Aztèques notamment (puisque c’est précisément eux qui eurent à affronter les forces de Cortes) préparaient déjà leur propre chute. C’est ainsi qu’une fois la cité de Mexico Tenochtitlan tombé, la soumission se fit relativement facilement. Cependant les mauvais traitements infligés par les Espagnols aux Indiens et la différence entre les paroles, les principes énoncés et les actes commis donnèrent lieu à des révoltes indigènes qui de basèrent sur le regain de magie. En effet, la volonté de ne pas se soustraire aux enseignements religieux entraîna un renouveau de magie au sein des survivants indigènes. Le refus du christianisme s’apparente alors à l’affirmation violente et désespérée de l’identité indienne à une volonté de retour à 106 la tradition païenne . Le refus des nouveaux dieux se fait avec une brutalité politique sans précédent. Dans cette réaction par l’irrationnel, par la magie des religions indiennes, nous pouvons lire l’élan désespéré de ces peuples de préserver l’identité qui est la leur et qui est basée sur cette magie qui unit le temps imaginaire et rêvé du futur au passé originaire. Dans le renouveau d’irrationnel exprimé par la présence en augmentation de la Santa Muerte au sein de l’espace de la ville de Mexico DF, on peut lire de la même manière une volonté de revendication identitaire. La modernisation politique, économique et sociale de la ville dont le contenu et l’idéologie a été imposée par les différents pouvoirs en fonction, soutenus par l’Eglise catholique, a choisi de mettre sous silence toute une partie de la population qui est restée en dehors des progrès réalisés. L’imposition du libre échange occidental au coeur de l’organisation du pays n’a fait que renforcer le silence des structures sociétales hérités d’un temps plus long de l’histoire. Il semble donc que l’on puisse attribuer ce regain de magie au coeur de la société chilanga (à travers la croyance et le culte en la Santa Muerte) à une volonté de réaffirmer une identité que les institutions publiques cherchent à écraser à écarter de l’espace public. Le silence public imposé à une partie de la population se traduit par la revendication d’une identité païenne et barbare autrement dit qui s’inscrit contre cette « civilisation » qui ne tient pas ses promesses, contre cette idée de la civilisation qui contredit ses propres principes, à laquelle elle répond par une liberté morale en toute chose et par un renouveau de l’irrationnel comme possibilité de concevoir le monde. 3) Mexico DF ou l’espace symbolique de la destinée du monde contemporain. L’étude de la croyance en la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF nous plonge donc au cœur de ce que J.M.G. Le Clézio qualifie de choc des rêves dans son ouvrage « Le rêve Mexicain », c'est-à-dire dans ce drame de la conquête qui voit l’anéantissement des cultures traditionnelles amérindiennes au profit du rêve matérialiste de l’Europe. Ce dualisme que nous avons mis en évidence au cours de cette dernière partie semble caractéristique de l’identité de la ville de Mexico DF qui fut le lieu cathartique du choc de la conquête. Mais si l’on approfondit la réflexion, il semble que cet espace, de par son identité, signale jusqu’à la satiété la fracture introduite par l’Europe dans les civilisations traditionnelles quelles qu’elles soient. La ville de Mexico DF trouve donc son identité dans la 106 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue (p 199) Denisot Marie - 2007 61 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. dialectique entre le crépuscule des civilisations ancestrales et l’aube d’une Europe obscure initiant la construction de son identité sur la destruction de l’altérité. La position des Etats-Unis, leader de l’Occident par excellence, en faveur du candidat de la droite libérale, mais surtout contre celui de la gauche populaire aux dernières élections présidentielles au Mexique est un très bon exemple de ce que nous venons de décrire. En effet, le candidat de gauche prévoyait de renégocier avec son voisin du nord le volet agricole de l’ALENA, traité de libre échange unissant les Etats-Unis, le canada et la Mexique dans la mesure où l’agriculture traditionnelle mexicaine souffre depuis la signature du traité d’une paupérisation sans précédent qui pousse la population agricole a délaisser cette activité et à venir grossir le flot des classes urbaines les plus défavorisées. On retrouve ici la parole de l’Occident qui incite à la possession par la domination de l’Autre et dans le mépris ce qui lie l’homme à ses origines. Finalement, la ville de Mexico DF apparaît donc comme l’espace par excellence de la construction et de la déconstruction du sens du destin du monde contemporain. 62 Denisot Marie - 2007 Conclusion Conclusion L’étude de ce que nous avons commencé par nommer le « phénomène de la Santa Muerte » et qui apparaît de prime abord, et pour le regard occidental qui fut notamment le mien lors de mon séjour dans la ville de Mexico DF, comme une curiosité religieuse, nous enseigne finalement beaucoup de l’espace dans lequel elle s’inscrit. Son esthétique dérangeante autant que fascinante, son existence problématique au sein de la société chilanga, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics et de l’Eglise catholique s’inscrivent dans des relations conflictuelles avec le reste de l’espace public au sein duquel nous l’avons analysée. C’est de ces différentes confrontations qu’émerge alors l’identité de la société qui vit sur l’espace de la ville. La Santa Muerte nous révèle une société aux lignes de fracture particulières entre une culture officielle et revendiquée comme celle de l’espace par les sphères du pouvoir, et une culture de l’ombre, exclue de la parole publique. Cette dernière s’exprime pourtant à travers la Santa Muerte qui fonctionne comme une représentation symbolique d’une identité au sein de l’espace public. La ville de Mexico DF nous apparaît alors sous le jour d’une identité duelle, bipolaire dont les deux niveaux de signification politiques semblent évoluer au sein du même espace, comme glissant l’une au dessus de l’autre, le plus souvent en s’ignorant réciproquement. De cette observation, il nous restait à déterminer le sens profondément politique. C’est ainsi que nous avons formulé l’hypothèse de mettre à jour celui-ci dans la temporalité de l’espace de la ville de Mexico DF, notamment dans la confrontation entre le temps long de l’espace, celui des peuples préhispaniques et le temps plus court de la modernité. De ce point de vue, l’origine syncrétique de l’identité de Mexico DF ne semblait pas satisfaisante dans la mesure où elle semblait oublier volontairement l’acte de naissance de la ville telle qu’elle existe aujourd’hui qui se trouve dans la conquête puis la colonisation de l’Amérique centrale par les Espagnols qui fut rendu possible par l’évènement historique d’une violence sans précédent : la chute de l’antique cité de Mexico Tenochtitlan. De ce choc entre ce que J.M.G. Le Clézio décrit comme le rêve d’or des Indiens et le rêve d’or et de possession des Espagnols, naît le silence éternel des civilisations traditionnelles de Méso-Amérique, et l’aube du colonialisme planétaire de l’Europe. Mais ce rêve de magie a laissé des traces, comme s’il continuait sa marche lente au cœur des terres mexicaines pour surgir sous forme d’explosions d’irrationnel. Ces dernières semblent sonner comme le chant du cygne des cultures préhispaniques anéanties par la victoire du rêve humaniste de l’Europe imposé par la force au moyen impitoyable de la morale chrétienne. Ainsi, l’étude de la croyance et du culte en la Santa Muerte nous emmène jusque dans cette rencontre, jusqu’à ce moment dramatique du basculement de l’histoire dont la ville de Mexico DF est le point d’encrage. Notre intention ou intuition de départ résidait justement dans la possibilité d’entrevoir l’identité de la ville de Mexico DF à partir de l’étude de la croyance et du culte en la Santa Muerte. Or il n’est pas surprenant de constater qu’un fait religieux (comme celui de la Santa Muerte) nous mène jusqu’au choc de la conquête puisque dans cette dernière l’Eglise catholique a joué un rôle sans précédent. En effet, dans des cultures où le monde est vue comme un tout unissant dans la même identité le réel et l’irréel, l’humain et le divin, les concepts moraux du catholicisme ont permis ce silence définitif des indiens. La ville de Denisot Marie - 2007 63 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Mexico DF est d’ailleurs le témoin de la brutalité de l’antagonisme religieux que met en scène la conquête, puisque sur la place centrale de la ville, celle du Zocalo, à coté des ruines de ce qui était le plus grand centre cérémoniel de la cité de Mexico Tenochtitlan se dresse l’imposante cathédrale construite par Cortes à la chute de la cité aztèque. Les deux monuments semblent représenter la violence cathartique du choc culturel que fut la conquête pour l’éternité. Ainsi, plus que dans tout autre endroit peut-être, le facteur religieux semble raconter à Mexico DF, l’identité de la ville. Enfin, et pour élargir peut-être l’impact du sujet, il semble que ce dernier en dehors ce qu’il nous apprend sur lui-même, c'est-à-dire sur l’identité de la ville de Mexico DF, c’est sur la manière même d’aborder l’événement historique de la conquête qu’il nous renseigne. En effet, nos sciences sociales occidentales ont tendance à envisager cet épisode d’un point de vue essentiellement technique, réel, en s’appuyant notamment sur l’inégalité technique des deux civilisations qui se rencontrent pour la première fois au moment de la conquête. Or c’est encore une manière de considérer l’histoire de cette rencontre du point de vue unidimensionnel de l’Occident qui place la valeur matérielle au dessus de tout autre et qui tend à lire l’histoire selon cette dernière. Pourtant, comme nous avons pu le voir la culture même des peuples préhispaniques, leur propre conception du monde comme un rêve de magie entrouvrait la possibilité de leur perte définitive. Cette approche du phénomène de la Santa Muerte se voulait donc également, dans la mesure du possible, militante. « La réalité est un secret, c'est en rêvant qu'on est près du monde » J.M.G. Le Clézio, Ailleurs. 64 Denisot Marie - 2007 Bibliographie Bibliographie Définitions et concepts Dictionnaire Larousse 2004, 1014 p. LAMIZET Bernard. Cours de « Médiation », « Communication Politique » et « Politique Culturelle » Institut d' Études Politiques de Lyon, 2004, 2005, 2006, 2007. LAMIZET Bernard. Séminaire. Institut d'Études Politiques de Lyon, 2006/2007 Livres étudiés LE CLEZIO Jean-Marie. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. Paris, Gallimard, 2004, 273 p. LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. Paris, Arléa, 1997, 125 p. Livres explorés AMBROSIO Juan. La Santa muerte, Biografía y culto. México, Planeta, 2003, 131 p. ARENDT Hannah. Penser L’évenement.Traduction française Claude Habib. Belin, 1989. ARIDJIS Homero. 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Santa Muerte. Cartel de Santa, 2003. Filmographie GONZALEZ INARRITU Alejandro. Amorres Perros. 2000, 153 min. GOMEZ Fermin. Don de Dios. 2003, 92 min. Photographie SALGADO Jorge. Espera, technique numérique, 2004, (consultée le 16 juin 2007) http://www.treklens.com/gallery/North_America/Mexico/photo58749.htm http://www.revista.unam.mx/vol.7/num8/art65/int65.htm Denisot Marie - 2007 67 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Annexes Annexe 1 : Photographies de la Santa Muerte 68 Denisot Marie - 2007 Annexes Annexe 2 : Paroles de la chanson Santa Muerte de Cartel de Santa. Especial dedicacion a mi santa muerte por protegerme y proteger a toda mi gente por ser justa entre las justas por dejarme seguir vivo por darme la fuerza para castigar al enemigo por la vendicion a mi fierro pulso sertero y por poner a mi lado una jauria de fieles perros No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Estoy listo pa' cuando usted guste y mande santa madre no quiero molestarle yo llegue para quedarme en el recuerdo de mis dos familias la de sangre y la que se le conoce en las esquinas mi jauria banda que crece en soledad que muchas veces aunque tienen a su jefes no saben lo que es una familia de verdad usted abre nuestros ojos a la realidad dicen Denisot Marie - 2007 69 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. que morir es despertar yo no se si hay un cielo o un infierno pero lo unico seguro en esta vida es ustedes solo entiendo. No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Santa muerte cumplo con mi ofrenda y solo la inspiracion cumple con el favor por que eso va hacer que mi disco venda que mis perros entiendan que usted es la puerta la nueva aventura no se si lo que creo es producto de mi locura pero si me voy yo primero alla los espero para seguir quemandonos la pastura rompan las ataduras y todos los prejuicios si les preocupa su cuerpo midanse con los vicios despertar debe ser como ir callendo a un precipicio donde al llegar al suelo te das cuenta de que estas en el inicio No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Especial dedicacion a mi santa muerte por protegerme y proteger a toda mi gente por ser justa entre las justas por dejarme seguir vivo por darme la fuerza para castigar al enemigo por la bendicion a mi fierro pulso sertero y por poner a mi lado la jauria de fieles perros cuando usted me invite nos vamos por ahi. Annexe 3 : Exemples de tatouages de la Santa Muerte. 70 Denisot Marie - 2007 Annexes Annexe 4 :Exemples de prières dédiées à la Santa Muerte. Oración a la santísima muerte En en nombre del Padre del Hijo y del Espíritu Santo, inmaculado ser de luz, te imploro me concedas los favores que te pida, hasta el último día, hora y momento Denisot Marie - 2007 71 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. en que su Divina Majestad ordene llevarme ante su presencia. Muerte querida de mi corazón, no me desampares con tu protección. Oración a la santa muerte para atraer al ser amado Santa Muerte, auxiliadora de los hermanos que se encuentran sin amor; te invoco para que atraigas a mi vida (decir en este momento el nombre de la persona deseada) para que por medio de amor y felicidad sea quien llene mi alma de paz y tranquilidad, ya que en la energía divina que fluye dentro de mi corazón, están depositadas las virtudes de todo el universo, pues Dios Padre Universal ayudará para que esto sea realizado. Terminada la oración, inmediatamente debe encender una vela roja para que atraiga a es ser amado por el amor divino. Rece tres Padrenuestros y esta oración diariamente. Oración a la santa muerte para atraer la buena fortuna en los negocios y en el hogar. (Si reza esta oración, la Santa Muerte le auxiliará en sus ventas y en la paz de su hogar.) Muerte Querida de mi corazón, no me desampares de tu protección y desde este momento cubre mi casa, trabajo o negocio para que atraigas energías blancas del Universo para que nunca falte nada y que todas nuestras necesidades sean cubiertas por la energía Divina 72 Denisot Marie - 2007 Annexes del Dios Padre. Por las virtudes que tú posees lograré vencer todos los obstáculos y no se interpondrán personas que sean mi mal, sino gente positiva que sólo sabe amar y respetar a todos los seres humanos que habitamos en este planeta. No ambiciono riquezas, sino una vida justa y sin carencias de nada protégeme de noche y de día. Posteriormente se rezan tres Padrenuestros y se enciende una vela blanca para agradecer los favores de Dios Padre. Oración a la santa muerte para limpiar un negocio. la limpia: Esta debe realizarse cada semana en el local, oficina o taller donde desee hacer Ingredientes: Una imagen de la Santa Muerte 7 ramas de romero Agua de siete iglesias 7 velas blancas. Instrucciones: 1.Coloque la imagen de la Santa Muerte en un altar y encienda una vela blanca. 2.En un recipiente debe vaciar el agua de las siete iglesias, después deberá colocar las 7 ramas de romero dentro del mismo y dejar la mezcla por espacio de 7 días. 3.El recipiente con la mezcla se deja frente a la imagen de la Santa Muerte. Al transcurrir el tiempo señalado riegue el agua en su negocio y repita 7 veces la siguiente oración: Romero bendito de dios consagrado que fuiste nacido no fuiste sembrado. Romero bendito, Denisot Marie - 2007 73 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. por la virtud que Dios te ha dado, te pido que entre lo bueno y salga lo malo. Finalmente rece un Padrenuestro y tres Avemarías y la Santa Muerte estará siempre a su lado para ayudarle. NOVENA (Oración para todos los días) Se requiere una prenda o un retrato que haya pertenecido por un tiempo a la persona que te abandonó o a quien se trate de atrapar. Si se trata de una fotografía, debe escribirse al reverso el nombre de la persona interesada con el apellido de la persona ausente o a cautivar y abajo el nombre de la persona a atrapar (o ausente) con el apellido de la persona interesada (a esto se le llama en magia "ligar") Se toma el retrato y la estampa de la Santa Muerte, se deben atar en cruz (con un listón rojo ), hasta que sobren cuatro dedos de punta. La primera noche se hace un nudo, rezando la oración de la Santísima Muerte, la foto se ata junto con la imagen, formando un nudo noche a noche durante nueve días. En el supuesto caso que no diera buenos resultados rápidamente, se debe dejar descansar una noche y a la siguiente se debe iniciar nuevamente la Novena. Lo anterior debe realizarse en un aposento a solas, sin olvidar que la petición debe hacerse con mucha paciencia y más fe, hasta que se completen tres Novenas. Algo importante es que la oración se reza a avanzadas horas de la noche, ya que el objetivo es localizar al espíritu de la persona cuando se encuentre descansando. El trabajo se realiza una vez, aunque se hagan más Novenas. (Nota: según el género del practicante, puede decirse fulano o fulana y también en plural, adaptando la plegaria según sea el caso específico.) "JACULATORIA " Muerte querida de mi corazón para que no me desampares de tu protección. Y no des a fulano (decir nombre de la persona) un solo momento de paz, inquiétalo a cada instante y no dejes de molestarlo para que siempre piense en mí. Amén (se rezan 3 Padrenuestros). Source : http://mx.geocities.com/e_franciscomx/Oraciones-LSM.html 74 Denisot Marie - 2007 Annexes Annexe 5 : Exemple de mises en garde contre la santa Muerte sur un site Internet catholique. ¿Quién es la muerte? “Morir, sólo es morir. Morir, se acaba...” Así describe el muy recordado escritor José Luis Martín Descalzo a la muerte. Y más que un estilo poético, recalca una verdad de fe. La muerte es una consecuencia de nuestro pecado original. No es un castigo de Dios, sino una privación de los bienes que tenían Adán y Eva antes de desobedecer a Dios Padre. Cristo quiso hacerse hombre, padecer, morir y después resucitar para alcanzarnos la salvación eterna. De esta forma, la muerte para el cristiano, aunque no deja de ser dolorosa y misteriosa, tiene un sentido positivo y se convierte en un paso de este mundo al Cielo en donde estaremos en presencia de Dios, y en donde tendremos dicha completa. Por eso, se entiende esta frase bíblica: “ Cristo ha vencido a la muerte”. ( Catecismo de la Iglesia Católica nos. 410-421, 1010-1014). Con la muerte se experimenta una separación real de cuerpo y alma. El cuerpo del hombre continúa un proceso de corrupción –como cualquier materia viva– mientras que su alma va al encuentro de Dios. Esta alma estará esperando reunirse con su cuerpo glorificado. Con la resurrección, nuestros cuerpos quedarán incorruptibles y volverán a unirse con nuestras almas. Dios nos dio una vida temporal en la tierra para ganarnos la vida sobrenatural. Con la muerte termina nuestra vida en la tierra. ( Juan 5, 29, cf. Dn. 12,2). Desde que Cristo venció la muerte y nos dio nueva vida, el cristiano mira a la muerte con una gran esperanza. Esto no quita, sin embargo, que uno sufra cuando ve que nos dejan los seres que más amamos, o sienta miedo cuando vea que le llega la hora de la enfermedad y de la muerte. Pero también, en medio del dolor y del sufrimiento, el cristiano puede levantar los ojos y contemplar a Cristo, que dio su vida por nosotros, que murió a nuestro lado, que nos rescató con su Resurrección y nos espera con los brazos abiertos en la vida futura. Cristo nos dice: "Yo soy el Camino, la Verdad y la Vida" (Jn 15). Por medio de la muerte nosotros llegamos a la vida. No podemos estar en el Cielo si no dejamos la vida terrena. Por lo tanto, es un paso necesario para llegar al Cielo. La muerte a todos nos puede causar tristeza. Pero no nos puede abatir. ¡Cristo es la respuesta a la vida y a la muerte! ¿A Quién se le debe culto? Bien conocido es el pasaje del Evangelio en el cual un doctor de la Ley le pregunta a Jesús sobre cuál es el principal mandamiento de la Ley y la respuesta: “Amarás a tu Dios con todo tu corazón, con toda tu alma y con toda tu mente. Este es el mayor y primer mandamiento”. (Mateo 22, 36-38). Ya en el Antiguo Testamento, encontramos el mandato de Dios: “Yo, el Señor, soy tu Dios, que te ha sacado del país de Egipto, de la casa de la servidumbre. No habrá para ti otros dioses delante de mí” . (Ex. 20, 2) Este mandato lleva como consecuencia la necesidad de vivir la fe, la esperanza y la caridad. Así como la virtud de la religión. La virtud de la religión es la virtud moral, por la cual el hombre tributa a Dios el culto que le es debido en justicia, como Creador y Ser Supremo. Amar a Dios como al Ser supremo es una virtud. Podemos definir la virtud de la religión como el hábito de amar a Dios por encima de todo. Se exterioriza por medio de los actos de culto y por el cumplimiento de los Mandamientos. El culto: son las acciones a través de las cuales el hombre expresa su relación de amor y respeto a Dios. Existen diferentes tipos de culto: Interno: culto que se rinde a Dios en la conciencia, en el corazón, en la inteligencia y la voluntad. Es el fundamento de la virtud. (Mateo 15, 8) Como pueden ser la devoción, es decir, la disponibilidad y la generosidad ante lo referente al servicio a Dios, y la oración. Externo: manifestaciones externas en actos visibles, de la relación que se vive con Dios. Hay diferentes categorías de culto: Adoración: culto interno y externo que se tributa a Dios y que en sentido estricto solo se debe a Él, porque como criaturas sólo existimos por Él. Se llama de “latría”. Veneración: culto que se tributa a los santos. A ellos Denisot Marie - 2007 75 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. nos encomendamos para que nos alcancen por su intercesión las gracias de Dios. Este culto se llama de “dulía”. Una veneración especial: reservada a la Santísima Virgen por su dignidad de Madre de Dios. A este culto se le llama de "hiperdulía”. El culto a las imágenes sagradas, fundado en el misterio de la Encarnación del Verbo de Dios, no es contrario al primer mandamiento. El que venera una imagen, venera en ella al modelo, a la persona que representa. Es una veneración respetuosa no una adoración que sólo corresponde a Dios.(Catesismo 2132, 2141) ¿Es Santa la “niña blanca”? Recordemos que sólo la Iglesia, guiada por el Espíritu Santo, tiene la facultad de proclamar la santidad de una persona. Cuando popularmente se tiene a un difunto como santo que no ha sido reconocido por la Iglesia, puede ser que: 1. La devoción de la gente acierte y años más tarde el difunto sea oficialmente reconocido por la Iglesia como santo. 2. Puede que el difunto sea santo pero que nunca sea reconocido canónicamente. 3. Puede que la gente se equivoque. La gente se identifica con quien tuvo luchas, sufrimientos y tragedias. Pero no es suficiente sufrir para ser santo, hace falta vivirlo todo con heroico amor y fidelidad a Jesucristo. La devoción a los verdaderos santos está orientada a imitarlos en su total obediencia a Dios. Para concluir recordemos lo que la Sagrada Congregación para el Culto Divino ha dicho sobre los peligros que pueden desviar la piedad popular y las sugerencias que propone para poner remedio a estas eventuales limitaciones y defectos que de ella se derivan. 65.El Magisterio, que subraya los valores innegables de la piedad popular, no deja de indicar algunos peligros que pueden amenazarla: presencia insuficiente de elementos esenciales de la fe cristiana, como el significado salvífico de la Resurrección de Cristo, el sentido de pertenencia a la Iglesia, la persona y la acción del Espíritu divino; la desproporción entre la estima por el culto a los Santos y la conciencia de la centralidad absoluta de Jesucristo y de su misterio; el escaso contacto directo con la Sagrada Escritura; el distanciamiento respecto a la vida sacramental de la Iglesia; la tendencia a separar el momento cultual de los compromisos de la vida cristiana; la concepción utilitarista de algunas formas de piedad; la utilización de "signos, gestos y fórmulas, que a veces adquieren excesiva importancia hasta el punto de buscar lo espectacular"; el riesgo, en casos extremos, de "favorecer la entrada de las sectas y de conducir a la superstición, la magia, el fatalismo o la angustia". 66. Para poner remedio a estas eventuales limitaciones y defectos de la piedad popular, el Magisterio de nuestro tiempo repite con insistencia que se debe "evangelizar" la piedad popular, ponerla en contacto con la palabra del Evangelio para que sea fecunda. Esto "la liberará progresivamente de sus defectos; purificándola la consolidará, haciendo que lo ambiguo se aclare en lo que se refiere a los contenidos de fe, esperanza y caridad". En esta labor de "evangelización" de la piedad popular, el sentido pastoral invita a actuar con una paciencia grande y con prudente tolerancia, inspirándose en la metodología que ha seguido la Iglesia a lo largo de la historia, para hacer frente a los problemas de enculturación de la fe cristiana y de la Liturgia, o de las cuestiones sobre las devociones populares. Source : http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php? id=21521 Annexe 6 : Les lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF. 76 Denisot Marie - 2007 Annexes Vue générale des lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF. Denisot Marie - 2007 77 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. Source : http://www.maps-of-mexico.com/distrito-federal-df-mexico/mexico-df-distritofederal-mexico-map-main.shtml Annexe 7 : Liste des principaux sites Internet mentionnant la Santa Muerte. Sites mentionnant la Santa Muerte. http://mx.geocities.com/e_franciscomx/LaSantaMuerte.html http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm http://www.santamuerte.galeon.com/ http://muertesanta.galeon.com/ http://www.univision.com/content/content.jhtml?cid=242599 http://www.desdelafe.com.mx/index.php? option=com_content&task=view&id=561&Itemid=31 http://articulo.mercadolibre.com.mx/MLM-14571534-amarre-de-la-santa-muerte-solocasos-dificiles-_JM 78 Denisot Marie - 2007 Annexes http://www.meta-religion.com/Religiones_del_mundo/Otras/santa_muerte.html http://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558-VGP http://www.conaculta.gob.mx/saladeprensa/2004/03mar/muerte.htm http://miarroba.com/foros/ver.php?foroid=1061577&temaid=5754423 http://www.armagedon.com.mx/lasantamuerte/ http://foro.univision.com/univision/board/message? board.id=santamuerte&message.id=24378 http://akanis.blogspot.com/2007/02/blog-post.html http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm http://santamuerte1.galeon.com/ http://mundodesombras.com/?cat=21 http://www.istmoenlinea.com.mx/articulos/28412.html? PHPSESSID=6263fe8c84deadd http://www.arcane-archive.org/religion/santa-muerte-revista-gratuita-1.php http://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.html http://www.pedroengel.cl/santamuerte/index.html http://www.uaq.mx/fcps/tribuna/332/soc11.htm http://kikeblogg.blogspot.com/2006/05/sensacional-de-mercados-3-santa-muerte.html http://casadelasantamuerte.spaces.live.com/ Sites Internet où l’on peut acheter des articles en relation avec la Santa Muerte http://www.elistas.net/lista/redsantamuerte/archivo/msg/173/ http://articulo.mercadolibre.com.mx/MLM-14571534-amarre-de-la-santa-muerte-solocasos-dificiles-_JM http://www.santamuerte.galeon.com/ http://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558-VGP Forums http://foro.univision.com/univision/board?board.id=santamuerte http://forums.terra.com/foros/horoscopo/Mistisismo_y_Esoteria_F57/ mensaje_P709073 http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/ http://boards5.melodysoft.com/app?ID=redsantamuerte http://mx.answers.yahoo.com/question/index?qid=20060623140827AAgpMAQ http://manueldiez.blogspot.com/2007/06/los-amantes-de-la-santa-muerte-i_878.html Denisot Marie - 2007 79 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. http://foros.hispavista.com/esoterismo_ocultismo/2/809644/m/la-santa-muerte/ http://www.ochocuartos.com/archivo/2006/12/05/por-la-ciudad/la-santa-muerte-.php http://www.pedroengel.cl/cursos/Santa%20Muerte.htm http://www.tusantamuerte.com/ http://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.html http://deliriosdelfauno.blogspot.com/2007/04/la-santa-muerte.html http://www.misrespuestas.com/que-es-la-santa-muerte.html http://mx.groups.yahoo.com/group/lasantamuerteclubdemagia/ http://foros.forosmexico.com/archive/index.php?t-30927.html Articles d’opinion. http://www.elporvenir.com.mx/notas.asp?nota_id=70694 http://www.jornada.unam.mx/2005/06/01/024a1eco.php http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=114661 http://www.gentesur.com.mx/articulos.php?id_sec=7&id_art=405&id_ejemplar=137 http://www.periodismocatolico.com/archivo/b031022/06.htm http://www.el-universal.com.mx/espectaculos/77217.html http://www.cuatro.com/microsites/cuartomilenio/programa32.html http://revistaespejo.iglesiatriunfante.com/modules.php? name=News&file=article&sid=2272 http://www.jornada.unam.mx/2007/04/07/index.php? section=espectaculos&article=a08n1esp http://www.voltairenet.org/article125582.html http://www.esmas.com/nationalgeographic/reportajes/493798.html http://www.comunidadcristiana.agenciacatolica.com/modules/news/article.php? storyid=273 http://www.milenio.com/index.php/2007/06/22/84001/ http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/latin_america/newsid_4500000/4500899.stm http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=139132 http://www.eluniversal.com.mx/notas/435022.html http://www.elsalvador.com/hablemos/2004/280304/280304-5.htm Annexe 8 : Exemple de bulletin d’information que l’on peut recevoir gratuitement par le biais d’un site Internet. ©LA RED DE LA SANTA MUERTE www.santamuerte.galeon.com Desde México, Distrito Federal para 3119 suscriptores certificados por eListas y 2300 suscriptores a través de nuestro servidor, en todo el mundo. 80 Denisot Marie - 2007 Annexes Número 9 PRIMERA QUINCENA AGOSTO 2007 ©LA RED DE LA SANTA MUERTE es la primera revista boletín digital de suscripción gratuita para ayudarte a conocer a la Santísima Muerte mexicana de cerca. Si deseas recibir gratuitamente ©LA RED DE LA SANTA MUERTE entra a http:// www.eListas.net/lista/redsantamuerte/alta y date de alta. Periódicamente recibirás en tu correo nuestra revista boletín con información que en ningún otro lugar encontrarás. Si deseas cancelar tu suscripción entra a http://www.elistas.net/lista/redsantamuerte/ baja y date de baja. Para cualquier duda sobre los artículos, las recetas o rituales que aquí publicamos escríbenos inmediatamente. Lo mismo nos interesa tu opinión, el intercambio con otros lectores devotos de la Señora, así como tu apoyo para que publiquemos más recetas rituales y trabajos que te hayan funcionado y desees compartir con otros lectores. Si quieres un tema en especial pídelo y por supuesto no dejes de recomendar esta red entre todos los devotos de la Santísima Muerte. El correo es [email protected] También te sugerimos visitar nuestra página www.santamuerte.galeon.com EN ESTE NUMERO TE PRESENTAMOS AGOSTO MES DE LA SANTA MUERTE 1. 2. 3. 4. 5. CUANDO NO PODEMOS TENER UN ALTAR EN NUESTRA CASA (Segunda parte) SIGUE LA COLABORACIÓN CON JUAN AMBROSIO NUESTRO DIRECTORIO DE CAPILLAS ABIERTAS AL PÚBLICO RITUAL PARA LLAMAR A LA PAREJA QUE ESTÁ LEJOS DE NOSOTROS EL CORREO DE LA SANTA MUERTE (PREGUNTAS DEL LECTOR AGOSTO MES DE LA SANTA MUERTE Es un gusto saludar a todos los miembros de LA RED DE LA SANTA MUERTE en este mes de agosto que como muchos saben se festeja a la Santa Muerte en dos de sus santuarios más importantes el de Tepatepec, Hidalgo y el de Tepito en la ciudad de México. Como lo habíamos señalado en nuestro número anterior nuestro amigo Carlos Aguilar nos informó que se cambió la fecha del festejo del Santuario de Nuestra Señora en Tepatepec, Hidalgo. Al parecer, según nos dice Carlos, va a ser el día 18 de agosto y no el 20 como tradicionalmente se acostumbra. Recién también se llevó a cabo la celebración en Zacatecas donde el 27 de julio pasado varios miembros de la Red estuvimos presentes para su festejo. Con esto podemos decir que entre finales de julio y principios de agosto se llevan a cabo las principales festividades de la Señora, aunque no hay que olvidar que a lo largo del año hay otras fechas de las que estamos al pendiente para llevarles los pormenores. Por esta razón pedimos a nuestros miembros que los días de celebración hagan oración junto con los días en que normalmente lo hacemos. Recuerda que la plegaria que usamos está en nuestra página www.santamuerte.galeon.com para que todos podamos fortalecer nuestras súplicas a una misma hora. Como ya es costumbre y debido a la gran cantidad de gente que no se ha podido inscribir en nuestros cursos vamos a seguir con ellos durante este mes para que vayan Denisot Marie - 2007 81 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. apartando su lugar con tiempo suficiente. Nuestra amiga Marilotzin encargada de los mismos les hará llegar en unas horas más las respectivas invitaciones. En cuanto a nuestro directorio de capillas públicas nuestro amigo Juan Ambrosio ya está terminando la primera parte que será puesto en nuestra página principal y que iremos publicando en este mismo boletín. Recuerden que si saben de capillas que estén abiertas al público escríbanos para poder incluirlas aquí. También nos comenta Juan que ha recibido mucho apoyo por parte de todos los integrantes de la red sobre las publicaciones que han aparecido en todo el país y aún fuera de él y donde se habla de Nuestra Señora por lo que seguimos pidiendo su colaboración para tener todas las noticias que vayan surgiendo. Finalmente les cometamos que en un par se semanas volveremos con nuestras promociones de platería que tanto han gustado por lo que les pedimos estén al pendiente. Por favor les pedimos a todos los miembros de la RED que estén interesados en algún tema en especial, pídanlo y en la medida de nuestras posibilidades estaremos publicándolo en nuestro boletín o en nuestra página, recuerden que todas las sugerencias son bienvenidas así como las críticas o comentarios. Recuerden que esta revista boletín es gratuita, por lo mismo tratamos de que llegue al mayor número de creyentes, si quieres consultar los números pasados ve a nuestra página central de suscripción y allí encontraras los números anteriores así como los suplementos en nuestra sección de mensajes. También estamos trabajando sobre la página y las numerosas propuestas y sugerencias que nos hacen para mejorarla. Si tienes algo que decirnos no dudes y mándanos un correo a [email protected] y con gusto te responderemos a la brevedad posible. Patricia Vázquez CUANDO NO PODEMOS TENER UN ALTAR EN NUESTRA CASA (Segunda parte) Por Marilotzin En el número pasado vimos algunas formas de representar a la Santa Muerte en nuestra casa, esto solamente cuando había razones fuertes para no tener la imagen como debe ser. Ahora y para concluir vamos a ver como se le representa por medio de una veladora blanca y un vaso con agua. Es una forma aparentemente sencilla pero como todo, tiene sus pros y sus contras. La representación de la Señora por medio de una veladora blanca y el vaso con agua tiene un significado, un simbolismo; agua y fuego en perfecto equilibrio, el agua es muerte pero en su contenido hay vida es creación de vida, y el fuego es lo que da la fuerza para que esa vida que viene de la muerte exista. Entonces si ponemos un vaso con agua y una veladora blanca estaremos indicando que allí esta la esencia de Nuestra Señora, pero debemos cumplir con ciertos requisitos y características. Primero la veladora siempre deberá estar encendida, algo difícil de conseguir, ya que si no hay luz, no hay fuerza y pierde sentido la representación de la Señora. Segundo, el agua debe ser cambiada constantemente ya que no se puede permitir un estancamiento de la energía en el agua. Un estancamiento igual que la falta de luz rompe el simbolismo. 82 Denisot Marie - 2007 Annexes Tercero, la representación de Nuestra Señora de esta forma debe consagrase en luna llena. Cuarto, este tipo de representación de Nuestra Señora se usa normalmente cuando hay algún enfermo en casa, en hospitales o cuando pasamos por ciertos problemas de armonía entre los miembros de un hogar. Quinto, por lo general sólo se usa por temporadas de nueve días ya que es difícil mantener en perfecto equilibrio los dos elementos. Por esta razón solamente lo indicamos cuando efectivamente tengamos algún enfermo en casa y no como una representación permanente. Bueno, por ahora terminamos con las representaciones de la Señora no sin antes indicar que hay otras formas de señalarla, representarla o formarle un altar pero hay que tener ciertos conocimientos un poco más amplios para ello. Por lo que siempre sugerimos lo más sencillo que es tenerla tal y como deber ser, en toda su fuerza y esplendor, por lo que en lugar de buscar una alternativa para indicar su presencia en nuestra casa, mejor busquemos la forma de hacerles saber a los demás que ella es nuestro amparo y por lo mismo deben respetar nuestra creencia. Si hubiera alguna duda escríbenos a [email protected] poniendo en asunto, pregunta a Marilotzin, y con gusto te responderé en nuestro siguiente número. SIGUE LA COLABORACIÓN CON JUAN AMBROSIO Nuestro amigo el escritor Juan Ambrosio, autor del libro LA SANTA MUERTE, BIOGRAFÍA Y CULTO agradece el apoyo que ha recibido por parte de los miembros de la RED para obtener información que constantemente está apareciendo en los periódicos, revistas y volantes de las distintas ciudades hasta donde llega este boletín ya que gracias a eso tenemos muchos más datos sobre el culto a la Señora en todo el país y aun fuera de él. Por lo que continuamos solicitándoles su apoyo en esta labor que sin duda ayudará a conocer más sobre nuestra Santísima Muerte. La información se puede mandar con el recorte de la página del periódico, revista o folleto o en copias. También se puede enviar el periódico, revista o folleto completo o se puede escanear la nota y mandarla por correo electrónico. La dirección de correo normal dónde pueden enviar su material es: Juan Ambrosio Apdo. Postal 120-003 Cruz Verde Núm. 54 Col. Cuauhtémoc C.P. 10021 México. D.F Si lo van a mandar por correo electrónico escriban a: [email protected] CAPILLAS DE LA SANTA MUERTE ABIERTAS AL PÚBLICO También agradecemos a todos los devotos y miembros de la RED que nos han estado enviando direcciones propias o de otros de capillas abiertas al público donde se venera a Nuestra Señora. Por supuesto que atendemos las sugerencias que nos hacen en el sentido de que los datos que solicitábamos la vez pasada a muchos les parecieron excesivos, por lo que ahora y con la idea de tener más lugares a dónde acudir a expresar nuestro fervor les pedimos solamente los siguientes datos: Denisot Marie - 2007 83 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. 1. UBICACIÓN DE LA CAPILLA.- Es decir la dirección completa y si se puede un breve croquis del lugar. También conviene saber que medios de transporte se usan para llegar a la capilla. 2. PERSONA O PERSONAS RESPONSABLES DE LA CAPILLA.- Su nombre dirección, teléfono o alguna forma de comunicarse con ellos.. 3. TIEMPO QUE LLEVA LA CAPILLA ABIERTA.- El tiempo desde que se abrió hasta la fecha 4. HORARIO DE VISITA. Que horario manejan y en que días. 5. ACTIVIDADES DE LA CAPILLA.- Pueden ser novenarios, rosarios, días de oración o cualquier actividad que allí se realice. 6. SI ES POSIBLE, MANDAR FOTOGRAFIAS DE LA CAPILLA Y DEL ALTAR PRINCIPAL. Como señalábamos en el número anterior, normalmente nuestro amigo Juan Ambrosio visita muchas capillas, pero hay algunas que están muy distantes, por lo mismo y para darlas a conocer es necesario que salgan a la luz. A partir de los siguientes números comenzaremos a publicar las direcciones de las capillas para que todo devoto sincero pueda visitarlas. De igual forma vamos a estar subiendo la información a nuestra página www.santamuerte.galeon.com La información debe enviarse al correo de la RED [email protected] en asunto poner REGISTRO DE CAPILLA RITUAL PARA LLAMAR A LA PAREJA QUE ESTÁ LEJOS DE NOSOTROS Por Marilotzin Hemos recibido numerosas peticiones para publicar un ritual de atracción para las parejas que se encuentran lejos de nosotros por distintas causas. Como siempre lo he dicho la Fe es un de los elementos principales para que resulte nuestro trabajo. Así que armémonos de mucha FE y consigamos lo siguiente: Una foto de la persona que está lejos, si no la tenemos podemos usar alguna prenda que tengamos de él o ella. Sólo si tu fe es muy grande puedes usar el nombre solamente. Una foto tuya. (Las fotografías pueden ser en cualquier tamaño, te sugerimos que le saques una copia si es la única imagen que tienes ya que con el trabajo se pueden maltratar.) Una imagen de la Santa Muerte en color rojo, puede ser en cualquier tamaño pero una mediana o pequeña serían las más indicadas. Una piedra imán, o un imán. Una veladora roja untada con miel y agua bendita Una bolsita pequeña de tela roja, debe ser tela natural. Hilo rojo, debe ser también natural, nada sintético FORMA DE TRABAJAR Este ritual se debe realizar durante siete días seguidos como mínimo comenzando un lunes por la mañana y terminando un sábado por la noche. 84 Denisot Marie - 2007 Annexes El domingo por la mañana vamos a dormirnos con la fotografía de la persona que deseamos regrese. El lunes por la mañana nos levantaremos con mucho ánimo, nos bañaremos y nos arreglaremos como para salir a trabajar. Ya preparadas vamos a dirigirnos a nuestro altar personal con la foto de la persona que deseamos regrese. Allí va a estar lista ya nuestra imagen de la Santa Muerte, limpia y preparada, en otros números hemos mencionado como hacerlo. Enseguida vamos a tomar la foto de la persona y con la mano izquierda vamos a pedirle a Nuestra Señora con toda nuestra alma que esta persona vuelva con nosotros. Prendemos a hora nuestra veladora roja ya preparada mientras hacemos la oración de Jesucristo vencedor. Una vez que consigamos una llama estable, vamos a tomar nuestra fotografía y la vamos a unir con la fotografía de la otra persona. Nuevamente haremos la oración de Jesucristo vencedor. Recuerda que tu petición debe hacerse con fuerza y sin llorar. Terminada la oración vamos a unir con el hilo rojo las dos fotos al menos 27 vueltas aunque las fotos queden como cigarro. Cuando terminemos vamos a poner las fotos en la bolsita roja y le agregaremos el imán que previamente vamos a rociar con agua bendita. Con todo dentro de la bolsita la rociaremos con el agua bendita, nuevamente y la uniremos a la base de nuestra imagen. Por tercera vez haremos la oración de Jesucristo vencedor mientras unimos la bolsita con las fotos y el imán dentro a la base de la imagen con mínimo 27 vueltas. (Cuando decimos que va unida al base nos referimos a la altura de la cintura hacia debajo de la imagen). Terminada la acción por cuarta vez haremos la oración de Jesucristo vencedor y al terminar diremos QUE TU VOLUNTAD SE CUMPLA SIEMPRE SEÑORA MÍA. Esto por tres veces. Finalmente nos quedaremos allí el tiempo que consideremos razonable y dejaremos que la veladora se consuma. Podemos dejar la veladora allí o apagarla por cuestiones de seguridad, eso depende de cada quien. En la noche del martes y hasta el sábado que terminemos, prenderemos la veladora o si ya estaba prendida haremos la misma oración que estamos haciendo. Si la veladora se termina antes debemos tener lista otra para que no dejemos sin luz nuestro trabajo. Todo el ritual se puede repetir por tres veces dejando el domingo como separación. Es importante que nos fijemos si el hilo que ata la bolsa a la imagen de Nuestra Señora se afloja o permanece. En la medida en que se afloje hay otros obstáculos que nos separan de la persona, si por el contrario permanece firme podemos saber que nuestro petición va bien. SI DESEAS QUE TRATEMOS ALGUN RITUAL EN ESPECIAL DIRECTAMENTE A NUESTRO CORREO [email protected] PÍDELO Los materiales para hacer el ritual son muy fáciles de conseguir pero si necesitaras alguno puedes consultarme en la TIENDA DE LA SANTA MUERTE donde contamos con todo lo necesario. HAGO AMULETOS DE LA SANTA MUERTE PARA ATRACCIÓN, PROTECCION Y PROSPERIDAD CONSAGRO, DIJES, ESTAMPAS Y FIGURAS DE LA SANTA MUERTE Denisot Marie - 2007 85 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. SI TE INTERESAN [email protected] PIDE INFORMES AL SIGUIENTE CORREO. TAMBIEN TENEMOS FIGURAS EN BULTO DE LA SEÑORA Y MANTELES BORDADOS A MANO EL CORREO DE LA SANTA MUERTE (PREGUNTAS DEL LECTOR) ESTA SECCIÓN ES PARA QUE PREGUNTES SOBRE CUALQUIER TEMA RELACIONADO CON LA SANTISIMA MUERTE. COMO SON REALMENTE MUCHOS LOS CORREOS QUE NOS LLEGAN NOS VEMOS EN LA NECESIDAD DE EDITAR ALGUNAS PREGUNTAS POR LIMITACIONES DE ESPACIO PREGUNTA.- Hola como están. Tengo una duda con respecto con la novena, después de rezar la novena que mas tiene que hacer para atracción de la persona y cuanto tiempo hay que esperar y de que color es más aconsejable la veladora, como el caso mío es que tengo que ir atrabajar y la casa queda sola en el día, se puede apagar para mayor seguridad y no provocar algún fuego. Gracias, ojala que me ayuden con mi duda. y pueda triunfar yo tengo fe que me sale todo bien. Espero respuesta. RESPUESTA POR MARILOTZIN.- Amiga la veladora o velón que se usa para la novena debe de ser roja, ahora bien si la casa queda sola puedes apagar la veladora, en su lugar deja un vaso con agua mineral. En cuanto al tiempo que tarda una novena, eso va depender de cada caso. Aunque puedes hacerlos hasta por tres veces dejando un día entre novena y novena. Te sugiero te inscribas en nuestro siguiente curso sobre el uso de la novena en donde me dedico a explicar todos los detalles. De antemano te digo que si tienes FE como parece ser, ya tienes el 90 por ciento del trabajo realizado. PREGUNTA.- Por favor me podrían enviar oraciones de de nuestra Santisima Muerte y en que momento hay que hacer esa oración. Adrian RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.-A partir del próximo número iremos incluyendo algunas oraciones en el boletín y la forma de hacerlas. También tenemos en nuestra página lagunas, y en los rituales que hemos venido publicando también hay. PREGUNTA.- Hola, acabo de hacer mi altar personal en mi recamara pero quería saber si tengo que hacerle una oración especial a mi Santa Muerte que es de color negro, mi altar es pequeño pero con mucha FE. Además de que quería pedir ayuda para hacer un trabajo aun apersona que hace unos meses me hizo mucho daño, no se si me puedan ayudar en mis peticiones, espero tener respuesta, muchas gracias. Ainat RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.-Ainat definitivamente te recomiendo leer nuestros números anteriores en donde decimos como se debe poner un altar. Ahora y por lo que entiendo tu altar sería para perjudicar a una persona que te hizo daño y bueno yo no soy nadie para decirte si esta bien o mal lo que haces, pero si es tu primer altar, deberías hacer uno dedicado a la Señora y no tanto para un trabajo. Con el tiempo podrías hacer uno especialmente para trabajos, y si es una Santa Muerte Negra para un trabajo de daño no lo pongas dentro de tu recámara. Todo esto te lo indico como simple sugerencia. PREGUNTA.- Hola soy Yaneth y quisiera saber si me podrían ayudar con una duda. Quisiera quitarme de encima a una persona que me anda molestando y ya e hecho de 86 Denisot Marie - 2007 Annexes todo pero no puedo, Quisiera que mi flakita me ayudara. espero su respuesta un saludo desde Guaymas, Sonora RESPUESTA POR MARILOTZIN.- Yaneth no recuerdo bien pero creo que en otros números hemos publicado algún ritual de alejamiento, sería cosa de que revisaras pero mira, te prometo que en el siguiente número vamos a poner un ritual de alejamiento ya que son varias las personas que lo han estado pidiendo. Por lo pronto puedes con el nombre de la persona que te molesta escribirlo en un papel, dejarlo a los pies de mi Señora un nueve días y después quemarlo pidiéndole que se aleje de tu vida. PREGUNTA.- Hola que tal, soy de Culiacán, Sinaloa sabes? la santísima llego a mi vida cuando menos la esperada de hecho yo no sabia que existía, desde que ella llegó a mi. Mi vida cambio por completo, me dijeron que he sido elegida por ella para salir adelante en todo lo que me proponga porque llevé una vida llena de injusticias de las cuales fui la principal victima, cosa que a ella eso no le gusta, quisiera saber todo acerca de ella, porque es muy importante en mi vida, ella es lo máximo y la numero uno. me encantaría tener contacto con alguien que sepa todo de ella y que me ayude a encontrar un lugar donde ir a visitarla aquí en Culiacán. Saludos y gracias por todo. RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Gracias por escribirnos y que bueno que sientas esa afinidad con la Señora, realiza mucha oración para que ella venga a ti y sobre lo que nos preguntas nos dice Juan Ambrosio que en Culiacán hay varios capillas aunque no son públicas, sería cosa de que te contactaras con algunas de los encargados de allá y si alguien de Culiacán nos lee y nos recomienda alguna inmediatamente te la hago llegar. PREGUNTA.- Que tal, tengo mucho tiempo con la inquietud de conocer y adorar a la Santísima Muerte. Le diré con sinceridad que me la han recomendado mucho. Y ahora mas que nunca necesito de su protección y ayuda. Me podrian orientar el como puedo llegar a ella? Me urge. Anónimo RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Los caminos para llegar a la Señora son muchos, te sugiero hagas oración y le pidas. También infórmate sobre ella, puedes consultar nuestros números anteriores, nuestra página web, puedes darte una vuelta por nuestro foro donde otros devotos te pueden ayudar y cuando ya estés seguro de tu Fe puedes comenzar poniéndole un altar y encomendarte a ella. Esto es un proceso y no se da de la noche a la mañana pero si tu eres perseverante mi Señora siempre te escuchará. PREGUNTA.- Hola tengo como cinco meses de que me e puesto a pedirle con devoción a mi santita le prendo candelas y la tengo en imagen roja y verde le pongo ofrenda desde que leí de ella le tengo fe. Les mando muchas saludes. Belinda RESPUESTA.- Tu comentario ya está en nuestro boletín y como siempre te deseamos lo mejor y si tienes dudas , escríbenos con toda la confianza del mundo. PREGUNTA.- Hola es mi primera vez que mando una información acerca de la Santa Muerte y deseo saber información acerca de la imagen de la Santa Muerte en color blanca acerca de su veneración gracias. CAROLINA RESPUESTA POR PATRICIA.- Carolina en nuestros primeros dos números publicamos sobre el significado de los colores, revísalos y como complemento te digo que Denisot Marie - 2007 87 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. es armonía, pureza, nos señala a la Señora en su forma más sencilla pero a la vez más hermosa. Esta imagen es la que normalmente se pone en todos los altares y en su color esta la esencia de nuestra vida y claro de nuestra muerte. Consulta nuestros boletines atrasados, también el libro de la SANTA MUERTE, BIOGRAFÍA Y CULTO tiene una explicación concisa sobre esta imagen. PREGUNTA.- Hola a todos: Agradezco los boletines que nos mandan para estar bien enterados de los días especiales para rendirle culto a la Santísima Muerte. También le agradezco a mi Niña Blanca todos los favores recibidos y le doy las gracias por estar cerca de mi y mi familia. Saludos a todos. MP RESPUESTA.- Gracias por tus palabras y en la medida de lo posible seguiremos con ustedes. Como siempre ya sabes que este espacio es por y para ustedes. LA RED DE LA SANTA MUERTE AGRADECE SUS PREGUNTAS Y LES PIDE QUE SIGAN ESCRIBIENDO, CON GUSTO LES ESTAREMOS RESPONDIENDO EN NUESTROS PRÓXIMOS NÚMEROS. FIN DE ESTE NÚMERO Annexe 9 : Extraits des forums concernant la Santa Muerte. Exemples de demandes à propos du culte en lui-même. Jun 2, 2007, 3:09 PM yo soy devoto, a la virgen de la santa muerte,vivo en nyork y deseo tener un busto de ella ayudame por favor yo solo tengo una estampa que obtuve de una prensa que publico de ella.yo tengo muchas pruebas de sus milagros, gracias por la oracion. hola nose si salio mi otro mensaje pero necesito ayuda urgente suavesita2007 ayudame o mas bien orientame sobre la nina blanca plisssss deverdad me super urge un amarre para mi esposo tengo 2 anos sin el y lokiero de vuelta tengo 3 bebes de el yo tengo 24 y el 26 y y no es justo ke todo lo ke he hecho por el se acabe asi y disfrute lo ke yo me sacrifike otra mujer por ke yo lo cambie a el y ahora nose ke hacer no es justo verdad ayudame plis yo tengo un altarcito de la nina blanca y le soy devota hace 1 mes o mas pero ovio me decespero y nose ke hacer 2 anos y nada porfavor me urge mis bebes se estan acostumbrando a estar sin el y yo no kiero eso NECESITO AYUDA URGENTE!! Ago 6, 2007, 5:10 PM hola k tal yo soy nueva de ser devota de ni nina. kisiera saber mas si alguien conoses kien travaja con mi flakita k no cobre caro? gracias! soledad 10 de Octubre de 2006 a las 8:02 pm hola?nesesito ayuda,tengo poco de estar conociendo, a la santa, marcoamerica8 26 de Junio de 2007 a las 11:01 am QUISIERA QUE ME DEN MAS INFORMACION PORQUE HAY DE COLORES NEGRO . BLANCA ,ROJA A QUIEN DE ELLAS ME PUEDO DIRIGIR PARA IMPLORARLA Exemples à propos d’opinions sur la Santa Muerte. 2 septembre 2005 Bueno mi madreme pidio el favor de toner este mensaje y bueno aqui va: ¡Cuidado! con la "Santa Muerte" La creencia de la Santa Muerte desoncierta a muchos católicos sencillos hay en día, que no se explican porqué personas que se dicen ser católicas honran a dicha imagen, siendo que la Iglezia Católica afirma que no solo se puede 88 Denisot Marie - 2007 Annexes tratar del demonio. La persona de la Santa Muerte NO existe. Es solo una personalizacion literaria de la calamidades humanas. Los jinetes del Apocalipsis son la muerte, la guerra, la Peste y el hambre. Y a nadie se la ha ocurrido venerar a la Santa Guerra a la Santa Peste o las Santa Hambre. estos son acontecimientos no personas. Si buscamos una persona que represente estos funestos acontecimientos tendrian que ser Satanás; asi como representamos la vida en la persona de Jesucristo. El Pan de Vida. La Biblia llama a la muerte enemiga de Jesus. La muerte venció a Jesus el vuiernes santo, pero Jesus venció a la muerte el domingo de resurreccion. Esta victoria de Jesus sobre la muerte llevaría a explamar a San Pablo: ¿Donde esta oh muerte, tu victoria, donde tu aguijon? La muerte es concecuencia del pecado y un católico no debe venerar camo Santa a la muerte. La palabra Santa hoy en día se ha desviado, pues en realidad tiene un sentido positivo, sin embargo, no hay que olvidar que el demonio actúa y se vale de todo para ganar devotos. Nuestra actitud frente a esta imagen debe ser rechazo total, porque si de verdad estamos concencidos que Jesucristo venció a la muerte y que está vivo y resucitado, creyendo en el plan de salvación que tiene para el hombre, tenemos que ser congruentes con lo que creemos y hacemos. Si no es así, estariamos venerando al mismo tiempo la vida y la muerte, es decir , a Dios que es jsucristo y el Demonio. Nosotros católicos estamos llemados a vencer y a alabar sólo a Jesucristo Rey y Señor de la vida. Tú que estas leyendo esto, te invitamos a que conoscas la verdadera fe de la iglesia instruyendote o preguntando a quien de verdad sabe. Que te bendiga. Bueno esto es todo. Bye Gladiador 03-sep-2005, 12:41 Estoy en desacuerdo con Celic y de acuerdo con Arlan, la iglesia nos ha metido una bola de mugre en la cabeza y algunos en estos tiempos todavía se la creen, asi que no hagan mucho caso del demonio, de los pecados y de la muerte, es simplemente un paso hacia otra vida diferente a la que conocemos. Amor y paz a todos. Glad. Laberinto 04-sep-2005, 04:01 Bueno la santa Muerte es impersonal, es solo un suceso, desde el punto de visdta religioso, la muerte SI es consecuencia del pecado, Adan y Eva no moririan hasta que cometiron pecado, por esto fueron condenados a morir (tomen todo esto como alegoria no al pie de la letra) ahora vemos a jesús que efectivamente vencio a la Muertes x su resurreción, aunke tambien alegoriacamente vencio a la muerte , mediante el sacrificio por los pecados del hombre que conducen a la muerte. Satan existe, asi como existe Dios. alejandro 11 de Diciembre de 2006 a las 10:15 am a ver la muerte puede o no ser santa pero al ser lo contrario a la vida no puede tener ningún poder porque cualquier cosa que se refiera a poder o movimiento, favores, etc solo los pueden realizar entes con cierto grado de vida. la muerte es el fin temporal de una persona, físicamente no puede realizar nada ni tener conciencia de nada, cuando estas muerto estas muerto y ya es por eso que se habla de la vida despues de la muerte (muerte física) yo respeto pero de ahi surgen 3 teoria mias:1.- su santa muerte no esta tan muerta y por eso puede hacer cosas 2.- esta bien muerta o es realmente la muerte como su nombre lo indica, entonces no puede hacer nada por carecer de vida y los que la adoran pus nomas se hacen chaquetas mentales3.- adoran a otro ente religioso de los concernientes al polo negativo como el diablo o los demonios (que si tienen vida) y simplemente le denominan Denisot Marie - 2007 89 LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. santa muerte aunque en realidad sea otra cosa que si tiene vidacorrecciones: Tony aunque se dice profesionista escribió -debocion- en vez de “devoción” con V y acento, tal vez deberia regresar a la universidad o a la primaria ADES_ASI_NOMAS 31 de Diciembre de 2006 a las 1:12 am PA EMPESAR YO NO SOY MAS QE UN GRAN DEVOTO A MI HERMOSA Y ADORABLE PROTECTORA Y MADRE ( LA SANTISIMA MUERTE ) Y CON MUCHO ORGULLO Y AMOR LA VENERO LA CUIDO Y LA AMO Y LO SEGUIRE HACIEDO HASTA EL DIA EN QUE DESIDA TOMARME DE LA MANO PARA ENCAMINARME ANTE EL CREADOR ES POR ESO QUE EN ESTE MOMENTO AUNQUE NO SEA MUCHO POR ESTE MEDIO LE AGRADESCO LA AMAVILIDAD QUE A TENIDO PARA CONMIGO MI FAMILIA Y MS SERES QUERIDOS YYYYYYYYYY BUENO ESTO YA ES PERSONAL PARA CON EL VATITO ESE QUE SE LLAMA ALEJANDRO QUE PUSO UN COMENTARIO VASTANTE ……… BUENO PONGAOSLO COMO QUE AUN LE FALTA SABER MAS DE LO QUE SU MATERIA GRIS PUEDA ALMASENAR ….. MI COMPA PRIMERO ENTERESE DE LO QUE VA A ABLAR SEGUNDO LAVESE ESE SHE OSICO ANTES DE ABLAR DE (LA SANTISIMA MUERTE) YA QUE VIVA MUERTA DESPIERTA O DORMIDA PARADA SENTADA O COMO LA QUIERAS TOMAR PUES NI MODO MI COMPA PUES LAS CHAQUETAS SE LAS VAS A TERMINAR HACIENDO TU A ELLA EL DIA EN QUE PESE CON SU BALANZA LAS ESTUPIDESES QUE PIENSAS DE ELLA PERO BUENO ELLA SABRA COMO TE COBRA AAAAAAAAA SE ME OLVIDAVA ME SUPONGO QUE NO ENTENDISTE QUE ESTE ESPACIO ES PRA DEJAR OPINIONES Y NO PARA CRITICAR A LA GENTE COMO LO HICISTE CON EL TONY PERO YA ESTUBO PIENSO QUE ALMENOS 2 PALABRAS DE TODO LO QUE ESCRIBI SE GABARAN EN TU MINIMA MEMORIA DE TU CESO ASI QUE ESPERO QUE LO LEAS MI COMPA Y ES (SANISIMA MUERTE)………………PIDO UNA DISCULPA POR LAS FALTAS DE ORTOGRAFIA Y SI ES QE INSULTE A ALGUIEN ……………. Source : http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/ 90 Denisot Marie - 2007