Antoine et le Siècle des Lumières(A-27-11)

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Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Antoine et le Siècle des Lumières
de Ann Rocard
Traduction de María Aránzazu Núñez.
Comédie bilingue historico-fantastique
Pièce écrite pour María Aránzazu Núñez et ses élèves du lycée I.E.S. EL CHAPARIL, à
Nerja (Malaga - Espagne).
***
Antoine y el Siglo de las Luces
de Ann Rocard
Traducción de María Aránzazu Núñez.
Comedia bilingüe histórico-fantástica
Obra escrita para María Aránzazu Núñez y sus alumnos del I.E.S. El Chaparil, en Nerja
(Málaga – España)
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Caractéristiques
Durée approximative : 30’.
Distribution :
• Antoine Vacour (vêtements du XXIème siècle)
Personnages du XVIIIème siècle :
• Magdeleine, comédienne
• Joseph Sétisoiruc, vieux naturaliste
• Emilie du Châtelet
• Voltaire
• Suzanne, servante
• Diderot
• Olympe de Gouges
• Beaumarchais
• Jeanne
Accessoires :
Livre : « Le Siècle des Lumières — 1715-1789 — Antoine Vacour ». Petite lampe de
poche. Un grand meuble ou des étagères (décor peint ou réel) contenant des objets
insolites : squelettes, dents, animaux empaillés, coquillages, fossiles, herbiers,
médailles, œuvres d’art, etc. Bic, os, pomme, table et sièges (dans le jardin du château
de Cirey) ; bureau avec livres, papier, plume et encrier (chez Diderot).
Décors peints : le théâtre de l’Odéon, quartier de Paris en 1715, salon littéraire de
Marie-Thérèse Geoffrin, quartier de Paris en mai 1789.
Public : tout public.
Synopsis : Antoine Vacour, un historien du 21ème siècle, se retrouve en 1715. Grâce à
des rencontres et aventures successives, il va pouvoir vérifier l’exactitude de son
ouvrage, « Le Siècle des Lumières ». Mais saura-t-il retourner chez lui ?
L’auteure peut être contactée par courriel : [email protected] - ou par
l’intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Características
Duración aproximada: 30’.
Distribución:
• Antoine Vacour (indumentaria del siglo XXI)
Personajes del siglo XVIII:
• Magdeleine, comediante
• Joseph Sétisoiruc, viejo naturalista
• Emilie del Châtelet
• Voltaire
• Suzanne, sirviente
• Diderot
• Olympe de Gouges
• Beaumarchais
• Jeanne
Accesorios:
Libro: «Le Siècle des Lumières – 1715-1789 – Antoine Vacour». Linterna pequeña. Un
gran mueble o estanterías (decorado pintado o real) que contiene objetos insólitos:
esqueletos, dientes, animales disecados, conchas, fósiles, herbarios, medallas, obras
de arte, etc. Bolígrafo, hueso, manzana, mesa y sillas (en el jardín del castillo de Cirey);
escritorio con libros, papel, pluma y tintero (en casa de Diderot). Decorados pintados: el
teatro del Odéon, barrio de París en 1715, salón literario de Marie-Thérèse Geoffrin,
barrio de París en mayo de 1789.
Público: todos los públicos.
Sinopsis: Antoine Vacour, historiador del siglo XXI, se encuentra en 1715. Gracias a
una serie de encuentros y a aventuras sucesivas, va a poder comprobar la exactitud de
su obra, « Le Siècle des Lumières ». ¿Pero sabrá regresar a su casa?
La autora puede ser contactada por correo electrónico: [email protected] – o a
través de su página web: http:/www.annrocard.com/
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Scène 1
Noir. La lumière s’allume n’éclairant que le visage d’Antoine. Il tient d’une main une
petite lampe de poche (c’est lui qui éclaire son propre visage) et un livre de l’autre main ;
il porte des vêtements du 21ème siècle. Antoine semble perdu.
ANTOINE : Où suis-je ? Je ne vois rien... Heureusement que ma petite lampe de poche
ne me quitte jamais... (soupire) Je dois être en train de rêver et je vais bientôt me
réveiller.
Antoine fait quelques pas au ralenti. Peu à peu, le jour se lève.
ANTOINE : Je dors encore... Mais le jour se lève. Je vais y voir un peu plus clair.
(regarde le livre qu’il tient à la main) Quel est donc ce livre ? (lit à haute voix) « Le Siècle
des Lumières — 1715-1789 — Antoine Vacour ». (s’exclame) Antoine Vacour ? C’est
mon nom. (réfléchit) Ça me revient ! Je ne rêve pas. Je suis l’auteur de ce livre. (se
déplace) Je ne sais vraiment pas où je me trouve.
On entend de la musique de Couperin.
ANTOINE : Ah ! Du François Couperin1, mon compositeur préféré. (écoute) “La
Superbe”, une de ses sonates. (regarde du côté du public) J’aperçois trois musiciens en
costumes d’époque. Quand ils auront fini de jouer, je leur demanderai quel est cet
endroit.
Sur fond musical, Antoine se déplace et rencontre Magdeleine (suggestion de costume).
ANTOINE : Bonjour, mademoiselle.
MAGDELEINE : Bonjour, monsieur.
ANTOINE : Je parie que vous êtes comédienne.
MAGDELEINE : Comment le savez-vous ?
ANTOINE : Il suffit d’admirer votre costume.
MAGDELEINE : (rit) Ah, bon ? Je ne vois pas ce qu’il a de particulier.
ANTOINE : Une robe du début du 18ème siècle...
MAGDELEINE : Evidemment. Qui êtes-vous, monsieur ?
ANTOINE : Antoine Vacour, historien. (montre le livre) Je suis l’auteur de ce livre.
MAGDELEINE : « Le Siècle des Lumières — 1715-1789 ». C’est amusant. Vous
connaissez l’avenir ?
ANTOINE : L’avenir, non. Le passé, oui. Comment vous appelez-vous, charmante
demoiselle ?
MAGDELEINE : Magdeleine Monchal. Excusez-moi, je suis pressée. Au fait, savezvous que le roi est mort ?
ANTOINE : Pardon ?
1
François Couperin, compositeur français, organiste et claveciniste (1668-1733).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 1
Oscuridad. La luz se enciende, iluminando tan solo la cara de Antoine. En una mano
sostiene una linterna (él mismo ilumina su propia cara) y un libro en la otra mano; lleva
puesta ropa del siglo XXI. Antoine parece perdido.
ANTOINE.- ¿Dónde estoy? No veo nada… Por suerte mi linterna no me abandona
nunca… (suspira) Debo estar soñando y voy a despertarme pronto.
Antoine da algunos pasos lentamente. Poco a poco, amanece.
ANTOINE.- Estoy todavía dormido… Pero amanece. Voy a ver mejor (mira el libro que
sostiene en la mano ¿Qué libro es este? (Lee en voz alta) “El Siglo de las Luces – 17151789 – Antoine de Vacour”. (Exclama) ¿Antoine Vacour? Es mi nombre. (Reflexiona) ¡Ya
me acuerdo! No estoy soñando. Soy el autor de este libro. (Se pesplaza) En realidad, no
sé dónde me encuentro.
Se oye música de Couperin.
ANTOINE.- ¡Ah! Música de François Couperin2, mi compositor preferido. (Escucha) “La
Superbe”, una de sus sonatas. (Mira del lado del público) Percibo tres músicos en traje
de época. Cuando terminen de tocar les preguntaré qué lugar es este.
Sobre fondo musical, Antoine se desplaza y encuentra a
Magdeleine (sugerencia de traje).
ANTOINE.- Buenos días, señorita.
MAGDELEINE: Buenos días, señor.
ANTOINE.- Apuesto que es usted comediante.
MAGDELEINE.- ¿Cómo lo sabe usted?
ANTOINE.- Basta con admirar su traje.
MAGDELEINE.- (Ríe) ¿Sí? No entiendo qué tiene de particular.
ANTOINE.- Un vestido del principios del siglo XVIII…
MAGDELEINE.- Evidentemente. ¿Quién es usted, señor?
ANTOINE.- Antoine Vacour, historiador. (Muestra el libro) Soy el autor de este libro.
MAGDELEINE.- “El Siglo de las Luces – 1715-1789”. Es divertido. ¿Conoce usted el
futuro?
ANTOINE.- El futuro, no. El pasado, sí. ¿Cómo se llama usted, encantadora señorita?
MAGDELEINE.- Magdeleine Monchal. Lo siento, tengo prisa. De hecho, ¿sabe que el
rey ha muerto?
ANTOINE.- ¿Cómo?
2
François Couperin, compositor francés, organista y clavecinista (1668-1733).
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MAGDELEINE : Louis XIV est mort.
ANTOINE : Je le sais depuis longtemps.
MAGDELEINE : Arrêtez de dire des bêtises, monsieur Vacour. Le Roi Soleil3 vient de
mourir à Versailles, aujourd’hui premier septembre 1715.
ANTOINE : 1715 ? Vous avez dit 1715 ? Vous plaisantez ?
MAGDELEINE : Vous devriez aller voir un médecin. On dirait que vous avez perdu la
tête.
ANTOINE : (feuillète son livre) Je ne suis pas fou. Regardez ! (montre une page du
livre) Vous voyez ? « Louis XIV meurt le 1er septembre 1715 ; il sera enterré à Saint
Denis... » Je l’ai écrit, là.
MAGDELEINE : C’est de la magie.
ANTOINE : Non. Je crois que je suis sorti de ce livre et que je viens du futur.
MAGDELEINE : (recule, effrayée) Vous êtes un sorcier.
ANTOINE : Magdeleine, ne craignez rien. Je ne suis ni fou ni sorcier.
MAGDELEINE : (fait demi-tour) Au secours !
ANTOINE : Je ne vous ferai aucun mal.
MAGDELEINE : (s’enfuit) Au secours !
Magdeleine disparaît. Antoine est catastrophé.
ANTOINE : Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Antoine regarde un peu partout, l’air effaré.
ANTOINE : Les décors, les costumes... tout est différent. Ou bien je me trouve sur un
plateau de cinéma... ou j’ai vraiment atterri au 18ème siècle... (réfléchit) Si c’est le cas,
je vais pouvoir vérifier si le contenu de mon livre est exact et rencontrer des savants,
des philosophes... et bien d’autres.
Antoine continue à chercher des indices.
ANTOINE : (content) Il n’y a aucune caméra, pas le moindre accessoire moderne.
Incroyable, mais vrai ! Comment suis-je sorti de ce bouquin ? Je n’en sais rien. En tout
cas, je ne dois pas m’en vanter, si je ne veux pas qu’on me traite de fou ou de sorcier.
3
Louis XIV, surnommé le Roi Soleil (1638-1715) : Il devient roi de France en 1643. Ce monarque
absolu va régner pendant 72 ans. Son successeur sera Louis XV, un de ses arrière-petits-fils qui n’a
que 5 ans à la mort du Roi Soleil.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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MAGDELEINE.- Luis XIV ha muerto.
ANTOINE.- Lo sé desde hace tiempo.
MAGDELEINE.- Deje de decir tonterías, señor Vacour. El Rey Sol4 acaba de morir en
Versalles, hoy 1 de septiembre de 1715.
ANTOINE.- ¿1715? ¿Ha dicho usted 1715? ¿Bromea?
MAGDELEINE.- Debería ir a ver al médico. Parece que ha perdido la razón.
ANTOINE.- (Hojea su libro) No estoy loco. ¡Mire! (Muestra una página del libro) ¿Lo ve?
“Luis XIV muere el 1 de septiembre del 1715; será enterrado en Saint Denis…” Lo escribí
aquí.
MAGDELEINE.- Es magia.
ANTOINE.- No. Creo que salí de este libro y que vengo del futuro.
MAGDELEINE.- (Recula, asustada). Es usted brujo.
ANTOINE.- Magdeleine, no se preocupe. No estoy loco ni soy brujo.
MAGDELEINE.- (da media vuelta) ¡Socorro!
ANTOINE.- No le haré ningún daño.
MAGDELEINE.- (Huye) ¡Socorro!
Magdeleine desaparece. Antoine está consternado.
ANTOINE.- ¿Qué me sucede?
Antoine mira hacia todos lados, un poco asombrado.
ANTOINE.- Los decorados, los trajes, todo es diferente. O me encuentro en un plató de
cine… o de verdad he aterrizado en el siglo XVIII… (Reflexiona) Si es así, podré
comprobar si el contenido de mi libro es exacto y encontrarme con a sabios, filósofos… y
muchos otros.
Antoine continúa buscando indicios.
ANTOINE.- (Contento) No hay ninguna cámara, el más mínimo accesorio moderno.
Increíble, ¡pero cierto! ¿Cómo salí de este libro? Ni idea. De todas formas, no debo
vanagloriarme de ello, no quiere que me traten de loco o de brujo.
4
Luis XIV, llamado el Rey Sol (1638-1715): nombrado rey de Francia en 1643. Este monarca absoluto
va a reinar durante 72 años. Su sucesor será Luis XV, uno de sus biznietos, que tenía tan solo 5 años
cuando murió el Rey Sol.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Scène 2
Lumière et bruitages bizarres. Musique (par exemple, la suite de la sonate de
Couperin). L’éclairage redevient normal. Antoine se déplace. La musique s’arrête.
ANTOINE : C’est bizarre. Me voilà dans une maison. Pourtant je n’ai pas franchi de
porte. Je dois être capable de changer d’endroit, de passer à travers les murs... sans
m’en rendre compte.
On entend siffloter. Antoine se déplace.
Devant un grand meuble ou des étagères (décor peint ou réel) se trouve un vieil homme
qui sifflote tout en rangeant des objets insolites : squelettes, dents, animaux empaillés,
coquillages, fossiles, herbiers, médailles, œuvres d’art, etc. [Décor très intéressant à
réaliser, sur le plan artistique]
JOSEPH : J’ai le plus beau cabinet de curiosités du quartier, pour
ne pas dire de tout Paris.
ANTOINE : (toussote) Hum hum...
JOSEPH : J’ai même un dodo empaillé5. Un dodo qui toussote.
(sursaute) Qu’est-ce que je raconte ? Un dodo empaillé ne peut pas
tousser !
Joseph se retourne, aperçoit Antoine et fait un bond en arrière.
JOSEPH : (inquiet) Aaaah ! Je ne vous ai pas entendu frapper.
5
Le dodo ou dronte de Maurice était un très gros oiseau qui ne pouvait pas voler ; il vivait dans les
forêts ou les plaines. Les Européens le découvrirent en 1598, mais ils furent la cause de la
disparition de cette espèce à la fin du XVIIème siècle. C’est l’un des animaux du roman de Lewis
Carroll, “Alice au pays des merveilles”.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 2
Luz y ruido extraño. Música (por ejemplo, la suite de la sonata de Couperin). La
iluminación se vuelve normal. Antoine se desplaza. La música se para.
ANTOINE.- Es extraño. Aquí estoy en una casa. Sin embargo, no he franqueado la
puerta. Debo ser capaz de cambiar de lugar, de pasar a través de las paredes… sin
darme cuenta.
Se oye silbar. Antoine se desplaza.
Delante de un gran mueble o estanterías (decorado pintado o real) se encuentra un viejo
que silba mientras recoge objetos insólitos: esqueletos, dientes, fósiles, herbarios,
medallas, obras de arte, etc. [Decorado muy interesante desde el punto de vista artístico]
JOSEPH.- Tengo el más bonito despacho con curiosidades del barrio, por no decir de
París.
ANTOINE.- (Tose) Hum hum…
JOSEPH.- Tengo incluso un dronte disecado6. Un dronte que tose.
(Se sobresalta) ¿Pero qué digo? ¡Un dronte disecado no puede
toser!
Joseph se gira, se da cuenta de que está Antoine y da un salto hacia
atrás.
JOSEPH.- (Inquieto) ¡Aaaah! No le he oído llamar.
6
El dodo o dronte de Maurice era un pájaro muy grande que no podía volar; vivía en los bosques o en
las llanuras. Los europeos lo descubrieron en 1589, pero fueron la causa de la desaparición de esta
especie a finales del siglo XVII. Es uno de los animales de la novela de Lewis Carroll, Alicia en el país
de las maravillas.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE : Je n’ai pas frappé car je n’ai pas trouvé la porte. Veuillez m’en excuser.
JOSEPH : (mécontent) Ça ne se fait pas d’entrer chez les
gens par la fenêtre. Qui êtes-vous ?
ANTOINE : Antoine Vacour.
JOSEPH : Que voulez-vous ?
ANTOINE : Admirer votre cabinet de curiosités. Il est
extraordinaire.
Joseph se radoucit et il explique fièrement qui il est et ce
qu’il a fait.
JOSEPH : Je dirais même “exceptionnel”. J’en suis très
fier. C’est moi, Joseph Sétisoiruc7, qui ai rassemblé tous
ces objets hétéroclites. Je suis un naturaliste, monsieur !
Un scientifique, passionné de biologie, de zoologie, de
minéralogie, d’astronomie.
ANTOINE : J’admire beaucoup les naturalistes.
Planche d’une encyclopédie d’histoire naturelle.
JOSEPH : Pour récolter des centaines de spécimens d’histoire naturelle, j’ai voyagé
dans de nombreux pays quand j’étais plus jeune. J’ai dessiné des quantités de planches
pour une encyclopédie d’histoire naturelle. J’ai fait avancer la science, moi, monsieur !
ANTOINE : Toutes mes félicitations.
JOSEPH : (montre le dodo) C’est à l’île Maurice que j’ai fait empailler ce pauvre dodo
qui venait de mourir. L’un des derniers représentants de ces gros oiseaux.
ANTOINE : C’est l’activité humaine qui a été la cause de la disparition de cette variété
d’oiseaux étonnants.
JOSEPH : Les Européens, monsieur ! Les responsables sont les Européens. De
nombreuses espèces disparaissent et personne ne s’en inquiète. Vous croyez que ce
phénomène va continuer ?
ANTOINE : Hélas, oui.
JOSEPH : Comment le savez-vous ?
ANTOINE : Hum hum... Si nous parlions plutôt de votre cabinet de curiosités ? Vous
manque-t-il quelque chose ?
JOSEPH : Quelle question ! Bien sûr, monsieur Vacour. Je rêve de posséder un os de
mammouth, un dessin original de Léonard de Vinci, une corne de licorne... et j’en
passe !
ANTOINE : J’ai sûrement un cadeau à vous offrir. (fouille dans ses poches)
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Le nom du vieux savant est l’anagramme d’un mot, écrit sur cette page. A vous de le découvrir !
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE.- No he llamado porque no he encontrado la puerta. Discúlpeme.
JOSEPH.- (Descontento) No se hace, entrar en casa de la
gente por la ventana. ¿Quién es usted?
ANTOINE.- Antoine Vacour.
JOSEPH.- ¿Qué quiere usted?
ANTOINE.- Admirar su gabinete de curiosidades. Es
extraordinario.
Joseph se tranquiliza y explica con orgullo quién es y lo que
ha hecho.
JOSEPH.- Yo diría incluso excepcional. Estoy orgulloso. Soy
yo, Joseph Setisoiruc8, el que ha reunido todos estos objetos
heteróclitos. Soy un naturalista, señor. Un científico,
apasionado de la biología, la zoología, la mineralogía, la
astronomía.
ANTOINE.- Admiro mucho a los naturalistas.
Plancha de una enciclopedia de historia natural
JOSEPH.- Para recoger centenares de especímenes de historia natural, he viajado, viajé
a numerosos países cuando era más joven. Dibujé cantidades enormes de planchas
para una enciclopedia de historia natural. Hice avanzar la ciencia, ¡señor!
ANTOINE.- Le felicito.
JOSEPH.- (Muestra el dodo) En Isla Mauricio, hice disecar este pobre dodo que acababa
de morir. Uno de los últimos representantes de estos grandes animales.
ANTOINE.- La actividad humana ha sido la causa de la desaparición de esta variedad de
pájaros asombrosos.
JOSEPH.- ¡Los europeos, señor! Los responsables son los europeos. Numerosas
especies desaparecen y nadie se preocupa de ello. ¿Cree usted que este fenómeno va a
continuar?
ANTOINE.- Por desgracia, sí.
JOSEPH.- ¿Cómo lo sabe usted?
ANTOINE.- Hum hum… ¿Y si habláramos mejor de su gabinete de curiosidades? ¿Le
falta algo?
JOSEPH.- ¡Qué pregunta! Por supuesto, señor Vacour. Sueño con poseer un hueso de
mamut, un dibujo original de Leonardo da Vinci, un cuerno de unicornio… ¡y no me
preocupo de ello!
ANTOINE.- Seguro que tengo un regalo para hacerle. (Rebusca en sus bolsillos)
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El nombre del viejo sabio es el anagrama de una palabra, escrita en esta página. ¡Tenéis que
descubrirla!
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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JOSEPH : Un objet insolite pour ma collection ?
ANTOINE : Oui.
JOSEPH : J’en serais ravi.
ANTOINE : (sort de sa poche un bic) Par exemple, ceci.
JOSEPH : Qu’est-ce que c’est ?
ANTOINE : Un bic, un stylo à bille, pour écrire. Le problème : quand il n’y a plus d’encre,
le bic ne sert plus à rien.
JOSEPH : Quel gâchis !
ANTOINE : Sans parler de la pollution.
JOSEPH : (essaie le bic) Extraordinaire ! Je n’ai jamais vu cette matière étrange.
ANTOINE : Plastique à partir du pétrole. Enfin, c’est compliqué. Laissez tomber !9
JOSEPH : Laisser tomber un objet pareil ? Certainement pas. (prend un os et le tend à
Antoine) Pour vous remercier, je vous offre ce tibia. Je l’ai en double.
ANTOINE : Merci, monsieur Sétisoiruc. (en aparté) Ça me fait une belle jambe10. (à voix
haute) Avant que je m’en aille, pouvez-vous me dire quelle est la date d’aujourd’hui ?
JOSEPH : Le 9 janvier 1719.
ANTOINE : 1719, déjà ?
JOSEPH : C’est terrible, monsieur Vacour. La France vient de déclarer la guerre à
l’Espagne. Encore une guerre et des morts, sur les champs de bataille et ailleurs. Les
hommes finiront bien par comprendre qu’il faut arrêter toutes ces tueries.
ANTOINE : J’en doute. Je vous laisse, monsieur Sétisoiruc.
JOSEPH : Merci pour votre bic bic.
ANTOINE : Merci pour votre tibia... (en aparté) qui m’évitera peut-être de tomber sur un
os11. (fort) Au revoir.
JOSEPH : Sortez par la porte ! Adieu, monsieur Vacour.
Antoine s’en va. Joseph sifflote, hoche la tête en manipulant le bic qu’il range dans son
cabinet de curiosités. Noir.
9
Laisser tomber : au sens figuré, abandonner, ne pas vouloir poursuivre, ne plus prêter attention à
tel sujet ou telle chose. Antoine emploie cette expression au sens figuré, Joseph la comprend au
sens propre.
10
Ça me fait une belle jambe : au sens figuré “ça ne me sert à rien” (expression ironique).
11
Tomber sur un os : au sens figuré, rencontrer une difficulté imprévue.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 13
JOSEPH.- ¿Un objeto insólito para mi colección?
ANTOINE.- Sí.
JOSEPH.- Me encantaría.
ANTOINE.- (Saca de su bolsillo un bolígrafo) Por ejemplo, esto.
JOSEPH.- ¿Qué es esto?
ANTOINE.- Un bic, un bolígrafo, para escribir. El problema: cuando se acabe la tinta, el
boli ya no servirá para nada.
JOSEPH.- ¡Qué despilfarro!
ANTOINE.- Sin hablar de la contaminación.
JOSEPH.- (Prueba con el boli) ¡Extraordinario! No he visto nunca esta materia extraña.
ANTOINE.- Plástico a partir de petróleo. En fin, es complicado. Déjelo12.
JOSEPH.- ¿Dejar caer un objeto así? De ninguna manera. (Coge un hueso se lo acerca
a Antoine) Para agradecérselo, le regalo esta tibia. La tengo doble.
ANTOINE.- Gracias, señor Setisoiruc. (Aparte) Me da igual13. (En voz alta) Antes de
irme, ¿puede decirme cuál es la fecha de hoy?
JOSEPH.- 9 de enero de 1719.
ANTOINE.- 1719, ¿ya?
JOSEPH.- Es terrible, señor Vacour. Francia acaba de declarar la guerra a España. Otra
guerra más, y muertos en los campos de batalla y en otros lados. Los hombres acabarán
por comprender que hay que acabar con estas matanzas.
ANTOINE.- Lo dudo. Le dejo, señor Sétisoiruc.
JOSEPH.- Gracias por su boli.
ANTOINE.- Gracias por su tibia… (Aparte) que me evitará quizás pinchar en hueso14.
(Fuerte) Hasta pronto.
JOSEPH.- ¡Salid por la puerta! Adiós, señor Vacour.
Antoine se va. Joseph silba, inclina la cabeza manipulando el boli que recoge en su
gabinete de curiosidades. Negro.
12
Laisser tomber: en sentido figurado, abandonar, no querer seguir, no prestarle más atención a tal o
tal cosa. Antoine emplea esta expresión en sentido figurado, Joseph la comprende en sentido propio.
13
Ça me fait une belle jambe: en sentido figurado «me da igual» (expresión irónica).
14
Tomber sur un os: en sentido figurado, «pinchar en hueso».
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/ 14
Scène 3
ANTOINE : J’ai atterri au Siècle des Lumières en 1715. Peu après, j’ai pénétré dans la
maison de Joseph, le vieux naturaliste collectionneur, en 1719. Je peux changer de lieu,
mais aussi d’époque.
Antoine ramasse une pomme.
ANTOINE : Cette pomme me fait penser à Isaac Newton15, ce formidable savant
philosophe, qui a démontré, entre autres, la loi de la gravitation universelle.
Antoine lance la pomme en l’air qui retombe par terre.
ANTOINE : J’irais volontiers faire un petit tour en Grande-Bretagne. Mais tout le monde
parle de Newton, tout le monde connaît Newton. Par contre, ce n’est pas le cas d’Emilie
du Châtelet qui a traduit son œuvre, du latin en français. C’est cette femme que j’ai
envie de rencontrer !
Antoine réfléchit, puis fait un grand geste en brandissant son livre.
ANTOINE : Direction : la Champagne, au château de Cirey ! Et je choisis une date :
en 1740 !
Noir.
Puis lumière et bruitages bizarres.
Musique : Menuet (clavecin), extrait des Indes
Galantes, de Rameau. La lumière redevient
normale. Décor : le château de Cirey. Antoine
regarde la façade du château en écoutant la
musique.
ANTOINE : J’ai réussi ! Voici le château d’Emilie du Châtelet et de son mari, qui est
toujours en déplacement. C’est là que Voltaire s’est réfugié en 1734 pour échapper à la
Bastille où il avait déjà été emprisonné deux fois ; ses “Lettres philosophiques” ont été
publiées de façon clandestine... et leur contenu n’a pas plu au pouvoir ni à l’Eglise.
Voltaire y faisait l’éloge de la liberté et de la tolérance anglaise.
(Il écoute la musique) Je parie que c’est Emilie qui interprète au clavecin ce menuet de
Rameau16. Voltaire et Emilie vivent ici comme mari et femme. Le marquis du Châtelet
est ravi que Voltaire fasse rénover son château qui tombait en ruine.
15
Isaac Newton (1642-1727) : philosophe, mathématicien, physicien, astronome, théologien...
britannique.
16
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : compositeur français ; il a entre autres beaucoup écrit pour le
clavecin.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 15
Escena 3
ANTOINE : He aterrizado en el Siglo de las Luces en 1715. Poco después, he penetrado
en la casa de Joseph, el viejo naturalista coleccionista, en 1719. ¡Increíble, pero cierto!
Puedo cambiar de lugar, pero también de época.
Antoine recoge una manzana.
ANTOINE : Esta manzana me hace pensar en Isaac Newton17, este formidable sabio
filósofo, que ha demostrado, entre otras, la ley de la gravedad universal.
Antoine lanza la manzana al aire, la cual vuelve a caer al suelo.
ANTOINE.- Iría de buena gana a dar una vuelta por Gran Bretaña. Pero todo el mundo
habla de Newton, todo el mundo conoce a Newton. Sin embargo, no sucede lo mismo
con Emilie de Châtelet, que ha traducido su obra, del latín al francés. ¡Me gustaría
encontrarme con esta mujer!
Antoine reflexiona, después hace un gran gesto moviendo el libro.
ANTOINE.- ¡Dirección: la Champagne, en el castillo de Cirey! Y escojo una fecha: 1740.
Oscuridad. A continuación luz y ruidos extraños.
Música: Minueto (clave), fragmento de Indes
Galantes, de Rameau. La luz se vuelve normal.
Decorados: castillo de Cirey.
Antoine mira la fachada del castillo escuchando
la música.
ANTOINE.- ¡Lo he conseguido ! Aquí está el castillo de Emilie del Châtelet y de su
marido, que continúa desplazado. Allí Voltaire se refugió en 1734 para escapar a la
Bastilla, donde ya había estado prisionero dos veces; sus “Cartas filosóficas” fueron
publicadas de manera clandestina… y su contenido no le gustó al Estado ni a la Iglesia.
Voltaire hacía en ella el elogio de la libertad y la tolerancia inglesa.
(Escucha la música) Apuesto que es Emilie la que interpreta en el clavecín este minueto
de Rameau18. Voltaire y Emilie viven aquí como marido y mujer. El marqués del Châtelet
está encantado de que Voltaire rehabilite su castillo que estaba en ruinas.
17
Isaac Newton (1642-1727): filósofo, matemático, físico, astrónomo, teólogo… británico.
Jean-Philippe Rameau (1683-1764): compositor francés; ha escrito entre otras muchas obras para
clavecín.
18
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 16
La musique baisse progressivement pendant qu’Antoine se déplace. Emilie du Châtelet19
et Voltaire20 sortent du château tout en discutant. Antoine les écoute, placé sur le côté.
VOLTAIRE : “Pompon Newton”21, je
viens de lire les dernières pages que
tu as traduites.
Voltaire pose son bras sur les épaules
d’Emilie. Tous deux se déplacent
devant le château.
VOLTAIRE : Tes connaissances en
mathématiques et en physique me
stupéfient toujours autant.
Voltaire peint par Nicolas de Larguillière
Emilie du Châtelet peinte par Quentin de la Tour
EMILIE : Grâce à mon père, j’ai la chance de ne pas avoir été élevée comme les
femmes de notre époque. Le domaine des Sciences nous est interdit. Il faut ça change,
François-Marie !
VOLTAIRE : Beaucoup de choses doivent changer, nous en parlons sans cesse.
EMILIE : Tout le monde se méfie des femmes savantes. Qui nous exclut des Sciences ?
Les hommes, évidemment.
VOLTAIRE : Ma chère Emilie, tu es une femme révolutionnaire, libre dans ta vie, libre
dans tes recherches. Il faudrait de nombreuses femmes comme toi pour faire évoluer les
mentalités.
EMILIE : Il n’empêche que le 18ème siècle est différent des autres. Un tournant dans
l’histoire ! (aperçoit Antoine) Oh, nous avons de la visite. Qui est-ce ?
VOLTAIRE : Je l’ignore.
Antoine s’approche et les salue.
ANTOINE : (se présente) Antoine Vacour. Quel grand honneur de rencontrer la
première femme scientifique en France et le célèbre Voltaire !
EMILIE : Merci, monsieur. Mais que faites-vous dans ma propriété ?
19
Emilie du Châtelet (1706-1749) : mathématicienne et physicienne française. Elle avait appris le
latin, le grec et l’allemand. Elle échangeait avec les grands “savants” de son temps. Elle a traduit du
latin en français “Principia Mathematica” de Newton.
20
Voltaire, né François-Marie Arouet (1694-1778) : écrivain et philosophe français qui a lutté pour la
tolérance et la liberté de penser, et a combattu le fanatisme religieux.
21
Pompon Newton : c’est ainsi que Voltaire surnommait sa maîtresse, Emilie du Châtelet.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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La música baja progresivamente mientras que Antoine se desplaza. Emilie del Châtelet22
y Voltaire23 salen del castillo discutiendo. Antoine les escucha, situado a un lado.
VOLTAIRE.- « Pompon Newton »24,
acabo de leer las últimas páginas que
has traducido.
Voltaire apoya su brazo en los hombros
de Emilie. Los dos se desplazan
delante del castillo.
VOLTAIRE.- Tus conocimientos en
matemáticas y en física me dejan tan
estupefacto siempre.
Voltaire pintado por Nicolás de Larguillière
Emilie du Châtelet por Quentin de la Tour
EMILIE: Gracias a mi padre, tengo la suerte de no haber sido educado como las mujeres
de nuestra época. Se nos prohíbe el ámbito científico. ¡Esto debe cambiar, FrançoisMarie!
VOLTAIRE.- Muchas cosas deben cambiar, hablamos continuamente de ello.
EMILIE.- Todo el mundo desconfía de las mujeres sabias. ¿Quién nos excluye de las
Ciencias? Los hombres, evidentemente.
VOLTAIRE.- Querida Emilie, eres una mujer revolucionaria, libre en tu vida, libre en tus
investigaciones. Harían falta numerosas mujeres como tú para hacer evolucionar las
mentalidades.
EMILIE.- Eso no impide que el siglo XVIII sea diferente de los otros. ¡Un momento crucial
en la historia! (Ve a Antoine) Oh, tenemos visita. ¿Quién es?
VOLTAIRE.- Lo ignoro.
Antoine se aproxima y los saluda.
ANTOINE.- (Se presenta) Antoine Vacour. ¡Qué gran honor encontrarme con la primera
mujer científica en Francia y con el célebre Voltaire!
EMILIE.- Gracias, señor. ¿Pero qué hace usted en mi propiedad?
22
Emilie del Châtelet (1706-1749): mujer matemática y física francesa. Había aprendido el latín, el
griego y el alemán. Mantenía correspondencia con los grandes “sabios” de su tiempo. Tradujo del latín
al francés “Principia Mathematica” de Newton.
23
Voltaire, de nombre François-Marie Arouet (1694-1778): escritor y filósofo francés que luchó por
la tolerancia y la libertad de pensamiento; combatió también el fanatismo religioso.
24
Pompon Newton: así llamaba Voltaire a su amante, Emilie del Châtelet.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE : Oh, c’est une histoire un peu compliquée. Disons que j’aimerais aborder
certains sujets avec vous.
VOLTAIRE : Par exemple ?
ANTOINE : La tolérance, la justice, l’égalité, la liberté...
VOLTAIRE : (interrompt Antoine) Ah, monsieur Vacour ! Ce sont mes sujets de
prédilection.
EMILIE : (montre une table et des sièges) Asseyons-nous, nous serons plus à l’aise
pour discuter.
Emilie, Voltaire et Antoine vont s’asseoir tout en parlant.
VOLTAIRE : Je crois que toute ma vie je me battrai pour ces grandes valeurs, je me
battrai avec mes mots.
ANTOINE : J’en suis tout à fait convaincu, monsieur Voltaire. Votre lutte contre
l’intolérance, le fanatisme religieux, les erreurs judiciaires, l’inégalité... va faire bouger le
monde.
VOLTAIRE : Même si nous sommes dissemblables, nous devons nous respecter,
accepter justement nos différences.
EMILIE : Nous ne sommes pas nés pour nous haïr, mais pour nous entraider. Nous
sommes tous frères, n’est-ce pas ?
ANTOINE : La fraternité, évidemment ! Liberté, égalité, fraternité !
VOLTAIRE : Exactement, monsieur Vacour : la fraternité ! Oui, l’égalité aussi : tous les
hommes naissent et meurent égaux.
ANTOINE : Je dirais même qu’ils devraient naître “libres et égaux” !
EMILIE : Malheureusement ce n’est pas le cas... Ne serait-ce qu’en France ! Mais ce
n’est pas si simple... Les idées de Voltaire remettent en cause l’ordre établi. La Bastille25
n’est jamais très loin.
VOLTAIRE : (s’énerve) En effet, je suis contre la monarchie absolue, contre le fait que
l’Etat soit divisé en trois. On ne doit plus considérer les paysans comme des êtres
inférieurs. Il serait temps que les nobles paient plus de taxes que les pauvres.
EMILIE : François-Marie, calme-toi. Monsieur Vacour est d’accord avec toi. (Antoine
approuve de la tête) Il y a tant de raisons de se révolter... l’esclavage par exemple.
ANTOINE : Il sera aboli en France dans quelques années.
25
La Bastille : Forteresse, construite à Paris à la fin du 14ème siècle, qui fut transformée en prison
d’état par Richelieu. Voltaire y fut emprisonné en 1717 et 1726. La Bastille fut prise d’assaut le 14
juillet 1789 par le peuple parisien. La prise de la Bastille est l’un des symboles de la Révolution
française.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE.- Oh, es una historia un poco complicada. Digamos que me gustaría abordar
ciertos temas con usted.
VOLTAIRE.- ¿Por ejemplo?
ANTOINE.- La tolerancia, la justicia, la igualdad, la libertad…
VOLTAIRE.- (Interrumpe Antoine) ¡Ah, señor Vacour! Esos son mis temas predilectos.
EMILIE.- (Muestra una mesa y unos asientos) Sentémonos, estaremos más a gusto para
discutir.
Emilie, Voltaire y Antoine van a sentarse mientras hablan.
VOLTAIRE.- Creo que toda mi vida me pelearé por estos grandes valores, me pelearé
con mis palabras.
ANTOINE.- Estoy del todo convencido, señor Voltaire. Su lucha contra la intolerancia, el
fanatismo religioso, los errores judiciales, la desigualdad… va a hacer que se mueva el
mundo.
VOLTAIRE.- Aunque no seamos semejantes, debemos respetarnos, aceptar justamente
nuestras diferencias.
EMILIE.- No hemos nacido para odiarnos, sino para ayudarnos. Somos todos hermanos,
¿no es así?
ANTOINE.- ¡La fraternidad, evidentemente! ¡Liberdad, igualdad, fraternidad!
VOLTAIRE.- Exactamente, señor Vacour: ¡la fraternidad! Sí, la igualdad también: todos
los hombres nacen y mueren iguales.
ANTOINE.- ¡Diría incluso que deberían nacer «libres e iguales»!
EMILIE.- Desgraciadamente no es así… ¡Aunque solo fuera en Francia! Pero no es tan
simple… Las ideas de Voltaire ponen en tela de juicio el orden establecido. La Bastilla26
nunca está demasiado lejos.
VOLTAIRE.- (Se pone nervioso) De hecho, estoy en contra de la monarquía absoluta, en
contra del hecho de que el Estado esté dividido en tres. No se deben considerar a los
campesinos como seres inferiores. Ya va siendo hora de que los nobles paguen más
impuestos que los pobres.
EMILIE.- François-Marie, cálmate. El señor Vacour está de acuerdo contigo. (Antoine
asiente con la cabeza) Hay tantas razones para rebelarse… la esclavitud, por ejemplo.
ANTOINE.- Será abolida en Francia dentro de algunos años.
26
La Bastilla: Fortaleza, construida en París a finales del siglo XIV, que fue transformada en prisión
de estado por Richelieu. Voltaire fue encarcelado allí en 1717 y 1726. La Bastilla fue tomada el 14 de
julio de 1789 por el pueblo parisino. La toma de la Bastilla es uno de los símbolos d la Revolución
Francesa.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 20
EMILIE : Que dites-vous, monsieur Vacour ?
ANTOINE : Le 4 février 1794, pour être précis, rétabli en 1802, puis définitivement aboli
en 1848. Excusez-moi, je deviens pédant.
VOLTAIRE : Vous m’intriguez...
EMILIE : Ceci mérite des explications. Venez avec nous au château boire une tasse de
chocolat tout en poursuivant cette discussion.
ANTOINE : Pourquoi pas !
Tous trois se lèvent et disparaissent dans le château. Noir progressif.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 21
EMILIE.- ¿Qué dice usted, señor Vacour?
ANTOINE.- El 4 de febrero de 1794, para ser precisos, restablecida en 1802, después
abolida definitivamente en 1848. Perdóneme, me vuelvo pedante.
VOLTAIRE.- Usted me intriga…
EMILIE.- Esto merece alguna explicación. Venga con nosotros al castillo para beber una
taza de chocolate y continuar con esta discusión.
ANTOINE.- ¡Por qué no!
Los tres se levantan y desaparecen en el castillo. Oscuridad progresiva.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 22
Scène 4
Lumière et bruitages bizarres. Musique : Alléluia du Messie de Haendel27.
Antoine arrive sur scène. Lui seul est éclairé.
ANTOINE : C’était passionnant ! Dommage que je n’aie pas pu rester plus longtemps au
château de Cirey. Mais je veux faire d’autres rencontres... en espérant qu’un jour je
pourrai regagner le 21ème siècle. (écoute la musique) L’Alléluia du “Messie” de
Haendel. Quelle musique ! Pourvu qu’on n’utilise jamais cet air pour le transformer en
publicité à la télévision...
Musique qui diminue peu à peu, puis s’arrête.
ANTOINE : Je vis vraiment une
expérience fantastique... aux deux
sens du terme ! Me voici à Paris,
rue Saint-Honoré... en 1755.
Brouhaha. Le décor est à présent
éclairé : salon littéraire de MarieThérèse Geoffrin.
Tableau de Lemonnier.
Salon littéraire chez M-T Geoffrin.
ANTOINE : C’est le salon littéraire de Marie-Thérèse Geoffrin28, un salon renommé. On
est en train d’y lire un œuvre de Voltaire. Avec mes vêtements, je risque de ne pas être
le bienvenu.
Antoine se place sur le côté pour observer. Suzanne (servante) arrive derrière Antoine
qui ne la voit pas.
SUZANNE : Bonjour, monsieur. (Antoine sursaute)
ANTOINE : Bonjour, mademoiselle...
SUZANNE : (l’interrompt) Suzanne. Suzanne Marie. C’est la première fois que vous
venez ici, n’est-ce pas ? Qui dois-je annoncer ?
ANTOINE : Moi, c’est Antoine. Mais je préfère rester discret.
SUZANNE : Je comprends. C’est à cause de votre tenue.
27
Georg Friedrich Haendel : Compositeur allemand, puis britannique (1685-1759).
Marie-Thérèse Geoffrin : Riche bourgeoise aux origines modestes qui recevait deux fois par
semaine dans son salon littéraire des artistes, des écrivains, des savants, des ambassadeurs, des
étrangers tel le prince polonais Poniatowski... Elle subventionna l’Encyclopédie (1699-1777). Au 18ème
siècle les salons littéraires sont nombreux.
28
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 23
Escena 4
Iluminación y ruidos raros. Música: Aleluya del Mesías de Haendel.
Antoine sale a escena. Solo él está iluminado.
ANTOINE.- ¡Era apasionante! Es una pena que no haya podido quedarme más tiempo
en el castillo de Cirey. Pero quiero tener otros encuentros… a la espera de que un día
pueda volver al alcanzar el siglo XXI. (Escucha la música) El Aleluya del “Mesías” de
Haendel29. ¡Qué música! Ojalá que no utilicen nunca esta música para transformarla en
publicidad en la televisión…
Música que disminuye poco a poco, y después se para.
ANTOINE.- En realidad vivo una
experiencia fantástica… ¡en los dos
sentidos de la palabra! Aquí estoy en
París, en la calle Saint-Honoré… en
1755.
Algarabía. El decorado está ahora
iluminado: salón literario de MaríaTeresa Geoffrin.
Cuadro de Lemonnier.
Salón literario en casa de M-T Geoffrin.
ANTOINE.- Es el salón literario de María-Teresa Geoffrin30, un conocido salón. Estamos
leyendo una obra de Voltaire. Con mi ropa, me arriesgo a no ser bienvenido.
Antoine se coloca a un lado para observar. Suzanne (sirviente) llega detrás de Antoine,
que no la ve.
SUZANNE.- Buenos días, señor. (Antoine tiene un sobresalto)
ANTOINE.- Buenos días, señorita…
SUZANNE.- (Lo interrumpe) Suzanne. Suzanne Marie. Es la primera vez que viene
aquí, ¿no es así? ¿A quién debo anunciar?
ANTOINE.- Soy Antoine. Pero prefiero ser discreto.
SUZANNE.- Entiendo. Es a causa de su indumentaria.
29
Georg Friedrich Haendel: Compositor alemán, después británico (1685-1759).
30
Marie-Thérèse Geoffrin: Rica burguesa de origen modesto que recibía dos veces por semana en su
salón literario a artistas, escritores, sabios, embajadores, extranjeros como el príncipe polaco
Poniatowski… Subvenciona la Enciclopedia (1699-1777). En el siglo XVIII, los salones literarios son
numerosos.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 24
ANTOINE : Vous participez à ces réunions ?
SUZANNE : Vous vous moquez de moi, monsieur ?
ANTOINE : Non, je vous assure.
SUZANNE : Je ne suis ni écrivain ni artiste ni femme savante ni philosophe... mais
simplement une servante. Par contre, j’ai l’ouïe fine, monsieur. A force d’écouter tous
ces gens importants qui viennent ici deux fois par semaine, j’ai appris beaucoup de
choses.
ANTOINE : Et vous avez dû croiser des célébrités.
SUZANNE : Oh, ça oui ! Ils aiment discuter. Ils parlent de sujets souvent défendus. Ils
racontent des tas d’évènements. Moi aussi, j’aimerais proposer des idées nouvelles,
mais on ne m’écouterait pas.
ANTOINE : En êtes-vous sûre ?
SUZANNE : (hausse les épaules) Je ne m’exprime pas bien, surtout quand il y a du
monde. Pourtant, j’essaie de me cultiver ; il y a des tas d’ouvrages dans la bibliothèque
de ma maîtresse. Vous n’allez sans doute pas me croire, mais... (fièrement) J’ai appris à
lire seule, monsieur. Toute seule. Et je sais réfléchir. Je voudrais qu’il n’y ait plus de
préjugés. Je voudrais que les hommes et les femmes soient tous tolérants, libres et
heureux.
ANTOINE : Vous êtes philosophe sans le savoir, Suzanne.
SUZANNE : (éclate de rire) Ne dites pas n’importe quoi. Assez philosophé ! J’ai du
travail avec autant de monde.
ANTOINE : Voulez-vous que je vous aide ?
SUZANNE : Sûrement pas. Je dois y aller, on m’appelle. Adieu, monsieur. Peut-être à
une autre fois !
Suzanne disparaît.
ANTOINE : Suzanne a la chance de pouvoir écouter ces beaux parleurs. Mais combien
de personnes comme elle ont-elles accès aux critiques philosophiques, contre le pouvoir
tyrannique, contre les lois injustes, la torture, l’esclavage, contre le fanatisme religieux ?
Les contes philosophiques et les pamphlets seraient les meilleurs moyens d’atteindre le
plus grand nombre, si tous savaient lire. Ce n’est pas pour tout de suite...
SUZANNE : (passe rapidement) Vous êtes encore là ? Vous devriez partir avant que
quelqu’un vous aperçoive. (disparaît)
ANTOINE : (soupire) Il faudra une Révolution pour que le monde commence à changer
un peu... mais les idées germent. C’est déjà un grand pas en avant.
Musique : par exemple de Telemann31 (avant 1756). Antoine disparaît. La lumière
baisse progressivement.
31
Georg Philipp Telemann : Compositeur allemand (1681-1767).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 25
ANTOINE.- ¿Participa usted en estas reuniones?
SUZANNE.- ¿Se burla usted de mí, señor?
ANTOINE.- No, se lo aseguro.
SUZANNE.- No soy ni escritora ni artista ni sabia ni filósofa… sino simplemente una
sirviente. Por el contrario, tengo el oído fino, señor. A fuerza de escuchar a todas estas
gentes importantes que vienen aquí dos veces por semana, he aprendido muchas
cosas.
ANTOINE.- Y usted ha debido cruzarse con celebridades.
SUZANNE.- ¡Oh, eso sí! Les gusta discutir. Hablan de temas a menudo prohibidos.
Cuentan montones de sucesos. A mí también me gustaría proponer ideas nuevas, pero
no me escucharían.
ANTOINE.- ¿Está usted segura de ello?
SUZANNE.- (Se encoge de hombros) No me expreso bien, sobre todo cuando hay
gente. Sin embargo, intento cultivarme; hay muchas obras en la biblioteca de mi ama.
Usted no va a creerme, pero… (Con orgullo) He aprendido a leer sola, señor.
Completamente sola. Sé reflexionar. Desearía que no hubiera más prejuicios. Quisiera
que los hombres y las mujeres fueran todos tolerantes, libres y felices.
ANTOINE.- Usted es filósofa sin saberlo, Suzanne.
SUZANNE.- (Estalla de risa) No diga lo primero que se le ocurra. ¡Ya ha filosofado
bastante! Tengo trabajo con tanta gente.
ANTOINE.- ¿Quiere usted que la ayude?
SUZANNE.- Por supuesto que no. Tengo que ir allí, me llaman. Adiós, señor. ¡Tal vez
hasta la próxima vez!
Suzanne desaparece.
ANTOINE.- Suzanne tiene suerte de poder escuchar estas bonitas palabras. ¿Pero
cuántas personas como ella tienen acceso a las críticas filosóficas, contra el poder
tiránico, contra las leyes injustas, la tortura, la esclavitud, contra el fanatismo religioso?
Los cuentos filosóficos y los panfletos serían los mejores medios para llegar al mayor
número de personas, si todos supieran leer. Pero eso no sucede ahora.
SUZANNE.- (Pasa rápidamente) ¿Está usted todavía ahí? Debería irse antes de que
alguien se dé cuenta. (Desaparece)
ANTOINE.- (Suspira) ¡Ay! Hace falta una Revolución, un baño de sangre para que el
mundo empiece a cambiar un poco… pero las ideas germinan. Ya es un gran paso
adelante.
Música: por ejemplo de Teleman32 (antes de 1756). Antoine desaparece. La luz baja
progresivamente.
32
Georg Philipp Teleman: Compositor alemán (1681-1767).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 26
Scène 5
Lumière et bruitages bizarres. Musique : Haydn33. La lumière redevient normale.
Diderot34 est en train de travailler dans son bureau. Antoine apparaît sur le côté, Diderot
ne se rend pas compte de sa présence.
ANTOINE : J’aurais dû changer de vêtements. (soupire) Bon, de toute façon, je n’ai pas
d’argent pour en acheter d’autres. Mon voyage au siècle des Lumières se poursuit.
Denis Diderot a accepté de me recevoir, je ne vais pas rater cette occasion. Me voilà
donc en 1765. Louis XV35 est toujours le roi de France. La publication de la célèbre
Encyclopédie est presque achevée. L’Encyclopédie, c’est ce qui m’intéresse !
Suite de la musique. Antoine s’approche lentement. Diderot relève la tête et aperçoit
Antoine. Fin de la musique.
DIDEROT : Ah, monsieur Vacour sans doute ? (Antoine approuve de la tête) Entrez
donc.
ANTOINE : Je vous dérange. Vous êtes occupé, monsieur Diderot ?
DIDEROT : Je suis en train de travailler sur mon roman, Le Neveu de Rameau, mais je
peux faire une pause. Que me vaut votre visite ?
ANTOINE : J’aimerais que vous me parliez de L’Encyclopédie.
DIDEROT : C’est un vaste sujet. Beaucoup de volumes de
textes et de planches, monsieur Vacour ! Nous sommes très
nombreux à avoir participé à ce grand projet : d’Alembert36,
Voltaire, Montesquieu...
ANTOINE : (l’interrompt) Des savants, des philosophes, des
spécialistes de nombreuses disciplines. Je sais, monsieur
Diderot.
DIDEROT : Alors que voulez-vous apprendre ?
ANTOINE : On dit que vous avez voulu rendre la philosophie
populaire.
Tableau de Diderot peint par Van Loo.
33
Joseph Haydn : Compositeur autrichien (1732-1809).
Denis Diderot : Ecrivain, philosophe, traducteur, critique d’art, etc. (1713-1784). En 1747, Jean Le
Rond d’Alembert le charge de la direction de la rédaction d’une Encyclopédie (Dictionnaire raisonné
des sciences, des arts et des métiers). Jusqu’en 1757, d’Alembert et Diderot la dirigent ensemble.
La publication des 35 volumes s’échelonnera de 1751 à 1772.
35
Louis XV (1710-1774) : roi de France de 1715 à 1774. De 1715 à 1723, c’est son grand-oncle, le duc
d’Orléans qui est le régent du Royaume.
36
Jean Le Rond d’Alembert : Mathématicien, philosophe, encyclopédiste français (1717-1783).
34
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 5
Después iluminación y ruidos extraños. Música: Haydn37. La luz se vuelve normal.
Diderot38 está trabajando en su despacho. Antoine aparece por un lado, Diderot no se
da cuenta de su presencia.
ANTOINE.- Tendría que haberme cambiado de ropa. (Suspira) Bueno, de todas formas,
no tengo dinero para comprar otra. Mi viaje al Siglo de las Luces continúa. Denis
Diderot ha aceptado recibirme, no voy a perder esta ocasión. Aquí estoy en 1765. Luis
XV39 es todavía el rey de Francia. La publicación de la célebre Enciclopedia está casi
acabada. ¡Y es lo que me interesa!
Continúa la música. Antoine se aproxima lentamente. Diderot levanta la cabeza y ve a
Antoine. Termina la música.
DIDEROT.- Ah, señor Vacour sin duda. (Antoine asiente con la cabeza) Entre, pues.
ANTOINE.- ¿Le molesto? ¿Está usted ocupado, señor Diderot?
DIDEROT.- Estoy trabajando en mi novela, Le Neveu de Rameau, pero puedo
descansar un rato. ¿A qué se debe su visita?
ANTOINE.- Me gustaría que me hablara de La Enciclopedia.
DIDEROT.- Es un tema extenso. ¡Un gran número de volúmenes de textos y de
planchas, señor Vacour! Somos muy numerosos los que participamos en este gran
proyecto: d’Alembert40, Voltaire, Montesquieu…
ANTOINE.- (Lo interrumpe) Sabios, filósofos, especialistas de
numerosas disciplinas. Lo sé, señor Diderot.
DIDEROT.- ¿Entonces qué quiere saber?
ANTOINE.- Se dice que usted quiso hacer la filosofía más
popular.
Cuadro de Diderot pintado por Van Loo.
37
Joseph Haydn: Compositor austríaco (1732-1809).
Denis Diderot: Escritor, filósofo, traductor, crítico de arte, etc. (1713-1784). ·n 1747, Jean le
Rond d’Alembert le encarga la dirección de la redacción de una Enciclopedia (Diccionario razonado de
las ciencias, las artes y los oficios). Hasta 1757, d’Alembert y Diderot la dirigen juntos. La
publicación de los 35 volúmenes se escalonará de 1751 a 1772.
39
Luis XV (1710-1774): rey de Francia de 1715 a 1774. De 1715 a 1723, su tío abuelo, el duque de
Orleans, es el regente del Reino.
40
Jean Le Rond d’Alembert: Matemático, filósofo, enciclopedista francés (1717-1783).
38
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 28
DIDEROT : “Le but de l’Encyclopédie est de rassembler les connaissances sur la
surface de la terre...41” Ainsi nos descendants, plus instruits deviendront “plus vertueux
et plus heureux”. Le bonheur et la vertu sont deux grandes valeurs, monsieur Vacour.
ANTOINE : L’Encyclopédie aborde des sujets très variés, la philosophie, les sciences,
les arts, la nature... Vous y réhabilitez aussi le travail manuel.
DIDEROT : L’imprimerie, l’agriculture, l’horlogerie, la passementerie et j’en passe !
Toutes les productions humaines ! Quel que soit le sujet, il faut éliminer ce qui peut faire
obstacle à la raison. Il ne faut pas avoir peur de critiquer les notions fondamentales qui
concernent l’homme et l’organisation de la société.
ANTOINE : Je vous approuve totalement.
DIDEROT : Il doit y avoir une unité entre la matière et la pensée, le corporel et le
spirituel.
ANTOINE : Tout à fait.
DIDEROT : Il y a tant de sujets importants à aborder. Nous, les philosophes, prenons
des risques, vous vous en doutez. Certains ont été arrêtés, emprisonnés...
ANTOINE : Vous aussi, d’ailleurs.
DIDEROT : Oui. Des persécutions, j’en ai subi ! “Nous avons pour ennemis : la Cour, les
Grands, les militaires, les prêtres, la police, les magistrats...42” Comme je l’ai écrit dans
l’un des articles de l’Encyclopédie : “Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de
commander aux autres. Chaque individu a le droit de jouir de la liberté, aussitôt qu’il
jouit de la raison.”
ANTOINE : En effet.
DIDEROT : Mais je saute du coq à l’âne... Seriez-vous libre pour le souper ?
ANTOINE : Avec plaisir.
DIDEROT : J’ai l’impression que vous me cachez quelque chose... Vous avez l’air d’en
savoir beaucoup plus sur l’Encyclopédie que vous ne le dites. Et si vous m’expliquiez
d’où provient votre étrange tenue ?
ANTOINE : Hum... Ne me prenez pas pour un fou ou un menteur car les
encyclopédistes rejettent les explications théologiques ou métaphysiques... Si le
fantastique intervient, vous risquez de me jeter dehors.
DIDEROT : Nous verrons bien, monsieur Vacour ! Allons souper.
Musique : par exemple “gavotte” de Rameau. Diderot et Antoine sortent du bureau.
41
Extraits de l’article de Diderot, “Encyclopédie”, rédigé en 1755.
Extrait de Mélanges philosophiques, historiques, etc., adressés par Diderot à Catherine II de
Russie en 1773.
42
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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DIDEROT.- «La finalidad de La Enciclopedia es reunir los esparcidos por la faz de la
tierra…”43 Así nuestros descendientes más instruidos, se volverán “más virtuosos y más
alegres”. La felicidad y la virtud son dos grandes valores, señor Vacour.
ANTOINE.- La Enciclopedia aborda temas muy variados, la filosofía, las ciencias, las
artes, la naturaleza… En ella restablece también el trabajo manual.
DIDEROT.- La imprenta, la agricultura, la relojería, la pasamanería y y no sé cuántas
cosas más. Todas las producciones humanas. Sea cual sea el tema, hay que eliminar lo
que puede obstaculizar a la razón. No hay que tener miedo de criticar las nociones
fundamentales que conciernen al hombre y la organización de la sociedad.
ANTOINE.- Le doy mi completa aprobación.
DIDEROT.- Tiene que haber una unidad entre la materia y el pensamiento, lo corporal y
lo espiritual.
ANTOINE.- Por supuesto.
DIDEROT.- Hay tantos temas importantes que abordar. Nosotros, los filósofos, tenemos
riesgos, ¿lo duda? Algunos de nosotros hemos sido arrestados, aprisionados…
ANTOINE.- Usted también, por otro lado.
DIDEROT.- Sí. He sufrido también persecuciones. “Tenemos por enemigos: la Corte,
los Grandes, los militares, los curas, la policía, los magistrados44…” Como he escrito yo
mismo en uno de los artículos de La Enciclopedia: “Ningún hombre ha recibido de la
naturaleza el derecho acondenar a los demás. Cada individuo tiene derecho a gozar de
la libertad, tanto como goza de la razón.”
ANTOINE.- En efecto.
DIDEROT.- Pero yo salto de un tema a otro… ¿Está usted libre para cenar?
ANTOINE.- Encantado.
DIDEROT.- Tengo la impresión de que me esconde usted algo… Me parece que sabe
usted mucho más acerca de La Enciclopedia de lo que dice. ¿Y si me explica de dónde
sale su extraña indumentaria?
ANTOINE.- Hum… Si no me toma por un loco o un mentiroso, pues los enciclopedistas
rechazan las explicaciones teológicas o metafísicas… Si lo fantástico interviene, me
arriesgo a que me eche fuera.
DIDEROT.- ¡Ya veremos, señor Vacour! Vamos a cenar.
Música: por ejemplo « gavotte » de Rameau. Diderot y Antoine salen del despacho.
43
Extracto del artículo de Diderot, “Encyclopédie”, redactado en 1775.
Fragmento de Mélanges philosophiques, historiques, etc., dirigidas por Diderot a Catalina II de
Rusia en 1773.
44
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Scène 6
Lumière et bruitages bizarres. Antoine apparaît sur le côté, lui seul est éclairé au départ.
ANTOINE : Cette fois-ci, je n’ai choisi ni la date ni l’endroit où j’atterris. J’ai l’impression
d’être encore à Paris. Mais en quelle année ?
Eclairer un côté du décor sur lequel sont peints des personnages qui portent des
vêtements de l’époque Louis XVI, peu avant la Révolution (ou bien ce sont des figurants
qui se déplacent).
ANTOINE : Je crois que plusieurs
années se sont écoulées. Le roi Louis
XVI45 a dû succéder à son grandpère, Louis XV.
Applaudissements et cris de joie.
Eclairer l’ensemble du décor : le
théâtre de l’Odéon de Paris. Affiche
de théâtre :
« La Folle journée, ou le Mariage de
Figaro — de Beaumarchais46 »
ANTOINE : C’est la première représentation de la célèbre pièce de Beaumarchais, “La
Folle journée, ou le Mariage de Figaro” par les acteurs de la Comédie-Française. Nous
sommes donc le 27 avril 1784.
Arrive Jeanne, une jeune fille.
JEANNE : Le 27 avril 1784, exactement. Vous parlez tout seul, monsieur ?
ANTOINE : Je réfléchissais, mademoiselle. J’aime le théâtre.
JEANNE : Vous n’avez pas assisté à cette pièce ?
ANTOINE : Visiblement, j’arrive trop tard. Mais je connais bien le texte.
JEANNE : Etes-vous acteur, monsieur ?
ANTOINE : Non, mademoiselle.
JEANNE : Oh, voilà monsieur de Beaumarchais.
Beaumarchais arrive en gesticulant et parlant fort.
45
Louis XVI (1754-1791) : Roi de France de 1774 à 1791, puis roi des Français de 1791 à 1792. Il est
condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1794.
46
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais : écrivain français, mais aussi homme d’affaires, musicien,
poète.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 6
Iluminación y ruidos extraños. Antoine aparece a un lado, él solo está iluminado al
principio.
ANTOINE.- Esta avez, no he escogido ni la fecha ni el lugar en el que aterrizo. Tengo la
impresión de estar todavía en París. Pero ¿en qué año?
Iluminar un lado del decorado sobre el que están pintados personajes que llevan
vestuario de la época de Louis XVI, poco antes de la Revolución (o bien son figurantes
que se desplazan).
ANTOINE.- Creo que han pasado
varios años. El rey Louis XVI47 ha
tenido que suceder a su abuelo, Louis
XV.
Aplausos y gritos de alegría. Iluminar el
conjunto del decorado: el teatro del
Odéon de París. Cartel de teatro: “La
Folle journée, ou le Mariage de Figaro
– de Beaumarchais48”
ANTOINE.- Es la primera representación de la célebre obra de Beaumarchais, “La Folle
journée, ou le Mariage de Figaro” por los actores de la Comédie-Française. Estamos a
27 de abril de 1784.
Llega Jeanne, una muchacha joven.
JEANNE.- El 27 de abril de 1784, exactamente. ¿Habla usted solo, señor?
ANTOINE.- Estaba pensando, señorita. Me gusta el teatro.
JEANNE.- ¿No ha asistido usted a esta obra?
ANTOINE.- Evidentemente, llego demasiado tarde. Pero conozco bien el papel.
JEANNE.- ¿Es usted actor, señor?
ANTOINE.- No, señorita.
JEANNE.- Oh, aquí está el señor Beaumarchais.
Beaumarchais llega gesticulando y hablando muy alto.
47
Louis XVI (1754-1791): Rey de Francia de 1774 a 1791, después rey de los franceses de 1791 a
1792. Es condenado a muerte y guillotinado el 21 de enero de 1794.
48
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais: escritor francés, pero también hombre de negocios,
músico, poeta.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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BEAUMARCHAIS : Ah, enfin ! Ma pièce a été jouée au théâtre de l’Odéon après des
années de censure ! Un triomphe ! Le théâtre est hélas encore sous le contrôle du
pouvoir ! “Sans la liberté de blâmer49...”
ANTOINE : “... Il n’est point d’éloge flatteur.”
Beaumarchais sursaute, s’arrête et se tourne vers Antoine.
BEAUMARCHAIS : Que dites-vous, monsieur l’inconnu ?
ANTOINE : Je vous citais, monsieur de Beaumarchais.
BEAUMARCHAIS : Serait-ce de la flatterie ?
ANTOINE : Non, de l’admiration. Vous avez écrit une
grande pièce.
Beaumarchais peint par J-M Nattier
BEAUMARCHAIS : J’y dénonce les privilèges archaïques de la Noblesse. Il y en a plus
d’un qui ne vont pas le supporter. Ils se sont “donné la peine de naître, et...
ANTOINE : “Et rien de plus.”
BEAUMARCHAIS : Bravo ! Par la voix de Figaro, je dénonce aussi les contradictions de
la justice, la condition faite aux femmes... Et c’est un triomphe !
ANTOINE : Le succès de cette pièce va être énorme.
BEAUMARCHAIS : En êtes-vous sûr ?
ANTOINE : 68 séances au théâtre de l’Odéon !
BEAUMARCHAIS : Impossible, monsieur l’inconnu qui ne vous êtes pas présenté.
ANTOINE : Antoine Vacour.
Beaumarchais aperçoit Jeanne.
BEAUMARCHAIS : Ah, Jeanne ! Belle Jeanne ! Quel dommage que vous n’ayez pas
joué le rôle de Suzanne dans ma pièce, vous auriez été parfaite. (regarde Antoine et
Jeanne) Vous vous connaissez ?
JEANNE : Non. Nous venons de nous rencontrer.
BEAUMARCHAIS : Jeanne Domont est une actrice de talent. C’est une amie d’Olympe
de Gouges. Elle fait partie de sa troupe itinérante.
ANTOINE : Olympe de Gouges50, cette femme extraordinaire ?
JEANNE : Oui. J’ai cette chance.
BEAUMARCHAIS : Mais dites-moi, monsieur l’inconnu...
49
50
Phrase extraite du Mariage de Figaro.
Voir scène suivante.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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BEAUMARCHAIS.- ¡Ah, por fin! ¡Mi obra se ha representado en el teatro del Odeón
después de años de censura! ¡Un éxito! ¡Desafortunadamente, el teatro está todavía
bajo el control del poder! “Sin la libertad de censurar51…”
ANTOINE.- ”… No es para nada un elogio adulador »
Beaumarchais se sobresalta, se para y se vuelve hacia
Antoine.
BEAUMARCHAIS.- ¿Qué dice usted, señor desconocido?
ANTOINE.- Le citaba a usted, señor Beaumarchais.
BEAUMARCHAIS.- ¿Sería eso un halago?
ANTOINE.- No, admiración. Usted ha escrito una gran obra.
Beaumarchais pintado por J-M Nattier
BEAUMARCHAIS.- En ella denuncio los privilegios arcaicos de la Nobleza. Existe más
de uno que no va a soportarlo. Se han “molestado en nacer, y…
ANTOINE.- “Nada más.”
BEAUMARCHAIS.- ¡Bravo! En la voz de Fígaro, denuncio también las contradicciones
de la justicia, la condición dada a las mujeres… ¡Y esto es un triunfo!
ANTOINE.- El éxito de esta obra va a ser enorme.
BEAUMARCHAIS.- ¿Está usted seguro?
ANTOINE.- ¡68 sesiones en el teatro del Odeón!
BEAUMARCHAIS.- Imposible, señor desconocido que no se ha presentado.
ANTOINE.- Antoine Vacour.
Beaumarchais se da cuenta de la presencia de Jeanne.
BEAUMARCHAIS.- ¡Ah, Jeanne! ¡Bella Jeanne! Qué pena que usted no haya
representado el papel de Suzanne en mi obra, habría estado perfecta. (mira a Antoine y
a Jeanne) ¿Se conocen?
JEANNE.- No. Acabamos de encontrarnos.
BEAUMARCHAIS.- Jeanne Domont es una actriz de talento. Es una amiga de Olympe
de Gouges. Forma parte de su compañía de teatro itinerante.
ANTOINE.- Olympe de Gouges52, ¿esa extraordinaria mujer?
JEANNE.- Sí. Tengo esa suerte.
BEAUMARCHAIS.- Pero dígame, señor desconocido…
51
52
Frase sacada de las Bodas de Fígaro.
Ver la escena siguiente.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE : Vacour.
BEAUMARCHAIS : Monsieur Vacour... A part les 68 séances, que pouvez-vous me
prédire d’autre ?
ANTOINE : Dans deux ans, votre pièce sera adaptée en opéra par Lorenzo da Ponte
pour le livret et Mozart53 pour la musique...
JEANNE : Wolfgang Amadeus Mozart ? (Antoine approuve de la tête)
BEAUMARCHAIS : Vous plaisantez ?
ANTOINE : Non, écoutez !
Passage musical, extrait des “Noces de Figaro”.
JEANNE : Comment faites-vous ? Quel est votre secret ?
ANTOINE : Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas.
BEAUMARCHAIS : Monsieur Vacour, revenez me voir si vos prédictions ont bien lieu...
mais j’en doute.
ANTOINE : Moi, non. Alors, à bientôt, monsieur de Beaumarchais.
BEAUMARCHAIS : Adieu, monsieur ! Au revoir, Jeanne. (s’éloigne en gesticulant) Un
triomphe ! Un vrai triomphe ! Mais 68 séances ? C’est impensable !
Beaumarchais disparaît.
JEANNE : Je dois y aller maintenant. Mais je serais heureuse de vous revoir.
ANTOINE : Moi, aussi.
JEANNE : Nos chemins se croiseront à nouveau. Ici ? Devant le théâtre de l’Odéon ?
ANTOINE : Je l’espère de tout cœur.
JEANNE : Au revoir, monsieur Vacour...
ANTOINE : Antoine.
JEANNE : Au revoir, Antoine.
ANTOINE : Au revoir, Jeanne.
Jeanne agite la main, s’éloigne et disparaît.
ANTOINE : Aïe, aïe, aïe... J’ai le cœur qui bat. Que m’arrive-t-il ? Je ne vais quand
même pas tomber amoureux d’une jeune fille du 18ème siècle ! Ce serait la
catastrophe... J’ai plus de 200 ans de plus qu’elle !
Extrait musical des “Noces de Figaro”.
ANTOINE : Ah, Mozart ! Il est vraiment temps que je change d’époque ! (brandit son
livre)
Noir. La musique baisse, puis s’arrête.
53
Wolfgang Amadeus Mozart : Compositeur allemand (1756-1791).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE.- Vacour.
BEAUMARCHAIS.- Señor Vacour… Además de las 68 sesiones, ¿qué otra cosa puede
predecirme?
ANTOINE.- Dentro de dos años, su obra será adaptada en ópera por Lorenzo da Ponte
para el libreto y Mozart54 para la música…
JEANNE.- ¿Wolfgang Amadeus Mozart? (Antoine asiente)
BEAUMARCHAIS.- ¿Bromea usted?
ANTOINE.- ¡No, escuche!
Fragmento musical, sacado de las “Bodas de Fígaro”.
JEANNE.- ¿Cómo lo hace usted? ¿Cuál es su secreto?
ANTOINE.- Si se lo dijera, no me creería.
BEAUMARCHAIS.- Señor Vacour, vuelva a verme si sus predicciones se llevan a
cabo… aunque lo dudo.
ANTOINE.- Yo, no. Entonces, hasta pronto, señor Beaumarchais.
BEAUMARCHAIS.- ¡Adiós, señor! Hasta pronto, Jeanne. (Se aleja gesticulando) ¡Un
éxito! ¡Un verdadero éxito! ¿Pero 68 sesiones? ¡Es imposible!
Beaumarchais desaparece.
JEANNE.- Ahora tengo que irme. Pero estaré encantada de volver a verle.
ANTOINE.- Yo, también.
JEANNE.- Nuestros caminos se cruzarán de nuevo. ¿Aquí? ¿Delante del teatro del
Odeón?
ANTOINE.- Lo espero, de todo corazón.
JEANNE.- Hasta la vista, señor Vacour…
ANTOINE.- Antoine.
JEANNE.- Hasta la vista, Antoine.
ANTOINE.- Hasta la vista, Jeanne.
Jeanne mueve la mano, se aleja y desaparece.
ANTOINE.- Ay, ay, ay… Mi corazón se agita. ¿Qué me sucede? ¡No me voy a
enamorar de una muchacha del siglo XVIII! Sería una catástrofe… ¡Tengo 200 años
más que ella!
Fragmento musical de las “Bodas de Fígaro”.
ANTOINE.- ¡Ah, Mozart! ¡Ya va siendo hora de que cambie de época! (Agita su libro)
Oscuridad. El nivel de la música desciende y, después, se para.
54
Wolfgang Amadeus Mozart: Compositor alemán (1756-1791).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Scène 7
Lumière et bruitages bizarres. Musique, ex Mozart (extrait de Don Giovanni). Antoine
apparaît.
ANTOINE : Avant de regagner le 21ème siècle, si j’y parviens, j’ai choisi de faire un
court passage début mai 1789. Demain aura lieu l’ouverture des Etats Généraux55, à
Versailles. Un fort élan politique parcourt le pays. La Révolution française ne va pas
tarder à éclater.
Passent Olympe de Gouges56 et Jeanne. Antoine les aperçoit.
ANTOINE : (la main sur le cœur) Mais... c’est Jeanne Domont
et... Olympe de Gouges ! Je reconnais son visage ; il y a une
reproduction de son portrait dans mon livre.
Jeanne et Olympe de Gouges s’éloignent.
ANTOINE : (appelle) Jeanne ! (Jeanne se retourne) Jeanne, c’est
moi, Antoine. Antoine Vacour.
JEANNE : Depuis cinq ans, je vous ai cherché dans tout Paris,
Antoine. Où étiez-vous donc ?
Olympe de Gouges par Alexandre Kurchaski
ANTOINE : Je vous expliquerai plus tard, je vous le promets. (à Olympe) Bonjour,
madame. (se présente) Antoine Vacour.
OLYMPE : Bonjour, monsieur. (à Jeanne) Est-ce ce monsieur que tu avais croisé
devant le théâtre de l’Odéon et que tu n’as jamais retrouvé ?
JEANNE : Oui, c’est bien lui.
ANTOINE : (à Jeanne) Je suis ravi de vous revoir, Jeanne... (à Olympe) et très heureux
de vous rencontrer, vous, Olympe de Gouges, la première grande féministe.
OLYMPE : Féministe ? Ce terme sonne bizarrement. Mais parlons d’autre chose ! La
Révolution, ce sera la liberté, la tolérance, l’égalité entre les sexes, le bonheur !
ANTOINE : En êtes-vous sûre ? (Olympe approuve de la tête) Vous ne craignez pas un
bain de sang, ce qu’on pourrait appeler La Terreur ?
OLYMPE : Dans quel camp êtes-vous donc, monsieur Vacour ?
JEANNE : Olympe, Antoine émet simplement des hypothèses.
OLYMPE : Admettons.
ANTOINE : J’ai lu vos Remarques patriotiques dans le Journal général de la France de
décembre 1788.
55
Les Etats Généraux : Assemblées extraordinaires, convoquées par le roi, réunissant les trois
ordres (états) de la société : noblesse, clergé, tiers état.
56
Olympe de Gouges : femme de lettres et femme politique française (1748-1793).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 7
Iluminación y ruidos extraños. Música, de Mozart (fragmento de Don Giovanni). Antoine
aparece.
ANTOINE.- Antes de volver al siglo XXI, si lo consigo, he decidido dar un corto paseo a
principios de mayo de 1789. Mañana tendrá lugar la apertura de los Estados
Generales57, en Versalles. Un fuerte impulso político recorre el país. La Revolución
Francesa no tardará en estallar.
Pasan Olympe de Gouges58
ANTOINE.- (Con la mano en el corazón) Pero… es Jeanne
Domont y… ¡Olimpia de Gouges! Reconozco su cara; hay una
reproducción de su retrato en mi libro.
Jeanne y Olimpia de Gouges se alejan.
ANTOINE.- (Llama) ¡Jeanne! (Jeanne se gira) Jeane, soy yo,
Antoine. Antoine Vacour.
JEANNE.- Desde habe cinco años, le he buscado por todo
París, Antoine. ¿Dónde estaba usted?
Olympe de Gouges por Alexandre Kurchaski
ANTOINE.- Se lo explicaré más tarde, se lo prometo. (A Olimpia) Buenos días, señora.
(Se presenta) Antoine Vacour.
OLYMPE.- Buenos días, señor. (A Jeanne). ¿Es este el señor con quien te habías
cruzado delante del teatro del Odeón y que no habías vuelto a ver nunca?
JEANNE.- Sí, es él.
ANTOINE.- (A Jeanne) Estoy encantado de volver a verla, Jeanne… (A Olimpia) y muy
feliz de encontrarla, Olimpia de Gouges, la primera gran feminista.
OLYMPE.- ¿Feminista? Este término suena muy raro. ¡Pero hablemos de otra cosa! ¡La
Revolución, será la libertad, la tolerancia, la igualdad entre sexos, la felicidad!
ANTOINE.- ¿Está usted segura? (Olimpia asiente) ¿No teme un baño de sangre, lo que
podríamos llamar El Terror?
OLYMPE.- ¿En qué bando está usted entonces, señor Vacour?
JEANNE.- Olympe, Antoine formula simples hipótesis.
OLYMPE.- Admitámoslo.
ANTOINE.- He leído sus Remarques patriotiques en el Boletín general de Francia, de
diciembre de 1788.
57
Los Estados Generales: Asambleas extraordinarias, convocadas por el rey, que reúnen los tres
órdenes (estados) de la sociedad: nobleza, clero, tercer estado.
58
Olympe de Gouges : mujer intelectual y política francesa (1748-1793).
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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OLYMPE : Ah ! Mon programme de réformes sociales, centres de soins et d’accueil,
ateliers d’Etat pour les ouvriers sans travail, impôt sur les signes extérieurs de
richesse... Quelle est votre réaction ? Qu’en avez-vous pensé ?
ANTOINE : Vous êtes visionnaire, en avance sur votre temps de plusieurs siècles.
JEANNE : Olympe se bat pour la reconnaissance des droits des plus démunis, des
Noirs, des femmes, des enfants illégitimes, des malades.
ANTOINE : Je vous félicite sincèrement.
OLYMPE : Malheureusement les femmes qui réfléchissent trop ne sont guère
appréciées.
JEANNE : On considère que nous n’avons pas plus d’âme que les animaux. Croyezvous qu’une Révolution rétablira l’égalité des hommes et des femmes ?
ANTOINE : Hélas, la Révolution finira par écarter des droits politiques et civiques toutes
les femmes, donc la moitié de la société.
OLYMPE : Vous êtes bien pessimiste.
ANTOINE : Je dirais plutôt réaliste.
JEANNE : Et connaissez-vous les pièces de théâtre d’Olympe de Gouges ?
ANTOINE : Bien sûr. Je connais tous ses écrits et je les apprécie.
OLYMPE : Merci. Dommage que les hommes comme vous ne soient pas très
nombreux. J’ai à faire. Je laisse Jeanne en bonne compagnie. Mais n’oubliez pas,
monsieur Vacour : le seul parti qui m’intéresse vivement est celui de ma patrie, celui de
la France.
ANTOINE : Je n’en ai jamais douté.
OLYMPE : J’espère qu’il en est de même pour vous. (Antoine de la tête) Au revoir. A
demain, Jeanne.
Olympe de Gouges s’en va.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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OLYMPE.- ¡Ah! Mi programa de reformas sociales, centros de cuidados y de acogida,
talleres de Estado para los obreros sin trabajo, impuesto sobre los símbolos externos de
riqueza. ¿Cuál es su reacción? ¿Qué ha pensado usted?
OLYMPE.- ¿Qué piensa usted?
ANTOINE.- Usted es visionaria, adelantada a su tiempo varios siglos.
JEANNE.- Olympe se pelea por el reconocimiento de los derechos de los más
desfavorecidos, de los Negros, de las mujeres, de los niños ilegítimos, de los enfermos.
ANTOINE.- La felicito sinceramente.
OLYMPE.- Desgraciadamente, las mujeres que reflexionan demasiado apenas si se
tienen en cuenta.
JEANNE.- Se considera que no tenemos más alma que los animales. ¿Piensa usted
que una Revolución restablecerá la igualdad de los hombres y de las mujeres?
ANTOINE.- Desafortunadamente, la Revolución acabará por separar a todas las
mujeres de los derechos políticos y cívicos, es decir, la mitad de la sociedad.
OLYMPE.- Usted es muy pesimista.
ANTOINE.- Diría más bien realista.
JEANNE.- ¿Y conoce usted las obras de teatro de Olympe de Gouges?
ANTOINE.- Por supuesto. Conozco todos sus escritos y los valoro.
OLYMPE.- Gracias. Es una pena que los hombres como usted no sean muy
numerosos. Tengo que hacer. Dejo a Jeanne, en buena compañía. Pero no olvide,
señor Vaucour, el único partido que me interesa realmente es el de mi patria, el de
Francia.
ANTOINE.- No lo he dudado nunca.
OLYMPE.- Espero lo mismo para usted. (Antoine, con la cabeza) Hasta pronto. Hasta
mañana, Jeanne.
Olympe de Gouges se va.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Scène 8
Antoine prend les mains de Jeanne.
JEANNE : Vous m’avez beaucoup manqué, Antoine. Je crois que je suis tombée
amoureuse de vous dès le premier regard.
ANTOINE : Je crois qu’il en est de même pour moi, Jeanne. Comptez-vous suivre
Olympe de Gouges pendant toutes les années à venir, quoi qu’il advienne ?
JEANNE : Oui, je n’ai pas son talent, mais nous avons les mêmes convictions.
ANTOINE : Me faites-vous confiance ?
JEANNE : Oui.
ANTOINE : Même si ce que je vais vous dire va vous sembler absurde, impossible ?
JEANNE : Oui.
ANTOINE : (montre son livre) Feuilletez ce livre que j’ai écrit.
JEANNE : (en feuilletant le livre) Vous semblez au courant de tout ce qu’il s’est passé
depuis la mort de Louis XIV. Vous êtes très instruit.
ANTOINE : Je ne cherche pas les compliments. Lisez donc cette page.
JEANNE : 1791 ? En effet, c’est absurde. Nous ne sommes qu’en 1789.
ANTOINE : Continuez.
JEANNE : (lit) En 1791, Olympe de Gouges rédige la Déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne. Elle y affirme les droits civiques et politiques des deux sexes.
(relève la tête) Si je ne suis pas en train de rêver, j’avoue que cette Déclaration serait
formidable.
ANTOINE : (lui montre une autre page) Et là...
JEANNE : (lit, puis sursaute) La Terreur ? La guillotine ? Vous divaguez, Antoine.
ANTOINE : Je vous jure que non. Il faut me croire, Jeanne.
JEANNE : Vous prétendez qu’Olympe aura la tête tranchée en 1793 ?
ANTOINE : Elle ne sera pas la seule.
JEANNE : C’est horrible.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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Escena 8
Antoine coge las manos de Jeanne.
JEANNE.- Le he echado mucho de menos, Antoine. Creo que me he enamorado de
usted desde que nos vimos la primera vez.
ANTOINE.- Creo que a mí me pasó lo mismo, Jeanne. ¿Piensa usted seguir a Olympe
de Gouges, durante los próximos años, pase lo que pase?
JEANNE.- Sí, no tengo su talento, pero tenemos las mismas ideas.
ANTOINE.- ¿Confía usted en mí?
JEANNE.- Sí.
ANTOINE.- ¿Aunque lo que le vaya a decir le parezca absurdo, imposible?
JEANNE.- Sí.
ANTOINE.- (Muestra su libro) Hojee este libro que escribí.
JEANNE.- (Hojeando el libro) Parece estar al corriente de todo lo que pasó desde la
muerte de Luis XIV. Está usted muy bien informado.
ANTOINE.- No busco los cumplidos. Lea esta página.
JEANNE.- ¿1791? En efecto, es absurdo. Estamos todavía en 1789.
ANTOINE.- Continúe.
JEANNE.- (Lee) En 1791, Olympe de Gouges redacta la Declaración de derechos de la
mujer y de la ciudadana. En ella afirma los derechos cívicos y políticos de los dos
sexos. (Levanta la cabeza) Si no estoy soñando, confieso que esta declaración sería
formidable.
ANTOINE.- (Le muestra otra página) Y entonces…
JEANNE.- Llee y, después, se sobresalta) ¿El Terror? ¿La guillotina? Usted desvaría,
Antoine.
ANTOINE.- Le juro que no. Tiene que creerme, Jeanne.
JEANNE.- ¿Usted pretende decir que a Olympe le van a cortar la cabeza en 1793?
ANTOINE.- No será la única.
JEANNE.- Es horrible.
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
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ANTOINE : Je ne peux pas modifier le cours de l’Histoire. La Révolution française va
permettre des changements extraordinaires... Mais des torrents de sang seront versés.
Je vous aime, Jeanne. Venez avec moi.
JEANNE : Je ne veux pas abandonner Olympe.
ANTOINE : Je ne veux pas vous abandonner.
JEANNE : Je refuse de fuir.
ANTOINE : Il ne s’agit pas de fuir, mais de témoigner.
JEANNE : Témoigner ?
ANTOINE : Vous serez un témoin vivant du siècle des Lumières.
JEANNE : Où voulez-vous donc m’emmener ?
ANTOINE : Là d’où je viens. (lui montre quelque chose sur le livre)
JEANNE : 21ème siècle ? C’est une blague de mauvais goût.
ANTOINE : Non. Faites-moi confiance. Nous ne nous quitterons plus.
JEANNE : Nous ne nous quitterons plus ? (Antoine approuve) Pourquoi pas !
Antoine brandit le livre. Lumière et bruitages bizarres.
Noir.
Fin
Antoine et le Siècle des Lumières - Ann Rocard - traduction de María Aránzazu Núñez
/ 43
ANTOINE.- No puedo modificar el curso de la Historia. La Revolución Francesa va a
permitir cambios extraordinarios… Pero correrán ríos de sangre. La quiero, Jeanne.
Venga conmigo.
JEANNE.- No puedo abandonar a Olympe.
ANTOINE.- Y yo no quiero abandonarla a usted.
JEANNE.- Me niego a huir.
ANTOINE.- No se trata de huir, sino de ser testimonio de ello.
JEANNE.- ¿Ser testimonio?
ANTOINE.- Será usted un testigo vivo del Siglo de las Luces.
JEANNE.- ¿Dónde quiere llevarme?
ANTOINE.- Al lugar de donde vengo. (le muestra algo en el libro)
JEANNE.- ¿Siglo XXI? Es una broma de mal gusto.
ANTOINE.- No. Confíe en mí. No nos separaremos nunca.
JEANNE.- ¿No nos separaremos nunca? (Antoine asiente) ¡Por qué no!
Antoine agita el libro. Iluminación y ruidos extraños.
Oscuridad.
Fin
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