21 MARS, JOURNÉE MONDIALE DE LA POÉSIE À Mademoiselle Augustine Brohan, Alfred de Musset A la señorita Augustine Brohan, Alfred de Musset J’ai vu ton sourire et tes larmes, J’ai vu ton coeur triste et joyeux : Qui des deux a le plus de charmes ? Dis-moi ce que j’aime le mieux: Les perles de ta bouche ou celles de tes yeux ? He visto tu sonrisa y tus lágrimas, He visto tu corazón triste y alegre : ¿Cuál de los dos tiene más encanto? Dime lo que prefiero : ¿Las perlas de tu boca o las de tus ojos ? Apollinnaire: calligramme, Tour Eiffel. « Chanson d’automne » de Paul Verlaine “Canción de otoño" de Paul Verlaine Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone. Los largos sollozos De los violines Del otoño Hieren mi corazón Con monótona Languidez. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure. Todo sofocante Y pálido, cuando Suena la hora, Yo me acuerdo De los días de antes Y lloro. Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. Y me voy Con el viento malvado Que me lleva De acá para allá Igual que a la Hoja muerta. « Couplet de l’amant d’opéra » de Louis Aragon « Cuplé del amante de ópera” de Louis Aragon L’amour tendre literie Dont mon coeur est l’édredon Trouble Si mollement mes membres Légèrement mes lèvres Obliquement mes yeux Pour de faux ciels Que la chair et le linge Ont une même odeur El amor tierna ropa de cama Del cual mi corazón es el edredón Turbio Tan indolentemente mis miembros Ligeramente mis labios Oblicuamente mis ojos Para falsos cielos Que la carne y la ropa Tienen un mismo olor Pour mon ardeur Para mi ardor La musique, Charles Baudelaire La música, Charles Baudelaire La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; ¡La música a veces me arrastra como el mar! Hacia mi pálida estrella, Bajo un techo de bruma o en un éter vasto, Me doy a la vela; La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J’escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile; Mi aguerrido pecho y mis pulmones inflados Como velas, Escalo el lomo de las olas amontonadas Que la noche me esconde; Je sens vibrer en moi toutes les passions D’un vaisseau qui souffre ; Le bon vent, la tempête et ses convulsions Siento vibrar en mí todas las pasiones De una nave que sufre; El buen viento, la tormenta y sus convulsiones Sur l’immense gouffre Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir. Sobre el inmenso abismo Me acunan. Otras veces, calma chicha, gran espejo De mi desesperanza. Le Cancre, Jacques Prévert El mal alumno, Jacques Prévert Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu'il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur Dice no con la cabeza pero dice sí con el corazón dice sí a lo que le gusta dice no al profesor está de pie le preguntan y se le plantean todos los problemas de pronto estalla en carcajadas y borra todo los números y las palabras las fechas y los nombres las frases y las trampas y a pesar de las amenazas del maestro bajo los abucheos de los niños prodigio con tizas de todos los colores en la pizarra de la desgracia dibuja el rostro de la felicidad « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud « El durmiente del valle » de Arthur Rimbaud C’est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil , de la montagne fière Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Es un hoyo de verdor donde canta un río, Prendiendo a lo loco jirones de plata por las hierbas; donde el sol, de la montaña orgullosa, Brilla: es un pequeño valle espumoso de luz. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Un joven soldado, sin casco, con la boca abierta, Y la nuca bañada en el fresco berro azul, Duerme; está tendido en la hierba, bajo las nubes, Pálido en su verde lecho donde llueve la luz. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Los pies en los gladiolos, duerme. Sonriente como Sonreiría un niño enfermo, descansa: Naturaleza, mécelo cálidamente: tiene frío. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; il dort dans le soleil, la main sur la poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Los perfumes no hacen aletear su nariz; Duerme al sol, la mano en el pecho, Tranquilo. Tiene dos agujeros rojos en el lado derecho. “Liberté” de Paul Éluard Sur mes cahiers d’écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J’écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté. «Libertad» de Paul Éluard Sobre mis cuadernos de colegial Sobre el pupitre y los árboles Sobre la arena sobre la nieve Escribo tu nombre Sobre todas las páginas leídas Sobre todas las páginas en blanco Piedra sangre papel o ceniza Escribo tu nombre Y por el poder de una palabra Reinicio mi vida Nací para conocerte Para nombrarte Libertad.