2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires VIROSES RESPIRATOIRES GRIPPE : généralités • Très fréquentes, souvent épidémique et hivernales • Gravité variable • + de 200 virus antigéniquement distincts, pénétration par voie aérienne, multiplication dans les cellules du tractus respiratoire : • Maladie aiguë virale très contagieuse, évoluant sur un mode épidémique • Volontiers considérée comme bénigne mais invalidante et redoutable chez insuffisants cardio-respiratoires et personnes âgées • Prophylaxie vaccinale confrontée à plasticité de ce virus ARN • Possibilité de prévention et traitement par nouveaux antigrippaux • Risque récent de grippe aviaire et de pandémie grippale – Rhinovirus et coronavirus (surtout rhinopharyngites) – Myxovirus influenzae (virus influenza ou virus de la grippe) (surtout atteinte trachéo-bronchite et pneumonie) – Virus respiratoire syncitial (VRS) (surtout bronchiolite de l’enfant et pneumonie de l’adulte) – Adénovirus, virus para-influenza (tous étages) – Nouveaux virus identifiés: coronavirus lié aux SRAS, métapneumovirus, bocavirus Pr J Reynes Mars 2008 virus influenza ou virus grippal (famille des Orthomyxoviridae) Pr J Reynes Mars 2008 Neuraminidase GRIPPE : Myxovirus influenzae Hémagglutinine • Les caractères antigéniques permettent de définir 3 types : A, B, C de pathogénicité décroissante totalement distincts (absence d’immunité croisée) • Grande variabilité antigénique : Patrimoine génétique : ARN simple brin – segmenté • Virus à ARN segmenté en 8 fragments (fragmentation contribuant à variabilité génétique par production de virions hybrides) • Son enveloppe est hérissée de spicules glycoprotéiques, antigéniques et indispensables à l’infectiosité : – Portée essentiellement par HA et NA (sous-types H et N), leurs gènes se modifiant constamment par différents mécanismes (recombinaison, délétion, insertion, mutation) – 2 types de variations antigéniques : • Variations mineures ou « glissements » antigéniques responsables d’épidémies limitées touchant les sujets non humains • Variations majeures ou « sauts » antigéniques (cassures) observées chez virus influenza humains et animaux responsables de pandémies (« nouveaux virus ») – L’hémagglutinine (HA), portant le site de fixation au récepteur cellulaire et permettant l’agglutination d’hématies de certaines espèces animales, antigène majeur de surface : les anticorps anti-HA neutralisent l’infectivité du virus et sont responsables pour une large part de la protection – La neuraminidase (NA) permettant le détachement de nouveaux virions de la membranes cellulaire après réplication • Virus grippaux spécifiques d’espèce (oiseaux, porc … homme) mais réarrangements conduisant à émergence de nouvelles souches pathogènes pour l’homme Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE 2007 - 2008 Pr J Reynes Mars 2008 © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires GRIPPE : épidémiologie 2007 - 2008 GRIPPE • Transmission • Physiopathologie – Essentiellement directe inter-humaine par voie aérienne (aérosol de gouttelettes salivaires ou respiratoires), extrême contagiosité (inoculum minime suffisant), – Transmission indirecte, par des objets contaminés ou par voie manuportée, est possible, en particulier dans les lieux de soins (infections nosocomiales) – Fixation, pénétration et destruction des cellules épithéliales respiratoires – Production virale en grande quantité de J2 à J4 – Médiane de portage nasal : 7 jours • Grippe commune de l’adulte sain • Évolution sur mode épidémique – Incubation brève : 24 à 72 heures – Invasion : brutale avec malaise général, frissons, fièvre élevée, céphalées et myalgies – Phase d’état : sévérité de l’état infectieux, douleurs, rhinorrhée, douleurs laryngo-paryngées et rétrosternales, toux sèche, pauvreté des signes physiques, radio : normale ou pneumopathie atypique – Guérison en 4 à 7 jours avec chute thermique brutale ou en lysis, toux et asthénie résiduelles – Épidémies saisonnières (hors pandémie) : taux d’attaque (infectés symptomatiques/exposés) de 5% pour adultes et 20% pour les enfants d’âge scolaire (non immunisés) – Pandémies : tous les 10-40 ans, saut antigénique, début Continent asiatique, taux d’attaque entre 30 et 60 % des individus, morbidité élevée • Coût humain et socio-économique – 1500-7500 décès / an en France (en particulier chez les plus de 75 ans) mais parfois beaucoup plus – Coût élevé (soins + absentéisme) Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 Profil clinique de 685 cas confirmés de grippe A GRIPPE • Formes cliniques Réseau National des GROG, 3 Saisons [98-99 (N=171) / 99-00 (N=423) / 00-01 (N=91)] Fièvre ou sensation de fièvre / Frissons Fièvre ≥ 38°C / Fièvre ≥ 39°C Début brutal – Formes atténuées (rôle majeur dans dissémination) – Atteintes d’organes diverses (myocardite, encéphalite…) – Formes respiratoires compliquées : • Pneumopathie virale primitive grave « grippe maligne »: rare (grossesse, cardiopathie) et souvent mortelle avec œdème pulmonaire gravissime, atteinte multiviscérale • Pneumopathie bactérienne de surinfection: fréquente (sujets âgés, insuffisants respiratoires), H. influenzae ou S. pneumoniae ou S. aureus ; persistance de la fièvre, expectoration purulente, aggravation respiratoire, polynucléose 99% / 71% 88% / 40% 86% Toux / expectoration Courbatures / Céphalées Asthénie Rhinite, Coryza / Pharyngite Troubles digestifs 86% / 20% Bronchiolite Otite 6% 4% 81% / 77% 77% 67% / 57% 14% Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE Pr J Reynes Mars 2008 © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires GRIPPE 2007 - 2008 GRIPPE • Particularités liées au terrain – Enfants • Taux d’attaque élevée et agents de diffusion • Expression clinique: tr. digestifs, somnolence fréquents • Complications: Convulsions (fièvre),Otite moyenne aiguë – Personnes âgées • Expression clinique: - fréquents :frissons, myalgies, coryza; + fréquent: dyspnée, trompeurs: confusion mentale, tr digestifs • Complications: décompensation état respiratoire ou cardiaque préalable, alitement (déshydratation, dénutrition, thrombose, escarres, chutes …) – Personnes avec pathologie préexistante : • Décompensation insuffisance respiratoire ou cardiaque • Immunodéprimés: excrétion virale respiratoire parfois prolongée, conséquences variables • Diagnostic – Essentiellement clinique en période épidémique (diagnostic différentiel : autres viroses, méningite …) – Diagnostic virologique (premiers jours) sur prélèvement nasopharyngé • Recherche antigènes par IF ou immunochromatographie (TDR) • Biologie moléculaire (PCR) • Cultures cellulaires (délai de plusieurs jours) – Sérologies (a posteriori) par fixation du complément ou inhibition de l’hémagglutination Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 Grippe : Antiviraux L’oseltamivir en traitement d’une grippe expérimentale : concentrations nasales de particules virales Inhibiteurs de la neuraminidase (influenza A et B) Inhalation orale 2 inhalations de 5 mg 2 fois / j pdt 5 j EI: toux,bronchospasme Traitement (> 12 ans) Oseltamivir Tamiflu® Orale (gél 75 mg, Susp. buv.) 75 mg pour > 40 kg ( 60 mg 24-40 kg, 45 mg 16-23 kg, 30 mg < 16 kg ) 2 fois / j (1 fois/j en prévention) EI: nausées,d. abdomen (5 à 10%, début TT) - Traitement (> 1an) pdt 5j - Prophylaxie (> 1 an) pdt 7j à 6 semaines Placebo Administration du produit 4.0 Log10 TCID50/mL médiane Zanamivir Relenza® 4.5 Oseltamivir 3.5 3.0 2.5 2.0 p = 0.02 1.5 1.0 0.5 0.0 -36 -24 -12 0 12 24 36 48 60 72 84 96 108 120 132 144 156 Temps (h) Inoculation Hayden FG et al. JAMA, 1999 ; 282 (13) : 1240-6 Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires Inhibiteurs de la neuraminidase (Zanamivir et Oseltamivir): Activité curative et prophylactique 2007 - 2008 GRIPPE : vaccination • Le vaccin : – Suspension virale inactivée, préparée sur œufs de poules embryonnés, constituée en général de 2 souches de type A et d’1 souche de type B choisies annuellement sur profil épidémique – Efficacité clinique (réduction pneumonie et mortalité) après 10-15 jours sur souche « assortie » d’environ 50-80 % (selon terrain et age) chez adulte • Traitement – Effet sur durée de la fièvre, sévérité des symptômes et délai de retour à une activité normale – Effet démontré dans différentes populations (enfants, adultes, risques) – Effet fortement corrélé au délai de mise en route du traitement/ début des symptômes (avant 48h) • Réduction de la durée de la maladie de 3 à 4 jours si délai < 12h • Réduction de durée de la maladie de 1 à 2 jours si délai < 48 h • Indications : – Personnes âgées (≥ 65 ans) (couverture vaccinale 2002-2003: 68%) – Sujets à risque (ALD) : affections broncho-pulmonaires chroniques, cardiopathies, néphropathies, diabète(couverture vaccinale 2002-2003: 25 %) • Prophylaxie – Réduction de l’incidence de 69 à 92 % après exposition à des cas confirmés – Professionnels de santé(couverture vaccinale 2002-2003: 15%) Moscona NEJM Sept 29, 2005 Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 Transmission interespèces Grippe aviaire Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE Pr J Reynes Mars 2008 © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires 2007 - 2008 Cas humains de grippe aviaire A(H5N1) notifiés à l’OMS de décembre 2003 au 31 décembre 2007 Un marché de volailles Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 Risques humains liés à grippe aviaire H5N1 Day 5 Day 8 • Contamination animal-homme – Nécessité d’un contact étroit – Nombre de cas faible – Mortalité élevée ( ~ 30-90%, en particulier chez les enfants) • Contamination inter-humaine – Cas intra-familiaux rares avec H5N1 Day 4 • Création d’un nouveau virus adapté pour pandémie Day 6 – Soit évolution du virus aviaire – Risque de combinaison de 2 virus (humain + aviaire) Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE Pr J Reynes Mars 2008 © LIPCOM Chotpitayasunondh T. et al. EID 2005 Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires Pourquoi le H5N1 est-il si méchant et dangereux ? 2007 - 2008 Influenza A (H5N1) Viral RNA Load in Throat Swabs from 8 Patients Pathogénicité du H5N1 Mécanisme proposé d’hyperinduction d’une “tempête” cytokinique (rôle TNF-α α, Szretter, J Virol 2007) Capacité de diffuser au delà des bronches et des poumons aux lymphocytes, au cerveau, au placenta (Gu, Lancet 2007) Propriétés évolutives du H5N1 par mutations Osterholm, M. T. N Engl J Med 2005 - Augmentation de virulence et pathogénicité (Conenello, Plos Pathogens 2007) - Capacité de multiplication à différentes températures et à différents niveaux du tractus respiratoire (Hatta, Plos Pathogens 2007): « Transmission et Humanisation » - Capacité de résister aux anti-grippaux de Jong, M. D. et al. N Engl J Med 2005;353:2667-2672 Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 The Two Mechanisms whereby Pandemic Influenza Originates Grippe pandémique Belshe, R. B. N Engl J Med 2005;353:2209-2211 Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE Pr J Reynes Mars 2008 © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires 2007 - 2008 Grippe Pandémique: 1918 – 1920 : Grippe espagnole A(H1N1) ce qui est incertain (et inquiète de façon variable) • Le moment de l’émergence • Pathogénicité de la souche virale nouvelle Entre 20 et 100 millions de morts dans le monde dont 120 000 morts en France Un milliard de malades Trois phases : Phase 1 : mars- juin 1918 Phase 2 : fin août 1918- mars 1919 Phase 3 : mars 1919- juin 1920 • Possibilités de protection vaccinales et médicamenteuses – préparation vaccinale confrontée à nouvelle souche antigénique et délais de préparation – risque de résistance acquise • Capacité des systèmes de santé – À contenir et étaler l’épidémie – A mettre en place des mesures efficaces et équitables A l ’époque : pas de mesures barrières, pas de veille et d ’alerte Pr J Reynes Mars 2008 Pr J Reynes Mars 2008 Deux types de masques Stratégies pour contenir une pandémie - Masques «chirurgicaux» : • destinés à éviter lors de l’expiration la projection des sécrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pouvant contenir des agents infectieux transmissibles par voie «gouttelettes» ou voie aérienne (fines particules) • portés par le patient contagieux, ils limitent fortement la contamination de l’entourage et de l’environnement • Portés par les soignants, ils les protègent contre les agents transmissibles par voie «gouttelettes» mais pas par voie aérienne • Réduire les contacts • Réduire l’infectiosité des individus infectés – Isolement – Traitement - Masques de protection respiratoire : • disposant d’un filtre contre les particules • destinés à protéger ceux qui les portent de l’inhalation d’agents infectieux par voie «gouttelettes» ou par voie aérienne • ordre croissant d’efficacité : FFP1, FFP2 et FFP3. Cette efficacité tient au filtre et à l’absence de fuite (ajustement au visage) • Réduire la susceptibilité des individus non infectés – Vaccination – Prophylaxie antivirale Pr J Reynes Mars 2008 Mars 2008 E. DELAPORTE Pr J Reynes Juin 2007 © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes 2e cycle – MT7-1 – Maladies transmissibles – Item 80 – Viroses respiratoires 2007 - 2008 Mesures gouvernementales • Réunion interministérielle du 30 août 2005 – 1° Plan gouvernemental d’octobre 2004 complété d’ici fin octobre 2005, Délégué interministériel, Stratégie d’information et de communication – 2° Réserves et contrats • Masques de protection: 200 millions début 2006 • Antiviraux: 140 millions de doses d’oseltamivir fin 2005 • Livraison de vaccins – 3° Contrôle sanitaire dans les aéroports internationaux, Coordination au niveau international des plans de prévention et de réaction à la menace de pandémie Pr J Reynes Juin 2007 Pr J Reynes Mars 2008 En pratique, au cours des épidémies grippales, les patients ont la grippe… Habituellement ! Mais laquelle ? Pr J Reynes Juin 2007 Mars 2008 E. DELAPORTE © LIPCOM Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes