GENAVA Bulletin du Musée d'Arts et d'Histoire de Genève et de la Société auxiliaire du Musés la Bibliothèque publique et universitaires la Commission cantonale pour la conservation des monuments et la protection des sites IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG GENÈVE TABLE DES MATIERES Pages Administration du Musée en 1924 . 7 Acquisitions des collections en 1924. W. DEONNA, conservateur des collections archéologiques et des collections Fol : Les collections archéologiques et historiques, les armures, le Musée des moulages, les séries lapidaires ................................................ L. GIELLY , conservateur des Beaux-Arts: Les Beaux-Arts......................................................................................... A. DUFAUX , conservateur des Arts décoratifs: Les arts décoratifs .................................................................................... Eug. DEMOLE, conservateur du Cabinet de numismatique: Le Cabinet de numismatique ................................................................. L. BLONDEL, conservateur du Vieux-Genève: Le Vieux-Genève . Rapport de la Société auxiliaire du Musée pour 1924....................................... La Bibliothèque publique et universitaire en 1924 ........................................... Conservation des monuments et protection des sites ................................. 27 38 40 43 46 48 54 60 Mémoires. L. BLONDEL: Chronique des découvertes archéologiques dans le canton de Genève en 1924 ................................................................................... L. REVERDIN: Sur quelques pièces de la station magdalénienne de Veyrier R. MONTANDON : Notes sur quelques objets des collections préhistoriques du Musée .................................................................................................. E. VUARNET: Historique des découvertes faites à Douvaine (Haute-Savoie) L. BLONDEL: Le port gallo-romain de Genève ................................................ 62 72 77 82 85 — 4 — Pages W. DEONNA: Sculptures antiques récemment acquises par le Musée de Genève ...................................................................................................... J.-P. KIRSCH : Les sculptures chrétiennes découvertes à Saint-Germain (Genève) .................................................................................................... L. BREHIER : Le calice d'argent du Musée de Genève .................................... A. CAHORN : Les cloches du canton de Genève (suite) ..................................... W. DEONNA: Ce que disent les inscriptions des cloches genevoises ................. A. VANGENNEP : Le culte populaire de Saint Théodule en Savoie................. W. DEONNA: Trois tapisseries de Bruxelles au Musée de Genève .................. H. DELARUE : Notes bibliographiques sur les débuts de l'imprimeur Jean Belot à Genève et sur son premier Bréviaire de Lausanne ..................... A. BOVY : La restauration du retable de Conrad Witz .................................... W. DEONNA : Les anciens vitraux de Saint-Pierre et leur restauration . . W. DEONNA: Bronze florentin du Musée de Genève ........................................ C. ROCH : Le sculpteur Jean Franceschi-Delonne et sa maquette d'un monument en l'honneur de Rousseau ..................................................... L. GIELLY: Les Pradier du Musée de Genève 105 111 121 129 198 263 288 297 308 319 340 343 347 Corot, le quai des Pâquis à Genève. (Musée d'Art et d'Histoire.) Musée d'Art et d'Histoire. — Genève. I. Administration. Directeur: M. W. DEONNA, professeur à l'Université. Secrétaire de la Direction: M. L. VIELLE. Conservateur des collections archéologiques, des collections Fol et de la Salle des Armures: M. W. DEONNA. Conservateur des Arts décoratifs: M. A. DUFAUX. Conservateur des Beaux-Arts: M. L. GIELLY. Conservateur du Cabinet de Numismatique: M. Eug. DEMOLE. Conservateur-adjoint du Cabinet de Numismatique: M. Ed. AUDEOUD. Conservateur du Vieux-Genève: M. L. BLONDEL. Conservateur du Musée épigraphique: M. B. REBER. ADMINISTRATION. Nous ne saurions omettre de signaler en tête de ce rapport les lignes flatteuses d'un éminent critique d'art français, M. L. Gillet: «Bien peu se doutent que le Musée de Genève est un des plus précieux d'Europe »1. L'Administration du Musée, qui veut faire connaître par tous les moyens possibles au public suisse ou étranger l'importance de nos collections, est heureuse de rencontrer une telle appréciation. 1 Revue des Deux-Mondes, 1924, 15 juillet, p. 442. — 8 — Signalons quelques articles généraux sur nos collections: L. GIELLY, « Le Musée de Genève », le Figaro artistique, 15 janvier 1925, p. 212, et 5 février, p. 259. W. DEONNA, « Le Musée de Genève », Pro Helvétia, septembre 1924. C. W., «Les transformations du Musée d'Art et d'Histoire», La Tribune de Genève, 3 juillet 1924. Nous constatons aussi avec plaisir que nos efforts rencontrent l'approbation de nos autorités municipales, ainsi qu'en témoigne le rapport de la Commission du Compte-rendu pour 19231. COMMISSIONS. Archéologie, Vieux-Genève: MM. M. STŒSSEL, conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d'Art et d'Histoire, conservateur des collections archéologiques, des collections Fol et de la Salle des Armures; L. BLONDEL, conservateur du Vieux-Genève; J. BOISSONNAS, conseiller d'Etat; P. CHAVAN ; C. MARTIN ; P. MARTIN ; R. MONTANDON ; E. NAEF ; Ed. NAVILLE ; L. NAVILLE ; B. REBER ; P. SGIIATZMANN . Beaux-Arts: MM. M. STŒSSEL, Conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d'Art et d'Histoire; L. GI E L LY , conservateur des Beaux-Arts; E. D AR I E R ; P. D E LE AM O N T ; F. D U F AU X ; D. E S TOP P E Y ; G. F R AN Ç O I S ; L. GI AN O LI ; R. GUINAND ; E. HORNUNG ; J. JACOBI ; L. JAGGI ; S. PAHNKE ; M me SCHMIDT ALLARD ; MM. A. SILVESTRE ; H. van MUYDEN ; J. VIBERT . Numismatique : MM. M. STŒSSEL, conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d'Art et d'Histoire; Eug. DE MOLE , conservateur du Cabinet de Numismatique; E. AUDEOUD , conservateur-adjoint du Cabinet de Numismatique; A. CAHORN ; H. CAILLER ; L. FURET; Th. GROSSMANN ; L. NAVILLE . Arts décoratifs. MM. M. STŒSSEL, conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d'Art et d'Histoire; A. DUFAUX, conservateur des Arts décoratifs; Mmes BEDOTDIODATI; PORTO-MATTHEY; MM. A. BASTARD; H. DEMOLE; C. DUNANT; A. JACOTGUILLARMOD ; E. KUNKLER ; P. MAERKY ; J. MITTEY ; J. POCHELON ; M. PONCET ; A. SANDOZ ; H. de SAUSSURE ; P.-E. VIBERT . 1 Mémorial du Conseil municipal, 1924, p. 214. — 9 — Musée Ralh: MM. M. STŒSSEL, conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d’Art et d'Histoire; L. GIELLY, Conservateur des Beaux-Arts; A. DUFAUX , conservateur des Arts décoratifs; Mme JACOBI-BORDIER; MM. F. APPENZELLER; A. BASTARD ; A. BOVY ; E. CASTRES ; J. HELLE ; A. MAIRET ; G. MAUNOIR ; J. MITTEY ; H. van MUYDEN; M. SARKISSOF; H. de SAUSSURE; A. SCHMIDT. Collection des Moulages: MM. M. STŒSSEL, conseiller administratif; W. DEONNA, directeur du Musée d'Art et d'Histoire; L. GIELLY, conservateur des Beaux-Arts; A. BOVY; F. de CRUE; Ed. NAVILLE ; J. PLOJOUX . Le Musée a eu le regret de perdre M. Henry TRONCHIN 1, membre de la Commission des Arts décoratifs depuis 1902, et M. Jean FAVEZ, membre de la Commission de Numismatique depuis 1909. PERSONNEL. Décès: M. Henri SALZ, surveillant, entré au service du Musée en 1921, est décédé le 30 septembre 1924. Confirmations: Sont confirmés pour quatre ans, à partir du 1er janvier 1924 (conformément à l'art. 3 du règlement général du personnel de la Ville de Genève): 1. Mlle Julia BOVAGNE, employée à la direction. 2. Mlle Germaine S AN NET, sténo-dactylographe. 3. M. Louis ROCHAT, gardien-nettoyeur. 4. M. Louis VACIIOUX, gardien-nettoyeur. 5. M. John JACCOUD, gardien-chauffeur au Musée Rath. Chômeurs: Comme l'année précédente, nous avons eu recours aux services de plusieurs chômeurs pour divers travaux de classement (bibliothèques, archives), de relevés de documents, de restauration (tissus anciens), etc... Le subside de chômage ayant été supprimé le 28 juin, nous avons dû — à partir de cette date et pour terminer les travaux en cours — réduire à deux les chômeurs que nous occupions, payés dès lors sur les crédits du Musée: 1. M. Hugues KAUFMANN, du 1er janvier au 30 juin 1924. 2. Mme Veuve CAPT, du 1er janvier au 31 décembre 1924. 3. M. Jack A. MONOD, du 1er janvier au 31 décembre 1924. 1 Cf. article nécrologique, Journal de Genève, 1 er décembre 1924. — 10 — STATISTIQUE DES ENTREES . Entrées payantes ................................................................... Entrées gratuites................................................................... Totaux ................... 1923 3.988 41.192 45.180 Le chiffre des entrées payantes se-décompose comme suit: 289 entrées à fr. 1.— .................................................................... 28 » à fr. 0.50 .................................................................... 317 entrées, du 1er janvier au 29 février 1924 .............................. 3312 entrées à 0.50 (tarif réduit) ............................................. 2722 » à 0.25 do ............................................. er 6034 entrées, du 1 mars au 30 novembre 1924 ........................... Total des entrées : 6351................................................. Total. contre 3988 entrées = fr. 3714 en 1923. Fr. » Fr. 1924 6.351 38.197 44.548 289 — 14 — 303 — Fr. 1656 — » 680 50 Fr. 2336 50 Fr. 2639 50 Pour compléter la statistique des entrées gratuites, il y a lieu d'ajouter la visite de: 2600 élèves des écoles primaires et secondaires du Canton et des environs. 1250 » » écoles primaires, conférences scolaires sur l'Escalade de 1602. 544 » » cours universitaires, juillet-août 1924. 1550 entrées, conférences organisées par le Musée. 413 » cours pratiques organisés par le Musée. 15 » visite des Etudiants américains, 14 juillet 1924. 582 cartes d'entrées permanentes. Total 6954 entrées, contre 7897 en 1923. Il a été délivré: 136 cartes d'entrées permanentes pour 1924. 58 » d'étude. 20 » de membres de la Société auxiliaire du Musée. Total 214 cartes. En février 1924, sur la proposition de la direction, le Conseil administratif a abaissé de moitié la finance d'entrée au Musée, fixée désormais à fr. 0.50 par personne, et fr. 0.25 par groupe de trois visiteurs et plus. Les bons effets de cette mesure se sont fait sentir, comme on le constatera en regardant la statistique précédente. Le nombre des entrées payantes, en effet, a — 11 — augmenté de 2363; les recettes, il est vrai, ont un peu diminué, mais, en compensation, nous avons enregistré une augmentation de fr. 527,05 sur le produit des ventes de guides, catalogues, cartes postales, photographies, etc. La même mesure sera appliquée en 1925 au Musée Rath. Alors qu'à l'étranger la plupart des grands Musées, après la guerre mondiale, ont renoncé à la gratuité pour établir une finance d'entrée leur procurant des ressources nouvelles, il peut paraître étrange qu'à Genève on prenne une mesure opposée. Toutefois, les conditions ne sont pas les mêmes pour nous. La dépréciation des changes étrangers écartent de nos collections nombre de visiteurs; de plus, notre rôle n'est pas tant de faire des recettes que d'attirer le public, de lui faciliter l'accès de nos collections (cf. Genava, I, 1923, p. 28 sq.) et de lui en faire comprendre l'intérêt éducatif. VENTES: CATALOGUES, GUIDES, PHOTOGRAPHIES, CARTES POSTALES, ETC. 1 exempl. Catalogue Fol (4 vol). 1 » Catalogue des Marbres antiques, par G. Nicole (épuisé). 31 » Catalogue des Sculptures antiques, par W. Deonna. 13 » Catalogue des Bronzes figurés, par W. Deonna. 13 » Catalogue des Moulages de l'art antique, par W. Deonna. 26 » Guide de la Collection des dentelles, par Mlle E. Cherbuliez. 16 » Guide du Cabinet de Numismatique, par Eug. Demole. 52 » Guide des collections historiques et archéologiques, par A. Cartier. 392 » Guide sommaire (2me édition), par W. Deonna. 121 » Plans et renseignements pratiques (épuisé), par W. Deonna. 7 » Histoire des collections archéologiques, par W. Deonna. 27 » Choix des Monuments de l'art antique, par W. Deonna. 34 » Notice, souvenirs de l'Escalade de 1602, par Emile Demole. 11 » Notice et planches «Armoiries genevoises» par Eug. Demole. 7 pochettes phototypie, paysages dessinés à la plume par Rod. Toepffer. 13 planches phototypie, tableau de Corot: «le quai des Pâquis ». 3 séries de 4 planches, retable de Conrad Witz. 4 planches en couleurs, tableau de Aug. Baud-Bovy : « Les lutteurs ». 2 planches en couleurs, tableau de H. van Muyden: « Paysannes à Savièze ». 2675 cartes postales en phototypie, à 0.10. 3482 » » en héliogravure, à 0.15 1962 » » en photobromure, à 0.20. 58 » » en couleurs, à 0.25. 476 photographies et clichés. — 12 — La vente de ces divers articles a produit la somme de fr. 2.301,50 contre fr. 1.774,45 en 1923. VISITES SCOLAIRES. L'administration octroyant une carte d'entrée gratuite à tout membre du personnel enseignant désireux d'utiliser nos collections dans un but éducatif, ces visites — quoique légèrement inférieures à celles de l'année dernière — ont été de 2600 élèves. Nous avons constaté avec plaisir les visites scolaires de diverses communes du Canton et particulièrement des classes supérieures des écoles de la Suisse romande et de la Haute-Savoie. CONFERENCES SCOLAIRES. Les mercredi 10 et vendredi 12 décembre, M. Guillaume FATIO a bien voulu, comme l'année précédente, donner aux élèves des écoles primaires de la Ville et des Communes suburbaines une série de conférences (avec projections) sur l'histoire de Genève et l'Escalade de 1602. MM. Paul MARTIN et Louis BLONDEL ont commenté les souvenirs de cette date mémorable, exposés dans les salles du Musée. Nous leur réitérons nos remerciements pour la grande obligeance avec laquelle ils veulent bien nous seconder. La direction du Collège a utilisé à diverses reprises la salle de conférences du Musée pour des causeries destinées aux élèves du Collège. BATIMENT. Le service municipal des Bâtiments a effectué divers travaux, entre autres la réfection du vitrage et des recouvrements en zinc de la toiture. La maison Calorie S.A. a remis en état l'installation des thermostats et humidostats, appareils réglant automatiquement la température de la galerie des Beaux-Arts. L'escalier de service reliant les bureaux et les dépôts du sous-sol a été éclairé à l'électricité. Pour permettre une meilleure aération des dépôts du sous-sol, on a installé un ventilateur électrique, avec prise d'air dans la cour. MOBILIER. Voir aux diverses sections. Travaux exécutés dans nos ateliers: Corps de bibliothèque pour la section archéologique; vitrine murale, salle égyptienne; panneaux mobiles servant aux expositions. — 13 — Réfection et transformation de vitrines pour les expositions et les dépôts. Garnitures, rayonnages et fonds de vitrines, réparation de stores, rideaux, coussins pour sièges des fauteuils de la salle des conférences; nombreux travaux de serrurerie (installations nouvelles et réfections), etc. Le mobilier de la salle de conférences, augmenté, compte actuellement 285 places assises; on a installé un podium neuf. LEGS . Mentionnons les legs de M me D.-L. BUTIN et de Mme Emma ROBERT-SCHEIMBET. LEGS EN USUFRUIT . Archéologie: de M. François de LAPALUD (Mes Cherbuliez, de Budé et Picot, notaires): une grande pendule cartel, style Louis XV; une grande table Renaissance valaisanne, avec pieds sculptés, portant sur le fronton deux mains entrelacées. PRÊTS TEMPORAIRES FAITS AU MUSÉE OU RETIRÉS. Beaux-Arts: Mlle Odette GOSSE a bien voulu prêter au Musée un tableau de SaintOurs: « Etude pour le couronnement de la beauté », et Mme de Mandrot, un tableau de Wouwerman, « le Chevalier de la mort ». Ces deux œuvres ont été exposées. La Confédération est rentrée en possession des œuvres suivantes: Bouvier, « Paysage d'hiver » ; L. Gaud, « A la conquête du pain » ; Nicolet, « Atelier de couture à Amsterdam »; Biirger, «Portrait de jeune homme»; Itschner, « Jeunes filles jouant ». Mme d'Auriol a retiré également: auteur inconnu, « Portrait de gentilhomme »; de la Rive, «Paysage»; Auriol, «les vendanges»; Massot, «Deux jeunes gens péchant »; Liotard, « portrait d'homme ». Mme Wheeler a retiré un tableau d'auteur inconnu, « St. Pierre », et Mme Horngacher, deux petits portraits sur cuivre, d'auteur inconnu. Archéologie: Mme d'Auriol a retiré une chiffonnière en noyer, époque Louis XVI. PRETS A L ' EXTERIEUR . Archéologie: Remis au Musée ethnographique un poignard et une agrafe de manteau en argent (N° 1941 des Armures), objets ayant appartenu à un cacique de Patagonie; au Collège (classe de M. Riedlinger), Nos 11489-11536, divers objets — 14 — préhistoriques et lacustres; à l'Asile de la Vieillesse de Vessy-sur-Carouge: un tableau représentant l'Exposition nationale suisse à Genève en 1896, pastel par Henri de Ziegler, NO 1.058. Arts décoratifs: Un lot de dentelles des collections Piot et Ormond a été prêté au Gewerbemuseum de Baie, à l'occasion d'une exposition de dentelles anciennes. A la direction de la Comptabilité centrale, Hôtel municipal, un buste plâtre patiné terre cuite, « Tête de jeune fille », N° P. 135. Beaux-Arts: La section des Beaux-Arts a prêté 28 tableaux pour décorer les salles publiques et les bureaux de l'Etat, de la Ville et des Communes. Les prêts à l'extérieur deviendront désormais fort difficiles, sinon impossibles; les œuvres qui se trouvent encore dans les dépôts doivent être réservées pour les remaniements du Musée ou ne peuvent en sortir pour des raisons diverses. ECHANGES. Le Musée National Suisse à Zurich a cédé quelques armes (inscrites au Musée sous les Nos 1942-47, 1957, voir plus loin) en échange de doublets de nos collections Nos C. 52, C. 324, C. 423, G. 538, C. 603, C. 610, G. 667, G. 701, K. 86). TRAVAUX DES SECTIONS . Archéologie. Inventaires: On a continué d'inventorier et d'inscrire au registre d'entrée la collection de vases et de figurines de terres cuites, donnée en 1923 par Mme R. de Candolle (cf. Genava, II, 1924, p. 38: vases 10834-10921; objets divers en calcaire, terre cuite, 10922, 10925-6; figurines de terre cuite 10932-11353); un grand nombre d'objets anciennement entrés qui ne portaient pas encore de numéros: 10833, 11361-3, 11364-6, 11373, 11455, 11458, 11466-9, poteries antiques; 11470-11488, poterie sigillée, fouilles de la rue de la Fontaine, 1922; 11489-11536, objets préhistoriques remis au Collège; 11537, médaillon talismanique; 11538-11549, poteries romaines). On a inscrit au registre d'entrée de la salle des armures d'anciennes pièces non numérotées, de 1965 à 1981. Aménagement: Différentes transformations ont été apportées aux groupements de certaines séries d'armes, entre autres aux canons des XVe et XVIe siècles qui ont trouvé leur place dans la salle des Armures, parmi les objets de cette époque. Les canons fondus par Maritz sont maintenant groupés avec ceux qui sont exposés sur — 15 — la galerie et forment un ensemble homogène. Les différentes séries de fusils et de pistolets ont été sélectionnées et pourvues de nouvelles étiquettes. Les marteaux et masses d'armes des XVe et XVIe siècles ont été montés sur un support en forme de panoplie. Ces travaux de classement continueront en 1925, ainsi que l'étiquetage des pièces nécessaires pour renseigner le public. Etudes scientifiques: Le conservateur a étudié la céramique antique trouvée à Genève et a dressé le catalogue méthodique des pièces conservées au Musée. M. Jack Monod, dessinateur, a exécuté pour ce travail un grand nombre de dessins. Ce travail paraîtra prochainement en divers mémoires; la partie concernant les estampilles de potiers gallo-romains sur vases à glaçure rouge sera insérée dans la Revue « Pro Alesia » en 1925. Le conservateur a étudié en plus et publié divers documents des séries archéologiques, dont les références sont données plus loin. Restaurations: M. Fréd. BENTZ, de Bâle, a commencé la restauration de divers tableaux anciens; ces travaux se continueront en 1925. Deux des vitraux de la cathédrale Saint-Pierre (Saint-Pierre et Marie-Madeleine) que leur mauvais état obligeait de conserver dans les dépôts, ont été restaurés par M. Wasem, peintre verrier, et exposés dans la salle des Armures (Nos 11354-11355) Le même restaurateur procédera aussi à la restauration des deux derniers vitraux, représentant Saint-Paul et Saint-André, qui seront placés en 1925 à côté des premiers. On sait que la salle du moyen-âge expose déjà les deux plus belles pièces de cette série: Saint-Jean et Saint-Jacques le Majeur. Le conservateur a estimé que, malgré leur mauvaise conservation, les autres pièces de cette série, rares spécimens de la peinture sur verre à Genève à la fin du XVe siècle, méritaient d'être restaurés et exposés 1. Moulages. Le Conservateur, avec la collaboration du Musée National Suisse à Zurich, a fait mouler par M. Plojoux, chef de l'atelier de moulages de l'Ecole des Arts Industriels, plusieurs documents romains: sculpture de Nyon, inscriptions romaines de Viez, de Bonmont sur Nyon, dalle funéraire du XVe siècle à Bonmont (voir plus loin, collections lapidaires). Beaux-Arts. Transformation des salles. — Les salles 40 (vieille école genevoise) et 41 (Tœpffer), Agasse et Massot) ont été remaniées en vue de grouper les œuvres d'un même artiste et de les classer chronologiquement autant que cela peut se faire sans nuire à l'effet 1 Cf W. D,, Les anciens vitraux suisses, « Journal de Genève », 27 mars 1924. — 16 — décoratif. Les tableaux ont été plus espacés, de telle sorte qu'une des petites salles latérales a dû être consacrée également à Tœpffer et Agasse (salle 41 b). Cela a entraîné une autre modification: le Cabinet dit Munier-Romilly a été transféré dans la salle 42ô qui contenait des œuvres médiocres dont la plupart ont été mises dans les dépôts. La salle 41a a été également remaniée; elle renfermait de nombreux dessins et sépias d'Agasse et de Tœpffer. Ces œuvres, très délicates, sont à la longue détériorées par la lumière; elles ont donc été remises en portefeuille et ne seront plus désormais exposées que temporairement. On les a remplacées par des aquarelles que l'on a protégées en fermant les fenêtres par des rideaux verts mobiles. Travaux d'inventaire. — La réfection du registre des entrées, entreprise en 1923, a été terminée. Le nouveau registre a été fait sur le modèle de celui qui est en usage depuis 1914. Au cours de ce travail, de nombreuses fiches individuelles ont été établies, particulièrement pour les dessins, dont plusieurs ont été identifiés. Archives photographiques: Les archives photographiques sont un instrument de travail indispensable aux historiens d'art et elles rendent aux artistes eux-mêmes de grands services. On a réuni, pour commencer, les photographies des œuvres les plus importantes de l'école française se trouvant au Musée du Louvre. Ces photographies seront classées par auteur, cataloguées et mises à la disposition du public, à la Bibliothèque du Musée, sur le budget de laquelle ces achats ont été faits. On poursuivra méthodiquement la continuation de ces archives photographiques. Numismatique. Le catalogue sur fiches a été établi pour la série des monnaies et des médailles genevoises. Le catalogue sur fiches de la collection des sceaux a été commencé. La vitrine des souvenirs de la Croix-Rouge (dépôt du Comité international de la Croix-Rouge) a été transférée de la galerie des Armures au Cabinet de Numismatique où elle est mieux à sa place. Vieux-Genève. Organisation. — La Salle du Vieux-Genève a été presque entièrement transformée. Les drapeaux, qui jusqu'à présent étaient groupés en panoplie, ont été suspendus verticalement en-dessous des sommiers du plafond, pour qu'aucun pli ne vienne détériorer les étoffes de soie, souvent très usées. Les tableaux et dessins ont été disposés différemment sur les parois; quelques nouvelles pièces sorties des dépôts ont pu trouver place dans la salle. Le meuble où sont conservées les collections photographiques sert aux expositions temporaires; des séries nouvelles d'aquarelles et de dessins sont mises sous les yeux du public. — 17 — EXPOSITIONS. Archéologie. — Du 24 janvier au 7 février, exposition de costumes et broderies populaires de la Grèce, collection de M. et Mme F. Choisy1. Du 18 décembre 1924 au 15 janvier 1925, exposition de la collection d'étains de M. Ed. Audeoud 2. Beaux-Arts. — Aucune exposition n'a été faite cette année à la section des Beaux-Arts. Par contre, un très grand nombre de tableaux ont été prêtés par le Musée à l'Exposition d'Art suisse qui a été organisée en juin-juillet-août à Paris et Berne, sous les auspices de la Confédération 3. Arts décoratifs. — Les échantillons et dessins originaux des fabriques d'indiennes 4 à Genève, au XVIIIe siècle, ont été exposés en mars, salle des Estampes; une collection de vêtements sacerdotaux et ornements d'église des XV-XVIIe siècles a été installée à la même date dans la galerie du rez-de-chaussée. A l'occasion d'une causerie sur le « décor de la montre à Genève », faite par le conservateur, le 5 avril, dans la salle des conférences, un certain nombre de montres anciennes ont été mises sous les yeux du public. En novembre, un choix de verreries originales de Daum frères, à Nancy, a été présenté dans cette galerie. Salle des Estampes, les meilleures planches du nouvel ouvrage: «l'Encyclopédie de l'ornement » ont remplacé les estampes suisses, exposées pendant la saison d'été. Vieux-Genève. — Du 4 au 18 mai, exposition de plans, relevés et photographies de maisons rurales du Canton de Genève, organisée par M. L. Blondel et M. P. Aubert, architecte 5. 1 Voir L. FLORENTIN , Les deux Grèce, «La Suisse», 5 février 1924;'O έλεΰζεςογς λόγος, 2 mars 1924. 2 Voir « La Suisse », décembre 1924. 3 Exposition d'art suisse du XV au XIX e siècle (de Holbein à Hodler). Catalogue des œuvres exposées. Edition Boissonnas, 1924. Citons parmi les comptes-rendus: GILLET , A l'exposition d'art suisse, « Revue des DeuxMondes », 1924, 15 juillet, p. 442 sq. ; « La Patrie Suisse », 1924, N° 804, p. 182 sq. 4 5 Les indiennes genevoises du XVIIle siècle, « La Suisse », 27 mars 1924. H. F Les anciennes maisons de la campagne genevoise, la «Tribune de Genève», 14 mai 1924; L. FLORENTIN, Vieilles maisons genevoises, «La Suisse», 12 mai; Maisons rurales, «Journal de Genève ». 11 mai; « Schweiz. Volkskunde », 1924, juillet, n° 4-7, p. 54; P. AUBERT, Les villages genevois, « Patrie Suisse », 1924, n° 814, p. 310. 2 — 18 — BIBLIOTHEQUE. La fréquentation de la Bibliothèque, déjà améliorée en 1923, grâce au service du soir et aussi à la porte spéciale qui facilite l'accès, s'est accrue en 1924, comme le prouvent les chiffres suivants: 1989 consultants (1577 en 1923). 4924 volumes consultés (3828 en 1923) Les ouvrages acquis au cours de l'exercice 1924 sont au nombre de 90. La bibliothèque a reçu les dons suivants: De la Bibliothèque publique et universitaire: Album des artistes de Düsseldorf, 1865, in-4° avec planches. Du Musée des Beaux-Arts : Essais de lavis lithographique, par A. Calame, Genève 1843, in-4° avec planches. Les vases de John Dunand, par Jean Monnier, Paris, in-4°, avec planches. De M. L. Gielly: Un portrait d'Anatole France, gravé sur bois par P.-E. Vibert. De la Direction des Beaux-Arts, Paris. « Guide illustré du Musée des Arts décoratifs » au Pavillon de Marsan, Palais du Louvre. Paris 1923, in-12 avec planches. « La Renaissance de l'Art français et des Industries de luxe » et « l'Amour de l'Art », collection complète des fascicules parus en 1924. Du Musée du Louvre, à Paris: « Catalogue des antiquités assyriennes », par E. Pottier, Paris, 1924, in-12, ill. « Catalogue des peintures exposées dans les galeries, Ecole française », par Gaston Brière, Paris, 1924, in-12, ill. De M. Badollet: 1 ex-libris gravé par G. Hantz et tiré sur satin. De M. Benno Schwabe, éditeur à Baie: « Konrad Witz », par H ans Graber Basel, 1921, in-4° avec planches. De M. Ansermet, bijoutier: 3 albums de dessins de bijouterie, par Thorel, bijoutier genevois. De M. le Dr Keser : « Une nécropole royale à Sidon », par Hamdy-Bey et Th. Reinach, Paris, 1982. 2 vol. folio avec planches. — 19 — Du Conseil Administratif: « L'Art rustique en Suisse », par D. Baud-Bovy. Londres, 1924, in-4°, avec planches. De la Direction de l’Ecole d'Horlogerie : « L'Ecole d'horlogerie de Genève », 1824-1924, par Eug. Jaquet, Genève, 1914, in-8°, fig. Du Comité de l'Exposition suisse à Paris: « Exposition de l'art suisse du XVe au XIX e siècle, Paris, 1924, in-8°, avec planches. De M. Pierre Dupuis, Genève: 1 album in-4° concernant la taille du diamant « Cullinan ». De la Direction du Musée d'Art et d'Histoire: « Conrad Witz » par Hans Wendland, Basel, 1924, in-4°, avec planches. Anonyme: « La montre ancienne à coq », par le capitaine Sutter, Grenoble 1911, in-8°, pl. La bibliothèque archéologique s'est considérablement accrue, grâce aux dons de volumes faits par Mme J. Keser, en souvenir de M. le Dr J. Keser, par M. Ed. Audéoud, et à la remise par la Bibliothèque Publique et Universitaire de ses doublets. M. Schmidt van Gelder a bien voulu lui faire hommage du bel ouvrage qu'il a édité sur le « Château de Malagny », dont le texte est dû à M. G. Fatio. Le service d'échange entre la revue du Musée et les publications des Musées et des Sociétés savantes a été intensifié; à la suite d'un arrangement avec la Bibliothèque publique et universitaire, un certain nombre de ces périodiques sont remis à cette dernière. CONFERENCES. Les conférences et les cours pratiques suivants ont eu lieu (Cf. Genava, II, p. 24): A. Conférences. M. Jean BOISSONNAS: Les armes anciennes de la Suisse (avec projections), jeudi 7 février 1924. M. Paul CHAPONNIERE, Docteur ès-lettres: J.-E. Chaponnière, sculpteur (1801-1835), avec projections, jeudi 27 mars 1924. — 20 — B. Cours pratiques. M. R. MONTANDON, Président de la Société de Géographie: La Suisse préhistorique, du paléolithique à la conquête romaine, Salle préhistorique O N 11. 1. Age de la pierre taillée, vendredi 11 janvier 1924, à 14 h. 1 /4. 2. Age de la pierre polie, vendredi 25 janvier 1924, à 14 h. 1 /4. 3. Age du bronze, vendredi 8 février 1924, à 14 h. 1 /4. 4. Age du fer, vendredi 22 février 1924, à 14 h. 1 /4. M. L. BLONDEL, Conservateur du Vieux-Genève, archéologue cantonal: Genève à travers les siècles. 1. Origine et développement de la Ville. Salle du Vieux-Genève, samedi 8 décembre à 14 h. 1 /4. 2. Types d'architecture publique et privée. Maisons, sculpture, mobilier. Salle du Vieux-Genève, samedi 15 décembre à 14 h. 1/4. M. Ernest NAEF: La collection des Etains du Musée d'Art et d'Histoire (avec exposition d'objets): Salle de conférences, samedi 8 mars, à 14 h. 1 /4. M. G. FATIO, Président de la Société des Arts: La campagne genevoise, architecture et jardins des XVIIle et XIXe siècles (avec projections). Salle de conférence», samedi 1er mars, à 14 h. 1 /4. Le salon de Cartigny et les boiseries de Jean-Jaquet. Salle de conférences et visite au salon du château de Cartigny, N° 18, samedi 15 mars à 14 h. 1 /4 1. M. L. GIELLY , Conservateur des Beaux-Arts: La peinture française. Salle de peinture française (Beaux-Arts), N° 52, mardi 18 mars à 14 h. 1 /4 2. M. A. DUFAUX , Conservateur des Arts Décoratifs: Le décor de la montre à Genève. Salle N° 4 (Arts décoratifs), samedi 5 avril et samedi 19 avril à 14 h. 1/4. Hors du Musée. M. G. FATIO, Président de la Société des Arts. L'enclave de Genthod, ses souvenirs artistiques et historiques. Visite à Genthod, samedi 26 avril. 1 2 Journal de Genève, 19 mars 1924. La Suisse, 19 mars 1924. — 21 — M. G. MARTIN, chef du Bureau du Plan d'Extension: La restauration du temple de la Madeleine, dimanche 23 mars 1924. Carouge. L'Art et la vie sociale, samedi 10 mai 1924. M. L. BLONDEL, Conservateur du Vieux-Genève, archéologue cantonal: Visite à Hermance, samedi 3 mai 1924 1. Ces cours pratiques et ces visites hors du Musée ont été suivis par un public nombreux et attentif, chaque leçon réunissant une quarantaine d'auditeurs en moyenne, chiffre qui avait été fixé comme maximum, étant donné la difficulté de conduire un auditoire plus nombreux dans les salles ou à la campagne. En outre, pendant les semestres de l'année universitaire 1923-24, le Conservateur des collections archéologiques a fait, chaque samedi, une leçon aux auditeurs du cours universitaire d'archéologie. A l'occasion de l'exposition de broderies grecques, M. F. Choisy, directeur de l'Ecole populaire de musique, et Mme F. Choisy, ont bien voulu organiser le 31 janvier une conférence non prévue au programme, sur P« Art populaire de la Grèce moderne». Des chœurs, des danses populaires, dont les figurants avaient revêtu les costumes exposés au Musée, de la musique, de la diction, ont été le commentaire vivant de l'intéressant exposé de M. Choisy. Le très grand succès obtenu par cette soirée et les demandes de tous ceux qui n'avaient pu trouver place ont obligé les exécutants à la répéter le 6 février, devant un auditoire aussi nombreux que le premier. Nous réitérons nos remerciements aux organisateurs et aux artistes qui ont bien voulu prêter leur gracieux concours. Certains esprits chagrins se sont étonnés d'entendre de la musique et de voir des danses dans un édifice austère; n'était-ce pas le meilleur commentaire de l'exposition, que de voir ces vêtements, ces broderies, longtemps renfermés dans des coffres ou exposés dans des vitrines, s'animer, recouvrir à nouveau des corps vivants et ressusciter les mêmes actes auxquels ils participèrent jadis ? Mercredi 5 mars, M. N. JORGA, Professeur à l'Université de Bucarest et à la Sorbonne, a parlé de «l'Art populaire en Roumanie»2 . Grâce à la générosité de M. le Dr A. Klebs, de Nyon, qui a bien voulu nous en faire la proposition et prendre les frais à sa charge, nous avons eu le plaisir d'entendre au Musée, le 8 mars, une fort intéressante conférence de M. L. POLAIN, de Paris, érudit dont la compétence en cette matière est bien connue, sur les « Origines de l'imprimerie à Genève ». 1 G. W., Une leçon d'histoire au pied de la Tour d'Hermance, «Tribune de Genève », 6 mai 1924, Cette conférence a été imprimée : Jorga, Cinq conférences sur le sud-est de l'Europe, 1924, Bucarest-Paris, p. 63 sq. 2 — 22 — Jeudi 15 mai, M. FOCILLON, ancien directeur des Musées de Lyon, professeur à la Sorbonne, a fait une conférence des plus captivantes sur « Hokousai», à l'occasion de l'Assemblée annuelle de la Société auxiliaire du Musée1 et sous les auspices de cette société et du Musée. Nous avons prêté notre salle de conférences, le 28 février 1924, à l'Union internationale de secours aux enfants, pour la séance solennelle où fut remise par elle au Conseil d'Etat la « Déclaration de Genève », qui énonce en cinq formules les droits des enfants dans tous les pays civilisés 2. Le programme pour l'hiver 1924-1925 est le suivant: A. Conférences. dans la salle de conférence du Musée, à 20 h. 30, entrée rue des Casemates. 1. M. Etienne CLOUZOT , archiviste-paléographe, auxiliaire de l'Institut de France. Les mosaïques de Ravenne (avec projections), jeudi 6 novembre 1924. 2. M. Maurice P. VERNEUIL . Les tissus décorés de Varchipel malais: Batik, Tritik, Ikat (avec projections et exposition), jeudi 20 novembre 1924. 3. M. G. OPRESCO, secrétaire de la Commission de Coopération intellectuelle, maître de conférences à l'Université de Cluj (Roumanie). Tentures et tapis paysans roumains (avec projections), jeudi 18 décembre 1924. 4. M. Marcel GUDIN, Directeur de l'Office français du Tourisme à Genève. L'Ile de France et ses monuments (avec projections). Conférence suivie de projections cinématographiques. Jeudi 15 janvier 1925. 5. M. G. DE REYNOLD , Professeur à l'Université de Berne. L1 Art en Suisse dans ses rapports avec l’histoire (A propos de l'Exposition rétrospective de peinture suisse à Paris et à Berne). Vendredi 30 janvier 1925. 6. M. David VIOLLIER, Vice-directeur du Musée national suisse à Zurich. Les Alémans en Suisse (avec projections). Jeudi 5 février 1925. 7. M. Daniel BAUD - BOVY , Président des Commissions fédérales des Beaux-Arts et des Arts appliqués. L1 Art rustique en Suisse (avec projections). Jeudi 19 février 1925. 1 La Suisse, 16 mai 1924. 2 Journal de Genève, 28 février 1924. — 23 — 8. M. Eugène DEMOLE , Conservateur du Cabinet de numismatique au Musée d'Art et d'Histoire. Annecy et quelques châteaux des environs (avec projections). Jeudi 26 février 1925. 9. M. Conrad DE MANDACH , Conservateur du Musée des Beaux-Arts de Berne. Un peintre suisse contemporain, maître de la couleur : Cuno Amiet (avec projections). Jeudi 5 mars 1925. 10. M. A. MORET , Professeur d'égyptologie au Collège de France, Paris. La Sépulture de Toutankhamon (avec projections). Jeudi 19 mars 1925. 11. M. Frank CHOISY , Directeur du Conservatoire populaire de musique. Instruments anciens et danses du XVIIle siècle (avec musique et danses). Jeudi 26 mars 1925. B. Cours pratiques. I. Dans les salles du Musée. 1. M. Louis GIELLY , Conservateur des Beaux-Arts au Musée d'Art et d'Histoire. Les méthodes scientifiques de l’histoire de l’art. Salle des Beaux-Arts. Samedi 29 novembre, à 14 h. 1/4. 2. M. Louis BLONDEL , Archéologue cantonal, Conservateur du Vieux-Genève au Musée d'Art et d'Histoire. L'art militaire au moyen âge; châteaux et maisons du canton de Genève. Salle du Vieux-Genève. Samedi 24 janvier 1925, à 14 h. 1/4. 3. M. Ch. ROCH , Sous-archiviste de l'Etat de Genève. Les fabriques de porcelaine et de faïence genevoises. Salle des porcelaines. Samedi 14 février 1925, à 14 h. 1 /4. 4. M. Louis REVERDIN , Docteur es sciences. 1. L'art préhistorique en Suisse. Samedi 21 février 1925, à 14 h. 1 /4. 2. Les stations lacustres de Genève aux époques néolithiques et du bronze. Salle préhistorique. Samedi 7 mars 1925, à 14 h. 1 /4. 5. M. Paul MARTIN , Archiviste de l'Etat de Genève. Quelques souvenirs de l'histoire de Genève. Salle des souvenirs historiques. Samedi 28 février 1925, à 14 h. 1 /4. 6. M. Henry DEMOLE , Professeur à l'Ecole des Arts et Métiers. Les vitraux de Saint-Pierre et leur restauration, Salle des Armures. Samedi 14 mars 1925, à 14 h. 1 /4. — 24 — II. Hors du Musée. Les dates de ces visites à des monuments hors du Musée, qui auront lieu au printemps, et le lieu précis de rendez-vous, seront communiqués ultérieurement par la voie de la presse et affichés à l'entrée du Musée. 1. M. G. FATIO . Le Mandement de Jussy. 2. M. Camille MARTIN, Chef du service du Plan d'extension. La cathédrale Saint-Pierre. 3. M. Camille MARTIN. Les églises Saint-Germain et Saint-Gervais. 4. M. L. BLOND EL, Archéologue cantonal, Conservateur du Vieux-Genève au Musée d'Art et d'Histoire. Un village de la campagne genevoise. G. Conférence universitaire d'archéologie. Destinée aux étudiants et aux auditeurs inscrits au cours universitaire d'archéologie. M. W. DEONNA, Professeur à l'Université, Directeur du Musée d'Art et d'Histoire. Etudes des Collections archéologiques. Tous les samedis à 14 h. 1 /4, de la fin d'octobre à la fin de mars (semestre d'hiver) et d'avril à juin 1925 (semestre d'été). Les trois conférences de novembre à décembre 1924 (MM. Clouzot, Verneuil, Opresco) et la leçon de M. Gielly, ont réuni environ 500 auditeurs. PUBLICATIONS. Genava. — Le tome II de la revue du Musée, « Genava », a paru en 1924 en un fort volume in-4° de 396 pages avec 164 illustrations. Les frais de la publication ont été, en partie, couverts par la recette de la publicité, les souscriptions, les subventions de la Société auxiliaire du Musée, de la Bibliothèque publique et universitaire, de la Commission cantonale pour la conservation des monuments historiques et la protection des sites, de la Société des Arts, classe des Beaux-Arts. Depuis 1924, la Société auxiliaire du Musée, la Bibliothèque publique et universitaire, la Commission cantonale pour la conservation des monuments historiques et la protection des sites assurent leur appui à cette publication qui devient leur organe. Le tome II, comme le précédent, a été accueilli avec faveur par le public et la presse. Voir Ed. Ch., Journal de Genève, 16 septembre 1924; L. F., La Suisse, 19 et 30 septembre; Ch. Clerc, La vie en Suisse, La Semaine littéraire, 4 octobre 1924; .... d, La Gazette de Lausanne, 1er octobre 1924; Revue archéologique, 1924, S. Reinach; — 25 — Revue des Etudes anciennes, 1924, p. 395; Revue d'Ethnographie et des Traditions populaires, 1924, p. 381-2; Revue historique, 1925 (P. E. Martin, Bulletin historique, p. 20 du tirage à part); Archives Suisses des traditions populaires, XXV, 1925, p. 299. Cf. encore, pour le tome I, Indicateur d'histoire suisse, 1924, p. 210. Tirage à 1000 exemplaires: 370 exempl. remis à la Société auxiliaire du Musée. 25 » remis à la Bibliothèque publique et universitaire. 140 » en souscription (à fr. 6, plus une carte d'entrée gratuite au Musée). 29 » vendus après souscription. 79 » échangés contre des périodiques. 52 » remis à la presse et en don. 284 » disponibles au 31 décembre 1924. 21 » du tome I, vendus en 1924. Guide sommaire. — La brochure « Plans et renseignements pratiques », éditée en 1922, étant épuisée, on a publié un Guide sommaire de 64 pages avec de nombreuses illustrations, tiré à 1500 exemplaires, qui a été mis en vente le 1er juillet1. Cartes postales. — M. Jaeger, éditeur à Genève, a édité, conformément à la convention passée avec le Musée, une nouvelle série de 20 cartes postales de tableaux. Le Musée a reçu gratuitement le 15 %, soit 3000 cartes. Publicité. — Nous avons continué, comme les années précédentes, à distribuer — à l'usage des étrangers — dans les divers hôtels, pensions et agences de renseignements de la Ville et des environs, des circulaires et horaires des jours et heures d'ouverture. Ce mode de publicité ayant donné de bons résultats, nous l'avons étendu aux hôtels et agences de tourisme de la Savoie, que nous avons pu atteindre grâce à l'obligeant concours de l'Office français du Tourisme à Genève. RENSEIGNEMENTS DIVERS . Les collections de peinture ont eu à souffrir des déprédations d'un maniaque qui a, à trois reprises, percé les yeux de trois toiles. Une active surveillance amena l'arrestation de l'auteur présumé de ces actes de vandalisme, et une plainte fut déposée en justice. La longue enquête judiciaire s'est terminée par un non-lieu, malgré de très fortes présomptions. En 1912 déjà, un fait analogue s'était passé au Musée 2 , et nul conservateur n'ignore ces mutilations stupides dues en général à des déséquilibrés. 1 2 Cf. Revue archéologique, 1924, II, p. 269. Tribune de Genève, 17 août 1912, — 26 — MUSEE RATH . Sur la proposition de la direction, le Conseil Administratif a appliqué au Musée Rath le même tarif d'entrée qu'au Musée d'Art et d'Histoire, tarif entrant en vigueur le 1er janvier 1925. Le nombre d'entrées (4736 de plus) et le chiffre des recettes (Fr. 2.440,50 de plus) sont en progression sensible sur l'année 1923. 1924 Statistique: Entrées gratuites Janvier M Recettes payantes 10% sur ventes lle total1 Monnier, MM. François, Zubritzki ................................ 2.001 287 493 — 751,30 Février Mlle Milson, MM. Duvoisin, Perrot . . . . ...................... 2.553 157 931 1072,30 me Mars M Guerzoni, MM. Hellé, R. Martin..................................... 3.559 333 516 — 815,70 Avril Peintres et sculpteurs (Associa tion) ...................................... 3.663 419 18,55 395,65 Mai MM. Couvet, Franzoni, de Salis. 1.302 147 125— 257,30 Juin M. Matthey et exposition posthume de H. Huguenin . . . 1.155 144 326— 455,60 Septembre M. E. Hermès ............................ 1.184 247 57279,30 Octobre Exposition posthume Louis et Edouard Rheiner................... 2.805 371 232— 565,90 Novembre MM. R. Guinand, P. Perrelet. . 3.970 364 350— 677,60 Décembre MM. C. Angst, Bressler, HaberJahn et W. Lang ................. 2.152 142 178— 305,80 Totaux............... 24.344 2.611 3.226,55 5.576,45 Récapitulation: 1923 1924 Entrées payantes.............................................. 2.524 2.611 Entrées gratuites ............................................. 19.695 24.344 Totaux .............. 22.219 26.955 Recettes: 1924 1923 Entrées à fr. 1.— ................. Fr. 2611,— Droit des pauvres 10 % . . » 261,10 Fr. 2.349,90 2.271,60 Produit des ventes : 5 et 10 % sur Fr. 32.400,50............................................ » 3.226,55 864,35 Totaux. . . . 1 Déduction faite du droit des pauvres. Fr. 5.576,45 3.135,95 — 27 — Travaux exécutés en 1924. — Expositions: peinture des cadres extérieurs et de 7 vitrines; garni l'intérieur des dites; écriteaux mensuels; une natte pour le vestibule d'entrée. Salle des moulages: 20 socles façonnés et peints en faux marbre; 100 plaques de métal avec numéros pour les socles; peinture de 3 vitrines et d'une table. II. Acquisitions des sections. A. Collections archéologiques et historiques, Collections Fol, Salle des Armures, Collections lapidaires. Conservateur: M. W. DEONNA . Récentes publications sur les documents des collections archéologiques : S. REINACH, Répertoire de la statuaire grecque et romaine, tome V, volume I, 1924. On y trouvera la reproduction de plusieurs bronzes et marbres du Musée. D. BAUD-BOVY, L'art rustique en Suisse, édition du Studio, 1924 (mentionne et reproduit divers objets mobiliers du Musée). CAILLER et BACHOFEN , Le cimetière antique de Cartigny, Genava, II, 1924, p. 94. P. MARTIN , A propos du tableau de la Justice, ibid., p. 220. Un masque de Napoléon au Musée d'Art et d'Histoire, «Tribune de Genève», 30-31 mars 1924. W. DEONNA , Hadès, Pages d'Art, 1924, p. 59-60, pl., tête de marbre N° 10923. Id., Caricature ou rite, Rev. des Etudes anciennes, XXVI, 1924, p. 162-4 (N° 10350, figurine en terre cuite gréco-égyptienne, âne philosophe). Id., L'Afrique personnifiée, médaillon en terre cuite, N° MF. 81 et bronze MF 1208, Genava, II, p. 107-8. Id., L'Education d'Emile, groupe allégorique par Jacques Argand, Genava, II, p. 342-378. Id., Quelques réflexions sur le symbolisme, en particulier dans l'art préhistorique. Rev. hist. des religions, LXXVIII, 1924, p. 1 sq. (mentionne divers monuments des collections préhistoriques.) Id., Coupe en verre doré, Rev. des Etudes anciennes, 1925, p. 15, N° MF 3634. Id., Rosaces et entrelacs, Archives suisses des traditions populaires, XXV, 1924, p. 81 sq., pl. (mobilier suisse Nos 3411, 3412, 3417 et pierres des collections lapidaires N os 612, 613, 614). Cf. sur ce thème: J. A. BRUTAILS, Types éternels d'ornements, Rev. des études anciennes, 1924, p. 321. — 28 — Id., Trois statuettes d’Artémis éphésienne, Rev. arch., 1924, I, p. 5-23 (Nos 9148, 9149, 9150). Id., Légendes et traditions d'origine iconographique, en particulier dans Vancienne Genève, Genava, II, p. 257 sq. (en conférence à la Société d'histoire, Aula de l'Université; cf. la Tribune de Genève, 12 avril 1924 ; Journal de Genève, 11 avril ; la Suisse, 11 avril). Id., Terres cuites gréco-égyptiennes, Rev. arch., 1924, II, p. 81-158 (terres cuites Nos 9619-10642; cf. Genava II, p. 38). Etranger. ANTIQUITE Assyrie. Tablettes cunéiformes. M. Alfred BOISSIER a bien voulu remettre en don au Musée un certain nombre de tablettes cunéiformes extraites de sa collection. 10826. Fragment d'une chronique en caractères néo-babyloniens qui relate des événements du règne de Sargon, roi d'Agadé (Accad) vers 2850 av. J.-C. A. BOISSIER , Fragment de chronique néo-babylonienne, Genève, Jarrys, 1922. 10827. Fragment des annales de Salmanassar II, roi d'Assyrie (860-825). A. BOISSIER, Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes, 1903. 10828. Document juridique qui donne un extrait d'un vieux code babylonien et mentionne un roi de la dynastie d'Ysin, Lipit Istar, qui a régné avant Hammourabi, vers 2280 av. J.-C. A. BOISSIER, Lipit Istar, législateur, Genève, Jarrys, 1922. 10829. Inscription historique mentionnant un grand soulèvement contre Narâm Sin, roi d'Agadé, vers 2755-2712 av. J.-C. La tablette a été recuite pour faciliter le déchiffrement. A. BOISSIER, Revue d'assyriologie, XVI, p. 157-164. 10830. Fragment des Annales de Salmanassar II, roi d'Assyrie (860-825 av. J.-C.). A. BOISSIER, Recueil de Travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes, 1903. 10831. Contrat de l'époque de Séleucus IV Philopator, daté de l'an 130 des Séleucides. Il s'agit d'une vente de terrain en la ville d'Ourouk (Warka) en Babylonie. Les témoins ont apposé leurs cachets. Une réplique de ce document est au Musée de Berlin (Warka 521). A. BOISSIER, Vorderasiatische Schriftdenkmäler, XV, N° 12, p. 12. — 29 — Grèce et Rome. 10923. Buste d'un homme barbu, sans doute Hadès, trouvé en 1922 à Vonitza (Acarnanie). Voir Hadès, Pages d'Art, 1924, p. 59. 11642. Portrait d'un Grec inconnu, du IVe siècle avant J.-C. 11358. Tête de Romain imberbe, détachée d'une statue ou d'un buste; provenant des environs d'Alexandrie, Egypte. Sur ces sculptures, voir plus loin : Sculptures antiques récemment acquises par le Musée de Genève. 11464. Lampe romaine en bronze, Ier siècle après J.-C. Trouvée dans une fouille de la voie romaine entre Saint-Quentin (Aisne) et Holnon, vers 1893. M. Lucien Naville a fait don de poinçons et de moules en terre cuite de potiers gallo-romains, dont quelques-uns ont été trouvés à Clermont-Ferrand. Le style de ces derniers, comme leur provenance (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, est à 27 kilomètres à l'ouest de Lezoux) permettent de les attribuer aux officines des potiers lédosiens (I-III6 siècle)1. Ils proviennent d'anciennes fouilles, comme en témoignent des étiquettes dont l'une porte la date 1864 2. 11550. Poinçon. Mufle de lion, de face. Ce poinçon servait à décorer des fragments architecturaux — on en connaît, en effet, qui montrent cette orne mentation 3 — ou des vases avec déversoir en forme de mufle léonin, fabriqués en quantité considérable à Lezoux4. Cf. Nos 11552-11553. 11551. Poinçon. Clermont, gare, 1864. Cerf ou biche courant à gauche. 11552. Moule. Mufle de lion, de face. Cf. Nos 11550, 11553. 11553. Moule, même sujet, cf. Nos 11550, 11552. 11555. Moule. Masque de Silène, de face, motif des vases ornés de Lezoux, moulés 5 ou à reliefs d'applique 6. 11557. Moule, sans doute pour vase à reliefs d'applique. Sujet très indistinct. Bacchanale ? Un personnage couché à terre, jouant de la double flûte, le haut du corps seul drapé, ithyphallique, sans doute Silène. Devant lui, un groupe de deux hommes nus luttant, étroitement enlacés, l'un vu de dos, l'autre paraissant lever un 1 Cf. les vases ornés et les moules ou poinçons provenant de Clermont-Ferrand, DECHELETTE, Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, table, s. v. Clermont-Ferrand. 2 Sur les fouilles de Lezoux, DECHELETTE , I, p. 142 sq. 3 DÉCHELETTE , op. l., I, p. 146, fig. 98. 4 Ibid., p. 321 sq., pl. IX; OSWALD - PRYCE , An Introduction to the study of Terra Sigillata, 1920, pl. LXXIV, p. 216. 5 DÉCHELETTE, op. L, II, p. 111, N° 669 sq. 6 Ibid., p. 226, 113, 114. — 30 — bâton (thyrse ?). A leur côté, au-dessus du torse de Silène, un autre personnage nu semble contempler les lutteurs et s'écarter d'eux avec un geste d'effroi (bras traversant la poitrine). Deux moules ont une autre provenance: 11554. Moule. Mufle de bovidé, de face. Provenance: Asie Mineure. 11556. Moule. Lion couché. Provenance: Cherchell. 11558. Tessère palmyrénienne, en bronze, de forme rectangulaire. Don de M. L. Naville. Une tessère identique est conservée au Cabinet des Médailles, à Paris, provenant de l'ancienne collection de Luynes. MM. Babelon et Blanchet en ont donné la description qui correspond à notre petit monument: « Sur une face, un buste de femme, à cheveux bouclés, la tête surmontée du modius et tenant une palme sur son épaule gauche. A droite et à gauche une étoile; à l'exergue une inscription palmyrénienne qui contient sans doute un nom propre. Sur la face opposée, l'inscription Bel et un symbole qui paraît dérivé de la croix ansée. Au-dessous, une sorte de lame de poignard de chaque côté de laquelle on voit, de profil, une figure en gaine comme une momie égyptienne, posée sur un cippe. Haut. 34 mill., larg. 24 mill. » 1. Sur notre exemplaire les étoiles ne sont pas visibles; peut-être en aperçoit-on la trace à droite de la tête. Les dimensions sont un peu plus réduites: 0.032, et 0.023. M. Chabot a récemment étudié les tessères de Palmyre 2, dont on connaît un grand nombre en terre cuite. En revanche, il ne peut citer en bronze que la tessère du Cabinet des Médailles 3. L'exemplaire de Genève offre donc, outre sa valeur documentaire, l'intérêt de la rareté et accroît la petite série de documents palmyréniens que nous possédons 4. TEMPS MODERNES . Tapisseries. Nos 11459-62: Trois tapisseries formant suite, des ateliers de Bruxelles, début du XVIe siècle. Don des héritiers de Mme Prévost de la Rive 5. 1 2 BABELON et BLANCHET , Catalogue CHABOT , Inscriptions de Palmyre, des Bronzes de la Bibliothèque nationale, p. 699, N° 2292. 1922, p. 133 sq. Tessères et monnaies. Ibid., p. 137. 4 Genava, I, 1923, p. 49; Syria, IV, 1923, Monuments orientaux du Musée de Genève, IV, p. 230, Bustes palmyréniens. 3 5 Cf. plus loin l'article: Trois tapisseries de Bruxelles au Musée de Genève. — 31 — Métaux. 10928. Coupe en étain, décor côtelé, style Louis XV. Marque de la Suisse allemande. Acquise à la vente de la collection Nicolas, Lausanne, 1923. 10927. Plat en étain, style Renaissance, avec poinçon de Jacob Valin, 1609, et contremarque valaisanne, Bagnon, abbé-évêque. Même origine. 11359. Croix processionnelle du XV e siècle, provenant du Tessin, achetée à M. A. Franzoni. 11372. Règle graduée, soit pied bernois, utilisé jusqu'en 1848. Legs de M me E. Robert-Scheimbet. 11560. 221 Marques de potiers (l’étain. Don de M. Ed. Audeoud. Mobilier. M me 11367. Pendule neuchâteloise, vernis noir, décoration florale en blanc. Legs de Emma Robert-Scheimbet. Genève et environs immédiats. ANTIQUITE . Néolithique. 10929-10931. Mobilier d'une tombe de Cartigny. Don de MM. Cailler et Bachofen, cf. Genava, II, 1924, p. 94. 11643. 5 pointes de flèches, données par M. Joseph Ambroise Roguet à Loëx (Haute-Savoie), près Bonne. Trouvées dans les champs de Loëx, en travaillant ça et là, avec un grand nombre d'autres spécimens analogues. Loëx a livré aussi des haches néolithiques, dont une est entre les mains de M. Roguet, et divers autres objets. Les trouvailles néolithiques de Loëx ont été signalées par M. Vuarnet: Mém. Académie Chablaisienne, XXXII, 1920, p. XXII; Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques, 1919, p. CIV. — 32 — Epoque romaine. 11360. Petit vase galloromain très fragmenté, vernis brun-rouge, trouvé le 15 avril 1924 à Chêne dans la propriété de M. le Dr Audeoud, et donné par celui-ci. III-IVe siècle. 11465. Bol hémisphérique, trouvé dans les fouilles pour une canalisation au haut de la Pélisserie, octobre 1924 (fig. 1). C'est le premier exemplaire de cette série céramique livré par le sol genevois. Ces bols de la forme 37 sont recouverts d'une glaçure rouge-claire peu solide, et leur décor consiste en plusieurs zones horizontales divisées en petits compartiments rectangulaires, que remplissent des hachures contrariées, des grillages et des ornements linéaires variés. Selon M. Déchelette 1, ce type de vase semble avoir été fabriqué surtout en Belgique, en Germanie et dans les régions voisines. En tout cas il se répandit dans le N. et le NE. de la Gaule, spécialement dans la vallée de la Marne. M. Unverzagt, qui l'a étudié spécialement, en situe le centre unique de fabrication en Argonne, dans la région Lavoye-Avocourt-Les Allieux-Vauquois2. Cette série appartient déjà à la seconde moitié du IIIe siècle, mais surtout au IVe siècle et peut-être encore au Ve. C'est la renaissance du système décoratif en zones et en compartiments striés connu par l'industrie celtique de la Tène. 11538. Petit fragment de vase en terre noire, à décor de feuilles estampées. Fouilles pour une canalisation en haut de la Pélisserie, 1924 (fig. 2). On n'a trouvé, à Genève, que de rares fragments de cette catégorie : 11596. Tranchées? Fragment d'un bord de coupe, avec palmettes estampées. Terre grise, vernis brun-noir lustré (fig. 3). Cf. Déchelette, Vases ornés, II, pl. XII, 6. 1 DECHELETTE , Vases ornés, II, p. 325 sq., Vases à zones striées, pl. XI, I, p. 191; WALTERS , p. 78 sq. ; OSWALD - PRYCE , op. L, p. 231 sq., Hemisphérical bowls with chequered décoration, pl. XI, 5; Bonner Jahrbûcher, 126, 1921, pl. IV; EÔENEN , Gefàsskunde, 1895, pl. XVIII, 19, 28. 2 UNVERZAGT. Terra Sigillata mit Ràdchenverzierung, Francfort, 1919; cf. encore CHENET, Sur un vase argonnais trouvé à Alésia, Pro Alésia, 1919, p. 141-2. — 33 — 11597-9. Pélisserie, Tour de Boël, 1922-3. Trois fragments (fig. 4-6) provenant de trois vases différents, en terre grise et à vernis brun-noir, ornés sur le rebord de rosaces estampées. Déchelette, op. l., II, pl. XII, 5, XIII, 3. 11600-1. Salève, Grotte Pisseuse. Plusieurs fragments (entre autres d'une olla), argile grise, vernis brun-noir (fig. 7-8). Rosaces estampées et feuilles ovales. Cf. Déchelette, Fia. 3. — Fragment de vase a décor estampé, op. l., II, pl. XII, 2-3-4. n° 11596. 11606-8. Salève, Grotte Pisseuse, trois fragments, même terre, même vernis, avec cercles estampés (fig. 9). Ces poteries d'une épaisse argile gris-noir, revêtue de vernis noir, parfois de vernis rouge, plus ou moins lustrée, sont ornées de motifs estampés avec des poinçons qui ont été appliqués dans l'argile fraîche1. On en a trouvé surtout en Gaule; la Suisse n'en a livré que peu d'exemplaires qui sont parfois en terre rouge vernissée Fia. 4-6.— Fragments de vases à décor estampé, n os 11597-9. avec motifs chrétiens 2. Leur date est le Ve et encore le VIe siècle. Selon M. Déchelette, l'ère de dispersion de cette céramique coïncide avec le territoire wisigothique, et l'invasion gothique ne serait pas étrangère à leur diffusion. Ceci lui paraît d'autant plus probable que l'on connaît des vases analogues en Bohème et en Hongrie au IIe siècle; les Goths auraient emprunté cette ornementation céramique aux Celtes du Danube. M. Déchelette ne croit pas qu'il y ait quelque filiation avec la poterie estampée que l'on rencontre à la Tène III, par exemple au Mont-Beuvray (dont Genève pos1 DECHELETTE , op. L, II, p. 327 sq., Vases estampés, pl. XII-XIII; the Roman Pottery in the British Museum, M., 2463. 2 WALTERS , Catalogue of Ibid., p. 332; BESSON , L'art barbare dans l'ancien diocèse de Lausanne, p. 170, fig. 108-9. — 34 — sède un spécimen)1. On peut toutefois se demander s'il n'y a pas lieu, en nos contrées, de rattacher cette poterie estampée de date tardive à ces anciens prototypes, étant donné la curieuse renaissance de formes indigènes que l'on constate d'une façon générale dès les III-IV6 siècles. Fia. 7-8.— Fragments de vases à décor estampé, n°s 11600-1. M. Coutil a étudié récemment la poterie à palmettes, répandue dans tout l'empire romain, dont les poteries dites wisigothiques ne sont que des dérivés 2 . A Genève, cette céramique est celle des Burgondes qui s'établissent dans notre contrée au Ve siècle 3. L'association des cercles et des feuilles, en rangs superposés, que l'on remarque sur certains de nos fragments, est fréquente dans cette série céramique4, mais elle n'est pas spéciale à la poterie. Au cimetière d'Alleins (Bouches-du-Rhône), une petite chapelle romane possède deux chapiteaux plus anciens, réemployés, dont l'ornementation ressemble FIO. 9. — Fragment de beaucoup à celle de notre poterie estampée; on y voit, en vase à décor estampé, n° 11606. effet, au-dessus dune feuille allongée a nervures, un disque crucifère, correspondant à nos rosaces. Ces chapiteaux, dont il est difficile de préciser la date, semblent toutefois être antérieurs au VII e siècle 5 . 1 DÉCHELETTE , 2 COUTIL, 5 FORMIGE , op. l., II, p. 334. Société archéologique de Bordeaux, XXXIV, 1923; cf. Revue des études anciennes, 1924, p. 255; ex. Marteaux-le-Roux, Boutae, p. 196, III e siècle. 3 BLONDEL , Origine et développement des lieux habités, p. 26, pl. 11, plan de Genève burgonde. 4 Ex. tombeaux de Niederstotzingen, près d'Ulm, LINDENSCHMITT, Altertümer unseretheidnischen Vorzeil, IV, pl. 72, 3; ibid., pl. 5, 7. Bulletin Société nationale des Antiquaires de France, 1921, p. 166-8, fig. — 35 — TEMPS MODERNES . 11456. Petite coupe en étain, du XV e siècle, trouvée dans les démolitions de la Pélisserie, 1923. 11560. Poinçon, au nom du potier d'étain genevois Lacombe, XIX e siècle. Don de M. Ed. Audeoud. 11560. 221 Marques de potiers d'étains genevois, et dessins de marques de potiers, ayant servi à illustrer l'ouvrage de M. E. Naef : « le Livre du potier d'étain » (1920). 11457. Vitrail en grisaille, aux armes de Jacques Eynard. Cf. Genava, I, 1923, p. 148, fig. 3, Armures. Publications. — Ch. BUTTIN, La rondache de parement de la salle des Armures, Genava, II, p. 225 sq. (N° F. 78); cf. Bulletin de l’Art ancien et moderne, 1925, n° 714, p. 32. — H. DEONNA, Une famille de fondeurs de canons à Genève, Les Maritz, Genava, II, p. 193 sq. 1983. Casque à camail, XIVe s. (fig. 10). 1982. Chapeau d'arme, milieu du XV e siècle, type d'armure portée par les soldats suisses, ainsi qu'on le voit sur les gravures de l'époque. Ex. Rapport du Musée de Berne, 1915, pl. I sq., p. 60; ZEMP , Die schweizeri-schen Bilderchroniken und ihre Architekturdarstellungen, 1897, p. 57, fig. 15, etc. — Deux armures de même type au Musée national de Zurich, entre autres le chapeau de guerre de Zwingli. 1940. Bacinet, fin du XIVe ou début du XVe siècle, provenant du château d'Avusy, près de Genève, jadis propriété des barons de la Grave (fig. 11). 1942-3. Hallebardes, fin du XVe siècle, marque lys. Provenance inconnue. Echange avec le Musée national. — 36 — 1944. Hallebarde, fin du XVIe siècle, marque d'Augsburg. Cf. Indicateur d'antiquités suisses, 1900, p. 126. Echange avec le Musée National. 1957. Hallebarde, marque inconnue, fin du XVIe siècle; provenant du sud de l'Allemagne. Echange avec le Musée National. 1945. Hache de fantassin, soit « Mordant », première moitié du XVIe siècle. Echange avec le Musée National. 1946. Pertuisane, fin du XVIIe siècle, de l'armement des sous-officiers zurichois. Echange avec le Musée National. 1947. Mousquet, daté 1615; marque inconnue. Le Musée national de Zurich possède une arme semblable, portant avec la même marque la désignation de la ville de Suhl, comté d'Henneberg. Fie. 11.— Bacinet, XIV«-XV s., n° 1940. Echange avec le Musée national. 1948-1955. Parties d'uniforme d'officier, XIX e siècle. Don de M. le D r Audeoud. 1956. Epaulettes de tambour-major, Genève, XIX e siècle. Don de M. le D r Audeoud. 1958-1964. Parties d'uniformes d'officier et de sous-officier, première moitié du XIX e siècle. Don de M. Gambini. 1939. Drapeau de l'Ecole de tir des Amis du Mannequin, remplacé à l'occasion du 50 me anniversaire de la fondation de la Société. Don de l'Ecole de tir des Amis du mannequin. H 63. Drapeau de l'Abbaye des Grenadiers, déposé au Musée en 1878 par la Société fédérale des sous-officiers, et donné par elle en 1924. Collections lapidaires. Publications: La Pierre aux Dames, Journal de Genève, 13 avril 1924 (proposition de la transporter au Musée). — W. D., La Pierre aux Dames et les monumentdu passé genevois, Journal de Genève, 22 avril 1924 (Pierre aux Dames, dalle funéraire d'Amédée de la Palud, voir Genava, II, p. 56, N° 712.) — W. DEONNA, Légendes et traditions d'origine iconographique, en particulier dans Vancienne Genève, Genava, II, p. 257 (divers documents des collections lapidaires.) — J. TOUTAIN, La déesse Genava et le culte des villes divinisées dans le monde gréco-romain, Genava, II, p. 99 (inscription N° 328). — 37 — 717. Meule ? romaine, provenant des fondations de l'immeuble N°42, rue de la Croix-d'Or, démoli en 1923. Découverte intacte, elle a été brisée en trois morceaux par les ouvriers. 716. Moulage d'une sculpture romaine, sans doute funéraire, encastrée au sommet de la tour dite de César, à Nyon; le dieu Attis, en haut-relief. Cf. Une sculpture romaine de la Tour de Nyon, Tribune de Genève, 8 mai 1924; Notre Musée et les sculptures romaines de Nyon, Journal de Genève, 12 mai 1924; Gazette de Lausanne, Un dieu phrygien à Nyon, 31 mai 1924; Indicateur d''antiquités suisses, 1924, p. 207. 718. Moulage d'un cippe funéraire encastré dans un mur de l'ancienne propriété Duplessis, appartenant actuellement à M. Pache, à Viez, près de Nyon. La forme est celle des cippes rectangulaires surmontés d'un fronton triangulaireOn aperçoit dans celui-ci l'ascia symbolique en relief 1 qui orne déjà d'autres pierres funéraires de notre Musée 2 . Au-dessous, une bordure d'oves. L'inscription, illisible en quelques points, est signalée avec quelques variantes, dans le CIL 3 . Nous donnons notre lecture, vérifiée sur le moulage : 720. Moulage d'une inscription romaine, encastrée dans un mur de ferme à Bonmont, sur Nyon; signalée dans le CIL 4 . 713. Linteau de porte, avec les lettres JHS en relief. Fin du XV e ou début du e XVI siècle. Faisait partie de la porte de l'escalier, dans la cour de l'immeuble N° 42, rue de la Croix-d'Or. 714. Cul de lampe, avec tête de Christ sculptée. Fin du XV e ou début du XVIe siècle. Ornait la porte du 1 er étage donnant sur l'escalier, dans l'immeuble N° 42 de la rue de la Croix-d'Or 5 . 1 Cf. entre autres références, CABROL , Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, s.v. Ascia; Rev. archéol., 1915, I, p. 333-4, etc. 2 Dunant. Catalogue raisonné et illustré des séries gallo-romaines, p. 82, 200. 3 CIL, XIII, part II, fasc. I, p. 4, N° 5017. Sur les inscriptions de Nyon, ibid , N° 5000 sq : IV, 1916, p. 31, N° LU. 4 CIL, XIII, n° 5005. 5 Cf. plus loin, BLOND EL, Chronique archéologique. — 38 — 715. Cul de lampe, avec feuillage sculpté, même date, même provenance. 721. Moulage d'une dalle funéraire encastrée dans le porche de l'ancienne abbaye de Bonmont, sur Nyon (Gaulthier de Laquemant de Brabant, 1495). Don de M. Plojoux. 719. Moulage d'un médaillon sculpté sur le linteau d'une porte à l'annexe du temple de Genollier (Vaud), avec la date 1528; actuellement déposé à l'intérieur du Temple. Don de M. R. Campiche. B. Beaux-Arts. Conservateur : M. L. GIELLY. Récentes publications sur des pièces de cette section: A. STARING, La Tour en Hollande, Gazette des Beaux-Arts, mars 1924. Les pastels du Musée de Genève: Opinion de M. L. GIELLY. Une lettre de M. D. BAUD-BOVY, Semaine littéraire, 26 avril 1924. Hans WENDLAND , Konrad Witz, Bâle, 1924. Barthélémy MENN, Choix de lettres. Introduction par D. BAUD-BOVY; Zürcher Kunstgesellschaft, Kunsthaus, Zurich. ACQUISITIONS. Deux séries importantes d'acquisitions ont été faites dans le courant de l'année L'Office Fédéral du Travail avait bien voulu accorder au Musée, en 1923, une subvention de 17.000 francs pour acheter des œuvres à des artistes se trouvant dans une situation difficile, en laissant toutefois entière liberté pour le choix qui devait se faire selon les normes habituelles et en tenant compte de la valeur artistique des œuvres. Le Musée a pu ainsi s'enrichir de plusieurs œuvres intéressantes et rendre service à quelques artistes méritants. D'autre part, dès 1923, le Musée était entré en pourparlers avec Mme Silvestre, veuve et héritière du sculpteur Niederhaüsern, pour acquérir une collection d'œuvres de cet artiste. La somme à débourser dépassait cependant les possibilités du Musée, qui a obtenu l'aide du Conseil municipal, de la Fondation Gottfried Keller et de la Confédération, ainsi qu'une donation importante de Mme Silvestre. 29 pièces de Niederhaüsern vont donc entrer incessamment au Musée, qui aura la propriété intégrale du plus grand nombre, les autres étant déposées par la Fondation Gottfried Keller et la Confédération dans les conditions habituelles. Le Musée possédera de la sorte une collection d'œuvres du plus haut intérêt d'un de nos plus grands artistes suisses. — 39 — Citons, parmi les acquisitions les plus marquantes de l'année: Léopold ROBERT , Portrait de M me H. Petitpierre (legs de M me D.-L. Butin). H.-C. FORESTIER , Portrait de jeune femme (fonds Diday). Trois paysages de Louis RHEINER , dont l'un acquis sur le fonds Diday, et les deux autres donnés par la famille. Deux études de Ch. GIRON . DONS ET LEGS . Don de Mme Mina RAMBAL : M. Rambal, Portrait de l'auteur, pastel (1924-1); Portrait de P.-L. Rambal, pastel (1924-2); Portrait de M me Jenny Huber, pastel, (1924-3). Don de M me L. FLORENTIN : main de Ferdinand Hodler, moulage cire (1924-4). Don de M. ARENZENA Y CHINCHILLA , Consul d'Espagne à Genève: Mariano Fêlez, Port de mer, huile (1924-5). Don de M. G. MAUNOIR: J .Burdallet, Vue prise au Denanton, dessin à la plume (1924-19). Don de Mme Ch. GIRON: Ch. Giron, Femme assise, tempera (1924-20) et « Deux femmes assises », tempera (1924-21). Legs de Mme D.-L. BUTIN, née Ponson: Lépold Robert, Portrait de Mme Philippine Ponson, née Robert, dessin (1924-22) et Portrait de M me Henriette Petitpierre, née Robert, huile (1924-23); James Vibert, Portrait de David Butin, bronze (1924-24). Don de Mme H. d'AuRiOL: Ch.-J. Auriol, Platon enseignant ses disciples au cap Sunium, huile (1924-30). Don de M. AUBERT : Jean-Charles Toepfîer, F. Diday, plâtre (1924-31). Don de l'hoirie RHEINER : Louis Rheiner, «le Bassin du Luxembourg», huile (1924-33), et « Soleil du matin à Cannes » (1924-34). ACQUISITIONS. R. GUINAND , « Le Rond-point de Plainpalais », huile (1924-6). F. BAUD, « Jeune fille », bronze (1924-7). B. VAUTIER , « Femme mettant ses gants », huile (1924-8). A. MAIRET, « la Rivière », huile (1924-9). G.-R. HABERJAHN , « le Lac de Neuchâtel », huile (1924-10). E. CASTRES, «Les Rochers de Naye, », huile (1924-11). A. BLANCHET, « Jeune fille », huile (1924-12). G. FRANÇOIS, « L'Eté », huile (1924-13). F. SCHMIED , « Torse d'athlète » (1924-14). P.-E. VIBERT , « Paysage », huile (1924-15). A. SAUTERE , « L'Eté », huile (1924-16). — 40 — F. BLONDIN, « Portrait de l'artiste », huile (1924-17). E. GILLIARD, « La Pileuse », huile (1924-18). H.-G. FORESTIER, « Portrait de jeune femme », tempera (1924-25). G. FRANÇOIS, « Etude de nu », huile (1924-26). A. MORARD, « Le Village au pied de la Colline », huile (1924-27). R. GUINAND, « Paysage », huile (1924-28). C. DE ZIEGLER, « Paysage », aquarelle (1924-29). L. RHEINER, « Bords de l'Aire », huile (1924-32). C. Arts décoratifs. Conservateur : M. A. DUFAUX. ACQUISITIONS. Une mention spéciale est due aux 14 miniatures de Louis Arlaud, acquises à Copenhague, à l'occasion d'une vente aux enchères, cela par l'obligeant intermédiaire de Mlle M. Arlaud, descendante du célèbre miniaturiste. La plus importante de ces œuvres est un portrait sur ivoire de la Princesse Loewenstein, d'après une toile de Massot (fîg. 15). Les autres miniatures sont, pour la plupart, des portraits de membres de la famille Arlaud, dont une branche s'est fixée au Danemark. Citons le portrait du fils de l'artiste, de sa bru, Mme Jacqueline-Pernette Arlaud, née Fine, et de la mère de celle-ci : Mme J.-P. Fine, née Plan. Cette même année, les Arts décoratifs s'étaient déjà assuré la possession d'une miniature de Louis Arlaud, portrait de Mme Laure Hentsch, née de Chastel. Ces apports ont permis d'affecter une vitrine entière aux œuvres signées des Arlaud, soit plusieurs miniatures de Jacques-Antoine Arlaud et une série importante de son petitneveu, Louis Arlaud-Jurine, le plus justement estimé de cette lignée de portraitistes. FIG . 12.— Montre or, 1830-1850. — 41 — La Société auxiliaire du Musée a contribué largement à faciliter cette opération, prouvant ainsi, une fois de plus, que sa sollicitude s'étend à toutes les sections du Musée. Voici la liste des différentes acquisitions: Métaux. Montre or, mouvement signé « Bovet, Fleurier », décorée de fleurs sur fond gris, genre dit «pour la Chine»; travail genevois, époque 1830-1850 (fig. 12). Miniatures. I. 61. Miniature sur ivoire, signée Arlaud (Louis Arlaud-Jurine). Portrait de Laure Hentsch, née de Chastel. I. 62. Miniature rectangulaire. Femme assise, costume Empire, par Arlaud. I. 63. Id. I. 64. Miniature, buste de jeune femme. I. 65. Id. I. 66 Id. I. 67. Id. I. 68. Portrait de Jacqueline Pernette Arlaud, née Fine. I. 69. Portrait de M me J.-P. Fine, née Plan. I. 70. Portrait de la Princesse Loewenstein, d'après Massot (fig. 15). I. 71. Portrait de François Arlaud, fils de l'artiste. I. 72. Portrait grisaille du père de Louis Arlaud-Jurine. I. 73. Portrait d'inconnu, costume d'« Incroyable », peint à l'huile sur carton par L. Arlaud. I. 74. Buste de femme, tête d'étude, par L. Arlaud. I. 75. Miniature aquarellée sur papier. Profil tête femme, étude par L. Arlaud. Emaux. E. 368 bis. Croix en métal, découpé et champlevé, avec émaux variés, composée et exécutée par M. Ch. Dunant, peintre-émailleur genevois. E. 369. Flacon à parfum, émaux cloisonnés} œuvres de Mlle Le Roy, E. 370. Cendrier, métal émaillé } émailleur à Genève. E. 371. Sébille, décor champlevé, émaux opaques sur cuivre patiné noir, de Mile Meylan, émailleur, Genève. E. 372. Assiette émail sur cuivre, décor femme et cheval, cloisonnés d'or, œuvre de M. Henri Demole, peintre-émailleur, Genève. — 42 — E. 373. Pot émail sur cuivre, de Mme Schmidt-Allard, émailleur, Genève. E. 374. Email sur cuivre, ovale, portrait de M. Auguste Eberlin, pasteur, par Mlle Juliette Hébert, artiste genevoise (1837-1924). E. 375. Bracelet composé de 5 plaques cuivre, émaux cloisonnés d'or. Sujet: «Les Fables», et de 5 plaquettes oblongues, composition et exécution de Mme de Siebenthal, née Glitsch, artiste genevoise. Cette œuvre a obtenu le premier prix ex-aequo au Concours Galland de 1924. E. 376. Email sur cuivre, forme ronde. « Baptême du Christ », œuvre de M. Georges de Traz, émailleur genevois. E. 377. Email sur cuivre, rectangulaire, portrait d'homme, XVIIIe siècle; auteur inconnu. E. 380. Médaillon or, décoré de fleurs champlevées et émaillées, sur fond d'opale. Travail genevois, XIXe siècle. E. 379. 5 plaques ovales, émail sur cuivre, paysages bords du Léman, par Ch. Glardon, artiste genevois (18251887). E. 381. Email ovale, portrait d'un inconnu, signé FIG. 13. — Vase en verre, décor de Daum frères. « David Frainet », portraitiste genevois (1752-1788). Verrerie. V. 117. Vase en verre blanc, décor panthère or et arbres bruns, composé et exécuté par M me J. Porto Matthey de l'Etang, artiste genevoise. V. 118. Gourde allongée, verre blanc, décor noir ciselé de Daum frères à Nancy (fig. 13). Tissus. T. 829. « Bébed » japonais, en batik de Djokjakarta. T. 830. « Bébed » en batik de Soerakarta, acquis à l'exposition de M. Verneuil, à la « Mutuelle artistique », Genève. Estampes. Promenades artistiques au Village Suisse, Exposition Nationale, 1896, à Genève, suite de 25 eaux-fortes et pointes sèches, par Rodolphe Piguet. Mlle DE BEAUMONT, 2 eaux-fortes. M. EVERT VAN MUYDEN , 8 eaux-fortes. Jean MUSSARD, Livre de divers ornements d'orfèvrerie, 7 pièces. LORY fils, une sépia. MULLER, d'après La Touche, 1 gravure « Le gué ». DAUCHEZ, un paysage, eau-forte. — 43 — DONS E T LEG S . Don du Musée d'horlogerie : un émail ovale sur cuivre, signé J. Dupont, portrait d'André Chenevière, horloger genevois (1815-1887). Don de M. René LALIQUE, Paris: un vase ovoïde, verre blanc, pièce unique, décor plante et fleurs de poivrier. Don de MM. DAUM frères, Nancy : Une gourde en verre, teinte absinthe, franges à l'acide. Legs de Mme Emma ROBERT, née Scheimbet: Une montre or de dame, décor XIXe siècle. Une montre argent XVIIe siècle. Une montre argent doré. Une chaîne de montre, acier. Deux broches métal. Un nécessaire, écritoire et divers bijoux or. Don de M. Jean DUNAND, orfèvre à Paris: Grand vase cuivre avec anses. Décoré d'une frise, sorbiers stylisés, avec fruits rouges (fig. 14). Don de Mme L. GOLAY, à Paris : Un chapeau paille souple, fond rond. Don de Mme HOFFMANN, à Genève: Un costume zurichois, début du XIX e siècle. Don de M. REVERDIN , ingénieur: Un lot de moulages plâtre, intailles et médailles. FIG. 14.— Vase en cuivre, par Jean Dunand. D. Cabinet de Numismatique. Conservateur: M. Eug. DEMOLE . Conservateur-adjoint: M. Edouard AUDEOUD . E. DEMOLE , « Le pesage des monnaies », Journal de Genève, 27 mars 1924. A. DONS . De M. Edouard AUDEOUD, conservateur-adjoint du Cabinet de numismatique: 28559, Baie, Médaille de la Bataille de Saint-Jacques, 1444, par Hans Frei, 30 mm., arg. ; 28554 et 28555, deux pièces de nickel suisses, 1924; — de M. L. BLONDEL, conservateur du Musée du Vieux-Genève: 28560, petit bronze du IV e s., trouvé — 44 — rue de la Pélisserie (démolitions), 1924; — de M. Charles BORGEAUD, professeur, 28572, modèle en bronze pour le moule de médaille fondue des Travaux des Tranchées, 1848; — de M me BRON -DUPIN: 28545, moulage en plâtre du portrait du général Dufour, 95 mm.;— de M. Auguste CAHORN, architecte de la Ville: 29981 et 29982, 50me anniversaire des Sauveteurs auxiliaires de Genève, 24 mm. br. et et.; — de M. Henri CAILLER, 29872-76, cinq pièces divis. belges, 1903-1923; 29877, farthing anglais 1923; 29878-79, deux pièces divis. des Pays-Bas, 1870, 1917; 29996, 10 stotinski de Bulgarie 1913; 28539-40, Chambre de Commerce de Nice, deux pièces divis. aluminium, 1922; 28546, deux-centimes de la République Argentine, 1894; 28547, 20 heller 1921 de Tchéco-Slovaquie, nickel; 28563, 25 centimes des Chambres de Commerce de la région provençale, 1921 ; — de M. Albert CHOISY : 29989-95, Russie, 7 billets de 3 à 500 roubles 1909-1912; — de M. Alexis FRANÇOIS: 28570, plaquette en l'honneur de la proclamation de la République Tchéco-Slovaque, 28 octobre 1918, 150-175 mm. br. ; — de M. Garabadjan: 28538, pièce d'arg. du roi Indo-Parthe Pacores Ier s. av. J.-C.; — du Comité delà médaille du Centenaire de l'Escalade (1602-1902), 2 coins de service, droit et revers de la médaille de l'Escalade, par Lamunière, 1902, 33mm.; du Comité du Guidon Genevois: 28571. Médaille du 30me anniversaire de la Fondation, 33 mm. br.; — de M. L. Henry: 28564-65, médaille de Gambetta, 2 exempl. br. 23 mm. ; — de M. le Dr H. MAILLART: 29986-88, 50, 10 et 5 Rentenpfennig allemands, 1924 eu. ; — de M. le Dr Ernest de le MARIGNAC: 29983-84, 5 et 10 francs or, France 1854; — de MM. NAVILLE et C : me 784 a, catalogue de vente de la collection Clarence S. Bernent, 2 part., 1924, in-4°, pl.; — de M. Kurt SCHONRRUNN: 29880-81, deux billets de 1000 marks allemands, avril 1910; — de la Section genevoise de la Société suisse de numismatique: 28566 médaille souvenir du banquet d'Escalade de la Société, 11 décembre 1897, pb.; — de la Société des Exercices de l'Arquebuse et Navigation: 28567-68, médaille du 450me anniversaire de la fondation, 1474-1924, 24 mm. deux ex. arg. ; — de la Société des voyages d'études médicales de France: 29980, une plaquette de bronze, 43-68 mm., 1922; -— de la Société médicale de Genève: 28553, médaille offerte par la Société à MM. les docteurs J.-L. Reverdin, Adolphe d'Espine et Constant Picot pour le 50me anniversaire de leur entrée dans la Société, 55 mm. br. ; — du Conseil Administratif de la Ville: 29985, médaille du 50me anniversaire de la fondation des Sauveteurs auxiliaires de Genève, 24 mm., br. ; 28561-62, médailles du Centenaire de l'Ecole d'Horlogerie de Genève 1824-1924, 45 mm. deux exemp. arg. et br. B. ACHATS. 28569. Quadruple thaler de Genève de 1593, Demole NO 476, fr. 5650. Dès le début du monnayage de Genève, en 1535, et jusqu'à la fin du XVIe siècle, les maîtres de Monnaie ont joué dans cet établissement un rôle prépondérant. — 45 — En effet, ils ne se bornaient pas à fabriquer les pièces que le Conseil ordonnait, mais ils proposaient eux-mêmes des espèces nouvelles et, au besoin, ils les présentaient au Conseil avant même d'y être autorisés. C'est ainsi qu'on connaît un thaler de 1554 et un autre de 1557, sans que le Conseil les ait décrétés et acceptés. C'est ainsi, pareillement, qu'on signale à l'état d'unité des doubles et des quadruples thalers émis de 1593 à 1598 par le maître Jean Gringalet sans que le Gouvernement en ait autorisé la frappe. On conçoit dès lors que de telles pièces soient infiniment rares et recherchées. Depuis plus d'un siècle un Musée allemand possédait un de ces quadruples thalers, frappé en 1593, le seul de toute cette série extra légale qui manquât à la collection de la Ville. Par une chance inespérée, l'Administration du dit Musée ayant dû faire, au cours de l'an dernier, d'importantes acquisitions pour lesquelles les fonds manquaient, elle obtint du gouvernement l'autorisation de se défaire de quelques séries étrangères au pays, en échange des pièces qui lui étaient offertes. Et c'est ainsi que par l'intermédiaire d'un antiquaire de Berlin et par les bons soins de M. Th. Grossmann, qui s'est entremis très activement dans cette négociation, notre Cabinet a eu la bonne fortune d'entrer en possession de cette pièce rarissime qu'il a fallu payer 5650 francs. Disons bien vite que la Société Auxiliaire du Musée a grandement facilité cette acquisition par un don de 3000 francs dont il faut lui être infiniment reconnaissants. 29882, Savoie, Humbert II, denier; —29883, id. Amédée III, id.; — 29884, id.; — 29885, id.; — 29886, id. Amédée VI, fort escucelé; — 29887, id.; - 29888, id., Amédée VIII, Comte, obole de blanchet; — 29889, id.; —29890, id.; — 29891, id.; — 29892, id.; 29893, id. Amédée VIII, Duc, demi-viennois; — 29894-95, id. Amé dée VIII, duc, 2 forts; — 29896-29909, id. Amédée VIII, duc, 14 quarts; — £9910-11, id. Amédée VIII, duc, 2 demi-gros; —29912, id. Louis, fort; —29913, id., quart; — 29914, id., Philibert Ier, parpayole; — 29915, id., Charles Ier, parpayole; — 29916, fort; — 29917, id., blanchet; — 29918, id., % gros; — 29919, id., Charles II, quart; — 29920, id., parpayole; — 29921, id., gros; — 29922, id., trois-gros; — 29923, id., Emmanuel-Philibert, quart; — 29924, id., quart, 1570; — 29925, id., quart, 1576; — 29926-34, id., neuf quarts; — 29935-37, id,, trois parpayoles; — 29938, id., sol, 1579; — 29939, id.; 3-gros, 1560; — 29940, id., 3-gros, 1576; — 29941, id., 4-sols, 1575; — 29942, id,, lire, 1562; — 29943-46, id., CharlesEmmanuel Ier; 4 quarts s.m.; —29947, id., parpayole, 1580; —29948, id., 1581; — 29949, id., 1582; — 29950, id., 1584; — 29951, id., 1585; — 29952-53, id., 1586; — 29954, id., 1587; — 29955, id., 1597; — 29956, id., 1581; — 29957, id., 1587; — 29958, id., sol, 1595; —29959, id., 6 sols, 1629; — 29960, id., écu s. m.; — 29961, id., Charles-Emmanuel II, quart d'écu, 1667; — 29962, id., demi-lire, 1652; — 29963, id., Victor-Amédée II, demi-lire, 1677; — 29964, id., 20 sols, 1677; — 29965, id., 1678; — 29966, id., 10 sols, 1679; — 29967, id., Charles Emmanuel III, 5 sols, 1736; — 29968, id., 10 sols, 1742; — 29969, id., 20 sols, 1747; — 29970, id., — 46 — écu, 1757; — 29971, id., Victor-Amédée III, 7 sols 6 den. 1781; — 29972, id., 1793; — 29973, id., 15 sols, 1794; — 29974, id., demi-écu, 1773; 29975, id., Achaïe, Louis, fort. 29976. Neuchâtel, médaille de Philippe Godet, par F. Landry, 65 mm. br. — 29977. Suisse, Général U. Wille, par Huguenin, 27 mm., br. — 29978. Zurich, Ducat s. m. (Charlemagne debout). - 29979. Zurich, l/2 couronne d'or s. m., par Stampfer. — 29987. Neuchâtel, Pistole de 1713. — 29998. Sion, Triens mérovingien. — 29999. Sion, Triens mérovingien. — 30000. Sion, Triens mérovingien. E. Vieux-Genève. Conservateur: M. Louis BLONDEL. Comme nous l'indiquions dans notre dernier rapport, le relevé des maisons rurales dans le canton de Genève a été achevé. Ces travaux ont été complétés pardès dessins et perspectives exécutés par M. Paul Aubert. On comprendra l'importance, pour la connaissance de notre vie locale, d'une entreprise semblable, quand on saura que 204 planches ont été exécutées, concernant 25 villages différents. De plus, il y a des plans se rapportant au mouvement parcellaire, à la répartition des cultures et à l'extension des forêts. La Commission cantonale pour la conservation des monuments et la protection des sites a fait déposer aux Archives du Vieux-Genève un double de tous ces relevés, une copie ayant été envoyée à Baie au siège de la Société des traditions populaires. Une exposition partielle de ces plans, en mai, au Musée, a attiré l'attention du public sur cette question. Des photographies ont été prises dans plusieurs villages pour compléter la documentation sur la construction rurale. En ville, les travaux de transformation des vieux quartiers à la rue du VieuxCollège, rue de la Croix-d'Or, Pélisserie, Tour de Boël, ont été surveillés de très près. Les résultats de ces recherches sont indiqués dans la chronique archéologique de l'année. Si aucun objet de grande importance n'a été récolté, des observations intéressantes ont pu être faites et de nombreux débris de poterie gallo-romaine viendront enrichir la documentation du musée archéologique. Il est nécessaire de photographier et de noter les moindres indices, car les maisons disparaissent avec une telle rapidité que dans peu d'années on aura perdu tout souvenir exact de l'ancienne topographie de la ville. ACQUISITIONS. Environ 130 photographies, ville et campagne. Un dessin gouache de Genève, vue de la Jonction, début du XIXe siècle. — 47 — DONS. De la Commission cantonale pour la conservation des Monuments et la protection des Sites: 204 planches concernant l'enquête sur l'habitation rurale dans le canton de Genève. M. Jules CHATELET: Un lot de photographies de l'ancien grenier à blé et de Coutance. De M. W. BRASCHOSS: Une photographie des anciens moulins du Lignon. De M. Marc CAMOLETTI: Une plaque gravée, de Jacques Nourrisson, de 7719, concernant la maison de celui-ci. De M. René CHARREY: Deux photographies, démolitions, rue de la Croix-d'OrMadeleine. SOCIETE AUXILIAIRE DU MUSEE RAPPORT DU PRÉSIDENT Mesdames, Messieurs, oici la seconde année que notre rapport annuel paraît dans la revue Genava publiée par le Musée. Cette innovation a été fort bien accueillie par nos membres qui pourront suivre de plus près les transformations et améliorations que subissent nos collections et qui leur porteront ainsi toujours plus d'intérêt. Grâce à ce nouvel avantage offert aux sociétaires de la Société Auxiliaire du Musée, nous avons réussi à recruter un certain nombre de nouveaux adhérents et nous avons la certitude que ce mouvement ne fera que se développer. Décès. — L'an dernier, notre Comité a fait une perte très sensible en la personne de M. Henry Tronchin, vice-président de notre Société depuis de longues années. Plusieurs fois déjà, M. Tronchin nous avait manifesté l'intention de se retirer du Comité en invoquant son état de santé qui l'empêchait d'être très régulier à nos séances, mais nous l'avions toujours retenu parmi nous, car nous tenions à pouvoir recourir à sa grande expérience et à ses connaissances dans le domaine artistique. M. Tronchin, propriétaire d'une des plus belles résidences des environs de Genève, possédait lui-même des collections d'une grande valeur; c'était un connaisseur avisé qui nous était fort utile, grâce à son goût éclairé et à ses relations étendues. Notre Comité perd en lui un collègue dont les conseils étaient toujours précieux. Membres. — Nous enregistrons avec satisfaction cette année une augmentation du nombre de nos membres dont l'effectif a passé de 343 à 352. Comité. — Les membres suivants du Comité viennent en réélection cette année: MM. Jacques Chenevière, Pierre Lansel, Camille Martin, Lucien Naville, Emile Rivoire, qui sont rééligibles pour trois ans. — 49 — Achats. — H y a déjà longtemps que le Cabinet de numismatique cherchait à acheter un quadruple thaler de Genève de 1593, pièce unique et qui était autrefois dans un musée allemand. Après de longues négociations, M. Eu g. Demole a réussi à l'acquérir et notre Société n'a pas hésité à contribuer à cet achat par une subvention importante. C'est, en effet, une occasion qu'il ne fallait pas laisser échapper d'assurer à notre Musée une des rares pièces genevoises qui ne figurent pas dans ses séries. Je ne puis mieux faire que de laisser la parole à M. Demole au sujet de cette acquisition; voici la note qu'il nous a remise: « II est intéressant de constater que les premières pièces genevoises d'or et d'argent ont été la plupart du temps émises grâce à l'initiative des maîtres de Monnaie et non point d'après un plan du Conseil. En matière monétaire, celui-ci est hésitant, timide, et l'on a parfois l'impression qu'il n'y entend pas grandchose, tandis que les maîtres de Monnaie ayant déjà, pour la plupart, travaillé dans les ateliers de Savoie et de France, connaissaient à fond leur métier et étaient fort entreprenants, parfois trop. « A la fin du XVIe siècle, on voit surgir des pièces qui ne paraissent pas avoir été frappées de l'aveu du Conseil; elles sont tout à fait insolites quant à leur poids (pieds forts) et sont frappées par le maître de Monnaie, Jean Gringalet. Ce sont des quadruples thalers de 1593 et 1598, puis un double thaler de 1596. La première de ces pièces, déjà décrite en 1780, se trouvait conservée dans un musée de la Saxe et il y avait peu d'espoir qu'elle pût jamais entrer au Cabinet de Genève. Cependant, grâce aux circonstances économiques actuelles, et surtout grâce à l'aide précieuse de la Société Auxiliaire du Musée, c'est aujourd'hui un fait accompli. « Les deux autres pièces mentionnées plus haut et considérées comme uniques ont pu être acquises par le Cabinet à la fin du siècle passé. « II reste encore et principalement à acquérir deux thalers, de 1554 à 1557, frappés par les maîtres de monnaie et dont on ne connaît pas d'autres exemplaires. Ils sont conservés dans une collection de la Suisse allemande. Le moment venu de les acquérir, il y aura un gros effort à faire. » Le Conservateur des Arts décoratifs, M. Dufaux, était avisé il y a quelques mois par une descendante du miniaturiste Arlaud, qu'une série de 25 miniatures de ce peintre célèbre figureraient dans une vente à Copenhague. Au premier abord, il nous apparut que cette vente se ferait à des prix très élevés et que le Musée n'aurait pas beaucoup de chances d'en acquérir plus de 3 ou 4 exemplaires. M. Dufaux ne se laissa pas décourager et chargea un représentant de miser pour le Musée. A notre grande surprise, il a été possible d'obtenir 14 miniatures à des conditions extrêmement avantageuses. La Société Auxiliaire a été très heureuse de pouvoir donner son appui à cette acquisition. 4 — 50 — II y a bien des gens à Genève qui ne sont jamais descendus à la section des Arts décoratifs dans la salle réservée aux émaux et miniatures. C'est pourtant un des arts dans lequel les artistes de notre ville se sont le plus distingués. La vitrine réservée à Arlaud est maintenant une des plus charmantes réalisations de notre Musée. La principale miniature qu'on y voit est une reproduction du portrait de la princesse Lœwenstein, par Massot (fig. 15) ; les autres, qui sont en partie des portraits de membres de la famille Arlaud, ont un attrait indéfinissable. Est-ce la fraîcheur des teintes, l'état de conservation unique de ces pièces qui en fait leur charme ? Vient-il de ces subtils accords de tons ou des expressions si vivantes des personnages? Nul ne le sait, mais on peut bien dire que, par cette heureuse acquisition, M. Dufaux a réussi à mettre plus en valeur encore notre compatriote, le peintre LouisAmi Arlaud-Jurine. Pour terminer, je vous signalerai l'acquisition faite par notre Société de la collection d'étains de M. Edouard Audeoud. Nous avons appris, l'année dernière, par M. Ernest Naef, membre du Comité, que M. Ed. Audeoud était disposé à se défaire de sa collection d'étains, une des plus belles de notre ville, mais qu'il désirait qu'une partie des pièces les plus importantes et les plus FIG. 15. — Portrait de la princesse Lœwenstein. rares pussent entrer au Musée. Nous n'avons pas hésité à acheter en bloc les quelques neuf cents étains de la collection que M. Audeoud a bien voulu nous laisser à des conditions très favorables; nous avons l'intention de la mettre en vente à Zurich à la fin du mois d'avril 1925 et nous nous porterons acquéreurs aux enchères d'un certain nombre de pièces que nous jugerons les plus intéressantes. Il reste entendu naturellement que chaque collectionneur pourra miser et que le Musée ne se réserve, hors vente, que deux channes genevoises dont les poinçons sont les seuls spécimens connus à ce jour. De plus en plus les étains de valeur ont passé dans des collections privées et et nous nous sommes rendus compte que, si nous voulions acquérir dans de bonnes conditions les exemplaires qui manquent au Musée, nous ne devions pas hésiter à acheter une collection entière et à courir le risque d'une vente publique. Je ne dois pas manquer de vous dire que M. Edouard Audeoud nous a fait don, pour le Musée, d'une collection de marques de potiers d'étain comprenant 221 marques diverses. Elle a été constituée à une époque où les marques étaient très peu recherchées et il serait tout à fait impossible de la refaire de nos jours. Enfin, M. Ed. Audeoud a bien voulu y ajouter quelques livres relatifs aux étains, ainsi que 126 dessins de marques de potiers d'étain de Genève par A. S. van Muyden. Nous sommes très reconnaissants à M. Audeoud d'avoir facilité à la Société Auxiliaire l'acquisition d'une collection d'un si haut intérêt pour le Musée. Le Président: Emile DARIER. RAPPORT DU TRÉSORIER Mesdames, Messieurs, Pour l'exercice 1924, le capital de la Société est resté sans changement. Notre portefeuille titres, en ce qui concerne le compte ordinaire, a diminué de 1 Lot Genevois, appelé au remboursement, et nous avons échangé 17 obligations 4% Crédit Foncier de Stockholm 1906 contre Fr. 9.000,—, capital obligations 4 % Chemin de fer fédéraux 1923, 3 me électrification. Nous avons, en outre, échangé $ 5.000 capital obligations 4 % Japonais 1931 contre $ 4.000 capital Emprunt suisse 5 V2 % 1946. La différence d'évaluation des titres du compte ordinaire est en diminution de Fr. 43,60 à Fr. 11.015,40, solde passif. En ce qui concerne le Fonds Gillet, nous avons échangé 65 obligations 3 l/2 % Ville de Genève 1905 contre $ 4.000 Emprunt suisse 5 l/2 % 1946. Par suite de la baisse du dollar, le compte différence d'évaluation des titres du Fonds Gillet a diminué de Fr. 476,55 et présente un solde actif de Fr. 6.291,70. Les revenus ont atteint Fr. 10.854,80, en augmentation de Fr. 685,80; les dépenses se sont élevées à Fr. 818,35, les acquisitions d'objets à Fr. 4.500 et après absorption du solde débiteur de l'année précédente, le report à nouveau est de Fr. 5.065. Nous avons passé le premier versement effectué à M. Edouard Audeoud pour l'achat de sa collection d'étains à un compte spécial qui figure à notre bilan. Quand la vente aux enchères aura été faite, nous solderons ce compte et passerons au débit du compte de Profits et Pertes le coût des étains que nous aurons achetés. Le Trésorier: Guillaume FATIO. — 52 — BILAN AU Actif Fr. Titres divers. . . . Titres du Fonds Gillet Différence d'évaluation titres divers . MM. Hentsch, Forget & Co ..................... 1er versement effectué pour l'achat de la collection d'étains de M. Ed. Audeoud 31 DECEMBRE 1924. Passif 64.341,— 83.04911.015,40 1.334,05 10.000,— Fr. Membres à vie . . . Fr. Fonds capital, capital inaliénable, legs et dons d'hoiries . Fonds Vieusseux . . Fonds Gillet ($ 20.000 capital) . Réserve pour différence d'évaluation sur Fonds Gillet . MM. Darier & Co. . Fonds pour l'achat de peintures d'Agasse . . . . . . » Solde de l'exercice 17.250,— Fr. 169.739,45 10.584,75 50.000,— 80.146 — 6.291,70 202,— 200 — 5.065,— 169.739,45 COMPTE DE PROFITS ET PERTES . Fr. » 471,45 818,35 » » 4.500,— 5.065,— Avoir Cotisations annuelles Fr. Revenus des fonds de la Société . . . » Revenus du Fonds Gillet. . . . » Fr. 10.854,80 Fr. Doit Solde ancien . . . . Frais généraux. . . Objets achetés en 1924 ...................... Solde à nouveau . . 1.679,— 4.497,80 4.678,— 10.854,80 CAPITAL EN OBJETS . Valeur des objets achetés ou reçus en dons par la Société Auxiliaire et remis au Musée de Genève du 14 avril 1897 au 31 décembre 1924. .............................................................................................. Fr. 189.425,55 — 53 — RAPPORT DES VÉRIFICATEURS DES COMPTES Mesdames, Messieurs, Conformément au mandat que vous nous avez confié à l'Assemblée générale de 1924, nous avons vérifié les comptes de la Société Auxiliaire du Musée et les avons trouvés parfaitement en ordre. Les chiffres du bilan et des comptes ont été pointés et trouvés conformes. Nous n'avons rien de spécial à signaler et nous vous proposons de donner décharge à notre caissier avec vifs remerciements pour les soins donnés aux intérêts de notre Société. Genève, le 20 mai 1925. Les vérificateurs des comptes, Jacques MARTIN. Léon BOVY . LA BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE ET UNIVERSITAIRE EN 1924 A. DONS ET ACQUISITIONS1. 1. Imprimés. su le professeur Lucien Gautier, qui, de son vivant déjà, avait en maintes occasions témoigné de l'intérêt bienveillant qu'il portait à la Bibliothèque par des dons importants, avait manifesté le désir que celle-ci, après sa mort, entrât en possession de sa bibliothèque palestinienne, et sa famille a pieusement exécuté ses intentions. La Bibliothèque est donc devenue propriétaire d'une collection de près de douze cents volumes relatifs à la Palestine, réunis par Lucian Gautier avec le soin et la méthode qu'il apportait à tout ce qu'il faisait. La géographie, l'histoire, les voyages surtout, y sont abondamment représentés. Elle renferme aussi les publications des sociétés allemande et anglaise qui ont été fondées il y a une cinquantaine d'années en vue de l'exploration scientifique de la Palestine. Pour l'étude de ce pays, la Bibliothèque offrira désormais une documentation de premier ordre, qu'elle s'efforcera de tenir à jour. M. Charles Meunier, de Paris, a augmenté la collection donnée précédemment par lui de six ouvrages nouveaux, dont quatre sont ornés de ces riches reliures en cuir ciselé dont il a la spécialité. Sa collection, offerte à la Ville de Genève en souvenir de son ami Frédéric Raisin, compte actuellement 621 numéros; la littérature française moderne et l'histoire de la reliure y sont représentées par des exemplaires de choix, dont la valeur est augmentée par les lettres et dédicaces des auteurs qui y sont insérées ou par les divers états des illustrations. On y trouve le manuscrit autographe de plusieurs œuvres d'écrivains connus, tels que le poète Robert de Montesquieu. Quelques-unes des reliures les plus remarquables de la collection sont exposées dans une galerie du premier étage de la Bibliothèque (Salle Eynard). 1 Nous ne pouvons citer ici que les acquisitions et les dons les plus importants, renvoyant le détail au compte rendu annuel de l'administration municipale. — 55 — La Bibliothèque a recueilli un intéressant souvenir de son bienfaiteur Ami Lullin. Il s'agit d'un exemplaire de l'ouvrage de Wood intitulé: Historia et antiquitates Universitatis Oxoniensis (Oxonii, 1674, 2 vol. fol0), dans une reliure de maroquin rouge richement décorée d'ornements dorés et mosaïques, et dont chaque volume contient une adresse imprimée annonçant que cet ouvrage, ainsi qu'une Bible en anglais, a été offert à Ami Lullin et à J.-J. Burlamaqui, par l'Université d'Oxford, en juin 1721, en témoignage de leur zèle et de leur érudition. Grâce à son Fonds auxiliaire, la Bibliothèque a pu représenter plus dignement sur ses rayons la littérature suisse alémanique par l'achat d'environ 200 volumes d'auteurs modernes, de Jérémias Gotthelf à Carl Spitteler, et elle a pu acquérir de beaux ouvrages récents, tels que celui de Ganz sur les précurseurs de la Renaissance en Suisse, et celui de Stanley Morison, qui contient de nombreux spécimens de l'art typographique de 1500 à nos jours. Mais surtout, le Fonds auxiliaire a fourni à la Bibliothèque le moyen d'acquérir trois ouvrages rarissimes imprimés à Genève à la fin du XVe et au commencement du XVIe siècle, qui manquaient encore à ses séries et qui se sont trouvés en vente presque simultanément. Ce sont, dans l'ordre chronologique: 1° Liber aggregationis seu liber secretorum Alberti Magni de virtutibus herbarum, lapidum et animalium quorundam. Car. goth. S. 1. n. d., in-4°, 28 f. n. ch. Ce petit livre qui traite des vertus magiques des herbes, des pierres et des animaux, et qui est attribué faussement au docte Albert le Grand, le célèbre philosophe et savant du XIIIe siècle, eut un succès considérable dès le moyen âge. Il en a paru d'innombrables éditions, en diverses langues et en divers lieux, dès le quatrième quart du XV e siècle jusqu'au XIX e . Ce qui donne un intérêt spécial à celle-ci à notre point de vue, c'est qu'elle fait partie d'une série encore mal connue d'incunables genevois, imprimés avec les mêmes caractères et les mêmes lettres ornées et dont certains portent le nom de l'imprimeur Louis Cruse. En outre, elle présente des différences notables avec les deux éditions déjà connues du Liber aggregationis qui appartiennent à cette série et elle offre des variantes qui n'avaient pas encore été signalées. Notre exemplaire est dans un très bel état de conservation. 2° Le livre de passe temps de la fortune des dez, ingénieusement compillé par maistre Laurens Lesperit... Translaté dytalien en francoys par maistre Anthitus Faure. Imprimé après ceulx de Venise et visité à Pampelune par maistre Guy Courtois. Car. goth. S. 1. n. d., in-fol°, 41 f. Il s'agit d'un ouvrage dont la première édition, en italien, parut probablement à Vicence, vers 1473, et qui eut une grande vogue à la fin du XVe et dans tout le XVIe siècle. L'exemplaire acquis par la Bibliothèque est le seul connu d'une édition restée ignorée des bibliographes; Th. Dufour fut le premier à l'identifier et à recon- — 56 — naître, par l'examen des caractères, qu'elle avait dû sortir des presses de l'imprimeur genevois Jean Belot, entre 1505 et 1510. Th. Dufour avait eu cet exemplaire en communication d'un libraire il y a une douzaine d'années, et, la Bibliothèque n'ayant pu l'acquérir alors à cause de son prix trop élevé, il en avait rédigé une description détaillée. N'ayant pas trouvé amateur, ce volume a été offert récemment de nouveau à la Bibliothèque et cédé pour un prix de moitié inférieur à celui demandé précédemment. L'auteur, Lorenzo Spirito, est un poète pérugin qui vivait dans la seconde moitié du XVe siècle. Son Livre de passe temps, en italien Délie sorti, eut, jusqu'à la fin du XVIe siècle, de nombreuses éditions, en italien surtout, en français et peutêtre en d'autres langues. Notre exemplaire est orné de gravures sur bois très curieuses, de style nettement italien, qui ne semblent pas avoir été exécutées dans notre ville. Il est malheureusement incomplet de trois feuillets, et une partie de ceux qui subsistent, dont l'angle inférieur avait été mutilé, ont été anciennement l'objet d'une réparation, assez habile il est vrai. La reliure, en parchemin, est relativement moderne. Dans ce curieux livre « sont données subtillement par calculation responses a vingt folles questions ou demandes que communément font simples gens », telles que : « Se (si) la vie doit estre eureuse », « Se ta femme est bonne et juste », « S'il est bon de faire ung voyage », etc. 3° Merveilles advenir en cestuy an vingt et sis. Révellé par les dieux. Car. goth. S. 1. n. d., pet. in-8 de 8 f. n. ch. Cette petite plaquette, imprimée à Genève par Wigand Koeln, probablement au commencement de 1526, a été réimprimée par Th. Dufour en 1893; elle forme le n° 1, et unique, de la Collection des bibliophiles genevois, que Dufour ne continua malheureusement pas. L'exemplaire utilisé par lui pour sa réimpression était alors le seul connu et faisait partie de la bibliothèque de Lignerolles. Dès lors il avait appris l'existence d'un second exemplaire à la Bibliothèque colombine, à Séville. Celui que la Bibliothèque a acquis est le troisième. Le titre de cette plaquette est orné, au recto et au verso, de quatre petits bois assemblés représentant — 57 — des sybilles (fig. 1) ; au verso est ajouté un cinquième bois représentant la Crucifixion. « II ne s'agit pas ici d'une Pronostication proprement dite, dit Th. Dufour dans son introduction, 'telle qu'il s'en imprimait alors partout, à Genève comme ailleurs ; l'auteur a voulu au contraire railler les astrologues... Sous une forme plaisante, il a entendu montrer le ridicule de leurs prophéties et il les a imités jusque dans la liberté comique de leur langage. » Le retour dans leur lieu d'origine de ces trois ouvrages, retour coûteux dont le Fonds auxiliaire de la Bibliothèque a fait à lui seul presque tous les frais, porte à une soixantaine le nombre des ouvrages imprimés à Genève de 1478 à 1535 dont un exemplaire au moins existe maintenant dans notre Bibliothèque. Th. Dufour en a recensé, pour la même période, le triple. 2. Manuscrits. 1° Une lettre a. s. de Franz Liszt au baron d'Eckstein, datée: Genève,le 31 mars 1836 !. (Achat.) 2° Une lettre a. s. de Sismondi au syndic Joseph DesArts, datée: Genève, 2 septembre 1814. (Don de M. Léon Matthey.) 3° Dix lettres a. s. de Rodolphe Rey à Miss Florence S. Courthope, 1871-1874. (Don de .M me Last, née Courthope.) 4° Une pièce de vers d'H.-F. Amiel, écrite sur le feuillet de garde d'un exemplaire de Jocelyn de Lamartine (édition de Paris, 1841), offert par Amiel à sa sœur « en ce jour de l'an 1852 ». (Achat.) 3. Portraits. Un pastel, par Guillebaud, du pasteur Etienne-Salomon Reybaz, représentant de la République de Genève près la République française, a été acquis dans le Canton de Vaud. Signé et daté de 1766, il mesure 24,5 x 32,5 cm. ; Reybaz y figure dans une pose méditative, la plume à la main, assis devant un rideau qui cache à moitié les rayons de sa bibliothèque (fig. 2). L'élégance de son habillement, du rabat aux manchettes, rappelle un abbé de cour plus qu'un ministre genevois. Aussi bien Reybaz eut-il quelques démêlés d'ordre somptuaire avec la Vénérable Compagnie, et l'indignation vertueuse de ses collègues à l'égard des modes nouvelles lui a-t-elle inspiré un acte héroï-comique, intitulé Le Catogan vainqueur2, auquel le pastel de 1 2 Elle a été publiée par M. R. Bory dans le Journal de Genève du 26 mai 1924. Cf. GUILLOT , Alex.: Un poète de la Suisse romande. Genève, 1887, p. 12. — 58 — Guillebaud vient apporter une illustration inattendue. Jusqu'ici on ne connaissait de Reybaz que la reproduction de ce portrait placée en tête de son recueil de sermons. Un hasard heureux nous a fait découvrir, en quatrième page d'un journal, entre deux annonces commerciales, l'existence de l'original. Genève passe pour être une pépinière de théologiens. C'est sans doute pourquoi le second portrait . que nous avons à mentionner représente encore un personnage en robe et en rabat. Il s'agit de César Malan ' père. Le pastel (45,5 x 55 cm.) que sa descendante, Mlle Hélène Malan, a bien voulu nous remettre, n'a peut-être pas le charme un peu mièvre de celui de Guillebaud, mais il présente cet intérêt d'avoir été peint par Malan lui-même « à l'âge de vingt-quatre ans ». Nous devons à la délicate attention de Mme Hippolyte Aubert-De La Riie le médaillon en plâtre qu'a fait de son mari Mlle Germaine Gautier. Le portrait de l'ancien directeur de la Bibliothèque a été placé dans l'annexe (Salle de lecture) qui fut sa création, et rappelle ainsi d'une manière immédiate l'œuvre féconde de notre prédecesseur. FIG. 2. - Portrait de Reybaz, par Guillebaud. Nous tenons à mentionner en outre ici, bien qu'ils ne soient entrés à la Bibliothèque qu'en janvier 1925, les portraits de Calvin et de Th. de Bèze légués par Henry Tronchin (†30 novembre 1924). Ce sont deux portraits du XVIe siècle peints à l'huile sur panneau, de dimensions presque identiques (42 x 29 cm), qui ont appartenu tous deux à Théodore de Bèze. Celui qui le représente porte la devise: Tege quod fuit, quod erit rege, et l'indication: « Theodorus a Beza, anno aetatis LXXVI, 1595 ». Celui de Calvin porte cette inscription: loannes Calvinus, obiit 1564, Ce sont deux documents dont l'intérêt iconographique est de premier ordre 1. 1 Sur ces deux portraits, voir l'article de J. CROSNIER intitulé: « Bessinge » dans Nos Anciens et leurs œuvres, 8me année, 1908, p. 75 ss; et E. DOUMERGUE. Iconographie calvinienne (Lausanne, 1909, 4°), p. 49 ss. Si l'inscription du portrait de Calvin est, comme il semble, contemporaine de la peinture, ce portrait n'a pas été exécuté du vivant de Calvin, comme le croit Doumergue. — 59 — 4. Estampes et Cartes. 1° Une gravure sur cuivre, du XVIIIe siècle, représentant Genève vue de la région de Pregny, non signée, avec cette légende : « A prospect of Geneva and the lake from the North. » (Achat.) 2° Une gravure sur cuivre coloriée, par J.-Ant. Linck, avec cette légende: « A Mournex » et représentant un coin du village de Mornex sur le Petit Salève (Hte Savoie). (Id.) 3° Un plan manuscrit de Genève et de ses environs immédiats, avec la légende : « Geneva civitas », fait en août 1752 par Pierre Mouchon; le plan rappelle, par son exécution, ceux de J.-B. Micheli du Crest conservés au Département des travaux publics et aux Archives d'Etat. (Don de M. Emile Chaix.) B. — EXPOSITIONS. Deux expositions temporaires ont été organisées à la Salle Ami Lullin. L'une réunissait, à l'occasion de la conférence faite par M. L. Polain sur « Les premiers typographes genevois et leurs œuvres », les incunables genevois qui se trouvent à Genève, dans nos collections ou dans des collections privées, ainsi que les livres liturgiques des diocèses de Genève et de Lausanne avant la Réforme. Mme Th. Dufour et Mlle Vuy avaient aimablement prêté quelques exemplaires provenant de leur bibliothèque. L'autre a montré, à l'occasion de l'anniversaire de l'Escalade, quelques gravures, chansons et récits anciens relatifs à cet événement. A ce propos, nous devons constater que trop de gens encore ignorent la Salle Ami Lullin ; nous aimerions qu'elle fût visitée plus fréquemment par les Genevois ils y trouvent, à côté d'autres documents, une galerie de portraits qui illustre fort bien notre passé historique et intellectuel. Nous avons édité cette année un petit guide en quatre pages à l'usage des visiteurs. CONSERVATION DES MONUMENTS ET PROTECTION DES SITES 1 La Commission s'est intéressée aux questions suivantes: CONSERVATION DES MONUMENTS . Modifications architecturales apportées à divers immeubles, classés ou non (rue Calvin prolongée ; terrasse de l'immeuble de la Société de lecture, Grand'Rue, 11 ; Grand'Rue, 15). Transformation du temple de Carouge 2 . Conservation et aménagement des canons sous l'ancien arsenal, et des fresques de G. de Beaumont3. Le Conseil d'Etat n'a pris encore aucune décision à ce sujet. RELEVES . Continuation des relevés des maisons rurales dans le canton 4 . PROTECTION DES SITES . Conservation des bois le long de l'Aire 5. La correction de l'Aire est abandonnée pour le moment. Enseignes lumineuses sur les quais ; affichage dans la ville et à la campagne. Déblais élevés par l'usine électrique près du village de Chancy. Construction d'un restaurant lacustre à la Console. Navigation dans la rade de Genève et sur le Rhône. 1 Genava, I, p. 118 sq.; II, p. 80 sq. Ibid., II, p. 80; Patrie suisse, 25 février 1925, p. 45-7. Ibid., II, p. 80, 387. 4 Ibid., I, p. 127; II, p. 80; III, p. 17,46, exposition de relevés et de photographies de maisons rurales. 5 Ibid., II, p. 80. 2 3 — 61 — Nouveau tracé de raccordement et nant Cayla 1 . Remaniement parcellaire autour des ruines du château de Roelbau 2 . Par arrêté du Conseil d'Etat du 21 novembre 1924, la parcelle remise en propriété à l'Etat est réduite, mais la zone de protection s'étend sur une plus grande superficie. ARRETES DE CLASSEMENT. Plusieurs propriétaires ont recouru contre l'arrêté de classement du 18 décembre 19233. Le Conseil d'Etat n'a classé aucun monument en 1924. 1 2 3 Cf. Paysage et raccordement. Journal de Genève, 26 février 1924. Genava, II, p. 80. Ibid., p. 81. L'église La Madeleine, en 1837. (D'après une aquarelle d'Albert Hentsch.) CHRONIQUE DES DÉCOUVERTES ARCHEOLOGIQUES DANS LE CANTON DU GENÈVE EN 1924 L. BLONDEL. I. PERLY. Villa romaine. les derniers jours du mois de mai, les ouvriers qui posaient un collecteur dans le village de Perly ont traversé avec leurs fouilles une série de substructions intéressantes (fig. 1). Le village de Perly n'est pas un village aggloméré, il comporte quatre groupes distincts d'habitation. En mettant à part les immeubles modernes qui sont près de la douane, sur la route de St-Julien, trois autres mas de maisons s'échelonnent du N.-E. au S.O. sur le vieux chemin qui va de Confignon à l'école de Perly. Des fragments de maçonnerie ont été retrouvés entre les deux mas de l'est. Les travaux ont tout d'abord mis à découvert une première aire bétonnée, large de 9 mètres et épaisse de 1 m. 20, qui s'arrête du côté du Salève, contre une maçonANS FIG . 1. — Villa romaine de Perly. nerie assez soignée, encore visible dans le fossé du chemin. Ce sol mélangé de tuiles et de briques pilées traverse entièrement la largeur de la route. Il a offert une grande résistance à la — 63 — pioche et il reposait sur un lit de gros cailloux. Sans doute nous avons là les bases d'une salle antique. En remontant la route dans la direction de l'école, 54 mètres plus loin, on a découvert successivement des séries de murs et de bétonnages très durs, qui s'échelonnent jusque devant la maison extrême du deuxième mas du village. Sur tout cet espace, le terrain est rempli de débris de grosses tuiles romaines à rebord. Le peu d'importance des fouilles ne nous a malheureusement pas permis de récolter des poteries ou des fragments plus intéressants. Le champ et le pré voisins, au S.E. du chemin, appelés « Au champ bosse », sont connus des habitants pour recouvrir à peu de profondeur des restes de fondations. Moi-même j'ai recueilli là de la poterie et des tuiles. C'est en effet sur ce plateau que devait s'étendre la villa antique, signalée par des descriptions sommaires. Les travaux ont coupé de part en part, sur une distance d'environ 85 mètres, probablement du côté nord, cet ensemble de bâtiments, mais il est encore impossible de connaître la surface qu'il occupait perpendiculairement au chemin. Il faut remarquer que cette route n'est pas antique, puisqu'elle traverse les substructions, au lieu de les longer. La première mention de la villa de Perly date du 12 janvier 18651 . « M. Albert Pictet donne lecture d'une note sur des antiquités découvertes en 1856 dans un champ près du village de Perly, c'est grâce à M. Détraz, régent dans cette localité, qu'il a pu avoir quelques renseignements et qu'il est à même de présenter un petit nombre d'objets, savoir: une petite lampe, un lapin en terre cuite 2 , des boules de verre et des fragments d'anneaux. L'ouvrier chargé d'un minage, qui avait trouvé ces objets, vendit à un orfèvre le reste de sa trouvaille, consistant en lamelles d'or fort minces et en quelques monnaies. M. Gosse estime que ce qui a été recueilli par M. Pictet appartient à l'époque gallo-romaine. » La villa de Perly devait couvrir une superficie importante, à en juger par les quelques murs retrouvés. Tout près passait la grande voie Genève-Seyssel-Lyon. Encore au XVIIIe siècle, au bas de la montée d'Arare corrigée récemment, le «grand étraz » se bifurquait; une branche passait par Perly, le mas de l'école: elle existe encore; l'autre, la plus suivie, s'incurvait le long du nant des Fontainelles sous Bardonnex pour revenir sur St-Julien. A l'époque française, cette grande route d'Annecy a été rectifiée. M. B. Reber avait signalé qu'en 1889, en construisant la route de St-Julien, on avait coupé à angle droit un aqueduc, sa direction étant N.E. —S.O., à une profondeur d'un mètre, en béton, de très petite dimension3 . Les ouvriers du drainage 1 2 3 Soc. Hist. et Arch. Genève, Procès-verbaux, 12 janvier 1865. Musée archéologique, n° G. 1029. Mém. et Doc. Sco. Hist. et Arch. Genève, t. XXIII, p. 302 et suiv. — 64 — ont retrouvé cette année ce canal dans la pente en-dessous de la gendarmerie. Les observations de M. Reber concordent avec les nôtres; la direction de l'aqueduc conduit à l'emplacement de la villa bien desservie d'eau potable. Maintenant que la situation de la villa de Perly est parfaitement déterminée, des sondages pour obtenir plus de précision sur son plan pourraient être exécutés facilement. II. ECOGIA. Canalisation antique. L'entreprise de drainage de Versoix m'a signalé au mois d'octobre la découverte d'un important canal près d'Ecogia (fig. 2). Alors qu'on effectuait les fouilles pour la pose d'un collecteur de base, on a coupé cet aqueduc de grande dimension. La position de cet ouvrage se trouve à gauche de la route VersoixSauverny, à 48 mètres de la chaussée, dans un pré riverain du nant de Braille. L'aqueduc présente sur ce point un vide de 0 m. 90 y compris un arc de 0 m. 30 de hauteur, mais il a été comblé par des alluvions et du sable sur une épaisseur de 0 m. 20 à 0 m. 30, ce qui lui donnerait un vide primitif total de 1 m. 10 sur 0 m. 53 de large. Les pieds-droits sont constitués par de gros blocs de granit ou de pierres erratiques cassés et assises, offrant des massifs de 0 m. 47 reliés par un mortier de chaux grasse très resistant. La voûte est construite de même avec un blocage recouvrant le sommet de l'arc. Le haut de la voûte (intérieur) se trouvait au point de la découverte à 1 m. 40 sous la surface du sol. Après avoir déblayé l'intérieur du canal, nous n'avons reconnu qu'un radier très peu solide composé d'un bétonnage complètement fusé de 5 à 10 centimètres d'épaisseur. Il est probable que les alluvions violemment chassées ont fini par faire disparaître presque complètement la base. Il faut remarquer que le crépissage intérieur, ou tout cimentage des joints, fait entièrement défaut. Nous avons pu explorer cet aqueduc jusqu'au nant de Braille où il est obstrué par un éboulement de terre. Nous pensons qu'à la suite de la rupture d'une partie du canal, les eaux du nant ont dû faire irruption dans cette conduite et déterminer de graves — 65 — dégâts. Du côté de Versoix nous n'avons pu pénétrer au delà d'une vingtaine de mètres, car les alluvions se rapprochent trop de la voûte. Il se dirige, semble-til, en ligne droite dans la direction de Versoix-Ville suivant la ligne N.O.—S.E. (environ 294 degrés). A quelle époque remonte cet aqueduc et quelle était sa destination ? Sur le premier point, nous croyons pouvoir répondre avec certitude qu'il est romain, car son mortier avec un très léger mélange de tuiles pilées est bien antique. D'autre part, dans notre pays on ne connaît pas d'ouvrage aussi considérable datant du moyen âge. S'il était moderne ou même des trois derniers siècles, on en retrouverait la mention. Reste la question de sa destination. Bien que sa direction indique Versoix-Ville, nous croyons, à certains indices, qu'après avoir passé sous la dernière hauteur avant le lac, il tourne dans la ligne de Versoix-Bourg. Une agglomération antique à Versoix-Ville est inconnue, tandis qu'une grande villa a été signalée à plusieurs reprises sur l'emplacement du château de VersoixBourg. Le plateau, qui de la gare s'étend jusqu'au-dessus des maisons du Bourg, a fourni bien des fragments romains. C'est là qu'en 1857 les travaux du chemin de fer ont fait disparaître les derniers vestiges d'un édifice avec salles de bain, stucs et mosaïques 1 . La provenance de l'aqueduc n'est pas non plus élucidée. Vient-il de beaucoup plus loin, du pied du Jura, ou seulement de la fontaine d'Ecogia ? Il est curieux qu'on ne soit jamais tombé sur un tronçon de cette canalisation. 11 est vrai qu'en juin 1861 on a signalé la découverte d'un aqueduc romain en béton et briques dans la propriété de M. le professeur Wartmann, aux Colombières, au-dessus de la gare, mais il était de petite dimension et ne peut se rapporter à celui que nous avons visité2. Sans vouloir nous prononcer sur cette question, qui ne pourra être résolue que par des fouilles subséquentes, remarquons que le hameau d'Ecogia est cité déjà en 1022, villa qui dicitur Adesgogia, comme bien de Sr-Maurice d'Agaune relevant du roi de Bourgogne3. Une source considérable, propriété de la commune de Versoix, jaillit du sol tout auprès. Ferdinand de Saussure, étudiant l'étymologie de ce nom, donne comme supposition, hasardée il est vrai, la forme Exagogida qui se rapporterait au canal de captation de la source 4. Il ne faut donc pas entièrement écarter l'idée d'un aqueduc provenant de la source d'Ecogia — son orientation ne s'y oppose pas — qui se dirigerait de là sur la villa romaine de Versoix. Mais il convient de constater que les dimensions du canal sont excessives par rapport au débit de cette seule source. 1 Journal de Genève 15 novembre 1857. — H. FAZY : Revue archéologique, 1867, p. 154. — Soc. Hist. et Arch. Genève, Comm. Troyon, 26 mars 1857. 2 3 4 Journal de Genève, 12 juin 1861. Regeste genevois, n° 166. Bull. Soc. Hist. et Arch. Genève, t. II, p. 342. — 66 — III. GENEVE . Angle Grand'Rue-Pélisserie. On a construit, en octobre, un nouvel égoût partant de la Grand'Rue jusque devant la chapelle de la Pélisserie. Ce travail a permis de faire quelques observations que j'indique ici brièvement. La stratification du terrain en dessous de la chaussée, à l'intersection des deux rues, est la suivante: 1 m. 40 à 1 m. 50 de déblais dont la base sur 0 m. 60 de hauteur avait une apparence rougeâtre avec des débris de briques et poteries gallo-romaines. En-dessous, 0 m. 20 à 0 m. 40 de petit gravier roulé tout à fait pur, sans adjonction de sable ni débris, recouvrant une couche de sable avec cailloux de 1 m. 50, enfin le sable fin jaunâtre pur. En descendant la rue de la Pélisserie, ces mesures subissaient quelques variations, car la couche de déblais supérieurs diminuait sensiblement. En face du n° 22, Pélisserie, on a recueilli quelques objets intéressants à la base du déblai supérieur. Tout d'abord une coupe presque complète avec couverte orangée présentant un décor sur la panse, composé de bandes ornées de petits traits en diagonale ou petits cercles dessinés au poinçon. C'est une pièce peu fréquente à Genève, d'époque tardive, datant de la fin du IVe siècle1. Il en est de même d'un fragment de plat en terre grise blanchâtre avec ornements frappés dessinant des feuilles de palmes stylisées disposées en rayon autour d'une rosace2. Outre plusieurs débris de poterie sigillée et grise ainsi qu'un bois de cerf, j'ai recueilli à la même place une pièce très effacée de l'empereur Constance, Flavius Julius (333-350). Tous les objets mis au jour dans ces fouilles datent de la fin de l'Empire et s'échelonnent du IIIe au V e siècle. IV. GENEVE. Rue Calvin prolongée. Les travaux entrepris derrière les nouveaux immeubles entre la Pélisserie et la Tour-de-Boël, ainsi que sous la terrasse de l'immeuble de la Société du Musée, ont donné des résultats intéressants sur la cité gallo-romaine, mais comme ils ne sont pas terminés, nous en renvoyons la description à l'année prochaine. V. GENEVE. Rue du Vieux-Collège prolongée. La démolition des anciens immeubles entre la rue de la Fontaine et la rue Verdaine, en face de la nouvelle poste, pour terminer le prolongement de la rue 1 2 Musée archéologique, n° 11465. Ci-dessus, p. 32, fig. 1. N° 11538, ci-dessus, p. 32 : fig. 2. — 67 — du Vieux-Collège, s'est poursuivie cet automne. On a achevé de raser les immeubles nos 18 à 24 rue Verdaine, aux façades remaniées au XVIIIe siècle, mais dont les corps de logis sur cour avaient gardé une physionomie plus ancienne. Rappelons le passage qui réunissait les allées 24 rue Verdaine et 23 rue de la Fontaine. Gomme il y avait une forte différence de niveau entre les deux rues, le passage empruntait le « viret » de la tour circulaire dépendant de l'immeuble rue Verdaine. Cette tour datait de la fin du XVe siècle, mais exhaussée, elle avait perdu son couronnement primitif. L'allée portait au XVIIIe siècle la dénomination de «La Grille»; c'est là que s'installa le fameux cercle révolutionnaire portant ce nom. Une barrière en forme de grille ferme l'imposte de la porte du n° 24 et pourrait bien avoir servi d'enseigne au dit club. Les fondations de ces maisons étaient généralement peu profondes et le sable vierge de la colline s'est rencontré très près du sol des caves et des cours. Un peu partout il y avait quelques débris de poterie antique, principalement sous les cours intérieures. A la limite des fouilles, du côté de la colline, s'étendait une couche de sable rougeâtre avec des os d'animaux mélangés à de la poterie noire très semblable à celle que nous avons vue sous la rue de l'Hôtel-de-Ville 1 et la rue Calvin prolongée. La couche colorée suit la déclivité de la colline, elle repose sur le sable d'alluvion et vient s'arrêter contre le sable du lac, non loin de l'ancienne grève (cote inférieure de la couche à son extrémité 378,48). L'angle S.E. des fouilles, sous le n° 24, devait nous réserver une surprise. A la base de la stratification rougeâtre, mélangé à un gros cailloutis, gisait un squelette complet, bien conservé. Cet individu a dû périr accidentellement, car il était couché sur le ventre, les bras repliés en arrière, les jambes allongées et la face à l'ouest, légèrement tournée sur sa gauche. Tout près de lui étaient quelques débris de poterie gauloise. On peut vraisemblablement dater cette sépulture de la dernière période de la Tène, dans le siècle précédant l'ère chrétienne. Tous ces os ont été transportés au Muséum d'Histoire naturelle. Au-dessus du squelette s'élevait encore une couche de sable coloré de 1 m. 10, puis du sable gris sur 1 m., enfin le sol de la cave. La faune de la couche rouge concorde avec l'époque des poteries. Dans une autre partie du chantier, sous la cour du n° 17, rue de la Fontaine, les ouvriers coupèrent un puits perdu de 1 m. 50 de diamètre, rempli de cornes et de crânes de bœufs enfouis sous de grosses pierres. Ces os peuvent remonter à la fin de la période romaine. Aucun autre objet de quelque valeur n'a été remarqué sur cet emplacement; un puits du moyen âge construit en pierres sèches descendait encore profondément sous la cour du n° 18, rue Verdaine; il était recouvert par une grande dalle. 1 Bull. Soc. Hist. et Arch. Genève, t. IV, p. 341 et suiv. — 68 — VI. GENEVE . Maisons de la rue de la Croix-d'Or. Pour tout ce qui concerne les trouvailles faites dans les fondations de ces immeubles, voir l'article ci-après: LE PORT GALLO - ROMAIN DE GENEVE . Cette année, nous avons vu disparaître les dernières maisons anciennes de la rue de la Croix-d'Or, soit les n0S 40 à 48. Seuls les immeubles 42 et 48 présentaient encore un intérêt architectural, les autres édifices avaient été remaniés à différentes époques. L'immeuble 42 conservait sur la façade rue des fenêtres avec accolades, mais la cour et l'escalier méritent une mention particulière. L'immeuble, comme tous les types de maison genevoise, se composait de deux corps de logis, séparés par une cour donnant accès à une tourelle d'escalier. La porte d'entrée de la tourelle était surmontée d'un écusson sur lequel était sculpté un beau monogramme I H S en caractères gothiques (Musée, coll. lapidaires, n°713). L'appareil en molasse de toute cette construction dénotait un édifice soigné. Au premier étage, la porte sur l'escalier était gracieusement ornementée. Les consoles supportant le linteau, chose rare à Genève, offraient deux sculptures différentes. D'un côté, une feuille décorative (Musée, coll. lapidaires, n° 715), de l'autre, une tête de Christ (ibid., n° 714). Nous ne connaissons dans aucune autre maison de la ville un motif analogue ; il est plus que probable qu'après la prohibition des images les iconoclastes ont brisé figures et sculptures aussi bien dans les édifices privés que dans les églises. Sur la façade cour du deuxième corps de logis, un meneau d'une grande fenêtre était agrémenté d'une colonnette avec un chapiteau curieusement mouluré. Malheureusement, le temps avait fortement dégradé les profils. A qui pouvons-nous attribuer cette construction du XV e siècle qui, malgré tant de vicissitudes, nous a transmis les caractères d'une maison bourgeoise dans un quartier de gens aisés ? Dès 1439, elle appartenait à noble Guillaume de Jenvillaz, écuyer et citoyen de Genève, qui la possédait par héritage de noble Amblard de Jenvillaz, chanoine mort vers 1433 1 . Guillaume de Jenvillaz, conseiller, reconnaît en 1445 tenir de l'évêque ce même immeuble, il le conserve jusque vers 1461, date à laquelle il appartient à Pierre Perrod, sellier. La construction est sans doute due aux de Jenville, le monogramme I H S, par son style, se rapproche de celui de 1434 sculpté pour l'hôpital des Pauvres vergogneux 2 . La famille des de Jenville n'est autre qu'une branche genevoise des de Joinville, seigneurs de Divonne. Elle possédait encore dans cette même région de Longemalle, en face de la maison de 1 Archives d'Etat, Evêché Gr. 6 fo. 392 vo.; Gr. 5 fo. 219; Gr. 4, fo. 147. — archéologiques, t. II, p. 131 et suiv. 2 J.-B.-G. GALIFFE : Genève historique et archéologique, t. I, p. 122. GALIFFE : Notices — 69 — l’évêque, une propriété qui s'étendait jusqu'au lac. La noblesse des environs de Genève, dès la fin du XIVe siècle, vivait de préférence dans le quartier de Rive. La façade de la maison voisine, n° 44, avait conservé aussi une architecture ancienne, sans aucune autre particularité remarquable. Par contre, celle qui formait l'angle avec la rue de la Fontaine (n° 48) était connue pour la belle ordonnance de ses lignes. Du côté de la rue de la Croix-d'Or, elle était desservie par la même allée que la maison n° 46, immeuble du XVIIIe siècle. Cette maison d'angle, haute de cinq étages, de style Louis XVI, n'avait que quatre fenêtres de façades encadrées de pilastres1. Les clefs de voûte des fenêtres s'ornaient de têtes et de sculptures toutes différentes. La face sur la rue de la Fontaine restait nue. Sans doute, pour l'aspect général, l'immeuble était trop élevé par rapport à sa largeur. Il est cependant fâcheux qu'on n'ait pu reconstruire ailleurs cet ensemble harmonieux. Placée entre deux assises d'angle, les ouvriers ont trouvé une plaque gravée circulaire, protégée par deux feuilles de plomb avec l'inscription suivante: «Par la grâce de Dieu Jaques Nourrisson cytoyen de Genève fils de Jean Antoine Nourrisson a fait bâtir cette maison. 17792. » Jaques Nourrisson n'avait rien négligé pour rendre sa maison avenante et agréable. L'escalier éclairé par de grands arcs se distinguait par des mains courantes en fer forgé, les appartements s'ornaient d'une très belle cheminée avec colonnes et panneaux sculptés dus certainement à la main de Jean Jaquet. Malheureusement, une partie de cette décoration en stuc empêchait toute conservation intégrale. Le mas de maisons que nous venons de décrire rapidement a subi une modification totale par le fait du déplacement de la rue de la Fontaine, qui débouche maintenant dans le prolongement de la place de Longemalle. Le tracé de cette nouvelle artère recouvre en partie les substructions de l'ancienne propriété des évêques de Genève jusqu'en 1413, ainsi que la cure de la Madeleine3. Ces démolitions ont déjà fait ailleurs l'objet d'une étude, mais nous voulons signaler ici une pièce recueillie sous les fondations d'un mur de cour derrière le n° 40. Cette pièce est un fragment de récipient en verre (fig. 3),, fragment seulement, car les ouvriers en brisèrent une partie avec leur pioche. Des objets en verre ne se rencontrent que très rarement sous des fondations de maisons; celui-ci devait mesurer 0 m. 20 de haut; il rappelle une variante de l'aryballe antique, soit un vase dont la panse a la forme d'un tube circulaire, d'un coussinet rond avec une ouverture 1 2 3 Les vieilles maisons de Genève, première série, 1897-1899, pl. 103-111. Musée, Vieux Genève, n° 56. Bull. Soc. Hist. et Arch. Genève, t. IV, p. 55 et suiv. — 70 — centrale1. Ici, l'ouverture centrale est remplacée par une paroi de verre mince réunissant le tube circulaire. Le pied est bien conservé, mais la coupe supérieure, en forme de cornet, a disparu. Comme facture, il se rattache au verre soufflé de Venise et de Murano ; le verre est blanc irisé par les sables avec un petit défaut de fabrication du tube annulaire. On peut le dater de la fin du XVe siècle; des verres blancs semblables n'apparaissent qu'après l'invention de Beroviero, verrier de Murano, en 14632. Les fondations sous lesquelles il a été recueilli remontent aussi à cette époque. Sa destination reste encore douteuse, bien qu'au musée de Murano, salle des imitations, nous ayons vu une série semblable qualifiée de vases d'église. Faut-il faire un rapprochement entre la proximité de la Madeleine, souvent ravagée par les incendies, et ce verre ecclésiastique ? Peut-être n'est-ce là qu'une simple coïncidence. Dans la môme partie du chantier, on a détruit les fondations de la maison n° 10, rue de la Fontaine, qui bordaient la ruelle des Limbes. Le reste de cet immeuble avait déjà été abattu précédemment. Ces fondations, épaisses de 1 m. 10, construites uniquement de très gros blocs de molasse, formaient un appareil solide et soigné. Le long de la rue des Limbes, les assises étaient régulièrement posées, du côté intérieur du mur de nombreux blocs hauts de 0 m. 20 le traversaient en boutisses. Le tout a opposé une grande résistance au moment de la démolition. Cet emplacement dépendait du domaine de l'évêque, comme jardin; en 1430 il appartient à un nommé Pierre Motier, sa maison est alors qualifiée de neuve3. L'appareil changeait à partir du rez-de-chaussée, ce qui pourrait faire admettre que les fondations en pierre de taille sont antérieures à l'immeuble de Motier, mais ce n'est pas probable. A la même hauteur que ce mur, la rue de la Fontaine, ancien tracé, était traversée par des pilotis du moyen âge plantés pour retenir le terrain sous la rue. VII. GENEVE. Place du Fort de L’Ecluse, rue de la Madeleine. C'est encore la pose d'une canalisation d'égoût qui a fait ouvrir la chaussée sur la place du Fort de l'Ecluse et une partie de la rue de la Madeleine. On a traversé un massif de murs qui se reliaient à l'ancienne porte du Fort de l'Ecluse démolie en 1841. Une partie de ces fondations devait appartenir à l'enceinte intermédiaire du XIIIe siècle. Nous n'avons cependant remarqué qu'une grosse roche d'angle, sans moulures, indiquant le retour de ces fortifications dans la direction de la rue Traversière. 1 Jean MORIN : La verrerie en Gaule sous l'empire romain, 1913, p. 89, fig. 100. Ed. GARNIER : Histoire de la verrerie et de l’émaillerie, 1886, p. 90. — DAREMBERG et SAGLIO: Dictionnaire des Antiquités, art. aryballe. 2 3 Archives d'Etat. Evêché Gr. 4, fo. 117 vo. — 71 — Plus loin, du côté de la Madeleine, en face du Perron, à trois mètres de profondeur, quelques débris de poterie rouge non décorée, commune, et des vases noirs avec décor strié au peigne, étaient mélangés à du sable du lac. A partir de là, on a constamment traversé des murs de maisons, à toutes les profondeurs. Les uns correspondaient aux immeubles démolis du côté de la colline pour élargir la rue, mais d'autres devaient dépendre de maisons du moyen âge disparues après les incendies du XIV e siècle. M. Camille Favre avait déjà remarqué en 1902 que la rue de la Madeleine avait été considérablement exhaussée et qu'on voyait les fondations d'anciennes maisons depuis longtemps disparues 1 . Indépendamment de toutes ces fondations, plus profondément encore, signalons tout d'abord un mur transversal, très dur, de 2 m. d'épaisseur, en face du n° 4 (rue de la Madeleine), construit avec de gros boulets, de la chaux grasse, les fondations à 3 m. 80 endessous de la chaussée actuelle. Au même niveau, mais d'une dimension plus restreinte (1 m. 10 de large), deux autres murs, l'un en face de la branche orientale du Perron, l'autre une dizaine de mètres plus loin, avec un angle. La topographie de ce quartier a été complètement modifiée au XIVe siècle, les rues précédentes devaient être très étroites. Entre ces dernières substructions, nous avons ramassé plusieurs fragments d'amphores vinaires et principalement des vases plus anciens de très grande capacité. L'un d'entr'eux, de pâte gris-rougeâtre, à panse ronde, parois épaisses de deux centimètres, rebord plat de 10 centimètres, décor à hachures obliques, a une ouverture de 38 centimètres. La contexture de la pâte est formée de gros grains blancs schisteux. A la Tène III, au Mont Beuvray, des vases semblables sont fréquents dans les ateliers de forge 2 . Malgré le caractère très fragmentaire de ces découvertes, elles permettront de compléter une étude d'ensemble sur Genève pendant la période gauloise et romaine. 1 2 Bull. Soc. Hist. et Arch. Genève, t. II, p. 328 et suiv. J. DECHELETTE : Manuel d'Archéologie, t. II, p. 1423. SUR QUELQUES PIECES DE LA STATION MAGDALENIENNE DE VEYRIER (Hte-SAVOIE) PAR L. REVERDIN , D r ès Sc. été chargé par M. Bedot, Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, de reviser les documents ostéologiques des stations paléolithiques et néolithiques des dépôts du Muséum, j'ai été amené à m'occuper du matériel provenant de fouilles diverses et se rapportant entre autres à la station paléolithique de Veyrier. Dans cette note, je laisserai de côté tout ce qui concerne la faune proprement dite, qui doit faire l'objet d'un travail ultérieur, pour ne m'occuper que des pièces ayant un intérêt archéologique, soit des instruments en silex et de quelques ossements travaillés qui se trouvaient mêlés à la faune à reviser. Ces pièces étant inédites, M. Bedot, que je tiens à remercier ici cordialement, a bien voulu m'autoriser à les publier, avant de les remettre au Musée d'Art et d'Histoire, où elles doivent naturellement trouver leur place, à côté du matériel qui existe déjà. Si l'historique des fouilles de la station paléolithique de Veyrier est bien connu aujourd'hui, grâce, entre autres, à la bonne mise au point due à feu M. Cartier1, il n'en est pas de même jusqu'ici de l'industrie de cette station. Sur territoire français, cette station — ou ces stations plutôt, car de nombreux points semblent avoir été occupés — bien que fouillée par des Genevois, dès le début des études préhistoriques, nous est au fond très mal connue. Une monographie détaillée des objets de ces stations est encore à faire. Les documents que nous publions aujourd'hui pourront servir à l'édification de cette œuvre qui s'impose. YANT 1 « La station magdalénienne de Veyrier », Arch. suisses d'Anthropologie générale, t. II, 1916, p. 4 — 73 — Comme nous l'avons dit, ces nouvelles pièces proviennent de fouilles exécutées à diverses époques. Nous en donnons ci-dessous l'énumération: 1. Don de M. Alphonse Favre (1867 ?) 1 : 2 Lamelles pointues, 2 Lamelles à dos rabattu, 1 Pièce à coches, 9 Eclats légèrement retouchés, 14 Eclats sans retouche, 1 Base de sagaie en os, 1 Lissoir en bois de cerf, 1 Fragment d'omoplate ? avec traits gravés, 1 Fragment de bois de cerf avec traces de coupures. 2. Don de M. H. Gosse (1870 ? ) 1 : 1 Lamelle à dos rabattu, 1 Micro-nucleus, 1 Extrémité de burin, 3 Lamelles retouchées, 4 Eclats non retouchés, 1 Dent perforée. 3. Don de M. B. Reber (1902 ?)1 : 1 Perçoir, 1 Lamelle à dos rabattu, 6 Eclats légèrement retouchés, 10 Eclats non retouchés. 1. Don de M. Alph. Favre: Une des lamelles pointues n'est qu'un long éclat de 32 mm (fig. 1), à section triangulaire, dont la pointe est retouchée sur une faible longueur sur le bord gauche seulement. La seconde lamelle pointue est un véritable instrument (fig. 2); c'est une pièce plate, à une arête médiane également, sectionnée à la base, et qui se termine assez brusquement en pointe. Elle est plus large (9 mm) et plus plate que la précédente, mais d'une longueur égale. La pointe, qui correspond au bulbe de per1 Les dates indiquées ne peuvent être qu'approximatives, une partie des collections du dépôt du Muséum d'Histoire Naturelle n'ayant pas été inventoriée et ne portant que les noms des donateurs et les provenances. — 74 — cussion, est finement travaillée. Son bord gauche montre une fine retouche presque perpendiculaire aux faces. L'extrémité sectionnée est aussi bien retouchée. Cette pièce bien complète est d'une belle venue. Une des lamelles à dos rabattu est assez grossière (fig. 3) ; elle mesure une longueur de 27 mm et une largeur de 7 mm; sa section est trapézoïdale, son bord gauche (la pièce reposant sur sa face plane) est retouchée en dos rabattu; les deux extrémités sectionnées ainsi. que le bord droit sont sans retouche. L'autre pièce à dos rabattu est plus intéressante (fig. 4). C'est une lamelle assez plate, à une arête dorsale, d'une longueur de 28mm, qui se termine d'un côté par une pointe assez grossière et de l'autre par un bord sectionné et retouché en dos rabattu. Sur le grand bord gauche la retouche particulière existe à partir de l'angle sur les deux tiers de ce côté. Il existe ainsi sur l'angle gauche une sorte de pointe retouchée, très solide, ayant pu fonctionner comme un perçoir d'angle. Le bord droit montre une retouche du côté de la pointe seulement. La pièce à coches est un fragment de lame assez large, sectionnée sur ses deux extrémités. Elle montre deux petites coches successives assez profondes et de faibles diamètres (fig. 5). Les neuf éclats faiblement retouchés sont, soit des lames sectionnées (3), soit des éclats irréguliers (6), montrant en une place quelconque une fine retouche d'utilisation. Les éclats non retouchés affectent diverses formes irrégulières. Cinq d'entre eux ne sont que des lames brutes d'une longueur de 20 à 45 mm. Outillage osseux ou en corne. La base de sagaie en os (fig. 6), dont seul un fragment nous est conservé, mesure une longueur de 63mm. La section, à la hauteur de la cassure, est sub-carrée, pour devenir rectangulaire à la base taillée en biseau médian, dont les deux faces larges légèrement creusées présentent de nombreux sillons longitudinaux irréguliers. La largeur de la pièce à la base est de 12mm. — 75 — Le lissoir en bois de cerf (fig. 7) mesure une longueur de 121 mm et une largueur moyenne de 18mm. Son épaisseur va en diminuant et passe de 9mm à la base à 2mm au sommet qui présente un bord légèrement oblique et plus ou moins usé. Le mince fragment d'omoplate montre sur une de ses faces une série de traits gravés très fins enchevêtrés les uns dans les autres (fig. 8). Le fragment de bois de cerf arqué (fig. 9) présente des traces évidentes de travail. Ce bois sectionné longitudinalement a une longueur totale de 140mm. 2. Don H. Gosse: La lamelle à dos rabattu (fig. 10) mesure une longueur de 28mm sur une largeur à la base de 5mm. Ses extrémités sont irrégulières, sa face dorsale munie de deux arêtes. Seul le bord droit est retouché en dos rabattu sur presque toute sa longueur. Le micro-nucleus (fig. 11) est de forme conique, d'une hauteur de 22mm sur une base de 14mm de diamètre environ. On y voit les traces laissées par l'enlèvement d'une dizaine de petits éclats. Le fragment représenté à la fig. 12 n'est sans doute pas autre chose que l'extrémité d'un burin, comme le montrent les différents plans qui terminent cette pièce. Deux lamelles et une lame sectionnées présentent une retouche. Les deux lamelles ont les dimensions suivantes: longueur 17 et 34 mm, largeur 5 et 6mm (fig. 13-14). Elles ont toutes deux des sections triangulaires à une seule arête. La lame plus large a une longueur de 20 mm sur une largeur de 11mm, elle offre une section trapézoïdale. Son bord gauche est retouché, ainsi que son extrémité la plus large, qui fait de cette pièce un grattoir assez irrégulier dont l'épaisseur moyenne est de 3mm (fig. 15). Les éclats non retouchés, au nombre de 4, n'ont rien de particulier. La dent perforée, dont nous donnons un dessin (fig. 16), est incomplète, la partie de la suspension étant malheureusement fragmentée. — 76 — 3. Don B. Reber : De ce lot ce sont les deux premières pièces qui sont les plus intéressantes. Le perçoir est une très bonne pièce malgré ses petites dimensions (fig. 17). Il a été fabriqué sur un éclat plat d'une longueur de 26mm et d'une largeur de 9mm en moyenne: seule la pointe en a été travaillée; ses deux bords ont été retouchés d'une manière très fine comme on peut s'en rendre compte. La lamelle à dos rabattu (fig. 18), d'une longueur de 20mm sur une largeur de 8mm, est assez plate et ne présente qu'une arête dorsale. Une des extrémités est cassée; l'autre, très légèrement concave, est retouchée ainsi qu'un des grands bords, selon la technique du dos rabattu. Cette pièce présente donc une pointe latérale ayant pu servir de perçoir sur angle, comme celle que nous avons décrite précédemment (fig. 4) provenant du don d'Alph. Favre. Parmi les six éclats, de forme irrégulières, présentant une retouche d'utilisation, quatre d'entre eux sont des lamelles ou des lames grossières et deux des éclats larges. Un de ces derniers montre deux coches irrégulières retouchées. Les dix éclats non retouchés sont de petites dimensions; quatre affectent la forme de petites lamelles d'une longueur variant de 12mm à 22mm. Les six autres éclats n'ont pas de forme définie. Gomme nous l'avons dit au début de cet article, toutes ces pièces sont actuellement déposées au Musée d'Art et d'Histoire et viennent compléter la collection concernant les stations paléolithiques de Veyrier. NOTES SUR QUELQUES OBJETS DES COLLECTIONS PRÉHISTORIQUES DU MUSÉE R. MONTANDON. collections préhistoriques du Musée d'Art et d'Histoire de Genève ne figurent pas en totalité dans les salles d'exposition accessibles au public. Il existe, en effet, en dehors des objets exposés, un nombre assez important de « doublets ». Renfermés pendant longtemps dans des caisses, ceux-ci, grâce à l'initiative de M. le directeur du Musée, ont pris place récemment dans les vitrines d'une des salles du sous-sol où ils sont désormais à la disposition des travailleurs. Ces objets complètent ainsi de façon heureuse les belles et riches séries des salles d'exposition. C'est en procédant à leur classement méthodique que notre attention s'est portée sur deux séries de pièces lithiques abondamment représentées dans nos collections archéologiques et auxquelles nous voulons consacrer quelques mots. ES I. MOLETTES, PERCUTEURS, BROYEURS. Les stations de l'âge de la pierre et du bronze ont livré en plus ou moins grande quantité des galets bruts ou grossièrement façonnés désignés généralement par les termes de : molettes, percuteurs, broyeurs. Le Musée de Genève en possède pour sa part une importante collection recueillie en presque totalité dans les eaux du Léman. Sur deux cents et quelques pièces inventoriées, seuls quelques rares exemplaires ont été recueillis dans d'autres lacs suisses ou proviennent de stations terriennes. Bien que nous ne connaissions pas l'ensemble des pièces analogues conservées dans les autres musées suisses, nous avons cependant tout lieu de croire que les séries genevoises figurent parmi les plus riches. Il n'est pas aisé de procéder à un classement systématique de ces objets et d'établir une distinction très nette entre les percuteurs et les broyeurs, car tel percuteur a pu servir de broyeur et vice-versa; — 78 — toutefois, on peut admettre que les pièces ne portant aucune trace de percussion ont servi exclusivement à broyer. Nous nous garderons du reste de procéder à une double classification. Au point de vue chronologique, ces objets appartiennent aussi bien à l'âge du bronze qu'à l'époque néolithique, mais pour ce qui concerne les pièces ici étudiées, elles se rapportent en presque totalité à l'âge de la pierre. En effet, sur deux cents et quelques exemplaires constituant les séries du Musée, plus de cent soixantequinze proviennent de stations néolithiques. Voyons maintenant rapidement la provenance, les roches employées, les poids et dimensions, la morphologie enfin de ces objets. Provenance. — Sauf quelques rares exemplaires, l'origine de toutes ces pièces lithiques nous est connue et nous avons pu établir les provenances suivantes: a) EPOQUE NEOLITHIQUE: Lac de Genève. — Stations: La Belotte, Bellevue, Bellerive, La Gabiule, Pâquis, La Poussière. Lacs suisses. — Stations: Corcelettes, Locras, Robenhausen. b) AGE DE BRONZE: Lac de Genève. — Stations: Anières, Bellevue, Mies, Nernier, Nyon, Tougues, Versoix. Lacs suisses. — Stations: Estavayer, Hauterive. De ces stations lacustres, celle qui a livré — et de beaucoup — la plus riche collection est la station de La Belotte qui figure à elle seule pour un total de 156 pièces, soit pour plus des trois quarts de l'ensemble des objets inventoriés. Nature de la roche. — Les roches le plus couramment employées ont été celles que l'on rencontre communément dans les alluvions fluvio-glaciaires de la région et sur les grèves du lac, soit des roches de provenance alpine ou jurassienne et de dureté variable. Poids et dimensions. — Les poids et les volumes de ces objets sont variables. La plupart ne dépassent guère les dimensions d'une orange. Quelques-uns atteignent cependant un volume notablement supérieur. Voici les chiffres se rapportant aux pièces les plus volumineuses et par conséquent les plus pesantes. Deux percuteurs provenant de la station lacustre de Versoix pèsent respectivement 3 kg. 850 et 2 kg. 250; un autre de provenance inconnue pèse 2 kg. 500. Viennent ensuite des exemplaires de moindre volume atteignant les poids de 1 kg.550, 1 kg. 500, 1 kg. 450, 1 kg. 300, 1 kg. 100. Quant aux pièces courantes, de dimension moyenne, leur poids ne dépasse guère quelques centaines de grammes. — 79 — Morphologie. — Au point de vue morphologique, ces objets présentent des formes suffisamment définies pour qu'il soit possible de les classer en séries plus ou moins homogènes, et nous avons pu relever un certain nombre de types caractéristiques, se reliant du reste entre eux — comme dans toute classification — par des types transitoires ou aberrants. a) Type sphérique : Galets de forme plus ou moins régulière — quelques exemplaires sont des sphéroïdes presque parfaits -dont la préhension peut être améliorée par deux ou trois cupules destinées à loger l'extrémité des doigts. Parfois une légère ablation de la surface a déterminé des méplats parallèles, destinés sans doute aussi à mieux assurer la préhension de l'objet (fig. 1,1,2,3). b) Type ovalaire: Galets de forme ovalaire. Quelques-uns présentent un tracé naturel quasi géométrique (fig. 1, 4 ). c) Type discoïde: Dans ces pièces, façonnées dans un galet d'épaisseur variable et de forme pseudo-sphérique, les faces pa rallèles pratiquées sur la surface par ablation de la roche peuvent être légèrement concaves, avec parfois une cupule centrale plus ou moins profonde destinée à loger soit l'extrémité du pouce, soit l'extrémité de l'un des autres doigts de la main. La région percutante est située sur le pourtour de l'objet et présente tantôt une surface à courbure régulière, tantôt une surface dièdre à angle plus ou moins ouvert et à courbure plus ou moins accusée avec arête médiane légèrement esquissée (fig. 1,8,9). Ces pièces sont bien en main et portent les traces évidentes de leur destination. — 80 — d) Type polygonal : Galets sphéroïdaux avec ablation de diverses régions de la surface en vue de créer des méplats ou facettes destinés à en assurer la pré hension et donnant à l'objet l'apparence d'un polygone irrégulier, (fig. 1, 6, 7). e) Type pseudo-cylindrique: Galets dont la coupe transversale accuse une aire plus ou moins circulaire ou ovalaire; aucun terme ne saurait du reste donner une définition exacte de ces objets dont la forme est assez variable. Les surfaces percutantes se trouvent cantonnées aux deux extrémités de la pièce (fig. 1, 10, 11). f) Types intermédiaires: Comme nous le disions plus haut, il existe ici, comme dans toute classification de ce genre, des formes de transition qui établissent un lien entre les divers types étudiés, mais il serait vain et difficile du reste d'en donner une description détaillée (fig. 1, 12). Ces diverses pièces montrent l'ingéniosité avec laquelle les palafitteurs ont su façonner les galets bruts que leur fournissaient les grèves du lac ou les alluvions fluvio-glaciaires pour en faire des instruments de travail bien en main et parfaitement adaptés à leur destination. II. OBJETS ENIGMATIQUES EN PIERRE . Avec l'âge du bronze apparaissent dans les stations lacustres des objets de pierre désignés généralement par le terme de « pierres à rainure ». Leur destination est encore inconnue, à tel point que les ouvrages classiques d'archéologie préhistorique n'en parlent pas et n'en donnent aucune reproduction ou description. Depuis longtemps nous nous demandons quel a pu être l'usage de ces pierres à rainure, mais nous ne pouvons aujourd'hui encore que poser la question sans prétendre le moins du monde la résoudre. Nous croyons toutefois pouvoir établir que ces objets proviennent de stations lacustres, et qu'ils ont dû, par conséquent, avoir une destination en rapport avec la vie des palafitteurs. Il est vrai que l'unique exemplaire du Musée des antiquités nationales à St-Germain-en-Laye provient des environs de Salins (Jura), mais il a pu y être apporté autrefois de la région des stations lacustres françaises ou helvétiques. Les exemplaires du Musée de Genève ont les provenances suivantes: Lac de Genève. — Stations: Anières, Bellerive, Belotte, Eaux-Vives, Mies, Nernier, Nyon, Tougues, Versoix. Lacs suisses. — Stations: Auvernier, Corcelettes, Hauterive. La morphologie de ces pierres à rainure varie dans une certaine mesure, mais, d'une façon générale, on peut les assimiler à des disques de pierre avec rainure ou gorge circulaire creusée dans la partie médiane du pourtour de la pièce, laquelle — 81 — fait penser à une poulie non perforée. La rainure ou gorge peut être plus ou moins large et plus ou moins profonde. Les faces latérales — plates, bombées ou légèrement concaves — sont munies parfois de cupules centrales plus ou moins larges et plus ou moins profondes (fig. 2). Dans certains exemplaires ces faces sont grossièrement décorées. Cette décoration consiste soit en une simple courbure, ou boursouflure, soit en une sorte de cône formé par une superposition de redans circulaires, soit par des cannelures concentriques, soit enfin, mais plus rarement, par un motif décoratif rappelant celui qui orne certaines fusaïoles de l'âge du bronze (fig. 2, 5, 6, 9). Le diamètre de ces objets oscille en moyenne entre dix et quinze centimètres et leur épaisseur ne dépasse guère cinq à six centimètres. Quant aux roches employées, elles sont analogues à celles utilisées pour la confection des percuteurs ; il faut toutefois y ajouter des roches plus tendres, telles que les grès et les molasses. Mieux que toute description, les illustrations (fig. 2) que nous joignons à cette note feront connaître les diverses formes que présentent ces objets énigmatiques. L'examen de ces figures permettra peut-être à quelque lecteur de Genava de formuler une hypothèse sur leur utilisation par les habitants des palafittes de l'âge du bronze. HISTORIQUE DES DÉCOUVERTES FAITES A DOUVAINE (Hte-SAVOIE) ( AGE D U BRONZE E T DU FER ) Emile VUARNET. ou VAINE, chef-lieu de canton de la Haute-Savoie, est situé sur la route directe de Genève au Valais par Thonon et Evian, à quinze kilomètres de Genève et à quatre kilomètres de la rive sud du lac Léman. Sa population est d'environ 1200 habitants disséminés en plusieurs hameaux. Le terrain est fertile et plat; à deux cents mètres au nord de l'église coulent deux fontaines intarissables. Aucun objet de l'âge de la pierre n'y a encore été recueilli ou signalé. Par contre, de nombreux tombeaux de l'âge du bronze ont été relevés au cours des travaux de construction de maisons, d'extraction de graviers ou d'adduction d'eau. Les tombeaux se rencontrent tout autour de l'église et dans les vergers, les jardins et les carrières de gravier situés au nord de la route de Douvaine à Tougues, sur une longueur d'environ deux cents mètres 1 . * * * 1. (1837) — C'est durant l'automne de 1837 qu'est acquise par le Musée de Genève la première trouvaille d'objets de l'âge du bronze recueillis à Douvaine. Ces objets sont: une longue hache à rebords sans talon dont le tranchant est très martelé ; quatre fragments de faucilles, dont trois avec boutons ou saillie allongée ; une lame de poignard brisée aux extrémités, renforcée au milieu par une côte qui en parcourt la longueur; trois tronçons d'épée à deux tranchants; l'extrémité d'une épingle offrant une tête épaisse et percée; enfin, quatre morceaux de bronze fondu. 1 Pour la bibliographie archéologique de Douvaine, voir MONTANDON : Bibliographie générale des travaux palethnologiques et archéologiques, I, 1917, index général bibliographique, s. v. Douvaine, p. 546, et premier supplément du tome I, 1921, index général des noms géographiques, Douvaine, p. 105. — Id., Genève, des origines aux invasions barbares, 1922, p. 172, n° 172. — 83 — 2. (1861) — Sur la place de la Contamine, en creusant les fondations des écoles communales (aujourd'hui caserne de gendarmerie), on trouve des tombeaux en dalles dont les objets sont perdus. 3. (1870) — M. François Girod, en creusant un fossé pour planter des treilles hautes appelées hutins, au lieu dit Les Portes ou la Grange, rencontre des tombeaux dont le mobilier est perdu. 4. (1875) — Dans la forge de M. André Dunant, légèrement en contre-bas à une cinquantaine de mètres au sud de l'église et parallèle à la route nationale, comme les forgerons recerclent des roues et frappent fortement sur l'enclume, celle-ci s'incline de côté. Pour la redresser, on se met à creuser le sol et l'on rencontre un tombeau dont la dalle supérieure s'était brisée sous les coups des forgerons. A quelques mètres, en creusant un puits perdu, on rencontre un squelette. 5. (1884) — Un ouvrier étranger, surnommé Dauphiné, en creusant un puits dans la parcelle où s'élève la maison de M me Pouget, marchande de bicyclettes, trouve un tombeau en dalles. 6. (1890) — M. le docteur Falquet de Gorsier fait l'acquisition de plusieurs vases funéraires provenant d'un tombeau. 7. (1892) — M. Burckhard-Reber décrit dans ses Recherches archéologiques dans le territoire de Vancien évêché de Genève (Mémoires et Documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève (tome XXIII), un tombeau en dalles trouvé dans un jardin au nord de Douvaine. La dalle qui soutenait la tête et qui est trouée de nombreuses écuelles, remise par M. Reber à M. Gabriel de Mortillet, est exposée à l'Ecole d'anthropologie de Paris. Le mobilier comprend une perle d'ambre, et des vases en terre noire. 8. (Vers 1903). — Au lieu dit Vers les Portes, le long de la route qui va de Douvaine à Artangi et Verêtre, dans le champ de M. Rossier, comme les cantonniers procèdent à l'extraction de gravier, ils trouvent un tombeau en pierres à 60 cm. de profondeur. La mâchoire compte toutes ses dents, les dents de sagesse pointent seulement; c'est le squelette d'un jeune homme de 27 ans environ. Le mobilier, daté de la Tène I, C, comprend deux bracelets et des fibules en bronze. Il a été acquis par le Musée de Genève1. Dans une tombe voisine on a recueilli un bracelet serpentiforme en bronze, de très petite dimension; fin de l'âge de bronze ou hallstattien. Acquis par le Musée de Genève2. M. Valentin Girod possédait un bracelet en bronze provenant des carrières de gravier voisines, acquis aussi par le Musée de Genève3. 9. (Vers 1908). — M. Saint-Clair, cafetier, en creusant son jeu de quilles, à quelques mètres de la route qui passe entre le presbytère et la caserne de gendarmerie, 1 Genava, I, 1923, p. 42-43. Ibid., p. 40, n° 9141. 3 Ibid., p. 40, n° 9142. 2 — 84 — trouve un tombeau en dalles; il y recueille des fragments de vases en terre noire, polie et brillante, semblable à celle des vases reproduits par M. Reber en 1892. J'en possède encore quelques fragments. 10. (Vers 1910). — Un ouvrier italien qui tire du gravier à une cinquantaine de mètres derrière la caserne de gendarmerie, trouve deux squelettes humains enterrés horizontalement à 0 m. 60 de profondeur, les pieds tournés vers l'Orient, sans aucune trace de tombeau, ayant chacun un vase en forme d'assiette creuse renversé sur la face. Ces vases étaient en terre grise tournée et moulurée. J'en fis l'acquisition et en donnai un à M. le comte Olivier Costa de Beauregard qui l'offrit au nouveau musée de Chambéry, fondé dans les bâtiments de l'archevêché. L'autre a été acquis en 1923 par le Musée de Genève1. La Tène III. 11. (Vers 1911). — En creusant les caves de la maison de M. Thorens, maire de Douvaine, on trouve, en bordure de la route nationale, des squelettes humains. On me remit deux crânes très épais et brachycéphales avec deux fibules de bronze très friables; ces objets sont tombés en miettes et en poussière. 12. (1913). — En procédant au creusement des canalisations pour l'adduction de l'eau potable, on trouve dans la route devant l'église trois squelettes humains entourés de grosses pierres avec de la poterie noire en forme de bols. (Communication de M. Chappuis, de Douvaine.) 13. (1913). — Ces fouilles, dont les objets sont au Musée de Genève, sont décrites par M. Cartier: « Un cimetière de l'âge de bronze à Douvaine; fouilles de février à juin 1913 », Archives suisses d'anthropologie générale, I, 1914, p. 63. 14. (Vers 1920). — Des ouvriers de Douvaine trouvent, en tirant du gravier dans le même lieu dit Vers les Portes, d'autres squelettes. Ils remarquent au bas de leur crible des annelets en métal qui restent perdus dans le gravier destiné à l'empierrement des routes de la localité. 15. (Vers 1921). — En creusant les fondations de la maison de M. Planche, ferblantier, on trouve des tombes en dalles, des vases en terre grise et noire; un squelette porte plusieurs anneaux aux jambes. Ces objets ont tous été acquis par le laboratoire d'Anthropologie de Genève 2 . 16. (Août 1924). — Tombe décrite par M. Deonna in Indicateur d’antiquités suisses, 1924, p. 196. 1 2 Genava, I, 1923, p. 48, n° 9145. Ibid., p. 40. LE PORT GALLO-ROMAIN DE GENEVE L. BLONDEL. dernières maisons anciennes du quartier de Longemalle ont disparu cette année. Maintenant, seulement, il est possible de tirer des conclusions générales sur les tracés des rives du lac, des ports à l'époque antique. Depuis plusieurs années, le sous-sol des maisons démolies a révélé une série d'ouvrages lacustres, des lignées de piquets, des jetées enfouies depuis des siècles sous les constructions. Après le déclin de l'empire romain, les rives ont été repoussées, les édifices et les rues du moyen âge, des temps modernes, ont fait reculer les eaux du lac. Une agglomération nouvelle a enseveli le niveau des grèves antiques. Nous voulons tout d'abord reprendre l'historique des trouvailles et plus particulièrement des plus récentes. En 1910, M. B. Reber a soigneusement suivi tous les travaux exécutés entre les rues de la Croix-d'Or, la Madeleine, la rue d'Enfer et la nouvelle rue de la Fontaine1. Ses remarques ont été publiées et un plan des pilotages a été relevé par le Service des travaux de la Ville. Ce mas d'immeubles recouvrait un bassin important du port gallo-romain (fig. 1). Nos observations, bien qu'entravées par une longue absence, concordent avec celles de M. Reber. Dès avril 1922, la disparition des immeubles 1 à 10 rue de Rive a permis de reprendre la suite des découvertes. Nous n'y reviendrons pas en détail puisque nous en avons déjà parlé dans la chronique archéologique de l'année 19222. Rappelons seulement que, comme ailleurs dans ce quartier, les maisons dépourvues de caves possédaient des fondations très peu profondes, qu'elles reposaient sur une couche de déblais, puis qu'à environ 2 m. 50 sous le niveau de la rue on découvrait la tête d'une lignée de pilotis régulièrement plantés en ligne et défendus par d'énormes blocs erratiques formant brise-lames. ES 1 B. 2 Genava, t. I, p. 78, «Digues gallo-romaines». REBER : Les fouilles sur Vemplacement de la Madeleine-Longemalle à Genève. 1913. — 86 — En venant de Rive et parallèlement à la rue, cette disposition changeait sous l'immeuble n° 2. Un puissant massif de maçonnerie, de 6 m. 30 sur 3 m. 40, reposant sur un amoncellement de gros blocs, était maintenu par un carré de pilotis. Ce massif, composé de cailloux et de briques noyés dans un bain de mortier, certainement antique et sans rapport avec le tracé de l'immeuble postérieur, devait supporter un édifice en relation avec le port. A partir de cette construction, en continuant dans la direction de la Croix-d'Or, la digue protectrice devenait plus importante. Au lieu d'une simple lignée de pilotis, on a pu en remarquer une double réunie par des traverses en chêne, lesquelles maintenaient les gros blocs du briselames. C'est ce que nous avons relevé sous les immeubles démolis nos 38 à 48 rue de la Croix-d'Or, dès février 1924. Dans cette partie, mêmes constatations. Des maisons sans caves, des murs peu fondés, à l'exception de l'immeuble n° 48, dont les bases reposaient sur un assemblage de madriers horizontaux. Cependant les constructeurs du XVIIIe siècle avaient respecté les pilotis antiques et les avaient simplement englobés dans les nouvelles fondations. En-dessous de la couche de déblais, la digue se poursuivait en ligne droite. La double lignée de pieux était reliée longitudinalement par des traverses de chêne ou de pin de forte dimension. En avant, du côté du lac, la grève avec son petit gravier et son sable roulé était tout à fait visible; en arrière, du côté de la colline, le sablon compact et jaunâtre avec peu de débris. On aurait dit que hier encore les vagues venaient battre contre les blocs solidement assemblés. Entre les pierres, des multiples débris de poterie cassée, dont beaucoup avaient subi l'usure du flux et reflux de l'eau. Disons en passant que le niveau de la grève, environ à 2 m. 70 sous le sol de la rue, montre que le lac n'a que peu varié depuis l'époque romaine (cote ancienne environ 375,30). * * * Le quai-digue se poursuivait sans changements jusque sous l'immeuble n° 48 où les blocs s'arrêtaient pour être reportés de trois mètres en arrière contre une troisième lignée de pilotis. En outre une série de gros pieux transversaux, plantée plus profondément que les autres, d'une époque antérieure, venait couper la digue. Il faut remarquer que déjà auparavant (sous l'immeuble 44) une double rangée de pilotis, sans adjonctions de blocs protecteurs, dessinait un pont d'embarquement qui se poursuivait encore en arrière de la digue. Du n° 48 à la nouvelle rue de la Fontaine, on se trouve certainement sur un premier bassin de port A. En arrière, les enrochements cessent pour faire place à un pavage grossier, plan incliné sur lequel on devait tirer à sec les bateaux, enfin, contre la rue de la Fontaine s'avançait dans la direction du lac une série de pieux de moyenne dimension serrés les uns contre les autres, sans protection de blocs, formant une cloison entre deux bassins — 87 — A et B, le second bassin se trouvant sous la rue de la Fontaine. C'est dans cette partie que nous avons reconnu les petits piquets à tige taillée à la partie supérieure, signalés par Reber. Ils étaient plantés en quinconce en grand nombre sous les pavages et à l'intérieur de ce premier bassin, à un niveau inférieur à celui des gros pieux de digue. Ce ne peuvent être que des pilotis enfoncés pour affermir le sol et constituer une base stable dans un terrain de sable mouvant. On ne les retrouve que sous la surface des ports ou des constructions et non ailleurs; du reste leur tête n'était pas destinée à émerger du sable. Comment expliquer leur forme bizarre ? Des ouvriers terrassiers m'ont donné la solution désirée. Encore de nos jours, on entaille des piquets semblables à leur partie supérieure de façon à former une mince tige. Pour pouvoir les enfoncer sans les briser, on fixe une douille métallique autour de cette tige et à coups de dame ou de maillet on peut frapper sans que la tête maintenue par la douille ne se casse. Une fois le piquet planté, l'ouvrier retire la douille de métal et procède de même pour la mise en place des piquets suivants. Ce premier bassin A offrait des particularités curieuses. A l'endroit où s'arrêtait l'enrochement postérieur, on a retrouvé, presque au niveau de l'eau, une grosse pierre circulaire en granit, semblant au premier abord ressembler à une meule. Cette pièce, plane sur ses deux faces, posée directement sur le limon dur, de 1 m. 05 de diamètre, est pourvue d'un trou central ovale de 16 sur 14 cm. de diamètre qui la traverse de part en part et d'une entaille supérieure pour placer des tenons. Un mur en pierres sèches, épais de 25 à 30 cm. formait un demi arc de cercle autour et au-dessus de la pierre, mais seulement du côté de la rive, car du côté de l'eau il n'y avait pas de mur. Sur une hauteur de plus de 0 m. 70, une terre remplie de charbon de bois recouvrait cette base et le mur était noirci par le feu. Sans doute nous avons là un foyer, peut-être une forge, protégé par un petit mur latéral. Sans pouvoir expliquer complètement l'utilisation de cette pierre, nous devons penser que c'est l'emplacement d'un atelier, probablement un atelier de réparation pour le bois et le fer en rapport avec le port. Le bassin A plus petit que les autres serait donc un bassin de radoub, ce qui expliquerait aussi la disposition du plan incliné pavé permettant un maniement facile des bateaux. Notons qu'on a récolté tout auprès deux creusets de fondeur. Le bassin B n'a pu être exploré à fond, car on n'a pas remanié entièrement le sous-sol de la rue de la Fontaine actuelle, cependant ses limites ouest et sud ont été repérées en 1910. Il s'étendait plus en arrière que son voisin A du côté de la Madeleine et mesurait en largeur 21 mètres avec un goulet d'entrée de 15 m. 50. Des restes de constructions sur pilotis ou des pontons le traversaient à une distance de 20 mètres de la digue protectrice. Aucun quai d'embarquement, mais seulement une grève de sable. De nombreux ports romains dans les Gaules offrent cette disposition; les bateaux de petite dimension étaient simplement tirés sur la grève. — 89 — Enfin, grâce au relevé fait en 1910, nous pouvons distinguer un troisième bassin G, juxtaposé aux deux autres (fig. 2). Ses limites du côté de la rue d'Enfer n'ont pu être précisées, mais comme son entrée (15m. 50) du côté du lac est indentique à celle du port B et que par ailleurs d'autres mesures concordent, il est plus que probable que les bassins B et G mesuraient presque la même largeur. Les travaux exécutés en 1901 pour la reconstruction de la maison d'angle rue d'Enfer et rue de la Croix-d'Or 16 (actuel 10) n'ont amené aucune découverte de pilotages importants, ce qui prouve que le port ne s'étendait pas plus loin dans cette direction et que seule une digue abritait la grève très exposée aux vents du nord. En profondeur le bassin C était traversé partiellement par un ponton et se terminait aussi par une grève, sans quai maçonné, mais assez rapprochée de la rue du Purgatoire. * * * II est évident que pour protéger l'entrée du port les ouvrages retrouvés parallèlement à la rue de Rive et à celle de la Croix-d'Or étaient insuffisants. Plus au large, il devait exister des barrages pour couper les vagues. Un de ces briselames composé de plus de trente gros blocs erratiques a été reconnu en 1899 par M. Reber sous la maison faisant l'angle de la place de Longemalle et la rue de la Croix-d'Or, n° 33, à environ trente mètres de la digue du port1. Il devait en être de même sous la maison d'angle de l'autre côté de la place (Longemalle, n° 18), car M. H. Fazy y recueillit en juin 1861 sous les fondations une pierre antique avec une sculpture de griffon2. * * * La liaison du port avec le reste de la ville nous est indiquée par une dépression du terrain qui se trouvait dans l'axe de l'ancienne rue de la Fontaine et qui a été mise au jour pendant le creusage des fouilles pour les nouveaux immeubles. Par 1 B. REBER : Esquisses archéologiques sur Genève et les environs, Genève, 1905, «Une station intermédiaire à Genève », p. 31 à 39. 2 Journal de Genève, 12 juin 1861, article signé H. F. — 90 — cette voie charrière, on parvenait directement au marché principal, au forum, le Bourg-de-Four, ancien centre de la cité. Le long de la berge devaient sans doute s'élever des magasins, des halles et tous les édifices nécessaires à l'exploitation d'un port. Mentionnons la trouvaille d'un mur important (E) dans la rue du Purgatoire, déjà signalé en 1910, sur lequel le temple de la Madeleine est en partie construit et que nous avons retrouvé l'année dernière, derrière le chœur de l'église1. Cet ouvrage épais de 1 m. 30, composé de cailloux ronds reliés par un ciment blanc très dur, pourrait bien avoir supporté un édifice antique. Il est en tous cas bien antérieur à l'église et fut employé semble-t-il dans une de ses parties, comme mur de fortification, vers le XIIe siècle 2. Nous en reparlerons plus loin à propos du quartier du port. * * * La nomenclature des objets trouvés au cours des fouilles est nécessaire pour établir la période pendant laquelle le port resta utilisé. Les débris récoltés en 1910 sont malheureusement peu nombreux et les travaux rapidement menés ont dû faire disparaître une quantité considérable de documents. Outre la mention de beaucoup d'ossements d'animaux, de quelques débris de crânes humains, il n'a été conservé qu'une douzaine de poteries noires ou grises de la fin de l'époque gauloise ou romaine, un manche de couteau, des morceaux de graphites, des résidus de fonte métallique et d'objets en fer. Toutes ces pièces datent de la fin de la période de la Tène et des deux premiers siècles après J.-C. Il en est de même des trouvailles faites sous la maison N° 19, rue de la Madeleine. Quant à celles de 1922 le long de la rue de Rive, dans la digue, la plupart étaient des poteries en terre grise à tradition gauloise. Les fouilles de cette année sous les maisons de la rue de la Croix-d'Or ont offert plus d'intérêt. Ayant suivi jour après jour les travaux nous avons fait notre possible pour rassembler les moindres débris. Plus que partout ailleurs on a constaté l'abondance de poterie rouge sigillée du midi de la France, dont 21 pièces avec signatures, enfin des tessons en terre grise ou terre ordinaire en grande quantité. Les dolia à panse sphérique, de dimension importante, montrent un trafic industriel déjà important vers le premier siècle avant J.-G. Nous indiquons le détail de ces trouvailles dans l'annexe de cette étude. Les ossements d'animaux, si fréquents devant le môle mis au jour l'année dernière, se sont montrés rares près du port, mais en arrière des pilotis, enfouis sous un sable fin compact, sans aucun apport étranger, les ouvriers exhumèrent le 24 mars trois crânes humains dont deux en très bon état de conservation. Ils gisaient à la cote 1 Genava, t. II, p. 91. L. BLONDEL : «La maison de l'évêque à Longemalle », Bulletin Soc. Hist. et Arch. Genève, t. IV, p. 63. 2 — 91 — de niveau 375,63 (f, f.) et ont dû être roulés sur la grève par les eaux à une époque fort ancienne, certainement pendant la période des palaffites. Transportés au Muséum d'histoire naturelle, ils y ont été examinés1. M. Jules Favre a constaté que l'un des crânes contenait dans du fin sable près de 500 coquillages ou valves, appartenant à 18 espèces différentes. La faune qui y est représentée diffère sensiblement de celle qui vit actuellement sur le littoral du Léman. Après l'étude de ces variétés, M. Favre conclut « que si l'on ne peut dater d'une façon précise le crâne, on peut dire toutefois qu'il appartient à une époque plus rapprochée de la fin du Paléolithique que de l'époque actuelle ». En résumé, les objets trouvés le long de la digue et dans les bassins du port permettent d'affirmer que cet emplacement a été utilisé depuis la fin de l'époque de la Tène jusqu'à la fin du IIIe siècle après J.-C. Le port après cette période a dû perdre de son importance ou s'ensabler. * * * Nous avons reconnu en avant de la digue un remblai systématique pour gagner du terrain sur l'eau. Au-dessus du niveau de la première grève on avait accumulé des branchages et des claies pour rendre le sol résistant et plus haut se distinguait une ancienne chaussée. Il est évident que peu à peu, étape après étape, les habitants ont conquis de l'espace sur le lac. Au début du moyen âge et jusqu'à la fin du XIIIe siècle, la ligne des Rues basses, l'ancienne rue de la Rivière, a formé la voie du bord de l'eau. Cependant à Longemalle, le quartier de la Madeleine s'est accru plus rapidement qu'ailleurs et le golfe antique s'est converti en promontoire couvert de maisons. * * * Le port principal de Genève une fois déterminé, nous devons nous demander jusqu'où s'étendait la digue du bord du lac pendant la période gallo-romaine. Du côté du cours de Rive, ce même brise-lames, composé d'une lignée de gros pilotis avec des enrochements, se poursuivait sous les immeubles, rue de la Croix-d'Or 12 et 14, plus loin sous l'emplacement du Grenier à blé démoli en 1898. Nous avons été convaincus d'après une photographie que ce même alignement traversait l'emplacement du Grenier à blé et que contre cette lignée, en dessous de la tête des pieux, était couchée la statue colossale en bois (fig. 3), conservée au Musée, restée jusqu'à ce jour une énigme pour tous les archéologues. Nous avons interrogé M. Jules Châtelet, entrepreneur, qui a procédé à la démolition du Grenier à blé et nous lui avons demandé ce qu'il pensait de la question. Il nous a répondu qu'il avait de son côté constaté que la lignée de pilotis mise au jour à la rue de la 1 Muséum d'Histoire naturelle de Genève, n° 832/75-77. — 92 — Croix-d'Or était identique et dans le prolongement de celle retrouvée sous le Grenier à blé, contre laquelle était couchée la statue. On peut dire maintenant avec certitude que cette image est contemporaine de la digue, qu'elle en faisait partie intégrante, qu'elle est donc antique. On sait que M. Jacques Mayor a consacré une étude à cette figure de bois taillé et qu'il a cru pouvoir la rapprocher du type des Rolands germaniques du moyen âge 1. Toute cette hypothèse ne saurait se soutenir, parce que les éléments mêmes du problème, la situation de la trouvaille, ont été mal posés. Il est dit pourtant que cette statue « gisait à 2 m. 50 en dessous du niveau de la rue voisine (rue de Rive) à la hauteur d'une couche de sable fin et que recouverte d'un limon noirâtre et environnée de pilotis, elle offrait un aspect fort primitif, comme le bois était noir à l'égal de celui des pieux, on crut d'abord à un monument lacustre...2 ». Evidemment ces pilotis n'étaient pas de l'époque lacustre, mais ils n'étaient pas non plus « modernes, destinés à supporter les fondations du Grenier à blé». C'étaient peut-être, dit encore M. Mayor, des pilotis du XIV e ou XV e siècle. Je ne sais si M. Mayor a assisté à la découverte, j'en doute, car il aurait pu voir,— même la photographie de la statue in situ le démontre, — que les substructions du Grenier à blé ne descendaient pas aussi profondément que les pieux, enfin que le pilotage restreint à cette lignée transversale ne correspondait ni au plan des murs du Grenier à blé ni à celui du couvent des Cordeliers dont on possède le relevé3. M. Châtelet nous a confirmé que les fondations n'avaient rien à faire avec ces pieux. De ce fait l'argumentation du Roland tombe, la statue est contemporaine de la digue. D'autre part, trop de documents de l'époque médiévale nous sont parvenus pour que la présence d'une statue colossale semblable ait passé inaperçue; remarquons aussi que si cette figure a l'air très fruste, ce n'est pas le fait d'un manque d'habileté, mais bien d'une usure très avancée due à un enfouissement de plusieurs siècles. Rappelons en deux mots l'apparence de cette pièce unique en son genre. Elle est sculptée dans un seul bloc, sur un pilotis de chêne semblable à ceux du brise-lames. Avec la base et le fût elle mesure 3 m. 05, sans la base 2 m. 75. Cette figure debout, aux jambes massives enveloppée 1 J. MAYOR : «A propos d'une figure de bois taillé», Indic. Antiquités suisses, t. XV, 1913, p. 117 et suiv. 2 3 Journal de Genève, 13 juillet 1898. Pour le plan antérieur au Grenier à blé, voir aux Archives d'Etat le plan Billon. — 93 — d'une ample tunique, a le bras droit replié et tient un objet arrondi indéterminé, peut-être un vase, mais en aucune manière une lame dressée. Le bras gauche a presque complètement disparu, il était allongé le long du corps et par quelques indices il semble que la main tenait aussi un objet ou une arme. La tête était recouverte d'un casque, d'un capuchon ou d'une chevelure pyramidale. Le cou est large, mais était enveloppé d'une chevelure tombante ou d'un capuchon, enfin la surface du dos est plane, la statue devait être appuyée. Indiquons encore que le vêtement montre un dessin très net, c'est une caracalla gauloise coupée au-dessus des genoux, échancrée autour du cou. Le moyen âge n'a pas connu d'habit semblable. Que devait représenter cette figure ? Sans doute il sera difficile de le dire vu l'état d'usure du bois. Plantée sur la grève, s'élevant à l'alignement de la grande digue du môle principal, elle devait faire partie de la physionomie du port. Les statues dressées sur les jetées et même sur des pilotis n'étaient pas rares dans l'antiquité. Des vues des ports de Pouzzoles et surtout de Stabies reproduisent des môles ornés d'arcs, de statues colossales placées sur des colonnes jusque dans la mer 1. Une monnaie tout particulièrement représente le port d'Ostie au revers d'une pièce de Trajan; on y distingue très nettement entre les portiques du quai et un bâtiment terminant la jetée deux statues sculptées sur des colonnes ou même des pilotis 2. Ici, par le fait que la base s'est rompue à la hauteur de l'eau, notre figure s'est écrasée dans la vase, face contre terre derrière la jetée, et le sablon humide l'a conservée jusqu'à nos jours. Nous ne pouvons encore nous prononcer sur l'attribution de cette statue, qui est certainement une divinité tutélaire, un genius loci. Qu'elle soit la représentation d'un Silvain, d'un Jupiter ou d'un Neptune, protectrice des bateliers ou des éléments, elle devrait en tous cas être rattachée à une divinité allobroge, de tradition gauloise. La rareté d'une trouvaille semblable, d'une statue en bois de cette époque, nous a engagé à l'étudier de plus près. Un hasard, une coïncidence, permettra une fois de l'identifier complètement. * * * D'après les renseignements de M. Châtelet, la lignée de piquets se prolongeait jusqu'à la rue d'Italie. Dans l'autre direction, du côté du Rhône, nous avons aussi quelques points de repère. La digue moins importante, car elle ne devait plus servir de quai, suivait le dessin des Rues Basses, à peu près 10 mètres en arrière de l'ancien alignement des maisons contre la colline. Au Terraillet, la ligne de pilotis la plus rapprochée de la rue n'en était distante que de 6 m. 50, mais on en voyait deux 1 S. REINACH : Répertoire des peintures grecques et romaines, 1922, p. 379, vues 1, 4, 5. — : Manuel d'Archéologie romaine, art. «Ports». DAREMBERG et SAGLIO : Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, t. IV, flg. 5261. GAGNAT 2 — 94 — autres plus en arrière à 12 et 16 mètres 1. De plus, sous l'immeuble N°24 (ancien), une estacade perpendiculaire, sorte d'épi, se reliait à la digue. Mais il ne faut pas confondre ces ouvrages avec ceux du moyen âge qui supportaient l'enceinte de la ville. En effet, la muraille médiévale empruntait (à environ 13 mètres de la rue) le même tracé que nous avons aussi reconnu en 1917 sous le Terraillet. A partir de l'ancien N° 20 rue du Marché, l'alignement est moins visible, quelques piquets disséminés pourraient dessiner les pontons d'un petit port secondaire. Sous la maison Och, 2 rue du Marché, je n'ai plus vu de pilotis, seulement un amoncellement de gros blocs. Il en était de même sous les maisons Badan, rue de la Confédération 28, et Nos 10-12 de la même rue 2. Jusqu'à la fin du XIIIe siècle la grève occupait encore l'emplacement de la rue ; la maison de l'abbaye de Bonmont (maison Ramu, rue de la Confédération 32) est encore dite en 1273 « près de la rive du lac » 3. La grève aboutissait ainsi au bas de la Cité au débouché du pont du Rhône. * * * L'image d'ensemble des rives et du port peut se résumer ainsi. L'extrémité de la baie du lac suit une ligne en arrière de la rue des Eaux-Vives, passe devant la Salle de réunion de l'école des Eaux-Vives, puis s'infléchit pour former le golfe de Longemalle après avoir côtoyé les terrains marécageux du Pré-1'Evêque 4. Bien que des enrochements placés au large coupent les vagues, le vent du nord a nécessité des travaux de protection des berges. A partir de Rive une digue solidement établie entre des pieux défend la grève. Le port est signalé par des bâtiments généralement en bois, une statue colossale en marque l'entrée. Le môle d'abord simple se double vers la rue de la Croix-d'Or, une construction de pierre, une tour, un phare peutêtre, soulignent l'importance de ce quai, plusieurs pontons facilitent l'embarquement et le débarquement des marchandises, enfin se succèdent les trois principaux bassins du port à Longemalle, le premier plus spécialement destiné aux réparations des bateaux. En arrière une voie relie directement le port au forum. Puis la digue reprend et se prolonge en diminuant d'importance jusqu'au pont du Rhône. * * * Divers points méritent encore d'être étudiés de plus près: la nature des édifices dans le voisinage du port, et si le port de Longemalle était le seul de Genève. 1 MM. de Morsier et Weibel, architectes, m'ont très obligeamment communiqué un relevé des pilotis au Terraillet. 2 Renseignements communiqués par M. E. Cuénod, entrepreneur. 3 4 Regeste Genevois, n 0S 935, 1102 et 1133. M. Vial, architecte, nous a signalé qu'en construisant la Salle de réunion des Eaux-Vives, on avait trouvé sous le perron tout un embarcadère ou ponton avec traverses en chêne. — 95 — Nous avons remarqué que sous la Madeleine et le long de cette église une construction importante avait été découverte. Nous pouvons, toutes proportions gardées, comparer un port lacustre à un port maritime. Il devait y avoir des magasins pour les marchandises, des halles, des portiques abritant des boutiques, tout un quartier commerçant. On semble avoir toujours considéré la Genève antique à travers la Genève du moyen âge. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque romaine, pendant les deux premiers siècles de l'Empire, les constructions n'étaient pas uniquement localisées sur le haut de la colline, qu'au contraire elles couvraient le plateau des Tranchées et les rives du lac. Les nombreuses trouvailles d'antiquités dans le bas de la ville, de la Rôtisserie à la rue du Vieux-Collège, démontrent sans hésitation des établissements durables. On ne peut creuser le sous-sol dans cette région sans rencontrer des multitudes de fragments antiques, poteries, meules, poids, stucs. Un fait semble avoir échappé aux historiens. Lorsqu'en décembre 1910 on retrouva cette inscription antique: « A Maia, Quintus Servilius Severus a dédié aussi le temple et les portiques », inscription du IIe siècle, c'est qu'elle provenait d'un mur posé sur la base qualifiée de romaine par M. Reber l. Dans la rue du Purgatoire, près du même mur, on retrouva deux monnaies de bronze, l'une de l'empereur Maxence, d'Ostie, l'autre de Valentinien Ier, pièces d'époque tardive. Bien qu'on puisse nous faire l'objection que les matériaux antiques ont le plus souvent été transportés pour être utilisés ailleurs, nous pensons que cette inscription intacte et peu usée provient du lieu même du sanctuaire de Maia entouré de ses portiques. Les murs relevés seraient les derniers vestiges de cet édifice. Dans les récentes fouilles dans la Madeleine, nous avons noté de nombreux restes antiques 2. Outre l'inscription à l'édile T. Nonnius Januarius étudiée par M. W. Deonna, j'ai vu des fragments de colonne, de chapiteaux, de grandes tuiles à rebord 3. Les premiers sanctuaires chrétiens de la Madeleine n'auraient fait que succéder à un lieu de culte plus ancien placé près du port. M. Alfred Cartier a étudié il y a quelques années les inscriptions trouvées au Terraillet, dans le mur du moyen âge, près de la rive antique, entr'autres le cippe funéraire d'Aurelius Valens, directeur du bureau de perception de Genève pour la douane des Gaules 4. Ce monument nous donne la preuve que Genève était le siège d'un bureau important de la quadragesima Galliarum. Fait presque certain, ce bureau 1 A. CARTIER : « Inscription latine à la déesse Maia trouvée à Genève », Bulletin Soc. Hist. et Arch. Genève, t. III, p. 216 et suiv. — B. REBER, Jbid., t. III, p. 221. — M. Cartier parle d'un mur du moyen âge. 2 Maia était la mère de Mercure et son culte se confondait le plus souvent avec celui du dieu du commerce. 3 W. DEONNA : « Inscriptions romaines de Genève. Extr. de Pro Alesia, t. VIII, 1923, p. 7 et suiv. 4 A. CARTIER : « Inscriptions romaines trouvées à Genève en 1917 », dans Indic. Antiquités suisses, t. XX, p. 133. — 96 — devait être en relation soit avec le péage du pont sur le Rhône, soit avec le mouvement commercial du port. Il faudrait en déduire que non loin des bassins du port s'élevait le bâtiment de l'administration des douanes. On sait que cette disposition existait le long du Rhône aussi bien à Arles qu'à Lyon 1 . Les fouilles pour la construction de l'école enfantine de la Madeleine, en 1881, ont permis de recueillir aussi un certain nombre d'objets et principalement sept meules dont une complète, ainsi que des pieds d'urne en verre 2. Ces meules de petite dimension (en moyenne 0 m. 35 à 0 m. 40 de diamètre) servaient à moudre le grain; taillées dans des pierres du pays, gneiss, serpentine, quartzite, elles offrent la particularité de ne présenter aucune usure. Peut-être, comme le pensait Charles Morel, proviennent-elles d'un rhabilleur de meules plutôt que d'un meunier. Déjà à l'extrémité du port C près de la Madeleine on avait trouvé une partie de meule de grande dimension, environ 1 m. de diamètre. Toutes ces découvertes indiquent un quartier industriel. En 1906 en construisant la Salle Centrale, outre des fragments d'amphores vinaires, les ouvriers ont rempli plus de deux sacs de poids en terre cuite appelés aussi pierres à filet 3. Comme on en avait déjà trouvé une dizaine sous l'école, cette accumulation d'une même espèce d'objets est insolite. Bien que des pièces semblables aient pu être utilisées comme poids, ces pesons servaient surtout aux tisserands pour tendre les fils de chaîne de leurs métiers. Les deux formes de pyramide tronquée et de parallélipipède se rencontrent à Genève. Nous croyons donc ici qu'il y avait un atelier de tissage qui complétait le caractère industriel et commercial du quartier. Tout récemment encore, sous la rue de la Madeleine, nous avons mentionné des fragments de gros dolia de type gaulois, utilisés dans les fonderies4. M. Reber avait déjà trouvé des résidus de fonte métallique et des morceaux de graphite, provenant de creusets, près du port C, et nous-même avons récolté de ces mêmes dolia dans le port A avec deux creusets. Ces indices de forges s'expliquent fort bien près d'un port, soit pour des réparations, soit même pour la fabrication d'outils en métal. Tout près des installations du port, non loin de portiques et d'un sanctuaire, se groupaient des industries diverses: meuniers, tisserands, forgerons se mêlaient aux bateliers, aux marchands et aux fonctionnaires de la douane. * * 1 * A. CONSTANS : Arles antique, 1921, p. 212. H. GOSSE : Procès-verbaux Soc. Hist. et Arch. Genève, 10 février 1881 et notes dans les Archives archéologiques du Musée. — Ch. MOREL dans Mém. Soc. Hist. et Arch. Genève, t. XX, p. 453. 3 Renseignements de M. Weibel, architecte. — Journal Le Genevois, 20 janvier 1906. — Indic. Antiquités suisses, 1906, t. 8, p. 83. 4 Genava, t. III, «Chronique archéologique pour 1924», p. 71. 2 — 97 — Le port de Longemalle était-il le seul port de Genève ? Nous ne le croyons pas. Si la navigation sur le lac ne pouvait trouver de meilleur abri que la baie de Longemalle, la batellerie du Haut-Rhône devait avoir son port ailleurs, près de l'Ile à l'entrée du fleuve. Nous avons plusieurs raisons pour appuyer cette opinion. Non loin du pont et de l'Ile, où Charles Morel plaçait un sanctuaire antique, il faut chercher un emplacement où l'on pouvait tirer les bateaux sur la rive. Les trouvailles faites dans cette partie de la ville au cours des siècles et surtout pendant le dessèchement du lit du Rhône de 1884 à 1887 ont confirmé notre hypothèse 1 . En 1678 déjà, on recueillait dans le bras méridional du Rhône, un peu en dessous de la tour de l'Ile, l'autel avec base et couronnement, qui a trait au sujet qui nous intéresse plus particulièrement ici : « Au dieu Silvain, pour le salut de ses amis, les bateliers (ratiarii) du cours supérieur (du Rhône), Lucius Sanctius Marcus, citoyen helvète, a érigé ce monument et l'a dédié en accomplissement d'un vœu. Il en a fait les frais » 2. Dans le même bras du fleuve, en 1884, dans le lit du Rhône, on retira un autel à Neptune, à peu près en face de la Corraterie au milieu des pilotis, un autel anépigraphe, une tête de statue en marbre blanc, un fragment de frise, enfin dans le bras droit, utilisée dans un mur de quai, une stèle à figure humaine 3. Beaucoup d'autres objets en bronze et en fer, des époques préhistoriques aux époques modernes, disséminés entre des pilotis de tous les âges, sont venus compléter ces séries localisées dans le bras méridional du fleuve. Nous n'indiquons que pour mémoire les inscriptions et sculptures mises au jour dans la même région, à Bel-Air, car elles ont pu provenir d'ailleurs et avaient été noyées sous les fondations de l'immeuble des Trois Rois et de celui qui le touchait 4. Ce sont: une dédicace à Mercure, un cippe funéraire, enfin une frise moulurée. Le lit du Rhône n'a pas été partout approfondi, mais seulement égalisé, aussi dans la partie la plus importante au point de vue archéologique, près du pont, les investigations scientifiques sont restées incomplètes. Il n'est pas douteux que le port des bateliers du Rhône se trouvait près, mais en amont du pont, sur le bras gauche du fleuve. Le banc de sable de l'Ile, très réduit jusqu'au XVIe siècle, ne se prêtait pas à un abri sûr des bateaux. En-dessous du pont, du côté de Plainpalais, il n'y avait aucune construction, les eaux de l'Arve recouvraient constamment ces marais à l'aspect changeant. Jusqu'où pouvait s'étendre ce port à l'issue du lac ? En 1879, dans les fondations de l'immeuble N° 2 rue du Commerce, «les ouvriers ont mis à jour, à quatre mètres environ au-dessous 1 Th. TURRETTINI : Utilisation des forces motrices du Rhône. Rapport de H. Gosse, 1890, p. 223-227, qui indique toutes les trouvailles faites dans le Rhône. 2 E. DUNANT : Catalogue raisonné et illustré des séries gallo-romaines, 1909, n° XII. 3 Cf. note 1. E. DUNANT : op. cit., p. 39 et 175. — Indic. Antiquités suisses, 1897, p. 50-53. 5 Journal de Genève, 8 février 1879. — Indic. Antiquités suisses 1879, p. 917. 4 — 98 — du niveau de la rue, une double rangée de pilotis, qui présentent la plus grande analogie avec ceux des constructions lacustres et qui prouvent une fois de plus que le Rhône s'étendait autrefois jusqu'aux Rues Basses. Parmi les débris de constructions extraits du même endroit et qui paraissent remonter à des temps très divers on a retrouvé aussi une pierre de roche dure sculptée qui pourrait bien provenir de l'entablement d'un édifice de l'époque romaine » l. Cette pierre conservée au Musée est en effet une frise romaine ; elle était engagée sous le mur mitoyen de la maison Rossel. Sont-ce bien des pilotis de la période lacustre ? Les exemplaires déposés au Musée rappellent ceux de la rue de la Croix-d'Or et doivent être datés de l'époque romaine, comme les fragments récoltés tout auprès. Le niveau de quatre mètres, s'il n'est pas exagéré, doit se mesurer de la base des pilotis, car nous n'avons jamais vu des constructions dans cette région à une semblable profondeur. Bien que les renseignements sur cet ouvrage lacustre soient incomplets, ils nous permettent de placer là les restes d'une des digues du port. Les travaux pour la construction des immeubles du Passage des Lions n'ont pas mis à découvert la suite de cette estacade, qui peut-être se prolongeait perpendiculairement à la rive; seuls quelques pilotis isolés, sans dessin d'ensemble, ont été visibles sous les anciennes cours 2. Il faut donc situer le port un peu plus en amont de la rue du Commerce, à la Fusterie. Le courant du Rhône, très violent au moment des hautes eaux, a dû obliger les bateliers à chercher un emplacement plus éloigné du pont. Un état de fait vient confirmer cette proposition. Pendant tout le moyen âge, jusqu'à la fin du XV e siècle, s'étendait sur cette rive un port animé, appelé « rière les Meyrins », portu de Meyrins ou portu de Meyrinorum 3. La dénomination de ce port provient de la famille de Meyrin qui possédait une grande maison qu'elle avait fait construire au XIVe siècle à l'angle de la place de la Fusterie et de la rue actuelle de la Confédération 4. C'était le port au bois et les charpentiers avaient tout auprès leurs installations et leurs ateliers. On y travaillait non seulement le bois de charpente, mais aussi la fabrication des tonneaux. Avec l'accroissement du quartier du côté de l'eau, on abandonna peu à peu la partie du port sur le Rhône pour ne conserver que la Fusterie. Dès le XVIe siècle, le mot de Fusterie remplaça complètement celui de Meyrins. Nous pouvons, à ce propos, constater la survivance des habitudes et des traditions dans le commerce, à travers les âges. Les exploitations ont subsisté dans les mêmes localités, malgré des transformations fondamentales. Ainsi, le port de Longemalle, bien qu'ensablé et comblé, n'a jamais cessé d'être en usage jusqu'au début 1 2 3 4 E. DUNANT : op. cit., p. 171. Renseignements de MM. Peyrot et Bourrit, architectes. Registres du Conseil, publ. t. I, p. 10, 32. Archives d'Etat. Evêché Gr. R. I, reconnaissances de Marguerone fe. de Jean de Meyrins et de Jean de Meyrins en 1340 et 1343. — 99 — du XIXe siècle. Son dernier emplacement se trouvait à près de 200 mètres en avant des bassins primitifs antiques. Pour le port des Meyrins, la distance au moyen âge était bien plus courte ; en 1343, la maison de Jean de Meyrins est dite juxta portum ibidem existentem, donc à une trentaine de mètres des Rues Basses 1. Il existait encore d'autres ports pendant la période romaine, mais d'un usage secondaire. Le Molard, bien que cité en 1271, est une création de l'évêque Aymon du Quart en 1309, car il y fit établir des halles par la communauté de Genève 2. * * * Genève possédait donc deux ports principaux à l'époque gallo-romaine, deux ports qui avaient une activité distincte (fig. 4). D'un côté, celui de Longemalle(I), en rapport avec le trafic du lac, de l'autre celui des Meyrins (II), en relation avec la batellerie du Rhône. La plupart des villes avaient des ports différents, ainsi Arles et Lyon. La navigation sur le lac a toujours dû être intense et importante, elle 1 Ibid., ut supra. L. BLONDEL : «Notes d'archéologie genevoise», Bulletin Soc. Hist. et Arch. Genève, t. IV, p. 27 et suiv. 2 — 100 — n'a jamais cessé de l'être jusqu'au XIXe siècle. Le commerce des Alpes par le MontJoux, plus tard le Grand St.-Bernard, desservant le Valais, le pays des Nantuates, ainsi que tout le trafic provenant des Helvètes, devait se faire par voie d'eau, parce que plus facile et moins coûteux. Nous n'avons cependant pas encore eu la chance de découvrir à Genève une inscription mentionnant une confrérie des nautes du lac. On en connaît pour les nautes des lacs de Corne et de Garde. Mais cette trouvaille ne ferait que confirmer une institution qui a certainement existé. Par contre, la corporation des radeleurs du Haut-Rhône nous est révélée par l'autel à Silvain. Il semble tout d'abord étonnant qu'il y ait eu une utilisation pratique du Rhône pour la batellerie entre Lyon et Genève, quand on pense à son cours torrentueux et surtout à la « perte » près de Bellegarde. M. Lefebvre des Noettes a fait ressortir « que l'activité de la batellerie et des transports fluviaux dans l'antiquité ne provenait nullement de ce que le régime des cours d'eau offrait des facilités plus grandes que de nos jours, mais résultait de la pénurie des transports par terre »1. La batellerie sur le Rhône comprenait différents secteurs, desservis par des corporations de nautes indépendants 2. Arles recevait les transports maritimes ; la première étape fluviale, avec plusieurs escales, s'étendait de Arles à Lyon, en passant par Vienne. Lyon possédait au moins deux ports, l'un pour les bateliers du Rhône, l'autre pour ceux de la Saône, tous deux situés sur la Saône 3. De Lyon, grand centre de la navigation, le trafic se divisait. L'un, le plus important de beaucoup, remontait la Saône, l'autre utilisait le Haut-Rhône dans la direction de Genève. Mais, sur ce dernier tronçon, la circulation difficile était interrompue entre Seyssel (Condate) et Collonges-Fort de l'Ecluse par des obstacles insurmontables. Un transbordement des marchandises devenait nécessaire. Ces transbordements étaient fréquents dans l'antiquité, par exemple à Dijon, entre la Saône et la Seine, à Roanne entre la Loire et le Rhône 4. Si en aval Condate semble le point extrême pour la navigation, du côté de Genève nous pensons que bateaux ou radeaux s'arrêtaient au port de Villars-sous-Cluse, commune de Collonges. Ce port, qui servait aussi bien au passage d'un bac unissant les deux rives qu'aux nécessités de la circulation fluviale, est mentionné jusqu'au XVIe siècle. Il appartenait pour une part aux seigneurs de Livron ensuite d'une concession qui leur fut accordée par les sires de Gex vers 1323 5. En effet, les sires de Gex possédaient les rives du Rhône du côté de leur fief. En 1666, ce point est encore signalé comme lieu de passage du grand chemin de Genève à Lyon. Le transbordement par voie de terre comptait jusqu'à Seyssel environ 30 kilomètres. 1 2 3 4 Compte rendu dans la Revue des Etudes anciennes, 1924, p. 255. ALLMER et DISSARD : Inscriptions antiques du Musée de Lyon, t. 2, A. STEYERT : Nouvelle Histoire de Lyon, 1895, t. I, p. 279 et suiv. p. 464. Voir sur toutes ces questions de batellerie l'ouvrage d'ensemble de Louis navigation intérieure de la Gaule à l'époque romaine, 1913. 5 Soc. Hist. et Arch. Genève, Manuscrits Vidart, n° 15, p. 84, 125, 169. BONNARD : La — 101 — M. Louis Bonnard a fait remarquer qu'au moment de l'arrivée de César, en 58 av. J. G., les Helvètes tentèrent le passage du Rhône, non seulement avec des radeaux, « mais des bateaux reliés les uns aux autres (navibus junctis) ce qui implique l'existence d'une certaine utilisation nautique du fleuve dans la partie voisine du Léman »1. Après l'empire romain, cette utilisation ne fut point complètement abandonnée; nous savons qu'au moyen âge on se servait encore du Rhône pour transporter du matériel; ainsi en 1349 trois bateaux remontèrent par le fleuve, de Peney à Genève, les engins de guerre qui avaient servi au siège du château épiscopal 2. On a beaucoup discuté sur le terme de ratiarii, sur la qualification des entrepreneurs de transports par radeaux. Leur principale fonction était de convoyer des trains de bois, mais outre cela ils étaient passeurs de bacs et conduisaient de véritables barques sur les fleuves et les lacs. La confrérie de Genève avait sans doute ces diverses attributions qu'elle partageait avec ses confrères de l'Isère. Le commerce du bois et plus tard du vin ont fait pendant des siècles l'objet principal des échanges. Les forêts abattues dans la montagne, amenées par le lac à Genève, étaient transmises par le Rhône aux grandes cités de Lyon, Vienne, Arles 3. Le commerce du vin était de deux sortes. Le vin importé du Midi nous parvenait dans de grandes outres ou des amphores, puis il était conservé dans de vastes entrepôts et de là expédié vers l'est et le nord. Dès le milieu du 1er siècle, les vins indigènes firent à leur tour l'objet d'un échange actif 4. On sait qu'à côté des récipients en terre, les amphores dont on a retrouvé des lignées complètes dans les caves genevoises, les habitants de notre pays construisaient déjà des tonneaux. Pline rapporte que les habitants des Alpes renfermaient leur vin, non dans des vases de pierre comme les Romains, mais dans des vases de bois. (Circa Alpes ligneis vasis vinum condunt circulique cingunt.) Le vin d'importation restait donc enfermé dans les amphores, alors que le vin indigène se conservait dans des tonneaux. Comme au moyen âge, les entrepôts de vins occupaient principalement la rive en face du port au bois à la Fusterie, il est probable que dans l'antiquité il en était de même. La maison de Bonmont par exemple et ses voisines servaient à cet usage au XIIIe siècle. Nous devons nous représenter la répartition des marchandises et des denrées de la façon suivante: Tout le commerce de transit, principalement celui du bois, ainsi que les vins, venait aborder au port près de l'Ile à la Fusterie, les bateliers du Rhône le transbordaient sur leurs radeaux ou leurs bateaux plats pour le descendre au gré des eaux du fleuve, par contre, le commerce local ou à destination de la région 1 2 3 4 Louis BONNARD : op. cit., p. 64. Mém. Soc. Hist. et Arch., Genève, t. XVIII, p. 291. ALLMER et TERREBASSE : Inscriptions de Vienne, t. II, p. 405. Raoul MONTANDON : Le commerce des vins dans la Genève gallo-romaine et l'origine de notre vignoble. Genève, 1921. — 102 — voisine, les grains, les produits de toutes sortes se déchargeaient au port de Longemalle. Les nautes du Rhône invoquaient Silvain comme leur protecteur; nous ignorons la divinité tutélaire des nautes du lac. Peut-être la statue érigée sur le môle du port représentait-elle un de leurs génies vigilants ? Après plusieurs siècles d'oubli, le problème de la navigation se pose à nouveau, et notre pays ne peut plus méconnaître la valeur commerciale de ses voies lacustres et fluviales. Lentement, nous apprenons les leçons du passé. De même qu'au large, les eaux du lac ont conservé la civilisation des hommes des âges de la pierre et du bronze, le sable des grèves, poussé par la vague, a enfoui les secrets des mariniers romains avec les établissements de leurs ports. * * * Annexe. — Objets trouvés dans le port romain en 1924. Mentionnons en premier lieu des morceaux intéressants de poterie sigillée, provenant du sud de la France, principalement de la Graufesenque ; plusieurs fragments d'un vase de forme 29, identiques par leur décor à ceux du potier MOMMO1; 4 fragments de vase de forme 29, décor de cerfs bondissants dans des compartiments en demi-cercles; 2 fragments de vase forme 29 avec des feuillages, sur la frise des flèches imbriquées entre des rinceaux, probablement de la Graufesenque; 3 fragments de vase forme 30, figure de Minerve debout tournée à gauche tenant son bouclier rond, entre des compartiments avec ornements cruciformes, les compartiments sont remplis par des fleurons en éventail, type de la Graufesenque ; 4 fragments de frises de vases forme 29 avec rinceaux; 4 fragments, parties inférieures de vases forme 29, avec de petits médaillons entourant un lièvre, un canard, un lion; 2 fragments de bords supérieurs de vases forme 29, l'un avec des rinceaux, l'autre avec un dauphin ; 1 fragment, base de vase, forme 29, avec feuilles et glands ; 2 fragments de base d'un vase avec feuillages imbriqués, assez grossier; 1 fragment de petit vase avec décor de rosaces à doubles cercles concentriques, le plus grand perlé, peut-être de Lezoux; Outre ces pièces, il a été récolté plus de 150 fragments de poterie semblable provenant de petits vases, plats, bols, etc., sans décor ou avec simple moulure; une dizaine de pièces de poterie avec imitation de vernis rouge et orangé; une douzaine de pesons coniques brisés; une multitude de poteries ordinaires rougeâtres ou rosées, sans couverte vernissée, dont une jatte avec déversoir et une anse moulurée. Les signatures suivantes ont été trouvées sur des poteries sigillées non décorées : 1 J DECHELETTE : Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, 1904, t. I, p. 98, fig. 65. — 103 — AEI avec palmette verticale, pour CNEIVS ATEIVS, intérieur d'un fond de gobelet évasé. SCOTI pour SCOTIVS , intérieur du fond de coupe. OFIC BILICI , pour OFICINA BILICI , intérieur d'assiette. VCAR ? incertain, pour VICARI, intérieur de fond de coupe. ... ANTI incomplet, intérieur fond de coupe à couverte orangée peu solide. Graffite W sur le même vase. . . . . VLO incomplet sur fond de plat. SECUN.. incertain pour SECVNDVS , fond intérieur de coupe à couverte orangée. VAPVS très lisible, sur fond de coupe. . . M . . ND pour AMANDVS ? incomplet sur fond de coupe. JVLLINI ou SVLLINI intérieur fond de coupe. 3 fragments OF . PRM , incomplet, PRMI et OPRM , pour OFFICINA PRIMI , sur fonds de vases. ... ANVS incomplet sur fond d'assiette. MACER sur fond de coupe. ..vo incomplet, presque illisible. DIOR . F incomplet pour DIOR FECIT ? petit fragment. .. AVLVSM incomplet, pour PAVLVS M ? sur fond intérieur coupe. G incomplet sur fond d'assiette. IVLOFI pour JVLII OFICINA , intérieur fond de coupe. La plupart de ces marques datent du 1er siècle et se rattachent probablement aux manufactures du midi de la France. Les vases de CNEIUS ATEIVS sont contemporains d'Auguste et fréquents dans la Narbonnaise. Il nous reste à énumérer les poteries peintes, noires ou grises. 3 fragments de poterie peinte à tradition gauloise. L'un de ceux-ci en terre rougeâtre très fine offre une bande blanche recouverte de petits traits verticaux noirs dessinant des carrés entre deux zones, l'une noire, l'autre rouge, avec traits verticaux noirs; 3 fragments de vases à engobe blanc et noir semblables à ceux trouvés à la Tour-de-Boël 1. Les débris de vases à pâte grise, noire ou blanchâtre, se sont trouvés nombreux. Quelques-uns sont nettement gaulois avec ornement ondulé. Un tesson avec pâte de grains schisteux, mal cuit, a un rinceau profondément dessiné au peigne. Dans cette même catégorie rentrent des fragments de très gros vases noirâtres aux parois épaisses, au col légèrement évasé avec ornementation de petits traits horizontaux ou verticaux sur la panse arrondie. Leur diamètre d'ouverture est d'environ 22 centimètres, d'autres encore plus volumineux, avec parois de 12 à 15 millimètres à rebord 1 Genava, t. II, p. 85. — 104 — plat, ont des ouvertures allant jusqu'à 35 centimètres. Ce sont des dolia à panse sphérique, semblables à celles trouvées au Mont Beuvray dans les ateliers de forge 1. Les vases de grande dimension sont représentés presqu'exclusivement par ces dolia, les débris d'amphores vinaires ou pour l'huile ont été très peu nombreux. Deux creusets complètent ces séries et montrent l'existence de fondeurs près du port. Les objets métalliques se sont trouvés si peu nombreux que nous n'avons recueilli qu'un amas de gros clous non loin de la pierre circulaire, l'humidité du sol a dû tout détruire. Une monnaie avec le crocodile de la Colonia Nemausus, soit Nîmes. Quelques très petits débris de vases en verre. 1 J.-G. BULLIOT : Fouilles du Mont Beuvray, 1899, Album, pl. XXIX. SCULPTURES ANTIQUES RÉGEMMENT ACQUISES PAR LE MUSÉE DE GENÈVE W. DEONNA. I 10923. - Buste d'homme barbu 1 (fig. 1), trouvé en 1922 à Vonitza (Acarnanie). La chevelure forme des mèches régulières, dont deux se détachent symétriquement sur le haut du front, selon une mode qui paraît dès le début du IV e siècle avant J.-C. sur des têtes masculines et féminines 2 pour rompre l'uniformité de la masse capillaire et établir une transition entre elle et le front. Les poils de la moustache, de la barbe, tombent en mèches à peine bouclées. Le nez est cassé. Les yeux étaient rapportés dans l'orbite creuse. La poitrine est couverte d'un chiton, et l'épaule d'un himation. L'arrangement de la chevelure et de la barbe, l'expression du visage d'une majesté grave, que devait renforcer l'éclat du regard, évoquent l'idée non d'un mortel, mais d'un dieu. Parmi les divinités barbues, ce type ne correspond pas à ceux d'Asklépios ou de Poséidon, et l'on ne saurait hésiter qu'entre trois dieux voisins, Zeus, Sérapis, Hadès, tels que les conçoit l'idéal du IVe siècle, époque à laquelle ramène le style de cette sculpture. Ce n'est pas Zeus, auquel le IVe siècle, modifiant quelque peu la création de Phidias, donne de belles boucles profondément refouillées, savamment ordonnées, une barbe bien peignée et nettement divisée en deux moitiés 1 Haut. 0,58; N° d'inventaire 10923. Hadès, Pages d'Art, 1924, p. 59-60, pl. Têtes féminines: COLLIGNON, Monuments Piot, II, p. 157 sq. ; REINACH, Recueil de têtes anti ques, pl. 138,139, p. 107, 108, pl. 190; Têtes masculines: Eubouleus, Apollon du British Muséum, ibid., pl. 242, etc. 2 — 106 — symétriques, une expression à la fois majestueuse et douce l. Ce n'est pas non plus Sérapis, puisqu'il manque un modius et que le haut de la tête n'en révèle aucune trace. Ce ne peut être qu'Hadès, proche parent des deux dieux précédents, puisque Sérapis est un compromis entre le type de Zeus et celui d'Hadès 2. C'est à lui que convient cette chevelure un peu négligée, cette barbe un peu inculte, cette expression un peu sombre et morose. L'arrangement de la draperie, le pli du chiton sur le cou, le pli de l'himation tombant verticalement de l'épaule gauche, sont des détails que l'on retrouve dans les statues les plus certaines d'Hadès, par exemple celle de la Villa Borghèse 3, comme aussi dans celles de Sérapis. Les images d'Hadès, qui se confond facilement avec Zeus et Sérapis, sont rares et incertaines; il n'est donc pas sans intérêt d'en signaler une nouvelle. Le buste convient bien au dieu chthonien, puisqu'il est sans doute inspiré du désir de représenter les divinités souterraines surgissant de terre, telle Ghé, puisque les plus anciens bustes sont ceux de dieux chthoniens, Déméter, Coré, Dionysos, puisque, de tout temps, le buste a conservé ses relations funéraires 4. Les caractères de style de cette tête ramènent à la deuxième moitié du IV e siècle avant notre ère. Mais est-ce un original, ou une copie romaine ? A-t-on, à cette époque, copié en buste la partie supérieure d'une statue entière représentant Hadès debout ou trônant ? M. Bienkowski, à qui nous nous sommes adressé, a bien voulu nous donner son opinion. Certains détails de ce marbre lui font croire que le proto1 Ex. Zeus d'Otricoli, Vatican. COLLIGNON, Hist. de la sculpture grecque, II, p. 364; REINACH, Recueil de têtes, pl. 195, p. 155, Jupiter Verospl. 2 ROSCHER , Lexikon, s v. Hades, p. 1803; Dict. des ant., s. v. Sérapis. 3 Dict. des ant., s. v. Pluto, p. 517, fig. 5716; ROSCHER , s. v. Hades, p. 1803; REINACH, Répert. de la statuaire, II, p. 19, 3; cf. aussi 4. 4 Sur ce sujet, Rev. arch., 1919, IX, p. 114 sq. — 107 — type grec avait déjà la forme du buste-hermès, c'est-à-dire de la partie supérieure détachée d'un hermès, tel qu'il est en usage au IVe siècle. Il se peut que les lignes latérales de notre buste, malheureusement brisées, n'étaient pas incurvées, mais verticales, comme c'est le cas dans le buste-hermès proprement dit 1, dont les dimensions sont aussi à peu près les mêmes que celles du buste flavien. Le marbre est évidé par derrière, ce qui est romain, mais au revers le support et les parois de la poitrine sont encore épais, comme s'ils conservaient un souvenir de Thermes grec qui était plein. A l'époque grecque, le buste est celui de Thermes, celui des images funéraires placées dans des niches 2, et montre les épaules et la poitrine; plein, il est coupé net à la hauteur des seins, sans support ni mouluration inférieure. Ce n'est pas l'aspect qu'il présente ici; coupé au-dessous des seins, il décrit un faible arc de cercle à sa partie inférieure; il montre par devant une petite mouluration formant support et transition avec le socle disparu; il est évidé par derrière 3, et les épaules sont indiquées. C'est une des formes romaines dont M. Bienkowski a étudié l'évolution 4 et qui date de l'époque flavienne 5, où nait la mode du buste à épaules avec indication de la naissance du deltoïde, mais sans l'aisselle. Notre marbre est donc une copie romaine de l'époque flavienne, d'après un hermès grec de la seconde moitié du IVe siècle. II 11642. — Cette belle tête en marbre veiné de bleu, de dimensions colossales 6, a été acquise en 1924 et sortirait, dit le vendeur, d'une collection privée de Sicile; on ne saurait cependant accepter cette assertion sans réserve et sa provenance demeure inconnue (fig. 2-3). Elle se prolonge par une base rectangulaire, coupée au-dessus des pectoraux et à la naissance des épaules. Ce n'est pas un buste proprement dit, bien que le bustehermès, d'où dérive le buste hellénistique 7, soit connu dès le IVe siècle, mais plutôt la partie supérieure d'un hermès, que nous replacerons au sommet de son pilier disparu 8. 1 BIENKOWSKI, op. l, fig. 1-4; Rev. arch., 1895, II, p. 294, fig. 1-4. Collignon, Les statues funéraires, p. 301 sq. Sur cette forme, BIENKOWSKI , Académie des Sciences, Cracovie, XXIV, 1895, p. 148-152. 4 Ibid., p. 127 sq; Rev. arch., 1895, II, p. 214, 293; CAGNAT-CHAPOT, Manuel d'arch. romaine, I, 1917, p. 478 sq. ; REINACH, Chroniques d'Orient, II, p. 411. 5 BIENKOWSKI , op. L, pl. I, N° 7-8, Rev. arch., 1895, II, p. 294, fig. 7-8. 6 Haut, avec le socle 0,45 ; de la tête seule, du sommet du crâne à l'extrémité do la barbe, 0,40. 7 BIENKOWSKI , Rev. arch., 1895, II, p. 293 sq 8 Le travail sommaire du revers indique que ce monument devait être appuyé contre une paroi. 2 3 — 108 — C'est une copie romaine du 1 er siècle de notre ère, d'après un original grec du IVe siècle avant J.-G. La chevelure l'atteste. Ces boucles courtes, rejetées en arrière, dégageant le front en demi-cercle, si elles trouvent, il est vrai, quelques antécédents dans la plastique du Ve siècle 1, deviennent à la mode au IVe siècle 2 et sont portées par Héraklès, des athlètes, des hommes barbus3. Mausole, Alexandre, adoptent aussi cette coiffure et rejettent en arrière leurs cheveux, composant, il FIG. 2-3. — 11642. Tête masculine. Portrait d'un Grec inconnu. IVe s. av. J.-C. 1 REINACH, Recueil de têtes antiques, pl. 65, p. 52 (Héraklès myronien), pl. 66, p. 53 (Marsyas de Myron); pl. 35 (athlète du Louvre), le Verseur d'huile de Dresde, Pan polyclétéen, Bulle, Der schone Mensch, pl. 121. 2 SITTL , Wurzburger Antike, p. 16; Rom. Mitt., 1891, p 241, 243. REINACH , Recueil de têtes, pl. 148-9; Héraklès d'Aequum, au Louvre, pl. 154; Méléagre du Vatican, pl. 155; Héraklès au peuplier, British Muséum, COLLIGNON, Hist. de la sculpture grecque, II, p. 240, fig. 120; Rom. Mitt., 1889, p. 189 sq. ; tête d'athlète, Ny-Carlsberg, REINACH, pl. 150; Pan, pl. 61; tête barbue du Mausolée, COLLIGNON , Hist. de la sculpture grecque, II, p. 334; fig. 169; 3 id., Les Statues funéraires, p. 261, fig. 169; Héraklès de Vienne, Bulle, Der schone Mensch, p. 147; éphèbe de la stèle de l’Ilissos, COLLIGNON, Les statues funéraires, p. 149, fig. 82, etc. — 109 — est vrai, des mèches longues et non de courtes boucles. Et les dieux, Zeus, Asklépios 1, subissent la contagion. Est-ce un héritage du Ve siècle ou la renaissance d'une vieille mode ionienne dont la sculpture et la peinture de vases donnent tant d'exemples au VIe siècle, et que rappelle la récente pratique masculine 2 ? C'est encore ainsi, en désordre et non avec le soin du IVe siècle, que se coifferont plus tard les Gaulois, les Satyres hellénistiques. Le traitement pittoresque des cheveux et de la barbe, par grandes masses qui cherchent à accrocher la lumière et les ombres, et à s'opposer aux plans lisses du visage, la forte saillie de l'arcade sourcilière, l'enfoncement de l'œil dans l'orbite, les creux et les bosses du front, sont autant de traits bien connus de l'art grec au IV e siècle. Les têtes attribuées à Scopas et à ses disciples (Héraklès juvénile, Méléagre, stèle de Ilissos, etc.). montrent surtout cette coiffure, et c'est aussi avec le style de cet artiste que notre marbre offre le plus d'analogies. On y retrouve le modelé très tourmenté du front et de l'œil ; on croit percevoir sur le visage une expression inquiète, même un peu douloureuse, qui rappelle le pathétique inauguré par Scopas. C'est celle des hommes barbus sur plusieurs stèles attiques du IV e siècle, qui, tout en gardant une noble retenue, ont perdu la sérénité de leurs ancêtres du V e siècle. Il est, notre personnage, proche parent du père qui regarde pensivement son fils défunt sur la stèle de l'Ilissos, de l'époux qui donne à Korallion la dernière poignée de main 3, de l'hoplite qui prend congé de son père, sur la stèle de Proklès et de Prokléidès 4. Nous placerons donc dans la seconde moitié du e IV siècle l'original dont dérive le marbre de Genève. Ce n'est toutefois pas une image impersonnelle ; c'est un portrait dont le caractère très individuel frappe à première vue. Le visage reflète une vive intelligence, celle de l'homme adonné aux recherches de l'esprit; pensif, de face, il devient austère, dur même, vu de profil. On sent là une énergie sûre d'elle-même, une volonté arrêtée, habituée à commander, et ce ne sont là pas tant les qualités d'un littérateur ou d'un philosophe, que d'un homme d'action. 1 2 3 4 Asklépios de Milo, British Muséum, REINACH, pl. 195, etc. DEONNA, «Coiffure ionienne et coiffure masculine actuelle». Vers l'Unité, Genève, I,p.96sq. III. COLLIGNON , Scopas et Praxitèle, fig. 30. Id., Les statues funéraires, p. 152, fig. 85. — 110 — Son nom nous échappe. Nous ne connaissons aucune réplique; tout au plus peut-on rapprocher quelques têtes que M. Poulsen, dont la compétence en iconographie antique est bien connue, veut bien nous signaler: tête d'un hermès du Musée du Louvre appelé à tort Théocrite 1 (fig. 4), tête d'une statue de la Glyptothèque NyCarlsberg 2. III 11358. — Cette tête (fig. 5), dont le revers manque, est détachée d'une statue ou d'un buste en haut-relief : la pierre, très dure, est grise, à gros grains. Elle a été trouvée près d'Alexandrie d'Egypte. Haut. 0.24; de la racine des cheveux au menton 0.15. C'est un Romain, imberbe, dont la chevelure ramenée en mèches sur le front est fréquente au premier siècle de notre ère. La sculpture est de facture banale, mais elle présente peut-être une particularité curieuse. Ce visage est inerte, les lèvres minces n'ont pas d'épaisseur et sont serrées l'une contre l'autre, et de longues rides sillonnent les joues. Ce ne sont pas les marques de la vieillesse, car le masque est celui d'un homme encore jeune et le front n'a aucune ride. Ne seraientce pas plutôt les apparences de la mort, qui creuse les chairs, pince le nez et la bouche? Assurément l'absence du nez, dont il ne reste plus que les trous des narines, contribue à cette impression funèbre, et peut-être ne s'agit-il que d'une illusion d'optique accentuée par la mutilation et par la grossièreté de la matière. Toutefois, le sculpteur se serait-il servi d'un moulage pris sur le cadavre, dont il aurait ouvert les yeux 3 ? 1 Louvre N°227, BERNOUILLI, Griechische Ikonographie, II, p. 144; ancienne collection Campana. 2 3 GIRAUDON, photogr. 1229, N° 496. Ny-Carlsberg Glyptotek. Antike Kunstvaerker, 1907, pl. XXXVII, N° 496. Moulage sur le cadavre, DEONNA, L'Archéologie, III, p. 298, 379; Moulages de Vart antique au Musée Rath, Genève, 1922, p. 16 sq. LES SCULPTURES CHRETIENNES DECOUVERTES A St-GERMAIN J. P. KIR S C H , Prof, à l'Université de Fribourg. patrimoine de la Suisse en fait d'anciens monuments chrétiens s'est accru d'une façon considérable dans le courant des dernières années. La crypte avec l'arcosolium de Saint-Maurice dans l'antique abbaye d'Agaune en Valais 1, la piscine primitive pour l'administration du baptême d'adultes dans le baptistère si intéressant de Riva San Vitale au Tessin 2, les sculptures symboliques découvertes dans le sol de l'église Saint-Germain à Genève, constituent la partie la plus importante de cet enrichissement réjouissant. On peut dire sans exagération qu'il s'agit dans ces trois cas de monuments de premier ordre, non seulement pour la Suisse en particulier, mais pour l'archéologie chrétienne en général. Les sculptures des débuts de l'art chrétien sorties du sol de Saint-Germain ont été publiées et examinées dans une étude excellente de M. Louis Blondel 3. Si nous nous permettons d'y revenir, c'est plutôt dans le but de souligner l'importance de ces restes d'un ancien monument chrétien, qui sont les sculptures chrétiennes les plus anciennes et en même temps les découvertes les plus intéressantes faites jusqu'ici sur le sol de la Suisse. Le seul monument de nos régions avec qui on peut les comparer, est le fragment avec la figure du Bon Pasteur de Saint-Maurice 4. Or, une étude comparative, même superficielle, suffit pour constater la grande supériorité artistique et, en même temps, la priorité chronologique des bas-reliefs de Genève. Nous voulons donc étudier ces sculptures, après en avoir donné une courte description générale, dans leurs rapE 1 M. PEISSARD : La découverte du tombeau de Saint Maurice, martyr d'Agaune, à St-Maurice en Valais. St-Maurice, 1922. 2 Davide SESTI : Il Baltistero di Riva San Vitale, dans Pagine Nostre, Rivista svizzera di coltura italiana, IV (1924), p. 817-823. 3 Mélanges publiés par la Société auxiliaire du Musée de Genève, 1922, p. 67-85. 4 Chan. P. BOURBAN : Etude sur un Bon Pasteur et un Ambon. Fribourg, 1894. — 112 — ports avec les monuments chrétiens semblables, pour en fixer le caractère, pour déterminer autant que possible l'époque à laquelle ils appartiennent, et pour en relever les particularités qui leur assurent une valeur spéciale. Les sculptures furent signalées d'abord par M. W. Deonna 1 et étudiées plus tard dans un article spécial, déjà cité, par M. L. Blondel. Celui-ci décrit d'une façon détaillée la découverte des fragments au cours des fouilles exécutées, en FIG. 1. — Musée de Genève. Collections lapidaires, nos 4738, 4739. 1906 et 1907, dans le sol de l'église Saint-Germain, sous la direction de M. Cam. Martin, à l'occasion de la restauration complète de cet édifice religieux, après l'incendie de 1904. Les fragments avaient été utilisés comme matériel de construction et noyés dans la maçonnerie d'un petit mur très peu élevé et peu profond qui fermait la première chapelle à gauche en entrant dans l'église actuelle. Ils se trouvent au Musée d'Art et d'Histoire, au nombre de sept (n° 4733 à 4739), plus un reste de moulure. Voici les sculptures qui y sont conservées 2: 1 2 W. DEONNA : Nos Anciens et leurs œuvres (Genève, 1915), p. 91-93. L. BLONDEL : op. l., p. 72-73. — 113 — 1. Une belle frise décorée d'ornements à palmettes, tournées alternativement dans un autre sens et encadrées par une moulure (n°s 4733 à 4735). C'est un motif fort beau et fort bien exécuté; les feuilles sont en relief profond et très naturel. 2. Une rangée d'agneaux, se dirigeant vers une grande croix décorée de gemmes et placée au milieu du groupe (fig. 1). Un fragment (n° 4739) montre la croix légèrement pattée à l'extrémité du bras supérieur, avec deux museaux d'agneaux conservés près de la rupture à droite et à gauche. Un autre fragment (n° 4738) forme un angle du monument, d'un côté, devant, on voit un agneau, dont la tête manque, marchant vers la droite, et derrière lui un palmier; l'autre côté montre l'arrière-train d'un agneau semblable, accompagné également d'un palmier, et se dirigeant en sens inverse. 3. Une rangée de cerfs (fig. 2), dont deux sont conservés (n° 4736) ; ils marchent aussi vers la droite, comme l'agneau sur la face du fragment 4738, et ils passent devant des arbres à longues branches; sous le ventre du premier cerf à droite, le sculpteur a indiqué la partie inférieure d'un sapin. A la même série appartient un fragment du côté droit du monument (n° 4737), sur lequel est conservée la moitié d'un arbre semblable à ceux qui accompagnent les cerfs (fig. 2) ; le reste de la pierre n'étant pas travaillé, il semble que cette partie était engagée dans quelque construction. 4. Fragment d'une base avec des moulures d'un goût classique. Pour le monument, on a utilisé un calcaire dur de couleur blanchâtre, comme pour bien des sculptures romaines de la Suisse occidentale. * * * Comme l'a bien montré M. L. Blondel, nous ne pouvons pas supposer que ces restes proviennent d'un bas-relief à une seule face sculptée et encastrée dans un mur; les fragments prouvent que nous avons affaire à un monument faisant saillie, en forme d'un cube oblong, dont trois faces étaient visibles et décorées. La reconstruction proposée par cet auteur (fig. 3) 1 donne une idée exacte de la forme primitive. Ses trois faces étaient ornées de sculptures formant quatre zones: en haut, la belle frise à palmettes, qui se continuait sur les faces latérales à droite et à gauche, comme le font voir les deux angles conservés; au-dessous, le sujet principal, représentant dans une zone supérieure au milieu la croix, vers laquelle s'avancent en procession des agneaux à droite et à gauche, et dans une zone inférieure, les cerfs, dans un ordre et une attitude semblables, marchant eux aussi vers un motif central qui n'est pas conservé. Sur les faces latérales, ce sujet continuait, mais les animaux, comme on peut juger par le fragment avec les agneaux formant angle du côté gauche, tournaient le dos à la scène de la face principale. En bas, une quatrième zone formant la base du monument, d'une hauteur correspondante à la frise de cou1 L. BLONDEL : op. l, p. 83, fig. 3. — 115 — ronnement, était décorée de moulures d'un goût romain prononcé, comme nous les trouvons régulièrement dans des sculptures semblables. Sur les faces latérales, la dernière partie de la surface n'était pas décorée; la bordure finale est nettement marquée, même par des restes de couleur. L'extrémité du monument était donc engagée dans quelque construction. * * * Pour l'examen artistique et archéologique des sculptures, nous devons chercher des analogies surtout dans les provinces gauloises du sud-est de la France, avec lesquelles Genève — vicus de la cité des Allobroges, avec Vienne comme métropole, avant de devenir elle-même chef-lieu de la civitas Genavensium — avait ses relations FIG . 3. — Reconstitution de l'autel de Saint-Germain, par M. L. Blondel. naturelles. Par Vienne, Genève était reliée au mouvement intellectuel, religieux et artistique des provinces de la vallée du Rhône inférieur. Parmi les monuments chrétiens conservés dans ces régions, nous trouvons une précieuse table d'autel à Marseille, sur les côtés de laquelle les décorations présentent un symbolisme semblable à celui qui est représenté par nos bas-reliefs. On y voit, en effet, sur les deux tranches principales, tournées vers le clergé dans l'abside et vers le peuple dans la nef, les images symboliques du Christ et des apôtres. C'est d'un côté l'agneau divin au centre, debout sur la montagne d'où s'échappent les quatre fleuves symboliques, au milieu de douze brebis, six de chaque côté; de l'autre côté, le monogramme constantinien du Christ, placé entre douze colombes 1. L'élément représenté dans les bas-reliefs de Genève par les cerfs est donc remplacé ici par les colombes; le monogramme du 1 LE BLANT : Les sarcophages chrétiens de la Gaule (Paris, 1886), pl. X, n°s 2, 3, 4. — 116 — Christ tient la place de la croix monumentale qui domine au centre de nos sculptures. Les faces latérales sont décorées de vases, de rinceaux avec des colombes. Une inscription grecque gravée sur la face principale dit que l'autel fut dédié par Kal (linikos ?) pour accomplir son vœu et celui de toute sa maison 1. La forme du monogramme, accompagné des lettres grecques A et Ω, le style et la composition, me font attribuer cet autel au commencement du V e siècle. Le groupe de deux cerfs qui s'approchent des fleuves allégoriques pour y boire est conservé sur le couvercle d'un sarcophage du Musée de Marseille, provenant de la crypte de Saint-Victor 2. Au milieu du couvercle, deux génies soutiennent une tessère, sur laquelle l'inscription manque. La tessère est surmontée du monogramme du Christ, entouré d'une couronne et accosté des lettres A et Ω. Sur la gauche, la montagne mystique, des flancs de laquelle s'échappent les quatre fleuves; l'agneau divin est debout sur la montagne, entre deux palmiers; deux cerfs boivent l'eau des FIG . 4. — Sarcophage chrétien de Marseille. fleuves ; derrière eux des arbres indiquent le paysage. Notons que sur la droite, fort mutilée, nous voyons le miracle de Cana (le Christ touchant l'une des trois urnes remplies d'eau) et deux Israélites portant la grappe de la terre promise. Ces représentations, qui symbolisent les biens surnaturels du christianisme, avec des allusions aux sacrements du baptême et de l'eucharistie, s'harmonisent très bien avec le sujet représenté sur la face principale : le Christ, debout sur la montagne d'où sortent encore les quatre fleuves, donne la loi à saint Pierre, caractérisé par une longue croix qu'il porte sur l'épaule; de l'autre côté du Christ se trouve saint Paul, et les dix autres apôtres sont répartis sous les six arcades à droite et à gauche. Cependant l'analogie la plus grande avec les sculptures de Saint-Germain nous est fournie par un monument aujourd'hui disparu (fig. 4). C'était un sarcophage déposé autrefois dans le vestibule de Saint-Victor à Marseille, dont un dessin est conservé dans les papiers de Peiresc à la Bibliothèque Nationale à Paris 3. Sur la face princi1 : Inscriptions chrétiennes de la Gaule, t. II (Paris, 1856), p. 303, n° 547. Id. : Les sarcophages chrétiens de la Gaule, pl. XII, fig. 4, p. 38-40. 3 Ibid., p. 361, n° 50, avec reproduction du dessin de Peiresc. 2 LE BLANT — 117 — pale du marbre on voyait au centre la montagne avec les quatre fleuves. L'agneau divin se tenait debout sur la montagne et deux grands cerfs se désaltéraient dans l'eau des fleuves. Quatre palmiers, deux de chaque côté, formaient le fond de la scène. A droite de celle-ci était représentée la multiplication miraculeuse des pains, à gauche le miracle de Cana. Sur le couvercle, le centre était occupé par le monogramme constantinien du Christ, entouré d'une couronne, comme on le voit si souvent sur les monuments du IVe et du commencement du Ve siècle. Six agneaux, trois de chaque côté, se dirigeaient vers le signe glorieux du Christ ; ils sortaient des portes de deux villes, indiquées aux extrémités de la composition, tout comme nous le voyons si souvent sur les mosaïques de Rome et de Ravenne et aussi sur quelques bas-reliefs de sarcophages. Sur ce monument perdu, nous trouvons donc tous les éléments de la composition des sculptures de SaintGermain, et disposés d'une façon toute semblable. Le monogramme prend la place de la croix; la signification reste absolument la même. Et l'artiste qui a exécuté nos bas-reliefs de Saint-Germain a conservé l'unité artistique de la composition, en se tenant exclusivement aux groupes des agneaux et des cerfs, accostés au groupe central, dans lequel domine la croix ornée de pierres précieuses. La composition de nos sculptures est donc originale. L'auteur a connu et utilisé les différents éléments d'un usage général dans l'art chrétien du IVe au VIe siècle, pendant l'époque romaine occidentale, tel qu'il s'était formé sous l'empire romain chrétien. L'artiste a choisi les éléments qu'il a jugés à propos pour son œuvre, il les a groupés avec beaucoup de goût sur les différentes faces du monument qu'il avait à décorer, en les encadrant d'une frise et d'une base d'inspiration antique qui sont en harmonie avec l'ensemble des décorations. Nous pouvons reconnaître dans nos sculptures l'œuvre d'un artiste qui a travaillé sur place à Genève même. La qualité de la pierre employée pour le monument et l'exécution technique et artistique le font croire. Il y avait donc à Genève des ateliers de sculpteurs chrétiens à l'époque où les habitants de la cité, dans leur majorité, avaient embrassé le christianisme, avant l'occupation burgonde. * * * Nous n'ajouterons que quelques indications générales sur les différents sujets de la composition. M. L. Blondel a réuni et indiqué, dans l'article cité, un grand nombre de monuments divers, pour l'illustration des bas-reliefs. Il suffit donc de tracer en peu de mots le développement des différents sujets représentés, qui a abouti à la composition de nos sculptures. La croix, comme symbole du triomphe et de la gloire de Jésus-Christ, vainqueur de la mort, apparaît sur les monuments à partir du IVe siècle 1. La victoire du christianisme et sa position nouvelle vis-à-vis de l'Empire 1 G. SCHÖNERMARK : Der Kruzifixus in der bildenden JERPHANION : : « La représentation de la croix et du crucifix Kunst. Strasbourg, 1908. — G. DE aux origines de l'art chrétien», dans Etudes publiées par les Pères de la Compagnie de Jésus, t. CLXXIV (1923), p. 26-51. — 118 — romain à partir de Constantin le Grand devaient naturellement exercer une influence considérable sur le développement de l'art. Deux causes principales se faisaient sentir dans cette évolution: d'un côté, les idées de la victoire du christianisme et du Christ sui le monde païen créaient des sujets nouveaux ou modifiaient en partie le sens de représentations plus anciennes; d'un autre côté, la décoration des édifices du culte plus vastes et plus variés et de tout le mobilier liturgique imposait aux artistes une tâche pour l'exécution de laquelle ils étaient amenés nécessairement à créer des types nouveaux. Une des compositions caractéristiques pour exprimer le triomphe du christianisme se rattache au Labarum de Constantin et fut reproduite plusieurs fois sur des sarcophages romains et gaulois: une grande croix plantée dans la terre porte à son sommet le monogramme du Christ entouré d'une couronne de laurier; à ses pieds sont assis deux soldats, dont ordinairement l'un dort et l'autre vient de se réveiller 1. C'est une allusion à la résurrection du Sauveur, combinée avec le triomphe du christianisme par la victoire de Constantin. Un peu plus tard, nous trouvons une grande croix monogrammatique, c'est-à-dire où l'on a ajouté en haut de la tige verticale le rond du P (R grec), accostée également de deux soldats 2. Parfois, les douze apôtres sont placés à droite et à gauche de la représentation de la croix avec le monogramme, tout comme sur d'autres marbres nous les voyons rangés autour du Christ. Le symbole du triomphe occupe la place du Sauveur lui-même. Il y a des monuments sur lesquels Jésus-Christ est représenté debout sur un rocher d'où coulent les quatre fleuves, portant de la main droite une grande croix ornée de pierres précieuses. A droite et à gauche du Seigneur se tiennent les apôtres S t Pierre et S t Paul 3 . Parfois, des agneaux sont auprès du Christ représenté au milieu d'apôtres et remettant la loi à S t Pierre 4. En même temps, nous voyons paraître sur les mosaïques exécutées dans les absides des basiliques la croix comme symbole de la victoire du Christ, par exemple à S t -Jean de Latran (IVe siècle), à Ste Pudentienne (commencement du Ve siècle), à Rome. Le monogramme, entouré d'une couronne, seul ou porté par la tige verticale d'une croix, la croix monogrammatique ensuite, puis la croix proprement dite, ornée de gemmes, voilà le développement suivi par ce symbole du triomphe chrétien dans le courant du IV e siècle. La figure de l'agneau appartient à l'art chrétien primitif. Dans les peintures des catacombes des trois premiers siècles, il se rattache dans son origine et dans sa signification au Bon Pasteur. A partir du IVe siècle, l'agneau prend d'une part une signification plus générale: il symbolise des saints, les apôtres, ou encore l'ensemble 1 Sarcophages romains. O. MARUCCHI: II Museo Pio-Lateranense, pl. XXVII, n°l ; pl. XXVIII n° 6. — Sarcophages de la Gaule. LE BLANT: Etude sur les sarcophages chrétiens antiques de la ville d'Arles, pl. XIV; Les sarcophages chrétiens de la Gaule, pl. II, n° 4; pl. XXVIII, n° 2, pl. L, n°l, pl. LV, n° 1. 2 3 4 MARUCCHI : op. l., pl. XXXVIII, n° 3. Ex., MARUCCHI : op. L, pl. XV, n° 1; monument très riche du IVe siècle. LE BLANT : Sarcophages d'Arles, pl. IX. — 119 — des fidèles. Nous trouvons ce symbolisme sur de nombreuses sculptures de sarcophages ou d'autres monuments comme sur les mosaïques des églises. En même temps, sous l'influence de l'Apocalypse de S t Jean, qui a fourni dès le IVe siècle plusieurs types nouveaux à l'art monumental, nous voyons apparaître l'agneau divin, figure du Christ, dans des compositions diverses. Très souvent, l'agneau divin, comme la figure du Sauveur lui-même, ou encore le monogramme du Christ, est représenté sur une montagne des flancs de laquelle sortent quatre fleuves: les fleuves du Paradis, symbole à la fois des quatre Evangiles et du Baptême, par lequel l'homme acquiert les grâces surnaturelles annoncées par l'Evangile. Ce sujet se voit sur les monuments les plus variés: mosaïques, peintures, sculptures de sarcophages ou d'autres objets, verres peints à fond d'or, etc. Il est caractéristique de la seconde période du christianisme primitif. Au IVe siècle encore, nous voyons apparaître dans le cycle symbolique la figure du cerf. Ce sont des textes de l'Ecriture sainte qui ont inspiré les compositions dans lesquelles les artistes associent les cerfs à différentes représentations de l'eau. Les cerfs s'approchent de l'eau des quatre fleuves symboliques pour y boire; ils avancent vers un petit étang, vers une fontaine, dont l'eau retombe dans un grand vase 1. L'eau était symbole soit du refrigerium, dans le Paradis céleste, soit de la grâce divine et des bénédictions surnaturelles pour l'âme chrétienne; nous la trouvons, en effet, dans les représentations qui décorent des monuments funéraires comme dans les peintures et les sculptures des églises, des baptistères, et du mobilier liturgique. Les cerfs symbolisent ainsi l'âme chrétienne qui participe aux dons surnaturels du royaume du Christ ici-bas ou qui jouit du repos éternel dans le Paradis céleste. * * * Tous les éléments qui entrent dans la composition des figures de nos bas-reliefs de Saint-Germain se sont constitués sous l'aspect où nous les trouvons ici, dans le courant du IVe siècle. Nous avons signalé des décorations analogues sur quelques monuments du sud-est de la Gaule, surtout à Marseille, point de départ d'un commerce développé avec les localités de la vallée du Rhône. Ces monuments appartiennent à la seconde moitié du IVe et à la première moitié du Ve siècle. Les sculptures de Genève présentent un type original pour les détails de la composition, mais l'ensemble de la décoration, le dessin des figures et l'exécution artistique les rattachent à ce groupe, tout en leur donnant l'originalité d'une œuvre exécutée à Genève même sous des influences locales. Nos sculptures me semblent être en tout cas antérieures à l'occupation burgonde; elles appartiennent à l'époque encore purement romaine-chrétienne de l'histoire de la Suisse occidentale. On peut les fixer chronologiquement, je crois, vers 400. A cette époque, Genève avait son 1 Le motif se trouve également en Orient, comme le montre la mosaïque du pavement d'une église qu'on vient de découvrir en Palestine. Cf. Revue biblique, 1924, p. 583 sq. — 120 — évêque comme chef de la communauté chrétienne, sûrement déjà nombreuse 1; elle avait au moins une église, centre de la vie religieuse et liturgique. Toutes les conditions sont donc données pour la création d'un monument artistique tel que celui dont les restes furent trouvés à Saint-Germain. * * * L'opinion de M. Blondel, que les fragments des sculptures proviennent d'un autel, me semble également la plus vraisemblable. La forme des fragments et l'épaisseur des blocs ne conviennent pas à un sarcophage. L'autel à cette époque, il est vrai, était placé ordinairement à l'entrée du chœur et isolé, en forme de table eucharistique. Mais nous avons aussi des exemples d'autels placés contre un mur ou fixés dans une construction. C'était surtout le culte des martyrs, qui prit une importance si considérable dans la vie religieuse des fidèles depuis le IVe siècle, qui fit souvent ériger des autels dans des chapelles latérales des églises, pour y déposer des reliques de martyrs. Et ces autels furent dans bien des cas adossés aux murs latéraux de l'édifice. Plusieurs textes du Ve et du VIe siècles nous montrent l'influence du culte des martyrs et de leurs reliques dans les communautés chrétiennes de la Gaule. La forme du monument dont nos sculptures proviennent ne s'oppose donc pas à l'hypothèse d'un autel. M. L. Blondel a proposé une reconstruction du monument dans un dessin de son mémoire (fig. 3). Il a placé la croix, qui occupe le centre de la zone des agneaux, sur la montagne aux quatre fleuves, laquelle prend ainsi le milieu de la zone des cerfs 2. Cette restitution est certainement possible : elle a des analogies avec des mosaïques qui décorent l'abside de quelques églises. Cependant la ressemblance très grande avec les monuments sculptés de la Gaule, que nous avons examinés, et surtout avec le dessin du sarcophage perdu de Marseille, me semble autoriser une autre reconstitution du groupe central. La ligne de séparation entre les deux zones, qui forme en même temps le sol sur lequel se tiennent les agneaux, aurait continué sans interruption sur toute la largeur de la face principale, et la croix monumentale du centre aurait été placée sur ce même sol. Au-dessous, au milieu des deux groupes de cerfs, on placerait l'agneau divin sur la montagne, avec les quatre fleuves, tout comme nous le voyons sur les marbres de Marseille. Cette reconstitution aurait peut-être l'avantage de ne pas interrompre le sol de la zone des agneaux et d'éviter une hauteur un peu démesurée de la montagne, tout en conservant à chaque groupe une unité plus en harmonie avec les compositions semblables de l'antiquité chrétienne. 1 Mgr M. BESSON : Recherches sur les origines des évêchés de Genève, Lausanne et Sion (Fribourg, 1906), p. 58 sq. 2 L. BLONDEL, op. l., p. 83, fig. 3. LE CALICE D'ARGENT DU MUSEE DE GENEVE Louis BREHIER , Professeur à l'Université de Clermont-Ferrand. Musée d'Art et d'Histoire de la Ville de Genève possède un petit calice d'argent orné de reliefs, dont l'histoire est curieuse et qui soulève des problèmes intéressants 1. Le 20 février 1881, un habitant de Genève qui se livrait au plaisir de la pêche dans le Rhône entre Chancy et les îles de Collonges, aperçut parmi les cailloux roulés de la grève un objet brillant qu'il dégagea tant bien que mal avec son couteau. C'était une petite coupe d'argent bossuée et écrasée par les cailloux; le bord inférieur du pied était relevé contre la coupe. L'objet, qui fut donné au Musée d'Art et d'Histoire en 1896, fut redressé avec précaution, non sans que le dessin des reliefs eût été quelque peu altéré. D'autre part, un long séjour dans le lit du Rhône et le frottement des cailloux ont amené l'usure des motifs et la disparition partielle du modelé. Le dessin est cependant resté net et, tel qu'il est, le petit calice de Genève forme une pièce exquise et dont l'étude est des plus instructives (fig. 1-2). Il se compose d'une coupe large et peu profonde, qui repose par l'intermédiaire d'une bague torique, comprise entre deux scoties, sur un pied en cône renversé dont les bords sont légèrement relevés. Ses dimensions sont très petites. La coupe, bords compris, a 8 ½ cm. de diamètre et sa profondeur n'est que de 0 m. 027; le diamètre du pied est de 0 m. 076 et la hauteur totale varie d'un bord à l'autre, par suite du cabossement, de 0 m. 084 à 0 m. 079 2 . E 1 Musée d'Art et d'Histoire E. 472. Qu'il me soit permis de remercier l'émment directeur du Musée, M. le professeur Deonna, qui m'a fait l'honneur de me demander mon opinion sur cette pièce intéressante et qui m'a fourni tous les documents et renseignements nécessaires à son étude. Ce calice a été signalé : V. van Berchem, Coupe en argent de l'époque chrétienne, comm. Soc. Hist., 1896; Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 4; Exposition nationale de 1896, Catalogue de l'Art ancien, p. 15, n° 242; Vulliéty, La Suisse à travers les âges, p. 54, fig. 112 ; Denkinger, Hist. de Genève, p. 16, fig.; Rev. arch., 1910, II, p. 411. 2 Cf. le calice d'Antioche (collection Kouchakgi à New-York) dont la hauteur atteint 0 m19; le calice de Riha, collection Tyler (voir Gazette des Beaux-Arts, 1920, mars-avril), avec 0m17 de hauteur et 0m16 de diamètre. En revanche, le calice de Gourdon (Paris, Cabinet des Médailles) est encore plus petit que celui de Genève (haut. 0 m079, diam. 0 m049); celui de Lampsaque (Brit. Mus.) a 0m08 de hauteur, 0m10 de diamètre. — 122 — La forme générale est celle d'un ciboire. L'objet est en argent fin et la coupe est ornée de reliefs au repoussé: des protomés de lièvres courants semblent sortir de rinceaux de feuillages aux tiges capricieusement enroulées, qui s'élancent en gerbes d'une rosette et s'épanouissent en fleurons ou se recourbent en élégantes volutes. * * * A quelle école d'art, à quelle époque faut-il attribuer ce petit objet et quelle fut sa destination ? C'est à ces questions que nous allons essayer de répondre. On sait que dans ces dernières années le sol syrien a livré au jour des trésors remarquables d'argenterie parmi lesquels se trouvent des objets liturgiques, patène de Stûma 1, calice et patène de Riha2, calice Kouchakgi 3 dont la date donne lieu à tant de discussions. Il serait tentant de rattacher le calice de Genève à cette école d'argenterie syrienne, dont l'activité paraît avoir été grande à la fin de l'antiquité et dont plusieurs monuments ont été retrouvés en Occident après y avoir été importés sans doute par les marchands orientaux qui, du IIIe au VIIIe siècles de l'ère chrétienne, avaient couvert la Gaule, l'Italie, l'Espagne de leurs comptoirs. Sans quitter le Musée d'Art d'Histoire et de Genève, le bouclier d'argent dit « de Valentinien » me paraît une œuvre syrienne de la fin du IVe siècle importée en Gaule. Le calice de Genève a-t-il une origine analogue ? Un examen attentif de son style semble devoir faire rejeter cette hypothèse. Sans doute la technique des ornements en relief obtenus au repoussé est celle des argentiers syriens, mais elle a été universellement employée. De même la forme du pied en cône renversé, surmonté d'une bague torique, se retrouve sur le calice de Riha (Collection Tyler), 1 EBERSOLT : «Le trésor de Stûma», Revue archéologique, 1911, I, 407-419. L. BREHIER : « Les trésors d'argenterie syrienne et l'école artistique d'Antioche », Gazette Beaux-Arts, mars-avril 1920. — Ch. DIEHL : L'école artistique d'Antioche et les trésors d'argen2 des terie syrienne. Syria, 1921, p. 81-95. 3 G. EISEN : The gréât Chalice of Antioch. 2 vol. in-4°. Kouchakgi frères, New-York, 1923. — 123 — mais c'est là un procédé tellement naturel pour monter une coupe sur une base solide, qu'il ne peut caractériser une école. En fait, de nombreux calices de toute époque présentent la même ordonnance 1. La forme même du calice, la coupe large et peu profonde dépourvue d'anses, ne constitue pas un indice suffisant. Des calices, avec ou sans anses, avec les formes de coupes les plus variées, ont été usités en même temps et c'est à une très haute antiquité qu'il faudrait remonter pour saisir la création de ces formes élégantes par des verriers ou des orfèvres phéniciens ou par des potiers grecs. Sous l'empire romain toutes les formes étaient admises, depuis la conque si gracieuse de Bosco-Reale ou d'Alise jusqu'aux coupes de verre, au pied plus élancé, figurées ou retrouvées dans les catacombes romaines. Une curieuse fresque d'Hadrumète qui peut remonter au IIIe siècle représente l'intérieur de la boutique d'un cabaretier 2 . Sur une table et dans une armoire sont figurés des verres de formes variées. On voit notamment sur un rayon la coupe basse à deux anses, tandis qu'un personnage tient à la main un calice au pied élancé et dont la coupe a la forme générale du calice de Genève. Sur la table de la « Communion des Apôtres » que représente la patène de Riha 3 un calice à coupe profonde, semblable à celui de la collection Tyler, est figuré en face d'une coupe basse et large, tandis qu'une tasse à long manche, placée en exergue, représente peut-être le calice ministériel destiné à la communion du peuple. * * * Si la forme même du calice ne nous apprend rien sur son origine, le caractère des ornements répandus sur la coupe nous fournira peut-être des indices plus précis. Il faut remarquer en passant que le calice de Genève ne porte aucun des poinçons de contrôle des fonctionnaires impériaux, dont on relève un si grand nombre d'exemples sur les pièces d'origine syrienne postérieures au IVe siècle 4. On peut en conclure simplement que ce calice est antérieur à l'établissement du poinçonnage, qui date probablement des réformes administratives du IVe siècle. En revanche, ses ornements, si banals qu'ils soient, nous invitent à regarder du côté de l'art gallo-romain. 1 Dictionnaire d'Archéologie chrétienne, t. II, art. Calice, 1595-1645. Ibid., t. II, 1528-29 et fig. 1815. 3 L. BREHIER : art. cité, pl. I. 4 Id. : art. cité. 2 — 124 — Le thème des lièvres, poursuivis parfois par des chiens courants, est très répandu sur les vases à reliefs de toutes les époques. M. Courby qui a étudié spécialement les vases de fabrique hellénique, y voit une reproduction « de ces frises d'animaux réels ou fabuleux qui, traités pour la première fois, dans la peinture céramique orientalisante, l'ont été depuis lors dans la peinture céramique des V e et IVe siècles (avant l'ère chrétienne) et plus tard dans des ouvrages d'orfèvrerie...» 1. Les exemples de lièvres courants, seuls ou poursuivis par des chiens, abondent dans les vases à reliefs d'origine hellénique depuis le VIe siècle avant l'ère chrétienne 2. Ce motif, qui a pu avoir à son origine une signification symbolique ou magique, analogue à celle des animaux figurés sur les fresques paléolithiques 3, a fini par devenir un simple poncif ornemental, sans cesse recopié avec des variantes plus ou moins heureuses. On le trouve dans la céramique gallo-romaine. Comme l'a montré Déchelette, c'est aux sources helléniques que les fabricants arvernes ou ruthènes de vases rouges sigillés ont puisé tous leurs modèles 4. Le thème des animaux courants, en particulier des lièvres parmi des rinceaux de feuillage, s'y rencontre fréquemment. Sur un vase à grosse panse du musée de Reims, qui peut dater du IIIe siècle, au milieu de rinceaux au feuillage dentelé, un enfant armé d'un bâton poursuit un lièvre qui s'enfuit au galop 5 . Ailleurs, un lièvre s'apprête à manger une grappe de raisin et, sur le même vase, deux lièvres au repos sont affrontés de chaque côté d'une plante épanouie 6. C'est la position même des animaux du calice de Genève avec quelques variantes. Le motif des rinceaux recourbés en volutes est absolument banal à l'époque romaine: il orne les frises des temples, comme celle de la Maison Carrée; il sert d'encadrement aux pierres tombales et il se développe sur les vases à reliefs. Les observations de J. Déchelette montrent que ce décor conserve sur les poteries des premières fabriques créées en Narbonnaise vers l'an 40 de notre ère, son caractère naturaliste et exubérant, puis les potiers arvernes et ruthènes des siècles suivants simplifient cette ornementation et substituent aux modèles italiques « un rinceau grêle à sinuosités symétriques » 7 . Il suffit d'examiner les rinceaux du calice de Genève pour voir qu'ils répondent entièrement à cette dernière définition. Et d'autre part, c'est un fait bien établi qu'à l'époque gallo-romaine les mêmes modèles ont inspiré les céramistes et les orfèvres. Certains moules provenant de la fabrique de Lezoux ont été rapprochés par J. Déchelette d'une patère en argent 1 COURBY : Vases grecs à reliefs. Paris, 1922, p. 385. lbid., p. 101, 346 et n° 29, 381 et fig. 79, 410. 3 DEONNA : « Quelques réflexions sur le symbolisme, en particulier dans l'art préhistorique », Reçue de l'Histoire des Religions, 1924. 4 J. DECHELETTE : Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, 1904, I, p. 29. 5 Ibid., II, p. 171. 6 Ibid. II, p. 141-142, n° 948. 7 Ibid., I, p. 220. 2 — 125 — du musée de Vienne et d'une autre du musée de Belgrade 1. Il est donc très naturel de trouver une concordance entre l'ornementation du calice de Genève et celle des vases céramiques de la Gaule romaine et nous aboutissons à cette première conclusion: le décor du calice de Genève appartient à l'art ornemental qui règne dans les ateliers de céramique gauloise du premier à la fin du troisième siècle de l'ère chrétienne. Cet art ornemental inspire également les sculpteurs et tailleurs de pierre à la même époque. Il suffît pour s'en convaincre de parcourir les musées gallo-romains et de feuilleter les recueils de bas-reliefs d'Espérandieu. On retrouve le motif des lièvres courants ou parfois au milieu de plantes et de rinceaux sur des monuments funéraires, sur des autels, sur des fûts historiés de colonnes. Un tambour historié de ce genre du musée de Périgueux montre des animaux au milieu d'enroulements de feuillages et, à droite de l'une des plantes stylisées, on aperçoit le protomé d'un lapin ou d'un lièvre2. La disposition est la même que sur le calice de Genève et il en est ainsi sur un bas-relief de Chatenay (commune de Rouy, Nièvre) où l'on voit un lièvre galopant, la partie postérieure de son corps étant cachée par le feuillage 3. Les lièvres au gîte, tapis sous des feuillages, les lièvres ou lapins rongeant des fruits ou mordant à des grappes de raisins, les lièvres poursuivis par des chiens foisonnent dans la sculpture gallo-romaine 4. Le thème, quelle que soit son origine, y est devenu indigène au IIIe siècle: l'ornement du calice de Genève nous paraît donc bien relever de l'art gallo-romain. * * * II s'agit maintenant de fixer dans la mesure du possible l'époque de sa fabrication et sa destination primitive. Il faut pour cela rapprocher le calice de Genève d'un groupe de petits monuments dont le style décoratif offre beaucoup d'analogie avec le sien. Ce sont des rebords de bassins, généralement en marbre et décorés de reliefs, tantôt nettement chrétiens, avec les thèmes bibliques usités dans les peintures et sur les sarcophages des IV e et Ve siècles, tantôt d'un caractère profane et même païen, avec des thèmes mythologiques ou simplement décoratifs. On a trouvé ces petits monuments dans tous les pays de la Méditerrannée, Grèce, Anatolie, Egypte, Afrique, Italie, etc. Ils offrent cet intérêt de nous montrer l'unité de l'art chrétien et la diffusion des mêmes thèmes dans toutes les églises des pays les plus différents. M. Michon, qui en a fait une étude extrêmement précise et en a publié un premier 1 J. DECHELETTE , I, p. 230-231. Commandant ESPERANDIEU : Recueil général des Bas-Reliefs de la Gaule romaine, II, n° 1284. 3 Ibid., III, n° 2207. 4 Ibid., I n° 291 (Vaison). Lièvre rongeant une pomme. — n° 423 (Sarcophage de Bourg-StAndéol). Lièvre au gîte. — IV, nos 3256, 3540 (Dijon). Lièvre au galop poursuivi par un lévrier ; Lièvre tapi sous du feuillage et lévrier bondissant sur lui. — nos 3649-3650 (Collection Gaiguières). Frontons triangulaires d'un tombeau : dans le champ un lièvre mangeant une grappe de raisin. 2 — 126 — Corpus 1, y voit avec raison des rebords de bassins destinés à contenir l'eau nécessaire aux ablutions. Quelques-uns, décorés de scènes mythologiques, Néréides, Eros, etc., ont dû servir au culte païen 2; d'autres, qui présentent les mêmes thèmes que les sarcophages des IVe et Ve siècles et sont traités dans le même style, sont des objets liturgiques chrétiens. On y retrouve les symboles traditionnels, empruntés à la liturgie funéraire, sacrifice d'Abraham, Daniel dans la fosse aux lions, l'histoire de Jonas, etc. 3 Enfin, un troisième groupe, qui nous intéresse particulièrement, offre des motifs en quelque sorte neutres et purement ornementaux. Ce sont justement soit des scènes pastorales, soit des combats ou des poursuites d'animaux. Le style et parfois même les thèmes de ces monuments offrent beaucoup de rapport avec l'ornementation du calice de Genève. Sur un fragment du musée du Louvre, provenant d'Athènes, on voit un berger assis, une chèvre paissant, une panthère dévorant un âne, deux boucs luttant front contre front, une biche fuyant au galop les oreilles dressées comme sur le bas-relief gallo-romain conservé à la cathédrale du Puy 4. Un fragment découvert dans l'île de Théra est couvert d'animaux se poursuivant, sanglier attaqué par des chiens, ours dévorant une gazelle, panthère terrassant une biche, dont les groupes sont séparés par des têtes masculines et féminines 5. Sur un fragment de Berlin, une gazelle fuyant devant un chien, est séparée de lui par une plante à triple tige de feuillage, qui ressemble beaucoup aux rinceaux de notre calice 6 . Le motif du lièvre courant, mais portant sur sa croupe un aigle aux ailes éployées, figure sur un marbre grec du musée de Stuttgart qui provient d'Egypte 7 . Il existe une véritable parenté entre l'ornement gallo-romain du IIIe siècle, céramique ou lapidaire, et les motifs de caractère neutre des rebords de bassins, originaires de tous les points de la Méditerranée. Ce sont les mêmes thèmes empruntés à la faune et au feuillage; c'est surtout le même style, une certaine liberté d'allure dans la composition, qui reflète encore quelque chose de la tradition hellénique, mais une sécheresse de plus en plus marquée, un appauvrissement du dessin, une stylisation des animaux, un amaigrissement des feuillages, bref la fin d'une grande tradition ornementale qui va s'étiolant de plus en plus. Le minuscule monument qu'est le calice de Genève est un témoignage de ces tendances. Marbriers, céramistes, argentiers employaient les mêmes poncifs. Un bassin d'argent à reliefs du trésor de Carthage offre les mêmes scènes pastorales, les mêmes combats d'animaux que les rebords de marbre 8. 1 : Rebords de bassins chrétiens ornés de reliefs. Paris, Gabalda, 1916. Ibid., n° 7, p. 30, fig. 8. — n° 24, p. 65, fig. 20. Ibid., n° 2, p. 8, fig. 1. — n° 3, p. 10, fig. 2. — n° 4, p. 18, pl. I, etc. 4 Ibid., n° 8, p. 31, pl. I, 2. Sur les sculptures du Puy voir ESPERANDIEU t. II, p. 421 et suiv. 5 Ibid., n° 10, p. 36, fig. 11. 6 Ibid., n°26, p. 67, fig. 22. 7 Ibid., n° 32, p. 72, fig. 28-29. 8 Dictionnaire d'Archéologie chrétienne, II, 607, fig. 1456. 2 3 MICHON — 127 — D'après M. Michon, et les comparaisons avec la sculpture gallo-romaine me paraissent fortifier ses conclusions, les plus anciens rebords à sujets profanes dateraient des IIIe -IV e siècles, tandis que les plus récents, dont l'ornementation se rattache au style des sarcophages chrétiens, seraient du Ve et même du VIe siècle. Un grand nombre de ces monuments provient de Syrie ou d'Egypte; peut-être ne faut-il pas en tirer des conclusions trop hâtives, quant à l'origine de leur style, dont la banalité et la diffusion dans tout l'empire romain semblent bien établies. Le calice de Genève date bien de la même époque, fin du IIIe ou première moitié du IVe siècle. * * * Enfin, que ce calice, si minuscule qu'il soit, ait pu avoir une destination, chrétienne et liturgique, c'est ce qui ressort de tous les faits que nous connaissons. Nous avons vu que sa forme même est bien celle d'une catégorie de calices incontestablement chrétiens. D'autre part, son ornementation neutre, l'absence de tout signe spécifiquement chrétien, correspondent admirablement aux conceptions ornementales des chrétiens du IVe siècle. On sait avec quelle lenteur le décor exclusivement iconographique pénétra dans les basiliques chrétiennes: au Ve siècle même la question était encore agitée 1, et un très petit nombre de docteurs chrétiens, comme saint Nil, condamnaient l'usage de peindre sur les murs des églises, des épisodes de chasse et des poursuites d'animaux. Il en était à plus forte raison de même sur les pavements, comme le montre le bestiaire de la mosaïque de KabrHiram (musée du Louvre) découverte par Renan dans les ruines d'une basilique chrétienne voisine de Tyr 2 , et aussi sur le mobilier liturgique lui-même. Un témoignage typique à cet égard est celui des cuillers du trésor de Chypre, qui peuvent dater du V e siècle et dont la destination liturgique est certaine. Ces 24 cuillers conservées au British Muséum et qui servaient à administrer l'Eucharistie sous les espèces du vin, sont ornées dans le creux d'animaux galopant, béliers, griffons, panthère, cerf, cheval, taureau, etc., et aussi lièvre 3. L'analogie de cette décoration avec celle de notre calice est concluante, et on peut ajouter à ce témoignage celui des « missoria » ou plateaux de métal précieux, destinés aussi à la liturgie eucharistique. Il suffit de se reporter à ce qu'était le célèbre « missorium » dit de saint Exupère, évêque de Bayeux 4, où des scènes pastorales alternaient avec de animaux s'entre-dévorant. L'objet a pu être exécuté à la fin du IVe siècle. 1 L. BREHIER : L'Art chrétien, 1918, p. 62-63. On sait combien le nimbe est rare sur les sar cophages chrétiens des IVe et Ve siècles. 2 mission en Phénicie. pl. XLIV. Art and Archeology. Oxford, 1911, p. 573 et suiv. —Dictionnaire d'Archéologie chrétienne III, 3175 et suiv. 4 Dictionnaire d'Archéologie chrétienne, IV, 1180-1182. 3 RENAN : Atlas de la DALTON : Byzantine — 128 — A la même époque remontaient sans doute les « missoria » d'argent doré, dont quelques-uns portaient même des thèmes mythologiques, donnés au VIIe siècle par saint Didier, évêque d'Auxerre, à son église 1. * * * Tous les faits que nous avons examinés nous amènent donc à la même conclusion. Le décor du calice de Genève se rattache simplement au courant ornemental qui règne presque exclusivement en Gaule et dans tout l'empire romain au IIIe siècle aussi bien sur des monuments païens que sur des objets chrétiens et qui n'est en somme qu'un abâtardissement de la décoration pompéienne d'origine alexandrine. Les ressemblances intimes entre l'ornement qui règne sur ce calice et celui des poteries ou des bas-reliefs gallo-romains permettent d'affirmer son caractère indigène; d'autre part, les rapports de cet ornement avec celui des rebords de bassins à destination chrétienne nous obligent à le classer parmi les objets liturgiques du culte chrétien. Il n'est pas impossible que son exécution soit antérieure à l'édit de Milan, mais on ne saurait l'affirmer et, en le datant d'une période comprenant les dernières années du IIIe et la première moitié du IVe siècle, on serre la vérité, semble-t-il, autant qu'il est possible, et on ne saurait aller plus loin. Sa provenance est inconnue. Rien n'autorise même à affirmer d'une manière certaine qu'il provienne d'une église de Genève, bien que cette attribution soit vraisemblable. Sans vouloir nous engager dans les controverses auxquelles l'origine de l'église de Genève a donné lieu 2, il nous suffira de rappeler qu'on ne trouve pas d'évêque de Genève à date certaine avant 400, mais que l'établissement du christianisme dans la région remonte au moins au IV e siècle. Malgré ce défaut de précision, on voit cependant tout l'intérêt historique qui s'attache à cette petite coupe d'argent. A la veille des invasions barbares, elle représente la dernière phase d'activité de ces ateliers d'argenterie gauloise qui avaient exécuté les chefs-d'œuvre des trésors de Berthouville ou d'Hildesheim. Comparée à ces pièces de premier ordre elle paraît bien modeste: elle n'en a pas moins une immense valeur, d'abord parce qu'elle est un des rares spécimens de mobilier liturgique chrétien qui ait survécu aux invasions barbares, ensuite parce qu'elle représente un des derniers témoignages de la grande tradition ornementale de l'Orient hellénique que la conquête romaine avait introduite en Gaule, et qui y avait régné exclusivement pendant plus de trois siècles. C'est à tous ces titres qu'elle est vénérable et mérite de retenir l'attention. 1 Vita sancti Desiderii Autissiodorensis. Acta Sanctor. Bolland. Octobris XII, 361-362 (Saint Didier est mort en 621). Les pièces données à son église étaient certainement d'une fabrication plus ancienne et plusieurs ont pu avoir primitivement une destination païenne. 2 Voir le Dictionnaire d'Archéologie chrétienne, VI, 939-960. LES CLOCHES DU CANTON DE GENEVE A. CAHORN. (Suite1.) cloches de la fin du XVIIIe siècle, dont nous n'avons eu connaissance qu'après l'impression de la première partie, figurent en tête de la seconde partie avec les Nos 60bis et 60ter. L'intercalation de nouvelles cloches ayant modifié l'ordre numérique, quelques renvois de la première partie doivent être rectifiés comme suit: page 132, ligne 3, lire N° 62 au lieu de N° 58. 138, » 15, » N° 74 » N° 70. 138, » 17, » N° 137 » N° 135. 148, » 3, » N° 110 » N° 109. 155, » 10, » N° 109 » N° 108. 152, » 7, » EMERI » EMER. 152, ajouter un astérisque au n° 29 (cloche refondue en 1911). 152, ajouter 1678 après le N° 32. 158, ligne 7, lire TENEBRAS au lieu de TFNEBRAS. 166, » 6, » N° 17 » N° 18. EUX » » » » » » » » » * * * 60bis. 1790. SATIGNY. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D. : 0.62. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut flammes et feuilles d'acanthe dressées. Face principale, écu aux armes de Genève, surmonté d'une couronne et placé dans un cercle (type des armoiries des cloches fondues par J. L Revillard), au-dessus: POST TENEBRAS LUX Face postérieure, manteau DREFFET entouré dé chérubins, au-dessous 1790. D'un côté vase rococo. De l'autre un rinceau surmonté d'une flamme. 1 Genava, II, 1924, p. 130 sq. 9 — 130 — 60ter. 1792. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.50. Anses sans ornements. Dans le haut: SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS 1792 Vierge et Enfant. Un évêque, crosse. Un saint assis. Cette cloche provient d'une chapelle du canton du Valais. * * * 66. 1807. GENEVE . CIMETIERE DE PLAINPALAIS . D.: 0.26. Anses sans ornements. D'un côté B DREFFET MY FILS A GENÈVE. 1807. De l'autre côté grosse rosace à cinq feuilles. 67. 1808. CHENE -BOURG. CURE CATHOLIQUE ROMAINE. (Depuis la démolition de l'église). Grosse cloche. D.: 1.08. Anses à têtes humaines. Dans le haut, feuilles d'acanthe dressées. Face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant, sur un trophée d'armes. Côté gauche (en partant du Christ); ECU ovale, d'or à la croix de sable chargée de cinq coquilles, l'écu tenu par deux lions et surmonté d'une couronne de comte. Un ostensoir avec un triangle au centre. Un vase rococo. Côté droit: un étendard surmonté d'une croix. St François de Sales, crosse et mitre, audessous: ST FRANÇOIS DE SALES PRIEZ POUR NOUS . Armes de Genève surmontées d'une couronne fleurdelysée 1 (type des armoiries des cloches fondues par J. L. Revillard). Face principale, dans le haut en cinq lignes : B.V. MARIÆ ET B. FRANCISCO SALESIO. AD BENEDICTIONEM OFFEREBANT D.F.A. CHATRIER PAROHCIÆ PRÆPOSITUS, ET IPSIUS UXOR D. JULIA MUFFAT SAINT-AMOUR. M.D.CCC.VIII SOUS LE TRES-DIGNE RECTEUR RD.MR. JEAN-BAPTISTE MARTIN. Face postérieure, dans le haut: J'APPARTIENT A L'HONORABLE COMMUNE DE CHESNE 1 II est curieux de constater l'emploi des armoiries de la République, pendant la période de l'annexion à la France, sur une cloche destinée à une localité n'ayant pas fait partie de l'ancien territoire. — 131 — Plus bas, entouré d'une bande de guirlandes et de chérubins comme sur l'autre face: 68. 1812. COINTRIN. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.25. Provient du château de Feuillasse. Dans le haut, filet de glands. Sur la panse, un petit ours, une figure de saint, un fleuron et 1812 RASTELLO . 69. 1813. COLLONGE-BELLERIVE. EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.57. Anses sans ornements. Dans le haut, palmettes dressées. Au-dessous: Sur la panse, Christ en croix. Vierge et Enfant, St Martin partageant son manteau et manteau PITTON avec la date 1813. Les inscriptions ont été effacées, les deux derniers chiffres du millésime sont gravés de façon très sommaire. Cette cloche avait été enlevée du clocher à l'époque du « Culturkampf » et a été remise en place il y a quelques années. 70. 1815. GENEVE . HORLOGE DU GRUTLI . Précédemment à la Porte Neuve, jusqu'à sa démolition, transférée en 1856 à l'ancien Théâtre, et en 1880 à l'école du Grutli. D.:0.46. Deux anses sans ornements. Dans le haut, quatre filets. Face principale, armes de Genève surmontées du soleil. Face postérieure, dans un manteau, signature J. D. DREFFET, comme sur les précédentes et la date 1815. 71. 1815. PLAN-LES-OUATES. ECOLE COMMUNALE. Une cloche absolument semblable au N° 70. 72-73. 1815. GENEVE . MUSEE D ' ART ET D 'HISTOIRE . Deux cloches absolument semblables au N° 70. (Provenant de l'Arsenal.) — 132 — 74. 1819. MEINIER . EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D. : 0.88. Anses à têtes humaines. Dans le haut, sept feuilles d'acanthe dressées. Au-dessous, en quatre lignes: COMMUNE DE MEINIER CANTON DE GENEVE 1819. LAUDO DEUM VERUM, PLEBEM VOCO, CONGREGO CLERUM, DEFUNCTOS PLORO, PESTEM FUGO, FESTA DECORO NOBLE ET GENEREUX SEIGNEUR LOUIS AMABLE DE LORT CHEVALIER DE L'ORDRE MILITAIRE DE ST LOUIS LIEUTENANT COLONEL DE CAVALERIE. JEANNE MARIE DE GRAILLY DE FOIN Au-dessous, face principale : MCE LANCE MAI RE F s RAVIER Plus bas, Christ en croix, face postérieure S1 Pierre tenant deux clés, au-dessous: T S PIERRE. D'un côté, Vierge et Enfant sur un trophée d'armes, de l'autre, manteau DREFFET. 75. 1821. CAROUGE. TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 0.97. Anses plates sans ornements. Dans le haut filet de rinceaux coupé sur trois faces par une feuille d'acanthe dressée et sur la face principale par un écu aux armes de Genève. Au-dessous, face principale : CANTON DE GENEVE CLOCHES DU PREMIER TEMPLE DE L'EGLISE CHRETIENNE EVANGELIQUE DE CAROUGE ELLES ONT ETE IETEES EN FONTE EN AOUT 1821 Au-dessous guirlandes entre nœuds d'étoffe. Plus bas: SYNDICS EN CHARGE CETTE ANNEE NOBLES I CH TREMBLEY ISAAC PICTET HCE L MICHELY — 133 — I L MASBOU MAIRE DE LA VILLE DE CAROUGE NOBLE L MONTFALCON CLLER D'ETAT PASTEUR DE L'EG EV DE CAROUGE SPEGTBLE A I PEREY MEMBRES DE LA COMMISSION CHARGEE DE RECEVOIR LES SOUSCRIPTIONS ET LES DONS DES FIDELES NOB CH R TRONCHIN CLLER D'ETAT CH LULLIN IDEM SPBLES J PE VAUCHER PASR PROFESSR ET RECTEUR DE L'ACADEMIE I L DUBY PAST R ET PROFES R A I PERE Y PAST R MARC AUGTE PICTET PROFESSR EN PHILPH1E Devant cette inscription, un étroit filet de rinceaux, vertical. Face postérieure: MM IAq ODIER ANC DU CONSISTOIRE GME L. AUBERT IDEM J. E. BROCHER IDEM J. E. BERTRAND IDEM C. TRAPPIER J. A. BERTRAND. J. PERROT. L. E. AUBIN MORE Un filet d'ornements. DIEU VEUILLE QUE CE TEMPLE CONTRIBUE A L'AVANCEMENT DU REGNE DE JESUSCHRIST ET AU SALUT DES AMES PAR CE DIVIN SAUVEUR. AMEN. Sur le côté, en bas, dans un manteau: FAITE PAR IEAN BAPTISTE PITTON MAITRE FONDEUR A CAROUGE — 134 — 76. 1821. CAROUGE. TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D.: 0.80. Anses plates sans ornements. Dans le haut, feuilles d'acanthe dressées. Au-dessous, face principale, mêmes inscriptions que sur la grosse cloche (N° 75), sauf que les lignes 2 et 3 sont en une seule (cloches du premier Temple de Véglise chrétienne évangélique de Carouge). Au-dessous, guirlandes entre chérubins, plus bas mêmes inscriptions que sur la grosse cloche, jusqu'à la 13e ligne. La 14e est partagée en deux, soit : Spble s. Pe Vaucher pasr professr — et recteur de l’Académie. Le reste de l'inscription semblable. A côté de cette inscription, à la hauteur de la 2e à la 6e ligne, du côté de la fin des lignes, Armes de Genève. Même inscription sur la face postérieure, mais en trois lignes au lieu de quatre, soit: Dieu veuille que ce temple contribue à — Vavancement du règne de Jésus-Christ et au — salut des âmes, -etc. Le reste, signature PITTON , etc. semblable au N° 75. *77. 1823. CONFIGNON. EGLISE CATHOLIQUE. D. : 0.80. Fêlée. Anses sans ornements. Dans le haut, en quatre lignes : IE COVOQUE LES FIDELLES I ANNONCE LES SOLEMNITES IE PLEURE LES MORTS I AI ETE BENITE PAR RD MR ATH. MAIRE CURE DE CETTE PAROISSE 1823 MON PARRAIN EST MR HIACINTE HENRI MAGNIN MAIRE DE LA COMMUNE DE BERNEX ONEX ET CONFIGNON MA MARRAINE EST MAD IOSEPHINE DE REDDET EPOUSE DU CHEVALIER DE POLIER MAIOR D'INFANTERIE Au-dessous Passion — St Pierre avec une clé — Vierge et Enfant, Armes de Genève blasonnées, surmontées du soleil avec IHS. Guirlandes et feuilles d'acanthe. Manteau: PITTON . Refondue en 1905. Voir N° 180. 78. 1823. GENÈVE . USINE A GAZ . D.: 0.35. Anses prises dans le mouton. Dans le haut, palmettes, au-dessous: GUILLAUME TELL BATEAU A VAPEUR 1823 Plus bas, un mât surmonté d'un chapeau, un drapeau à mi-hauteur, et FECIT PITTON . — 135 — 79. 1824. CHENE -BOURG. CURE CATHOLIQUE ROMAINE . (Depuis la démolition de l'église.) Petite cloche. D.: 0.89. Anses à têtes humaines. Dans le haut, feuilles d'acanthe dressées. Sur la face principale, un cœur enflammé entouré de palmes et de trois chérubins. Au-dessous: SANCTISSIMO CORDI D. N. JESU CHRISTI Au-dessous, Christ en croix. Plus bas: AD, BENEDICTIONEM OFFEREBANT DOMINUS HIPPOLYTUS BOËJAT, CENTURIO ET IPSIUS SOROR, DOMINA LUDOVICA BOËJAT. Face postérieure, Armes de Genève surmontées du soleil et d'une banderole portant ////////////// N E C H E S N E TH O N E X Au-dessous : DOMINO P. DUFRESNE, OPPIDI PRÆPOSITO REVERENDO J. F. BAILLARD PAROCHO ANNO DOMINI 1824 DREFFET FECIT. De chaque côté de l'inscription, un lion, la patte sur une boule. 80. 1826. COLLONGE-BELLERIVE. EGLISE CATHOLIQUE. D.: 0.86 (servant à l'horloge). Anses plates sans ornements. Dans le haut, quatre feuilles d'acanthe et quatre flammes dressées. Au-dessous, en quatre lignes: FONDUE POUR LA PAROISSE DE COLLONGE BELLERIVE L'ANNEE DU JUBILE UNIVERSEL 1826 PARRAIN MR LE MARQUIS CHLES DE ST SEVERIN MARRAINE ANT METRAL VVE BORGEL MAIRE MR FRS FALQUET ADIOINT MR CLDE GRAND CURE MR IEAN ROCH Au-dessous, guirlandes entre chérubins, dans la guirlande, armes de Genève, — 136 — blasonnées, dans un écu ovale surmonté du soleil avec IHS. Plus bas, face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté manteau, PITTON et la date 1826. 81. 1826. PREGNY. EGLISE CATHOLIQUE. D. : 0.69. Servant à l'horloge. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, huit feuilles d'acanthe. Au-dessous, face principale: PARRAIN, JULES GASPARD AYNARD DUC DE CLERMONT TONNERRE MARRAINE, JEANNE VICTOIRE DUCHESSE DE CLERMONT TONNERRE NEE COMTESSE DE SELLON Au-dessous, Christ en croix. Face postérieure: NIMBOS & FULMEN NOSTRIS A FINIBUS ARCE PROH. DEUS; ET CAMPOS CONTEGAT ALMA SEGES OFFERT A LA COMMUNE DE PREGNY PAR JEAN JAQUET, SCULPTEUR & MEMBRE DU CONSEIL SOUVERAIN EN SEPTEMBRE 1826 FAITE PAR IS DREFFET FONDEUR A GENEVE Au-dessous, vase rococo. Du 10 septembre 1776. — Les deux cloches de l'église de Pregny étant gâtées, la paroisse décide de les envoyer fondre à Genève. R. C. C. Vol. 21, f° 211. 82. 1831. SORAL. EGLISE CATHOLIQUE. D. : 0.89. Servant à l'horloge. Anses plates sans ornements. Dans le haut, feuilles d'acanthe et flammes, dressées. Au-dessous, en trois lignes: SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM SEITJONS DE SORRAL ET LACONEZ 1831 PARRAIN MR JOSEPH MORAND BARON DE GRILLET DE ST SULPICE LIEUTENANT COLONEL DE CAVALERIE MARRAINE IOSEPHINE BARONNE DE GRILLIET DE S T SULPICE NE E MILLIET D ARVILLARS — 137 — Au-dessous, guirlandes entre chérubins. Plus bas, face principale, Christ en croix entre deux palmettes dressées. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté droit de la cloche, armes de Genève, blasonnées, surmontées du soleil. Côté gauche, dans un manteau : FAITE PAR BAPTISTE JEAN PITTON MAITRE FONDEUR A GAROUGE F. BULLIOD Le bord inférieur est fortement ébréché. 83. 1833. CHOULEX . EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D. : 0.80. Servant à l'horloge. Anses carrées sans ornements. Dans le haut, filet orné. Au-dessous, en quatre lignes : UNUS DOMINUS UNA FIDES UNUM BAPTISMA A D EPH. 4 RDUS JH M. VEUILLES PAROCHUS CHOLEX PARRAIN MR JEAN FRANÇOIS JOSEPH RAOUL DE CREVECOEUR MARRAINE DLE ANNE FRANÇOISE ELISABETH STEFANE DE CREVECOEUR SIEUR FRANÇOIS CRETALLAX ADJOINT Au-dessous, filet d'ornements. Plus bas, guirlandes de laurier et bandes d'étoffes en pendentifs. Face principale, Christ en croix entre deux palmettes dressées, la croix posée sur une tête de mort et deux os en sautoir. En suivant à gauche, en une ligne: FAITE A QUINTAL LE 2 DU MOIS DE JAENVIER 1833 — Vierge et Enfant — t PAR LES FRERES CLAUDE & — S André, imberbe, tenant une palme et sa croix — JAEN PIERRE PACCARD F D Bord inférieur, rinceaux. 84. 1833. CHOULEX . EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.70. Anses carrées sans ornements. — 138 — Dans le haut, filet d'ornements dressés. Au-dessous, en trois lignes: SIT NOMEN DOMINI BENEDIGTUM PS. 112. 2. RDUS JH. M. VEUILLES PAROCHUS GHOLEX PARRAIN MR MAURICE RIVOLLET MARRAINE D LLE MARIE FELICITE MERMOS EPOUSE DU PARRAIN. SIEUR FRANÇOIS CRETALLAS ADJOINT Au-dessous, filet d'ornements, plus bas bandes d'étoffe ornée de liserons, séparées par des mouchets en pendentifs. Au-dessous, face, Christ en croix, à la suite: FAITE A QUINTAL LE 2 DU MOIS DE JENVIER 1833 PAR — Vierge et Enfant — LES FRERES CLAUDE ET JAEN — St André — PIERRE PACCARD (figures semblables à celles du NO 83). Bord inférieur, rinceaux. 85. 1833. MEYRIN. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.37. Anses sans ornements. Dans le haut, trois feuilles de géranium. Au-dessous: COMMUNE DE MAIRIN 1833 Plus bas, dans un ovale: FIS BULLIOD ME FONDEUR CAROUGE 86. 1834. VERNIER. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.29. Deux anses sans ornements. Dans le haut: POUR L ECOLE DE VERNIER 1834 Plus bas, un chérubin entre deux feuilles de noisetier. Plus loin, PITTON FONDEUR , une, puis trois feuilles de noisetier. 87. 1835. LANCY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.37. Anses sans ornements. Dans le haut, feuilles de géranium dressées. Au-dessous: COMMUNE DE LANCY ANNEE 1835 — 139 — De l'autre côté, dans un ovale: FS BULLIOD ME FONDEUR CAROUGE 88. 1835. PERLY-CERTOUX . ECOLE COMMUNALE. D.: 0.40. Anses sans ornements. Dans le haut, feuilles de géranium au naturel. Plus bas, face principale: COMMUNE DE PERLY CERTOUX ANNEE 1835 Face postérieure, dans un ovale signature BULLIOD comme au N° 87. 89. 1835. VERNIER. TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.60. Anses carrées sans ornements. Dans le haut, trois feuilles de vigne dressées. Face principale, armes de Genève, dans un ovale formant le centre d'un soleil rayonnant; au-dessus, POST TENEBRAS LUX D'un côté, CANTON , de l'autre, DE GENEVE . Au-dessous: Dans le bas: DONNEE LE 23 AOUT 1835 A L OCCASION DU 3ME IUBILE DE LA REFORMATION PAR P E PICOT MINISTRE DU S EVANGILE FIS BULLIOD MES FONDEURS A CAROUGE 90. 1837. BERNEX . ECOLE COMMUNALE. D.: 0.43. Anses sans ornements. Dans le haut, sur chaque face un soleil, de chaque côté un chérubin. Plus bas, face principale: MONSIEUR THEREMIN PIERRE ETIENNE MAIRE DE LA COMMUNE DE BERNEX — 140 — Face postérieure: FONDUE PAR J H BERTRAND A GENEVE 1837 Au-dessous, soleil. Sur la panse, Christ en croix et Vierge et Enfant. Autour de chaque figure, quatre chérubins. 91. 1837. PREGNY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.45. Anses sans ornements. Dans le haut, en deux lignes: MONSIEUR D'ARBIGNY JEAN ADOLPHE AMEDEE, MAIRE DE LA COMMUNE DE PREGNY FONDUE PAR JOSEPH RERTRAND A GENEVE 1837 Christ en croix, Vierge et Enfant, armes de Genève, avec RESPUBLICA GENEVENSIS 92. 1839. CAROUGE. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 1.08. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut en une ligne: CANTON DE GENEVE VILLE DE CAROUGE 1839 GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE FECIT Face principale, Christ en croix. Face postérieure, un calice surmonté d'une hostie rayonnante et d'une croix. D'un côté, Vierge et Enfant, de l'autre, St Pierre tenant les clés, au-dessous: s. PIERRE . 93. 1839. VEYRIER. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.35. Anses sans ornements. Dans le haut, flammes dressées. Au-dessous: CANTON DE GENEVE COMMUNE DE VEIRIER 1839 G KERVAND FECIT Sur la panse, deux feuilles de vigne et deux papillons. — 141 — 94. 1840. AIRE -LA-VILLE. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 0.80. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, flammes et feuilles d'acanthe, au-dessous, en quatre lignes: M CESAR JOSEPH DEGRE CURE D AIRE LA VILLE CANTON DE GENEVE M R CHARLES CHRISTIN MAIRE JEAN MARECHAL ADJOINT PARRAIN MR JOSEPH MARECHAL MARRAINE MADEMOISELLE JEANNETTE MARECHAL FILLE DU PARRAIN GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE 1840 Au-dessous, un cercle de triangles renversés. Face principale, Christ en croix. Au-dessous: CRUX AVE UNICA SPES Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté droit S t Pierre tenant les clés. Côté gauche St Paul avec un glaive et un livre. 95. 1840. CARTIGNY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.28. Pas d'inscription moulée. En peinture, très effacé Perillat ou Perinet ? 1840. 96. 1840. COLLONGE-BELLERIVE. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.43. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, quatre chérubins et quatre flammes dressées. Au-dessous, en deux lignes: MR CLAUDE GRAND MAIRE DE LA COMMUNE DE COLLONGE BELLERIVE FAITE PAR GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE 1840 Plus bas, d'un côté, Christ en croix. De l'autre, vase rococo. 97. 1840. MEYRIN. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 0.91. Servant à l'horloge. Anses à têtes de lion. Dans le haut, feuilles de noisetier au naturel. Au-dessous, en trois lignes : DEMOISELLE ANNE PERAULT DE FEUILLASSE DONATRICE 1804 REFONDUE L AN 1840 BERTRAND FONDEUR A GENEVE — 142 — Au-dessous, guirlandes passant dans des boucles. Plus bas, face, Christ en croix, la croix posée sur une Véronique. Un chérubin. — Vierge immaculée, posée sur des feuilles de fougères. Vierge et Enfant, également sur des feuilles de fougères. 98. 1842. COLOGNY. TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.78. Servant à l'horloge. Dans le haut, flammes et feuilles d'acanthe. Au-dessous, en deux lignes: SI VOUS ENTENDEZ AUJOURD'HUI MA VOIX N'ENDURCISSEZ POINT VOS COEURS PS. XCV. 8. PAROISSE DE COLOGNY 1842 GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE FECIT Au-dessous, guirlandes. Sur la panse, armes de Genève surmontées du soleil et de la devise POST TENEBRAS LUX . D'un côté, un vase rococo. De l'autre, une grappe de raisin. Du 5 octobre 1841. — « Lecture est faite d'une lettre de M. Patry-Mirabaud qui annonce que la cloche de Cologny étant fendue, il faut la refaire, il demande un clocher neuf avec une cloche beaucoup plus forte »... etc. R. S. E. Vol. 9, F° 347. Dans la séance suivante, la S. E. accorde une plus grosse cloche, mais refuse le clocher. 99. 1842. EAUX -VIVES. TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D. : 0.98. Servant à l'horloge. Anses à deux rainures. Dans le haut, huit feuilles d'acanthe dressées. Au-dessous, en deux lignes: A QUI IRIONS NOUS SEIGNEUR ? TU AS LES PAROLES DE LA VIE ETERNELLE JEAN VI COMMUNE DES EAUX VIVES 1842 GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE FECIT Au-dessous, huit feuilles d'acanthe renversées, d'un type différent de celles du haut. Sur la panse, armes de Genève surmontées du soleil et d'une banderolle portant la devise POST TENEBRAS LUX . 100. 1842. EAUX -VIVES. TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D.: 0.71. Entièrement semblable au N° 99, sauf la première ligne: SANCTIFIE LES PAR TA VERITE; TA PAROLE EST LA VERITE — 143 — *101. 1843. CHENE-BOUGERIES. TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.80. Anses carrées, sans ornements. Dans le haut, un cercle d'ornements gothiques (gables et pinacles). Au-dessous, feuilles de vigne et grappes de raisin. Face principale: MES BREBIS ENTENDENT MA VOIX JE LES CONNAIS ET ELLES ME SUIVENT JEAN X 27 Face postérieure: KELLER FONDEUR A GENEVE 1843 Bord inférieur, feuilles de chêne et glands. Refondue en 1899. 102. 1843. COLLEX-BOSSY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.32. Anses sans ornements. Dans le haut, quatre feuilles d'acanthe dressées, plus bas quatre feuilles semblables renversées. Sur la panse: GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE 1843. 103. 1844. COLLEX-BOSSY. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 0.80. Anses avec deux rainures. Dans le haut, huit chérubins. Au-dessous, en trois lignes: DEO OPTIMO MAXIMO SACRUM R PARRAIN M ADRIEN CTE DE RIENCOURT MARRAINE ME ANTOINETTE CTESSE DE RIENCOURT MR JEAN MARIE DUBOIS CURE MR AUGUSTE SALADIN MAIRE. Au-dessous, huit feuilles d'acanthe renversées. Plus bas, face principale, Christ en croix, face postérieure, Vierge et Enfant, couronnés. D'un côté, vase rococo. De l'autre, dans un manteau: FAITE PAR GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE Au-dessous: 1844 — 144 — 104. 1844. MEINIER . EGLISE CATHOLIQUE . Grosse cloche. D.: 0.98. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, douze flammes dressées. Au-dessous, en deux lignes: MONSIEUR LANCE MAIRE MONSIEUR GRAND JEAN CURE PRESENTEE POUR ETRE BENITE PAR M ANTOINE CHEVRAND ET MADAME JULIE PINIER SON EPOUSE Au-dessous, draperies et pendentifs. Plus bas, lace principale: MONUMENT DE FOI ET DE PIETE Au-dessous, Christ en croix, à sa droite, Vierge et Enfant, tous deux couronnés. Plus bas: COMMUNE DE MEINIER PAR SOUSCRIPTION DES PAROISSIENS Face postérieure, une cloche soutenue par deux Renommées, au-dessous, deux canons en sautoir, la cloche et les canons entourés d'une palme et d'une branche de laurier. Sur une banderolle passant devant la cloche: FONDERIE DE CLOCHES , plus bas, DE S L TREBOUX et sur une autre banderolle entourant les canons: A CORSIER PRES VEVEY Au-dessous: 1844 D'un côté, St Pierre tenant un livre et deux clés. De l'autre, évêque crosse et mitre (St François de Sales ?). 105. 1844. PETIT-SACONNEX . TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche, D.: 1.04. Servant à l'horloge. Anses arrondies, sans ornements. Dans le haut, huit chérubins. Au-dessous: VENEZ REJOUISSONS NOUS EN L ETERNEL PS XCV PETIT SACONNEX 1844 C CHENEVIERE PASTEUR C DUPAN MAIRE Au-dessous guirlandes entre nœuds d'étoffe. Plus bas, face principale, armes de Genève surmontées du soleil et de la devise POST TENEBRAS LUX . Face postérieure, manteau KERVAND . — 145 — 106. 1844. VERNIER. EGLISE CATHOLIQUE. D.: 0.95. Anses à deux rainures. Dans le haut, chérubins. Au-dessous, en quatre lignes: PAROISSE DE VERNIER PATRONS SS JACQUES ET PHILIPPE APOTRES PRESENTEE A LA BENEDICTION PAR M R JEAN ROGH R D CURE DE COLLONGES BELLERIVE ET DEMOISELLE GASPARDE PICTET MR GASPARD JACQUIER RD CURE MR ALPHONSE BARDE MAIRE Au-dessous, guirlandes entre nœufs d'étoffe. Plus bas, face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté, manteau KERVAND , Au-dessous: 1844. Bord inférieur, rinceaux. 107. 1844. VERSOIX . EGLISE CATHOLIQUE . Grosse cloche. D.: 0.91. Anses à deux rainures. Dans le haut, flammes et feuilles d'acanthe. Au-dessous, en six lignes: MON NOM EST EMILIE EUGENIE GABRIELLE J AI POUR PARRAIN M R GABRIEL GIROD CHEVALIER DE S T LOUIS J AI POUR MARRAINE M ME EMILIE GIROD NEE MEGARD J APPARTIENS A LA PAROISSE DE VERSOIX MR VENDELLE MAIRE MR MOGLIA CURE FAITE PAR GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE 1844 Face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant sur une demi-sphère entourée d'un trophée d'armes. Blavignac (La Cloche, pp. 201 et 356) mentionne deux cloches de Versoix, l'une, datée de 1574, bénite le 28 novembre 1699 (?) portant l'inscription DOMINARE IN MED 10 INIMICORVM TVORVM, l'autre, bénite le 10 septembre 1738, fondue par P. A. Collavin. 10 — 146 — 108. 1844. VERSOIX . EGLISE CATHOLIQUE. Troisième cloche. D.: 0.715. Anses à deux rainures. Le haut semblable au N° 107. Au-dessous, en six lignes: MON NOM EST JOSEPHINE ALINE J AI POUR PARRAIN M R JOSEPH TRAITTEUR J AI POUR MARRAINE M LLE ALINE TRAITTEUR J APPARTIENS A LA PAROISSE DE VERSOIX M* MOGLIA CURE MR VENDELLE MAIRE FAITE PAR GEORGE KERVAND FONDEUR A GENEVE 1844 Mêmes figures que le N° 107. 109. 1845. GENEVE . SAINT -PIERRE . ANCIENNE CATHEDRALE . Accord (3e Rebat). Voir Nos 10 et 35. D.: 1.56. Anses à têtes humaines. Dans le haut, flammes. Au-dessous, filet d'ornements, plus bas, draperies et chérubins. Face principale, armes de Genève, accostées de deux branches de chêne, surmontées du soleil et de la devise POST TENEBRAS LUX. Au-dessous: DEO OPTIMO MAXIMO CHRISTI EVANGELIO INSTAURATE CIVITATIS SOSPITATORI IN SPIRITU ET VERITATE GOLENDO ET IN ETERNUM LAUDANDO GENEVAE CIVES SACRUM FECERUNT DIE NATALIUM DOMINI MDCCCXLV Face postérieure: TREBOUX A CORSIER PRES VEVEY — 147 — Au-dessous: FUSA PRIMUM A. D. MCCCCLXXI ITERUM OB FISSURAM A. D. MDCLXXVIII ATQUE ILLICO FRACTA CIVIUM CURIS ET IMPENSIS TERTIUM FUSA A. D. MDCCCXLV DEUS ADSIT Bord inférieur, en une ligne: CLASSICUM INTONABAM HORAS NUNTIABAM NUNC UT QUONDAM SUPREME MEMORES ESSE MONEO AD SACRAS CONCIONES VOGO DEUM IMMORTALEM MAGNIFICO. Du 3 avril 1844. — « M. Martin rapporte qu'on est occupé à démolir les habitations des marguilliers de St Pierre; qu'à cette occasion on a réfléchi que la cloche dite le Rebat ne sert absolument plus à rien qu'à répéter les heures, ce qui pourrait se faire aussi bien sur une autre cloche quelconque: qu'il serait donc d'une bonne administration de briser et de vendre cette cloche fêlée qui représente un capital chômant assez considérable (elle vaut en effet de 1 fr. à 1 fr. 25 la livre).......sur quoi la Soc. après en avoir délibéré décide de demander au Consistoire s'il a qq. objection à faire à cette vente. » R. S. E. Vol. 10. F° 262. Du 10 avril 1844. — « Lecture est faite d'une lettre de Mr Martin, Présidt du Consistoire pour laquelle après avoir déclaré que le Consistoire ne voit pas d'inconvéniens à la vente de la cloche du Rebat, il demande néanmoins que la S. E. veuille bien tenir en réserve la somme qui proviendra de la vente du métal pr aider à la confection d'une nouvelle cloche qui remplacerait le Rebat. » R. S. E. Vol. 10 F° 266. Du 18 décembre 1845. — Lecture d'une lettre de M r le pasteur Bouvier» président du comité des souscripteurs pour la refonte de deux cloches de St Pierre, en date du 15 courant et qui a fait refondre les cloches dites le Rebat et la Vieille Retraite. Ces cloches, dont la fonte a réussi, ont été remontées ds. le clocher de St Pierre le vendredi 12 Xbre. Pour leur donner le ton voulu, on a du en diminuer le poids, de sorte que le Rebat qui pesait 50 qx. et 51 livres n'en pèse plus que 41 qx. et 60 livres, et la Retraite qui pesait 8 quintaux n'en pèse plus que 4 et 79 1. ».......etc. « Le Comité demande 1° que les anciens noms de ces cloches soient changés, savoir que le Rebat s'appelle dorénavant l'Accord et que la Retraite prenne le nom de l'Eveil. 2° Que l'inauguration de ces cloches ait lieu le jour de Noël. » R. S. E. Vol. 10. F° 460. — 148 — 110. 1845. GENEVE . SAINT PIERRE . ANCIENNE CATHEDRALE . Eveil, (ancienne Retraite). D.: 0.75. Voir N° 18. Anses sans ornements. Dans le haut, triangles, filets et guirlandes. Sur la panse, armes de Genève avec le soleil et la devise POST TENEBRAS LUX. Au-dessous: CIVIUM IMPENSIS A. D. MDCCCXLV De l'autre côté, cartouche Treboux. 111. 1846. COMPESIERES. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.48. Anses sans ornements. Dans le haut géranium et chérubins. Au-dessous, d'un côté, Christ en croix de l'autre: COMMUNE DE COMPESIERE MR MONFALCON MAIRE 1846 Plus bas, BULLIOD FRERES, FONDEURS A CAROUGE. 112. 1846. JUSSY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.31. Anses sans ornements. Dans le haut, guirlandes. Dans le bas: SAMUEL JAQUEROD FONDEUR A GENEVE 1846 113. 1846. PETIT-SACONNEX . TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D.: 0.91. Anses sans ornements. Dans le haut, flammes. Au-dessous, en une ligne: VENEZ VOUS PRESENTER DEVANT L'ETERNEL AVEC ALLEGRESSE PS. C. Au-dessous, guirlandes. Plus bas, face principale, armes de Genève, entourées de deux branches de chêne, surmontées du soleil et de la devise POST TENEBRAS LUX. Au-dessous, dans le bas: PETIT SACONNEX 1761 REFONDUE EN 1846 PAR UNE SOUSCRIPTION Face postérieure, cartouche Treboux. — 149 — 114. 1846. VEYRIER . EGLISE CATHOLIQUE . Grosse cloche. D.: 0.87. (Servant à l'horloge.) Anses sans ornements. Dans le haut, ornements et guirlandes (type du N° 110). Au-dessous, en trois lignes: (Les mots en italique ne sont pas fondus, mais simplement dorés). FONDUE EN NOVEMBRE 1822 ET REFONDUE EN 1846 BENITE LE 23 FEVRIER DOM PAROISSE DE VEYRIER MONSIEUR FLEURY CURE MONSIEUR PORTIER MAIRE PARRAIN M R JEAN PORTIER MARRAINE M E ANDRE AN NE GAY Face principale S1 Maurice, à cheval, brandissant un glaive, la croix suspendue au cou. Face postérieure, cartouche Treboux. D'un côté, Christ en croix, de l'autre, un évêque crosse et mitre, bénissant (St François de Sales ?). Bord inférieur: Face principale » postérieure J APPELLE A LA PRIERE DES FETES DU SEIGNEUR J ANNONCE LE JOUR 115. 1846. VEYRIER. EGLISE CATHOLIQUE. Cloche moyenne. D.: 0.75. Anses sans ornements. Le haut semblable au N° précédent, au-dessous des ornements en trois lignes, les deux premières moulées, la troisième simplement dorée: FAITE PAR LES DONS DES HABITANTS DE VEYRIER L AN 1846 A. M. D. G. ET M. MONSIEUR FLEURY CURE MONSIEUR PORTIER MAIRE R PARRAIN M GOTTRET MARRAINE D E LOUISE DANSSE Face principale, St Maurice. Face postérieure, cartouche Treboux. D'un côté Vierge et Enfant, de l'autre, personnage auréolé tenant un sceptre terminé par une croix de St Maurice et le St Esprit. Bord inférieur: Face principale: JE GEMIS AVEC CEUX QUI PLEURENT » JE ME REJOUIS AVEC CEUX QUI SONT DANS LA JOIE postérieure: — 150 — 116. 1847. PLAINPALAIS. TEMPLE PROTESTANT. D.: 1.23. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, en une ligne: VENEZ ET DU SEIGNEUR SANS CESSE LOUEZ LA FORGE ET LA SAGESSE Au-dessous, flammes et filet de fleurs de lis. Plus bas, draperies et chérubins. Face principale, armes de Genève. Au-dessus: Au-dessous: REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE COMMUNE DE PLAINPALAIS Face postérieure, cartouche Treboux et la date 1847. 117. 1849. MEINIER. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.50. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, feuilles d'acanthe dressées. Plus bas, face principale: COMMUNE DE MEINIER Face postérieure: MONSIEUR CHEVRAND MAIRE Au-dessous, guirlandes. Plus bas, face principale, Christ en croix. Face postérieure, cartouche Treboux et la date 1849. 118. 1849. RUSSIN. TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.75. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, triangles et palmettes, au-dessous: QUAND MA VOIX RETENTIT UN GRAND DEVOIR T APPELLE PENSE A DIEU A TON FRERE ILS RECLAMENT TON ZELE Au-dessous, guirlandes entre chérubins. Plus bas, armes de Genève, l'écu couronné et surmonté de la devise POST TENEBRAS LUX (type des armoiries de J. L. Revillard). Au-dessus: COMMUNE DE RUSSIN Au-dessous: MONSIEUR FAVRE MAIRE 1849 Le nom du maire avait été effacé à la suite d'une élection où il n'avait pas été renommé. On l'a gravé depuis. Face postérieure: cartouche Treboux, — 151 — 119. 1850. SESEGNIN (Commune d'Avusy). ECOLE COMMUNALE . D.: 0.46. Dans le haut, trois feuilles de géranium. Au-dessous, face principale: COMMUNE D'AVUSY MR DELUERMOZ MAIRE 1850 Face postérieure: BULLIOD FONDEUR A CAROUGE Au-dessous, trois chérubins. 120. 1854. SORAL. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.36. Anses sans ornements. Dans le haut: COMMUNE DE SORAL 1854 Bord inférieur: FAITE A C|UINTAL PRES ANNECY PAR LES FRERES REAUCJUIS 121. 1855. AVUSY. EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 0.91. Anses carrées sans ornements. Dans le haut acanthes et palmettes dressées. Au-dessous, en cinq lignes: Au-dessous, filet d'ornements. Face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté droit de la cloche: PARR MR A DE LA GRAVE BARON D AVUSY MARR MME LA BARONNE JENY DE LAUNAY — 152 — Côté gauche: VOTEE A L UNANIMITE PAR LE CONSEIL COMMUNAL PAYEE PAR LES CENTIMES ADDITIONNELS ET UN DON DE 500 F cs FAIT PAR RD M CH MAURIS CURE 1855 Plus bas: FAITE A QUINTAL PRES D ANNECY PAR LES FRERES PACCARD Bord inférieur, palmettes. 122. 1855. AVUSY. EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.73. Anses avec une rainure. Dans le haut, acanthes et palmettes dressées. Au-dessous, en cinq lignes: Au-dessous, côté gauche de la cloche: PARR HYACINTHE DE LAUNAY MARR MME SON EPOUSE LSE DURAND 1855 Face principale, Christ en croix. Face postérieure, dans un ovale, Vierge immaculée. Au-dessous: O MARIE CONÇUE SANS PECHE P P N Bord inférieur, palmettes. — 153 — 123. 1855. GRAND-SACONNEX . EGLISE CATHOLIQUE. D.: 0.92. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, palmettes. Au-dessous, en deux lignes: J APPARTIENS A LA COMMUNE DU GRAND SAGONNEX S HIPPOLYTE EST MON PATRON PARRAIN JEAN DEGROZE MARRAINE M BARTHOLONI BABEL CURE AUG SONNEX MAIRE 1855 Au-dessous, guirlandes séparées par des têtes de bélier. Face principale, Christ en croix. Face postérieure, cartouche Treboux. 124. 1856. LANCY. ANCIENNE EGLISE CATHOLIQUE. D.: 0.97. Anses sans ornements. Dans le haut, feuilles de renoncule au naturel, alternant avec des chérubins. Au-dessous, en quatre lignes: PRESENTE A LA BENEDICTION DE L EGLISE EN L HONNEUR DE MARIE IMMACULEE PAR RD JOSEPH BOUVIER DE LANCY CHANOINE CURE ET DOYEN A LA MARTINIQUE ET PAR MME LA COMTESSE CAROLINE MAKWASKA NEE POTOKA Face postérieure: PAROISSE DE LA S TE TRINITE DE LANCY Rn AIME ANGELIN CURE M R HENRI WISSNER MAIRE 1856 Au-dessous, un filet de guirlandes. Dans le bas: Passion. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côté gauche, armes de Genève, côté droit, dans une couronne de laurier: BULLIOD FRERES FONDEURS A CAROUGE — 154 — 125. 1857. CELIGNY. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.41. Anses sans ornements. Dans le haut, acanthes. Au-dessous, face principale, entre deux branches de laurier: CANTON DE GENEVE 1857 De l'autre coté, dans un écusson: TREBOUX FONDEUR CORSIER PRES VEVEY *126. 1857. EAUX -VIVES . AUTREFOIS A L 'EXTREMITE DE LA JETEE . D.: 0.42. Entièrement semblable au N° 125. 127. 1857. LACONNEX. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.58. Anses plates sons ornements. Dans le haut, acanthes et palmettes dressées Au-dessous: 128. 1857 SATIGNY TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 0.87. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, feuilles d'acanthe, au-dessous filets, plus bas, têtes de bélier alternant avec des guirlandes. Face principale, armes de Genève. Au-dessous: 1857. — 155 — Face postérieure, cartouche Treboux. « Le nom de Louis Revillard, 1760, se lisait sur une cloche de Satigny ». Blavignac (La Cloche, p. 357). 129. 1858. CELIGNY . TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 0.90. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, triangles ornés. Au-dessous, en deux lignes: PHILIPPE MANDRY MAIRE LOUIS MUNIER ET JEAN ETIENNE BAUD AJOINDTS JAQUES BERNARD JAQUES FRANÇOIS BAUD MARC JSOZ JACOB ROGET CONSEILLERS MUNICIPAUX Au-dessous, guirlandes séparées par des têtes de bélier. Plus bas, face principale, Armes de Genève. Au-dessus : CANTON DE GENEVE Au-dessous: COMMUNE DE CELIGNY Face postérieure, cartouche Treboux. Au-dessous, 1858. Minutoli (Chroniques) mentionne une cloche portant l'inscription LEUR SON EST ALLE PAR TOUTE LA TERRE et le nom de Simon Garnier, pasteur de Céligny, de 1618 à 1654. 130. 1858. VERSOIX . TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 0.77. Anses sans ornements. Dans le haut, triangles, au-dessous en deux lignes: EGLISE NATIONALE PROTESTANTE DE VERSOIX DIMANCHE 7 NOVEMBRE 1858 THEODORE VERNES DONATEUR Au-dessous, guirlandes. Plus bas, face principale: GLOIRE A DIEU PAIX SUR LA TERRE BIENVEILLANCE ENTRE LES HOMMES Face postérieure, cartouche Treboux. — 156 — 131. 1860. GENEVE . EGLISE DE NOTRE - DAME . D.: 1.33. Anses à têtes humaines. Dans le haut, acanthes renversées, partant des anses. Au-dessous, ornements dressés. Plus bas, face principale, en trois lignes, la première moulée, les deux autres gravées: Au-dessous, large filet d'ornements. Plus bas, ornements dressés. Face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant. Encore plus bas, face principale: BURDIN FILS AINE FONDEUR A LYON 1860. 132. 1862. ECOGIA (Château d') COMMUNE DE VERSOIX . D.: 0.47. Anses plates sans ornements. Dans le haut, gravé: E. G. M.1 ECOGIA CNE DE VERSOIX 1862 Plus bas, face principale, une croix et GVLLIET FONDEVR A LYON. Face postérieure, Vierge et Enfant. 133. 1863. GY . TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.81. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, treize chérubins. Au-dessous pendentifs. Face principale, dans le bas: LA PAIX SOIT AVEC VOUS Face postérieure, cartouche Treboux. Au-dessous, 1863. 1 Emilie Girod-Mégard. — 158 — • • • • S JOHANNES BAPTISTA ORA PRO NOBIS • S FRANCISCVS SALESIVS ORA PRO NOBIS • MARIA IMMAGULATA • EGO SVM PASTOR BONVS • Entre ces quatre figures les emblèmes des quatre Evangélistes, portant chacun un livre avec A * Ω • Au-dessous, sur la même ligne que les noms précédents : .S. MARCVS. .S. IOHANNES. .S. LVCAS. .S. MATTHÆVS. t Au-dessous du Christ, croix de S Maurice, au-dessus de la Vierge, une étoile. Avant l'inscription du haut, une figure de St Maurice avec .s. MAVRITIVS. Bord inférieur, filet de laurier et .c. MOREL A LYON . Le 30 novembre 1864, le Conseil municipal de Bernex décidait de refondre et d'augmenter une des deux petites cloches, fêlée, pour être placée au clocher de la nouvelle église. La cloche neuve n'ayant pas donné satisfaction, fut refusée et remise au creuset en 1866. De nouveau fêlée au commencement de ce siècle, elle fut refondue en 1905. Voir N° 179. *137. 1867. GENEVE . SAINT -PIERRE . ANCIENNE CATHEDRALE . Deuxième Clémence. D.: 2.05. (Voir Nos 4 et 176.) Anses sans ornements, une rainure de chaque côté. Dans le haut, en une ligne, gothiques majuscules: Sur la panse, face principale: 1867. Plus bas, armoiries de Genève surmontées du soleil, au-dessous la devise POST TENEBRAS LVX. Face postérieure, 1407; audessous, Bible ouverte avec BIBLIA SACRA, surmontée d'une croix rayonnante, entourée d'une banderolle avec IHS et encadrée de branches de laurier. A gauche de la cloche: GVLLIET PERE ET FILS FONDEVRS A LYON Bord inférieur, en une ligne, gothiques majuscules: — 159 — Cette cloche avait été refondue avec le métal de l'ancienne en 1867, par MM. Gulliet père et fils, fondeurs à Lyon. Une seule maison suisse, Treboux, à Vevey, avait fait une offre qui ne fut pas maintenue. Sa décoration, à part les deux inscriptions en caractères imités de l'ancienne Clémence, était très pauvre, les anses nues et les deux motifs armoiries et Bible trop petits eu égard aux dimensions de la cloche. Elle sonna pour la première fois le dimanche 3 novembre 1867. Son diamètre était le même que celui de sa devancière, son poids un peu plus fort: 5380 kgs. C'est vers la fin de l'année 1898 que l'on s'aperçut de l'assourdissement progressif du son de cette cloche. Un examen attentif révéla l'existence d'une fissure, visible seulement à l'intérieur. On continua cependant à l'utiliser jusqu'au 4 juin 1899, où elle sonna pour la dernière fois à l'occasion de l'élection du Consistoire. On constata alors deux fentes bien caractérisées. Elle fut refondue, ou plutôt refaite, puisque l'ancien métal ne fut pas utilisé, trois ans plus tard. Voir n° 176. 138. 1868. GENEVE . EGLISE DE S T JOSEPH . D.: 1.01. Servant à l'horloge. Anses à têtes humaines. Dans le haut, sur un semis de très petites étoiles, fleurs de lis alternant avec le St Esprit dans un soleil triangulaire, entouré d'une couronne de laurier. Au-dessous, en six lignes : | MARIA JOSEPHA GASPARINA JOANNA FRANCISCA THERESIA BENEDICTA A R° GASPAR MERMILLOD EP. HEBRON . FAUX . V. GEN DIE ANNO 1868 PIO IX REGNANTE JOANNE MARIA MARIN RECTORE HEC S JOSEPH GEN PATRINO VICTORE JOS. DUNOYER PROT. AP. PATRINA MARIA JOSEPHA THERESIA NASS DICTA FAVRE PER SONITUM MEUM CRESCAT IN CIVITATE FIDES INFIDELIUM ANIMIS DEVOT1O PROCUL PELLANTUR INIMICI INCIDI/E PERCUSSIO FULMINUM FRAGOR GRANDINUM ET UNUM OVILE SUB UNO PASTORE INDUCATUR PIOS L.ETIFICO ARGUO IMPIOS EXULTO NASCENTIBUS MORIENTIBUS INGEMISCO CONVOCO FIDELES FESTA NUNTIO PRO PAGE ET SALUTE PERSONO Au-dessous, filet de vigne. Plus bas, guirlandes de rosés et lampes. Au-dessous, face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge immaculée sur un croissant. Côté, dans le bas: PACCARD FRERES FONDEURS ANNECY LE VIEUX HAUTE SAVOIE 1868. Bord inférieur, rinceaux. — 160 — 139. 1868. GENTHOD . TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 1.11. Servant à l'horloge. Anses sans ornements. Dans le haut, ornements gothiques et, en quatre lignes: GLOIRE A DIEU PAIX SUR LA TERRE BIENVEILLANCE ENTRE LES HOMMES DONNEE PAR DEVX AMIS FRANCK COVLIN PASTEVR ERNEST SALADIN MDCCCLXVIII Dans le bas: GVLLIET PERE ET FILS FONDEVRS A LYON . 140. 1869. BERNEX . EGLISE CATHOLIQUE . Petite cloche: D.: 0.80. Anses ornées. Dans le haut, acanthes renversées. Plus bas, un filet orné. Au-dessous, en cinq lignes : Au-dessous, cordelette, laurier et ornements. Plus bas, Christ dans une couronne de laurier, au-dessus, croix de St Maurice, au-dessous o XRISTVS DOCENS o St François de Sales, au-dessous o ST FRANÇOIS DE t SALES o S Joseph et l'Enfant Jésus, au-dessous o ST JOSEPH PRIEZ POUR NOUS o Vierge immaculée, au-dessus, une étoile à 5 rais, au-dessous: o MARIA IMMACVLATA o Bord inférieur: o c MOREL A LYON . REYNAUD SUCCESSEUR o 141. 1869. ONEX . CHAPELLE CATHOLIQUE . D.: 0.775. Servant à l'horloge. Anses carrées sans ornements. Dans le haut, arcatures gothiques, au-dessous, face principale: LOUE ET ADORE SOIT JESUS CHRIST! JE CONVOQUE LES FIDELES — 161 — JE LES EXHORTE A LA PRIERE, JE LEUR RAPPELLE LE TEMPS ET L'ÉTERNITÉ, J'ANNONCE LES SOLENNITÉS, ET JE PLEURE LES MORTS Face postérieure: PARRAIN: MR JEAN NIGOLIN. MARRAINE: ME LOUISE NICOLIN-VUI.LIEZ, MAIRE D'ONEX: M. PHILIBERT GIGNOUX. CURÉ DE LA PAROISSE: M. JEAN CHARROT. A droite, Christ en croix. A gauche, armoiries de Genève, blasonnées, surmontées d'un soleil à huit rais avec une croix au centre. Au-dessous, un large filet de rinceaux. Dans le bas, face postérieure: FONDU PAR M . SUTERMEISTER A. AARAU. 1869. 142. 1871. GONFIGNON . EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 1.19. Servant à l'horloge. Anses à têtes humaines. Dans le haut, ornementation semblable à celle du N° 138. Au-dessous, face principale, en quatre lignes: Plus bas, entouré de 21 étoiles: LOUE ET ADORE SOIT JESUS CHRIST JE PUBLIE LA GLOIRE DE DIEU J ANNONCE LES SOLENNITES DE L EGLISE JE CONVOQUE LES FIDELES JE LES EXHORTE A LA PRIERE JE CHANTE LES BAPTEMES JE ME REJOUIS AVEC LES NOUVEAUX EPOUX JE PLEURE LES MORTS — 162 — Face postérieure, entouré de 21 étoiles : CONSEIL MUNICIPAL DE CONFIGNON MAIRE MR AUGUSTE GROS 1ER ADJOINT ANDRE MARIN 2 ID ETIENNE CLARET CONSEILLERS MM CLAUDE MEGEVAND COMPAGNON LONGET LANCOUD BESSON MAGNIN JOSEPH COMPAGNON CHAVAZ SECRETAIRE FRANÇOIS LANCOUD 1871 Sur le côté droit, Christ en croix, sur le côté gauche, Vierge immaculée, auréolée de 5 étoiles. Bord inférieur, rinceaux. 143. 1872. PLAINPALAIS. EGLISE ST FRANÇOIS. D.: 1.07. Anses à têtes humaines. Dans le haut, ornementation semblable à celle du N° 138. Au-dessous, face principale, en six lignes; la fin de la troisième gravée: — 163 — Sur la panse, face principale, tiare pontificale posée sur deux clés en sautoir et sur une croix à double traverse. Au-dessus, PIVS IX et deux rameaux avec deux étoiles. Plus bas: Face postérieure, armes de Sales (d'azur à deux faces de gueules bordées d'or, l'azur chargé en chef d'un croissant montant d'or en cœur, au centre et en pointe d'une étoile de même), surmontées d'une mitre posée sur une crosse et une croix de procession en sautoir. Au-dessous: T S FRANÇOIS DP: SALES flanqué d'une branche de lis et d'une branche de pensées avec deux étoiles. Côté droit de la cloche, Christ en croix, de chaque côté un petit vase avec tulipe. Côté gauche, Vierge immaculée posée sur un croissant et des nuages. Cinq étoiles en auréole. Bord inférieur, large filet de rinceaux. 144. 1872. PRESINGES. EGLISE CATHOLIQUE. D.: 0.70. Anses à têtes humaines. Dans le haut, ornementation semblable à celle du N° 138. Au-dessous, en six lignes: — 164 — 145. 1874. LANCY . NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE . D.: 0.63. Anses plates sans ornements. Dans le haut, ornementation semblable à celle du N° 138. Au-dessous, en cinq lignes: GLORIA PATRI ET FILIO ET SPIRITU SANGTO JE SUIS LA VOIX DU SEIGNEUR QUI BRISE LES CEDRES DU LIBAN PS. XXVIII PARRAIN MR LE CHANOINE JOSH BOUVIER MARRAINE MLLE JOSEPHINE NASS FAVRE M R ANTOINE BERTHIER CURE DE LANCY Au-dessous: PACCARD FRERES FONDEURS, etc., 1874. Sur l'autre face: J AI ETE BENITE PAR S G MGR MERMILLOD EVEQUE D HEBRON V A DE GENEVE EN EXIL Au-dessous, armes Mermillod, l'écu posé sur une croix de St Maurice et surmonté d'un chapeau à trois mouchets. Plus bas, la devise VERITAS ET MISERICORDIA . Côté gauche, Vierge immaculée, sur un croissant, auréolée de cinq étoiles, entourée de deux branches de laurier et pensées. De l'antre côté, croix de feuillages. Bord inférieur, large filet de rinceaux. Cette cloche, (de même que celles décrites sous les NOS147, 148, 150, 151, 152, 153, 154.156 et 157) avait été faite pour la chapelle catholique romaine construite à la suite du conflit religieux de 1873. 146. 1874. VERSOIX. ECOLE COMMUNALE. D.: 0. 375. Anses sans ornements. FONDUE PAR ARRET DU CONSEIL MUNICIPAL DESHUSSES MAIRE 1874 — 168 — 153. 1879. VERNIER. ANCIENNE CHAPELLE CATHOLIQUE ROMAINE . D.: 0.68. Anses à têtes humaines. Dans le haut ornementation, semblable à celle du N° 138. Au-dessous, en quatre lignes: Au-dessous, filet de chêne. Plus bas, entouré de 27 étoiles à cinq rais, de grosseur variée : FRANÇOIS GOLLIARD CURE DE VERNIER LOUIS PIGTET MAIRE REVOQUE ANTOINE CAILLAT NOUVEAU MAIRE LOUIS ROCH ADJOINT LOUIS ALLIOD ADJOINT 1878 - 1879 154. 1879. VERSOIX . EGLISE CATHOLIQUE. Deuxième cloche. D.: 0.84. Anses à têtes humaines. Dans le haut, ornementation semblable à celle du N° 138. Au-dessous, en six — 169 — 155. 1880. VEYRIER. CHAPELLE PROTESTANTE. D.: 0.73. Anses sans ornements. Face principale: CHAPELLE PROTESTANTE VEYRIER 1880 Face postérieure: FONQUE LE 5 AOUT 1880 CHEZ MR A STUTZMANN GENEVE 156. 1881. AlRE-LA-VlLLE. EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.43. Anses sans ornements. Dans le haut, filet d'ornements. Plus bas, Christ en croix et Vierge immaculée. Au-dessous de la Vierge, signature du fondeur PACCARD FRERES FONDEURS etc. Bord inférieur, fruits. 157. 1882. CHENE-BOURG. CURE CATHOLIQUE ROMAINE. (Depuis la démolition de la chapelle.) D.: 0.70. Anses à filets et rainures, une feuille d'acanthe à la base et une au sommet. 1 Julie Nass-Favre. — 170 — Dans le haut, feuilles d'acanthe et feuilles en lancette, renversées. Un filet de perles, puis, en quatre lignes: Un filet de pensées, feuilles et fleurs; au-dessous, un petit filet d'ornements. Face principale, le Christ, bénissant de la main droite et tendant de la gauche un étendart dont la hampe se termine en croix à double traverse. Au-dessus, une croix fourchée, au-dessous IHESVS XRISTVS DN . Face postérieure, Vierge immaculée, au-dessus une grosse étoile, au dessous, STELLA MATVTINA. D'un côté, St Jean l'Evangéliste, au-dessous, s. IOHANNES. De l'autre, St François de Sales, audessous, s. FRANCISCVS. Entre ces figures sont intercalés les symboles des quatie évangélistes. Entre le Christ et St Jean, l'ange, au-dessous s. MATTHÆVS. Entre St Jean et la Vierge, le lion, au-dessous, s. MARGUS. Entre la Vierge et St François l'aigle, audessous, s. IOHANNES. Entre St François et le Christ, le bœuf, au-dessous, s. LVCAS. Ces quatre figures tiennent chacune un philactère carré long, portant A*Ω- De chaque côté, rinceaux formés de grappes de raisins et d'épis de blé. Bord inférieur, laurier. 158. 1882. GENEVE . TEMPLE DES PAQUIS . Grosse cloche. D.: 1.12. Anses carrées avec têtes de lion. Dans le haut, ornements. Au-dessous: EGLISE NATIONALE PROTESTANTE DE GENEVE TEMPLE DES PAQUIS MDCCCLXVII AUX FRAIS DES CITOYENS GENEVOIS Au-dessous, filet d'ornements. Plus bas: REFAITE EN JANVIER 1882 PAR AGT STUTZMANN Bord inférieur, rinceaux. Fondue en 1867 par Gulliet à Lyon et fêlée en 1881. — 172 — 160. 1886. CHOULEX. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.27. Deux anses sans ornements, Dans un ovale: A. STUTZMANN CONSTRUCTEUR G E N E VE Au-dessous 1886 COMMUNE DE CHOULEX 161. 1887. DARDAGNY. TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche, servant à l'horloge. D.:0.86. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, face principale: UNION PROGRES postérieure: GLOIRE A DIEU Au-dessous, arcatures gothiques. Sur la panse, face principale, écusson fédéral, au-dessus: UN POUR TOUS TOUS POUR UN Face postérieure: COMMUNE DE DARDAGNY ANNEE 1887 Au-dessous, branches de laurier. Plus bas, filet de lierre. Bord inférieur: GUSTAVE TREBOUX FONDEUR A VEVEY 1887 162. 1887. DARDAGNY. TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D.: 0.70. Anses rondes sans ornements. Dans le haut, face principale : POST TENEBRAS LUX postérieure: PAIX SUR LA TERRE Au-dessous, arcatures gothiques. Sur la panse, face principale, armoiries de Genève, blasonnées, surmontées du soleil avec IHS entourées de deux branches de laurier et palmes. Face postérieure, même inscription et date que le N° 161. Au-dessous, deux feuilles de laurier au naturel, plus bas, filet de chêne. Signature du fondeur et date semblable au N° 161. — 173 — 163. 1888. VESENAZ. ECOLE PRIMAIRE. D. : 0.27, fêlée. Sur la panse: VESENAZ LOI DU 24 OCTOBRE 1888 A. GAVARD CONSEILLER D ETAT COLLONGE BELLERIVE ARRETE MUNICIPAL 17 MAI 1887 J. RIVOLLET MAIRE Bord inférieur: H. JUVET ARCHITECTE p SAULNI 1 ENTREPRENEUR 164. 1890. GORSIER. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.38. Pas d'anses. Dans le bas: COMMUNE DE CORSIER 1890 165. 1890. PLAINPALAIS . EGLISE SAINTE CLOTILDE . D.: 0.56. Anses plates sans ornements. Dans le haut, acanthes et feuilles ornementales renversées. Au-dessous, filet d'ornements. Sur la panse, d'un côté, Christ en croix. De l'autre, entouré d'étoiles à 5 rais: EGCLESIAM REGENTE UNIVERSAM PIO P P IX ANNECIEN VERO CLAUDIO MAGNIN EP. NOVI AQUIANENSIS GYMNASII FUNDATORE ME PRIMUM AN 1872 ET ITERUM AN 1890 CONFLATAM MARAE IMMACULATÆ s SIUS J ALOY CORAJOD CAN. CURIÆ CANCELUS ET MA CDIA BEROD Au-dessous, filets. Dans le bas: — 174 — 166. 1898. CORSIER . EGLISE CATHOLIQUE . Petite cloche. D.: 0.71. Anses sans ornements. Dans le haut, acanthes renversées. Au-dessous: — 175 — 168. 1898. Vésenaz. chapelle protestante. D. : 0.50. Pas d'anses. Dans le haut ornements. Au-dessous, face principale: CHAPELLE DE VESENAZ 1898 GLOIRE A DIEU Plus bas filet de rosés. Face postérieure, bord inférieur : GEGOSSEN VON H . RUETSCHI IN ZURICH 1898 169. 1899. CHENE -BOUGERIES. TEMPLE PROTESTANT. Grosse cloche. D.: 0.87. Servant à l'horloge. Anses avec une feuille gothique. Dans le haut, face principale: CHENE-BOUGERIES Face postérieure: FONDEUR H. RUETSCHI AARAU 1899 Au-dessous, ceinture d'arcatures gothiques. Sur la panse, face principale: DIEU ET PATRIE Face postérieure; sur un fond rayonnant, aigle et clé surmontés du soleil et portant en cœur un écusson aux armes de Chêne-Bougeries, d'argent à un chêne arraché au naturel. Au-dessous, filet de feuilles de chêne et glands. Bord inférieur, face principale: CEUX DE CHENE A LEUR EGLISE NATIONALE Face postérieure: 1899 170. 1899. CHENE -BOUGERIES. TEMPLE PROTESTANT. Cloche moyenne. D.: 0.70. Entièrement semblable au N° 169. comme décoration et inscriptions, sauf sur la face principale. Au lieu de Dieu et Patrie: PAIX SUR LA TERRE BONNE VOLONTE ENVERS LES HOMMES — 176 — 171. 1899. CHENE -BOUGERIES. TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D. : 0.58. Entièrement semblable aux Nos 169 et 170, sauf l'inscription: AIMEZ VOUS LES UNS LES AUTRES 172. 1899. PETIT -SACONNEX . S T ANTOINE DE PADOUE . Grosse cloche. D.: 1.19. Servant à l'horloge. Anses à têtes humaines. Dans le haut, ornements dressés. Au-dessous, face principale: Double filet d'ornements. Au-dessous, face principale, Christ en croix. Face postérieure, St Antoine de Padoue, semblable à celui du N° 172. Côtés, en buste, St Joseph portant l'Enfant Jésus et un lis. Au-dessous: ST JOSEPH t et S François de Sales avec ST FRANÇOIS DE SALES. Plus bas, triple filet d'ornements. Bord inférieur, rinceaux. Au-dessus, signature des fondeurs et la date, comme au N° 172. 174. 1899. PETIT -SACONNEX . S T ANTOINE DE PADOUE . Troisième cloche. D. : 0.53. Servant à l'horloge. Anses plates sans ornements. Dans le haut, ornements. Au-dessous: Au-dessous, filet d'ornements. Plus bas, face principale, Christ en croix. Face postérieure, Vierge et Enfant. Côtés, S t Antoine de Padoue, semblable à celui du N° 172. Un ange, au-dessous: L ANGE GARDIEN. Le reste, la signature des fondeurs et la date comme aux Nos 172 et 173. 175. 1899. PETIT -SACONNEX . S T ANTOINE DE PADOUE . Quatrième cloche. D. : 0.47. Servant à l'horloge. Anses plates sans ornements. Dans le haut feuilles en lancette, renversées. Dans le haut, ornements. Audessous, face principale: — 178 — Au-dessous, filet d'ornements. Plus bas, face principale, Christ en croix. Face postérieure, St Antoine de Padoue, comme au N° 172. Côtés, en buste, St Pierre, audessous ST PIERRE et ST Paul, avec ST PAUL. Le reste, la signature des fondeurs et la date comme aux Nos 172,173 et 174. 176. 1902. GENEVE . SAINT -PIERRE . ANCIENNE CATHEDRALE . Troisième Clémence. D.: 2.15. (Voir Nos *4 et *137.) Anses ornées d'un ange sonnant de la trompette. Dans le haut, sous un mince filet de feuilles gothiques, un large cercle d'ornements également gothiques (accolades et arcatures), dans lequel sont placés six médaillons ronds portant, en partant de la face principale et en suivant à droite : 1° 1407. 2° IHS. 3° 1867. 4° Armes du chapitre. 5° 1902. 6° Aigle d'Empire. Sur la panse, face principale, armes de Genève blasonnées, surmontées du soleil au-dessous POST TENEBRAS LVX. Face postérieure: GLOIRE A DIEU PAIX SUR LA TERRE BIENVEILLANCE ENTRE LES HOMMES Entre Ruetschi et Aarau un écu circulaire timbré d'un heaume: Cigogne surmontée d'un croissant renversé et flanquée de deux étoiles. Cette cloche, du poids de 6238 kgs. a été fondue avec du métal neuf. L'essai officiel eut lieu le 3 décembre 1902. — 179 — 177. 1902. SORAL. EGLISE CATHOLIQUE. Petite cloche. D.: 0.75. Anses avec une feuille d'acanthe. Dans le haut, acanthes de deux grosseurs, renversées. Au-dessous: 178. 1903. VERSOIX . TEMPLE PROTESTANT. Petite cloche. D.: 0.64. Anses ornées d'une feuille gothique. Dans le haut, cercle de feuilles gothiques, au dessous: RECONNAISSANCE. MON AME BÉNIS L'ETERNEL ET N'OUBLIE AUCUN DE SES BIENFAITS ! PSAUME CIII. V 2. C. V. A. 1903. Dans le bas: GIESSEREI H . RUETSCHI AARAU 1903. 179. 1905. BERNEX . EGLISE CATHOLIQUE . Grosse cloche. D.: 1.18. Servant à l'horloge. Anses à têtes humaines. Dans le haut, motifs ornés. Au-dessous, large filet d'ornements avec guirlandes et pendentifs. Plus bas, face principale, en sept lignes: — 182 — Au-dessous, filet de rinceaux. Sur la panse: CHRISTVS VITIS. Entre les deux mots, armes Sarasin d'azur à un cep de vigne arraché, l'écu timbré d'un heaume surmonté d'un rameau de vigne et flanqué de lambrequins. Au-dessous: DON DE ANNA SARASIN NOËL 1905 Bord inférieur: FONDEUR H. RUETSCHI AARAU 1905. 183. 1906. BERNEX . CHAPELLE PROTESTANTE. D.: 0.42. Pas d'anses. Dans le haut: GLOIRE À DIEV DANS LES LIEVX TRÈS HAVTS Plus bas: BERNEX 1906 — 183 — Au-dessous, guirlandes et pendentifs. Plus bas, dans un double cercle portant la devise POST TENEBRAS LUX, armoiries de Genève, blasonnées, surmontées du soleil portant IHΣ. Le pourtour de la cloche est occupé par l'inscription suivante, en quatre lignes: L'AN MDCCCCXI DE NOTRE SEIGNEVR LES PAROISSIENS DE CHANCY ET DES GÉNÉREVX AMIS M'ONT PERMIS D'VNIR MA VOIX À CELLE DE MA SŒVR AÎNÉE, VOVLANT TÉMOIGNER PAR LÀ LEVR INÉBRANLABLE ATTACHEMENT À LA FOI CHRÉTIENNE ET AVX PRINCIPES DE LA BIENHEVREVSE RÉFORMATION. 186. 1911. MEYRIN. TEMPLE PROTESTANT. D.: 0.67. Anses sans ornements. Dans le haut, guirlandes de rosés. Au-dessous: DONNÉE PAR LES ENFANTS DES ÉCOLES DU DIMANCHE DU CANTON DE GENEVE . NOVEMBRE MDCCCCIX . (Sic.) Dans le bas: H . RUETSCHI , AARAU 1911. 187. 1912. LANCY. CHAPELLE PROTESTANTE. D.: 0.60. Anses carrées sans ornements. Dans le haut, large cercle de fleurons. Au-dessous, face principale: GRAND-LANCY 1912 OFFERT PAR LES ENFANTS DE L'EGLISE DE GENEVE Face postérieure: GLOIRE A DIEU. Plus bas, filets. Bord inférieur: — 184 — 188. 1913. PREGNY (Chambésy). CHAPELLE PROTESTANTE DE CORNILLON . D.: 0.48. Pas d'anses ni d'ornements. D'un côté, face principale : de l'autre : DONNE PAR LES PROTESTANTS DE LA PAROISSE DE PREGNY-GRAND SACONNEX MDCCCCXIII Plus bas, face principale: ASSEMBLEZ LE PEUPLE, FORMEZ UNE SAINTE REUNION, ASSEMBLEZ LES VIEILLARDS, ASSEMBLEZ LES ENFANTS, JOËL GH. II. V. 16. 189. 1915. PETIT-LANCY. CHAPELLE PROTESTANTE. D.: 0.50. Pas d'anses. Dans le haut, double rang de denticules (billettes). Sur la panse, face principale, armoiries de Genève surmontées du soleil avec IHS. Au-dessus GLOIRE A DIEU, au-dessous POST TENEBRAS LUX. Face postérieure: DON DE MONSIEUR EDMOND MARION A LA PAROISSE DE LANCY-ONEX 1915 Bord inférieur, face principale: EGLISE NATIONALE PROTESTANTE DE GENEVE face postérieure: FONDERIE H . RUETSCHI AARAU . 190. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Grosse cloche. D.: 1.12. Anses à têtes de lion. Dans le haut, face principale: Au-dessous, guirlandes et pendentifs. Sur la panse, Christ en croix, Ste Vierge, au-dessous: AVE GRATTA PLENA, St Joseph. Marque des fondeurs: une cloche surmontée d'un carillon et flanquée de deux figures. Autour de la cloche, d'un côté, LA SAVOYARDE , de l'autre, LA JEANNE D ARC . Au-dessous, sur une banderole : LES FILS DE G. PACCARD A ANNECY LE VIEUX. Double filet d'ornements. Bord inférieur, médaillons alternés, l'un avec une croix surmontée de IN RI , l'autre avec un calice surmonté de IHS . 191. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Deuxième cloche. D.: 1 m. Anses à têtes de lion. Dans le haut, face principale: Plus bas, ornements. Sur la panse, Christ en croix, St Michel. Marque des fondeurs, comme au N° 190. Au-dessous, filets ornés. Bord inférieur, Epis et Vigne. — 186 — 192. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Troisième cloche. D.: 0.90. Anses à têtes humaines. Dans le haut, face principale: Au-dessous, ornements. Sur la panse, l'Enfant Jésus. La Vierge immaculée, S t Joseph. Marque des fondeurs, comme au N° 190, puis filets ornés. Dans le bas: A N-D DES GRACES EN SOUVENIR DES NOCES D OR DE NOS CHERS PARENTS JOSEPH PIERRE EUGENIE CHARLES LEON EDOUARD ADELAÏDE CLEMENT Bord inférieur décoré. 193. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Quatrième cloche. D. : 0.85. Anses à têtes humaines. Dans le haut, face principale: Au-dessous, ornements. Sur la panse, ostensoir. Un calice. L'agneau pascal. Marque des fondeurs, comme au N° 190, puis filets ornés. Bord inférieur décoré. 194. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Cinquième cloche. D. : 0.75. Anses à têtes humaines. Dans le haut, face principale. Au-dessous, ornements. Sur la panse, Christ en croix. N. D. de Pitié. Marque des fondeurs, comme au N° 190, puis filets ornés. Dans le bas: EN SOUVENIR DE LEON DECONINCX Bord inférieur, vigne. 195. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Sixième cloche. D.: 0.67. Anses à têtes humaines. Au-dessous, ornements gothiques. Sur la panse, Christ en croix. St Christophe. St Georges. Marque des fondeurs, comme au N° 190. Au-dessous, double filet d'ornements. Bord inférieur, rinceaux. 196. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Huitième cloche. D.: 0.60. Pas d'anses. Dans le haut, face principale: Au-dessous, filet d'ornements. Sur la panse, St François de Sales. St Louis de Gonzague. Bienheureux cur. d'Ars. St Antoine de Padoue. St Dominique. St François d'Assise. Marque de fondeurs, comme au N° 190. Plus bas, double filet d'ornements. Bord inférieur décoré — 189 — 197. 1921. LANCY. NOUVELLE EGLISE CATHOLIQUE. Neuvième cloche. D. : 0.575. Pas d'anses. Dans le haut, face principale: Bord inférieur, vigne. Les huit cloches fondues en 1921 pour l'église N. D. des Grâces sont dédiées, le N° 190 au Christ, à la Ste Vierge et aux Apôtres; le N° 191 aux Anges gardiens, le N° 192 à St Joseph, le N° 193 au St Sacrement; le N° 194 à la Passion de N.S.J.C.; le N° 195 aux Martyrs (St Christophe et St Georges sont patrons auxiliaires de Lancy); le N° 196 aux Confesseurs de la foi et le N° 197 aux Vierges. Une notice leur a été consacrée par M. Mantilleri, curé de Lancy, dans le Bulletin paroissial de Lancy, novembre 1921. 198. S. D. AIRE -LA-VILLE. ECOLE COMMUNALE. D.: 0.24. Dans le haut, quatre palmettes. Plus bas, sur la panse, dans un ovale, une petite cloche, d'un côté L, de l'autre B. Au-dessus, deux canons affrontés. Dans le bas, filets. 199. S. D. EAUX -VIVES. ECOLE COMMUNALE . D.: 0.29. Anses sans ornements. Anépigraphe. Dans le haut, trois feuilles de géranium au naturel. Fondue probablement par Bulliod. — 190 — 200. S. D. PUPLINGE . ECOLE COMMUNALE . D.: 0.28. Deux anses sans ornements. Sur la panse: F BULLIOD FONDEUR A le reste de l'inscription a été effacé. 201. S. D. VERSOIX . EGLISE CATHOLIQUE. Quatrième cloche. D.: 0.375. Anses à têtes humaines. Sur la panse, dans un écusson: TREBOUX A CORSIER PRES VEVEY * * * 202-4. DIVERS . MUSEE D ' ART ET D ' HISTOIRE . La commune de Pregny a remis dernièrement au Musée d'Art et d'Histoire trois petites cloches, de 0.22, 0.19 et 0.18 de diamètre, depuis longtemps déposées à la mairie, qui proviennent d'une chapelle ayant existé à l'ancien cimetière de Pregny. Sur la plus grosse, on lit IOLY DE CHAMPVIEUX +. La seconde est anépigraphe et la petite est ornée de quatre médaillons ovales, de la grosseur d'une médaille de piété, avec une figure en buste: 1° le Christ, avec la couronne d'épines; 2° la Ste Vierge; 3° Saint barbu, auréolé, tenant devant lui un livre ouvert (St Ignace de Loyola ?); 4° Un autre saint, aussi barbu et auréolé. On distingue vaguement en légende t FRAN.... VER (S François Xavier ?). Dans le haut, la date 1710, gravée. 205. Le Musée d'Art et d'Histoire possède également quelques clochettes d'église, portant le Christ en croix et la signature ANDRE CABANTOUS A GENEVE. — 197 — Grandnom, I. L., à Genève, 54. Gulliet, père et fils, à Lyon, 132, *137, 139, fils 149. Jaquerod, Samuel, à Genève, 112. Jolly, Michel et Alexis et Etienne de la Paix, 32, 33, 34, *35. Keller, à Genève, *101. Kervand, George, à Genève, 92, 93, 94, 96, 98, 99, 100, 102, 103, 105, 106, 107, 108. L. B. (?) 198. Léonard, Louis, 53. Livremon, I. C., 49, 50, A., 55. Marcley, Guerri de, *4. Maritz, Jean, fils, à Genève, 43. Samuel, 44. Mirar, Thomas, 9. Morel, C., à Lyon, *136. Paccard, Claude et Jean-Pierre, à Quintal près d'Annecy, 83, 84, frères, à Quintal, 121, 122, à Annecy-le-Vieux, 127, 138, 142, 143, 144, 145, 147, *148, 150, 151, 152, 153, 154, 156, 159, Georges et Francisque, 165, 166, 167, 172, 173, 174, 175, 177, 179, 180, 182, les fils de G. Paccard, 190, 191, 192, 193, 194, 195, 196, 197. Pitton, Jean-Baptiste, à Carouge, 60, 62, 69, 75, 76, *77, 78, 80, 86. Pitton et Bulliod, à Carouge, 82. Revillard, Jean, 37 (?), 40, *42. Jean-Louis, 46, 47, *48, 51. Reynaud (successeur de Morel), à Lyon, 140, 157. Ruetschi, H., à Aarau, 168, 169, 170, 171, 176, 178, 181, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189. Stutzmann, Auguste, à Genève, 155, 158, 160. Sutermeister, à Aarau, 141. Treboux, S., à Corsier près Vevey, 109, 110, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 123, 125, *126, 128, 129, 130, 133. Gustave, 161, 162. Sans prénom, 201. Ulric, 5. CE QUE DISENT LES INSCRIPTIONS DES CLOCHES GENEVOISES W. DEONNA Cahorn vient de publier la description des cloches du canton de Genève, travail entrepris jadis en collaboration avec M. Jacques Mayor 1, en même temps que le moulage de leurs inscriptions et de leurs principaux éléments décoratifs. Ces moulages, qui ont figuré en 1896 à l'Exposition nationale suisse2, sont exposés depuis 1923 au Musée d'Art et d'Histoire (salle du Vieux Genève)3. Le premier 4 mémoire étudie 65 cloches, de la plus ancienne, qui date du XIVe ou du XVe siècle, à la fin du XVIIIe siècle; celles du XIXe et du XXe siècle, au nombre de 135, forment la matière du second mémoire5. Ainsi est achevé le Corpus des cloches genevoises, à l'exemple de ce qui a été fait pour d'autres cantons et villes6 R 1 Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 67. M. Mayor a attiré à plus d'une reprise l'attention sur nos cloches: Journal de Genève, 2 novembre 1895. 2 mai et 21 décembre 1898; 2 mars 1899; « La cloche de Corsier », Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 65 sq. (cf. CAHORN, N° 13, 63). 2 Exposition nationale suisse, Catalogue du groupe 25, Art ancien, p. 263, N° 2700 ; Patrie Suisse, III, 1896, p. 236. La cloche de Corsier a aussi figuré à cette exposition, N° 2673 (cf. CAHORN, N°13). 3 Genava, I, 1923, p. 21. 4 Ibid., II, 1924, p. 130 sq. 5 Ibid., III, 1925, p. 129 sq. 6 Ex. : Grisons : CAMINADA, « Die BündnerGlocken, Eine Kulturhistorische Studie», Zurich 1914. Tessin: NUSCHELER, « Le iscrizioni délie campane uel Cantone Ticino », Bolletino storico della Svizzera italiana, 1880. Berne: NUSCHELER , «Die Glockeninschriften im reformierten Theile des Kantons Bern », Archiv. d. histor. Vereins d. Kantons Bern, X, 3.4 Appenzell: «NUSCHELER , «Die Glocken, ihre Inschriften und Giesser im Kanton Appenzell», Trogen, 1880; Id., « Die Glocken ohne Inschriften und Giesser im Kanton Appenzell, », Appenzellische Jahrbticher, 21 Folge, 10 Heft. Schaffhouse: NUSCHELER , « Die Inschriften und Giesser der Glocken im Kanton Schaffhausen, Beiträge zur Vaterländischen Geschichte », 1878, p. 51 sq. ; « Schaffhausen. Die Münsterglocken », Festschrift, 1899. Fribourg : EFFMANN , « Die Glocken der Stadt Freiburg in der Schweiz », 1900. Neuchâtel: TISSOT, «Inscriptions campanaires du canton de Neuchâtel», Musée neuchâtelois, 1881-2; CHAPUIS et MONTANDON, « Les fondeurs de nos cloches » ibid., 1915, 4. — 199 — suisses, en utile contribution à l'archéologie campanaire 1, qui suscite chaque jour de nombreux travaux de détails ou d'ensemble. Ce n'est pas à dire qu'aucun érudit chez nous ne se soit auparavant occupé de cette matière. Dès 1750, Baulacre y fait rapidement allusion2; en 1877, Blavignac mentionne nos documents dans son ouvrage La Cloche 3; les cloches de Saint-Pierre sont étudiées plus d'une fois, en particulier dans les mémoires publiés par l'Association pour la Restauration de Saint-Pierre4, puis par M. Camille Martin5; ce sont encore de nombreuses mentions en divers ouvrages et mémoires. Mais il manquait un répertoire général, la description précise, la reproduction exacte des inscriptions et la possibilité de confronter ces données avec les moulages, la plupart des originaux étant d'accès difficile. Ceci, nous le devons au patient labeur de M. Cahorn 6. 1 On trouvera des références dans GABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, s. v. «Cloches», p. 1176; WALTERS , Church Bells in England, 1912, Oxford, bibliographie en tête de l'ouvrage, etc. 2 BAULACRE , «Recherches sur les cloches des églises», Journal helvétique, août 1750; Id., Oeuvres, II, 1857, p. 269 sq. 3 BLAVIGNAC, « La cloche », Genève, 1877. 4 Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 4 me fasc., 1899. 5 G. MARTIN, « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », p. 185 sq. 6 Nous croyons utile de donner ici quelques références complémentaires. Les numéros sont ceux du catalogue de M. Cahorn Saint-Pierre. Sur les cloches de Saint-Pierre, leur histoire, leur répartition dans l'ancienne cathédrale: « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », 4 me fasc., 1899; G. MARTIN, « SaintPierre, ancienne cathédrale de Genève »; ARCHINARD, « Les édifices religieux de la vieille Genève », p. 244 sq.; Sur le carillon, ibid.; BLAVIGNAC , op. l., 151 sq.; MALLET , «Description de Genève ancienne et moderne », 1807, p. 143; ARCHINARD , p. 248; Patrie Suisse, V, 1898, p 275-6. 1. S. d. 1379. BLAVIGNAC , « Etudes sur Genève» (2), I, 1872, p. 295; id., «La cloche», p. 178. 2. S. d. BLAVIGNAC , « La cloche », p. 178-9. 3. 1405. Horloge de la Monnaie. BLAVIGNAC, op. l, p. 182; ARCHINARD, « Les édifices religieux de la vieille Genève », p. 51. 4. 1407. S t -Pierre, Clémence. DEONNA , «Les croyances religieuses de la Genève antérieure au christianisme», Bull. Institut national genevois, XLII, 1917, p. 221, note 1 (bibliographie); BLAVIGNAC , op. L, p. 51, 52, 379,11 sq.; id., « Etudes sur Genève », 1872, I, p. 278. 5. 1420. Madeleine. BLAVIGNAC , « La cloche », p. 305. 6. 1460. S t -Pierre. «Cloche des Heures», Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 106; VI, p. 122; ARCHINARD , p. 246-7. 7. 1470. Madeleine. «Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève», 4 me fasc., 1899, p. 52; BLAVIGNAC . «Etudes sur Genève» I, p. 294. 8. 1471. Genthod. BLAVIGNAC , op. l., p. 42; id., « Etudes sur Genève », I, p. 294. 9. 1472. St-Pierre. Colette. MALLET. «Description de Genève», 1807, p. 146-7; GAUDY-LEFORT, « Promenades» (2), 1849, I, p. 19); BLAVIGNAC , Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 105,122; id., « Etudes sur Genève», I, p. 294-5; id., «La cloche», p. 205, 40, 52, 143, 381; ARCHINARD , p. 245; PERRIN , « Les communes genevoises », p. 37. 10. 1481. S t -Pierre. Premier Rebat. MALLET , p. 145; BLAVIGNAC , «Etudes sur Genève». I, p. 295; irf.,« La cloche», p. 34,125, 382-3, 449; ARCHINARD, p. 252. 11. 1486. Madeleine. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 381. 12. 1493. Saint-Gervais. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 17, 132, 183, 305. 13. 1501. Corsier. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 42; FONTAINE - BORGEL, « Hermance dès les anciens temps à nos jours », 1888, p. 118. — 200 — Destination des cloches. La plupart des cloches ont une destination religieuse, servaient et servent encore aux besoins du culte, dans les églises, les chapelles, les couvents 1, et, depuis le XVIe siècle, dans les temples protestants, parfois dans les cimetières 2. D'autres, surtout nombreuses entre 1830 et 1850, appellent les enfants à l'école, leur sonnent les heures de classe 3; leur ornementation est fort simple, limitée le plus MAYOR, Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 66 sq. « La cloche de Corsier »; Exposition nationale, 1896, Art ancien, 2673,14,1509. S t -Pierre. MALLET , p. 147-8; BLAVIGNAC , «Etudes sur Genève», (2), I, p. 300; id., « La cloche », p. 171, 449; ARCHINARD, p. 252 16. 1519. Jussy. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 449. 18. 1528. St -Pierre. ARCHINARD, p. 247-8; BLAVIGNAC , « La cloche », p. 306. 19. 1532. Genthod. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 137, 306. 21. S. d. Pâquis. BLAVIGNAC , « La cloche », p. 42; id., « Etudes sur Genève », I, p. 297. 22. S. d. S t -Pierre. Réveil-matin. ARCHINARD , p. 250-1. 25. 1580. Genève. GAULLIEUR , « Etrennes historiques de Genève», 1852, p. 21; BLAVIGNAC . « La cloche », p. 133. 27. 1607. Fusterie. MAYOR , Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p 82, note. 28. 1609. St -Pierre. Collavine. Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 106; ARCHINARD, p. 247; BLAVI GNAC, « La cloche », p. 56. 29. 1636. Ghancy. GAUDY - LE FORT , «Promenades historiques» (2), 1849, II, p. 118. 35. 1678. St -Pierre. Deuxième Rebat. Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 106; GRENUS, « Fragments biographiques et historiques sur Genève », 1535-1792, 1815, p. 190. 39. 1718. Avully. Ch. LE FORT, « L'inscription de la cloche d'Avully », comm. Soc. Hist., 1875 ; Mémorial, 1889, p. 190; Mém. Soc. Hist., XIX, 1877, p. 349. 44. 1739. Chêne. PERRIN, « Les communes genevoises », 1905, p. 47. 49. 1767. Hermance. BLAVIGNAC , « La cloche », p. 160, 305; FONTAINE-BORGEL, op. l, p. 90-1. 55. 1783. Compesières. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 299. 56. 1786. S t -Gervais BLAVIGNAC , op. l, p. 217. 57. 1787. Vandœuvres. FONTAINE -B ORGEL , p. 75. 60. 1789. Garouge. BLAVIGNAC , p. 38. 62. 1792. Veyrier, BLAVIGNAC , p. 360. 63. 1797. Corsier. MAYOR , «La cloche de Gorsier », Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 66, 75 ; BLAVIGNAC , p. 219; FONTAINE - BORGEL, p. 100, 118, 142. 98. 1842. Cologny. PERRIN, «Les communes genevoises», 1905, p. 26. 110. 1845. S t -Pierre, Eveil. BLAVIGNAC , p. 223. 131. 1860. Notre-Dame. BLAVIGNAC , «Etudes sur Genève», I, p. 340. 136. 1866. Bernex. PERRIN, « Les communes genevoises», p. 86-7. 138. 1869. S t -Joseph. BLAVIGNAC , «La cloche», p. 145-6. 1 1459. «Le couvent de l'observance de Bellay demande une cloche, on lui donne 5 florins. Registres du Conseil, GRENUS, « Fragments historiques sur Genève avant la Réformation », 1823, p. 29; RIVOIRE , Registres du Conseil, I, p. 306 2 N° 66, 1807, Plainpalais. 3 1482. Cimbalum scole reponatur super bertrachia porte Ripa, meliori in loco, RIVOIRE , Régis très du Conseil, III, p. 205; 1496. Du à Aymon de Bosco, poterius, «pro prevalencia cimbali scole pondère de rupto cum novo facto », ibid., V, p. 316. Voici la liste de nos cloches scolaires : 31, 1673, Collège Saint-Antoine. — 45, 1754, Cologny. — 52, 1769, Gy. — 53, 1773, Anières. — 57, 1787, Vandœuvres, — 68, 1812, Cointrin. — 70, 1815, Genève, Ecole du Grutli. — 71, 1815, — 201 — souvent à la mention de la commune, à la date, avec parfois quelque image divine (No 90, 91, 96, 127). Ce sont les cloches du marché 1, de l’Hôtel de Ville pour convoquer le Conseil 2; de sociétés (41, 1726. Exercice de l'Arquebuse et de la Navigation) ; celles qui donnent l'alarme sur les remparts (1, Boulevard du Pin; 25, Boulevard de Cornavin; 70,1815, Porte Neuve); celles qui sonnent l'heure aux horloges des églises et des édifices laïques (cf. plus loin, Mesure du temps). Voici une cloche de bateau à vapeur (78, 1823), une autre qui était placée à la jetée des Eaux-Vives (126, 1857). Ce sont encore diverses destinations, partout où il y a lieu de réunir et d'avertir les humains 3. Histoire des cloches. Les cloches ont constitué un butin de guerre apprécié, et nombre d'entre elles ont été amenées à Genève lors des guerres de 1536, 1589, 1642, etc. 4. En les enlevant à l'ennemi, on poursuivait un double but: on l'empêchait de sonner l'alarme et l'on se procurait un métal précieux. 8. 1471. Cloche de Balleyson, butin de 1589, posée au temple de Genthod en 1648. 19. 1532. Cloche d'Etrembière, placée à l'école de Genthod. 25. 1580. Cloche de Monthoux, butin de 1589, placée au boulevard de Cornavin. 26. 1595. Cloche du fort Sainte-Catherine, détruit en 1600, placée à Genève, au Molard. En 1536, « ordonné que ceux qui ont des cloches apportées des villages soient contraints de les remettre à la fabrique de la Ville»5. Après l'attaque de Versoix, la même année, on en rapporte que l'on vend publiquement en ville 6. En 1589, les Genevois en amènent du monastère de Peillonnex qu'ils ont pillé 7; le 16 mai ce sont celles d'Annemasse 8. Plan-les-Ouates. — 85, 1833, Meyrin. — 86, 1834, Vernier. « Pour l'école de Vernier ». — 87, 1835, Lancy. — 88, 1835, Perly-Certoux. — 90, 1837, Bernex. — 91, 1837, Pregny. — 93. 1839, Veyrier. — 95, 1840, Cartigny. — 96, 1840, Collonge-Bellerive. — 102, 1843, Collex-Bossy. — 111, 1846, Compesières. — 112, 1846, Jussy. — 117,1849, Meinier. — 119, 1850, Sésegnin. — 120, 1854, Soral. — 125, 1857, Céligny. — 127, 1857, Laconnex. — 146, 1874, Versoix. — 160, 1886, Choulex. — 163, 1888, Vésenaz — 164, 1890, Corsier. — 198-200, s. d., Aire-la-Ville, Eaux-Vives, Puplinge. 1 « Cymbalum alae » mentionné en 1497. RIVOIRE, Registres du Conseil, V, p. 365. 2 1666. «On arrête de mettre une cloche en la galerie du sautier pour convoquer le Grand Conseil et les conseillers entrés après qu'elle aura sonné seront à l'amende », Registres du Conseil. GRENUS, « Fragments historiques sur Genève », 1823, p. 180, note 58. 3 149,1877, Abattoirs; 135,1865, Tannerie Raichlen,Plainpalais.—132,1862; Château d'Ecogia. 4 CAHORN, p. 131 ; BLAVIGNAC, « La cloche », p. 421-2, 425-6, 41 sq. ; GALIFFE, « Genève histo rique et archéologique », suppl. p. 131 et note 1. 5 Registres du Conseil, GRENUS, op. l., p. 223. 6 Ibid., p. 223. 7 Relation particulière de la guerre faite autour de Genève, en 1589, par Du Perril, GAULLIEUR, « Etrennes historiques », pour 1858, p. 43. 8 Ibid., p. 24. — 202 — Les luttes religieuses sont aussi fatales aux cloches. En haine du papisme, les protestants les enlèvent des églises catholiques et les détruisent même; les catholiques n'agissent pas autrement et, en 1611, le président Baud de Chambéry fait descendre les cloches du temple protestant à Gy 1. 3. 1405. Cloche de la chapelle des Macchabées, don de J. de Brogny, placée à l'horloge de la Monnaie. 9. 1472. Cloche du couvent des Cordeliers de Rive, placée à Saint-Pierre. 21. s. d. Cloche du couvent de Sainte-Claire, placée au temple des Pâquis. On le voit, quelques-uns de nos monuments évoquent ces souvenirs. La destruction des faubourgs de Genève 2, la désaffectation des édifices de culte à la Réforme, le manque de métaux à la Révolution 3, ajoutent leurs effets néfastes. Lors de la démolition du couvent de Saint-Victor, en 1531, on apporte dans la ville deux grandes cloches et une plus petite 4. Carouge recueille celle de l'horloge de la Chartreuse de Pomiers, détruite en 1793 (N° 60, 1789) 5. Le plus souvent, les cloches qui ont cette provenance sont fondues et transformées en canons 6. En 1534, on décide de rompre celles de Saint-Victor pour en faire de l'artillerie, en même temps que, pour achever les murailles de Saint-Gervais, on prend le calice de l'école « où il n'est point nécessaire, puisqu'ils sont près du couvent de Rive »r. En 1535, on veut refaire la pièce d'artillerie qui a été rompue à Peney et on propose de prendre plusieurs cloches inutiles; on décide de commencer par celle du couvent des Augustins de Notre-Dame de Grâce, puis de continuer par celles des autres églises 7. Inversement, des canons sont parfois transformés en cloches. En 1485, les religieux du Pont-d'Arve demandent de l'argent pour une cloche; on leur donne metalla fracta inutilia civitati tam colovrinarum quam aliarum rerum 8. En 1514, le prieur de Saint-Victor, oncle de Bonivard, lègue à la ville ses pièces d'artillerie, dans ce but pieux, mais on préfère les garder et donner en échange d'anciennes cloches 9. Les cloches, à l'usage, se fissurent, se brisent, les incendies les endommagent, autres causes de leur destruction et de leur transformation. Celle de l'horloge de la 1 2 GAUDY - LE FORT , «Promenades historiques», 1849, II, p. 115. BLONDEL, Les Faubourgs de Genève au XV e siècle, Mém. Soc. Hist. de Genève, 4°, V, 1919. 3 p. 131. Mem. Soc. Hist., IV, 1845, p. 174. 5 GAUDY LE FORT , op. l., I, p. 139. 6 Registres du Conseil, GRENUS , op. l., p. 193. 7 Ibid., p. 202. 8 RIVOIRE , Registres du Conseil, III, p. 381. 9 Ibid., VIII, p. 10-11, 33, 35, 61, 117, 126, 129, 131; Mém. Soc. Hist,. IV, 1845, p. 148-9; GRENUS , op. l, p. 102,103,105; GAUDY - LE FORT , op. l., I, p. 103-5; BLAVIGNAC , op. l . p. 423. 4 CAHORN , — 203 — Monnaie, abîmée par l'incendie de 1670, est rompue en 1678 et muée en d'autres cloches (3. 1405). On a trouvé sur les voûtes de Saint-Pierre, lors des restaurations de 1885, des morceaux de bronze provenant des anciennes cloches 1. Les visites épiscopales ordonnent souvent de les refaire 2. Certaines de nos cloches ont donc eu une existence très mouvementée : venues de ça et de là, fondues et refondues, de religieuses laïcisées, passant du culte catholique au culte protestant, transportées d'un édifice à un autre. En 1534, Pierre Lullin expose aux magistrats qu'il avait une cloche dans sa chapelle de Saint-Gervais, qu'on la lui a prise pour la mettre à la Tour Beauregard ; il prie qu'on la rende ou qu'on la paie 3. Après 1536, on en place une à Satigny, qui a été trouvée à Neydens dans un puits; elle se rompt, on la fait refondre 4 . Celle du couvent de Sainte-Claire (N° 21) est mise à l'ancien hôpital (actuellement Palais de Justice), puis en 1868 au temple des Pâquis; celle du temple de la Fusterie est placée à l'horloge du Molard, et viceversa (N° 15, 27) ; celle de l'horloge de la Porte de Rive orne ensuite le Grenier à blé, puis, après la démolition de cet édifice, en 1898, est donnée, en 1908, à l'église Saint-Germain (N° 46); celle de la Porte Neuve est transférée en 1856 à l'ancien théâtre, et en 1880 à l'Ecole du Grutli (N° 70). Rituel, folklore. Nous n'avons pas à exposer ici le rituel des cloches selon l'église catholique 5. Qui ne sait que pendant la semaine sainte elles se taisent, vont à Rome, selon la croyance populaire 6 ? Elles observent entre elles une hiérarchie ; dans le procès de Navis, il est fait mention d'une cloche que M. de Saint-Victor (Bonivard) sonne dans son prieuré « en émulation de la cloche épiscopale, il craignait que l'évêque n'envoyât la briser »7. On se découvre quand on entend la cloche de l'Angélus, mais les protestants s'y refusent, et les Registres du Conseil consignent ceci en 1571: « Permis à nos députés de tirer leur bonnet à la cloche de midi lorsqu'ils seront en compagnie, dans les cantons catholiques, vu qu'on prendrait en très mauvaise part qu'ils ne le fissent pas et vu que ce n'est pas invoquer les saints »8. Les Registres du 1 Bull. Soc. Hist., I, 1892-7, p. 108, note 3. Ex. Vandœuvres, 1481. FONTAINE- BORGEL «Histoire des communes genevoises», 1890, p. 33. 3 Registres du Conseil, GRENUS, op. l, p. 197; ARCHINARD, « Les édifices religieux de la vieille Genève», p. 176, note 1. 4 BLAVIGNAC , « Etudes sur Genève » (2), II, 1874, p. 225. 5 Abbé CORBLET , « De la liturgie des cloches », Amiens, 1855, etc. 6 ANDREE , Ratschen, Kappern und Verstummen der Karfreitagsglocken, Zeitsch. d. Ver. f. Volkskunde, 1910, p. 250. 7 GALIFFE , «Matériaux pour l'histoire de Genève», II, 1830, p. 184. 8 BLAVIGNAC , «La cloche», p. 62. 2 MAYOR , — 204 — Conseil notent, en 1535, « qu'une des cloches de Saint-Germain qui s'était rompue il y a plus de 20 ans avait été ensevelie comme un corps humain dans la dite église ; on ordonne au sautier de l'en faire tirer et de la faire apporter à la maison de ville 1 ». Blavignac 2 suppose que la cloche avait été enterrée pour échapper aux spoliations des réformés, mais Baulacre cite un fait analogue à la Rochelle, en 1685 3. Bénite, la cloche doit être préservée de tout sacrilège, et c'est sans doute pour cela qu'elle est ensevelie comme un vivant dont elle porte souvent le nom; n'est-ce pas ainsi que procédaient les anciens, quand ils enfouissaient dans des favissæ les ex-voto trop nombreux de leurs sanctuaires, qu'on ne pouvait jeter sans souci, parce qu'ils avaient été consacrés aux dieux ? Toutes sortes de croyances populaires s'attachent aux cloches, ce dont témoignent leurs inscriptions préservatrices qu'on notera plus loin 4. Elles accomplissent des prodiges, des miracles 5, comme le fit celle de l'ermitage des Voirons 6, préservée en 1536 de la destruction. Quand une femme est près d'accoucher, on prend sa ceinture, on en lie la cloche de l'église, à laquelle on fait sonner trois coups, afin que la délivrance soit favorable 7. On sonne la cloche pendant 24 heures la veille de la Saint-Jean, dès l'aurore, pour empêcher les maléfices des sorciers durant toute l'année 8. Je n'ai cependant pas relevé à Genève de faits de ce genre, ni de légendes relatives aux cloches. Mentionnons toutefois une tradition que rapporte Blavignac 9 : on aurait lu sur le bourdon de Saint-Pierre ceci: Cinq cents quintaux je pèse ; Qui ne me veut croire, me descende, Au grand poids de Genève me pèse, Me remonte et me repende. 1 op. L., p. 198. Op. L, p. 451. 3 BAULACRE , «Oeuvres», II, p. 272. 4 SARTORI, « Glockensage und Glockenaberglauben », Zeitsch. D. Ver. F. Volkskunde, 2 GRENUS , VII, p. 369; VIII, p. 29; BAUERNFEIND, « Die Glocke im Volkstum », Bayer. Heimatschutz, 1918, p. 41 sq. ; PESCH , «Die Glocke in Geschichte, Sage, Volksglaube, Volksbrauch und Dichtung», 1919, etc. 5 BLAVIGNAC , op. l, p. 235 sq. 6 Ibid., p. 237. 7 THIERS ,« Traité des superstitions » (4), 1777, Ι,p. 325. Cf. diverses pratiques des femmes pour obtenir un accouchement facile, PARFAIT, « Le dossier des pèlerinages » (2), 1877, p. 157 sq. 8 THIERS, op. L, I, p. 259. 9 Op. l, p. 9. Certaines cloches ont parfois la mention de leur poids, ibid. A Bossey : « Cette cloche du poids de 8 quintaux appartenant à l’église de Bossey a été coulée l’année 1849 » ; à La Muraz, 1843 : « Je pèse plus de 16 quintaux ». — 205 — LES INSCRIPTIONS. Nous voulons ici, mettant à profit les précieux renseignements fournis par M. Cahorn, signaler l’intérêt des inscriptions campanaires de Genève, leur demander ce qu’elles nous apprennent, bien qu’elles n’aient rien d’original et qu’elles soient pareilles à celles de quantité d’autres cloches. Les fondeurs 1. Les fondeurs prennent volontiers comme marque l’image d’une cloche (6. 1460 St-Pierre ; 20, s. d. St-Gervais ; 30, Carouge ; 32, 1678, Genève ; 39, 1718, Avully ; 55, 1783, Compesières) ; parfois on aperçoit aussi l’image de leurs instruments (35, 1678, 2 me Rebat). M. Cahorn a déjà donné quelques détails sur leur activité 2. Voici la liste chronologique de leurs noms : XVe siècle. 4. 1407. Guerri de Marclay. BRUN, Schweizerisches Künstlerlexikon, s. v. Guery de Marclay. 59. 1420. Hulric. 8. 1471. Guillaume Fribor, ibid., p. 494, s. v. Fribor. 9. 1472. Thomas Mirar, ibid., p. 410, s. v. Mirar. XVIIe siècle. 28. 1609. Noé Collavin. Ibid., p. 307, s. v. Gollavin, et suppl. p. 104, s. v. ; Dict. hist. Et biogr. Suisse, s. v. Collavin, p. 543 ; CAHORN , p. 132 ; cf. n° 41. 29. 1636 et 184. 1911. Martin Emery. Martin Emery (1580-1645), de Colovrex, et ses fils Pierre, André, François et Martin, sont reçus bourgeois en 1634, « en refaisant par lui à ses dépens les cloches du Boulevard du Pin et du Saugey qui sont rompues »3. Au filleul de ce fondeur, Martin Emery (1643-1723), sont dus encore un des canons enlevés en 1814 par les Autrichiens et rendus à Genève en 1923 4, avec la date 1680 et, au Musée de Genève, un mortier de pharmacie en bronze, avec l’inscription « Ludovicus Colladon pharmacopoeus genevensis, 1680, M. Emery fecit 5». 1 2 3 4 5 BLAVIGNAC , op. L., p. 299, 345 sq. Genava, II, p. 132 ; III, p. 196, liste alphabétique. COVELLE , «Le livre des bourgeois», p. 353. Sur ces canons, Genava, II, 1924, p. 387 référ. N° d’inventaire 7703. Cf. BRUN , op. l., s. v. Emery, p. 417, suppl. p. 137 ; Dict. hist. Et biogr. Suisse, s. v. EMERY, p. 773 ; DEMOLE,« Histoire monétaire de Genève de 1535 à 1792», p. 25-6. — 206 — 32,35. 1678. Michel Joly, Alexis Joly, Etienne de la Paix, fondeurs lorrains. Ibid., s. v. Joly, p. 130. 30. Date effacée (l re moitti du XVII e s.). Christophle Aubry, BRUN , op. l., p. 16, s. v. Aubry. XVIII e siècle et début du XIX e s. 39. 1718. Nicolas Besson, fondeur lorrain. Brun, op. l., p. 33, s. v. Besson. 41. 1726. Pierre-Antoine Collavin. Cf. ci-dessus, n° 28. 107, note, 1738. 40. 1726. Jean Revillard. 42. 1726. id. 46. 1754. Jean Louis Revillard. 47. 1756. id. 128, note, 1760. id. 51. 1768. id. 48. 1765. id. sur cette famille de fondeurs, Cahorn, p. 132-3 ; Brun, op. l., p. 617, s.v. Revillard, suppl. p. 361. 59. 1787. Vandœuvres. A.B.B in Zug. 43. 1729. Jean Maritz. 44. 1739. Samuel Maritz. Sur les Maritz, Cahorn, p. 133 ; Brun, op. l., p. 326 sq ; H. Deonna, Une famille de fondeurs de canons à Genève au XVIIe siècle, Les Maritz, Genava, II, 1924, p. 193 sq. 45. 1754. H. Deonna, Brun, op. L, p. 356, s.v. Deonna ; p. 307, s.v. Collavin ; Dictionnaire historique et biographique suisse, s.v. 49. 1767. I. C. Livremon, de Thonon. 55. 1783. A. Livremon, de Pontarlier. Cahorn, p. 132 ; Brun, s.v. Livremont, p. 273, suppl. p. 285, s.v. 53. 1773. Louis Léonard, de Morteaux. Brun, op. l., p. 280, s.v. Léonard. 54. 1773. 7. L. Grandnom. Cahorn, p. 133 ; Brun, op. l., p. 616, s.v. (Jean Louis). 56. 1786. Jean Daniel Dreffet. 63. 1797. Jean Daniel Dreffet. 58. 1788. id. 64. 1797. id. 59. 1788. id. 65. 1797. id. 60bis 1790. id. 67. 1808. id. 61. 1792. id. 70-3. 1815. id. 66. 1807. By Dreffet. 67. 1808. Jean Daniel Dreffet et Barthélémy Dreffet. 79. 1824. Dreffet. — 207 — 81. 1826. Is Dreffet. Sur cette famille de fondeurs, Cahorn, p. 133-4; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 4e fasc. 1899, p. 46; Brun, op. l., p. 382-3, s.v. Dreffet; Dict. hist. et biogr. suisse, s.v. Dreffet, p. 707. 60. 1789. Jean Baptiste Pitton, de Carouge. 62. 1792. Id. 69. 1813. Id. 75. 1821. Id. 76. 1821. Id. *77. 1823. Pitton. 77. 1823. Id. 80. 1826. Id. 82. 1831. Jean Baptiste Pitton. 86. 1834. Pitton. Cahorn, p. 134; Brun, op. l., p. 558, s.v. Pitton; suppl. p. 351, s.v. XIXe siècle. 85. 1833. François Bulliod, de Carouge. 111. 1846. Bulliod, frères. 87. 1835. Id. 119. 1850. Bulliod. 88. 1835. Id. 124. 1856. Bulliod, frères. 89. 1835. Id. 199-200. s. d. Id. Cahorn, p. 134; Brun, op. l., suppl. p. 79, s.v. 83-4. 1833. Claude Jean Pierre Paccard, Quintal près d'Annecy. 84. 1833. Id. 121-2. 1855. Frères Paccard. 154. 1879. Frères Paccard. 127. 1857. Id. 156. 1881. Id.. 138. 1868. Id. 159. 1884. Id. 142. 1872. Id. 165. 1890. Id. 143. 1872. Id. 166. 1898. Id. 144. 1872. Id. 167. 1898. Id. 145. 1874. Id. 172-5. 1899. Id. 147. 1876. Id. 177. 1902. Id. 148. 1877. Id. 179. 1905. Id. 150. 1878. Id. 180. 1905. Id. 151. 1879. Id. 181. 1905. Id. 152. 1879. Id. 190-7. 1921 Id. 153. 1879. Id. Brun, op. l., suppl. p. 343, s.v. — 210 — 109. 1845. Troisième Rebat (Accord). «Fusa primum A.D. MCCCCLXXI, iterum ob fissuram A.D. MDCLXXVIII atque illico fracta civium curis et impensis tertium fusa A.D. MDCCCXLV. Cf. no 35. 113. 1846. « Petit-Saconnex 1761. Refondue en 1846 par une souscription». 114. 1846. « Fondue en novembre 1822 et refondue en 1846 ». *137. 1867. Deuxième Clémence. Avec date 1407. «Brisée par le temps, le vœu populaire m'a fait revivre... ». 158. 1882. Paquis 1867, fêlée en 1881. « Refaite en janvier 1882. » 176. 1902. Troisième Clémence. Avec date 1407. « Deux fois brisée, je veux vivre encore et toujours rappeler la voix de la vieille Clémence aux enfants des enfants de Genève... Brisée par le temps, le vœu populaire, m'a fait revivre »... Cf. n° 137*. Cloches protestantes et cloches catholiques. Après 1535, le culte protestant succède à Genève au culte catholique, et ce bouleversement religieux entraîne pour nos cloches diverses conséquences, qu'on a signalées plus haut. Les iconoclastes de la Réforme, qui détruisirent tant d'images sacrées, fondirent et désaffectèrent de nombreuses cloches, mais il conservèrent cependant dans les temples de Saint-Pierre, Saint-Gervais,la Madeleine, les anciennes cloches, malgré leur décor et leurs inscriptions papistes. Sans doute ils reculèrent devant les frais considérables qu'aurait entraînés leur remplacement, de même qu'ils laissèrent à Saint-Pierre les vitraux du XVe siècle, alors qu'ils brisaient sur la façade les statues des saints. Du reste, qu'importaient les inscriptions et les images, puisqu'elles étaient invisibles au public ? Les cloches catholiques ultérieures proviennent de butin de guerre 1, et, dans les campagnes, appartiennent aux contrées catholiques rattachées plus tard au canton de Genève. L'exercice de la religion catholique, longtemps interdit à Genève, ayant été de nouveau autorisé au début du XIX e siècle, on recommence à ce moment à fondre de nouvelles cloches pour les églises. Il existe donc une suite ininterrompue de monuments campanaires de cette religion, jusqu'à nos jours. Mais, à la Réforme, les protestants en ont fondu pour leurs temples, pour lesquels ils ont rejeté les anciennes formules. Ces cloches sont beaucoup plus simples et plus sobres. Elles portent quelque verset biblique, quelque invocation à Dieu 2, 1 2 Voir plus haut, p. 201. BLAVIGNAC, op. l., p. 129. — 211 — quelque vœu de paix, de concorde, de foi. Ce sont parfois des allusions aux dates mémorables du protestantisme: 89. 1835. Donnée le 23 août 1835 à l'occasion du 3e Jubilé de la Réformation. 75. 1821. Cloches du premier temple de l'église nationale évangélique de Carouge... Dieu veuille que ce temple contribue à l'avancement du règne de Jésus Christ et au salut des âmes par ce divin sauveur. 185. 1911. L'an MDCCCCXI de notre Seigneur les paroissiens de Chancy et des généreux amis m'ont permis d'unir ma voix à celle de ma sœur aînée, voulant témoigner par là leur inébranlable attachement à la foi chrétienne et aux principes de la bienheureuse Réformation. Mais ces inscriptions n'ont pas l'intérêt des cloches rivales; elles sont souvent banales, manquent même de sentiment religieux. La cloche du temple protestant de Dardagny (161, 1887) associe à l'exclamation «Gloire à Dieu» les mots «Union, progrès » qui ressemblent plutôt à la devise d'une société, et les mentions « Eglise nationale protestante, chapelle protestante» (130, 1858; 155, 1880; 158, 1882) ne sont guère qu'une marque de propriété. Ce que l'on inscrit le plus souvent, c'est l'affirmation de la souveraineté genevoise 1, par les armoiries et la devise « Post tenebras lux». Devise: 27, 1607. — 28, 1609. — 32, 1678. — 33, 1678. — 34, 1678. — 40, 1726. — 42, 1726. — 43, 1729. — 44, 1739. — 46, 1754. — 47, 1756. — 48, 1765. — 51, 1768. — 54,1773. — 56,1786. — 58,1788. — 59,1788. — 60bis, 1790. — 61,1792. — 89,1835. — 99, 1842. — 100, 1842. — 105, 1844. — 109, 1845. — 110, 1845. — 113, 1846. — 137*, 1867. — 162, 1887. — 176, 1902 (3e Clémence). Armoiries: 27, 1607. — 28, 1609. — 32, 1678. — 34, 1678. - 35, 1678. — 44, 1739. - 46, 1754. — 47, 1756. — 48, 1765. — 51, 1768. — 54, 1774. — 56, 1786. — 58, 1788. — 59, 1788. — 60bis, 1790. — 61, 1792. — 67, 1808. — 70-3, 1815. — 75, 1821. — 76, 1821. — 77*, 1823. — 79, 1824. -- 80, 1826. — 89, 1835. — 91, 1837. — 98, 1842. — 99, 1842. — 100, 1842. — 105, 1844, — 109, 1845. — 110, 1845. — 113, 1846. — 116, 1847. — 118, 1849. — 124, 1856. -- 128, 1857. — 129, 1858. — 137*, 1867. — 141, 1869. — 162, 1887. — 169-170, 1899. — 176, 1902 (3e Clémence). — 185, 1911. — 189, 1925. Ecusson fédéral et devise: « Un pour tous, tous pour un ». 161, 1887. Armes de Chêne-Bougeries, 169-170. 1899. 1 Cf. p. 130, note 1. — 212 — On remarquera que plusieurs cloches des églises catholiques du canton portent les armoiries genevoises, mais qu'elles n'ont jamais la devise, qui rappelle la Réforme : 67, 1808. — 77*, 1823. — 79, 1824. — 80, 1826. — 82, 1831.— 124, 1856.— 141, 1869. Le décor se laïcise en même temps qu'il se simplifie. Plus de Vierge, de Saints; parfois, à leur place, des figures d'imitation antique, dans le style de la Renaissance (27), ou, à la Révolution, des trophées, des grenades, etc. (64, 1797). Les inscriptions des cloches catholiques font parfois allusion à quelque événement de l’ histoire ecclésiastique: 80. 1826. «L'année du Jubilé universel. » 138. 1868. «Pio IX régnante». 143. 1872. «Sous le patronage de S. S. Pie IX, prisonnier au Vatican 1. » 154. 1879. «Sous le pontificat de Léon XIII et l'épiscopat de Mgr Mermillod. » 157. 1882. « Quinquagesimum anniversarium consecrationis sacerdotalis celebranti sacerdotes et parochiam, etc. » 165. 1890. « Ecclesiam régente universam Pio P. P. IX. » 166. 1898. « Souvenir de la rentrée dans l'Eglise le 5 juin 1898. » Elles élèvent leur voix au milieu des infidèles (protestants), elles veulent leur conversion 2 : 53. 1773. « Audient me calvinistae utinam venirent ». 138. 1868. « Per sonitum meum crescat in civitati fides infidelium animis devotio. » 151. 1879. « Catholicos ad perseverantiam hostes ecclesiae ad reditum voco. » Elles affirment les dogmes: 83. 1833. Unus Dominus, una fides, unum baptisma. Ad Eph. 4. 138. 1868. « Unum ovile sub uno pastore inducatur. » 148. 1877. « Una fides, unus pastor. » 104. 1844. « Monument de foi et de piété. » Elles rappellent les luttes qui déchirent l'Eglise, le schisme qui donne naissance à l'Eglise catholique indépendante. 150. 1878. « Je suis catholique romaine. » 1 La chute du pouvoir temporel de la papauté, dépossédée par l'Italie, a inspiré toute une littérature religieuse, des prières, des images, montrant Pie IX captif dans son Vatican. PARFAIT, «Le dossier des pèlerinages » (2), 1877, p. 329; id., « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 61 sq. Pie IX possède sa légende, opère des miracles, ibid., et R. P. HUGUET, «Faits surnaturels de la vie de Pie IX, Lyon, 1872; en particulier son cœur, CABANES-BARRAUD, Remèdes de bonnes femmes, p. 291 ; cf. plus loin la dévotion au Sacré-Cœur. 2 BLAViGNAC, op. l., p. 199 sq. Cet auteur mentionne l'inscription d'une cloche de Versoix, 1574: « Dominare in medio inimicorum tuorum ». Ci-dessus, p. 145. — 213 — 152. 1879. « Sedi romanae fidelis. » 153. 1879. « Je suis la voix de la fidélité à la sainte Eglise romaine, fidélité victorieuse du schisme. François Colliard, curé de Vernier, Louis Pictet, maire révoqué, Antoine Caillat, nouveau maire. » 154. 1879. « Appelle au loin les fidèles à la prière, et proclame dans la patrie le triomphe de la sainte Eglise romaine. » 159. 1884. « Je suis catholique romaine. Je veux, par ma vibrante voix, Toujours proclamer le domaine, De l'Evangile et de la Croix. Un Dieu, une église, un baptême 1, C'est ma profession de foi, Qu'on me brise sous Panathème, Si j'oublie un jour cette loi. » 175. 1899. Romana nomine romanam fidem altissimo sonitur cantabo. Elles évoquent l'affaire de l’évêque Mermillod: 145. 1874. «Bénite par S. G. Mgr Mermillod, évoque d'Hébron, V. A. de Genève en exil. » 147. 1876. « Je suis la fille de la persécution, 1875-6. » 151. 1879. « Tempore persecutionis Gaspare ep. Heb. Vie. Ap. gebennensi... Mox ad patriam sit redux patrinus et donator exul Gasp. Episc. Hebr. Vie. Ap. Gebennensis. » Cf. 69. 1813. Elles permettent de suivre l'évolution des dogmes religieux et l'émergence de nouveaux cultes. Voici la dévotion au Sacré-Cœur: 79. 1824. Sanctissimo cordi D. N. Jesu Christi. 152. 1879. Cor Jesu sacratissimum intende votis supplicum. 154. 1879. Dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. 167. 1898. De tout temps, en tout pays, le peuple attribue une grande importance au cœur» organe de vie, siège de l'âme, etc., et de là dérivent de nombreuses croyances populaires 2. Ce sont ces origines qui inspirent dans l'hagiographie chrétienne les légendes 1 Voir plus haut cette même formule. DEONNA , « Les croyances religieuses et superstitieuses de la Genève antérieure au christianisme », Bulletin de l'Institut national genevois, XLI, 1917, p. 243; « Les monuments gaulois du Musée de Dole », Rev. hist. rel., 78, 1918, p. 143 sq. 2 — 214 — de saints qui portent gravés sur leur cœur le nom de Jésus, les instruments de la Passion, etc. 1 , ainsi que les dévotions aux cœurs divins de Marie 2 , de Jésus 3 . Voici l’ Immaculée Conception: 122. 1855. « Je m'appelle Marie, à la gloire de Marie Immaculée. Mém. du jour sol. de la procl. du glor. privil. de ma tendre mère. Pentecôte, 27 mai 1855. O Marie conçue sans péché, p. p. n.». 124. 1856. « En l'honneur de Marie Immaculée ». 131. 1860. « Beatae Virgini Mariae Immaculatae ». 134. 1864. Marie Immaculée. 136. 1866. Maria Immaculata. 140. 1869. Id. 165. 1890. Id. Représentations figurées : 97, 1840. — 122, 1855. — 134, 1864. — 135, 1865. — 138, 1868. — 140, 1869. — 142, 1871. — 143, 1872. — 144, 1872. — 145, 1874, — 147, 1876. — 148. 1877. — 150, 1878. —151, 1879. — 153, 1879. — 154, 1879. — 156, 1881. — 157, 1882. — 159, 1884. — 166, 1898. — 172, 1899. — 192, 1921. Sous la poussée de la dévotion populaire, l'Eglise dut reconnaître, malgré elle, l'Immaculée Conception de Marie. Pie IX en donna le 8 décembre 1854, par sa bulle Ineffabilis, la définition dogmatique, après une consultation générale de l'épiscopat 4. 1 Cœurs des saints, portant gravés le nom de Jésus, les instruments de la Passion, etc. MAURY, « La magie et l'astrologie » (4), p. 370; id., « Essai sur les légendes pieuses du moyen-âge, p. 93-4; CAHIER, «Caractéristiques des saints», I, p. 235; COLLIN DE PLANCY, «Dictionnaire critique des reliques », 1821, I, p. 418; Cœur de Sainte Catherine de Sienne, que Jésus emporte et qu'il rem place, COLLIN DE PLANCY, p. 125; Images des cinq plaies du Christ, le cœur percé, XVe siècle, MALEi « L'art religieux de la fin du moyen-âge », p. 101, etc. 2 P. EUDES, « La dévotion au Très Saint Cœur et au Très sacré nom de la bienheureuse Vierge Marie, 1648. Sur cette dévotion, œuvre du P. EUDES, H. P. LE DORE , « Les sacrés cœurs et le Père Eudes »; Rev. hist. des religions, 1916, 74, p. 99 sq. 3 Rev. hist. des religions, 1916, 73, p. 101 sq.; PARFAIT, «L'arsenal de la dévotion» (8), p. 46 sq. ; P. HILAIRE DE BARENTON, « La dévotion au Sacré-Cœur. Ce qu'elle est et comment les saints la pratiquèrent. Doctrine, iconographie, histoire», 1914; GUARRIGUET, «Le Sacré-Cœur de Jésus, Exposé historique et dogmatique de la dévotion au Sacré-Cœur», 1920; LOUVEL, «Le règne social du Sacré-Cœur », 1920; BAINVEL, «La dévotion au Sacré Cœur», 1922; id.,; LE BRUN, «Le bienheureux Jean Eudes et le culte public du Sacré Cœur de Jésus», 1919; GOUDERON, «Le Sacré Cœur de Jésus, principe de toute vie spirituelle, d'après le bienheureux Jean Eudes», 1923; GOUGAUD , « Notes sur d'anciennes images du Sacré Cœur », La vie et les arts liturgiques, 1921, p. 167 sq. 4 Sur l'histoire de cette croyance: DUBOSC DE PESQUIDOUX , «L'Immaculée Conception, histoire d'un dogme», 1898; VACANDARD, «Les origines de la fête et du dogme de l'Immaculée Conception », Etudes de critique et d'histoire religieuse, 1912 ; HERZOG, « La Sainte Vierge dans l'his toire », 1911, p. 138 sq., L'Immaculée conception; Rev. hist. des religions, 1916, 74, p. 119. Cf. encore, PERDRIZET, «Etudes sur le spéculum humanæ salvationis », p. 30 sq; MALE , «L'art religieux de la fin du moyen-âge», p. 217 sq.; GILLET, «Histoire artistique des ordres mendiants », p. 246 sq. — 215 — Qu'elles soient protestantes ou catholiques, les cloches s'unissent pour proclamer les louanges de Dieu, l’adoration des fidèles, la paix qui doit régner parmi eux 1: 2. s. d. XVe s. Ozanna in excelsis. 159. 1884. De mon clocher de Vésenaz Je chanterai toute ma vie Au Dieu tout puissant hosanna. 12. 1493. Deum laudo, deum invoco. 121. 1855. Deum laudo, angelos ac sanctos invoco. 4. 1407. Laudo Deum verum. 6. 1460. Te Deum laudamus 2. 20. s.d. Id. 166. 1898. Id. 30. s. d. Laudate Dominum in excelsis 3. 140. 1869. Laudate Dominum in cymbalis bene sonantibus. 141. 1869. Loué et adoré soit Jésus Christ. 142. 1871. Id.... Je publie la gloire de Dieu. 116. 1847. Venez et du Seigneur sans cesse louez la force et la sagesse. 42. 1726. Pour la gloire de Dieu je sonnerai. 144. 1872. A la gloire de la Sainte Trinité et de notre Seigneur Jésus Christ. 145. 1874. Gloria Patri et Filio et Spiritu sancto. 143. 1872. Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus. 137. 1867. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance entre les hommes. 182. 1905. Id. 183. 1906. Gloire à Dieu dans les lieux très hauts. 121. 1855. Semper cum sorore mea cantabo: Gloria in excelsis Deo. 161. 1887. Gloire à Dieu. 168. 1898. Id. 187. 1912. Id. 189. 1915. Id. 1 Musée neuchâtelois, 1881, p. 97, 237 sq., etc. sq., 140 sq.; Musée neuchâtelois, 1881, p. 97, etc. 3 Musée neuchâtelois, 1881, p. 237, etc. Exemples analogues aux environs de Genève: Laudate Dominum in cymbalis bene sonantibus, Laudate eum in cymbalis jubilationis. Omnis spiritus laudet Dominum. Villars, 1558. La Roche, 1608. Vetraz, 1833. Cranves-Sales, 1838. Laudate Dominum ............................Laudate eum in cymbalis jubilationis. Fillinges 1816. Viry 1828. Valleiry 1829. Ville la Grand 1832. Laudate Dominum ........................bene sonantibus. Sciez 1662. Reignier 1807. Neuvecelle 1819. Gruseilles 1829. Cluses 1841. Machilly 1842. Brens 1844. Fessy 1858. Villars 1859. Laudate Deum ut nos a fulgure ... et in cimbalis bene sonantibus. Bonneville 1702. Laudate Dominum in tympano. Laudate eum ........................ jubilationis. Saint-Julien 1852. Louez le Seigneur sur les cymbales retentissantes. La Muraz 1843. 2 BLAVIGNAC, op. l., p. 125 sq. ; Ex. BLAVIGNAC, op. l., p. 128 — 216 — 176. 1902. Gloire à Dieu, paix sur la terre, bienveillance entre les hommes (3e Clémence, cf. n° 137). 130. 1858. Id. 139. 1868. Id. 170. 1899. Id. 150. 1878. Ad majorem Dei gloriam et in honorem hominum fidei. Deum colo... 151. 1879. A. M. D. G. in Hon. B. M. V. et S. S. 115. 1846. Id. 154. 1879. Id. 162. 1887. Paix sur la terre. 133. 1863. La paix soit avec vous. 140. 1869. Christus docens. 150. 1878. Filii audite me timorem Domini docebo vos. Ps. 33. 103. 1844. Deo optimo maximo sacrum. 109. 1845. Deo optimo maximo Christi evangelio instaurate civitatis sospitatori in spiritu et veritate colendo et in eternum laudando... Deumimmortalem magnifico. 53. 1773. Sit nomen Domini benedictum 1. 38. 1709. Id. 84. 1833. Id. ps. 112, 2. 82. 1831. Id. 84. 1833. Id. 131. 1860. Id. 134. 1864. Id. 137. 1867. Servez Dieu et soyez unis (2e Clémence). 176. 1902. Id. (3e Clémence). 25. 1580. Que fit en croix le corps de Jésus Christ ? Rendre son sang, même sa propre vie ? Ne fut-ce pas comme Saint-Paul écrit L'excès d'amour dont mort est asservie ? 94. 1840. Crux ave, unica spes. 138. 1868. Pios laetifico, arguo impios. 169. 1899. Dieu et Patrie. 166. 1898. Hic est panis qui de cœlo descendit. 171. 1899. Aimez-vous les uns les autres. 175. 1899. Concordi voce ego et sorores meæ quater in hora laudes dicemus beatae. 1 Cette formule est très fréquente. Enchiridion Leonis papae, éd. Ancône 1667, p. 22; sur les cloches, op. l., p. 133, 151, 160, 220; Bulletin monumental, 59, 1894, p. 341; 1891-2, p. 30. BLAVIGNAC , — 217 — 198. 1903. Reconnaissance. Mon âme bénis l'Eternel et n'oublie aucun de ses bienfaits. 182. 1905. Christus vitis. 185. 1911. Pour servir l'Eglise et la Patrie. 190. 1921. Christum canamus principem... Apostolorum gloriam tellus et astra concinunt. Je loue Dieu. 191. 1921. Custodes hominum psallimus angelos. 193. 1921. Ad te clamamus exules filii Hevae. .. Pange lingua gloriosi corporis mysterium. 194. 1921. Ad te suspiramus gementes et fientes in hac lacrymarum valle. O crux ave, spes unica, mundi salus et gloria. 195. 1921. Eia ergo advocata nostra, martyrum victorias laetis sequamur vocibus. 196. 1921. Illos tuos miséricordes oculos ad nos converte. Laudemus viros gloriosos. La bénédiction des cloches. C'est une erreur, souvent relevée par les théologiens 1 , que de parler du «baptême» des cloches; pas plus qu'un navire 2 , une cloche, n'étant être humain doué d'âme, ne peut prétendre au baptême; elle est « bénite », « présentée à la bénédiction »3. « Mais ce qui a fait que le peuple a donné à cette cérémonie le nom de baptême, est que les cloches y reçoivent le nom de quelques saints, sous l'invocation desquels on les offre à Dieu, afin qu'ils les protègent »4. Elles sont nommées « en l'honneur de quelque saint, afin qu'elles soient par là comme mises dessous sa protection »5 . De là les mentions suivantes sur nos cloches : 49. 1767. « In honorem B. Mar. Virg. hanc campanam benedixit... » 50. 1767. « Bénite à l'honneur de Saint-George ». 79. 1824. Ad benedictionem offerebant. 67. 1808. Id. 1 sq.; DELRIO , « Les THIERS , « Traité 2 3 controverses et recherches magiques», trad. Du Chesne, Paris, 1611, p. 1056 des superstitions qui regardent les sacrements » (4), 1777, II, p. 73 sq. THIERS, op. /., II, p. 98. Sur le baptême des cloches, CABROL, «Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie», s. v. «Cloche», p. 1968; DELIGNY , «Etudes liturgiques. Les cloches, origine et baptême», Rev. augustinienne, 1907, VI, p. 578 sq. ; VACANDARD, «Le baptême des cloches», Revue du clergé français, 1908, LIV, p. 257; A. MICHEL, « Prières et cérémonies pour la bénédiction d'une cloche», 1921 ; LE BLANT, Bulletin monumental, 1894, 59, p. 245; BAULACRE, Oeuvres, II, p. 268 sq. ; BLAVIGNAC , op. l., p. 452 sq. 4 THIERS , op. l., II, p. 75. 5 DELRIO , op. l., p. 1058. — 218 — 106. 124. 104. *77. 144. 145. 1844. Présentée à la bénédiction par... 1856. Id. de l'Eglise en l'honneur de Marie immaculée. 1844. Présentée pour être bénite par... 1823. J'ai été bénite par... 1872. Id. 1874. Id. Donateurs, parrains. On relève sur les cloches les noms des donateurs, aux frais de qui la cloche a été fondue. Selon la tradition, Guillaume de Marcossay aurait donné une cloche de Saint-Pierre (n° 22, Rappel). Peut-être est-ce l'image de Clément VII, donateur et parrain, qui paraît sur l'anse de la Clémence (n° 4). 3. Jean de Brogny « me fieri fecit ». 9. 1472. «Nicolas Guerei me voluit refici ex grandi munere suo». 13. 1501. « Hugo Forrerii protonotarius de Tornon». 25. 1580. Plusieurs noms. 26. 1595. Melch. de Saint Jeoire « fecit fieri ». Avec le temps, ces noms deviennent plus fréquents: 75. 1821. « Syndics en charge,. .. Membres de la commission chargée de recevoir les souscriptions et les dons des fidèles, etc. » 76. 1821. Id. 104. 1844. « Par souscription des paroissiens ». 109. 1845. « Genevae cives sacrum fecerunt die natalium Domini... Civium curis et impensis. » 110. 1845. « Civium impensis ». 121. 1855. «Votée à l'unanimité par le Conseil communal, payée par les centimes additionnels et un don de 500 francs fait par Rd M. Ch. Mauris, curé. » 122. 1855. « M. le curé, le conseil municipal et tous les habitants d'Avusy me firent. » 136* 1866. « Vote du Conseil municipal du V février MDCCCLXVI. » 115. 1846. « Faite par les dons des habitants de Veyrier l'an 1846. » 158. 1882. « Aux frais des citoyens genevois. » 186. 1911. « Donnée par les enfants des écoles du dimanche. » 187. 1912. « Donnée par les enfants de l'Eglise de Genève. » Ces donateurs sont en général les parrains et les marraines qui ont présenté la cloche à la bénédiction. Leur mention ne paraît que tardivement, au XVIIe et XVIIIe siècles (45, 49, 50, 55, etc.), mais à dater de cette époque elle devient usuelle. Jadis l'homme s'effaçait devant la divinité que la cloche doit glorifier ; maintenant, il réclame — 219 — sa part1, il proclame son œuvre, et il désire en laisser le souvenir à la postérité. De là d'innombrables noms de parrains et de marraines, de curés, de maires et d'adjoints, de conseils, de municipalités, en un mot de tous ceux qui ont participé à la commande de la cloche (ex. 30. — 56, 1786. — 75, 1821. — 76, id. —74, 1819, etc.). On perçoit parfois même le souvenir de mesquines rivalités; sur la cloche de Russin (118, 1849) le nom du maire Favre a été effacé à la suite d'une élection où il n'avait pas été renommé, puis ensuite regravé. Aussi la cloche célèbre-t-elle maintenant non seulement les louanges de Dieu, mais celles de ses bienfaiteurs : « Pour mes bienfaiteurs, je chanterai toujours le cantique Magnificat anima mea Deum» (122, 1855). Parmi les noms inscrits sur nos cloches, il en est peu qui méritent l'attention; notons après celui de Jean de Brogny2 (3, 1405), celui du sculpteur Jean Jaquet (81, 1826) 3. Depuis la Réforme, la république de Genève a mis sur ses cloches ses armes et sa devise, marque de sa souverainté et de sa propriété. Plus tard, on trouve souvent les noms des communes, des paroisses 4 , des sociétés, comme marque de propriété, non seulement sur les cloches des écoles, mais aussi sur celles des édifices religieux. Ex. 63, 1797. — 65, 1797. — 67, 1808. — 81, 1826. — 88, 1835. — 87, 1835. — 85, 1833. — 91-2, 1839. — 74, 1819. — 98-9, 1842. — 105-7, 1844. — 123, 1855. — 124, 1856. — 167, 1898. — 180, 1905, etc. N'est-elle pas curieuse cette inscription de la cloche servant à la chapelle catholique de Collonge-Bellerive (148*, 1877), où la vanité du donateur et la jalousie du propriétaire s'étalent naïvement: « Cette cloche appartient à François Berger, fils de Prudent, de Collonge-Bellerive. Parrain François Berger, propriétaire de la cloche ». Armoiries. Notons les armoiries suivantes, outre celles de la république de Genève: Armes du chapitre: 6. 1460. 10. 1481. 21. s. d. 176. 1902. 3e Clémence, en souvenir de son prototype. 1 2 3 4 Musée neuchâtelois, 1881, p. 266; BLAVIGNAC , p. 215 sq. Sur Jean de Brogny, Genava, II, 1924, p. 297 sq. Sur Jean Jaquet, FATIO, « Nos anciens et leurs œuvres », 1919, p. 3 sq. ; cloche, p. 50. BLAVIGNAC , op. l., p. 224; Musée neuchâtelois, 1882, p. 82-3, etc. — 220 — Aigle impériale: 176. 1902. 3 e Clémence, en souvenir de son prototype. Armes pontificales: 143. 1872. Nom de Pie IX, avec tiare pontificale. 154. 1879. Tiare pontificale, sur clés en sautoir et croix à double traverse. 166. 1898. Armes du pape Léon XIII, avec clés et tiare. Armes privées: 27. 1607. Du Villard. 40. 1726. Lullin, sur deux canons en sautoir. 42. 1726. Id. 43. 1729. Id. Mêmes armes sur des canons de Genève, fondus par Jean Maritz, comme la cloche 43, Genava, II, 1924, p. 198. 151. 1879. Evêque Mermillod. 154. 1879. Id. 145. 1874. Id. 143. 1872. Armes de Saint François de Sales. 13. 1501. Ecu chargé de 12 losanges, 4,4, et 4, surmonté d'un chapeau de chanoine avec mouchets. 67. 1808. Ecu ovale surmonté d'une couronne comtale et tenu par deux lions d'or à la croix de sable chargée de 5 coquilles de... 176. 1902. 3e Clémence. Ecu circulaire timbré d'un heaume, cigogne surmontée d'un croissant renversé et flanquée de deux étoiles. 182. 1905. Armes Sarasin. Les noms des cloches 1. La cloche dont la voix divine retentit a une personnalité, qu'elle affirme dans ses inscriptions: un tel m'a fait faire... j'ai été faite par...mon nom est...je m'appelle, j'appartiens, je sonnerai... etc. Bénite, elle porte un nom. Toutefois les théologiens, qui distinguent la bénédiction du baptême, se sont élevés contre cette pratique qui risque d'entraîner cette confusion. « On ne devrait pas leur donner des noms de saints ou de saintes, même des noms humains, mais les appeler cloches de Notre Dame, de Saint-Jacques, de Saint-Georges ou de Sainte-Geneviève, etc. 2 ». 1 2 BLAVIGNAC , op. l., p. 33 sq. Le nom. THIERS, op. l., II, p. 74. — 221 — Ce sont les noms de la Vierge et des Saints sous la protection et le patronage desquels la cloche ou l'église sont placés. Celui de Marie est très fréquent, à Genève, comme ailleurs 1 , car « gratum mihi Mariae nomen », dit la cloche de Vésenaz (159, 1884): 60. 1789. Carouge, Maria Johanna Baptista nomen meum. 62. 1792. Veyrier, Je m'appelle Marie. 122. 1855. Avusy, Id. 133* 1866. Bernex, Je m'appelle Marie de Saint-Joseph et de Saint-Jean. 138. 1868. Genève, S. Joseph: Maria Josepha Gasparina Joanna Francisca Theresia. 140. 1869. Bernex, Je m'appelle Marie de Saint-François-de-Sales. 142. 1871. Confignon, Je m'appelle Marie-Antoinette. 143. 1872. Plainpalais, Je m'appelle Marie-Pie Gasparde de Saint-François-de-Sales. 144. 1872. Presinges, Je m'appelle Françoise-Marie. 145. 1874. Lancy, Je m'appelle Marie-Joséphine, Don de Marie à Marie. 150. 1878. Collex-Bossy, Mon nom est Marie-Aloise. 152. 1879. Confignon, Margarita-Maria nominor. 153. 1879. Versoix, Je m'appelle Marie-Françoise. 159. 1884. Vésenaz, Gratum mihi Mariae nomen. Je porte le nom de Marie. 157. 1882. Chêne-Bourg. Johanna Francisca (à cause de Saint-Jean et de SaintFrançois-de-Sales dont les noms et l'image figurent aussi sur la cloche). 121. 1855. Avusy. Carolina vocor (à cause de Saint Charles-Borromée, patron de cette église). 172. 1899. Je m'appelle Louise-Antoinette-Françoise-Romaine. 177. 1902. Je m'appelle Lucie. 179. 1905. Je m'appelle Françoise-Antoinette, née en avril. 180. 1905. Je m'appelle Marie-Louise. 181. 1905. Josepha Carolina vocor. 185. 1911. Je m'appelle Idelette. 190. 1921. Je m'appelle Louise-Joséphine-Marie, je suis née en 1921. 191. 1921. Je m'appelle Emilie-Hélène, je suie née en 1921. 192. 1921. Je m'appelle Bettina-Francesca, je suis née en 1921. 193. 1921. Je m'appelle Virginie-Leona, je suis née en 1921. 194. 1921. Je m'appelle Léonie-Victorine-Antonia-Charlotte, je suis née en 1921. 195. 1921. Je m'appelle Alphonsine-Marie-Fanny-Victoria, je suis née en 1921. 196. 1921. Je m'appelle Virginie-Charlotte, je suis née en 1921. 197. 1921. Je m'appelle Jeanne-Antonie, je suis née en 1921. 1 LAVIGNAC , op. l., p. 13, 36, 44,145, 224, 454; Bulletin monumental, 1894, 59, p. 140, 141, etc. — 222 — Ce sont les noms des parrains et des marraines, du curé, du donateur, seuls ou associés aux noms divins. A Neuchâtel, une cloche est dénommée Comtesse, parce qu'elle a été donnée par un comte1. 4. 1407. Clémence. Ego vocor Clementina. La Clémence, de son vrai nom Clémentine, rappelle le nom de l'antipape Clément VII qui aurait donné l'argent nécessaire à sa fonte, nom conservé par ses descendantes, la Clémence 2 (1867) et 3 (1902). Même nom à Lausanne, BLAVIGNAC, op. L, p. 191. 9. 1472. M'appelle en mon nom Colette à beau reson. S'agit-il de Sainte Colette, comme on l'a pensé 2 ? Il semble plutôt que ce soit le diminutif féminin dérivé du nom de Nicolas Guerei, qui en fit les frais. Philippote, Georgette, Jaquette, sont des diminutifs de ce genre, que l'on donnait volontiers aux humains, et aussi aux cloches, bien que l'Eglise les réprouve 3. « Nous défendons aux parrains et aux marraines d'imposer aux filles des noms qui ne sont que des diminutifs de saintes sans qu'aucune sainte se trouve avoir été ainsi appelée», disent les instructions synodales de Godeau, évêque de Grasse et de Vence, car l'Eglise n'admet que les noms de saints pour les garçons, de saintes pour les filles 4. 108. 1844. Mon nom est Joséphine-Aline. Parrain: Joseph Traitteur. Marraine: Aline Traitteur. 107. 1844. Mon nom est Emilie-Eugénie-Gabrielle. Parrains: Gabriel Girod. Marraine: Emilie Girod. 136* 1866. Je m'appelle Marie de Saint Joseph et de Saint Jean. Parrain: Jean Fournier. Marraine: Josette Fournier. Curé: Joseph-Antoine Clochet. 142. 1871. Je m'appelle Marie-Antoinette. Marraine: Marie-Antoinette Guers. 143. 1872. Plainpalais. Je m'appelle Marie-Pie-Gasparde de Saint-François-de-Sales. Patron: Pie IX. Parrain: Mgr Gaspard Mermillod. 1 2 3 4 Musée neuchâtelois, 1881, p. 211. BLAVIGNAC, Op. l., p. 40. THIERS , op. l., II, p. 102, 105, 109. Ibid., p. 93 sq. — 223 — 147. 1876. Meyrin. Mon nom est Caroline. Marraine: Caroline Perraut. 151. 1879. Compesières. Nominor Gaspara Maria Josepha. Parrain: Mgr Gaspard Mermillod. Marraine: Maria Grosset-Mermillod. 173. 1899. Suo nomine nomen meum dicunt. 174. 1899. Nomen mihi dederunt. Outre ses noms officiels, qu'elle porte sur elle, la cloche peut recevoir un surnom. Il est parfois emprunté au nom du fondeur (28, 1609, La « Collavine »)1. La Colette (9, 1472) est appelée «Bellerive», parce qu'elle provient du couvent des Cordeliers de Rive. L'ancienne cloche de Bernex (136*, 1866), de son vrai nom Marie, était dénommée par le peuple « La Zozète », sans doute à cause de sa marraine Josette Fournier; la cloche nouvelle de 1905, n° 179, s'appelle « la Tienette » 2. Des noms rappellent les fonctions des cloches: 5. 1420. Le Grillet, petite cloche de la Madeleine. En terme de blason, le « grillet », autre forme de « grelot », est une sonnette attachée au cou des chiens et aux jambes des oiseaux de proie. 10. 1481. 1° Rebat; 35, 1678, 2° Rebat; puis Accord (108, 1845), le nom ancien ayant été changé par le Consistoire. 18. 1528. Retraite, puis, en 1845 (109) l’Eveil, le nom ancien ayant été changé par le Consistoire. 22. s. d. Réveil matin, puis Rappel. Pour différencier entre elles les cloches, on les désigne aussi parleurs dimensions. La Clémence est appelée dans les Registres du Conseil « campana major », grossa campana », « campana magna », etc. Comme on le voit par les exemples du Rebat, de la Retraite, du Réveil Matin, la cloche peut changer de nom au cours de son existence et de ses refontes; ou, au contraire, malgré ses vicissitudes, elle conserve son nom primitif, telle la Clémence (4, 1407; 137*, 1867; 176, 1902) 3. 1 BLAVIGNAC . op. l., p. 53. PERRIN. « Les communes genevoises 3 BLAVIGNAC , op. l., p. 52. 2 », 1905, p 86-7. — 224 — LE RÔLE DES CLOCHES. Formules énumérant leur rôle. De nombreuses cloches énumèrent les fonctions qu'elles doivent remplir, et l'on rencontre pendant des siècles les deux vers léonins 1 ou des formules qui en dérivent 2 : 4. 1407. « Laudo Deum verum, plebem voco, congrego clerum, defunctos ploro, pestem fugo, festa decoro, vox mea cunctorum sit terror demoniorum. » 12. 1493. « Deum laudo, Deum invoco, defunctos ploro, ignem extinguo, demones fugo. » 74. 1819. « Laudo Deum verum, plebem voco, congrego clerum, defunctos ploro, pestem fugo, festa decoro. » 77* 1823. « Je convoque les fidèles, j'annonce les solennités, je pleure les morts. » 121. 1855. « Deum laudo, angelos ac sanctos invoco, populum voco, festa decoro, grandinem repello, gaudentibus gaudeo, plorantibus ploro, semper cum sorore mea cantabo. » 138. 1868. « Per sonitum meum crescat in civitate fides infidelium animis devotio, procul pellantur inimici incidiae, percussio fulminum, fragor grandinum, et unum ovile sub uno pastore inducatur, pios laetifico, arguo impios, exulto nascentibus, morientibus ingemisco, convoco fidèles, festa nuntio, pro pace et sainte persono. » 1 Musée neuchâtelois, 1881, p. 124; BLAYIGNAC, op. l., p. 17, 455; Mém. Soc. Hist., XVI, 1867, p. 431-432; GAHORN, p. 138. Voici quelques exemples aux environs de Genève: «A fulgure et tempestate libéra nos Domine». Bonneville 1686-1695. Fessy 1733. Amancy 1819. Cornier 1825. La Chapelle-Rambaud 1857. Clarafond 1881. « Deum laudo, Plebem voco, Defunctos ploro, Pestem fugo Festa decoro, Amancy 1825. « Laudo Deum Verum. Plèbe in voco. Gongrego clerum. Defunctos ploro. Pestem fugo. Festa decoro». Veigy 1682. Même inscription avec Plebem écrit correctement. Viry 1859. « Laudo Deum Verum. Congrego populum. Festa decoro. Defunctos ploro. Tempestatem fugo. Gloria in exelsis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis. » Essery 1855. «Vives voco, mortuos plango, fulgura frango. » Andilly 1847. « Laudo Deum Verum. Populum voco. Congrego Clerum. Defunctos ploro. Fugo fulmina. Festa decoro. » La Chapelle-Rambaud 1808. Saint-Cergues 1871. « Vox mea perniciem procellar demoniorum. » Arbusigny (l'an de la délivrance des François 1816). « Luceo defunctos. Natos cano. Convoco plebem. Nuntio festos. Pia voce celebro Deum.»— « De la vie je marque les heures, je chante les joies, je pleure les douleurs et je dis les devoirs. » Orcier 1870. « Laudo Deum verum. Voco Plebem, Cungrego clerum. Defuntos ploro, Festa decoro, Pestem fugo. Vox mea cuntorum terror est demonorum. F. S. me fecit. M. D. L. » Martigny. 2 Ex. «Vox Domini. Per sonitum ejus efîugiant ignita jacula inimici, percussio l'ulminis impetus lapidum et laesio tempestatum». Bull. Soc. Nationale antiquaires de France, 1923, p. 285. — 225 — 150. 1878. «Deum colo, vitam et mortem nuntio, plebem ad sacra convoco. » 35. 1678. 2° Rebat. « Ad sacra et comitia voco, classicum intono, horas nuntio, supremae memores esse moneo. » 109. 1845. Accord (3 e Rebat). « Classicum intonabam, horas nuntiabam, nunc ut quondam suprême memores esto moneo, ad sacra conciones voco, Deum immortalem magnifico. » 141. 1869. « Je convoque les fidèles, je les exhorte à la prière, je leur rappelle le temps et l'éternité, j'annonce les solennités, et je pleure les morts. » 142. 1871. « Je publie la gloire de Dieu, j'annonce les volontés de l'Eglise, je convoque les fidèles, je chante les baptêmes, je me réjouis avec les nouveaux époux, je pleure les morts. » *77. 1823. « Je convoque les fidèles, j'annonce les solennités, je pleure les morts. » 190. 1921. Christum canamus principem. Je loue Dieu, j'appelle le peuple à la prière, je mets les démons en fuite, je chante sur les berceaux et pleure sur les tombes, je tressaille avec l'église et la patrie. Apostolorum gloriam tellus et astra concinunt. Ainsi qu'elle l'annonce, la cloche a un rôle religieux et civique, elle convoque le peuple et le clergé (plebem voco, populum voco, congrego clerum) pour assister aux offices sacrés, aux assemblées de la cité, pour prendre les armes, pour lutter contre l'incendie et les calamités. Convocation aux offices religieux. Elle appelle, et c'est là son rôle principal, aux cérémonies du culte le clergé et le peuple 1 : 4. 1407. Plebem voco, congrego clerum. 35. 1678. Ad sacra et comitia voco. 36. 1678. Festinate, nam ex alto ad altiora vocat. 129, note, XVII e s. « Leur son est allé par toute la terre. » 49. 1767. J'appelle à vous, mon Dieu, les peuples de la terre. 9. 1472. . .laudes et missas canendas. 50. 1767. Adorate .Dominum in atrio sancto ejus. PS. 28. 60. 1789. Venite, psalmum dicite. *77. 1823. Je convoque les fidèles, j'annonce les solennités... 114. 1846. J'appelle à la prière. Des fêtes du Seigneur, j'annonce le jour. 1 BLAVIGNAC , op. l., p. 43, 61, 140, sq. 123; de liturgie, s. v. « Cloche », p. 1968. CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et 15 — 226 — 118. 1849. Quand ma voix retentit, un grand devoir t'appelle. Pense à Dieu, à ton frère, ils réclament ton zèle. 105. 1844. Venez, réjouissons-nous en l'Eternel, PS. XCV. 113. 1846. Venez vous présenter devant l'Eternel avec allégresse, PS. G. 116. 1847. Venez et du Seigneur sans cesse louez la force et la sagesse. 121. 1855. Populum voco. 137. 1867. Je suis la voix de l'Eglise... 141. 1869. J'annonce les solennités. 141. 1869. Je convoque les fidèles, je les exhorte à la prière. 138. 1868. Convoco fidèles. 142. 1871. Je publie la gloire de Dieu, j'annonce les solennités de l'église, je convoque les fidèles, je les exhorte à la prière. 150. 1878. Plebem ad sacra convoco. Filii audite me timorem Domini docebo vos. PS . 33. 154. 1879. Appelle au loin les fidèles à la prière. 137* 1867. 2e Clémence. Servez Dieu. 176. 1902. 3e Clémence. id. 167. 1898. A ma voix les chrétiens à Dieu vont rendre hommage. 188. 1913. Assemblez le peuple, formez une sainte réunion, assemblez les vieillards, assemblez les enfants. Joël, ch. II, v. 16. 190. 1921. J'appelle le peuple à la prière. De tels appels sont fréquents sur les cloches 1. « Réunissons le clergé, rassemblons le peuple, sanctifions l'église », dit une cloche de Crassier 2, répétant les mots de la vieille Clémence. « Venite et audite omnes qui timete Deum »3. Indifférentes aux querelles religieuses, nos cloches ont appelé successivement au culte catholique, puis protestant, et dès 1530, à la grande indignation de Jeanne de Jussie, les réformés font sonner la Clémence pour convoquer le peuple aux sermons de Farel. De la naissance à la mort. La voix de la cloche annonce les trois grandes étapes de la vie humaine: naissance, mariage et mort. L'intention générale de l'église, dans ses offices, n'est-elle pas en effet de prier pour les vivants et les morts4 ? Voici la naissance, le baptême, le mariage et la mort: *77. 1823. Je pleure les morts. 121. 1855. Gaudentibus gaudeo, plorantibus ploro, 1 Ex. Musée neuchâtelois, 1881, p. 98, 123, 238. Ibid., p. 124. 3 Angleterre, 1687. Bulletin monumental, 59, 1894, p. 131. 4 THIERS , op. l., III, p. 161. 2 — 227 — 167. 1898. Je chante leur naissance et pleure leur trépas. . . Que Dieu nous fasse grâce avant mon dernier glas. 138. 1868. Exulto nascentibus, morientibus ingemisco. 142. 1871. Je chante les baptêmes Je me réjouis avec les nouveaux époux, Je pleure les morts. 150. 1878. Vitam et mortem nuntio. 190. 1021. Je chante sur les berceaux et pleure sur les tombes. «Je sonne à ta naissance et je pleure à ta mort», disait une cloche de Boège (1823)1; « je chante les nouveaux-nés, je pleure les morts », dit celle de Cerneux-Péquignot 2. Cette formule se trouve à Amancy, 1819 :« Quand tu mentan, chrétien, pense quel est ton sort, je chante à ta naissance et pleure sur ta mort », et à Vers, 1828: « Si tu m'entends, chrétien, réfléchis sur ton sort, je chante à ta naissance et je pleure à ta mort». Mais les cloches évoquent rarement ces deux dates de la vie3; en effet, bien que l'usage se soit établi de les faire entendre en ces occasions, ce n'est qu'une tolérance, non une fonction rituelle 4. En revanche, elles sonnent la sépulture des fidèles 5, elles convient les vivants à prier pour les défunts 6, et elles mentionnent souvent ce rôle douloureux 7, en même temps qu'elles exhortent à se souvenir de l'heure dernière, à vivre saintement dans cette attente, opposant à la tristesse de la mort la vie et les fêtes joyeuses. Avant la Réforme, on sonnait à Genève de nuit les cloches pour inviter le peuple à prier pour les morts: « 1516. Fiat cymballum in quo arma civitatis afïigantur ad cujus sonitum tempore nocturne populus incitetur ad orandum pro defunctos » 8 . On l'avertit aussi avec une clochette. « 1517. Quoniam pium est pro defîunctis exorare ut a peccatis solvantur, audita requisicione per magistrum Anthonium facta, racioni consona, impertitur licencia proclamandi diebus lunée, et tempore nocturne hora prima post médium noctis Dominice precedentis.» «Parce que c'est une chose pieuse de prier pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés, on permet à 1 BLAVIGNAC , op. l., p. 111. Cette cloche n'existe plus. Les cloches de cette localité datent de 1860. 2 3 4 5 6 Musée neuchâtelois, 1881, p. 145. BLAVIGNAC, op. l., p. 112. THIERS, op. l., II, p. 140 sq. CABROL, op. l., s. v. « Cloche », p. 1968. THIERS, op. l., III, p. 141 ; BLAVIGNAC, op. l, p. 114 ; S. REINACH, « L'origine des prières pour les morts», Rev. des études juives, 1900, p. 161; id., Strena Helbigiana, 1900, p. 245; id., Cultes, mythes et religions, 3me éd. 1923, I, p. 316 sq. 7 BLAVIGNAC , op. l., p. 43. Formules fréquentes. Vivos voco, mortuos plango, ibid., p. 164. Je pleure les morts et j'appelle les vivants, Musée neuchâtelois, 1881, p. 145. J'annonce les fêtes... et la tristesse de la mort. BLAVIGNAC, p. 11, etc. 8 RIVOIRE, Registres du Conseil, VIII, p. 174; BLAVIGNAC, p. 118. — 228 — maître Antoine de le proclamer la nuit par la ville les lundis après minuit selon sa requête » 1. La cloche pleure les défunts: 4. 1407. Defunctos ploro. 12. 1493. Id. 138. 1868. Exulto nascentibus, morientibus ingemisco. 141. 1869. Je pleure les morts. 150. 1878. Vitam et mortem nuntio. Elle appelle à vivre saintement et à se souvenir de la mort 2. 28. 1609. Du bien vivant heureuse est mort et vie. 35. 1678. Supremae memores esse moneo, 2e Rebat. 109. 1845. Id. 3e Rebat. 141. 1869. Je leur rappelle le temps et l'éternité... et je pleure les morts. Elle attend la résurrection 3. 99. 1842. A qui irions-nous Seigneur...! tu as les paroles de la vie éternelle. JeanVI, 68. 181. 1905. Expecto resurrectionem mortuorum et vitam venturi saeculi. Elle oppose la joie à la tristesse de la mort. 115. 1846. Je gémis avec ceux qui pleurent. Je me réjouis avec ceux qui sont dans la joie. 121. 1855. Gaudentibus gaudeo, plorantibus ploro. 136*1866. Sonet vox mea dulciter laetitiae hymnos et carmina mortis fortiter. 179. 1905. Id. Les fêtes. « J'annonce les fêtes » disent plusieurs cloches 4. Elles sonnent en effet les jours de victoire 5, les anniversaires joyeux ou tristes, les grandes dates de l'histoire locale, religieuse ou civique. En 1526, des citoyens demandent qu'en commémoration de la mort de Berthelier, on organise une procession et que les cloches sonnent 6. 4. 1407. Festa decoro. 121. 1855. Id. 138. 1868. Festa nuntio. 1 Registres du Conseil, VIII, p. 154, 28 avril 1517; BLAVIGNAC , p. 333. « Disce mori nostro vivere disce sono», 1620, Bulletin monumental, 1894, 59, p. 131. « Cum sono busta cum pulpita vivere disce », 1624, ibid., p. 133. 3 Que donc mon son te fasse souvenir A la mort et au jugement à venir. Musée neuchâtelois, 1881, p. 214. 4 Strasbourg, 1427. BLAVIGNAC , op. l., p. 11. 5 Ibid., p. 140 sq. 6 GRENUS , Fragments historiques sur Genève avant la Réformation, p. 35. 2 — 229 — Convocation des citoyens. 4. 1407. Plebem voco. 35. 1678. 2 e Rebat. Ad sacra et comitia voco. 121. 1855. Populum voco. Avoir des cloches, les sonner pour assembler les citoyens, ceci constitue un droit de souveraineté dont on est jaloux au moyen-âge. Aussi enlève-t-on celles des vaincus, ou leurs battants et, en 1519, quand le duc de Savoie entre en souverain dans Genève, il fait enlever les battants de toutes les cloches 1. A Genève, les citoyens sont convoqués en Conseil général au cloître de SaintPierre, au son de la grosse cloche, campana major, campana magna, grossior campana, grossum cymballum, qui est, dès 1407, la Clémence, quoi qu'en dise Blavignac, estimant qu'elle ne servait qu'aux offices religieux 2. Parfois, il y a contestation pour son usage entre les autorités civiles et ecclésiastiques. Le 28 février 1526, on veut convoquer le Conseil général et «fut demandé la grosse cloche à M. de Lutry, chanoine, lequel gardait la clef de la dite cloche. Et ne la voulut pas bailler, mais avait mis garnison au clocher pour la défendre et de non la vouloir bailler. Pourquoi fut. grand mutinement et effroi en l'église Saint-Pierre en armes, en telle sorte que M. de Lutry fut contraint faire ouvrir la porte et bailler la cloche »3. En 1534, «parce qu'atout propos les prêtres sonnent la grosse cloche de la ville et fort inconsidérément, on résout d'enfermer la dite cloche avec une porte dont les syndics garderont la clef » 4. Les registres du Conseil mentionnent souvent la convocation du Conseil général, « ad cridum et sonum campane magne; ad sonum campane et cridum ville; ad sonum campane cridatum; ad sonum maioris campane et cridum ville, ut est moris; ad campane sonum congregatum; sono grosse campane; sono grossioris campane; tam ad sonum magne campane quam voce tube; au son de notre grosse cloche, etc.5 », 1 2 3 4 4 Ibid., p. 387. BLAVIGNAC , op. l., p. 274, 388. BALARD, Journal, p. 51 ; Mém. Soc. Hist., IV (série 4°), 1915, p. 104. Registres du Conseil; cf. BLAVIGNAC , p. 389. Ex. RIVOIRE, Registres du Conseil: 1409. 1410. 1411. 1412. 1413. 1414. 1417. 1459. 1460. I, p. 2, 4, 11, 13. I, p. 15, 22. I, p. 31, 32 I, p. 36. I, p. 47. 48, 53. I, p. 62, 65, 68. I, p. 76, 86. I,p.287,302.303,317,319,351,354. I, p. 369, 395, 429, 432, 436, 462, 471, 472. 1473. II, p. 181, 194, 231. 1474. p. 247, 319. 1475. p. 327, 342, 363, 387, 396, 398, 403, 408. 1476. p. 414, 417, 424, 447. 1477. I I , p. 479, III, p. 9, 13, 15, 25, 38, 40, 48, 51, 58, 59. 1478. III, p. 65, 67, 81, 102. 1479. III, p. 120. 1481. p. 164, 188. — 230 — et l'usage s'est maintenu de siècle en siècle de sonner les cloches pour convoquer à leurs fonctions civiques les citoyens et leurs représentants 1. On mentionne aussi le salaire payé aux veilleurs et gardiens pour sonner les cloches, à cette occasion, en cas d'orage, ou pour diverses solennités2: « pro pulsacione grossi cimballi, more solito; pro pulsacione grossi symballi eadem processionum diebus Mercuri; pro pulsacione grossi cimballi et sermonis; die Heucaristie Christi; pulsaverunt processionem Festi Dei ut consuetum est », etc. 1482.p. 197. 1483.p. 252, 273, 277, 292, 296. 1484.p. 318, 350. 1485. p. 441, 447. 1436. p. 483. 1487.p. 528; IV, p. 74. 1488.IV, p. 93, 142, 162. 1489.p. 180, 240. 1490.p. 254, 303. 1491.p. 337, 380, 381, 389, 391, 409, 433. 1492.p. 449; V, p. 23, 32, 59, 73. 1493.V, p. 91, 92, 113, 120, 152, 153. 1494.p. 169, 220, 229. 1495.p. 244, 258, 271, 285. 1496.p. 299. 1498, p. 431, 449. 1499. p. 502. 1502.VI, p. 21. 1503.p. 102. 1504.p. 174. 1505.p. 259. 1506.p. 290. 1507.p. 331. 1508.VII, p. 6, 32. 1509.p. 60, 106. 1510.p. 118, 170. 1511.p. 185, 228. 1512.p. 239, 259, 292, 299. 1513.p. 316, 368, 375. 1514.p. 395; VIII, p. 5. 1515.VIII, p. 21, 72. 1516.p. 84, 89, 129. 1517.p. 191. 1518.p. 214, 257, 269, 274, 277. 1519.p. 281, 284, 285, 288, 293, 304, 305, 313, 317,345,346,350, 351, 353, 360, 375, 385, 400. 1520. p. 421, 423, 438. 1 Ex. 1794. Indications des sonneries de cloches pour annoncer l'assemblée souveraine. Mém. Soc. Hist., 1897, XXVII, p. 104, N° 4305. — 1795, ibid., N° 5338. — 1797. La cloche sonnera à 7 heures les jours de séance du Conseil législatif qui a lieu à 9 h., ibid., N° 6058. —1798, convocation de l'assemblée souveraine au son des cloches des temples de St -Pierre et de St -Gervais, ibid., N° 6162. 2 Ex. RIVOIRE, Registres du Conseil: 1461, II, p. 45, 59. 1462,p. 163. 1475, p. 383. 1481, III, p. 144. 1481,p. 181. 1482,p. 216, 222. 1483,p. 267. 1484,p. 360. 1485,p. 421, 428. 1486,p. 492. 1488,IV, p. 149. 1489,p. 209, 226. 1490,p. 291. 1491,p. 363, 364, 383, 442. 1492,V, p. 42, 83. 1493,p. 141. 1494,p. 222. 1495,p. 273. 1496,p. 333. 1497,p. 406. 1498,d. 475. 1502,VI, p. 54, 75. 1503,p. 127. 1504,p. 213. 1506, p. 316. 1516,VIII, p. 120. 1517,p. 180. 1518,p. 254. 1519,p. 374, note 3, etc. — 231 — L'alarme 1. 138. 1868. « Procul pellantur inimici incidiae... Pro pace et salute persono ». 137* 1867. 2 me Clémence. « Je suis la voix de l'Eglise et de la patrie genevoise. Servez Dieu et soyez unis. » 176. 1902. 3me Clémence. Même formule. « Sit dum Glinsa sonat turbo procul hostis et ignis », dit la cloche de Mersebourg 2. « Per sonitum ejus effugiant ignita jacula inimici », dit une autre3. « Plus heureuse que mes aînées, souhaite une troisième, puisse-je ignorer le bruit du tocsin »4. La voix du « Tocsin », de la « cloche d'argent » 5 (14,1509), avertit de l'approche ennemie, annonce l'émeute locale, appelle aux armes pour la défense de la cité. Que de fois, durant les longues luttes que Genève dut soutenir contre ses ennemis intérieurs et extérieurs, les cloches des églises et des remparts ont-elles donné l'éveil ! Les Registres du Conseil du 10 avril 1459 mentionnent que c'est la coutume de sonner le tocsin lorsque survient quelque excès ou tumulte, afin d'empêcher le malheur et d'arrêter le coupable 6. Cette année 1459, Montfort est chassé de la ville par le peuple, « et prosequutus est turpiter ad sonum campane »7. En 1519, « alors fut fait en la cité gros tumulte et sonna-t-on la grosse cloche a effreyt et fut vu au dit clocher une torche que l'un des déloyaux tenait pour faire signe au dit duc 8. » En 1665. « Arrêté, vu les larcins commis par les Bohémiens ou Sarasins, de sonner le tocsin, de les saisir et même de tirer sur eux » 9. Au sommet de la tour de la cathédrale, le garde veille, prêt à donner l'alarme. 1462. « Quod si vigil videret murmur, quod ipse verberaret campanam»10. « Item quod fiat custodia de noctu in civitate ubi sintquindraginta aut sexaginta homines bene armati, si vigil Sancti Pétri percuteret cimbalum »11 . On s'inquiète de ceux qui sonnent la cloche sans y être autorisés. 1513. « Nobiles sindici sumant informacionem contra eum qui in capcione domini vicedompni pulsavit grossum cymballum»12. Et, pour prévenir toute traîtrise, on réglemente strictement les sonneries des cloches. 1529. « Défense aux ecclésiastiques de sonner les 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 BLAVIGNAC, op. l., p. 169, « L'émeute ». Bull. Soc. nationale antiquaires de France, 1920, p. 212 ; Rev. arch., 1921, II, p. 37-38. Bull. Soc. nationale antiquaires de France, 1923, p. 285. Musée neuchâtelois, 1881, p. 214. Sur ces noms, BLAVIGNAC , op. 1., p. 173. BLAVIGNAC , op. l., p. 189. RIVOIRE, Registres du Conseil, I, p. 293, 302. Ibid., VIII, p. 308. GRENUS , RIVOIRE , Fragments historiques sur Genève avant la Réformation, p. 178, note. Registres du Conseil, II, p. 128. Ibid., p. 128. Ibid., VII, p. 326. — 232 — cloches du soir à 6 heures du matin, les ennemis étant parvenus jusqu'aux murailles l ». En terre ennemie, les Genevois s'emparent des cloches, non seulement comme butin précieux2, mais pour empêcher de répandre l'alarme; en 1531, ils rompent à coups d'arquebuse celle de l'église de Gaillard 3. Mais les cloches possèdent en elles-mêmes une vertu magique pour chasser l'adversaire. On attache déjà des clochettes aux boucliers des Grecs, et à celui de Tydée, dit Eschyle, «des cloches de bronze sonnent l'épouvante». Etéocle sceptique répond: «Ni aigrettes, ni cloches ne déchirent sans le secours de la lance»4 . La cloche de l'église de Saint-Etienne met en fuite l'armée de Clothaire II qui assiège la ville 5. En 560, une procession de moines n'a qu'à balancer des clochettes pour faire tomber les murailles de Tara, résidence du roi d'Irlande, et c'est peut-être en souvenir de cette puissance mystique qu'on lit sur une cloche de 1574, à Limoges: « Comme autrefois au son des trompettes tombèrent les murs de Jéricho, ainsi à mes pieds s'est évanouie la puissance des démons »6 . L'incendie 7. 12. 1493. Ignem extinguo. La cloche appelle les citoyens à combattre les incendies que signale le veilleur. « Mon nom est Roland, dit celle du beffroi de Gand; quand je tinte, c'est l'incendie ». « Sit dum Glinsa sonat turbo procul hostis et ignis », dit la cloche de Mersebourg 8. A la cathédrale Saint-Pierre, dans la Tour S., « la cloche d'argent », dite Beffroi, Tocsin (14, cf p.) sonnait d'abord le tocsin, puis l'incendie 9 , qui a été pendant des siècles un des fléaux de notre ville 10. La cloche elle-même en souffre souvent, et diverses inscriptions mentionnent les incendies qui l'ont abîmée11; «Le feu me fait vivre, le feu me fait mourir»12. Les 1 GRENUS, Fragments historiques sur Genève avant la Réformation, 1823, p. 155; BLAVIGNAC, op. l., p. 390. 2 Voir plus haut, p. 201. 3 Jeanne de Jussie; BLAVIGNAC, op. l., p. 269 ; id., Etudes sur Genève, II, p. 151. 4 ESCHYLE, « Les Sept contre Thèbes, éd. Budé, 1920, I, v. 385, p. 124. 5 6 7 8 9 Vie de Saint-Loup; cf. Bulletin monumental, I, 1894, 59, p. 245-6. BLAVIGNAC , op. l., p. 200-1. Ibid., p. 181 sq. «L'incendie». Bulletin Société nationale antiquaires de France, 1920, p. 212; Rev arch., 1921, II, p. 37-8. « Description de Genève ancienne et moderne, 1807, p. 147-8. Sur les incendies à Genève, BORDIER, « Les incendies à Genève », Etrennes religieuses, 16me année, 1865, p. 259 sq. (1670-1864); DUNANT, «Les incendies de Genève», 1834; mon mémoire «Genevois, conservons nos monuments historiques», Pages d'Art, 1919, p. 223, 277. 11 BLAVIGNAC, op. l., p. 182 sq.; Musée neuchâtelois, 1881, p. 171. 10 12 MALLET, Musée neuchâtelois, 1882, p. 82, N° 10. — 233 — cloches de Saint-Pierre ont parfois subi ce sort; l'incendie de 1430 en fond deux à l'aiguille (tour du Carillon) et deux à la tour du Midi 1. Dans le grand incendie de 1670, la cloche de l'horloge de la Monnaie (N° 3) s'abîme dans le brasier. Les cloches de Saint-Germain (42, 48) sont endommagées lors de l'incendie de cette église, en 1904. Au cours de son existence, Saint-Pierre eut à subir plusieurs incendies 2. Après celui de 1556 3, on enleva toutes les croix qui se trouvaient encore sur les églises de la ville, pensant que Dieu avait frappé la cathédrale parce qu'il était irrité qu'on y eût laissé cet emblème papiste 4; mais ne sait-on pas qu'au contraire la croix figurée ou écrite sur les cloches et les divers objets humains est un préservatif tout puissant contre le mal, en particulier contre la foudre 5 ? Les fouilles de la cathédrale non seulement ont révélé de nombreuses couches de charbon, attestant les incendies successifs 6, mais lors de réparations effectuées au XVIIIe siècle, on trouva dans le sol du métal provenant des cloches fondues sans doute lors de l'incendie de 1430 7. Mais l'incendie peut être combattu par des armes mystiques, comme tout autre mal. Pour éteindre celui de 1556 à Saint-Pierre, on répand du vin, parce qu'on croit que le feu du ciel ne peut être éteint que par du vin ou du lait 8. On porte le Saint Sacrement pour conjurer le feu, comme pour les inondations, les grêles, les orages 9, mais, dit Thiers, ceci est un abus condamnable et tout au plus peut-on ouvrir en cette occasion le tabernacle, et prier devant lui. On jette dans le feu des Agnus Dei bénits par le pape10. Sainte Agathe protège contre l'incendie11, et le Missel de Genève 1 SPON , Hist. de Genève, I, p. 82; SENEBIER , Journal de Genève. 1790. mai, p. 67; G. MARTIN , « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », p. 23, 109; « Saint-Pierre., ancienne cathédrale de Genève», 4 me fasc. 1899, p. 32; I, p. 40-1; BLAVIGNAC , op. l., p. 28; GRENUS , Fragments histo riques, p. 18, note 8; ARCHINARD , « Les édifices religieux de la vieille Genève », p. 262. 2 « Sur les divers incendies de Saint-Pierre», MALLET , op. l., p. 137 sq.; ARCHINARD , op. l., p. 260 sq. ; G. MARTIN, op. l, p. 22-3; mon mémoire « Genevois, conservons nos monuments histo riques. Pages d'Art, 1919, l. c. 3 G. MARTIN , op. l., p. 31. 4 La grande croix qui surmontait le clocher avait été abattue par la foudre. Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 fasc., 1891, p. 69. 5 Encore au XIX e siècle, Mgr GAUME, « Le signe de la croix au XIX e siècle ». 4 me éd., 1864, Paris; PARFAIT , « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 156 sq. 6 « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », 3, 1893, p. 25-6; G. MARTIN, op. l., p. 14. 7 Mém. Soc. Hist., IV, 1845. p. 58-9; «Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », 1 fasc., 1891, p. 41; Indicateur d'antiquités suisses, 1885, p. 195. 8 MALLET, « Description de Genève ancienne et moderne », 1807, p. 139; « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », 1 fasc., 1891, p. 69; G. MARTIN, op. l., p. 31 ; PERRIN, « Vieux quartiers de Genève », 1904, p 91-2. 9 THIERS , op. l., II, p. 312, 314. 10 Ibid., II, p. 315. 11 BURLET , «Le culte de Dieu», p. 17; CAHIER , «Caractéristiques des saints »,p. 605; Rev. d'ethnographie et des traditions populaires, 1924, p. 28, 29, 30. — 234 — du XVe siècle mentionne le pain bénit le 5 février, jour de cette sainte, que l'on place à cet effet dans les maisons sur le manteau de la cheminée. On porte des scapulaires1, on invoque la Vierge 2. * * * Que d'autres occasions de faire entendre la voix des cloches ! C'était lors des exécutions capitales, et au XVIIIe siècle encore pour des condamnations plus légères3; avant la Réforme, on prêtait serment sur le bras de saint Antoine, le bourdon de la cathédrale sonnant à toute volée 4 . La mesure du temps 5. 28. 1609. « Les vivants je convie matin œuvrer et la journée ». 35. 1678. 2e Rebat. Horas nuntio. 109. 1845. 3 e Rebat. Horas nuntiabam. 55. 1783. Levez-vous, o mortels, l'aurore va paraître. Pour chanter les bienfaits de votre divin maître 6 . Un des rôles de la cloche est en effet d'annoncer aux humains les heures et les principaux travaux de la journée; en France, Charles V, au XIVe siècle, ordonna que les cloches des églises sonneraient les heures 7. Aussi de nombreuses inscriptions campanaires mentionnent cette fonction 8 . Le matin, à 4 heures, c'est l'annonce du labeur quotidien, le réveil-matin; le soir, c'en est la cessation, la retraite, avec la fermeture des portes au coucher du soleil, sonnée à Saint-Pierre, Saint-Gervais, et à la porte du lac, usage aboli en 1845; puis c'est le couvre-feu à 9 heures9. En 1794 le citoyen Soret publie un appel invitant à lutter contre les abus; il demande de « cesser de sonner les coups de 9 heures qui ne signifient plus rien depuis près de deux siècles que les sots évêques nous ont débarassés de leur figure et de leur juridiction10». 1 PARFAIT, « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 128. Ibid., p. 291. 3 BLAVIGNAC , op. l., p. 191 sq. 4 Ibid., p. 195. On attribuait à une cloche irlandaise la propriété de découvrir les mensonges et les parjures; les serments que l'on jurait sur elle étaient inviolables; An ancient irish Bell, Folklore, 30, 77. 2 5 6 BLAVIGNAC, op. l., p. 55 Sq. Sur le clocher de Saint-Gervais, au-dessous du cadran solaire de 1783, on lit: «L'heure qui suit n'est pas à vous », ibid., p. 85. 7 FRANKLIN , «La vie privée d'autrefois, La mesure du temps», p. 61. 8 BLAVIGNAC , op. l., p. 69 sq. 9 BAULACRE, Œuvres, I, p. 332 sq.; BLAVIGNAG, op. l., p. 58; FRANKLIN, op. l., p. 4 sq. 10 Mém. Soc. Hist., XXVII, 1897, N° 4456. — 235 — A Saint-Pierre: 6. 1460. Cloche des heures. 10. 1481. Rebat, « cloche du repic des heures » (Minutoli), sert à répéter les heures de l'horloge. Puis 35, 1768, 2e Rebat, et 105, 1845, 3e Rebat, e 22. XV s. Réveil Matin, plus tard Rappel, annonce le jour (4 heures); on s'en servit aussi pour sonner la Retraite. 28. 1609. La Collavine, réveil-matin et couvre-feu. 18. 1528. Retraite, sonne la Retraite jusqu'au commencement du XIX e siècle. 1528. « Cloche demandée à Mgr. l'Evèque, afin de sonner tous les soirs pour faire retirer les gens1. Refondue en 1845, et dénommée l’Eveil. Dans les autres églises, et dans divers édifices laïques, de nombreuses cloches servent aux horloges 2. LA PROTECTION CELESTE . Les inscriptions les plus intéressantes sont celles qui évoquent la protection céleste, et qui sont empruntées non tant à la Bible qu'aux rituels, aux oraisons admises ou repoussées par l'Eglise 3. Elles révèlent de curieuses croyances, souvent entachées de superstition, dont plusieurs se sont cependant maintenues jusqu'à nos jours 4. Il existe même sur des cloches des mots purement cabalistiques que l'Eglise a acceptés, tels le mot Agla 5 dont il est fait jadis un si fréquent usage protecteur 6, et qu'on trouve sur des tableaux religieux, comme sur des amulettes. La religion catholique est sur ce point la docile héritière de la prophylaxie antique, et, ennemie de la magie, en emploie les armes 7. Ces formules protectrices ne sont pas spéciales aux cloches; elles couvrent nombre d'autres objets où elles ont le même 1 Registres du Conseil, GRENUS , Fragments historiques, p. 150. 3. — 5. — 15. — 21. — 23. — 26. — 27. — 29. — 32. — 33. — 34. — 36. — 37. — 46 . — 51. — 55. — 56. — 58. — 60bis. — 64. — 70. — 80. — 81. — 82. — 83. — 92. — 97. — 98. — 99. — 104. — 105. — 110. — 114. — 116. — 123. — 128. — 129. — 135. — 138. — 139. — 141. — 142. — 159. — 161. — 167. — 172. — 173. — 174. — 175. — 179. — Charles Cusin, d'Autun, reçu bourgeois en 1587, horloger, « en considération de ce qu'il a fait les engins pour la sonnerie des cloches qui sera une grande épargne et même conservation des voûtes qui, par ce moyen, ne seront point ébranlées ». COVELLE, « Le livre des bourgeois», p. 318; BRUN , Schweizerisches Kùnstlerlexikon, s. v. Cusin, p. 334. 3 Contre les oraisons superstitieuses, THIERS , op. l., IV, p. 45 sq., 85 sq.; DELRIO , op. l., p. 473 sq., 1102. 4 Par exemple la croyance que le son de la cloche écarte la foudre, voir plus loin. 5 Agla, sur des cloches, DE MELY , Bull. Soc. nationale Antiquaires de France, 1920, p. 212; BLAVIGNAC , op. l., p. 142. 6 DE MELY , ibid., p. 211 sq. ; Rev. arch., 1921, II, p. 35, 36; 1923, I, p. 99; Rev. art ancien et moderne, 1920, II, p. 200, 207; THIERS , op. l., I, p. 412, 168, 167; DURRIEU , Bull, arch., Comité travaux historiques, 1919, p. 305. 7 Contre les mots talismaniques dans les oraisons, THIERS . op. l., IV, p. 58; DELRIO , op. l., p. 1054-5. 2 — 236 — rôle, bagues 1, armes 2, amulettes portées au cou ou sur la poitrine, etc. « Nos jungat thronis vere thronus Salomon », dit une cloche 3, invoquant le vieux roi Salomon qui joue aussi grand rôle en prophylaxie et dont on aperçoit l'image ou le signe sur une quantité de talismans 4 . Les motifs figurés sur les cloches ont la même portée que les inscriptions ; hommage à la divinité, prière, ils sont aussi une demande de protection contre tout mal. DIEU . On s'adresse à Dieu, et les oraisons multiplient la demande: « salva fac servos tuos, salva me, salvum me fac, libera nos Domine de ore leonis », etc 5. 29. 1636. Si Deus pro nobis, guis contra nos. 184. 1911. Id. On lit la même devise sur des cloches d'Engollon dans le canton de Neuchâtel6, de Cernex (Hte-Savoie, 1739), de Chevrier (Hte-Savoie, 1766), et on la voyait au XVIIIe siècle sur le portail du temple d'Orbe 7 . Elle paraît aussi sur des armes, des XVI-XVIIIe siècles 8. 37. 1699. Dieu soit notre garde. 109. 1845. Deus adsit. 167. 1898. Sub tuum praesidium. La représentation figurée de Dieu le Père paraît sur les cloches suivantes : 6, 1460. — 7, 1470. — 12, 1493 9. — 135, 1865. 174. 1899. L'ange gardien. La voix de Dieu. La voix de la cloche est la voix même de Dieu: Vox Domini sonat (sonens, vocor, etc.), dit-elle souvent10, et cette formule, accompagnée ou non d'autres paroles, 1 Ex. DERVIEU , «La bague au moyen âge», Rev. arch., 1924, I, p. 29 sq. ; EVANS , « Magical jewels of the middle âge and the Renaissance, particularly in England », 1922. 2 Mon mémoire « Talismans de guerre, de chasse et de tir », Indicateur d'antiquités suisses, 1921, p. 142, 194, référ. 3 4 BLAVIGNAC, Op. l., p. 142. Ex. LEITE DE VASCONCELLOS , « Signum Salomonis », Lisbonne, 1918, etc. 5 Ex. « Enchiridion Leonis papae », éd. Ancône, 1667, p. 44, 45, 88, etc. 6 Musée neuchâtelois, 1881, p. 241; 1925, p. 25 (1867). 7 Orbe, Notice historique illustrée, 1920, p. 34. 8 Sabre au Musée historique de Lucerne: « Ist Gott mit uns, ver vil vider uns. 1529, Jésus Maria. » Exposition nationale suisse. 1896, Catalogue de l'art ancien, p. 298, N° 3189. Au Musée de Berne, armes des XVII-XVIII C siècles: «Si Deus pro nobis, quis contra nos», avec fréquentes erreurs de graphie, Jahr. d. bernisch. hist. Museums, III, p. 34, N° 464; p. 36, N° 472 ; 1922, p. 58, N° 405. 9 Cf. à la façade de la chapelle des Macchabées, 1406, Genava, II, 1924, p. 300, fig. 6. 10 Bull. Monumental, 1894, 59, p. 338 sq., 245. — 237 — a une valeur talismanique1. Déjà selon Pythagore, cité par Porphyre, «le son produit quand on frappe l'airain n'est que la voix d'un certain démon enfermé dans cet airain », et, dit Ocken, « ce qui résonne annonce son esprit ». 98. 1842. Si vous entendez aujourd'hui ma voix, n'endurcissez point vos cœurs. 2 PS. XCV, 8 . 100. 1842. Sanctifie les par ta vérité; ta parole est la vérité. 101* 1843. Mes brebis entendent ma voix, je les connais et elles me suivent. Jean X, 27. 145. 1874. Je suis la voix du Seigneur qui brise les cèdres du Liban, PS. XXVIII. 137* 1867. 2e Clémence. Je suis la voix de l'Eglise et de la patrie. 176. 1902. 3e Clémence, id. 172. 1899. Ego vox serea damans pacemet veritatem, ad altiora trahens audientium corda. Du reste, la cloche est par elle-même un apotropaion puissant, par le son du métal, indépendamment des noms divins qu'elle porte, et ce pouvoir, elle le possède de l'antiquité jusqu'aux temps modernes 3. Contre le mal. On demande, d'une façon générale, de protéger contre tout mal: ab omni malo me défende; ab omni malo libéra nos Domine; te deprecor ut ab omnibus malis periculis et adversitatibus me defendas... 4, disent les oraisons. 9. 1472. O Maria... ut a malo me defendas. 4. 1407. Pestem fugo. 74. 1819. Id. Cette dernière formule paraît sur diverses cloches 5. 11 ne s'agit pas tant de la peste, qui causa tant de ravages dans la Genève ancienne 6, et contre laquelle protègent des oraisons 7, des saints, saint Christophe, saint Sébastien, saint Roch, etc., figurés sur nos cloches 8, mais, dans un sens plus large, de toute calamité. 1 Bull. Soc. nationale antiquaires de France, 1923, p. 283. 285, ex. «Si vocem ejus audientis nolite obdurare corda vestra. PS . 94. S t -Jeoire, 1843. 3 DEONNA, « Les croyances religieuses de la Genève antérieure au christianisme, Bull. Institut national genevois, XLI, 1917, p. 219; CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, s. v. « Cloches », p. 1598; EISLER . Weltenmantel und Himmelszelt, I, p. 28 sq. ; FRAZER , « Folklore in the old Testament», III, 1919, p. 446 sq, etc. 4 ENCHIRIDION, p. 41, 67, 88, 143, etc. 5 LE BLANT , Bulletin monumental, 59, 1894, p. 246; BLAVIGNAC , p. 21. 6 Sur la peste à Genève, Rev. hist. des religions, 1916, LXXIII, p. 205 sq. 7 THIER S , op. l., IV, p. 51. 8 Ces saints à Genève, Rev. hist. rel., l. c. ; Genava, II, 1924,p. 319. 2 — 238 — Contre les intempéries : orages, foudre, tonnerre, grêle, etc.1. 49. 1767. Ecartez de ce lieu la foudre et le tonnerre. 81. 1826. Nimbos et fulmen nostris a fmibus arce proh Deus et campos contegat alma seges. 121. 1855. Grandinem repello. 138. 1868. Procul pellantur... percussio fulminum, fragor grandinis... 167. 1898. Je conjure la foudre et la grêle et l'orage. Un grand nombre de cloches portent des inscriptions de ce genre 2. La cloche de Spycker, village du nord de la France dit: « Léonard est cette cloche, excellent nom. En l'an 1598. On la sonnera quand il fera du tonnerre et des éclairs »3. De la fin du VIIIe siècle, cet usage s'est perpétué jusqu'à nos jours, reconnu par l'Eglise 4 . «Finalement le dernier antidote ou remède est le son des cloches de l'Eglise catholique, lequel nous apprenons tous les jours de l'expérience être si grand ennemi des démons, qu'il empêche et détourne aussi les tempêtes qui sont excitées, comme l'enseigne fort bien le Concile de Cologne, chapitre vingt et quatrième, et Pierre dit le Vénérable, abbé de Cluny, le confirme par un notable exemple au livre premier des miracles, chapitre treizième 5. » Toutefois l'Eglise prend soin de déclarer que ce n'est pas le son même de la cloche qui écarte la tempête, par sa vertu propre, comme le croyaient les anciens, mais la bénédiction divine dont elle est munie. « Nous n'affirmons pas, comme fait Pierre Messie, que les tempêtes sont écartées et rompues par la force du son, qui bat et dissipe l'air. Les machines de guerre ensoufrées, comme les canons et couleuvrines, feraient mieux cela que les cloches 6. Ce serait tomber en la folle opinion des Gentils, lesquels croyaient que le son de l'airain chassait les démons 7. » Cependant, si des savants modernes ont reconnu que les sonneries de cloches attirent les orages, d'autres érudits, défenseurs de la tradition catholique, ont voulu prouver scientifiquement qu'elles les détournent réellement8. Luttant contre les superstitions du catholicisme, la Réforme a compris l'inutilité, sinon le danger, de cette pratique. En 1554 un règlement d'Orbe dit: « Le sonne1 2 BLAVIGNAC, op. l., p. 155, « La tempête ». Fulgura frango (Musée neuchâtelois, 1881, p. 145) ; Libera nos Domine a julgure et tempestate (ibid., p. 97); Fugo fulgura grandinis ictus; nives et fulgura pellens; fugo ventos; nubes arceo, salvo gelu (Bulletin monumental, 1894, 59, p. 246) ; tempestate, fulgure, tonitru etabotnnis malis et periculis defendat (BLAVIGNAC, op. l., p. 132); obscura nubis tonitru ventosque repello (ibid., p. 43); Vox Domini sonat, quae tempestatem fuget (Bull. Soc. nationale antiquaires de France. 1923, p. 285); cf. encore BLAVIGNAC , op. l., p. 157, 159, 166. — Cf. ci-dessus p. 224, notes 1 et 2, autres exemples aux environs de Genève. 3 4 5 6 7 8 E. PILON, « Pèlerinages de guerre », 1917, p. 63. CABROL, op. l., s. v. « Cloches », p. 1968. DELRIO, op. l., p. 1056. Rapprocher les paroles d'Eschyle, citées plus haut. DELRIO, op. 1., p. 1058. BLAVIGNAC , op. l., p. 157. — 239 — ment des cloches contre le temps est chose vaine, et pour tant, cela est aboly et deffendu. » Une ordonnance analogue est promulguée à Lausanne en 15361. Mais, en pays catholique, les décisions officielles sont de beaucoup postérieures; en France, un arrêt du parlement de 1784, puis un second arrêt de 1787 interdisent cette coutume2. Cette croyance, qui établit une relation entre le son de la cloche et l'orage, paraît être universelle. Dans le culte bouddhiste la cloche, sonnée brutalement et sans rythme, est une évocation du tonnerre 3. La cloche n'est pas le seul objet liturgique qui détourne la foudre. Il en est de même de la croix. Sur celle d'Archiloa, dans la campagne de Saint-Jean-de-Luz, on lit: «A fulgure et tempestate libera nos Domine 4 », soit la même formule que sur les cloches. Les croix dites de Caravaca ont aussi ce privilège 5. Les Agnus Dei, utiles contre les incendies, le sont aussi contre la foudre 6. Une préoccupation constante au moyen âge et plus tard encore, fut d'écarter certains dangers qui désolaient les villes, et que les cités modernes ne connaissent plus guère, grâce aux meilleures méthodes de construction, aux facilités des communications qui assurent le ravitaillement, aux prescriptions hygiéniques: incendie, souvent déterminé par la foudre, peste et autres épidémies, grêle qui anéantit les récoltes. Comme les magiciens et les sorciers ont le pouvoir d'évoquer à volonté ces calamités 7, il est nécessaire de leur opposer des armes saintes et mystiques. « Quand les sorciers ont excité quelque orage et tempête dessus un champ par leur sort et maléfice, c'est une bonne action de l'écarter et repousser par quelque sortilège et maléfice 8. » Divers rituels catholiques enseignent des formules, prières et exorcismes contre la foudre, souvent identiques à ceux que l'on lit sur les cloches9. L'Enchiridion du pape Léon en propose plusieurs. En récitant l'oraison du roi Agabar: « Nec fulgura nec tonitru nocere tibi nunquam poterit»10. Ailleurs: « defensare, cum totis bonis nostris ab hoste maligno, et ab homine malo... et fulgure et tempestate, et pestilentiis, et fame»11. L'oraison du pape Léon «valet etiam contra tempestatem fulgurum et tonitruorum, si dicatur super unum scyphum aquae benedictae, projiciatur in aere in modum crucis, et statim cessabit tempestas fulgurum et tonitruorum»12. «A fulgure 1 2 BLAVIGNAC, op. l., p. 155. Ibid., p. 155-6; Musée neuchâtelois, 1881, p. 98. Rev. histoire des religions, 1917. LXXV, p. 7. 4 Rev. des études anciennes, 1909, p. 362. 5 THIERS , op. l., IV, p. 151-2. 6 Voir plus loin, Agnus Dei; PARFAIT , « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 332. 7 DELRIO , op. l., p. 162, 168, 481. 8 Ibid., p. 481. 9 TH I ERS, op. l., II, p. 310-11; IV, p. 51. 10 « Enchiridion Leonis Papae », éd. Ancône, 1667, p. 107. 11 Ibid., p. 113. 12 Ibid., p. 52. Cf. plus loin, à propos de la formule Christus vincit. 3 — 240 — et tempestate libera nos Domine », disent les litanies1 que répètent les inscriptions des cloches. Ces oraisons servent « contre les périls et dangers auxquels les hommes de toute sorte d'états et de conditions sont sujets sur la terre et sur la mer... en les préservant de... mais elles les mettent aussi hors d'atteinte des tonnerres, foudres et tempêtes 2 ». Plusieurs formules préservatrices de nos cloches genevoises, décrites plus loin, ont entre autres buts celui d'écarter l'orage 3; on récite entre autres « Sub tuum praesidium »4. On invoque en cette circonstance la Vierge 5, et on porte le scapulaire 6. Certains saints ont plus que d'autres ce pouvoir protecteur: sainte Agathe, dont le nom, la formule et l'image, paraissent sur des cloches 7; sainte Barbe8, qui est aussi la patronne des artificiers, maniant la foudre artificielle9; saint Nicolas, sainte Catherine10, saint Gilles11, saint François de Sales12. C'est une des multiples propriétés de l'Evangile de saint Jean 13. On recourt à d'autres pratiques plus superstitieuses encore 14. Le sang d'un petit enfant répandu en un certain lac, raconte Delrio avec horreur 15: Rabatoit les coups du tonnerre Les foudres et les tourbillons Destournant la peste et la gresle Tombant, qui froisse et martelle L'espy sur le dos des sillons. De nombreuses amulettes ont la propriété de détourner la foudre16, et le mot Agla est souverain17. 1 2 3 4 5 6 7 Ibid., p. 41. Ibid., p. 14. Voir plus loin : Christus vincit ; verbum caro factum est ; mentem spontaneam (Sainte Agathe), etc. PARFAIT, « L'arsenal de la dévotion» (8), 1876, p. 277. Ibid., p. 291, 307. Ibid., p. 127. l., p 229; voir plus loin, la formule mentem spontaneam. Ibid., p. 44. Cf. au Musée de Genève, statue de Sainte Barbe, N° 1468, Compte rendu Société auxiliaire du Musée, 1915 (1916), p. 16, fig. 3. 9 DE LAPPARENT, «Sainte Barbe, patronne des artilleurs». 1923; cf. MALE, « L'art religieux de la fin du moyen âge », 1908, p. 191. 10 BLAVIGNAC , op. l., p. 44; aussi contre les inondations. 11 PARFAIT, op. l., p. 283. 12 VAN GENNEP, Mercure de France, 1924, CLXIX, p. 636. 13 LE BLANT, Rev. numismatique, 1894, p. 190; GAFFAREL, « Curiositée inouyes », 1637, p. 153-4; voir plus loin. 14 SALVERTE, « Des sciences occultes », II, p. 150 sq. 15 DELRIO, op. l., p. 1025. 8 16 BLAVIGNAC, op. On en trouvera l'énumération in WOLFF , Curiosus amuletorum scrutator, 1692, p. 178 sq « Fulgur, fulmen, tempestatem aut tonitru avertentia ». 17 Ibid., p. 184. — 24l — On pouvait aussi se garantir du tonnerre en mettant une branche d'aubépine sur la tête, et en proférant certaines paroles 1 , croyance qui remonte à l'antiquité. Avant la Réforme, Genève n'ignore pas ce pouvoir prophylactique de la cloche, et c'est la coutume de sonner la grosse cloche de Saint-Pierre ou celles des autres églises quand l'orage menace 2. Les Registres du Conseil en donnent de nombreuses mentions: 1442. On décide que le trésorier: «tempore estivo et tonitruoso solvat pulsantibus grossa cimballa ecclesie Gebenarum, prout alias consuetum est »3. 1430. « Solvi per receptorem pulsantibus contra tempus in ecclesie S.P. »4 . 1446. L'évêque de Corneto visite l'église de Sainte Marie-Madeleine, et il ordonne d'y faire deux cloches qui, entre autres usages, seraient mises en branle aux approches de la tempête 5. 1474. « Pulsari facit campanas tam pro tempore quam pro processionibus et aliis necessariis » 6. 1478. « Pro pulsacione grossi simballi tempore suspecto et dierum Mercurii »7. 1487. « pro sono campane tempore tonitrum » 8. 1488. « pro sonitu campane tempore tempestatum » 9. 1490. « pro sonitu grossioris campane tempore dubioso tempestatis »10. 1503. « pro pena pulsacionis magne campane propter tempus »n. 1608. « campana pulsata ob temporis indisposicione »12. 1511. «Pulsando campanam ob temporis indisposicionem13. 1513. «Pro pulsando cymballum ob temporis indisposicionem ut moris est »14. 1515. « pro grossa campana pulcita tempore nubiloso et turbido ad tempestatibus et grandinibus terrenis bonis nocivis abviandum »15. 1 THIERS , op. l., I, p. 364. DEONNA , «Les croyances», p. 220. 3 RIVOIRE , Registres du Conseil, I, p. 133. 4 RIVOIRE , Registres du Conseil, I, p. 144; 2 «Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève», 2me fasc., 1891, p. 39; « Les croyances », p. 220. 5 BLAVIGNAC , op. l., p. 158; ARCHINARD , « Les édifices religieux de la vieille Genève », p. 190. 6 7 8 9 10 Registres du Conseil, II, p. 314. III, p. 94. IV, p. 57. Ibid., p. 120. Ibid., IV, p. 291 ; BLAVIGNAC , op. l., p. 158; GRENUS , « Fragments historiques sur Genève avant la Réformation », 1823, p. 68; DEONNA, « Les croyances », p. 220. 11 12 13 14 15 Registres du Conseil, VI, p. 148. Ibid., VII, p. 40. Ibid., p. 218, 430. VII, p. 359. GRENUS , op. l., p. 103; DEONNA, « Les croyances », p. 220; Registres du Conseil, VIII, p. 60. 16 — 242 — Cette protection n'empêche pas la cathédrale Saint-Pierre d'être plus d'une fois frappée de la foudre qui y détermine des incendies l. Depuis 1556 toutefois, elle en aurait été indemne. P. Picot, et Senebier est de son avis, attribue cette immunité à la carapace de fer blanc qui couvre le clocheton 2. Contre les démons. 4. 1407. Vox mea cunctorum sit terror demoniorum. 12. 1493. Demones fugo. 190. 1921. Je mets les démons en fuite. Ces formules ne sont pas rares sur les cloches3, avec diverses variantes4. Les anciens croyaient déjà que le son de l'airain chasse les mauvais esprits, alors que d'autres métaux, tel le plomb, les attirent, ce qu'attestent Théocrite, Ovide, Lucien, etc. 5. La religion catholique est persuadée de ce pouvoir bienfaisant: « Finalement le dernier antidote ou remède est le son des cloches de l'église catholique, lequel nous apprenons tous les jours de l'expérience être si grand ennemy des démons... Voire mesme aujourd'huy, les Sorcières confessent que, si pendant qu'elles sont reportées du sabbat par leurs démons, quelque cloche vient à sonner, aussitôt ces porte-faix jettent là leur charge en terre, et s'enfuient tout estonnés et saisis de frayeur. De quoi nous avons de très fidèles histoires dedans Martin d'Arles, au traité des superstitions, dedans Grilland au Livre des sortilèges qu'est septième, dedans Binsfeldius et Remy»6. Car le son de la cloche est, on l'a vu plus haut, la voix même de Dieu qui terrifie l'esprit du mal. Aussi les démons éprouvent-ils un malin plaisir à briser les cloches, quand ils le peuvent7. Cependant leur pouvoir échoue contre des saints, qui ont la clochette peut être en signe de leur puissance sur eux 8, et qui peuvent même les obliger à porter l'instrument de leur terreur. On raconte que saint Théodule ou Théodore (IVe s.), confondu avec un évêque de Sion du même nom (VIe s.), reçut du pape une cloche qu'il 1 Voir plus haut, incendies. « Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève », 1 er fasc., 1891, p. 46. 3 Vox mea cunctorum sit terror demoniorum, Musée neuchâtelois, 1881, p. 124; BLAVIGNAC , op. l., p. 18; 17, 230. Aux environs de Genève, cf. ci-dessus, p. 224. 4 Demones fugo: BLAVIGNAC , op. l., p. 17; Musée neuchâtelois, 1881, p. 124. Ecce † Domini, fugite partes adversae, formule parfois unie aux précédentes, BLAVIGNAC , op. l.,p. 227-8; Musée neuchâtelois, 1881, p. 124.— Vafri cacodaemonis astus (Bulletin monumental, 1894, 59, p. 246, etc.; BLAVIGNAC , p. 227 sq. « Les esprits»; LE BLANT, Bulletin monumental, 1894, 59, p. 244, référ. 5 LE BLANT , l. c. ; DEONNA , « Les croyances », p. 219 sq; etc. 6 DELRIO , op. l., p. 1055-6; LE BLANT , Bulletin monumental, 1894, 59, p. 246-7, ex. 7 BLAVIGNAC, op. l., p. 231 ; CAHIER, « Caractéristiques des saints », s. v. « Cloche », p. 230. 8 CAHIER , op. l., p. 229. 2 — 243 — fit porter jusqu'à Sion par des démons1. Cette anecdote est souvent illustrée par les monuments, la cloche portée par le diable devenant l'attribut distinctif du saint 2. Est-ce par crainte de ce son redoutable que, dans les conjurations diaboliques on se sert de cloches ayant des battants de bois3, pratique dont l'expression «déménager à la cloche de bois » conserverait le souvenir ? DIVERSES FORMULES PROTECTRICES. Examinons maintenant quelques formules protectrices inscrites sur nos cloches. JESUS -CHRIST. Motifs figurés: Sainte Cène: 10, 1481. — 11, 1486. — 12, 1493. Christ au jardin des Oliviers: 6, 1460. Christ portant sa croix: 6, 1460 (Genava, II, p. 141, fig. 10.) EcceHomo: 6, 1460. —8, 1471. —9, 1472. — 12, 1493. — 14, 1509. — 15, 1518. — 16, 1519. — 20, s.d. — 21, s.d. — 23, s.d. Christ en croix, thème de beaucoup le plus fréquent, ayant souvent pour pendant la Vierge portant l'enfant Jésus. Parfois les deux motifs ornent seuls la cloche car ils évoquent toute l'existence divine, de la naissance à la mort rédemptrice. 4. 1407. — 6, 1460, Genava, p. 139, fig. 5. — 7, 1470. — 9, 1472, Genava, II, p. 143, fig. 12. — 10, 1481. — 11, 1486. — 12, 1493. — 22, s.d. — 26, 1595. — 30, XVIIe s. _ 45,1754. _ 55,1733. — 57,1787. — 60,1789. — 62,1792. — 63,1797. — 65,1797. — 67,1808. — 69, 1813. — 74,1819. — 77*, 1823. — 79,1824. — 80,1826. — 81,1826. —82,1831. — 83-4,1833. — 90,1837, — 91,1837. — 92,1839. —94,1840. — 96, 1840. — 97, 1840. — 103, 1844. — 104, 1844. — 106, 1844. — 107, 1844. — 1 CAHIER, op. l., p. 230, 308; DELRIO, op. l., p. 481. Voir ici même p. , le mémoire de M. VAN GENNEP sur le culte de saint Théodule, et STUCKELBERG, Die Schweizerische Heiligen des Mittel- alters, 1903, p. 111 sq. 2 Au Musée de Genève: relief en bois découpé, acheté à Sion, F333, XV s.; vitrail aux armes de Michel Publius de Sierre, 1667; vitrail en grisaille, salle Anna Sarasin; peinture du début du e XVI siècle, N° 1681, provenant de la chapelle de St-Martin, à Evolène, Valais. On y voit la Vierge avec l'enfant Jésus, à sa gauche saint Antoine tenant le tau à double traverse, auquel sont suspen dues des clochettes et accompagné de son porc familier, dont les oreilles sont aussi munies de clo chettes; à gauche de la Vierge, saint Théodule, avec l'épée, ayant à ses pieds un petit diable grima çant qui porte la cloche. La composition est parfaitement équilibrée au point de vue symbolique, car le porc et le démon se répondent de chaque côté; ne sait-on pas que le diable revêt souvent l'apparence d'un pourceau, et que celui-ci, couché aux pieds des saints, est l'image de sa défaite et des voluptés asservies ? Ainsi le porc de saint Antoine, qui rappelle les privilèges donnés jadis à cet ordre, revêt ici un double sens (MAURY, « Croyances et légendes du moyen-âge », 1896, p. 255; FRANKLIN , «La vie privée d'autrefois, Les animaux», p. 278. 3 e LOREDAN, « Un grand procès de sorcellerie au XVII siècle », 1912, p. 425. — 244 — 108, 1844. — 111, 1846. — 114, 1846. — 117, 1849. — 121, 1855. — 122, 1855. — 123, 1855. — 124, 1856. — 127, 1857. — 131, 1860. — 138, 1868. — 140-1, 1869. — 142, 1871. — 143, 1872. — 148*, 1877. — 150, 1878. — 151, 1879. — 153, 1879. — 154, 1879. — 156, 1881. — 165, 1890. — 166, 1898. — 167, 1898. — 172, 1899. — 173, 1899. — 174, 1899. — 175, 1899. — 177, 1902. — 181, 1905. — 190, 1921. — 191, 1921. — 194, 1921. — 195, 1921. Résurrection: 6, 1460. — 7, 1470. — 10, 1481. Christ portant l'agneau: 30, XVIIe s. — 136*, 1866. Voir plus loin Agnus Dei et les formules du Bon Berger. Christ bénissant, tenant l’étendard: 157, 1882. Autres images de Christ: 140, 1869, dans une couronne de laurier. — 181, 1905. — 202. Sainte Face: 11, 1486. — 12, 1493. — 97, 1840. Croix: 30, XVIIe s. — Inscription Crux ave, 94, 1840. Chrisme: 136, 1866. — 157, 1882. Sacré-Cœur: Cf. p. 213. JHS 8, 1471. — 10, 1481. — 12, 1493. — 13, 1501. — 14, 1509. — 16, 1519. — 17, 1519. — 19,1532. — 20, s.d. — 21, s.d. — 22, s.d. —30, s.d. — 35, 1678. — 38,1709. — 137*, 1867 (2e Clémence, en souvenir de la première Clémence.) — 176, 1902 (3e Clémence, id.). — 183, 1906. Le trigramme de Jésus, seul, plusieurs fois répété, associé aux noms de Christ, de la Vierge, à l'Ave Maria, etc., paraît sur un grand nombre de cloches 1. On le place, comme protection contre le mal, sur les bagues, dès le XIIIe siècle2 , les épées 3 , les fers à gaufres4, les tables paysannes (Gruyère); sur les portes des demeures privées 5 , dont Genève offre plusieurs exemples 6; sur les portes de la ville, ainsi 1 Musée neuchâtelois, 1881, p. 95, etc. Rev. arch., 1924, I, p. 65. Plusieurs exemples au Musée de Genève: G. 370; G. 371; G. 907 ; G. 908; G. 909; N. 394. 4 Ex. au Musée de Genève, épée de cour, début du XVII e siècle, travail français, N° 1667. 4 Au Musée de Genève, salle Anna Sarasin. 5 « Nos Anciens et leurs œuvres », Genève, 1915, p. 98, note 1, référ. ; encore au XIX e siècle, PARFAIT , « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 352 sq. « Le très saint nom de Jésus protecteur des maisons ». Il existe d'autres talismans chrétiens utilisés à mêmes fins, pour protéger les demeures : l’Agnus Dei (ibid., p. 334), les timbres du Sacré Cœur, que l'on colle derrière les portes (ibid., p. 354), une « Prière destinée à être attachée à la porte de sa maison et que l'on récite pour obtenir de Dieu d'être préservé du choléra et de tout autre malheur », ibid., p. 291. On remarquera que ces recettes sont encore en honneur de nos jours. Voir sur ce sujet mon article Christus propylaios ou Christus hic est, Rev. arch., 1925. 6 Musée de Genève, collections lapidaires: «Nos Anciens», 1915, p. 98. — 2521. — 271. — 292. — 97. — 713. — 628. — 258. — Moulages, Nos 673, 674, 675, 693. 2 — 245 — par une ordonnance du Conseil en 1542. Les secrétaires du Conseil l'inscrivent qu'en témoigne une décision de l'évêque Louis de Savoie en 1471, renouvelée en tête de leurs procès verbaux l. La Réforme a conservé cet emblème sur les monnaies 2 où il apparaît antérieurement déjà 3 , et dans les armoiries genevoises 4. On a plus d'une fois discuté l'origine et le sens exact du trigramme 5, qui plus tard est l'insigne de l'ordre des Jésuites. Il semblerait qu'il ait pour point de départ l'influence exercée par la prédication de Saint Bernardin de Sienne et de son disciple frère Richard en France, en 1429, ce dernier distribuant des méreaux au nom de Jésus, alors que son maître, en prêchant, avait coutume de porter un petit tableau sur lequel le nom était tracé en lettres d'or 6 . Agne Dei, miserere mei, qui crimina tollis. 9. 1472. Avec l'image de l'Agnus Dei, et de la Sainte Face. La représentation de l'Agnus Dei paraît aussi sur la cloche 21, s.d. 193. 1921. Rapprocher les inscriptions du Bon Berger: 101* 1843. Mes brebis entendent ma voix, je les connais et elles me suivent, Jean X, 27 136* 1866. Ego sum pastor bonus. « La meilleure prière qui puisse aider dans ces temps d'épreuve, de tentation, de danger, dit le chanoine Barbier de Montault7, est celle même d'Urbain V: Agnus Dei, miserere mei Qui crimina tollis, miserere nobis ! » Les litanies repèrent: « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, exaudi nos Domine. Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Christe audi nos. Cbriste exaudi nos. Kyrie eleison. Christe eleison, etc.8. Le «miserere mei» paraît dans les psaumes de la pénitence: «Miserere mei, Domine, quoniam infirmus sum»9. «Miserere 1 Ex. RIVOIRE, Registres du Conseil, I, p. 93; V, p. 169; VIII, p. 345, etc. Rev. hist. des religions, LXXII, 1915, p. 102; DEMOLE , « Histoire monétaire de Genève de 1535 à 1792». 3 ROUYER , « Le nom de Jésus employé comme type sur les monuments numismatiques du XV e siècle», Revue belge de numismatique, 1897; Comptes rendus Acad Inscr. et Belles-Lettres, 1897, p. 510. 4 DEONNA , Rev. hist. rcl, LXXII, 1915, p. 96 sq. 5 PERDRIZET, « Vierge de miséricorde ». p. 121, référ., 124. 6 ROUYER , 1. c. 7 me BAR BIER DE MON TAU LT , «De la dévotion aux Agnus Dei», 4 éd., Paris; cf. PAR FAIT , « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 336. 2 8 9 Enchiridion, p. 43-4. Ibid., p. 23. — 246 — mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam»1 ; et dans diverses oraisons: « O Jesu Christe Dei filii Dei vivi miserere mihi peccatori »2. L'incapacité de réciter le Miserere mei Devis, comme l'Evangile de Saint-Jean, était jadis une preuve de sorcellerie, de possession démoniaque 3. L'inscription et l'image de l'Agnus Dei, en cire, ont une multiple efficacité4, contre la mort subite, les démons, l'orage, l'incendie, etc. « C'est chose sainte et pieuse de porter sur soi par révérence des reliques de saints, des images de l'Agneau de Dieu, faites de cire, l'Evangile de Saint-Jean, quelque psaume de David, et semblables témoignages de l'Ecriture sainte pendus au col; mais l'effet qui s'ensuivra de là sera surnaturel, et se devra du tout attribuer à la bénéficence de Dieu... Les Agnus Dei sont tous les ans bénits à cet effet par le souverain pontife, et que, comme il est permis de proférer de bouche les paroles et témoignages de l'Ecriture sainte, aussi n'est-il défendu de les porter écrits et pendus au col; attendu même qu'aucun des Pères n'en a jamais improuvé la pratique, et l'évêque Léontie récite que saint Simon Sal écrivit un tel préservatif sur une tablette pour une femme magicienne, et que le portant au col, elle ne peut plus deviner l'avenir, ni faire des charactères ou autres brouilleries enchantées 5 »: Ce talisman protège contre les blessures. La vertu d'un Agnus Dei sauve en 1568 un soldat prisonnier, qui, condamné à mort, ne put être atteint par le feu des mousquets 6 . Les curés jetaient des Agnus Dei dans l'incendie pour le conjurer 7. On pourrait citer de nombreux cas de ce genre. Mariae filius, salus mundi, Dominus, sit nobis démens et propicius. 4. 1407. Clémence. On lit dans l'oraison du pape Léon: « Jésus Mariae films, mundi salus, et Dominus, sit mihi clemens et propitius»8, puis suit la formule de sainte Agathe, «mentem sanctam », etc. que l'on rencontre aussi souvent sur les cloches9 . 1 2 Enchiridion, p. 29. Oraison du pape Léon, ibid., p. 59. DELRIO , op. l., p. 1028; THIERS , op. l., I I I , p. 226. 4 CABROL, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, s. v. Agnus Dei; MARTIGNY , Dictionnaire des antiquités chrétiennes, s. v. ; id., Notice sur les Agnus Dei, in «Etudes archéologiques sur l'Agneau et le Bon Pasteur». Maçon, 1860, p. 88; BARBIER DE MONTAULT , op. l.; PARFAIT . «L'arsenal de la dévotion» (8), 1876, p. 327 sq., p. 332, liste des calamités dont ils protègent, d'après Barbier de Montault. 5 DELRIO , op. l., p. 78-80, 1054. 3 6 7 8 LE BLANT , Mém. Acad. Inscr. THIER S , op. l,, II, p. 315. et Belles-Lettres, 34, 1895, p. 114. Enchiridion, p. 63-4. Cf. encore : propitius esto peccatis meis, p. 74; propitius esto, parce nobis, Domine; propitius esto, exaudi nos Domine, p. 41; propitius respice. p. 46; Deus propitius esto mihi peccatori, p. 137. 9 Voir plus loin, p. 256. — 247 — Primogenitus, Adonai, virtus, via, sapientia. 20. s. d. C'est l'énumération des qualités de l'esprit divin, ou de Christ. Ennodius cite: « Fons, via, dextra, lapis, vitulus, leo, lucifer, agnus.... Janua, spes, virtus, verbum, sapientia, etc. 1. Les sept dons divins sont: virtus, divinitas, sapientia, fortitudo, honor, gloria, benedictio, ou: spiritus, sapientia, intellectus, fortitudo, scientia, pietas, timor 2 . Le mot Adonai, qui signifie Seigneur, Dominus, est employé comme préservatif déjà sur les pierres gnostiques de l'antiquité, puis pendant de longs siècles du christianisme, seul ou associé à d'autres mots et phrases magiques, cabalistiques ou religieuses 3. Rien d'étonnant à le trouver sur une cloche, pas plus que sur les peintures religieuses des primitifs 4 , sur les talismans, dans les oraisons 5 . L'Enrichidion du pape Léon donne souvent, avec des variantes, la formule qui paraît sur notre cloche. L'oraison de saint Cyprien comporte une suite de mots cabalistiques, parmi lesquels on lit : « primogenitus + sapientia + virtus + paracletus + via +, etc.6 ; l'oraison du roi Agabar répète ces termes un peu différemment disposés: « adonay + vita via + veritas + sapientia + primogenitus +, etc.; une autre encore: « Adonay + sapientia + veritas + etc. 7 ; l'oraison du pape Léon: Sapientia filii vivificet me. Virtus Spiritus Sancti sit semper inter me et omnes inimicos meos visibiles et invisibiles... Sapientia filii illumina me, etc. »8 . Le fondeur de notre cloche s'est assurément inspiré de ces oraisons, contre lesquelles les théologiens se sont élevés, considérant en particulier le mot Adonai comme entaché de superstition, et condamnant son emploi dans les formules et les amulettes, entre autres dans celle de Paracelse, formée de deux hexagones avec les mots Adonai et Jehova, ou Tetragrammaton 9 . Christus vincit, Christus régnat, Christus imperat, Christus ab omni malo nos defendat. Amen. 6. 1460. 12. 1493. 13. 1501. 1 2 3 4 DE GOURMONT , «Le latin mystique», 1922, p. 118. DIDRON , « Hist. de Dieu », p. 488, 494. DE MELY , Bull. Soc. nationale des antiquaires de France, 1920, p. 210. Ibid., p. 204 sq., 208, 210; id., Rev arch., 1921, II, p. 36, 41, 42. 5 Ex. Enchiridion Leonis papae, éd. Ancône, 1667, p. 57. 89, 91, 97. 98, 100, 110, 120, 129, 130, 171, etc. 6 Ibid., p. 151. 7 Ibid., p. 110-111. 8 Ibid., p. 59. 9 DELRIO , op. l., p. 990; THIERS , op. l., I, p. 359; IV, p. 86. — 248 — Au Xe siècle, les litanies dialoguées de la liturgie spéciale de Reims, intitulées «Laudes, seu Acclamationes », chantent: Canonici: Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. Pueri: Lux, via, et vita nostra. Ganonici: Christus vincit, Christus imperat, etc.1 Cette formule, cri de l'armée de Frédéric Ier dans la lutte contre les Sarasins, est très fréquente sur les cloches des XV-XVII6 siècles 2; elle est gravée au clocher de la cathédrale de Strasbourg sous la forme abrégée : « Christus semper regnat, Christus imperat3;» on la voit sur des monnaies depuis les XII-XIIIe siècles jusqu'au XVIIIe siècle 4 ; sur des armes 5 . On la lit dans l'oraison du pape Léon 6 et, avec de légères variantes, dans d'autres oraisons analogues 7, destinées à protéger contre les périls du monde : « Christius vincit + Christus regnat + Christus imperat + Christus ab omni malo me defendat, et ad bonam fortunam, nunc et semper me perducet ». — « ...Christus vincit + Christus regnat + Christus imperat + Christus ab omni adversitate et periculo mortis, me famulum tuum defendat. Amen...» — «Christus vincit + Christus regnat + Christus imperat + Christus regit». Le rituel de Lyon de 1542 admet que, pour conjurer les tempêtes, le prêtre peut prendre l'Eucharistie dans un vase sacré, et avec ce vase, après avoir prononcé des prières, faire des signes de croix sur les nuées, en disant: « Christus + vincit, Christus + regnat, Christus imperat vobis nubes et tempestates ut dissolvamini ». Mais, dit Thiers, cette pratique ne se trouve pas mentionnée dans les autres rituels qui cependant sont riches en prières et en exorcismes contre les tempêtes, et elle est même expressément défendue par divers synodes, conciles et ordonnances 8. On retrouve jusqu'au XIXe siècle cette formule, avec bien d'autres qui sont aussi inscrites sur les cloches, par exemple dans la « Prière très salutaire pour obtenir toutes les grâces célestes dans les nécessités, les fléaux et les tribulations de toute nature, recommandée avec un merveilleux effet par le bienheureux Benoit Joseph 1 R. 2 OTTO , DE GOURMONT , «Le latin mystique», 1922, p. 150. « Glockenkunde », p. 122; Musée neuchâtelois, 1881, p. 94; 1882, p. 129, 131; BLAVIGNAC , op. l., p. 45. Voici quelques exemples aux environs de Genève: XPS vincit, XPS regnat, XPS imperat, XPS ab omni malo nos defendat. Sancte forte sancte Deus, sancte immortalis defendat nos. La Roche 1608. — IHS. Mar. Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. Christus ab omni malo nos defendat. Thairy 1637. — IHS. MA. XPS vincit,........ nos defendat. Truaz 1632. 3 BLAVIGNAC, Op. l., p. 268. 4 Musée neuchâtelois, 1881, p. 94; Bull, archéol. du Comité des travaux historiques, 1919, p.CXIV (écus d'or de Charles VI). 5 WEGELI, Inschriften auf mittelalterlichen Schwertklingen, Diss. Zurich, 1904, p. 207. 6 Enchiridion, p. 60, 78. 7 8 Ibid., p. 97, 104, 118. THIERS, op. l., II, p. 311-2; cf. plus haut, protection contre les tempêtes, p. 238. — 249 — Labre 1 ». En voici le texte: « Jesus rex gloriae venit in pace 2. — Deus homo factus est3. — Verbum caro factum est4. — Christus de Maria Virgine natus est. — Christus per medium illorum ibat in pace 5. — Christus crucifixus est. — Christus mortus est. — Christus sepultus est. — Christus resurrexit. — Christus ascendit in coelum. — Christus vincit. — Christus regnat. — Christus irnperat. — Christus ab omni malo nos defendat. — Jesus nobiscum est. — Pater. Ave. Gloria. Il existe des formules voisines de celle-ci : « Guérir le farcin en prenant trois petits morceaux de cire vierge qu'il faut mettre dans un morceau de... les lier de trois nœuds avec une corde de chanvre, et dire à chaque nœud cinq fois Pater et Ave Maria, Christus + Christus vincit + Christus + Christus abicit + Amalor + Alcinor + Descendat + in nomine, etc. 6. L'idée de la victoire divine, qui triomphe du mal, est aussi exprimée par la formule, empruntée à l'Apocalypse, qui pavait sur des cloches7: « Vicit leo de tribu Juda». C'est l'équivalent latin de l'antique formule prophylactique, si fréquente sur des amulettes byzantines: XPICTOC NIKA8 . La répétition du nom de Christ est une répétition magique d'intensité 9, qui donne diverses phrases de même type, par exemple : « Christus fuit natus, Christus fuit amissus, Christus fuit inventus», formule recommandée au XVe siècle par Malleolus dans ses Traités des exorcismes pour guérir des maladies et des blessures10, mais condamnée par l'Eglise; ou encore: «Jésus est via + Jésus est vita + Jésus est passus + Jésus est crucifixus + Jesus Christe fili Dei vivi miserere mei 11 ». Deus homo factus est. 13. 1501. Ce texte extrait du Credo ou Symbole, est fréquent sur les cloches12 et ailleurs, où il est parfois associé à d'autres formules de même valeur protectrice : Christus 1 PARFAIT . « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 284. La canonisation de Benoît Labre, commencée en 1783, aboutit à sa béatification en 1859; DESNOYERS, « Le vénérable Benoît Joseph Labre, célèbre pèlerin français », Lille, 1856, etc. 2 Voir plus loin, p. 251. 3 Id., p. 249. 4 Id. p. 250. 5 Id. p. 250. 6 THIERS, op. l., I, p. 362. 7 BLAVIGNAC , op. l., p. 201; Enchiridion, p. 60, etc. 8 Rev. des études grecques, 1892, p. 77; VOLLBACH, Palästinensisches Amulett mit der Inschrift είς θέος ό νιχων τά χάχά. Amtl. Ber., Berlin, 1918, p. 123 sq. 9 Sur la répétition d'intensité, Rev. des études grecques. 1915, p. 288 sq. IO DELRIO , op. l., p. 477; THIERS , op. l., I, p. 402. 11 12 Enchiridion, p. 65. BLAVIGNAC , op. l., p. 130, 307; exemples et références. LE BLANT , Bulletin monumental, 1894, 59, p. 251, note 2, — 250 — rex venit in pace 1, Christus vincit 2, etc. 3. Cette réunion paraît sur la cloche de Corsier : «IHS. Christus rex venit in pace, Deus homo factus est, Christus vincit», etc. Ces paroles sont inscrites sur un grand nombre d'amulettes 4. Jesus autem transiens per médium illorum ibat. 11. 1486. Ce texte fait allusion au passage où saint Luc (IV, 30) raconte comment Jésus échappa aux Juifs, qui voulaient le précipiter du haut d'une montagne. Il est fréquent sur les cloches 5. On le rencontre dans mainte oraison 6, sur des amulettes, des monnaies du XIVe siècle en Angleterre, des bagues, des armes 7, etc. 8. Utile contre tous les dangers, on l'emploie spécialement pour les femmes en mal d'enfant 9, pour abolir la souffrance des criminels appliqués à la torture 10, etc. Verbum caro factum est. 12. 1493. Ces mots appartiennent au premier chapitre de l'Evangile de saint Jean et ils ont joui, avec les paroles initiales du même Evangile, « In principio erat verbum », d'une immense faveur. On attribue en effet au commencement de cet Evangile toutes sortes de vertus protectrices11. Récité pendant les orages, il détourne les coups de la foudre, il préserve 1 Bulletin monumental, 1894, 59, p. 340, 550. Enchiridion, p. 104, 114, 59. Ex. Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat, Christus ab omni adversitate et periculo mortis me famulum tuum defendat, Amen. Christus rex venit in pace, Deus homo factus est. 2 3 DE RIVIERES , Cf. encore la prière du bienheureux Benoît Labre, citée plus haut. de la dévotion » (8), 1896, p. 284-5. PARFAIT , « L'arsenal 4 LE BLANT, Revue numismatique, 1891, p. 249 sq. ; 1894, p. 193; Bulletin monumental, 1894, 59, p. 248; id., Mém. Acad. Inscr. et Belles-Lettres, 34, 1895, p. 118; Rev. arch., 1894, II, p. 12, N° 7 et note 5; DELRIO , op. l., p. 1054, etc. 5 Bulletin monumental, 1894, 59, p. 247, 550, référ. ; LE BLANT , «D'un verset de saint Luc inscrit sur quelques anciennes cloches d'églises », ibid., p. 244, 339; CAHORN, p. 145. 6 Enchiridion, p. 65, 85, 88, 95, 98, 104, 114, 125, 129; encore dans la prière du bienheureux Benoît Labre, citée ci-dessus. 7 WEGELI , op. l., p. 32. 8 LE BLANT , « Les inscriptions du Camée dit de Jupiter du trésor de Chartres », Rev. numis matique, 1894, p. 186; Rev. arch., 1894, II, p. 11, note 1; LE BLANT , « Note sur quelques anciens talismans de bataille, Mém. Acad. Inscr. et Belles-Lettres, 34, 1895, p. 115 sq., 116, 118; Rev. arch., 1923, I, p. 94, 97, 98, 99; 1924, I, p. 68, etc. 9 Thiers, op. l., I, p. 410-1. 10 Ibid., I, p. 365. 11 LE BLANT , « Le premier chapitre de saint Jean et la croyance à ses vertus secrètes », Rev. arch., 1894, II, p. 8 sq.; id., «Notes sur quelques formules cabalistiques», ibid., 1892, p. 55; ZICKENDRAHT , « Das Johannesevangelium im Volksglauben und Volksbrauch », Archives suisses des traditions populaires, XXIII, 1920, p. 22 sq. — 251 — de la grêle; il met en fuite le démon; placé sur la tête du patient, il fait passer la migraine1. Les sorciers et les démoniaques en ont l'effroi, et leur incapacité de dire les Psaumes, le Miserere mei Deus 2, ou l'Evangile de Monsieur Saint Jean qui commence « In principio erat verbum », est un moyen infaillible de les identifier. Aussi, les anciens théologiens et cabbalistes lui font-ils place parmi leurs oraisons et formules protectrices, soit en entier, soit en en détachant les deux passages les plus utiles, que nous avons cités 3 . Entre autres effets, ce premier chapitre conjure la foudre, et c'est peut-être à ce titre qu'on l'inscrit volontiers sur les cloches 4 . Saint Jean est en effet le «fils du tonnerre», et Vincent de Beauvais consacre un chapitre à commenter cette appellation: «Cur tonitrui filius appellatur, Beda super Marcum cap. XV. Hinc etiam recte filius tonitrui dictus est non solum cur de nube sonum illum terri ficum... » 5. Les mots « in principio erat verbum » couvrent de nombreux talismans 6. Lors de leur attaque sur Genève, en 1602, les Savoyards étaient munis de charmes avec des croix, le nom de Christ et de la Vierge, des caractères cabalistiques et ces mots7. La phrase « et verbum caro factum est » n'est pas moins usitée comme protection 8, et les papes Adrien VI, Paul III ont accordé des indulgences à ceux qui récitent le soir, quand Y Angélus sonne: «Verbum caro factum est, et habitavit in nobis »9. Usuelle sur les cloches10, cette formule ne l'est pas moins sur des amulettes de tout genre, des bagues, des armes11, dans des oraisons12, encore au XIXe siècle, seule ou associée à divers autres textes de même valeur, à des mots cabalistiques 13. O rex gloriae Christe veni nobis cum pace. 1. 1379 ou 1479. 2. s. d. XVe s. 1 THIERS , op. l., II, p. 433; I, p. 275. DELRIO , op. l., p. 1028; voir ci-dessus, Miserere mei, p. 245 3 VINCENT DE BEAUVAIS, Liber gratiae, éd. Baie, 1481, Liber Enchiridion, p. 21-2, 53; DELRIO , op. l., p. 1054. 4 LE BLANT , Rev. arch., 1894, II, p. 8 sq. 5 VINCENT DE BEAUVAIS , Liber gratiae, Baie, 1481. 6 LE BLANT , Rev. numismatique, 1894, p. 184 sq., 188 sq. 2 de sancto Johanne evangelista; 7 Ibid., p. 190. THIERS , op. l., IV, p. 130, 131. BLAVIGNAC, op. l., p. 130, 201, 268; Bulletin monumental, 1894, p. 340; Cloche de Brenthonne, Hte-Savoie, 1721. 10 Voir les références données plus haut; Rev. numismatique, 1894, p. 185 sq. ; Mém. Acad. Inscriptions et Belles Lettres, 34, 1895, p. 116; Rev. arch., 1923, I, p. 95, 97, 99; 1924, I. p. 68. 8 9 11 12 Enchiridion, p. 96, 129. Prière à Marie «Et le Verbe s'est fait chair», PAR FAIT , «L'arsenal de la dévotion» (8), 1876, p. 292 ; voir plus haut la prière de Benoît Labre, ibid., p. 284-5. 13 Par ex. avec Jésus autem transiens, etc., Rev. arch., 1894, II, p, 11 ; cf. prière de Benoît Labre, etc. — 252 — Cette invocation est inscrite sur diverses cloches 1, souvent unie à d'autres formules, entre autres aux mots précédents « Deus homo factus est ». On la rencontre dans plusieurs oraisons, recommandées par l’Enchiridion du pape Léon 2 et jusque dans celles du XIXe siècle 3 . Non moriar, sed vivam et narrabo opera Domini. 184. 1911. La cloche de Chancy, refondue en 1911, avec le métal de la vieille cloche de 1636 (n° 29), répète l'inscription de sa devancière, « Si Deus pro nobis, quis contra nos» (p. 236), en y ajoutant le verset 15 du Psaume 118:« Non moriar, sed vivam et narrabo opéra Domini. » Ce sont les paroles écrites par Philibert Berthelier sur le mur de sa prison, dans la Tour de l'Ile, en 1519; nous avons montré qu'à cette époque elles avaient une valeur prophylactique 4. LA VIERGE 5 . Représentations figurées : 9. 1472. — 10. 1481. — 12. 1493. — 15. 1518. — 18. 1528. — 20. s. d. — 21. s. d. — 30. XVII. — 65. 1797. — 107-8. 1844. — 136*. 1866. —138.1868. —140. 1869. — 142. 1871. — 152-3. 1879. — 179, 181. 1905. — 177. 1902. — 190. 1921. —202. Vierge assise ou debout, portant l'enfant Jésus: 6. 1460 (Genava, II, p. 141, fig. 8). — 7. 1460. — 8. 1471. — 9. 1472 (Genava, II, p. 143, fig. 14). — 10. 1481. — 11. 1486. — 13. 1501. — 14. 1509. — 16. 1519. — 23. s. d. — 26. 1595. — 50. 1767. — 55. 1783. — 47. 1756. — 60.1789. — 60ter. 1792. — 62. 1792. — 63. 1797. — 67. 1808. — 69. 1813. -- 74. 1819. — 77*. 1823. — 80. 1826. — 82. 1831. — 83. 1833. — 84. 1833. — 90. 1837. — 91.1837. — 92. 1839. — 94. 1840. — 97. 1840. — 103. 1844. — 104. 1844. — 106. 1844. — 107. 1844. — 115.1846. — 121. 1855. — 124. 1856. — 127. 1857. — 131. 1860. — 132. 1862. — 167. 1898. — 174. 1899. — 179. 1905. — 180. 1905. — 181. 1905. 1 BLAV IGNAC, op. l., p. 178-9, 170, 377; Musée neuchâtelois, 1881, p. 94; Bulletin monumental, 1894, p. 339-40, 550. 2 Enchiridion, p. 59, 114. 3 4 Ex. prière du bienheureux Benoît Labre, citée plus haut. L'inscription de Philibert Berthelier, 1519, Revue d'histoire suisse, 1924. IV, p. 385. BURLET, « Le culte de Dieu, de la Sainte Vierge et des Saints en Savoie avant la Révolution », Annecy, 1915; R. P. HUGUET , «La dévotion à Marie», Paris, 1868; NEWMANN , «Le culte de la Vierge»; FLACHAIRE , «La Dévotion à la Vierge», Rev. hist. des religions, 1915, LXXII, p. 303; 1916, LXXIV, p. 52 sq. ; HERZOG, « La Sainte Vierge dans l'histoire », 1911, etc. 5 — 253 — Vierge Immaculée, ci-dessus, p. 214. 197. 1921. Jesum benedictum fructum ventris tui nobis post hoc exsilium ostende. O quam pulchra est casta generatio cum claritate... Pieta, Vierge portant le corps de Jésus 1. 11. 1486. — 12. 1493. — 13. 1501, avec saint Jean et Marie-Madeleine. — 194. 1921. Le nom de Marie, qui est donné à plusieurs cloches 2, seul ou uni à ceux de Jésus, des saints, les invocations que les fidèles lui adressent, paraissent fréquemment. 13. 1501. Maria in Xro. 12. 1493. JHS. Maria. 19. 1532. Jésus Maria. 30. XVIle s. JHS Mar. 49. 1767. In honorem B. Mar. Virg. Ce nom constitue en effet une protection puissante, dont les humains ont maintes fois éprouvé les effets en cas de danger3: 9. 1472. O Maria... ut a malo me defendas. 57. 1787. S. Maria ora pro nobis. 60ter. 1792. Id. L’ annonciation, l'Ave Maria. Représentations figurées: 6. 1460. — 8. 1471. — 11. 1486. — 12. 1493. — 21. s. d. — 22. s. d. — 23. s. d. La salutation évangélique, soit les paroles adressées à Marie par l'Ange de l'Annonciation (Luc, I, 28), est inscrite en entier, ou en abrégé: 3. 1405. — 4.1407. — 6. 1460. — 7. 1470. — 8.1471. — 10. 1481. — 14. 1509. — 17. 1519. — 18. 1528. — 21. s. d. — 22. s. d. — 23. s. d. — 190. 1921, Elle n'est pas seulement banale sur les cloches 4 , mais aussi sur les bagues 5 , les épées 6 , les ceintures, les mortiers de pharmacie et d'autres objets usuels, seule, unie à d'autres textes religieux, JHS., « Te Deum laudamus », ou même à des mots 1 Cf. au Musée de Genève: de l'église de La Madeleine, tête en pierre détachée d'une Pieta, Genava, II, 1924. p. 294, fig. 4; salle de Zizers, groupe en bois de la chapelle de Torny-le-Petit, près Fribourg, XVIes., Comptes rendus delà Société auxiliaire du Musee, 1909 (1910), p. 14; 1915 (1916), p. 18, fig. 4. 2 Voir plus haut, p. 221. 3 DELRIO , op. l., p. 1048-9; R. P. HUGUET, « Vertu miraculeuse de la médaille de la Très Sainte Vierge, démontrée par des traits de protection », etc., Paris, 1870; PARFAIT, « L'arsenal de la dévo tion » (8), 1876, p. 291, etc. 4 BLAViGNAC, op. l., p. 134, 230; Musée neuchdtelois, 1881, p. 95-6. 5 Rev. arch., 1923, I, p. 94, 99; 1924, I, p. 65, 75. 6 LE BLANT , Mém. Acad. Inscr. et Belles Lettres, 1894, 34, p. 119, note. — 254 — purement cabalistiques, comme Agla. Réduite aux deux premiers mots, « Ave Maria », comme le rosaire, le chapelet 1, elle possède une vertu protectrice puissante, et ceci encore de nos jours 2; aussi la récite-t-on en maintes occasions utiles, en l'accompagnant parfois, pour plus d'effet, de paroles magiques 3. Les cloches sonnent cette prière de l’Angelus, et l'on comprend pourquoi ces mots y figurent si souvent. En Angleterre, on appelle la cloche de l'Angelus, « cloche de Gabriel», et «cloche de l’Ave »; en Italie, l’Angelus est désigné sous le nom de «Ave Maria», et on dit « Ave Maria dell' aurora » (Angelus du Matin) et « Ave Maria della sera » (Angelus du soir)4. L'Angelus fut d'abord attribué à la prière de midi en 1316 par le pape Jean XXII, en 1326 on le récita le soir, puis le matin. Les papes ont accordé des indulgences à ceux qui récitent l’« Ave Maria » quand la cloche et l'horloge sonnent pour le couvre-feu 5. Ave Maris Stella. 6. 1460. C'est l'hymne célèbre du Xe siècle 6 : Ave Maris Stella Dei mater alma Atque semper Virgo Felix cœli porta. Sumens illud ave Gabrielis ore Funda nos in pace Mutans nomen Evæ. « Ave, praeclara maris Stella », chante un poème du XI-XIIe siècle 7. Stella matutina. 157. 1882. Salve regina mater misericordiæ. 191. 1921. 1 On sait que le rosaire comprend 15 dizaines d'Ave Maria, entrecoupés de Pater; le chapelet en est une réduction et comporte 5 dizaines. 2 R. P. HUGUET, « Vertu miraculeuse de Y Ave Maria démontrée par des traits de protection, de conversion et de guérison merveilleuse », 4me éd., 1870; id., « Vertu miraculeuse du rosaire et du chapelet démontrée par des guérisons », etc., 1869; PARFAIT, « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 91 sq. 3 4 5 6 7 THIERS , op. l., I, p. 364, 365, 376, 377, 410, 419, 418, etc. Bulletin monumental, 1894, 59, p. 139. THIERS , op. l., IV, p. 129-130. REMY DE GOURMONT, «Le latin mystique», 1922, p. 163 sq. Ibid., p. 129 sq. Cf. encore p. 132, 140. — 255 — LES SAINTS 1 . Les saints protecteurs ornent de leurs images nos cloches. Mais leurs noms paraissent aussi dans les inscriptions, car on leur demande de prier pour les mortels 2, ou en qualité de patrons de l'église: 105. 1844. Vernier. Patrons SS. Jacques et Philippe apôtres. 121. 1855. Avusy. S. Charles-Borromée patron. 123. 1855. Grand-Saconnex. S. Hippolyte est mon patron. Les quatre évangélistes. 5. 1420. Loycas, Marcas, Johannes, Mathehus. 136* 1866. S. Marcus, S. Johannes, S. Lucas, S. Mattheus. Représentations figurées: 13,1501. — 136*, 1866. — 157. 1882. L'invocation simultanée aux quatre évangélistes est protectrice. L'oraison de saint Cyprien dit: « et si quis nocere cupit, Domine, custodi famulum tuum et dirige eum ad onine bonum, per... et per quatuor Evangelistas, Sarictum Matthaeum, Marcum, Lucam et Johannem» 3; une autre, qui débute par Adonai et renferme une série de mots cabalistiques,se termine par: « + Matthaeus + Johannes + Marcus + Lucas + 4. On conjure les fièvres par la formule suivante que Thiers, hostile à toutes ces pratiques, qualifie d'« incongrue »: « Adjuro vos frigores febrium per sanctam Mariam Virginem... et per quatuor Evangelistas Marcum, Matthaeum, Lucam et Johannem »5. On pourrait citer de nombreux exemples analogues. La superstition moderne a conservé, comme tant d'autres, cette invocation secourable: Quatre angles à mon lit, Quatre anges sur ma tête Matthieu, Marc, Luc et Jean Bénissez le lit sur lequel je repose Prenez mon âme au ciel. 1 Voir : CAHIER , « Caractéristiques des saints »; ROHAULT DE FLEURY, « Les saints de la messe et leurs monuments », 1900; les Bollandistes; DRAKE , « Saints and their emblems, Londres, 1916; me TABOR , « The saints in art with their attributs and symbols », 2 éd., 1913; PRIES, « Die Attribute der christlichen Heiligen», Leipzig. 1915; la collection «L'Art et les saints», éditée par la maison Laurens, Paris, etc. 2 Les litanies des saints sont rares sur les cloches avant le XVI e siècle où elles abondent, BLAVIGNAC , p. 136-7; Enchiridion, p. 37 sq. Pour les litanies, cf. REMY DE GOURMONT , «Le latin mystique », 1922, p. 143 sq. 3 4 5 Enchiridion, p. 145. Ibid. p. 127-8. THIERS , op. l., I, p. 415. — 256 — souvenir de la « Pate-notre blanche », qui donne le Paradis à ceux la disant chaque jour: «... au soir en m'allant coucher, je trouvis trois anges à mon lit couchés, un aux pieds, deux au chevet, la bonne Vierge Marie au milieu d'eux, etc.»1 ... «En me couchant j'ai vu sept anges, trois aux pieds, et quatre au chevet... 2. * * * Nous classons les saints des cloches de Genève par ordre alphabétique : Sainte Agathe. Mentem sanctam spontaneam habeo, honorem Dei et patriae liberationem invoco. 10. 1481. — 14. 1509. — 15. 1518. — 16. 1519. La même inscription se lit sur des cloches aux environs de Genève 3 et ailleurs 4, comme dès le XIVe siècle sur des bagues 5 ; elle paraît dans des oraisons 6. C'est la formule dite de sainte Agathe, martyrisée sous Dèce, vers 251. La sainte fut ensevelie à Catane; la tombe allait être fermée, quand un jeune homme, que l'on crut être un ange, apporta une pierre sur laquelle étaient gravés ces mots: «Mentem sanctam spontaneam honorem Dei et patriae liberationem. » Cette inscription devint célèbre et fut fort usitée comme talisman au moyen âge. Adon de Chateauroux, évêque de Tusculum, a consacré tout un sermon (entre 1254 et 1269) à la commenter 7. Parmi les pouvoirs que la dévotion populaire lui a conférés8, sainte Agathe9 possède ceux de protéger contre la colique, les démons, la foudre, l'incendie, etc.10. On lit sur une cloche de Rome, avec la formule précitée: «Nous vous conjurons Seigneur, que par la vertu et les mérites de Sainte Agathe, la malice des esprits soit repoussée. Ecartez les fléaux de la grêle, de la foudre et de la tempête11. » C'est sans doute cette protection que lui demandent les cloches genevoises 12. 1 2 THIERS , op. l., I, p. 86. E LIPHAS LEVI, « La clef des grands mystères », 1861, p. 396. Haute-Savoie : Chens, 1566; Mieussy, 1559. 4 CAHORN , p. 144; Musée neuchâtelois, 1881, p. 95; BLAVIGNAC , op. l., p. 229, 383, 449-51; CABROL, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, s. v. Agathe (sainte), p. 849-50; HILL, Proceedings Soc. Ant. XXIX, 1917, p. 114. 5 HILL , l. c.; Rev. arch., 1924, I, p. 68. 3 6 7 3 Enchiridion, p. 64. CABROL, l. c. Ex. VAN GENNEP, « Le culte populaire de sainte Agathe en Savoie », Revue d'ethnographie et des traditions populaires, 1924, CLXIX, p. 28 sq. 9 Au Musée de Genève, statue de sainte Agathe, bois, N° 3390. Compte rendu Soc. auxiliaire du Musée, 1903 (1904), p. 29; 1915 (1916), p. 16. 10 Voir plus haut, incendies, p. 232. 11 BLAVIGNAC , op. l., p. 229. 12 Rev. arch., 1924, I, p. 68. — 257 — Saint André. 6. 1460. — 83. 1833. — 84. 1833. Sainte Anne. Le nom d'Anne est souvent donné aux cloches1; le culte de cette sainte remonte au XIVe siècle et sa dévotion se propage rapidement depuis le XVIIe siècle 2: 63. 1797. — 65. 1797. — 181. 1905. Saint Antoine3. 13. 1501. Saint Antoine de Padoue. 172. 1899. — 173. 1899. — 174. 1899. — 175. 1899. — 177. 1902. — 196. 1921. Saint Barthélemy. 6. 1460. Saint Bruno. 60. 1789. Saint Charles Borromée. 121. 1855. Saint Christophe. 6. 1460. — 7. 1470. — 12. 1493. — 195. 1921. On sait que l'image de saint Christophe, très vénéré à Genève 4, protégeait en particulier contre la mort subite que les chrétiens craignent tant, et contre laquelle, dans les oraisons, ils demandent la protection céleste5: «a subitanea et improvisa morte libéra nos Domine»6; il n'est pas sans intérêt de noter qu'après avoir été le patron de ceux qui sont exposés à cette fin, les arbalétriers, il est devenu, pour la même raison, au XXe siècle, le patron des cyclistes et des automobilistes ! 7 Saint Dominique. 196. 1921. 1 2 3 4 5 6 7 BLAVIGNAC, op l., p. 38. Rev. hist. des religions, 1916, 74, p. 92, note 4, référ. Saint Antoine à Genève, Genava, II, 1924, p. 319. Saint Christophe à Genève, Rev. hist rel., 1916, LXXIII, p. 190. MALE, « L'art religieux de la fin du moyen-âge »; THIERS, op. l., IV, p. 219, etc. Enchiridion, p. 41. Rev. d'ethnographie et des traditions populaires, 1922, p. 251 ; 1924, p. 61. 17 — 258 — Saint François d'Assise. 9. 1472, sur l'anse. — 196. 1921, La dévotion à saint François d'Assise, les vertus de son cordon, existent dès le XIVe siècle 1; il protège contre la peste, la mort subite, le tonnerre, etc.2. Saint François de Sales. 67. 1808. B. V. Mariae et B. Francisco Salesio. Saint François de Sales priez pour nous. 136* 1866. S. Franciscus Salesius ora pro nobis. 140. 1869. Je m'appelle Marie de Saint François de Sales. 143. 1872. Je m'appelle Marie-Pie-Gasparde de Saint François de Sales. 157. 1882. S. Franciscus. Représentations figurées. 67. 1808. — 104. 1844. — 114. 1846. — 136*. 1866. — 140. 1869. — 157. 1882. — 173. 1899. — 179. 1905. — 196. 1921. Le culte de Saint François de Sales (1567-1621), béatifié le 28 décembre 1661, et canonisé solennellement à Rome en 1665, est très en honneur en Savoie 3, où il a inspiré tout un folklore religieux4. Saint François Xavier. 202. Saint Georges. 6. 1460 (Genava, II, 1924, p. 140, fig. 6). 181. 1905. — 195. 1921. Saint Hippolyte. 123. 1855. Saint Ignace de Loyola. 202. Saint Jacques le Majeur. 4. 1407. — 26. 1595. S. Jacobe ora pro nobis. — 106. 1844. 1 Mgr de SEGUR , «Le cordon séraphique, ses merveilleuses richesses», Paris, 1874; id., «Le cordon de Saint François », Paris. 2 PARFAIT , « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 198 sq., 346-7, etc. 3 BURLET, « Le culte de Dieu, de la Vierge et des Saints en Savoie avant la Réformation », Annecy, 1915, p. 155, énumère les églises du diocèse de Genève qui sont placées sous son invocation; cf. van GENNEP , op. l., p. 637. 4 Van GENNEP, « Le culte populaire de Saint François de Sales en Savoie », Mercure de France, 1924, CLXIX, p. 612 sq. ; on trouvera dans ce mémoire l'indication des principaux travaux sur le culte de ce saint. — 259 — Saint Jacques le Mineur. 6. 1460 (Genava, II, 1924, p. 141, fig. 9). Saint Jean l’Evangéliste. 4. 1407. — 6. 1460. — 12. 1493. — 63. 1797. — 136*. 1866. Je m'appelle Marie de S. Joseph et de S. Jean. — 157. 1882. Voir plus haut, les vertus de l'Evangile de Saint-Jean, et des quatre évangélistes. Saint Jean Baptiste. 4. 1407. — 6. 1460 (Genava, II, 1924, p. 140, fig. 7). —15. 1518. S. Johannes Bap. ora p. no. — 136*, 1866. S. Johannes Baptista ora pro nobis. Le nom de ce saint est souvent donné aux cloches 1: 60. 1789. Maria Joanna Baptista. Saint Joseph. 136* 1866. Je m'appelle Marie de St Joseph et de St Jean. 138. 1868. S. Joseph. 140. 1869. Saint Joseph priez pour nous (image de St Joseph tenant l'enfant Jésus). 167. 1898. — 173. 1899. — 190. 1921. — 192. 1921. — Vita dulcedo et spes nostra salve, te Joseph célèbrent agmina cœlitum. Le culte de saint Joseph est très récent; il commence à devenir populaire au XVIIe siècle seulement, et prend un grand développement au XIX e s. Pie XI a déclaré ce saint patron de l'Eglise universelle, le 8 décembre 18702. Cette dévotion a engendré un grand nombre de croyances superstitieuses 3. Saint Laurent. 6. 1460. Saint Louis de Gonzague. 172. 1899. — 196. 1921. Saint Loup ( ?) 154. 1879. Saint Luc. Voir plus haut, les quatre évangélistes. Sainte Lucie. 177. 1902. 1 2 BLAVIGNAG , op. l., p. 145. Rev. hist. religions, 1916, 74, p. 93, note 4. 3 PARFAIT, « L'arsenal de la dévotion » (8), 1876, p. 45 sq., 148 sq., 202 sq., 221 sq. ; p. 344 (bagues de St Joseph contre la peste). — 260 — S. Marc. Voir plus haut, les quatre évangélistes. Sainte Marguerite, plantant sa croix dans la gueule du dragon. 57. 1787. Sainte Marie Madeleine. 4, 1407. — 7. 1470. — 11. 1486. — 16. 1519, Sancta Maria Magdalena. — 17. 1519. Sancta Maria Magdalena ora pro nobis. Saint Martin partageant son manteau. 60. 1789. — 69. 1813. Saint Matthieu. 6. 1460. Cf. les quatre évangélistes. Saint Maurice. 13. 1501. — 113. 1846. — 114-5. 1846. — 136*. 1866. — 140. 1869. — 179. 1905. Saint Michel. 191. 1921. Saint Paul. 4. 1407. — 6. 1460. — 10. 1481. — 11. 1486. — 12. 1493. — 94. 1840. — 175. 1899. — 180. 1905. Saint Philippe. 106. 1844. Saint Pierre. 4. 1407. — 6. 1460. — 10. 1481. — 12. 1493. — 65. 1797. — 74. 1819. — 77*. 1823. — 92. 1839. — 94.1840. — 104.1844. — 159.1884. — 175.1899. — 180. 1905. Saint Sébastien 1. 9. 1472 (Genava, II, 1924, p. 143, fig. 13.) Sainte Thérèse. 63. 1797. — 65. 1797. Saints indéterminés 60(ter. 1792. — 68. 1812. — 115. 1846. Bienheureux curé d'Ars. 196. 1921. 1 Saint Sébastien à Genève. Rev. hist. religions, 1916, p. 190; Genava, II, p. 319. — 261 — TABLE DES MATIÈRES Introduction .............................................................................................................. Destination des cloches ............................................................................................ Histoire des cloches .................................................................................................. Rituel, folklore .......................................................................................................... 198 200 201 203 LES INSCRIPTIONS. Les fondeurs .............................................................................................................. Fonte et refonte ........................................................................................................ Cloches protestantes et cloches catholiques.......................................................... Inscriptions protestantes; armoiries et devise genevoise; allusions à la foi catholique ............................................................................................. Sacré-Cœur......................................................................................................... Immaculée Conception ..................................................................................... Louanges à Dieu .............................................................................................. La bénédiction des cloches ..................................................................................... Noms propres............................................................................................................. Armoiries privées ..................................................................................................... Noms des cloches ..................................................................................................... 205 209 210 211 213 214 215 217 218 219 220 Le rôle des cloches. Formules énumérant leur rôle ................................................................................ Convocation aux offices religieux........................................................................... De la naissance à la mort........................................................................................ Les fêtes..................................................................................................................... Convocation des citoyens ........................................................................................ L'alarme .................................................................................................................... L'incendie .................................................................................................................. La mesure du temps ................................................................................................ 224 225 226 228 229 231 232 234 La protection céleste. Dieu............................................................................................................................ La voix de Dieu ....................................................................................................... Contre le mal ............................................................................................................ Contre les intempéries, orages, foudre, etc ........................................................... Contre les démons. ..................................................................................................... 236 236 237 238 242 — 262 — Diverses formules protectrices. Jésus-Christ........................................................................................................... JHS............................................................................................................... Agne Dei, miserere mei, qui crimina tollis ............................................... Mariae filius, salus mundi, Dominus, sit nobis clemens et propitius .......... Primogenitus, Adonai, virtus, via, sapientia ........................................... Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat, Christus ab omni malo nos defendat .............................................................................. Deus homo factus est ................................................................................. Jesus autem transiens per médium illorum ibat........................................ Verbum caro factum est .............................................................................. O rex gloriae Christe veni nobis cum pace................................................. Non moriar, sed vivam................................................................................ La Vierge.............................................................................................................. L'Annonciation, l'Ave Maria....................................................................... Ave Maris Stella ........................................................................................... Stella matutina............................................................................................. Salve regina.................................................................................................. Les Saints ............................................................................................................. Les quatre évangélistes ................................................................................ Liste des saints par ordre alphabétique ...................................................... Mentem sanctam spontaneam ..................................................................... 243 244 245 246 247 247 249 250 250 251 252 252 253 254 254 254 255 255 256 256 LE CULTE POPULAIRE DE SAINT THEODULE EN SAVOIE (16 août)1 A. VAN GENNEP . A Claudius Servettaz. I le culte de saint Théodule en Savoie comme pour celui de nos autres saints populaires, se pose un problème de dates qu'il sera, dans la grande majorité des cas, impossible de résoudre tant que nos archives publiques et privées n'auront pas été mieux utilisées. Notamment, il nous manque encore des monographies de paroisses et de communes en nombre suffisant: on peut en effet estimer à une quinzaine à peine, les grandes villes exceptées, celles qui ont fait l'objet de travaux vraiment scientifiques, après dépouillement non seulement des archives centrales des chefslieux et de Turin, mais surtout après usage aussi des documents locaux conservés chez des particuliers ou dans les études de notaires, les presbytères et les mairies. Comme le présent mémoire n'est, ainsi que les précédents 2, qu'un fragment préliminaire, destiné à être complété par des chercheurs locaux, du second volume de En Savoie, qui sera consacré à la description des coutumes populaires des deux départements du Premier de l'An à la Saint-Sylvestre, je résume ici quelques-unes des observations générales qui seront données en détail dans l’ Introduction à ce volume. OUR 1 Voir les Acta Sanctorum à cette date pour les légendes hagiographiques. « Jean d'Espagne, les étapes de son culte en Savoie », tir. à part de la Revue de l’Histoire des Religions, 1916. — «Le culte populaire de sainte Agathe en Savoie», Rev. d'Elan, et des Trad. pop., 1924, p. 28-35. — «Le culte populaire de saint Clair et de saint Biaise en Savoie», Ibid., p. 136-148. — « La Chandeleur et la Saint Valentin en Savoie », Ibid., p. 225-245. — « Les coutumes de Mai en Savoie », Lux, mai 1924, p. 142-143. — « Le culte populaire de saint François de Sales ou Savoie », Mercure de France, 1er février 1924, p. 612-640. — « Le culte du B. Ponce de Faucigny en Savoie ». Rev. d'Elan, et des Trad. pop., 1924, p. 323-342. — « Le culte de saint Antoine ermite en Savoie, Actes et Mémoires du Congrès d'Histoire des Religions de Paris, tome I, p. 113-143, avec carte. 2 — 264 — Sur les dates d'émergence du culte d'un saint en Savoie, on ne possède que peu de documents laïques. Ceux-ci comprennent surtout les actes par lesquels un individu ou une famille décidaient de transférer à la paroisse la propriété de tel ou tel bien comme fondation d'une chapelle et de messes. Il faudrait donc posséder un corpus de tous ces actes, à propos de toutes les chapelles et de toutes les fondations de messes dans les deux départements, pour se rendre compte exactement du degré de popularité, au cours de chaque siècle, de chaque saint ou personnage considéré comme tel. A défaut, on trouve souvent des renseignements précis dans les Procès-verbaux des Visites pastorales des divers évêques ou archevêques de Genève, Chambéry, Grenoble, Saint-Jean de Maurienne et Moutiers. Pourtant, la valeur documentaire de ces procès-verbaux est très variable ; les plus anciens, et qui nous seraient le plus utiles, sont aussi ceux qui sont, en règle générale, le moins détaillés. Ce n'est guère qu'au XVIIe siècle que ces procès-verbaux donnent des renseignements à la fois sur les églises, sur les chapelles et sur les mœurs populaires, en y comprenant les pèlerinages et les pratiques locales, ainsi qu'un catalogue des reliques. Ceci tient manifestement au degré plus élevé d'instruction générale des évêques à ce moment, à la lutte contre les tendances protestantes, à l'organisation scientifique des recherches des Bénédictins et des Bollandistes. En ce siècle aussi, le niveau intellectuel du clergé rural commence à être regardé comme un élément important de la force du catholicisme dans les campagnes, témoin le style nouveau des Instructions synodales. Or, pour beaucoup de chapelles, l'émergence dans l'histoire ne se fait qu'à ce moment, comme on peut voir en consultant le catalogue de l'abbé Burlet 1, catalogue que le recours à des monographies paroissiales ou communales modifie pourtant sur un grand nombre de points. Si donc, dans les pages qui suivent, je signale l'existence du culte local d'un saint, par exemple de saint Théodule, à une date déterminée, je prie le lecteur de considérer que cette date ne prouve pas que le culte de ce saint n'existait pas dans cette localité antérieurement à la date donnée. Cette observation présente une importance qui varie selon le saint dont on s'occupe. Si le « saint » est relativement moderne, comme le bienheureux Ponce de Faucigny ou le bienheureux Jean d'Espagne (considérés par le peuple comme saints autant que les autres), les dates d'émergence écrites ont des chances de coïncider avec celles de la fixation locale du culte. Mais quand il s'agit de saints anciens comme les apôtres, les premiers martyrs, les saints du groupe thébéen, etc., l'image historique a des chances d'être fausse. Il est impossible d'évaluer avec certitude ce degré d'erreur ; on ne peut, dernier recours, que raisonner par analogie. Mais ici se présente un autre danger d'appréciation, qui a fait trébucher naguère M. Ritter. Il a admis que de l'inscription d'un saint dans la liturgie ancienne on 1 J. BURLET : Le culte de Dieu, de la Vierge et des Saints en Savoie avant la Révolution. Essai de géographie hagiographique. Chambéry, 1916. — 265 — pouvait conclure à l'existence d'un culte vraiment « populaire ». Et il a dressé la liste des « saints honorés dans les diocèses » de Genevois et de Tarentaise 1. Or, c'est un fait curieux que la plupart de ces saints sont restés absolument ignorés du peuple. Si nous prenons par exemple la liste de Tarentaise, nous voyons signalés dans le missel de l'évêché, mais entièrement inconnus des paysans, les saints : Taurin, Brice, Rémi, Vast, Melanius, Aubin, Paterne, etc., soit pour la seule catégorie des saints mérovingiens et carolingiens plus de vingt sur un total de trente; et des dix restants, quatre seulement ont été l'objet en Tarentaise de cultes ruraux (Martin, Germain, Brigide et Ouen). On peut faire la même observation pour tous les diocèses de la Savoie, et distinguer par suite la catégorie des saints uniquement liturgiques, au culte cantonné dans les cathédrales et observé seulement par le clergé régulier et séculier central de la catégorie des saints ruraux, qui sont aussi ceux du petit peuple des villes, même épiscopales. C'est une erreur considérable que de juger de la dévotion pour un saint quelconque en Savoie d'après son inscription dans les diverses liturgies, jadis variables, comme on sait, de diocèse à diocèse. C'étaient des saints, qu'à défaut d'un meilleur terme, je nomme « savants ». Naturellement, un nombre assez grand de saints sont en même temps liturgiques et populaires, tels surtout les apôtres, comme saint Pierre, saint Jacques, etc.; pas tous cependant. Enfin, nous avons même en Savoie des saints qui sont populaires sans être liturgiques, telle sainte Victoire du Vuache. Mais, il y a mieux: dans la catégorie des saints «savants» on doit ranger, selon les localités et les dates, des saints qui ont eu un culte et une chapelle créés, comme on a dit, par des particuliers. Si ces particuliers étaient roturiers, ou de noblesse récente, ou de vieille souche noble strictement locale, la fondation apparaît comme l'expression individuelle d'une tendance collective populaire. Mais si la fondation est due à des membres de la haute aristocratie, vivant plutôt à la cour, ou à des nouveau-venus intronisés par acquisition ou par mariage dans des propriétés qui jadis appartenaient à des possesseurs issus d'une souche locale, on doit regarder l'existence dans la localité d'un culte de saint comme une adjonction artificielle au credo populaire du pays. 1 Eugène RITTER : « Les Saints honorés dans le diocèse de Genève », Reçue savoisienne, 1888, p. 232-243. — Cf. les compléments du chanoine Gonthier, Ibid., p. 289-292. — Eugène RITTER : « Les Saints honorés dans le diocèse de Tarentaise », Congrès d’Aiguebelle des Sociétés savantes savoisiennes, Chambéry 1895, p. 160-165. On voit, d'après la discussion du texte, que ces titres donnent une idée erronée; il faut lire : « saints honorés liturgiquement dans les églises du diocèse de . . . » ou: « dans la liturgie du diocèse de . . . » Quant au culte rendu aux saints patrons, il a été parfois seulement , mais pas toujours, populaire; dans beaucoup de paroisses, la saint le plus « objet de culte » était autre que le saint patron; voir plus loin ce qui est dit de Reignier. La confusion critiquée est surtout visible dans un autre mémoire d'Eugène RITTER : « Les Saints honorés dans le diocèse de Genève et les autres diocèses de Suisse et de Savoie », Congrès d'Evian des Sociétés savantes savoisiennes, Evian, 1897, p. 111-118. — 266 — En se reportant aux monographies et en étudiant à part l'histoire de chaque fondation pieuse, on constate la fréquence de cette introduction dans le culte local de saints adventices. C'est le cas par exemple de sainte Catherine dans beaucoup de paroisses. Pour préciser ces observations, je citerai le cas de la paroisse de Reignier, bien étudié par l'abbé Gave 1, voisine de Genève et qui, au surplus, possédait une chapelle de saint Théodule. Lors de sa fondation au haut moyen âge, la paroisse est placée sous le vocable de saint Martin de Tours, ce qui confirme son ancienneté; vers la fin du moyen âge, en dehors de l'église est une chapelle-oratoire de saint Blaise, accostée d'une maison presbytérale particulière qui fut rasée en 1666 parce que tombant de vétusté. Ces deux cultes sont primitifs et fondamentaux dans cette paroisse; mais celui de saint Martin est resté « savant », car il ne comprend aucune pratique hors des cérémonies normales, et ne comporte aucune spécialité médicale; au lieu que saint Blaise était l'objet de pèlerinages et d'invocations contre les maux de gorge. La visite pastorale de 1443 insiste à plusieurs reprises sur l'importance de ce culte de saint Blaise qui est aussi à cette date le patron de la confrérie locale du Saint-Esprit, forme de culte collectif local ; rien de pareil pour saint Martin, quoique patron. Laissant de côté les chapelles, fondées au XVe siècle, de sainte Marie, de la Bienheureuse Vierge Marie et de la Trinité, qui appartiennent à une autre catégorie rituelle, on constate la création à Reignier d'une chapelle de saint Sébastien fondée avant 1481 par Nicod Psautier, don «populaire», à cause de la peste; puis il faut attendre à 1580 pour trouver de nouvelles chapelles qui sont: celles de MarieMadeleine fondée par les seigneurs de Magny, puis patronnée par les nobles de Sautier (donc culte savant); de saint Laurent et de saint Théodule, dont on ne connaît plus à ce moment la date de fondation, ni les patrons, ni les revenus. Il y a donc des chances que ces deux chapelles aient été fondées par des roturiers et que le culte de ces deux saints, qui comprend des attributions prophylactiques populaires, soit venu à Reignier à la suite d'une vague de dévotion uniquement rurale; en tout cas, lors de la visite de saint François de Sales, en 1606, la chapelle de saint Laurent a disparu et celle de saint Théodule a été remise aux soins de la famille roturière Berthollet, enfin celle de saint Biaise à la présentation des Domen et des Meynet, tous paysans. Dans d'autres paroisses, la différence est plus marquée, mais je tenais à prendre celle-ci pour exemple parce qu'on y voit en jeu le mécanisme dont j'ai parlé: en 1481, le culte officiel de saint Théodule n'existe pas encore à Reignier (le procès-verbal de cette année est détaillé et bien fait); on le voit émerger historiquement en 1580; mais son arrivée dans la paroisse a dû être antérieure. Le culte de saint Théodule en Savoie fournit de plus un exemple caractéristique 1 GAVE : Monographie de la paroisse de Reignier. Annecy, Académie Salésienne, 1900. — 267 — de l'influence épiscopale en faveur de l'extension de dévotions particulières, dont de nos jours on peut constater directement le mécanisme dans la diffusion du culte de saint Joseph, de N. D. de la Salette, de N. D. de Lourdes, etc. Saint François de Sales a toujours témoigné d'un respect spécial pour les saints du cycle d'Agaune, cycle auquel appartient saint Théodule, bien qu'il ne compte pas au nombre des martyrs de la Légion thébéenne. Je ne saurais dire si saint François a connu dès son enfance saint Théodule comme intercesseur particulier à la Savoie; cela est probable, puisque l'un des centres du culte comprenait Annecy-ville (saint Maurice) et Annecy-le-Vieux. En tout cas, il a rencontré un assez grand nombre de chapelles consacrées à ce saint lors de ses visites pastorales pour décréter qu'il méritait de la part des populations savoyardes une dévotion spéciale. Aussi de son vivant et après sa mort, le nombre des chapelles de saint Théodule a-t-il augmenté dans des proportions marquées, sinon dans tout le diocèse, du moins dans le Faucigny. Il serait donc intéressant de pouvoir dans chaque cas faire le départ entre les chapelles de saint Théodule antérieures à saint François de Sales et celles qui sont dues à son influence, travail encore difficile, vu l'absence de publications comme celle de l'abbé Gave sur Reignier. II Saint Théodule, de son vrai nom Théodore 1, était évêque d'Octodurus, vers 380. Contemporain du pape Damase, c'est lui qui édifia le culte des reliques des martyrs d'Agaune dits Légion thébéenne; il les enveloppa d'étoffes de soie et construisit pour les abriter une basilique qui s'appuyait au rocher; il rédigea leur martyrologe; ses écrits furent communiqués par Isaac, évêque de Genève, à saint Enchère. On suppose que ses ossements furent inhumés d'abord à Octodurus et que leur translation à Sion eut lieu au moment du transfert dans cette ville du siège de l'évêché d'Octodurus. Quoi qu'il en soit, le culte populaire de saint Théodule est certifié localement dès 999 et s'est répandu très tôt en Suisse, grâce à une confusion dont on connaît d'autres cas en hagiographie. En effet, le peuple a très vite oublié son nom véritable de Théodore et l'a confondu avec saint Théodole martyr à Sienne; en outre, la légende dorée l'a identifié à un évêque de Sion intronisé par Charlemagne, mais en réalité placé à la tête du Valais par un roi burgonde de nom inconnu. Bien mieux, l'attribut principal et la relique la plus répandue de saint Théodule, à savoir la cloche, soit entière, soit fragmentaire, date non des personnages cités, 1 La prononciation savoyarde, notée uniformément dans les Visites pastorales, était «Théodole ». Ainsi s'expliquerait peut-être la forme dialectale Théodolle signalée à Lugrin en 1617. C'est évidemment la prononciation primitive Theodoulos; la métathèse de l et de r est normale dans toutes les langues; et l'on ne saurait exiger des paysans savoyards la connaissance exacte des prototypes grecs. — 268 — mais d'un autre évêque encore de Sion, Théodore II, qui vivait au VIe siècle. Des fragments de la cloche de saint Théodule furent dès le haut moyen âge expédiés dans une grande partie de la chrétienté pour être incorporés dans les cloches nouvellement fondues. M. Stükelberg, à qui j'emprunte ces renseignements 1, a déterminé d'après les documents d'archives, et reporté sur carte, les dates d'émergence dans la littérature historique du culte de saint Théodule en Suisse. Nous n'avons à nous occuper ici que des régions suisses voisines de la Savoie. Or, c'est un fait à retenir que toutes les dates d'émergence notées par M. Stückelberg pour les hautes vallées orientales du Valais (Champéry, etc.), le pays de Vaud et la région genevoise, ne tombent qu'au début du XVIe siècle (visites pastorales de 1504), alors que le culte de ce saint s'était répandu vers la Suisse alémanique (StGall, Lucerne, etc.) dès les XIe et XIIe siècles. Je sais bien que M. Stückelberg a dû se heurter ici à des silences du même ordre que ceux auxquels j'ai affaire en Savoie; je veux dire que le culte de ce saint, et des autres, a pu se fixer dans maintes paroisses avant que, pour une raison ou une autre, les documents officiels aient jugé utile d'en faire mention. Cette observation vaut aussi pour les directions géographiques reportées sur carte par ce savant, abstraction faite des conditions géographiques, surtout des cols et 1 E.-A. STUECKELBERG: Die schweizerischen Heiligen des Mittelalters. Zurich, 1903, p. 111-116, avec carte et bibliographie. — 269 — des vallées, ce qui tend à fausser l'image graphique de l'expansion du culte. Elle donne l'impression que ce culte s'est répandu à partir de Sion en éventail dans deux directions principales; les directions secondaires sont vers Genève-Lyon d'une part et vers le haut Valais d'autre part; les sanctuaires de Welschenrohr et de Bâle ont pu être fondés non pas en direction rectiligne comme l'indique le schéma, mais tout autant en direction transversale. Pour montrer la valeur de l'objection théorique que je fais à M. Stückelberg, j'ai tracé un schéma semblable pour la Savoie (fig. 1) ; et je donne aussi une carte avec indications routières et hydrographiques, donc orographiques, pour le contrôle, carte qui est à la base de l'exposé qui suit (fig. 2). On voit alors que le principe fondamental de la diffusion du culte de saint Théodule en Savoie a été déterminé non par le hasard, mais par des conditions d'ordre social, qu'il est d'ailleurs difficile de reconstituer maintenant. La carte schématique donne l'impression de l'extension du culte en éventail et de l'est vers l'ouest. Au contraire, la carte avec détails hydrographiques montre que le culte s'est plutôt diffusé du nord vers le sud ; en outre la fixation autour de Chambéry est indépendante, d'après les dates d'émergence, de la fixation dans les Bauges ou de l'extension dans les hautes vallées de l'Arve et de l'Arly. Le système des schémas hagiographiques de M. Stückelberg donnerait une idée erronée des conditions réelles de l'extension du culte des saints en pays de montagnes. En outre, cette extension a été déterminée dans chaque cas particulier par les attributions du saint. Elle n'a pu se faire de la même manière, par exemple, pour un saint pastoral et pour un saint qu'on invoquait contre la peste. On verrait, en étudiant le culte populaire de saint Roch en Savoie, en effet, que la carte d'extension de son culte ne se superpose pas à celle du culte de saint Théodule. Alors que le culte de saint Maurice d'Agaune est déjà répandu dans toutes nos campagnes dès le milieu du Xe siècle et entièrement constitué dès le début du XIe, le culte de saint Théodule n'apparaît dans les documents écrits qu'au début du XIIIe. Il semble bien que le texte le plus ancien soit celui qui signale l'existence à Flumet d'une chapelle consacrée à notre saint en 1202; cette chapelle tomba ensuite en ruines faute de dotations suffisantes, fut reconstruite en 1602 et reçut la visite de saint François de Sales en 1606; elle fut brûlée lors du grand incendie de Flumet en 1679; en en reconstruisit une autre, dont il est encore parlé en 1766 1. Appliquons maintenant notre méthode géographique: quelle est la voie de passage entre Flumet et Saint-Maurice ? C'est d'abord le chemin Mégève-ChamonixVallorcine, et, d'autre part, le chemin Mégève-Sallanches-Samoens-Monthey. Dans le cimetière de Mégève existait en effet une très vieille chapelle consacrée à saint 1 PETTEX : Notice sur Besson, p. 8. — Chambéry, 1867, p. 69. DUFOUR et RABUT : Histoire de la commune de Flumet. — 271 — Théodule et dont fait mention, à ce titre, la visite pastorale de 1580; l'existence de cette chapelle est encore certifiée lors des visites de 1606 l et de 1620 2. L'ancien chemin de Mégève à Chamonix passait par saint Nicolas de Véroce et par les Houches. Pour la première de ces localités, on a un témoignage de 1602 au sujet de l'existence d'une chapelle dont il est dit, lors de la visite de 1607, qu'elle était située au hameau de Haute Frasse 3; c'était donc un oratoire. Je n'ai pas de renseignements sur l'oratoire des Houches, paroisse distraite de Chamonix en 1767. Sur le territoire de Chamonix, tout au bout de la vallée, au-dessus d'Argentière, subsistait il y a cinquante ans un sanctuaire primitif et grossier consacré à saint Théodule. Voici pour cette chapelle un texte d'André Perrin, fondé sur des documents d'archives : « Dans le courant du XVe siècle, une chapelle, dite du Chatelard, existait à Argentières, lieu-dit aux Tines, dédiée à saint Théodule. A la demande de Jean Simon alias Fraceran le vieux, une indulgence de cent jours fut accordée à toutes les personnes qui la visiteraient des premières aux secondes vêpres; cette concession est signée de huit cardinaux, dont trois évêques et cinq diacres. Diverses fondations pour messes furent faites par Michel Cachat fils de Claude, du hameau des Bois, marchand et bourgeois de Chaslon en Champagne. Désirant payer un tribut de reconnaissance envers Dieu qui avait favorisé ses travaux, il s'était souvenu de la petite chapelle dans laquelle il avait prié enfant. En 1529, il donne un capital de 400 florins pour 12 messes... ses neveux Michel et Guillaume Cachat firent en son nom une semblable fondation en 1662. Enfin, en 1770, il donna encore 412 livres 10 sols tournois dont le revenu, de 41 florins 8 sols monnaie de Savoie, devait être employé suivant son désir: 35 florins (420 sols) pour faire célébrer 21 messes et 6 florins 8 sols (80 sols) en réparations de la chapelle 4. Deux ans après, Nicolas Vellet, du village des Bois, fondait aussi trois messes annuelles, au capital de 100 florins. Le service de ces fondations fut maintenu jusqu'à la Révolution; la visite épiscopale de 1766 constate la célébration de 40 messes payées par le procureur. Après la Révolution, le capital n'était plus que de 654 livres et le revenu consacré aux réparations » 5 Le hameau des Bois était, et est encore, au débouché du glacier des Bois, partie terminale de la Mer de Glace; le lieu dit des Tines est un peu plus haut, vers Argentière, avant d'arriver à Lavancher. La chapelle dont il est parlé semble, selon le rapport d'informateurs récents, ne plus exister. Elle est aussi signalée dans le procès-verbal de visite de 1649 6. 1 2 Chanoine REBORD : Visites pastorales du diocèse de Genève-Annecy, t. II. Annecy, 1923, p. 414. J. : loc. cit., p. 250. : loc. cit., t. II, p. 268. BURLET 3 REBORD 4 II y a visiblement des fautes d'impression dans le texte en ce qui concerne les dates : Michel Cachat n'a pas pu vivre en 1529 et en 1770; il faut sans doute lire 1562 et 1570. 5 6 André PERRIN D'après : Histoire ... de Chamonix, p. 218-219. BURLET ; aucune mention dans REBORD . — 272 — Vers 1870, le baron Raverat parcourut à son tour la vallée de Chamonix et, partant de Vallorcine, il fit l'ascension du Buet par la Pierre à Bérard, le col de Bérard et le col de Salenton. Au-delà, sur les déclivités du Buet, « un gazon court mais abondant pousse entre les nombreux quartiers de rocs ou les amas de lauzes tranchantes qui, par larges places, recouvrent le terrain. Ça et là, quelques cabanes de bergers; de tous côtés, des bestiaux. Dans un endroit assez apparent s'élève un oratoire dédié à saint Théodule, premier évêque de Sion; ce bienheureux, très vénéré des bergers de cette partie de la Savoie, étend sa protection sur les troupeaux de la contrée. Non loin du sanctuaire, on remarque trois cavernes où habitent trois fées qui, elles aussi, protègent pâturages et bestiaux. Les bergers, et surtout les bergères, vous raconteront tous les faits et gestes de ces fées et vous diront même leurs noms pleins de poésie et d'euphémisme: Diamantine, Isobéide et Saphir»1 . Laissons de côté ces « fées » qui sont manifestement des fabrications savantes, ou facétieuses, du XIXe siècle; le deuxième nom n'a, comme de juste, rien d'oriental; c'est, je pense, une prononciation fautive de chrysobéryl. Ces trois pierres précieuses élevées au rang de « fées » sont le digne pendant de la bonne fée Barmina, inventée par Mme Cazin 2 pour expliquer poétiquement les « belles horreurs » des gorges de la Diosaz, fée qui se retira aussi dans une grotte tapissée de diamants située au fond d'une énorme crevasse du désert du Platey. Plus important pour nous est le fait que les pâturages et même certains terrains en vallée appartenaient aux Valaisans, qui venaient périodiquement faire paître en Savoie leurs troupeaux, alors que maintes familles des vallées de Chamonix et de Sixt possédaient des vignobles en Valais 3. Etant donnés ces rapports, on peut sans doute attribuer aux Valaisans l'importation en Savoie du culte de saint Théodule, évêque de Sion, dans la vallée de Chamonix. La même aire de culte comprend la chapelle de Nambride, non signalée par Burlet, mais que l'abbé Rannaud, dans sa monographie de Ponce de Faucigny, indique comme existant en 1765 4. Puis viennent les chapelles de Samoens, signalée en 1554 (Burlet) et de Morillon indiquée en 1606 (Rebord). La voie directe du Valais vers Sallanches partait de Sixt et débouchait dans la vallée de l'Arve non loin de Passy, où une chapelle de saint Théodule est signalée en 1554 et en 1606. Les hautes vallées de l'Arve, du Giffre et de l'Arly semblent donc former une aire unique dans 1 2 RAVERAT : Haute-Savoie, p. 340-541. Jeanne GAZIN : Les petits montagnards, Bibliothèque rosé, p. 72-80. Ces légendes fabriquées reposent pourtant sur l'idée populaire de cette région qu'il existe des trésors de pierres pré cieuses dans le massif du Mont-Blanc, idée qui fut cause, comme on sait, de la mort de Jacques Balmat. 3 Pour la vallée de Chamonix, voir PERRIN : loc. cit., p. 63, 147, 168. — Pour les pâturages de la montagne de Tanneverge, au dessus du Fer à Cheval, vendus ou perdus au jeu, V. L. : Souvenirs de Sixt. Genève, 1856, p. 174. 4 Marie RANNAUD : Le Bienheureux Ponce de Faucigny, p. 221. 273 laquelle le culte a pu venir soit de Sion par Martigny, soit de Saint-Maurice par Champéry, où M. Stückelberg signale l'existence d'une chapelle dès 1504. Il resterait que l'existence d'un centre de culte à Plumet au début du XIII e siècle est difficile à expliquer en présence des dates récentes obtenues pour l'aire définie à l'instant. Le fait intéressant est que le culte de saint Théodule s'est, à partir de Flumet, répandu vers le sud: des reliques du saint sont indiquées à Cons-SainteColombe, en 1477 1, une chapelle à Marthod, en 1485; et lors de la visite de 1633, on constate l'existence, non seulement d'une chapelle, mais aussi de reliques à Gemilly, en face d'Albertville; puis une chapelle à Verrens, en 1730. L'aire de Tarentaise comprend Saint-Marcel et Landry. Le culte remonte assez haut puisque, par son testament en date des calendes d'août 1283, l'archevêque Pierre III, inscrit plus tard au nombre des saints, légua à la chapelle du château de Saint-Jacques (située sur Saint-Marcel et qui appartenait aux archevêques) un psautier, deux bréviaires anciens et une châsse (textani) en argent contenant des reliques de saint Théodule; ces reliques restèrent dans la chapelle jusqu'à la démolition du château, probablement en 1615, par ordre de Charles-Emmanuel Ier. A ce moment, les objets sacrés de la chapelle furent transférés à l'église paroissiale de SaintMarcel 2; une visite pastorale de 1630 signale dans cette église une chapelle dédiée à saint Théodule, mais sans faire mention des reliques; l'abbé Burlet note bien la date de cette visite, mais ignore à la fois le testament de Pierre III et l'existence des reliques. Au XVIIIe siècle, la chapelle de saint Théodule est richement dotée et les paroissiens offrent des gâteaux devant la porte de l'église 3; enfin, l'existence de ces reliques à Saint-Marcel est encore affirmée pour l'année 1884 par E. L. Borrel 4. Pour Landry, on n'a qu'un passage de la visite pastorale de 1630 qui indique une chapelle consacrée à saint Théodule dans l'église 5; il y faut peut-être voir un prolongement du culte auparavant localisé à Saint-Marcel. Il n'est pas évident que l'aire de Tarentaise soit une extension de l'aire des hautes vallées du Giffre, de l'Arve et de l’Arly; non seulement les dates et les limites des diocèses s'opposent à cette hypothèse, mais aussi la configuration géographique. Il me paraît plus probable que le centre tarin a été déterminé soit par des rapports personnels de quelque archevêque de Moûtiers avec ses confrères de Sion ou de Genève, soit par un mouvement populaire qui, venu du Valais par le Grand-Saint-Bernard, est ensuite remonté par Morgex et a redescendu le Petit-Saint-Bernard, voies de pèlerins très fréquentées au moyen âge 6. 1 2 Document découvert par M. Burlet. BORREL : Monuments de la Tarentaise. Paris, PEROUSE : Paroisses rurales, p. 66 et note 2. 4 BORREL : loc. cit. 5 B U RELT : Culte de Dieu, etc., p. 251. 3 6 E.-L. 1884, p. 142. A moins qu'il ne s'agisse en Tarentaise de saint Théodule de Sienne ? 18 — 274 — Quoi qu'il en soit, le mouvement du nord-ouest au sud-est indiqué ci-dessus pour la première aire trouve son parallèle en Chablais et dans les Bauges. La voie qui suit le Léman est jalonnée par des chapelles de saint Théodule à Lugrin, signalée en 1624 comme ancienne, à Thonon dès 1413 et à Genève en 1494, où le culte de saint Théodule a pu aussi parvenir par le pays de Vaud, région pour laquelle M. Stückelberg a réuni les documents. Cette observation vaut aussi pour Thonon: si le culte avait suivi le Léman, on constaterait, je crois, davantage de chapelles dans les paroisses riveraines. Or, Thonon est aussi l'aboutissement d'une voie qui, venant du Valais par Monthey et le col de Morgins, débouche à Châtel qui a saint Théodule pour patron de paroisse dès sa fondation. Le culte est encore certifié comme en honneur en 1438 et a pris fortement racine au moins vers la fin du moyen âge à la Chapelle-d'Abondance, autrefois Chapelle-des-Frasses, où les visites pastorales de 1606, 1622 et 1624 le signalent comme encore vivace ; un appendice au procès-verbal de 1606 déclare que « la chapelle de sainct Théodole de Chastel est unie avec La Chapelle de la Frasse et qu'on n'y confère aucuns sacrements »1, il semble donc qu'un seul desservant avait à célébrer dans les deux sanctuaires consacrés au même saint. La chapelle dédiée à saint Théodule au hameau de Charny, paroisse d'Abondance, paraît plus récente. Le procès-verbal de la visite pastorale de 1606, consulté par le chanoine Rebord, n'en parle pas encore; ceux de 1622 et de 1624 la mentionnent en passant; celui de 1665 dit expressément que la chapelle consacrée à ce saint a été dotée le 27 août 1646 par Claude Blanc; Mgr. Piccard, qui a publié ce document 2, ajoute en note que la chapelle (ou l'oratoire) existait encore en 1827, puisque cette année on l'agrandit de six pieds. Depuis, elle semble disparue. Mais il est évident que, malgré le silence du procès-verbal de visite de 1606, une chapelle consacrée à saint Théodule au hameau de Charny a pu exister bien antérieurement et que Claude Blanc l'a seulement dotée pour la remettre en état. Plus récente encore semble avoir été la chapelle de Bernex, qui n'émerge qu'en 1654, ceci dit sous bénéfice des observations générales préliminaires. Une quatrième aire, dont il est difficile de discerner en ce moment le centre de dispersion, est formée par le Chablais méridional, le Faucigny moyen et les Bornes septentrionales. Ni la direction des vallées, ni le filet des voies de communication, ni la politique des seigneurs ou des autorités ecclésiastiques ne semblent fournir de clef explicative. A ne s'en tenir qu'aux dates d'émergence historique, le lieu central paraît avoir été Bonne, qui avec sa Vierge Noire et les sanctuaires environnants, notamment des Voirons, a été anciennement un lieu de culte important. La chapelle de saint Théodule à Bonne est signalée dès 1470. On trouve ensuite une statue du 1 2 REBORD : Visites pastorales, t. II, p. 9. PICCARD : «La Chapelle d'Abondance», (1905), p. 67. Mém. et Doc. de l’Académie chablaisienne, t. XIX — 275 — saint à repeindre en 1606 à Mégevette, dont il est patron avec St Nicolas (Rebord), des chapelles à Bogève (1578 et 1606), Onion (1606), Mieussy (1554, 1606), Les Gets (1670), Thiez (patronage avec N. D. en 1607, d'après Rebord), Scionzier (1554), Nancy-sur-Cluses (selon Rebord, 1606), Brizon (paroisse filleule de Pontchy et qui a saint Théodule pour patron, visite de 1606, Rebord), le Petit-Bornand (1607, 1610), Etaux (1554; en 1606, elle est sans recteur ni revenu; Rebord), Arenthon (1606) et Reignier (avant 1580, en 1606 et en 1679) ; enfin, entre Etaux et Annecy, on rencontre à Villy-le-Peloux saint Théodule comme patron associé à Notre Dame en 1607 (Rebord). Le report sur carte montre un ovale assez régulier; le problème à résoudre reste entier. Le culte de saint Théodule a pu en effet venir à Bonne dans cette aire de quatre directions différentes : du Valais par la vallée du Giffre, de Thonon, de Genève ou d'Annecy. Cette dernière ville possédait en effet dans l'église Saint-Maurice une chapelle signalée en 1585; mais celle de Veyrier-du-Lac existait déjà en 1543 et celle d'Annecyle-Vieux en 1581. Il y avait donc là un noyau de culte qui a dû être important, puisque Veyrier possédait en outre une confrérie de saint Théodule sur les attributions de laquelle je ne sais rien de précis 1. D'Annecy en Maurienne, la voie de piétons la plus fréquentée passait par les Bauges et venait déboucher à Saint-Pierre-d'Albigny. Des chapelles consacrées à saint Théodule la jalonnaient, comme on peut voir sur la carte; je suppose, simplement pour cette raison, mais sans avoir de documents historiques, que la cinquième aire de dispersion est représentée par le noyau d'Annecy et ses prolongements vers le sud, quoique certaines localités émergent chronologiquement plus tôt qu'Annecy: d'abord Lathuile d'Entrevernes en 1464, puis en 1606, 1609 et 1717, avec un inventaire qui signale l'existence d'un « tableau avec son cadre, couleur rouge contenant l'image de Nostre Dame, celle de saint Théodule et la troisième de saint Antoine ». Ce même inventaire mentionne aussi des reliques : «plus dans le dit armoire est une bourse rouge dans laquelle sont des reliques de saint Théodule avec une inscription et quelques autres petits paquets de reliques sans authentique... » 2; ces reliques ne sont pas signa1 Les curés de Saint-Maurice d'Annecy et de Veyrier-du-Lac ont répondu à mon ami Cl. Servettaz qu'ils ne possèdent aucun document sur le culte de Saint Théodule dans leur paroisse. 2 M. l'abbé Pollier, curé d'Entrevernes, a bien voulu m'écrire que la paroisse a été formée en 1717 par juxtaposition d'une partie de la paroisse de Lathuile et d'une partie, plus petite, de la paroisse de Dhérée, aujourd'hui Duingt. Aussi dans la visite pastorale de 1609, la chapelle de Saint Théodule est-elle dite, au chapitre de Lathuile, « chapelle de Saint Théodole d'Entrevernes, sans recteur, attendu résignation»; c'était une chapelle rurale, et non une chapelle d'église (M. Burlet a malheureusement omis, dans son catalogue, de faire cette sorte de distinction). Elle se trouvait à une heure de marche environ de l'église de Lathuile, dans la montagne. Son empla cement était dans le verger actuel de la cure et ses matériaux ont probablement servi à la construc tion de l'église d'Entrevernes, en 1717. « II est regrettable, ajoute M. l'abbé Pollier, qu'on n'ait pas continué cette dévotion et qu'on n'ait pas dédié un autel à ce saint dans la nouvelle église, ce qui aurait été logique. » — 276 — lées par M. Burlet. On trouve ensuite: La Motte-en-Bauges, en 1580, Arith en 1633, Le Noyer en 1581, Cimitrel (tombé de nos jours au rang de hameau) et Aillon le Vieux en 1581, Sainte Reine en 1580. Dans cette série, Arith semble aberrant ou plus récent. Enfin, à Cruet est signalée une chapelle de saint Théodule dès 1497. Si l'on pouvait s'appuyer sur ces dates, il conviendrait peut-être de regarder le noyau d'Annecy comme dérivé d'Entrevernes; et on pourrait peut-être rattacher Cruet à l'aire de Plumet et Marthod. Seuls des documents d'archives pourront jeter quelque lumière sur ce point spécial. De toutes manières, les dates les plus anciennes sont jusqu'ici celles des extrémités de la voie des Bauges, Entrevernes et Cruet. L'absence de tout sanctuaire à Saint-Pierre d'Albigny, centre important de cultes populaires, ne laisse pas aussi d'étonner. Une dernière aire, la sixième, a pour centre Chambéry, où se trouvait, dans le trésor de la Sainte Chapelle, un reliquaire décrit par l'inventaire de 1483: « Un reliquaire figurant le bras et la main de saint Théodule (sancti Theodoli), dans lequel est une portion du bras de ce saint; sur le piédestal est écrit bracchium sancti Theodoli episcopi et confessons, avec quelques pierres précieuses, le tout en argent doré 1. » II n'est plus fait mention de ce reliquaire, ni des reliques, dans l'inventaire de 1542. C'est entre ces deux dates qu'émergent dans les documents historiques les chapelles de Montagnole, avec confrérie de saint Théodule, en 1494; de Vimines, en 1497; de Saint-Jean-d'Arvey en 1497; de Tresserve près Aix, même année; alors que la chapelle, avec confrérie, de Barberaz n'apparaît qu'en 1550. Il y a eu certainement une raison pour déterminer de telles localisations, peut-être l'influence d'une famille noble qui honorait spécialement saint Théodule. Vers l'ouest, le cercle ainsi formé était jalonné par la chapelle de la maladrerie du Bourget, signalée dès 1493 (et non 1497 comme dit M. Burlet) dans un procès-verbal de visite, qui dit qu'on voyait dans la maladrerie fondée par Odon de Luyrieux «une chapelle neufve en l'honneur de saint Ours, de saint Avre et de saint Théodule 2. » La création de confréries de saint Théodule à Montagnole et plus d'un siècle plus tard à Barberaz est un fait curieux à signaler. On ignore totalement quel était leur but et pourquoi ce saint a été choisi par elles comme patron. M. Pérouse, l'érudit archiviste du département de la Savoie, a bien voulu faire à mon intention des recherches sur ce point. Il m'écrit qu'il a fouillé et cherché un peu partout, mais en vain: «les documents dont je dispose, dit-il, ne sont guère que des actes officiels ou notariés... le seul texte qui vous intéresse que j'aie rencontré et qui concerne la confrérie de Barberaz est un acte du XVIe siècle tout bonnement relatif à la mise en valeur des 1 A. FABRE : Le Trésor de la Chapelle des Ducs de Savoie, lre édition. Vienne, 1868, p. 58. BURNIER : Le Château et le Prieuré du Bourget. Chambéry, 1864, p. 197. On remarquera que le saint principal au Bourget était saint Maurice; que Saint Ours (de Soleure) et Saint Théodule appartiennent aussi au cycle thébéen, mais non Saint Avre (voir au 25 octobre). 2 — 277 — vignes qu'elle possédait ». Peut-être a-t-on le droit de supposer que saint Théodule a été choisi et invoqué à la suite d'une série d'orages qui avaient abîmé les récoltes dans la région de Chambéry. On peut à ce propos signaler que, selon le procès-verbal de la visite de 1606, la confrérie du Saint-Esprit de Bellecombe-en-Bauges « s'exerçait le jour de Pentecoste et saint Théodule »1. Complètement isolée est jusqu'ici en Maurienne la chapelle de saint Théodule à Montgellafrey, au surplus signalée seulement au XVIIIe siècle (Burlet). On pourrait par contre attribuer à l'influence diocésaine genevoise la fondation des chapelles de Chêne en Semine (visite de 1581) et de Jonzier-Epagny, où (selon le procès-verbal de la même année) « le curé était tenu à dire grand'messe, matines et vêpres en l'honneur du saint le jour de sa fête 2. » III Quoique, comme organisateur du culte des martyrs de la Légion Thébéenne, l'évêque d'Octodurus ait été englobé dans la même catégorie hagiographique que saint Maurice et ses compagnons plus ou moins historiques (Candide, Exupère, Victor, Vital, Ours, etc.), saint Théodule n'est pas un saint militaire. Ce fait est très important pour l'intelligence du culte qu'on lui a rendu non seulement en Suisse, mais aussi en Savoie. Il se peut que la diffusion du culte de saint Maurice ait contribué à celle de saint Théodule. J'ai donc cherché à déterminer les cas de coïncidence en Savoie des deux cultes ; car saint Maurice fut dès le Xe siècle l'un des saints le plus répandus en Savoie dans tous les diocèses, et devint en 1603 le patron particulier de la Maison régnante. Il arrive souvent que certaines chapelles intérieures sont dédiées à deux ou plusieurs saints; des associations de ce genre sont par exemple fréquentes en Savoie pour saint Sébastien et saint Roch, ou saint Antoine, contre la peste; et ceci pour des raisons non pas liturgiques, mais prophylactiques populaires. Mais l'association de saint Maurice et de saint Théodule n'est signalée nulle part, soit dans le catalogue de M. Burlet, soit dans les visites pastorales. C'est aussi que saint Maurice est un saint militaire, invoqué par les gens d'armes, les seigneurs, les hauts barons, ainsi que par les cités qui redoutent d'être prises d'assaut et pillées; au lieu que saint Théodule est dès les débuts, en sa qualité de pieux évêque, un saint pacifique qu'invoquent ceux qui vivent de la paix, non de la guerre, à savoir les cultivateurs et les bergers. L'attribut par excellence de saint Théodule était la cloche. « II n'est point de 1 2 : Visites pastorales, t. II, p. 79. Ibid., t. I, p. 22 et 43; t. II, p. 347. REBORD — 278 — légende plus étrange, ni de plus populaire que celle de la cloche de saint Théodule 1. Ce prélat étant à Rome, le Saint-Père lui fit présent d'une cloche. Comment traverser les monts ? Théodule, qui passait pour un thaumaturge, recourut à un singulier moyen. Il força, dit-on, le diable d'apparaître et le somma de rendre saine et sauve la cloche à Sion. Il en coûta beaucoup de sueurs au prince des légions infernales; mais la cloche devança le prélat et arriva à son but. Aucun acte du démon n'a été consacré par un aussi grand nombre de monuments que celui-là: médailles et monnaies d'or, d'argent et de cuivre, frappées à tous les âges, en perpétuent le souvenir (fig. 3). L'église de Saint-Théodule, à Sion, offre de curieuses sculptures, représentant quatre épisodes du voyage pendant lequel l'esprit subtil, asservi à la puissance épiscopale, dut lui servir de portefaix. La cloche de saint Théodule n'est point un mythe. Après avoir longtemps séjourné au clocher de l'église de Sion, elle se fendit. Les fragments en furent conservés comme reliques. Pas une cloche ne se fondait dans tout le diocèse sans qu'un petit morceau de la cloche sainte ne fût jeté au creuset pour infuser à la nouvelle quelques-unes de ses vertus. En 1491, l'église Saint-Etienne, à Moudon, en reçut une particule avec solennité. Quelques autres églises vaudoises et fribourgeoises furent également favorisées par le chapitre sédunien, qui leur envoya de ces paillettes d'airain, aussi prisées alors que le serait aujourd'hui la limure des chaînes de saint Pierre 2. » Des documents publiés par feu Gonthier 3, il ressort qu'au XVIIe siècle, dans le diocèse de Genevois, du métal de la cloche de saint Théodule passait pour préserver de la foudre. Quand Raverat nous dit que saint Théodule était le protecteur attitré des bergers sur les flancs du Buet, il ne rend l'idée primitive que très atténuée; en fait, ce ne sont pas les bergers quittaient protégés, mais bien les pâturages qui se trouvaient dans le rayon d'accès des sons de la cloche de la petite chapelle de saint Théodule. Cet aspect du culte rendu à saint Théodule en Savoie fournit la clef cherchée. Si, en effet, il avait été simplement un protecteur des bergers, on aurait dû constater une répartition géographique identique à celle des pâturages, exception 1 On a déjà dit ci-dessus qu'il y a eu confusion populaire entre deux évêques du nom de Théodore-Théodule. 2 BLAVIGNAC : La Cloche, Paris, 1877, p. 235-236. 3 GONTHIER : Œuvres historiques, t. I, p. 418, 495 (d'après Burlet, Culte de Dieu, p. 249.). 4 DE PALEZIEUX DU PAN , Numismatique de l’évêché de Sion, Rev. suisse de Num., t. XIV, 1908, p. 302, n° 80. — 279 — faite des régions qui possédaient déjà un protecteur attitré des troupeaux comme saint Antoine, saint Guérin, saint Grat, etc. Or, il n'en est rien. Le culte s'est répandu non pas seulement dans les régions à pâturages, mais aussi dans les vallées, et même surtout dans des régions riches. Si on se reporte à une carte économique de la Savoie, en tenant compte des données telles qu'elles se présentaient aux XIIIe -XVIIIe siècles, on voit que saint Théodule a été surtout invoqué dans les régions où la grêle et la tempête peuvent abîmer, et abîment souvent, les récoltes de céréales et les vignobles d'une part; où, d'autre part, des orages violents peuvent produire des glissements de terrains et la destruction des prés, et leur dérochement par inondations. Flumet, Bonne, Cruet, Chambéry, etc., sont des localités où les orages déterminent des cataclysmes graves; les hautes vallées de l'Arve et du Giffre, l'aire ovaloïde du moyen Faucigny, la ligne Entrevernes-Saint-Pierre-d'Albigny sont des régions à grêle et à ouragans. C'est contre ces risques atmosphériques qu'on invoquait saint Théodule, en faisant sonner une cloche qui possédait un pouvoir tout spécial, identique à celui de la cloche de saint Ruph 1. J'avoue qu'aucun texte savoyard, sauf deux indications très brèves sur la cloche de saint Théodule, ne supporte cette interprétation. Je n'en vois pas de meilleure, pourtant; et je ne suis pas le premier à avoir été frappé par l'anomalie que paraît présenter l'extension en Savoie du culte de ce saint: Charles-Auguste de Sales, en racontant, de la manière charmante qu'on sait, la Vie de son oncle, cite parmi les saints qu'il « a voulu estre celebrez en son diocèse d'un service particulier, selon les vieilles ou nouvelles coustumes: en aoust, le dixseptiesme jour, sainct Theodule, confesseur pontife, qui a présidé tres-heureusement à la prochaine Eglise de Sion, avec une merveilleuse saincteté de vie, et duquel la mémoire est partout très celebre ès provinces des Allobrogies pour la multitude et fréquence de ses miracles; office demy-double 2. » Cette prescription, avec sa justification, fut introduite dans les Constitutions synodales du diocèse de Genève; on peut donc lui attribuer la fondation d'un certain nombre de sanctuaires consacrés à saint Théodule au début du XVIIe siècle, soit par des particuliers, soit par des prêtres qui tenaient à obéir aux injonctions de leur saint évêque. Mais cette influence «savante» a été relativement faible; elle n'a pu avoir d'action que parce qu'une dévotion vraiment populaire existait préalablement, basée sur de nombreux miracles dont nous ignorons la nature, mais qu'on doit supposer agraires et non pas médicaux. Ces fondations se sont continuées au cours du dix-septième siècle et pendant une partie au moins du dix-huitième, comme on peut voir en se reportant aux dates d'émergence historique données ci-dessus. Mais l'influence liturgique et épiscopale a 1 Pour la théorie générale des cloches prophylactiques, voir G. BELLUCCI : La Grandine nell’ Umbria. Perugia, 1903. 2 Charles-Auguste de SALES : Histoire, etc. Paris, Vives, 1870, t. I, p. 374 et 375. — 280 — certainement cessé très tôt: déjà dans l'édition publiée en 1668 par Mgr. d'Arenthon d'Alex des Constitutions synodales de saint François de Sales, on trouve au mois d'août la fête de saint Théodule comme une « feste de dévotion », non plus comme une « feste de commandement 1. » II faut ajouter que la Saint-Roch, dont la fête tombe également le 16 août, est dans ce texte située aussi au rang des simples fêtes de dévotion, alors qu'aux XVe et XVIe siècles c'était une fête de commandement, à cause de la peste. A ce propos, on remarquera que malgré la coïncidence des dates, il n'y a pas eu confusion ni convergence entre le culte des deux saints. Nulle part des oratoires ou des chapelles intérieures n'ont été normalement partagés entre eux comme entre les saints Fabien et Sébastien ; et, pour autant que j'aie pu me renseigner, nulle part l'un des rituels n'a réagi sur l'autre. Les attributions des deux saints étaient vraiment trop différentes; il ne paraît même pas que saint Théodule ait été invoqué contre les épidémies des bestiaux. D'ailleurs, l'association de saint Théodule avec la Vierge ou avec un autre saint au XVIIe siècle dans une même chapelle ou à un même autel ne doit pas être regardée comme une combinaison de cultes populaires: elle est due simplement à des règlements d'ordre intérieur, si, je puis dire, surtout financiers. En lisant les procès-verbaux des visites pastorales, et surtout de celles de saint François de Sales, on constate qu'en bons administrateurs, les évêques ont uni les fondations pieuses dont chacune isolément était devenue insuffisante. Et si, comme cela arrive souvent au début du XVIIe siècle pour des saints anciens, ou dont le rôle commençait à diminuer (sainte Madeleine des lépreux, saint Antoine du feu des ardents, etc.), les revenus affectés au culte par des donateurs morts dès longtemps ou dont les héritiers avaient disparu ou s'étaient appauvris, tombaient à zéro, le visiteur donnait un délai de restauration, après lequel la chapelle était « rasée » et le culte spécial aboli. Cette règle générale s'est un peu moins appliquée à saint Théodule qu'à d'autres saints, précisément parce que saint François de Sales désirait que son culte fût maintenu. A Mégevette et à Passy, il ordonne, en 1606, de « repaindre son image »2, 1 2 Constitutions synodales. Annecy, Jacques Clerc, 1668, p. 61. Cf. REBORD : Visites pastorales, t. II, p. 417, 488. — 281 — à Flumet, la même année, lors de la consécration par lui-même de la nouvelle église, il réglemente son culte 1. Mais dans de nombreux cas, il n'y avait plus rien à faire et le procès-verbal se contente d'enregistrer le transfert du culte de saint Théodule à la chapelle ou à l'autel consacrés à un autre saint: saint Grat à Aillon et à SainteReine, en 1606; saint Roch à Veyrier, en 1606 et à la collégiale d'Annecy, en 1610; saint Claude à Mégève, en 1606; saint François d'Assise à Mieussy, en 1606; saint Pierre au Petit-Bornand, en 1607; saint Blaise à la chapelle d'Abondance, en 1606 2. Bien mieux, le processus a même été appliqué à des saints plus récents. C'est ainsi qu'à Arenthon, qui a pour patron saint Théodule, existe dans l'église, selon M. l'abbé Lyonnaz, curé d'Arenthon, à qui je dois ces renseignements, « un reliquaire qui renferme des reliques de saint Théodule, de saint Sébastien et de saint François de Sales ; le reliquaire est surmonté de trois bustes représentant les trois saints susnommés. Le jour de la fête patronale, le 18 août (au lieu du 16) ce reliquaire est exposé à la vénération des fidèles. D'après la tradition dans la paroisse, saint Théodule est invoqué pour guérir le flux de sang ». M. Lyonnaz n'a pas trouvé de documents sur la date à laquelle saint Théodule est devenu patron d'Arenthon 3. On voit qu'à deux saints anciens a été annexé un saint du dix-septième siècle; mais comme ce saint est fêté le 29 janvier et que la fête de saint Sébastien, protecteur contre la peste, tombe depuis un temps immémorial au 20 janvier, on ne saurait attribuer à cette concentration le changement de date. Le mécanisme de concentration a également agi sur les chapelles « hors l'église » et sur les petits oratoires que la dévotion populaire tendait à délaisser. C'est ainsi que la chapelle de saint Théodule située sur le territoire de la paroisse de Samoens au lieu dit du Crest de Guibert fut abandonnée vers la fin du XVIe siècle et le culte de saint Théodule uni au maître-autel de l'église paroissiale avant 1606 4. De même s'expliquerait peut-être cette anomalie de saint Théodule co-patron avec Notre-Dame des paroisses de Thyez en 1606 et de Villy-le-Peloux en 1610 5 . On voit aussi à la Motte-en-Bauges le culte de notre saint transféré à l'autel de l'Annonciation de la Vierge en 1606 6; on peut supposer que cette annexion était destinée à satisfaire partiellement aux réclamations des hameaux. Ce furent là les premiers symptômes d'un processus d'effacement du culte d'un saint qui a eu dans certaines régions de la Savoie pendant le moyen âge une grande renommée, mais qui est de nos jours entièrement sorti de l'usage et de la mémoire 1 Ibid., p. 297. Ibid., p. 11, 602, 732, 28, 414, 428, 496, 8. Ce sont des dates extrêmes; l'union a pu se faire plusieurs années auparavant. 3 Le saint est représenté à l'église sur un vitrail moderne exécuté par la maison Bessac, de Grenoble, et par une statue de terre cuite qui n'a rien de particulier (Lyonnaz). 2 4 5 6 REBORD : Visites pastorales, t. II, p. 612. Ibid., p. 668 et 750. Ibid., p. 449 — 282 — populaires. Sur plus de quatre cents communes touchées par mes Questionnaires ou mes enquêtes directes et indirectes, fort peu fournissent sur le culte de saint Théodule des renseignements contemporains, alors que pour saint Antoine, par exemple, la masse des matériaux recueillis est considérable. M. l'abbé Adolphe Buclin, curé de Lathuile, dont Entrevernes dépendait avant 1717, m'écrit qu'il n'existe dans son église ni reliques de saint Théodule, ni ex-votos en son honneur; M. l'abbé Pollier, curé d'Entrevernes, dit aussi que le tableau et les reliques signalés par l'inventaire de 1717 (date de la séparation de Lathuile et d'Entrevernes et de l'érection de cette dernière localité en paroisse) ont disparu1; «les vieux de la paroisse ne savent rien de cette dévotion ancienne dans leur village ». Les curés de Mieussy, de Scionzier et d'Etaux n'ont pu fournir aucun renseignement sur le culte de saint Théodule ; rien non plus pour Bogève, d'autant plus que tous les vieux documents de la cure ont été incendiés par la foudre. A Bernex aussi, le culte semble complètement disparu, au témoignage de M. l'abbé Sermet, curé de cette paroisse: « Pendant longtemps il y a eu à Bernex, au sommet du col qui conduit en Suisse et à Novel, à deux bonnes lieues du chef-lieu, une chapelle dédiée à saint Théodule, apparemment construite par les soins des barons de Blonay, propriétaires de toutes les montagnes sises au pied de la Dent d'Oche. En temps de sécheresse, les pâtres et paysans s'y rendaient en pèlerinage et mes vieillards racontent qu'entre 1840 et 1850, lors d'une dernière procession, les prières de la paroisse avaient été si vite et si bien exaucées qu'après de longs jours d'une chaleur torride et sans eau, alors qu'aucun nuage ne paraissait encore à l'horizon, une pluie torrentielle s'abattit sur les pèlerins avant qu'ils n'eussent atteint le pied de la montagne ; et le porteur de gonfalon dut recourir à toute son énergie pour empêcher la rupture des rangs qu'il put maintenir jusqu'à l'église. « Blonay a passé et ses montagnes appartiennent à une société qui englobe toute la commune. Mais la chapelle est tombée de vétusté; j'en ai constaté les rares débris (quelques pierres de taille, une pièce de bois vermoulu) au milieu d'un petit pierrier. Mon prédécesseur avait pensé la restaurer. Entre 1880 et 1890, il y fit monter du sable dans les tabliers des jeunes filles et de la chaux sur les épaules des jeunes gens... Pourquoi le projet échoua-t-il, je l'ignore. Et je ne pense pas que jamais il revienne sur l'eau. » II en est de même de la chapelle du Buet, que des amis ont vainement cherchée aux environs de la Pierre à Bérard pendant l'été de 1924, et sans doute de la grande majorité des autres chapelles consacrées jadis à saint Théodule. Pourtant mon enquête est loin d'être complète; et je serais heureux de recevoir des renseignements nouveaux, même négatifs. Tout, dans une enquête systématique comme celle-ci peut être utile; le moindre petit fait peut mettre sur la voie d'une explication. 1 Voir ci-dessus, p. 275, note 2. — 283 — C'est ainsi qu'un passage de la lettre de M. l'abbé Sermet prouve qu'au cours des siècles les attributions de saint Théodule se sont compliquées. Au début, comme en témoigne la légende de la cloche, le saint est uniquement invoqué contre les orages, la foudre et la grêle, donc aussi contre les pluies persistantes. Mais c'est une règle générale, dans le rituel populaire météorologique, qu'on peut invoquer un même saint pour deux phénomènes contraires. J'ai étudié ailleurs1 les rites de pluie et de sécheresse en Savoie et l'activité dans ces deux sens opposés a été notée pour saint Concord à Lémenc, N.-D. de Bonne Nouvelle à Villargondran, N.-D. de Briançon en Tarentaise, sainte Anne aux Aravis, N.-D. de Compassion à Belleville en Tarentaise; il convient donc d'adjoindre à cette liste saint Théodule, au moins à Bernex. Il se pourrait que ce soit à cette catégorie spéciale de « miracles » que faisait allusion saint François de Sales et non pas seulement à la protection contre la grêle. Pour évaluer scientifiquement l'extension du culte de saint Théodule en Savoie, il faudrait, à la carte ici reproduite, comparer celles de l'extension des cultes de sainte Agathe et de sainte Barbe, et même des cierges de la Chandeleur, qui tous ont des rapports directs avec le mécanisme de protection contre la foudre et l'orage. La répartition géographique du culte de sainte Agathe a été étudiée précédemment: on a discerné en Savoie deux noyaux principaux, celui de Queige dans la vallée de Beaufort et celai de Rumilly. Or saint Théodule n'apparaît dans aucune des régions dévolues à sainte Agathe et réciproquement. L'existence de reliques de ces deux saints, et d'un grand nombre d'autres, à Chambéry et à Saint-Maurice-d'Annecy n'entre naturellement pas en ligne de compte : c'étaient des capitales où il était naturel de centraliser les divers cultes ruraux. 1 Notes comparatives de Folklore savoyard. Chambéry, Dardel, 1921, p. 18-23. — 284 — Mon enquête sur sainte Barbe n'est pas terminée. Les documents d'archives ne conduisent pas au-delà de 1458 (Granier en Tarentaise) et 1459 (église des Dominicains à Chambéry) ; l'inscription des chapelles à sainte Barbe se fait au XVIe siècle pour huit paroisses sur douze dans le diocèse de Genevois; au XVIIIe pour dix sur treize en Tarentaise ; pour six sur sept en Maurienne. Sous bénéfice des remarques préliminaires, le culte de sainte Barbe en Savoie semble donc beaucoup plus récent que celui de saint Théodule. Pourtant, le culte de sainte Barbe est l'un des plus anciens et des plus répandus de l'Europe. L'hypothèse se présente que la sainte a pu remplacer, comme protectrice contre la foudre, le saint valaisan; mais comme la coïncidence ne porte que sur les paroisses de Gémilly, Mégève et Passy, et que d'ailleurs les deux saints ne se rencontrent pas associés dans une même église (comme c'est souvent le cas par exemple pour saint Sébastien et saint Roch, tous deux invoqués contre la peste), on ne signale ici cette hypothèse que comme une pierre d'attente. Le remplacement des personnages aurait d'ailleurs exigé un remplacement de dates: saint Théodule se fête le 16 août, en plein été et semble surtout, par suite, être le protecteur des moissons à faire ou des gerbes, des meules et des granges, selon le climat et l'altitude. Par contre, sainte Agathe tombe au 5 février, soit à la fin de l'hiver; et sainte Barbe au 4 décembre, soit au commencement de cette saison. Si sainte Agathe et sainte Barbe sont invoquées contre les incendies (y compris ceux que détermine la foudre), c'est uniquement à cause d'un thème particulier de leur légende: le voile de la sainte à Catane pour la première et la mort de son père, foudroyé par le feu du ciel, pour la seconde. Leur culte spécial a donc une origine littéraire. Par contre, il n'y a dans le culte de saint Théodule d'autre élément légendaire que le motif de la cloche, qui n'a servi qu'à justifier une croyance populaire antérieure dans la force magique directe du son des cloches contre les nuages de foudre et de grêle. Isolée semble la pratique en usage à Arenthon d'invoquer saint Théodule contre le flux de sang. Il se pourrait que pour comprendre le culte de saint Théodule en Savoie, on doive plutôt étudier parallèlement les autres protecteurs invoqués au mois d'août. Cette comparaison nous entraînerait ici trop loin; il suffit de signaler que de grands pèlerinages avaient lieu en Savoie le 5 août à N.-D. de Vie et à N.-D. des Neiges; le 15 août, jour de l'Assomption, à N.-D. de Grâce (ou de Confort), ainsi qu'à de nombreuses Notre-Dames locales. Ce qu'on demandait surtout, c'était la préservation des récoltes, donc aussi une garantie contre la foudre et l'incendie. Il se peut qu'il y ait eu contamination du 15 au 16 août, fête de saint Théodule, problème spécial qui sera étudié à propos des cultes locaux en Savoie de la Sainte Vierge. — 285 — NOTE ADDITIONNELLE On a rappelé ci-dessus que l'évêque d'Octodurus a « découvert » le corps de saint Maurice et de ses compagnons et fondé leur culte. Les recherches récentes de M. de Manteyer sur les origines orientales des saints de la région des Alpes françaises1 ont résolu le problème si discuté de celles du culte de saint Maurice et de la Légion dite thébaine ou thébéenne. Comme ce culte intéresse à la fois la Suisse et la Savoie, il importe de signaler ici, à propos de saint Théodore, le résultat des recherches de M. de Manteyer. Un premier fait qui se dégage est que seule la ville de Lyon a possédé des martyrs en nombre suffisant pour n'avoir pas besoin d'en chercher ailleurs; toutes les autres cités des Alpes, Marseille, Toulon, Arles, Avignon, Gap, Grenoble, etc., en étaient démunies et se sont procuré des martyrs en Afrique, en Egypte, en Asie Mineure soit directement (d'où les légendes de débarquement miraculeux sur les rives de la Méditerranée), soit indirectement par Rome, qui elle-même en avait fait venir pour, par ce procédé d'emprunt, augmenter sa propre sainteté et constituer, si l'on peut dire, un stock d'exportation de reliques. Ce fait général était connu: mais ce qu'il y a de nouveau dans le mémoire de M. de Manteyer, c'est l'analyse du mécanisme et la possibilité qu'il a découverte dans les martyrologes et autres catalogues des premiers siècles du christianisme, de dater la plupart des emprunts alpestres avec une grande sûreté. Or, Rome et Lyon étant les seuls centres assez riches en martyrs pour jouir d'un prestige universel, d'autres villes éprouvèrent le désir de devenir des centres du même ordre à leur tour. En vertu de cette tendance, saint Ambroise, en attendant qu'il devînt un grand saint à son tour, « découvrit » en 386 à Milan les martyrs Protais et Gervais, auxquels fut adjoint Celse; cet exemple est suivi par Théodore d'Octodurum qui « découvre » six corps qu'il transforme en martyrs militaires; Eusèbe, évêque de Bologne, trouve aussi des martyrs surgis du sol. Vers la fin du IVe siècle, les églises des Gaules manquaient toutes de martyrs; elles s'en procurèrent soit par le procédé direct indiqué à l'instant, soit, comme j'ai dit, par des importations: Jean Cassien revenant de Palestine ou d'Egypte apporte saint Victor à Marseille; saint Honorat revenant d'Italie amène saint Magne de Cappadoce, saint Basile de Bologne, saint Pancrace, prétendu évêque en Sicile, saint Tropez martyrisé à Pise. Et Rome fait cadeau à Arles, par mesure politique, d'un martyr Trophime qui n'est qu'une mauvaise lecture d'un martyr Serapion, et d'un martyr Respice, qui est la déformation graphique du martyr Orfasius. 1 G. DE MANTEYER : « Les origines chrétiennes de la IIe Narbonnaise, des Alpes Maritimes et de la Viennoise», Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, t. 43. Gap, 1924. Pour Saint Maurice, cf. p. 121-126. — 286 — De même, l'évêque Théodore a fabriqué de toutes pièces à Octodurus un centre, ensuite transféré à Sion, de culte des martyrs; mais il l'a fait avec envergure, puisqu'il en a « découvert » six d'un coup. Ce sont Maurice, Exupère, Candide, Victor, Innocent et Vital. En se reportant aux catalogues des martyrs, on constate qu'aucun des cinq compagnons de Maurice ne s'y trouve. M. de Manteyer a donné la liste des martyrs d'Apamée, de Nicopolis, etc., et dressé un tableau de tous les passages consacrés aux 10 et 11 juillet, au 2 et au 14 février, qui comprennent le nom de Maurice; il est arrivé ainsi à restituer un Candelus qui est le point de départ du Candide d'Agaune et mieux que cela, à découvrir dans le martyrologe hiéronymien, au 14 février, les autres compagnons de Maurice; mais dans les graphies des trois manuscrits (d'Epternach, de Berne et de Wissembourg), il y a de telles déformations, et même, si l'on ose dire, de tels coqs-à-1'âne, que l'identification eût été impossible si l'on n'avait eu que l'un ou l'autre de ces manuscrits. Je renvoie aux textes donnés in extenso par M. de Manteyer. Le résultat des comparaisons donne : Victor vient d'une déformation de lector, accolée au prototype de Maurice, dont je reparlerai ; Candidus est l'arrangement d'un martyr KandidosCandelus qui était le chef de file d'une série indiquée dans le Syriaque au 12 février; un certain Agathon avait la qualité d'exorciste ; orciste est tombé et ex. a donné exercitus d'une part (d'où saints militaires) et Exuperius de l'autre; Innocent est identique à Vincent d'Interamnées sur la voie flaminienne (basilique dédiée dès le IVe siècle); Vital est celui de Spolète; c'était un soldat; il est indiqué comme martyr à Alexandrie en compagnie de 44 ou de 84 compagnons, qui sont devenus mille quatre-vingt-quatre par abréviation de mil(ites). Ainsi la « légion » se fait par erreurs de graphies accumulées et le caractère militaire est transposé de l'exorciste Agathon et du soldat Vital à tout le groupe dit d'Agaune. Le plus curieux est que le chef même de la Légion, Maurice, n'était même pas soldat et ne faisait pas partie du groupe des martyrs militaires d'Alexandrie. Les manuscrits cités donnent la série Moyseos, Mosyeos, Morseios; et quand tout le groupe du 14 février fut transposé au 10-11 juillet, la graphie devint Maurici(us) Ce nom est partout accompagné de l'épithète de lector; ce Moïse, devenu Maurice, était lecteur (de l'Evangile) à Alexandrie; on a en fait le chef des soldats martyrs probablement sur l'erreur de lecture victor, ensuite personnifiée en saint Victor. Telles sont les conséquences d'une rigoureuse comparaison des textes. Mais il reste pourtant un problème: en relisant, grâce à M. de Manteyer, ces listes de martyrs dans les trois manuscrits, je constate la coexistence d'un grand nombre d'autres martyrs qui auraient, à ce qu'il semble, aussi bien fait l'affaire de Théodore, par exemple toute la série: In Alexandria Natl. scorum Basiani. Tonion. Moyseos. Bassion. Dionisius et Arimonius. Arphasi. — 287 — Cette série se trouve dans le manuscrit de Wissembourg; dans celui d'Epternach, Morsieos est accolé à Basianos et à Cyrion prêtre; dans celui de Berne, à Cyrion prêtre, Bassion et Agathon exorciste. Comment se fait-il que l'évêque Théodore n'ait pas tranquillement pris la série complète, plutôt que de choisir ses martyrs de droite et de gauche ? C'est, dira-t-on, que la liste qu'il utilisait, ou qu'il avait apprise par cœur, ou qu'on lui avait communiquée à Rome ou ailleurs, comportait une autre série que celle des manuscrits que nous possédons. Sans doute, il a dû y avoir quelque raison de cet ordre, sinon d'un ordre tout différent: si on se reporte aux leçons du 10 et du 11 juillet, où le nom Mauricius est bien net, les collègues du martyr sont différents encore des cinq compagnons d'Agaune; il y a notamment un Théodore ou Theodole (ms. de Berne) qui aurait dû, à ce qu'il semble, inspirer à l'évêque du même nom la série Léonce, Mellitus, Anicet, Gorgonius, Jason, etc. C'est peut-être ce rapprochement qui donne la clef du problème : nous ne possédons pas, naturellement, tous les catalogues de martyrs qui ont circulé au temps de Théodore d'Octodurus: il se pourrait qu'il ait emprunté ses six saints à une série où se trouvait inscrit aussi le martyr dont il portait lui-même le nom. Je soumets cette hypothèse à M. de Manteyer, à défaut de mieux; car elle ne résout pas absolument le problème de la juxtaposition bizarre des six martyrs d'Agaune. TROIS TAPISSERIES DE BRUXELLES W. DEONNA. héritiers de Mme Prévost de La Rive ont généreusement fait don au Musée de trois tapisseries du XVIe siècle, à personnages, formant suite1 (fig. 1-3). La marque B. B., tissée à l'angle droit inférieur (Nos 11459, 11461) de deux d'entre elles, atteste qu'elles sortent des ateliers de Bruxelles2. La marque habituelle de Bruxelles depuis 15283 comporte entre les deux B un blason de gueules, qui fait défaut ici. Cette absence prouve que ces tapisseries sont antérieures à cette date. D'autre part, remarque M. F. Donnet, si les sujets présentent bien les caractères de la Renaissance, divers parties, les premiers plans, notamment le terrain semé de fleurs, rappellent encore l'art du XVe siècle. On pourrait donc croire que ces pièces ont été fabriquées à Bruxelles au début du XVIe siècle, vers 15254. ES * * * Si leur valeur artistique n'est que secondaire, du moins les sujets présentent quelque intérêt. Les grandes compositions illustrent-elles la légende de la reine de Saba et de Salomon, sujet fréquent au moyen âge, qui a une grande vogue à cette époque encore ? 5 On pourrait reconnaître : 1 OS 11459-11461. Les bordures et les motifs sont en effet semblables. Sur les tapisseries de Bruxelles: WAUTERS, «Les tapisseries de Bruxelles et leurs marques », L'Art, 1881-2; id., «Les tapisseries bruxelloises», 1878; DONNET , «Les tapisseries de Bruxelles, Enghien et Audenarde», Annales de la Société d'arch.deBruxelles, 1894; DESTREE, «Tapisseries et sculptures bruxelloises»; MIGEON , « Les Arts du tissu », 1909, p. 221 sq. 3 MIGEON, op. l., p. 242. 4 MM. J. Marquet de Vasselot, G. Migeon, conservateurs au Musée du Louvre, F. Donnet, secrétaire de la Société royale d'archéologie de Belgique, ont bien voulu répondre à mes demandes de renseignements concernant ces tapisseries; je les remercie de leur grande obligeance. 5 Sur la légende de la reine de Saba, FRAZER, Folklore in the Old Testament, II, 1919, p. 564 sq., Solomon and the Queen of Sheba; HALEVY , « La légende de la reine de Saba », Annuaire de l'Ecole pratique de Hautes Etudes, 1905; LITTMANN , « The legend of the Queen of Sheba in the tradition of Axum », 1904; DERAMEY,« La légende de la reine de Saba »,Rev. hist. rel., 1894, XXIX, p. 296 sq. 2 N — 289 — 1. N° 11461. La reine de Saba recevant les ambassadeurs de Salomon. — 2. N° 11460. Le voyage de la reine de Saba. — 3. N° 11459. La reine offrant des présents à Salomon. C'est l'opinion de M. Marquet de Vasselot et de M. Migeon. Toutefois M. F. Donnet, après avoir hésité, ne croit pas pouvoir s'y rallier. « Comme vous, nous écrit-il, à première vue, j'avais également songé à l'histoire de Salomon ou même à Esther devant Assuérus. Mais les autres scènes ne permettent pas d'adopter cette identification. Esther n'offre pas de présents au roi. Et que signifie le geste de la femme agenouillée qui ne porte du reste pas de couronne royale et qui semble présenter au roi sa ceinture déliée ?1 Serait-ce un signe de mise à la disposition complète ? On dirait plutôt qu'il s'agit d'un butin de guerre qui est présenté au roi par le personnage qui se trouve à sa droite. Puis la seconde scène. La reine sur son trône, avec ses deux jeunes fils (?), à laquelle deux personnages sont présentés par une femme, lui rendant hommage ou sollicitant une grâce. Enfin, la troisième scène, la reine passant à cheval ; à ses côtés, une femme à cheval, ses fils la suivent également à cheval, tandis qu'un licteur semble lui faire du doigt un signe 1 Sans doute un diadème parmi d'autres présents. 19 — 290 — d'appel. Et dans le fond, au centre d'un camp, le roi assis à côté d'une table, derrière laquelle se trouve un personnage qui compte ou encaisse de l'argent. J'oubliais de signaler dans le fond de la tenture de la reine le supplice d'un homme qu'on décapite. Comment amalgamer tous ces incidents ? J'ai beau réfléchir, je ne parviens pas à reconstituer l'histoire ou la légende qu'ils reproduisent. « Un moment j'ai cru y voir des scènes de la légende du roi Modus et de la reine Ratio. Il existe au palais d'Arenberg une tapisserie composée de trois scènes: le roi sur son trône, la reine sur son trône et le cortège des deux souverains à cheval. A première vue, il y avait des analogies curieuses. Mais, sur notre tapisserie, les personnages à cheval sont deux femmes et, du reste, aucun détail cynégétique ne permet de reconstituer les scènes de chasse dans lesquelles figurent Modus et Ratio. Il fallut donc abandonner cette trace. « Dans son Histoire de la tapisserie bruxelloise, Wauters cite énormément de tentures, mais ce ne sont que des titres de sujets représentés, et rarement des descriptions. Moi-même, dans mes ouvrages sur la tapisserie, j'ai analysé et reproduit quantité de documents, mais encore une fois ceux-ci ne donnent que l'indication du sujet. Si l'on parcourt la liste de ces sujets et si l'on songe aux épisodes connus qu'ils représentent, on ne parvient pas à adapter un seul de ces sujets aux scènes représentées sur vos tapisseries. Je possède dans ma bibliothèque particulière une collection importante de livres, de brochures , de photographies, traitant ou représentant des tapisseries. Je les ai tous consultés et j'ai parcouru les catalogues des Musées. Nulle part trace de renseignements pouvant m'éclairer. « Je dois finir par avouer mon insuccès. C'est la première fois que pareille mésaventure m'arrive... En présence de mon impuissance, j'ai voulu faire appel aux lumières de mes collègues de l'Académie royale d'archéologie. J'ai soumis vos photographies aux membres présents. Plusieurs de ceux-ci étaient bien au courant de l'histoire de la tapisserie dans nos provinces. Malheureusement, pas un seul n'a pu me fournir un renseignement utile. Ils ne parvinrent pas à identifier le sujet. » * * * La guirlande des bordures l renferme 8 cartouches (le cartouche central du haut et du bas est soutenu par deux Amours). On y voit des animaux illustrant les curieuses croyances zoologiques 2 que le moyen âge a héritées de l'antiquité, que décrivent les nombreux bestiaires3, et qui se sont perpétuées bien plus tard encore, jusque dans les croyances populaires actuelles. 1 2 3 La bordure du N° 11460 est incomplète et la marque B. B. a par suite disparu. CARUS , Geschichte der Zoologie bis auf J. Muller und Charles Darwin, Munich, 1872. FRANKLIN, « La vie privée d'autrefois », 1897, p. 14 sq., référ. ; LANGLOIS, « La connaissance de la nature et du monde au moyen âge », 1911, p. 393 sq., référ. On sait la grande influence exercée par les Bestiaires sur l'art du moyen-âge, MALE, « L'art religieux du XIIIe siècle en France », 3me éd., 1910, p. 50 sq. — 291 — 1. Un éléphant, à ses pieds une souris ou un rat. Légende: Natura repugnat. L'éléphant, croit-on dès Pline, ne craint que deux animaux, le dragon et la souris1, et, comme le dit la légende, sa nature y répugne. FIG. 2. — 11460. Tapisserie de Bruxelles. 2. Un lion, marchant à droite d'un air craintif, et se détournant d'un coq perché sur un rocher. Légende: Dum timeor timeo: tout en étant craint, je crains moimême. En effet, si malgré sa lourde masse l'éléphant est mis en fuite par une petite souris, le lion, malgré sa bravoure, a peur du feu et du coq, spécialement du coq 1 PLINE, Hist. Nat., VIII, X, 2; FRANKLIN, p. 4, 103; «Les admirables secrets d'Albert le Grand», éd. 1891,12, p. 390, p. 413, N° 61 ; LANGLOIS.P. 84. Sur cette croyance et son illustration antique, cf. mon mémoire « L'ibis, le rat et l'éléphant », Rev. des ét. anciennes, pour paraître. — 292 — blanc 1. Cette croyance ne repose pas, comme le dit Langlois, sur une ancienne bévue: elle remonte à l'antiquité2 , et dérive de notions qui mettent en relation le coq, surtout blanc 3, animal solaire, avec le lion, symbole du feu 4. Le coq hardy, chaut, et luxurieux, Est du Lyon grandement redoubté 5. Le lion, dit Aneau : Du soleil tient, et feu élémentaire, Donc craint le coq, aussi la flamme claire 6. 3. Guenon courant à gauche, en tenant deux petits, l'un dans ses bras, l'autre sur son dos. Légende : Presentia cordi. La guenon porte deux petits, dont elle adore l'un au détriment de l'autre. Quand on lui donne la chasse, elle prend son chéri dans ses bras, jette le second sur son épaule et s'enfuit. Mais, si elle se sent en danger, elle ouvre les bras, abandonne celui qu'elle tenait, tandis que l'autre reste si bien cramponné qu'elle ne peut s'en défaire 7 . Cette croyance remonte aussi à l'antiquité 8. 4. Grue perchée sur une patte, tenant dans l'autre une pierre. Légende : Ut quiescat aly (ut quiescant alii), pour que les autres se reposent. « Pendant la nuit, dit Pline, les grues posent des sentinelles qui tiennent un caillou dans la patte; si la sentinelle s'endort, le caillou tombe et trahit sa négligence ; les autres dorment la 1 FRANKLIN , p. 5, 107; «Les admirables secrets d'Albert le Grand», éd. Lyon, 1752, p. 128; LANGLOIS , p. 380, 34; MAURY , « Essai sur les légendes pieuses du moyen âge », p. 158, note 5. 2 PLINE , H. N., VIII, chap. XIX, le lion est effrayé par une roue, un char vide, la crête du coq, plus encore par son chant et surtout par le feu; LUCRECE , « De Nat. Deor.», ch. 4. 3 Le coq blanc joue un grand rôle dans les croyances antiques. On se rappelle la règle de Pythagore, « ne pas toucher un coq blanc »; la superstition moderne l'a conservé, comme aussi la poule blanche: SEBILLOT , Folklore de France, III, p. 245 (coq), p. 240 (poule), etc.; WEINREICH , Antike Heilungswunder, p. 67, etc. 4 L'association du coq et du lion remonte à l'iconologie babylonienne. CLERMONT - GANNEAU , Journal asiatique, I, 1883, p. 159. 5 Guillaume GUEROULT , «Second livre de la description des animaux, contenant le blason des Oyseaux», Lyon, 1550, «Le Coq». 6 Barthélémy ANEAU , « Décades de la description, forme et vertu naturelle des animaulx, tant raisonnables que brutz », Lyon, 1549, « Le Lyon ». 7 FRANKLIN, p. 137 ; «Les admirables secrets d'Albert le Grand», éd. 1891,12, p. 427 ; LANGLOIS, p. 389, 92, 41. 8 P LI N E , H. N., VIII, ch. LXXX, mentionne l'amour maternel des guenons pour leurs petits, qu'elles étouffent parfois en les embrassant. Ses petits aime, et embrassant leurs flancs, Les serre, et tue, leur pensant bien faire. Trop grand amour fait perdre les enfants. ANEAU, op. l., « Le singe ». — 293 — tête cachée sous l'aile et se tenant tantôt sur un pied, tantôt sur l'autre1 .» C'est ce que répètent encore les Bestiaires du moyen âge 2. Et quand par l'aer (lassées) se reposent Troys font le guet: et jamais dormir n'osent. Ainsi en un pied haut eslevé sur terre Chascune tient une petite pierre, Laquelle (alors qu'elle veut sommeiller) Tombe, fait bruict, et la vient réveiller. O preux souldarts que cecy soit noté: Guet vigilant tient le camp en seurté 3 . De là sans doute l'expression « faire le pied de grue » 4. 5. Au-dessus de montagnes une cigogne vole, en portant sur son dos une autre; le bec tourné en arrière, elle tend à cette dernière un serpent. Légende : Patras in Patrem. L'inimitié de la cigogne pour le serpent est connue5, et le moyen âge a hérité cette croyance de l'antiquité, D'autre part, la cigogne est célèbre par sa fidélité conjugale 6 et par son amour filial, car les petits soignent leurs parents devenus vieux, s'arrachant leurs plumes, les étendant sur leurs pères et mères et les couvant 7 . Cet amour filial est déjà célébré par les écrivains antiques, et Aristophane8, Pline, Artémidore, racontent que les jeunes cigognes nourrissent leurs parents devenus vieux9. Mais elles font plus encore; pour ne pas les laisser seuls, elles les portent sur leur dos. C'est ce que montre notre motif, et ce que racontent les anciens auteurs français, auprès desquels cette légende est courante aux XIV-XVIe siècles. La cigongne a telle pitié De son père et mère en vieillesse Qu'elle les nourrit par amitié Au nid et jamais ne les laisse. 1 PLINE , H. N., X, 30. FRANKLIN , p. 162 ; «Les admirables secrets d'Albert le 3 Guillaume GUEROULT , «Second livre de la description des 2 Grand», éd. 1891, 12, p. 490. animaux contenant le blason des oyseaux», Lyon, 1550, « La grue ». 4 ROLLAND , «Faune populaire de la France», 2, p. 368, 370. 5 LANGLOIS , p. 376. 6 FRANKLIN , p. 150. 7 Ibid., p. 150. Même croyance pour la huppe, p. 164. Au contraire, quand les petits du pélican sont devenus grands, ils frappent leurs parents à coups de bec, p. 170. 8 9 Les oiseaux. PLINE , H. N., X, ch. XXXII; songes», 1921, p. 133. ARTÉMIDORE , «Oneirocriticon», cf. trad. VIDAL , «La clef des — 294 — En l'air les porte doucement, Et nourrit sans estre estrangée Ses petits délicatement De la viande qu'a mangée. dit Aneau 1. Selon Guéroult : La cigogne ha bonté tant admirable Et de douceur est tellement ornée, Qu'elle en reçoit louenge incomparable, Qui ne sera par siècles terminée. El' ne se void qu'aux plus chaut de l'année Et lors à ceux dont el’ ha pris son estre, Fait sa pitié grandement apparoistre: Les nourrissant en leur foiblesse vieillesse. Tant les chérist que jamais ne les laisse. Ains parmy l’air les porte doucement. Mais ses petits nourrist plus cherement: Leur vomissant sa viande mangée 2. Sébillot signale une gravure d'un livre ascétique représentant: Une cigogne qui porte Sur ses ailes son vieux père3. On attribue aussi à la huppe4 et au loir5 la piété filiale de la cigogne, et ces croyances persistent dans les traditions populaires modernes. La légende Patras in Patrem y fait allusion. Patrare signifie souvent exécuter, accomplir; ce verbe désigne aussi l'acte de procréation. « Huic emendandae glossae Isidori: Patravit, patrem fecit. Leg. patrem egit; quod jam monuerat Graevius. Onomast.: Patro, παιδοποιώ», dit Ducange6. On peut donc traduire: Tu agis comme un père envers ton père. 1 ANEAU, «Décade de la description, forme et vertu naturelle des animaux, tant raisonnables que brutz», Lyon, 1549, n. 8. Cf. ROLLAND, « La faune populaire de la France », III, p. 379; SEBILLOT. « Folklore de France», 111, p. 176, référ. ; « Maisons rustiques », 1597, livre I, p. 17 ; Jacques de VITRY, «Exempla», p. 109, 245; ANEAU, «Description philosophale », p. 7, etc. 2 Guillaume GUEROULT, «Second livre de la description des animaux contenant le blason des oyseaux », Lyon, 1550. « La Cigogne ». 3 SEBILLOT, op. l., III, p. 176; «Les emblèmes d'amour divin et humain expliqués par des vers français par un père capucin », 1631, p. 26. 4 SEBILLOT, III, p. 176; ROLLAND, op. l., IX, p. 167. 5 6 PLINE , H. N., VIII, 82. DUCANGE, « Glossarium », s. v. Patrare. — 295 — 6. Un bouquetin ou une chèvre (?) au pied d'un palmier. Légende: Crudelior igne ferroque, plus cruel que le feu et que le fer. Est-ce une allusion à l'antilope, animal fort farouche, dont les deux cornes sont tranchantes comme des faucilles et peuvent scier les arbres1 ? Peut-être est-ce une chèvre qui ... aux plantes faict tort: Pour ce qu'elle est toujours en chaulde fièvre, (Comme l'on dict), ce qu'elle brote, et mord, Avec la dent : incontinent est mort 2. Fig. 3. — 11459. Tapisserie de Bruxelles. 7. Un cerf marchant à droite, la poitrine percée d'une flèche. Légende: Meum immedicabile. Sans doute faut-il sous-entendre vulnus: ma blessure est inguérissable 3 . 1 LANGLOIS, p. 36, 381. ANEAU, op. l., La Chievre. 3 Les balles de plomb qui ont tué le cerf sont une amulette utile, entre autres vertus, pour aider l'enfantement. WOLFF, Curiosus scrutator, p. 267-8, 386. 2 — 296 — Nous savons que le cerf, en mangeant du dictame, se débarrasse de ses flèches 1 ; qu'acculé, il fait face au chasseur, ce qui expliquerait la flèche qui le transperce par devant; que, quand il attaque l'homme, sa blessure est mortelle: « a grant peine, dit le comte de Foix, un homme garira, se il est fort blecié d'un cerf. Et pour ce, dit-on, après le sanglier, le mire; après le cerf, la bière ». Ou encore: « Au cerf la bierre, au sanglier le barbier »2. Le cerf est Doulx et amy de l'homme. Et pour ce à l'heure Qu'il se voit prins par l'homme, larmes pleure, Avant sa mort... » 3. 8. Une grue, une cigogne ou un héron, gît sur le dos terrassé par un oiseau plus petit. Légende: Exitus in dubio, l'issue du combat est incertaine. Ce ne peut être, puisque l'oiseau victorieux n'est pas le héron, une allusion à celui-ci qui ... a le bec si fort Que si d'autre oyseau est battu II le transperce et le met à mort Tant est pénétrant et pointu 4 . Le vainqueur semble être un faucon ; il ressemble en effet à l'image qu'en donne Aneau. Or, le faucon, Quand il combat contre la grue ou l'oye Légier au vol, courageux à la proye, Toujours se monstre: et des ongles poinctus Ses ennemys rend souvent abattus. Mais, dit la légende de notre tapisserie, l'issue du combat est incertaine: Mais s'il advient qu'il ne les puisse prendre, Ardant courroux soubdain les vient surprendre, Et (despité) si longtemps les pourchasse, Qu'enfin se perd : dont après se tourmente 5. 1 2 3 4 5 Vincent de BEAUVAIS , Speculum naturale, p. 226, Cervus. FRANKLIN , p 83-4; ROLLAND , « Faune populaire de la France », I, p. 101. AN E AU , op. l., «Le cerf». ANEAU . Cf. ROLLAND , « Faune populaire de la France », I, p. 373. Guillaume GUEROULT, op. l., « Le faucon ». LES DEBUTS DE L'IMPRIMEUR JEAN BELOT A GENEVE ET SES BRÉVIAIRES DE LAUSANNE H. DELARUE . nom de Jean Belot n'est pas ignoré des bibliographes; les bibliophiles genevois en particulier connaissent bien son Missel de 1498 et les principales publications qui l'ont suivi: les Sept Sages de Rome, en 1498, le Calendrier des bergers, le Destructorium vitiorum de Alexander Anglicus et le Manuale à l'usage de Lausanne, en 1500, le Bréviaire de Lausanne de 1503, le Missel de Lausanne de 1505, les Libertés et franchises de Genève de 1507, le Missel de Genève de 1508, les Statuta Sabaudiae de 1512, et plusieurs livres non datés qui sont certainement des mêmes années. L'activité de Belot à Lausanne en 1493 a été mise en lumière par Aug. Bernus dans son ouvrage sur « L'imprimerie à Lausanne et à Morges jusqu'à la fin du XVIe siècle»1 . Mais entre le Missel de Lausanne de 1493 et la série importante qui commence en 1498, les débuts de Belot à Genève restent entourés d'obscurité. La notice la plus récente consacrée à Jean Belot se trouve dans l'introduction composée par M. Blösch pour le Calendrier des bergers reproduit en facsimilé par M. G. Grunau en 19202. Voici ce qu'après avoir signalé le Missel imprimé à Lausanne le 1er décembre 1493, l'auteur dit de notre imprimeur: « Dès l'année suivante il établit son atelier à Genève, où il fut admis à la bourgeoisie le 18 novembre 1494, inscrit comme étant Jean Belot, fils de feu Matthias, natif de Rouen, habitant dans la paroisse de Saint-Germain. Mais on ne connaît aucun livre imprimé par lui à Genève à cette époque. Il s'établit quelque temps, peut-être plusieurs années, à Grenoble où il imprima pour l'église de cette ville un Missale gratianopolitanum sorti de presse le 20 mai E L 1 Lausanne (1904), in-4°. Le grand calendrier des bergiers von Jean Belot, Genf 1497. Hrsg. von Gustav Grunau, mit einführendem Text von Hans Blösch und Adolf Fluri. Bern, G. Grunau, 1920; in-4°, pi. 2 — 298 — 1497. Il doit s'être, encore la même année, transporté à Genève, où il établit son imprimerie en face de la cathédrale de Saint-Pierre et se mit immédiatement à l'impression du calendrier qui put encore paraître dans le cours de l'année. Dès l'année suivante, le 5 février 1498, il achève un Missel pour l'église de Genève et à partir de ce moment il donne plusieurs ouvrages qui permettent de le suivre jusqu'en 1512 qui fut vraisemblablement la date de sa mort. » D'après cette notice 'nous n'aurions conservé aucun livre imprimé par Belot pendant son premier établissement à Genève, et c'est en 1497 que commencerait la série de ses impressions genevoises connues. On ne saurait faire grief à M. Blösch de n'avoir pas dressé la liste absolument complète des publications de notre imprimeur. Elle n'entrait pas nécessairement dans son plan. Mais il aurait pu mentionner le Fasciculus temporum en français, de 1495; ce livre édité à Genève sans nom d'imprimeur, il est vrai, est assez connu et son attribution à Belot n'est pas douteuse. Nous verrons qu'à ce livre on en peut joindre d'autres et que la supposition, qu'avait déjà faite Bernus, d'un séjour prolongé à Grenoble, devient tout à fait inutile. Quant à la date de 1497 donnée comme celle de la première édition du Calendrier des bergers, elle est plus que douteuse. En effet, elle ne se trouve pas dans un achevé d'imprimer, mais dans le texte même du volume et ne saurait, sans autre examen, être admise comme date d'impression. On nous dit qu'après avoir terminé, le 20 mai 1497, un Missel de Grenoble, Belot se transporte pour la seconde fois à Genève et que s'étant mis immédiatement à l'ouvrage, il peut encore faire paraître son calendrier dans le cours de l'année, plus près, évidemment, de la fin que du commencement. Mais, pas plus que de nos jours, on n'avait au XVe siècle l'habitude d'attendre pour imprimer un calendrier que l'année soit près de finir. Et lorsque nous lisons : « L'an de ce présent compost et kalendrier, qu'il a commencé avoir cours le premier jour de janvier, est 1497... » nous devons tout naturellement penser à une impression de la fin de 1496, au plus tard des premiers jours de 1497. Si on ne nous a pas proposé cette date, c'est que le calendrier de Belot n'est que la contrefaçon d'un livre édité par le libraire Guy Marchant, de Paris, le 6 janvier 1496 (1497 nouveau style). Les mots qui permettraient de dater l'édition parisienne, si elle ne l'était pas d'une façon explicite dans son achevé d'imprimer, ont perdu dans la contrefaçon genevoise leur valeur précise. Cela est si vrai que dans la réimpression déjà citée, donnée par Belot en 1500, on retrouve la même phrase. Qu'on ne s'étonne pas de voir paraître en 1500 un livre déclarant que «l'an de ce présent compost... est 1497 » car nous sommes en présence d'un calendrier perpétuel qui serait encore valable aujourd'hui, n'était la réforme grégorienne. A part les nouvelles lunes qui sont données pour 38 ans, jusqu'en 1534 et les éclipses indiquées pour 56 ans (14971552) « tout le remenant du compost et Kalendrier est perpétuel », et la date de 1497 sert seulement de point de départ pour utiliser les tableaux qui permettent — 299 — de déterminer les jours de la semaine, les fêtes mobiles, etc. Un ouvrage de cette nature gardait longtemps son actualité et tout ce qu'on peut dire de l'édition sans date, c'est, qu'à première vue, rien ne s'oppose à ce qu'elle soit sortie de presse dans le second semestre de 1497, mais que rien ne le prouve, et nous verrons qu'il convient d'abandonner cette date. La première impression genevoise à date certaine dans laquelle J. Belot se soit fait connaître, grâce à sa marque typographique, reste donc le Missel de 1498: « in gebenn. ciuitate impressum.... Anno domini M. CCCC. nonagesimooctauo. Die vero quinta Mensis februarii. » C'est ce livre qu'il faut étudier si on veut trouver des points de comparaison susceptibles de suppléer à l'insuffisance des indications typographiques d'ouvrages apparemment contemporains. Le Missel de 1498 est un bel in-folio gothique imprimé en rouge et noir. Les caractères du texte sont les mêmes que ceux du Missel de Lausanne de 1493, mais le missel de Genève se distingue par une ornementation nouvelle d'élégantes initiales gravées sur bois. La lettre M de cet alphabet s'est détériorée au cours de l'impression, en effet, jusqu'au feuillet 125 (soit q7 v°) on la trouve intacte, mais au feuillet 130, folioté par erreur 126 (soit r4 v°) elle présente une cassure. On peut se demander si l'imprimeur ne possédait pas plusieurs lettres du même type et c'est la première idée qui vient lorsqu'on voit, quelques feuillets plus loin, réapparaître la lettre intacte, puis les deux états alterner jusqu'à la fin du volume. Mais la parfaite identité de ces gravures, même dans leurs petites imperfections montre qu'elles sont tirées d'un seul et même bois et l'alternance des M intacts et des M cassés doit s'expliquer autrement. Dans une impression en noir et rouge, toutes les pages doivent passer deux fois sous la presse, pour le noir d'abord et ensuite pour le rouge. Le texte s'imprime normalement feuille après feuille dans l'ordre des cahiers. Mais les rubriques et les initiales rouges qui s'intercalent dans des espaces laissés en blanc la première fois, peuvent passer dans un ordre différent. C'est ce qui a eu lieu pour le Missel. Dans les feuillets 119 à 158, soit cahiers p-u, qui comprennent le propre des saints, les initiales ornées sont dans un état de détérioration nettement accentuée par rapport aux feuillets 159 à 182, cahiers x-z, du commun des saints, ces derniers ont visiblement été imprimés avant ceux qui précèdent et on n'y rencontre pas l'M cassé qui revient plusieurs fois dans les feuillets 119 à 158. Il faut observer également que dans chaque cahier le recto du premier feuillet et le verso du dernier passent simultanément sous la presse, puis le recto du 2me, du 3me et du 4me feuillets avec le verso du 7me, du 6me et du 5me, si, comme c'est généralement le cas, le cahier a 16 pages. Ensuite vient le tour du verso des feuillets 1 à 4 et du recto des feuillets 5 à 8. Dans ces conditions l'M intact du feuillet 132 (cahier r, feuillet 6 v°) devait nécessairement s'imprimer avant l'M cassé du feuillet 130 (même cahier, f. 4 v°); c'est entre ces deux opérations que s'est produit l'accident et l'alternance des deux états — 300 — dans le volume relié s'explique parfaitement. Le fait qu'on ne trouve jamais la même lettre ornée dans deux pages imprimées simultanément et que, lorsque le texte en exigeait la répétition, l'imprimeur a eu recours à un expédient, soit en empruntant une lettre à un autre alphabet, comme le second G des feuillets 136 et 141 (s2 v°, s7 r°), soit en doublant un D par un P à très courte queue, feuillets 102-103 et 116-117 (n4r°, n5v°, p2r°, p3v°, ce dernier cahier n'ayant que huit pages) montre bien que l'imprimeur ne disposait, pour chaque lettre, que d'un seul et unique caractère. Dans tous les livres imprimés après le Missel: le Destructorium vitiorum de 1500, la Danse macabre de 1500, le Calendrier des bergers de 1500, le Missel de Lausanne de 1505, où se retrouve notre M, il est cassé et nous pouvons être certains que si nous le rencontrons intact nous sommes en présence d'impressions antérieures au Missel de 1498 et que les livres non datés renfermant l'M cassé sont postérieurs à cet ouvrage. On pourra tirer les mêmes indications chronologiques d'une autre lettre ornée modifiée pendant l'impression du Missel, c'est un C gravé sur bois de 30 X 30 mm., en blanc sur fond rouge; on le voit une première fois au f. 81 (k7 v°) ; il reparaît plus loin, à cinq reprises, à partir du feuillet 101, transformé en 6. Il a suffi, pour obtenir ce résultat, de creuser dans le bois en travers de la lettre une bande horizontale complétant le tracé qui à l'impression se détache en blanc sur le fond rouge. Ces diverses constatations qui nous font surprendre, en quelque sorte, l'imprimeur au travail en face des difficultés du métier, devaient être faites avec précision, si on veut en tirer des conclusions certaines pour la chronologie des impressions sans date. Appliquées au Calendrier des bergers elles permettent d'affirmer qu'il n'est pas de 1497, car on y trouve l'M cassé. Si, d'autre part, on compare les gravures des deux éditions du Calendrier, il apparaît d'une façon certaine que celle de 1500 est la seconde. Cela nous donne pour la première des limites étroites entre 1498 et 1500. L'erreur commise par M. Blösch n'était donc au maximum que de trois ans, mais elle pouvait être plus grande et devait être corrigée. En soumettant à la même comparaison d'autres pièces dépourvues d'indications typographiques on pourra en situer deux dans les années qui ont précédé le Missel de 1498. C'est d'abord un MISSALE VENI MECUM. F. 1. Missale veni mecum. — V° blanc. F. 2, blanc. V° : Tabula missalis Veni mecum F. 3, en rouge : Incipit missa cōmunis béate marie virginis. Expl. f. 42 v° par la : [Missa] De angelis. — 301 — Pet. in-4°, 42 f. u. ch. 2 f. sans sign. et f. sign. a-e 8 , 26 l. car. goth. en noir et rouge (20 1. = 114 mm. M32 de Hsebler, Typenrepertoriurn. Part. I, p. 166.) Grav. s. b., initiales grav. de 21 x 25 mm. et petites initiales de la hauteur de 2 lignes. Un exemplaire de cet ouvrage a figuré dans divers catalogues de la librairie Ludwig Rosenthal1, à Munich, c'est sans doute le même qui se trouve aujourd'hui au « British Museum ». Imprimé en noir et rouge avec les caractères et les initiales ornées du Missel de 1498 on y rencontre l'M dans son premier état. La bibliothèque de Genève possède l'unique exemplaire d'une plaquette intitulée : — 302 — Nous allons enfin ajoutera cette liste un Bréviaire de Lausanne. Cela fait pour les années 1494 à 1497 six ouvrages différents sortis de la presse anonyme de Jean Belot. Deux paraissent avoir été imprimés plusieurs fois. Trois, le Missale veni mecum, le Catho morosus et le Sermon de St Bernard ne sont connus que par un unique exemplaire, d'autres probablement sont à jamais perdus. Cela fait une moyenne au moins égale à celle des années où l'activité de notre imprimeur est le mieux connue et c'est plus qu'il n'en faut pour rendre superflue l'hypothèse d'un séjour prolongé à Grenoble. LES BRÉVIAIRES DE LAUSANNE On connaît depuis longtemps le premier bréviaire de Lausanne publié sous l'épiscopat de Benoit de Montferrand sans indication d'imprimeur, de lieu ni d'année mais qui n'a pu sortir que de l'atelier d'Adam Steinschaber à Genève, vers 1479. Les bréviaires édités pendant le long et brillant épiscopat d'Aymon de Montfaucon sont moins connus, probablement parce que, considérés tous comme datant du XVIe siècle, ils n'avaient pas leur place dans les catalogue- d'incunables et n'étaient pas au bénéfice de l'intérêt un peu conventionnel qui s'attache aux livres du XVe. — 303 — Ces bréviaires sont au nombre de trois. L'un a été imprimé à Genève, par Jean Belot, le 8 nov. 1503, un autre par Louis Cruse, le 27 mars 1509, le troisième n'a pas d'indication typographique, mais comme on trouve au verso de son titre un tableau des fêtes mobiles de 1504 à 1534 on a pensé qu'il avait été imprimé en 1504, ou au plus tôt à la fin de 1503 et c'est sous ces dates qu'il figure dans le catalogue de la bibliothèque de Fribourg. Quoique la. Bibliographie liturgique1 de Bohatta fournisse de nombreux exemples de bréviaires réédités à quelques mois de distance, une succession si rapprochée ne laisse pas que d'étonner, d'autant plus que les saints des deux calendriers ne sont pas tous les mêmes, et qu'on conçoit mal qu'une autorité ecclésiastique fasse publier son calendrier liturgique pour le modifier immédiatement après. Il faudrait bien admettre la chose si le tableau des fêtes mobiles qui date le bréviaire de 15031504 était à l'abri de toute discussion. Mais ce n'est pas le cas. Ceux qui ont étudié ce volume paraissent n'avoir pas remarqué que le feuillet qui porte le titre et au verso le tableau en question, a été détaché puis recollé. En soi cet accident ne signifie pas grand chose ; il paraît déjà plus curieux lorsqu'on constate que le feuillet est dans tous les sens de quelques millimètres plus court que le livre dont il fait partie; il provient donc d'un autre exemplaire. Or le volume ayant été lui-même rogné aussi près du texte qu'il était possible sans l'entamer, il faudrait que l'exemplaire auquel on a emprunté le titre ait perdu sous le couteau du relieur l'extrémité de toutes ses lignes. Le feuillet rapporté présente au contraire des marges normales, et même grandes. Le caractère qui a servi à l'imprimer et la justification de la page ne sont pas les mêmes que dans le reste du volume, ils correspondent au contraire exactement à ceux du bréviaire du 8 nov. 1503. Or la première fête mobile qui se présente après cette dernière date: Septuagesime, le 3 février 1504, est celle précisément par laquelle débute le tableau. Lorsqu'on a constaté enfin que le caractère du titre est un de ceux que J. Belot emploie couramment à cette époque, aucun doute ne reste possible, le feuillet rapporté dans le bréviaire dit de 1503-4 appartient en réalité à celui du 8 nov. 1503 dont nous n'avons pas conservé d'exemplaire complet et dont nous restituons la description comme suit. BREVIAIRE DE LAUSANNE . GENEVE , J. BELOT , 1503. — 305 — Peut-on restituer à ce livre un état civil ? Il a été édité pour Aymon de Montfaucon, c'est le seul renseignement précis qui soit donné. Cet évêque ayant occupé le siège de Lausanne de 1491 à 1517, nous possédons les dates extrêmes entre lesquelles a eu lieu la publication, cela fait une période de 26 ans qu'il faut essayer de réduire. Une comparaison de nos trois bréviaires peut y contribuer. Ceux de 1503 et de 1509 ont au haut des pages un titre courant, leurs feuillets sont numérotés et les diverses parties du texte se raccordent par des renvois en chiffres. Il est tout à fait impossible qu'un clergé accoutumé à ces diverses facilités ait accepté, pour remplacer ces livres perfectionnés, un bréviaire dépourvu des mêmes commodités, comme est celui que nous étudions. Nous ne risquons donc pas de nous tromper en plaçant son impression dans la dernière décade du XVe siècle. Mais dans quelle ville ? En 1493 Aymon de Montfaucon a fait imprimer à Lausanne un Missel, l'année suivante ses Constitutions synodales paraissent à Lyon, Genève enfin devient un peu plus tard son fournisseur attitré de livres liturgiques. Le caractère du bréviaire est naturellement beaucoup plus fin. que celui du Missel de Lausanne, il ressemble infiniment à la petite « lettre de somme » de plusieurs typographes de Lyon, mais à y regarder de près, de toutes les fontes lyonnaises décrites dans le Typenrepertorium de Haebler1, ou reproduites dans la monumentale Histoire de l’imprimerie en France de Claudin2, aucune ne correspond exactement à la nôtre. Nous l'avons en revanche retrouvée dans un des livres cités plus haut parmi les premières impressions genevoises de Jean Belot. La première édition de Macer Floridus, De viribus 1 Typenrepertorium der Wiegendrucke, von Konrad Haebler. Halle, 1915-1922, 8°. (Sammlung bibliothekswissenschaftlicher Arbeiten, 19, 20, 22, 23, 27, 29, 30, 39.) 2 Histoire de l'imprimerie en France au XV e et au XVI e siècle, par A. Claudin. Paris, 1900-1914, 4 vol. fol. pl. 20 — 306 — herbarum est imprimée avec la petite bâtarde qui a servi également pour le Fasciculus temporum et pour le Sermon de S. Bernard. Les notes marginales qui accompagnent le texte sont en général du même caractère, mais dans quelques feuillets on en rencontre un tout différent dans lequel nous reconnaissons celui du bréviaire. Restent les initiales imprimées en rouge qu'on voit presqu'à chaque page dans le bréviaire. Elles sont parfaitement identiques à celles par lesquelles débutent certaines formules du Missel de 1493. Dans le Missel de 1498, ces lettres sont remplacées par d'autres, de mêmes dimensions, mais plus élégantes et plus neuves, les précédentes se trouvaient alors sans doute hors d'usage. Ainsi tous les éléments typographiques du bréviaire: gravure, caractères, initiales, font partie du matériel de Belot et c'est certainement dans son atelier et avant 1498 que le livre a été imprimé. Mais est-ce à Lausanne, ou à Genève? On ne saurait le déterminer avec certitude. Le papier du bréviaire porte un filigrane qui correspond au n° 15680 du Dictionnaire de Briquet1. Ce papier est attesté à Genève en 1492 et Briquet ne l'a pas relevé à Lausanne. Gela ne saurait cependant constituer une preuve, car le Missel de 1493 a été imprimé à Lausanne sur un papier que le dictionnaire des filigranes ne signale pas dans cette ville, mais au contraire plusieurs fois à Genève. Il n'y a rien à tirer de ce fait, mais on peut voir une présomption en faveur de Genève dans la constatation suivante. A partir de 1498 Belot se fait couramment connaître par sa marque typographique ou par ses initiales. Ses impressions genevoises antérieures sont presque toutes dépourvues d'indications typographiques, aucune ne porte son nom, il semble qu'il y ait là un parti pris que nous ne voulons pas essayer d'expliquer, mais qui paraît certain. En 1493, à Lausanne Belot termine au contraire son Missel par un achevé d'imprimer particulièrement explicite: Gomment en regard de cette formule pompeuse expliquer la modestie extrême du Bréviaire anonyme, sinon en le supposant imprimé dans de tout autres conditions et sans doute dans cet atelier genevois d'où sont sortis le Missale veni mecum, le Catho morosus, Macer Floridus, le Sermon de S. Bernard, le Fasciculus temporum. Avec ses 740 pages imprimées sur deux colonnes de 35 lignes, le bréviaire constitue l'ouvrage le plus considérable de la série. En l'inscrivant au nombre des incunables genevois ce n'est pas seulement une unité importante que nous ajoutons à la liste: 1 C. M. Briquet, Les filigranes : Dictionnaire historique des marques du papier. Paris, etc., 1907; 4 vol. 4°. — 307 — c'est un caractère d'imprimerie nouveau que nous faisons connaître, c'est-à-dire peut être la possibilité de déterminer des pièces jusqu'ici non identifiées. Les bréviaires de Lausanne édités pour Aymon de Montfaucon ont eu une destinée qui mérite d'être signalée. Les quelques exemplaires qu'on a conservés sont presque tous incomplets et en fort mauvais état, ils portent la marque d'une extrême fatigue. C'est qu'ils ont servi plus que ne le font d'ordinaire les livres. Des fêtes nouvelles, celle du Bienheureux Nicolas de Flue et de S. François de Sales introduites sous la forme d'inscriptions manuscrites dans le calendrier et de feuillets additionnels prouvent que ces livres étaient en usage longtemps après que le concile de Trente eut remplacé les bréviaires particuliers par le seul bréviaire romain. Dans un des exemplaires de l'édition de 1503, le calendrier manquant est remplacé par des feuillets manuscrits dont l'écriture paraît être du XVIIIe siècle. En effet ces livres étaient encore en usage à cette époque, l'un d'eux nous l'apprend d'une manière explicite. C'est le meilleur exemplaire de l'édition sans date. Il porte une élégante reliure en maroquin vert ornée de motifs Louis XV. Il a sans doute été habillé ainsi par son dernier propriétaire le chanoine Ch. Aloys Fontaine, chantre du chapitre de S. Nicolas à Fribourg et archidiacre du diocèse de Lausanne, qui a inscrit sur un des feuillets de garde la note que voici: « Je me suis servi de ce Bréviaire jusqu'à l'avent 1787, époque du renouvellement fait du consentement exprès du chapitre et par l'autorité de monseigneur de Lausanne. C'est cet exemplaire que je produisis à Mgr le nonce à Lucerne lorsqu'on novembre 1786 j'y fus envoyé pour négocier avec la cour de Rome qui s'opposait à l'impression du nouveau bréviaire, parce qu'elle ignorait que l'ancien eut été conservé dans le diocèse. » Ce n'est, ainsi, qu'en 1787 que les bréviaires d'Aymon de Montfaucon furent remplacés par une nouvelle édition ordonnée par l'évêque Bernard Emmanuel de Lenzbourg. Exemple peut-être unique dans les annales de la typographie de livres lus quotidiennement, restés en usage pendant près de trois siècles. Il n'est pas surprenant que les rares exemplaires qu'on a conservés soient la plupart incomplets, rognés, jaunis et crasseux, on le serait à moins; ce qui est étonnant, c'est que des livres aient fourni cette carrière. Sur quel admirable papier étaient-ils imprimés ! LA RESTAURATION DES PEINTURES DE CONRAD WITZ CONSERVÉES AU MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE Adrien BOVY. à Genève, lors du concile de Baie, par l'évêque François de Mies, Conrad Witz y exécuta en 1444 un retable dont les volets seuls nous ont été conservés. Cette œuvre importante, que maître « Conradus Sapientis » a signée et datée, a-t-elle été faite pour la cathédrale de St-Pierre ou pour la chapelle attenante des Macchabées ? Cette question n'a pas encore pu être élucidée, et d'ailleurs les volets de Genève en poseraient bien d'autres si nous avions l'intention d'en faire ici une étude critique. Notre but est tout autre. Les peintures de Conrad Witz ont été restaurées il y a quelques années. A comparer les photographies prises avant et après la restauration de grandes différences se révèlent et ces transformations n'ont pas toujours été interprétées comme il faut par certains critiques ou certains amateurs. Il ne sera donc pas inutile de rappeler pour quelles raisons cette restauration s'imposait, comment elle a été conçue et à quels résultats elle a conduit. C'est ce que nous voudrions faire aussi brièvement que possible. TTIRE I Les peintures de Conrad Witz sont, au point de vue de l'exécution et des procédés techniques, d'une qualité remarquable. Son œuvre a résisté au temps partout où les hommes ne se sont pas appliqués à la détruire. Aussi les volets de Genève nous étaient-ils parvenus, cette réserve faite, dans un état de conservation presque parfait. Les caractères artistiques résultant de ces vertus de métier restaient presque partout visibles. Le paysage de la Pêche miraculeuse, les fonds d'architecture, les accessoires, les vêtements (sauf celui du premier Mage), étaient, malgré la couche d'huile passée sur l'ensemble au XIX e siècle, étonnants de consistance et de solidité. Le sens du volume, encore absent de la peinture septentrionale au début du XVe siècle, apparaît ici comme il est apparu quelques années auparavant dans le Retable de VAgneau, grâce à l'influence de la sculpture — — 309 — on sait d'ailleurs que Witz était sculpteur de bois — et au perfectionnement des procédés techniques1. L'éclat de la peinture est, comme chez les van Eyck, incomparable. Les rayons lumineux, traversant les tons transparents, se réfractent sur la préparation au plâtre. La lumière ne frappe pas seulement la peinture; elle la traverse et elle en émane: système d'irradiation qui a permis de pousser plus loin que tout autre technique le rendu des diverses matières, en particulier des étoffes. Rubens, Vélasquez, les Hollandais ont obtenu, par d'autres moyens, cette réalité d'aspect; ils ne l'ont pas dépassée. «C'est une peinture, — disait Fromentin à propos du Chanoine van der Paele, — qui fait oublier tout ce qui n'est pas elle et donnerait à penser que l'art de peindre a dit son dernier mot, et cela dès la première heure. » Malheureusement, si Conrad Witz n'a pas eu à se plaindre du temps, les hommes se sont acharnés à compromettre son ouvrage. Le critique analysant les panneaux de Genève devait arrêter son investigation en certaines places, hélas, les plus intéressantes de toutes. Seules les figures de la Délivrance de saint Pierre se montraient encore tout entières dans leur état original. Ailleurs les têtes étaient complètement refaites. Peintes en pleine pâte, et très maladroitement, à l'époque romantique, ces visages ridicules ne laissaient plus rien apercevoir de ce qui pouvait encore subsister de la peinture de Witz. Jamais opération ne fut moins dissimulée. L'histoire en est connue. Les visages des sujets intérieurs, le corps de l'Enfant dans Y Adoration des Mages, le manteau du premier Roi, enfin le visage du Christ dans la Pêche miraculeuse, ont été volontairement détruits au XVIe siècle, quand Genève adopta la Réforme. Munis d'un instrument contondant, les iconoclastes balafrèrent les visages et l'Enfant nu, faisant sauter de part en part la couche de peinture. On verra tout à l'heure qu'ils n'y ont pas été de main morte. Tel est le malheur que l'on voulut réparer avant d'exposer ces panneaux, en 1835, à l'occasion du 300e anniversaire de la Réformation. On chargea une dame, dont nous savons le nom, mais que nous appellerons par pitié Mme B., d'arranger tout cela. Elle demanda vingt-cinq francs par panneau et en toucha cinquante. On en eut pour son argent. Etrangère aux méthodes qui depuis, et même alors, ont présidé aux restaurations, elle ne chercha pas un instant à respecter ce qui subsistait encore de la peinture de Witz et recouvrit toutes les parties compromises, lourdement et entièrement, des repeints les plus étranges qu'il nous ait jamais été donné de voir dans un tableau ancien. Ajoutons que presque tous les visages qu'elle refit étaient éclairés de gauche alors que les compositions de Conrad Witz le sont de droite. La peinture de MmeB. n'était pas si épaisse cependant qu'elle ne laissât deviner la nature du désastre auquel elle avait eu charge de remédier. En éclairant les panneaux 1 Pas plus que chez les Van Eyck, il ne s'agit ici de peinture à l'huile. Les couleurs ont pour véhicule des résines précieuses. — 310 — latéralement, on distinguait encore les creux faits par l'outil des Réformés. On pouvait donc supposer que tout n'était pas perdu des visages peints par Conrad Witz et que quelque chose pouvait subsister, entre ces canaux, de la peinture originale. Que retrouverait-on ? A vrai dire, ce ne fut pas sans hésitation que le Musée de Genève se décida, en 1915, à tenter l'aventure. Le résultat en pouvait être tout à fait décevant. Mais d'autre part l'étude du retable de Genève devenait d'une si grande importance qu'il était bien difficile de ne pas céder à la tentation d'explorer ces parties sauvagement repeintes et, pour ainsi dire, d'obliger ces panneaux à un aveu complet. C'est à ce dernier parti que le Conseil administratif de la Ville de Genève s'est arrêté, et on verra que nous n'avons pas eu lieu de le regretter1. II Les soins que réclamait l'œuvre de Conrad Witz étaient de plusieurs sortes. Rappelons d'abord en quelques mots les diverses parties du programme que les circonstances ont imposé au restaurateur. 1° La peinture de Conrad Witz est matériellement, nous l'avons dit, d'une remarquable solidité. A certaines places cependant elle s'était détachée de la toile 2 . C'était le cas notamment le long de la fissure qui traverse verticalement le paysage de la Pêche miraculeuse. Il a fallu rétablir l'adhérence, opération qui ne compromet en rien l'état original de la peinture. 2° En quelques rares endroits, dans les sujets intérieurs, les fonds d'« or eslevé » avaient été dégradés. On s'était contenté, sans doute en 1835, de redorer à la poudre ces parties compromises, facilement discernables dans les photographies antérieures à la restauration3. Nous avons désiré que l'on rétablît la dorure à la feuille et la continuité du décor gaufré. Chose intéressante à noter: on ne trouve pas aujourd'hui dans le commerce de feuille d'or de cette épaisseur. Il a fallu faire battre de l'or spécialement pour ce travail. Les donateurs du XV e siècle ne lésinaient pas et la qualité matérielle de l'ouvrage avait pour eux autant d'importance que sa qualité artistique. 1 Baie. 2 Les volets de Conrad Witz ont été restaurés, de 1915 à 1917, par M. Fréd. Bentz, à Les minces panneaux de sapin qui forment l'âme des deux volets sont, sur chaque face, recouverts de toile. La toile est enduite d'une préparation au plâtre. 3 Dans le panneau du donateur: au-dessous du chapeau de cardinal; le long de la joue et du bras gauche de saint Pierre; le long de la draperie tombant de ce bras gauche, du bras gauche de l'évêque et de la partie inférieure du trône de la Vierge ; à gauche (par rapport au spectateur) de l'angle supérieur gauche du trône. Dans l'Adoration des Mages, entre la tête du troisième roi et la pièce d'orfèvrerie qu'il tient de la main gauche. — 311 — 3° Les quatre panneaux avaient, nous l'avons dit, été badigeonnés à l'huile, apparemment par Mme B. elle-même. L'huile, poussant au brun, avait sensiblement terni la peinture, surtout dans certaines parties des vêtements. Supprimer cette couche d'huile est une opération qui, bien faite, non seulement ne pouvait pas nuire à la peinture originale, mais qui a permis au contraire de la retrouver dans toute sa fraîcheur et son éclat. 4° La quatrième partie du programme était d'un tout autre ordre. Il s'agissait de savoir ce qui pouvait rester encore de la peinture de Conrad Witz sous celle de Mme B., et par conséquent de faire disparaître entièrement les repeints de 1835: opération qui devait porter sur tous les visages (à l'exception de ceux de la Délivrance de saint Pierre), sur la figure entière de l'Enfant dans l’Adoration des Mages et sur le vêtement du premier Roi. Ce travail d'exploration, dont le succès était incertain, fut mené avec une extrême prudence. A plusieurs reprises le restaurateur hésita à poursuivre ses investigations qui sur certains points paraissaient décevantes. Chaque fois des représentants du Musée se rendirent à Baie afin de couvrir sa responsabilité. Puisque Mme B. n'avait tenu aucun compte de ce qu'elle avait pu voir encore de la peinture de Conrad Witz et que ses repeints n'avaient donc aucune valeur documentaire, il n'y avait aucun inconvénient à les supprimer, dût-on ne rien trouver dessous ou presque rien. L'intérêt du travail que nous avions entrepris consistait au contraire essentiellement à faire disparaître tout ce qui n'était pas de Conrad Witz et à retrouver tout ce qui était de lui. Pour être conduit scientifiquement, il devait être poussé jusqu'au bout. Il ne suffit pas de dire que le résultat n'a pas trompé nos espérances. Il y a lieu de préciser à la fois les déceptions et les heureuses surprises que nous avons successivement éprouvées. C'est ce que nous voudrions faire ici en analysant chacune des parties soumises à cet examen. A. — Adoration des Mages. 1. Le 3me Roi. — Rien de plus étrange que le visage du fuscus tel que Mme B. l'avait peint. Aucun trait, pas même le profil de la joue gauche qu'elle avait pu voir encore se détachant nettement sur le fond d'or, n'avait été respecté. Ce profil, transmué par elle en une ligne droite, se continuait par une barbiche grotesque, surmontée d'une moustache mal soignée. Le nez en trompette était écrasé à sa naissance; le regard était porté trop haut avec un strabisme très prononcé. Tout cela était invention pure. Seules quelques parties de la chevelure, en particulier les cheveux se détachant sur le nimbe, n'avaient pas été recouvertes. — 312 — Le nombre des stries faites par l'outil du XVIe siècle et traversant tout le visage de part en part, était de dix-neuf. Elles ont été soigneusement relevées sur des photographies, pour toutes les parties ainsi endommagées, avant la restauration. Il va sans dire qu'une fois les repeints de Mme B. supprimés, la destruction de la peinture a toujours dépassé l'étendue des balafres. A cela deux raisons. L'instrument des Réformés n'a pas seulement détruit la peinture le long du sillon qu'il creusait dans la préparation; il l'a aussi de part en part fait sauter sur les bords. En outre Mme B. a certainement lavé ou frotté d'un poing vigoureux les parties qu'elle allait repeindre, usant ce qui restait de la peinture originale et en détachant à son tour quelques morceaux. Ces remarques faites, — et elles s'appliquent à tout ce qui suivra, — l'état dans lequel se retrouva la tête du Roi nègre (ou plus exactement basané), tout lamentable qu'il fût, révélait cependant, et complètement, le type conçu par Witz, type dont la parenté avec l'Antipater et le Benaja du Musée de Baie est évidente. Le cou et l'oreille étaient presque intacts. Ailleurs les fragments de la peinture restaient très nombreux et l'on possédait tous les points de repère pour compléter exactement, dans la tonalité voulue par le peintre, les yeux, le nez, la bouche, le menton, le profil de la joue gauche. Nous dirons plus loin, à propos de l'ensemble des figures, dans quel esprit cette réfection a été faite. 2. Le 2me Roi. — Ce personnage désigne, de la main droite, le groupe de la Vierge et de l'Enfant, geste inexplicable dans l'état où Mme B. nous avait laissé ce tableau. La coiffure ne l'était pas moins. Le visage, chiffonné et horrible, n'était pas à l'échelle. On y distinguait 17 balafres. C'est au sujet de cette figure que nous éprouvâmes notre plus grande déception. Rien ne subsistait de la peinture originale. Cependant, une fois le repeint enlevé, le profil de la tête disparue se révéla nettement et aussitôt l'ensemble de la figure, son geste, retrouvèrent leur sens. Les trois perles du chaperon marquaient l'axe du visage tourné non pas à droite mais à gauche. Le second Roi désignait au nègre un peu distrait l'Enfant dans les bras de sa Mère. L'action, le sujet, étaient rétablis. Si le visage actuel est une réfection tout hypothétique, du moins a-t-il sur la caricature de Mme B. l'avantage d'être placé comme l'était celui de Witz et d'expliquer parfaitement son intention. 3. Tête du 1er Roi. — Seule l'oreille était à sa place dans la tête de vieux mendiant peinte par Mme B. Malgré les onze balafres qui rayaient obliquement ce morceau, les indications dont elle pouvait se servir étaient si sûres qu'il est stupéfiant de penser qu'elle ait préféré se livrer à son extravagante fantaisie. Tous les contours sont réapparus et presque l'ensemble des chairs, malgré l'attentat du XVIe siècle et l'usure de la peinture. — 315 — 4. Vêtement du 1er Roi. — Ce personnage était revêtu d'une somptueuse robe de brocart, or, rouge et noir, dont le décor gaufré se devine encore par endroits 1. Bien que ce brocart existe encore en grande partie, il a été recouvert de telle manière que tout espoir de la faire réapparaître a dû être abandonné. Pour simplifier sa tâche, Mme B. a étendu sur tout ce vêtement une pâte rouge (et de quel rouge !) en se servant du couteau à palette. Cette pâte a pénétré dans tous les creux du décor et a comblé ces minuscules canaux où il est impossible de l'aller reprendre. Tout ce qu'on a pu faire a été de rétablir le profil de cette robe (car Mme B. avait débordé sur le vêtement du second Roi), de dégager le col et les parements d'hermine, de dessiner les plis en suivant les indications que pouvait encore donner l'état de l'œuvre, enfin de modifier le ton de 1835 en s'inspirant du brocart lui-même dont les couleurs étaient visibles en certains endroits. 5. L’enfant Jésus. — Toute cette figure, traversée par cinq balafres presque verticales, avait été repeinte par Mme B. Lorsque les restes de la peinture originale, ici très importants, ont été mis à découvert, on s'aperçut que la « restauratrice » avait entièrement changé les avantbras, laissant tomber le bras droit le long du corps et remplaçant la main gauche par un moignon. Witz au contraire avait ramené l'avant-bras droit par dessus la jambe, et les deux mains rapprochées tenaient un fruit. Les contours se profilaient nettement, bras, mains, cuisses, genoux, mollets, celui de la jambe gauche se dessinant d'un trait vigoureux sur la cuisse. L'apparence totale de l'Enfant nous était rendue, sinon la consistance de la chair que seule pouvait exprimer la peinture intacte. La première des photographies que nous reproduisons (fig. 1) montre ce fragment tel que l'a peint Mme B., qui n'arrêta le cours de son inspiration qu'à l'extrémité des phalanges du pied droit de l'Enfant et de la main droite de la Vierge. La seconde (fig. 2) représente la peinture dans le même état, avec indications en blanc des balafres qui avaient compromis ce groupe. La troisième (fig. 3) a été prise après l'ablation totale des repeints et le raccord des balafres avec la peinture retrouvée. On remarquera que la main gauche de la Vierge, qui tient le coude de l'Enfant, avait été presque entièrement refaite par Mme B. 6. Visage de la Vierge. — Coupé d'une bonne douzaine de balafres, ce visage avait été complètement repeint par Mme B. Elle n'avait respecté que les mèches de cheveux se détachant sur le fond au-dessous du nimbe. Tout l'essentiel de ce visage a été retrouvé. 1 La matière gaufrée revêt un parchemin collé lui-même sur la préparation d'ensemble du tableau. — 316 — B. Panneau du donateur. 1. Saint-Pierre. — Un pauvre étudiant en théologie, morne et affamé, tel apparaissait depuis 1835 le saint Pierre présentant le cardinal François de Mies. A vrai dire ce visage, sur lequel les iconoclastes se sont particulièrement acharnés, a souffert plus que d'autres. Les douze blessures qu'il a reçues l'ont entamé profondément. L'une a détruit le profil de la joue gauche et une partie de l'œil; d'autres les deux extrémités de l'œil droit et la narine. Ailleurs les traits sont en grande partie conservés; le plan de face du nez était pour ainsi dire intact. 2. François de Mies. — La découverte de ce portrait fut, on l'imagine, le moment le plus émouvant de cette restauration. Les douze balafres relevées avant l'opération risquaient de l'avoir gravement compromis. Sur ce point les espérances que nous pouvions avoir furent de beaucoup dépassées. On en jugera par les photographies que nous publions. La première, prise avant la restauration, rappellera à ceux qui pourraient l'avoir oublié, le masque odieux dont Mme B. avait affublé la figure du donateur (fig. 4). La seconde montre l'état de la découverte, l'outil des iconoclastes ayant écrasé plutôt que détruit la couche de peinture (fig. 5). La troisième représente l'état actuel (fig. 6). Quand le lecteur les aura comparées, sera-t-il nécessaire d'insister sur la chance que nous avons eue de retrouver aussi complètement un portrait qui est, pour les Genevois et pour les historiens de Witz, d'un si grand intérêt ? 3. La Vierge. — Mme B. avait respecté l'oreille et en grande partie la chevelure. Tout le reste, visage et cou, était repeint. Mais ici, le long des blessures, au nombre de 17, la peinture s'était écaillée et les surcharges n'avaient pas tenu. Des points de repère suffisants ont permis de rétablir les traits de ce visage et d'en reconstituer très exactement le caractère. 4. L'Enfant Jésus. — Ce visage, strié presque horizontalement de 16 balafres, avait lui aussi été repeint avec un mépris total des traits subsistants qui ont été très clairement retrouvés. C. La Pèche miraculeuse. Tête du Christ. — Cette tête, visage et cheveux, avait reçu 28 blessures. Sur ce point seul, Mme B. paraît excusable de ne pas avoir tenu compte des ruines de l'original. Excusons-la d'autant plus qu'un repentir de Conrad Witz lui-même pouvait rendre douteuse l'interprétation de son œuvre. Il n'y a plus de doute cependant: le Christ regardait saint Pierre nageant à la rencontre de son Maître. L'inclinaison de la tête explique d'ailleurs l'attitude de la figure elle-même, l'inflexion du dos. — 317 — En la restaurant ainsi, si l'on a pas eu la prétention de refaire du Witz où il n'y en avait plus, on a du moins, comme pour l'Adoration des Mages, rétabli la communication entre les personnages principaux et retrouvé le sujet tel que le peintre l'avait conçu, car c'est le moment où, selon saint Mathieu, saint Pierre « eut peur » et où Jésus, étendant la main, lui dit: « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?»1 III Ce travail négatif, matériellement parlant, une fois accompli, il a fallu mastiquer toutes les parties où la peinture avait disparu. Il a fallu enfin les raccorder avec les restes de la peinture originale. Or, et c'est sur ce point qu'il faut insister surtout, M. Fréd. Bentz s'est ici complètement effacé devant l'œuvre scientifique qu'il était chargé d'accomplir. On sait assez avec quelle habileté consommée certains restaurateurs peuvent donner le change. Si l'on ne refait pas du Conrad Witz, on peut au moins faire en sorte que le public s'y trompera. Nous ne serions pas étonnés d'ailleurs que le visage du second Mage, entièrement peint par M. Bentz, fût celui dont les visiteurs non renseignés doutent le moins. Seulement, si nous étions libres pour cette figure, nous ne l'étions pas pour les autres. Ces sortes de supercheries ne sont ni du goût de notre restaurateur, ni du nôtre. Lui reprochera-t-on cette discrétion ? Lui reprochera-t-on d'avoir laissé aux parties que nous avons analysées ce caractère de ruines qui est malheureusement le leur ? Que la restauration soit visible et même très visible, c'est précisément ce que nous avons voulu. Ce n'est pas notre faute si les iconoclastes du XVIe siècle, qui étaient loin de soupçonner l'intérêt que ce retable aurait pour leurs descendants, se sont acharnés à détruire ces figures. Et ce n'est pas notre faute si, en 1835, des gens mal éclairés, qui n'avaient sans doute pour ces peintures naïves qu'une très médiocre estime, les ont livrées à une « restauratrice » d'occasion. Ce qui est perdu l'est irrémédiablement. Remettre ces tableaux à l'état de neuf, nous n'y avons pas consenti. Nous avons voulu que l'on traitât les parties en question comme on traite un palimpseste, quand bien même nous savions d'avance que le texte primitif ne pouvait plus être que fragmentaire. Il a donc fallu compléter, deviner les mots absents, sans avoir la ressource qui permet aux philologues de marquer exactement l'étendue de leur intervention, l'italique ou la parenthèse. Du moins a-t-on laissé les parties retrouvées comme elles étaient et a-t-on comblé les lacunes sans aucune prétention de faire du 1 Ce panneau est généralement désigné sous le titre de la Pêche miraculeuse, qui est représentée au second plan. Il comprend en fait deux sujets distincts, le premier inspiré par saint Jean, XXI, 1-8, le second, Jésus marchant sur les eaux, par saint Mathieu, XIV, 22 33.— De même l'autre panneau intérieur représente deux épisodes successifs de la délivrance de saint Pierre. — 318 — Witz. C'est pourquoi les visages ont cet aspect pauvre, mâchuré, morcelé, qui contraste avec la technique si sûre, si nette, si polie, des vêtements. C'est assez sans doute qu'on ait pu remettre au jour tout ce qui restait encore, sous les repeints du XIXe siècle, de la peinture originale, définir le type de tous les personnages (sauf un), rétablir leur parenté avec ceux des autres tableaux du maître, rendre à deux de ses compositions leur véritable sens et retrouver un portrait véridique, malgré les dommages qu'il a subis. Récompense suffisante, et il ne faut pas se plaindre après cela que Conrad Witz n'y soit pas tout entier. Il serait plus juste de reconnaître qu'il y est tout de même un peu plus qu'auparavant et que nous avons servi sa cause autant que nous l'avons pu. C'est ce que prouveront sans doute, mieux que des commentaires, les photographies qui accompagnent cet article et dont nous regrettons de ne pouvoir multiplier le nombre. Cela dit, les critiques auxquelles nous avons fait allusion, nous les avons prévues dès le début. Il se trouve toujours un certain nombre de gens qui se font une gloire facile de protéger les innocents contre les attentats des restaurateurs et des conservateurs de musées. Ils n'ont pas manqué cette fois de faire les entendus et nous ne les en avons pas empêchés. Il ne faut pas arrêter Midas dès les premiers mots et à ceux qui montrent le bout de l'oreille, il serait sot de ne pas accorder quelques loisirs. Nous avons été récompensé de notre patience. En confrontant, dans un ouvrage récent 1 , une tête intacte de la Délivrance de Saint Pierre avec celle du troisième Mage et d'autre part la chape et les gants du cardinal avec son visage, M. Hans Wendland a tout simplement enfoncé une porte ouverte, celle-là même par laquelle nous venons de passer avec moins de fracas. Mais il y a mieux encore. Nous trouvons en effet dans son livre des affirmations comme celles-ci: dans l’Adoration des Mages « la figure de l'Enfant Jésus est entièrement neuve. L'ancienne couche de peinture n'est presque plus visible. Elle ne se voit qu'aux pieds, aux jambes et dans une partie du coude droit. Les cinq têtes sont toutes retouchées. Dans le tableau de la Vierge avec le cardinal, les têtes sont retouchées, celle de l'évêque dans toutes ses parties essentielles... »2 . Il a fallu que la peinture de Mme B. disparaisse pour qu'on commence à la confondre avec celle de Conrad Witz. C'est le dernier tour que nous joue cette dame, — une revanche posthume à laquelle, certes, nous ne nous attendions pas. 1 2 Hans Wendland, Konrad Witz, Gemäldsstudien, Bâle 1924. Ibid, p. 62-63. LES ANCIENS VITRAUX DE SAINT-PIERRE ET LEUR RESTAURATION W. DEONNA . fenêtres de la cathédrale Saint-Pierre devaient sans doute être de bonne heure décorées de verrières; la première mention de celles-ci ne date cependant que de 1419, où elles sont réparées par le peintre Janinus Loysel1: «ordinatur quod Janinus Loysel manuteneat verreries more solito, pro pensione C solidorum et juravit bene facere2». ES Il semble que ces vitraux aient été abîmés lors de l'incendie de 1430. Aussi, à la fin du XVe siècle, on entreprit une nouvelle décoration de l'abside, aux frais de laquelle contribuèrent personnellement plusieurs chanoines3. Selon Jean de la Corbière (XVIIIe siècle) : « les vitres peintes du chœur qui représentent saint Pierre, saint Paul, saint Jean, saint André, qui est celle du milieu où en bas sont deux clefs en sautoir qui sont les armes du chapitre, ont été faites au dépens d'André Malvenda qui est enseveli dans l'église »4. Cela est exact pour le vitrail de saint Jacques qui porte les armes de Malvenda. Cela est douteux pour celui de saint André, qui, ayant les armes du chapitre, aurait plutôt été donné par celui-ci. Quant à celui de Marie-Madeleine, son donateur est François de Charansonay, dont il 1 Mitt. Antiquarischen Gesellschaft Zurich, XXVI, 1912. p. 412; Indicateur d'antiquités suisses, 1884, p. 70; Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 40, note 2; sur ce peintre, cf. encore GALIFFE , Matériaux, I, p. 187; Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 51-2; FONTAINE-BORGELL, Hist. des communes genevoises, 1890, p. 312. 2 Archives d'Etat, Registres du Chap., vol. I, 1 er mai 1419. 3 Sur les anciens vitraux de Saint-Pierre: MAYOR, Bulletin Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève, I, 1892-7, p. 112 sq. ; Mémoires et Documents Société d'Histoire, IV, 1845, p. 40, lre partie, p. 121 ; RAHN, Indicateur d'antiquités suisses, 1884, p. 70; ARCHINARD, Les édifices religieux de la vieille Genève, p. 224; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 fasc., 1891, p. 51 (Guillot) ; C. MARTIN, Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, p. 179; LEHMANN , Mitt. Antiquarischen Gesellschaft Zurich, XXVI, 1912, p. 413-5. 4 Ms. Bibliothèque publique, p. 81. — 320 — conserve encore les armes. Il est impossible de savoir quels furent les donateurs des vitraux de saint Jean, de saint Pierre et de saint Paul, dont la partie inférieure, sans doute avec armoiries, a disparu 1. Au cours des siècles, ces vitraux subirent de nombreuses dégradations. La Réforme, qui brisa les statues des saints à Saint-Pierre, les respecta, malgré leurs sujets « papistes », sans doute par économie. On se borna vraisemblablement à en obscurcir les parties les plus offensantes pour la foi nouvelle. Un ancien auteur, rappelant les destructions iconoclastes de la Réforme, dit: «Ce que n'ayant pu faire es verrières de la même église, pour n'intéresser trop leurs bourses, ils se contentèrent de noircir tous les nuds des mêmes saints et saintes, de Jésus-Christ, de faire des anges noirs et ténébreux au lieu des anges de lumière, clairs, bleus et beaux, que l'antiquité y avait peints. » Dès le XVIe siècle cependant, l'état des verrières de Saint-Pierre était déplorable, et on lit dans les Registres du Conseil, le 29 mars 1577: « a été proposé que les arondelles commencent à entrer dans Saint-Pierre, où outre le grand bruit qu'elles y font, elles gâtent beaucoup aussi les accoutrements aux hommes et femmes. Arrêté qu'on fasse fermer les porte à volets qu'on appelle et qu'on mette des filets en fils d'archaux aux fenêtres ». En 1806, une commission, nommée par la Société pour l'avancement des Arts, composée de MM. Senebier, Tingry, Bouvier, fut chargée d'étudier la restauration possible des grandes verrières 2. Après quelques considérations sur leur technique et sur les possibilités d'en confier la restauration à M. Dupuis, peintre décorateur, moyennant la modique rétribution de 18 fr. par fenêtre, le rapporteur ajoute: « Au reste, il est à remarquer que ces vitraux ne sont endommagés que depuis le bas jusqu'à la hauteur où peut atteindre un homme, et qu'une grande partie de cet espace n'est occupée que par les piédestaux qui portent les figures, ce qui n'exige pas la même précision que la figure et peut être laissé en quelque sorte à l'arbitraire du peintre. D'après ce que l'on vient de dire, il est clair que ces vitraux n'ont point été dégradés par le temps, puisqu'ils ne sont endommagés que par le bas, tandis qu'ils sont intacts dans le haut; en conséquence, la commission juge nécessaire de donner son préavis, pour qu'à l'avenir on interdise absolument l'entrée de cette galerie et surtout aux jeunes gens qui aiment à détruire et qui s'y portent en foule les jours de promotions, ou à tel autre jour de fête où l'on permet l'entrée de cette galerie.... Nous ajouterons, au surplus, que quoique ces peintures ne soient pas d'une bien belle exécution, il n'en est pas moins vrai qu'elles font un très bon effet à la place qu'elles occupent, et qu'indépendamment des personnages qu'elles 1 mentionne toutefois: « en une des fenêtres du chœur de St -Pierre, d'azur au château d'argent»: seraient-ce les armes du chanoine Guillaume de Greyres, mort en 1498, sur la dalle duquel (collections lapidaires, n° 36) on les voit: une tour ajourée d'une porte? 2 Une copie de ce rapport est conservée dans les archives du Musée d'Art et d'Histoire. FLOURNOIS — 321 — représentent, ce demi jour coloré a quelque chose de tranquille et de mystérieux qui invite au recueillement, à la dévotion ». En 1885, le Consistoire envisagea la restauration des anciennes verrières. Le rapport qui lui fut fourni à ce sujet par M. le professeur Rahn de Zurich 1, contient quelques détails intéressants sur les adjonctions faites au cours du temps: «Les parties inférieures des fenêtres représentent des socles dont il ne reste qu'un seul, savoir la base de la figure de saint Jacques. Son ornementation représente un écusson de 1499 (André de Malvenda, chanoine de Saint-Pierre) avec deux anges, le tout entouré d'ornements gothiques. Les autres socles ont été remplacés par des ornements de mauvais goût, datant probablement du commencement du siècle dernier, peints à froid sur fond blanc. Quant à l'état des parties originales, nous voyons que leur exécution est d'une technique très imparfaite. Les grisailles sont entièrement effritées sur les parties incolores, les mains, les visages et les pieds; le modelé des draperies de couleur est à peine visible en maints endroits. Les grisailles des ornements architectoniques des couronnements sont aussi très endommagées, même dans leurs parties les mieux conservées comparativement. Vu cet état, il est probable que l'on aura procédé à une restauration à froid de ces parties au siècle dernier, peut-être même plus tôt. La tête de saint André, par exemple, qui, primitivement, comme les autres figures, était peinte en trait noir sur fond blanc, a été postérieurement pourvue de joues rouges. D'autres dégâts existent encore ; outre les socles, certaines parties des vêtements ayant été cassées, elles se trouvent avoir été remplacées par des parties modernes; nous constatons également dans le couronnement de quelques-uns des vitraux un mélange de vieux et de nouveaux fragments reliés pêle-mêle et dans tous les sens par des plombs adventifs. En un mot, l'état de ces vitraux est désolant. ». D'une note de M. E. Mayor 2 , il ressort que la restauration des socles a été faite non pas avec des couleurs à froid, mais en grisaille cuite très imparfaitement; elle était l'œuvre de Foulquier, vitrier à la Tour-de-Boel, au début du XIXe siècle, « personnage d'une certaine importance d'abord comme vitrier, et surtout comme chapeau chinois dans la musique Sabon ». On trouvera plus loin3 quelques renseignements sur ce personnage. Ses constatations faites, M. Rahn conclut à l'impossibilité de restaurer les vitraux de façon à les conserver dans leur cadre original à Saint-Pierre. Les adjonctions modernes qu'il faudrait faire, disait-il, seraient trop considérables et nuiraient à l'harmonie des parties anciennes qui seraient conservées. En conséquence, le Consistoire décida de renoncer à la restauration et de remplacer les anciens 1 Rapport sur l'état des vitraux du chœur de la cathédrale de Saint-Pierre, du 29 mai 1885, copie au Musée d'Art et d'Histoire. 2 Note conservée au Musée d'Art et d'Histoire. 3 P. 336. 2l — 322 — vitraux par des copies; les originaux furent déposés au Musée archéologique en 1888 1. Lors de la construction du nouveau Musée d'Art et d'Histoire, inauguré en 1910, on se demanda s'il convenait de les restaurer et de prévoir pour eux des emplacements appropriés. On se décida à ne restaurer que les deux vitraux les moins endommagés, ceux de saint Jean et de saint Jacques, travail confié à l'atelier Kirsch et Fleckner de Fribourg 2 . On les installa dans les grandes baies de la salle du moyen âge (n° 15), spécialement aménagée pour les recevoir. Les autres vitraux (saint André, saint Pierre, saint Paul, Marie-Madeleine), trop fragmentés, furent maintenus dans des cadres de bois, et conservés dans les dépôts du Musée. En 1923-24, il a para cependant utile à la direction du Musée, bien que le résultat ne pat être aussi favorable que pour les vitraux de saint Jacques et de saint Jean, de restaurer ces fragments, de les remonter et- de les exposer dans nos salles. La restauration a été fort habilement exécutée par M. Wasem, peintre verrier, établi à Veyrier, et depuis 1924-1925, les visiteurs peuvent les voir, appliqués contre les grandes baies de la salle des Armures, la seule salle dont la disposition architecturale et l'installation se prêtaient à les recevoir. Ces fragments, d'inégales dimensions, étaient rapiécés de façon fort disparate, certains morceaux étaient interchangés; ce fut un jeu de patience pour le restaurateur et une preuve de grande sagacité que de restituer à tel vitrail ce que lui appartenait, et d'en éliminer les apports étrangers. Ainsi épurés, ces vitraux présentaient encore des lacunes, qui ont été comblées avec des verres modernes teintés. Les trois séries de photographies prises: 1° avant la restauration; 2° au moment où les vitraux remontés étaient débarrassés des éléments étrangers; 3° finalement restaurés, permettent de distinguer facilement les adjonctions obligatoires. * * * ANCIENNE RESTAURATION (1909). 1. Vitrail de saint Jean. Salle du moyen âge (n° 6600). Le socle, avec écusson, est une composition moderne. LEHMANN , MARTIN ., op. l., Mitt. Antiquarischen Gesellschaft Zurich, XXVI, 1912, pl. XVIII, à droite; pi. XLIII, 1, p. 181 (description). 2. Vitrail de saint Jacques. Salle du moyen âge (n° 6599). Mitt. Antiquarischen Gesellschaft Zurich, XXVI, 1912, p. 414, pl. XVIII, à gauche; pl. XIX, détail (Annonciation); MARTIN , p. 180 (description), pl. XLIII, 2; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 fascicule, 1891, p. 52; Mém. Soc. Hist.,IV, 1845, p. 39-40, 121, note 2; RAHN, Indicateur d'antiquités suisses, 1884, p. 70; ARCHINARD, op. l., p. 224-299; Obituaire, p. 35; Bull. Soc. Hist., I, 1892, p. 114, note 1. 1 2 MAYOR : Bull. Soc. Hist., I, p. 112; MARTIN : op. l., p. 180. Indicateur d'antiquités suisses, XI, 1909, p. 99. — 323 — Il montre à la base des armoiries soutenues par deux anges : l'écu porte de sinople à la fleur de lys d'argent, accostée de trois pointes de même, dont une en pointe et deux en chef1 . Ce sont les armes du donateur, André de Malvenda, qui, dit le registre mortuaire des chanoines de Saint-Pierre, fit à la cathédrale plusieurs dons, « cum verreria in qua depingitur ymago beati Jacobi, in quibus ejus arma depinguntur ». Cette donation eut lieu en 14872 . Cet ecclésiastique, d'une famille originaire de Valence en Espagne, fut docteur en droit, protonotaire, chantre, official de Genève en 1473, chanoine en 1475, vicaire épiscopal dès 1482, l'un des rois de la fête des Trois Rois, en 1487 3, prieur commendataire d'Aix et de Thonon, doyen d'Aubonne, chanoine de la collégiale de SaintVincent de Berne; il se montra le protecteur zélé de la typographie naissante4; il légua à la cathédrale quatre pièces de tapisserie à ses armes, deux de couleur verte pour les jours ordinaires, et deux représentant l'Adoration des Mages et le Massacre des Innocents, pour les jours de solennité5 . L'inventaire de Saint1 2 Armoriai genevois, 2 me éd., p. 24. C'est la date que donne M. Martin, p. 179 ; ARCHINARD: op. l., p. 299. — On trouve la date 1480 in Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 39-40; RAHN : Indicateur d'Antiquités suisses, 1884, p. 70 ; Mitth. Antiquar. Gesell. Zurich, XXVI, 1912, p. 414; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 fasc., 1791, p. 52 (Guillot). 3 Mém. Soc. Hist., 1,1841, p. 150. A l'Epiphanie, on reconnaît trois rois parmi les gens d'église: un parmi les chanoines, un parmi les chapelains de Saint-Pierre, un parmi les curés des sept paroisses ; BLAVIGNAC : L'empro genevois (2), 1875, p. 111; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 er fasc., 1891, p. 60 (Guillot). 4 Son nom est cité en 1517, Annales de la cité de Genève, dites de Savyon, éd. 1858, p. 54. 5 SENEBIER : Essai sur Genève, p. 48; ARCHINARD : op. l., p. 299; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1er fasc., 1891, p. 54 (Guillot). — 324 — Pierre de 1535 mentionne encore un bâton d'argent aux armes de Malvenda1. Un vignoble de Genève à Chambésy s'appelait «les Malvendes », du nom de cette famille2. Les collections lapidaires du Musée d'art et d'histoire possèdent la dalle funéraire (n° 168) de ce chanoine, mort le 21 juillet 1499. Elle était primitivement à Saint-Pierre, près de l'autel de Saint-Maurice 3. Elle montre le chanoine en costume de chœur, ayant sous ses pieds un chien étendu, et au-dessus de la tête, un chapeau à trois houppes. Dans les angles supérieurs, les armes de la famille: une fleur de lys accostée de trois pointes, deux en chef et une en pointe. L'inscription est en lettres romaines avec de nombreuses ligatures. FLOURNOIS , op. l., p. 5, n°17; SPON , II, p. 352, n° XI ; GALIFFE , Matériaux, I, p. 358; id., Not., IV, p. 66; id., Armoriai (2 me éd.), pl. 24; GRENUS , Fragments historiques, p. 65, 68, BESSON , Mémoires, p. 87; Mém. Soc. Hist., III, p. 286, 400; IV, p. 39, 121, note; V, p. 299, 314: 317; VIII, 1352, p. 8; XVII, 1872, p. 6, 35; Obituaire, p. 34 et note 1 ; 35 et note 1; XVII; MARTIN, op. l., p. 154; Arch. de Genève, pièces historiques, 688, 742, 764, 776; Reg. du Conseil. 18 déc. 1486; Reg. du Chap., vol. 4, 5, 6, 7, passim ; minutes de P. BRASET, notaire, vol. 2, f° 314. Reverendus P[ate]r D[omi]n[u]s A[n]dreas de Malve[n]da utriusq[ue] juris Doctor et Sedis ap[ostol]ice p[ro]thono[tarius] ac huj[us] i[n] signis E[c]cl[es]ie can[on]ic[us] et ca[n]tor defu[nc]tus occubat i[n] tumulo. Orate Deu[m] p[ro] eo. Migravit e seculo a[n]no Salutis 1499 [millesimo quadringento nonagesimo no]no, die 21 (vicesima prima) me[n]sis Julii. La dalle funéraire de Gonzalve de Malvenda, mort le 25 août 1505, aussi en lettres romaines, est encore à Saint-Pierre, adossée contre le mur du bas côté Nord4 (fig. 1). Hic jacet no[bilis] Gondissalvus de Malvenda burgen[sis] Geben [nensis] et me…. obiit dictus nobilis Gondissalvus die 25 mensis Àugusti 1505 et dicto anno M die mensis.... La décoration centrale a complètement disparu, mais un ancien dessin de M. Mayor y place les armes de la famille Malvenda, déjà vues sur la dalle d'André de Malvenda. Des écussons aux angles, les uns ont les mêmes armes, les autres, aujourd'hui complètement effacés, étaient un écu portant, au premier la dite fleur de lis, au deuxième un gonfanon, au dire de Flournois, détails que l'on perçoit encore sur le dessin de M. Mayor. * * 1 2 ARCHINARD , op. l., p. 303. GAUDY LE FORT : Promenades * hist. (2), 1849, I, p. 61 ; Saint Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 er fasc., 1891, p. 54 (Guillot). 3 MARTIN : op. L, p. 29. 4 Ibid., p. 154; Mém. Soc. Hist., XXI, 163; SPON , II, p. 353. — 325 — NOUVELLE RESTAURATION (1924-1925). 3. Vitrail de saint Pierre, n° 11354, ancien n° 6601 (fig. 2-4). MARTIN : op. l., p. 181, pl. XLIV, 1. La partie inférieure, qui devait vraisemblablement montrer les armoiries du donateur, comme dans les vitraux précédents, manque tout entière, et on a jugé inutile de lui substituer une composition nouvelle, comme dans le vitrail de saint Jean. Il y a aussi une lacune sur toute la largeur du vitrail, au-dessus de la tête du saint, où le bas des pinacles fait défaut. Tenant d'une main la Bible, de l'autre les clefs, saint Pierre, tourné de trois quarts à gauche, est debout devant un édifice gothique flamboyant, que surmonte une forêt de pinacles. 4. Vitrail de saint André, n° 11569, ancien n° 6603 (fig. 5-7). MARTIN, op. l., p. GNAC, Mém. Soc. Hist., 181, pi. XLIV, 2; Mitt. Ant. Gesell Zurich, XXVI, 1912, pl. XX; VII, 1849, p. 86, pl. XXXVIII, 3; IV, 1845, p. 40. BLAVI- Le dais, au-dessus de la figure du saint, porte les armes du chapitre, les deux clefs en sautoir, ce qui signifie sans doute que le vitrail a été donné par ce corps 1. 5. Vitrail de saint Paul, n° 11570, ancien n° 6602 (fig. 8-10). MARTIN, op. l., p. 182, pl. XLIV, 3. 6. Vitrail de Marie-Madeleine, n° 11355, ancien n° 6604 (fig. 11-13). MARTIN , p. 182, pl. XLIV, 4; p. 179; Obituaire, p. 39; MAYOR , Bull. Soc. hist., I, p. 114; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 fasc., 1891, p. 52 (Guillot) ; Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 40; RAHN, Indicateur d'antiquités suisses, 1884, p. 70. Sainte Marie-Madeleine, tournée de trois-quarts à droite, tenant le vase à parfums, est debout dans une arcature ogivale, que soutiennent deux colonnes. Dans le riche motif architectural qui surmonte celle-ci, ce sont deux anges musiciens, jouant l'un de la harpe, l'autre de la mandorle, et, soutenues par des consoles, à l'abri des dais, deux statuettes de prophètes. Selon l'habitude, ils portent le bonnet conique des juifs 2 et tiennent en main une banderolle avec inscription 3, sans doute quelque verset des livres saints 4 (fig. 14-15). 1 114. siècle (3), p. 192. 3 Ibid., p. 193, fig. 84-6, p. 195, 196, note 2. 4 Cf. la liste des versets accompagnant les prophètes, s. v. Prophètes, p. 718 sq. 2 MAYOR : Bull. Soc. Hist., I, p. e MALE : L'art religieux du XIII CAHIER : Caractéristiques des Saints, — 330 — Le vitrail porte dans la clef de voûte de l'ogive les armes du donateur, François de Charansonay: un lion, et autour de l'écu une bordure engrêlée. La donation eut lieu sans doute la même année que celle d'André de Malvenda, en 1487 (Martin), bien que certains auteurs citent les dates 1495 (Guillot), 1498 (Rahn), cette dernière provenant sans doute d'une confusion avec l'année de la mort de ce personnage. Ce chanoine est mentionné dans divers actes, de 1465 à 1483; il mourut le 16 janvier 1498, léguant un crucifix orné de saints, ainsi qu'un tabernacle à ses armes. Sa dalle funéraire, jadis à Saint-Pierre, est conservée au Musée d'Art et d'Histoire (collections lapidaires, n° 173), mais l'effigie est presque totalement effacée; on ne distingue plus guère, avec la silhouette générale du corps, que l'arc trèfle qui le surmontait, et les armes aux quatre angles. FLOURNOIS , op. l., p. 4, n° 16; SPON , II, p. 364, n° XXXII; Obituaire, p 36,note 2 et 4, 39, XVIII; Mém. Soc. hist., III, p. 286, note; V, p. 306, 314, 317, 330; GALIFFE, Matériaux, I, p. 364; id., Armoriai (2 me éd.), pi. I; MARTIN , op. l., p. 149, 179; Arch. de Genève, registres du chapitre, vol. 4 et 5, passim, pièces historiques, n° 697 et 719. Hic jacet ven[eran]dus D[omi]n[u]s Franciscus de Charansonay can[onicus] ...... qui obiit die sexto decimo an[n]o D[omi]ni MCCCCXCVIII. * * * Les verrières ornaient les sept fenêtres basses de l'abside. Il n'en reste que six, la septième ayant disparu avant 1888. Celle-ci représentait saint Michel, — 331 — et avait été donnée en 1500 par Dominique de Viry1, chanoine depuis 1487: « singulari devotione motus ad ornatum chori liberaliter fîeri fecit artificiosam verreriam in qua depingitur ymago beati Michaelis Archangeli suis armis insignitam »2. * * * II est difficile de dire quelles raisons ont déterminé le choix de ces saints plutôt que d'autres 3. Celui de saint Pierre, patron de la cathédrale, se conçoit aisément. Remarquons que parmi les autels et chapelles dans la cathédrale, il en est qui sont consacrés à saint André, à saint Michel, à saint Jacques, à saint Jean l'Evangéliste, à sainte Marie-Madeleine4; que le prieuré de Saint-Jean, l'église de la Madeleine, sont sous le patronage de deux personnages de nos vitraux. Les onze stalles hautes de la cathédrale, qui comportent les figures de cinq apôtres, de cinq prophètes et d'une sibylle, montrent saint André, saint Jacques le Majeur, saint Jean l'Evangéliste, mais il semble que ces stalles de la fin du XV e siècle ont été à l'origine sculptées pour un autre édifice 5 , sans doute le couvent de Rive. * * * Nous connaissons les noms de quelques peintres verriers qui travaillèrent à Genève depuis la fin du XIVe siècle, et M. Lehmann en a dressé une courte liste 6; on y pourrait ajouter, pour le XVIe siècle, les noms de: François Mercier, de Regny, peintre, reçu bourgeois en 1537, faveur «qu'il payera en ouvrage de verrières»7; Pierre Favre, peintre verrier, auteur des verrières de la Madeleine, reçu bourgeois en 1546, « parce qu'il n'a pas gagné à peindre les vitres de la Madeleine »8 ; un extrait de compte de 1553 lui attribue la peinture d'armoiries de Genève sur ban1 Les collections lapidaires du Musée de Genève possèdent les dalles funéraires de François de Viry, chanoine mort le 30 mai 1521( n° 171); d'Amblard de Viry, chanoine dès 1465, mort le 8 septembre 1472 (n° 167). La dalle de Pierre de Viry, mort en 1494, est encore à Saint-Pierre; MARTIN, p. 159. — Sur les armes de Viry, Archives héraldiques suisses, XXI, 1907, p. 42, note 1 ; XXVIII, 1914, p. 181, note 2. — Château de Viry, près de Saint-Julien, Bull. Institut national genevois, VI, 1857, p. 223, note 1. 2 Obituaire, p. 54, note 1 ; MARTIN: op. l., p. 179; Indicateur d'antiquités suisses, 1884, p. 70; : op. l., p. 299, 316; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1er fasc., 1891, p. 52 (Guillot). 3 Voir sur les saints vénérés à Genève : RITTER : « Les saints honorés dans le diocèse de Genève », Congrès des sociétés savantes de Savoie, 1892, 1894, 1897. — Revue savoisienne, 1889. — J. BURLET : Le culte de Dieu, de la Vierge et des Saints en Savoie avant la Révolution. Essai de géographie hagiographique, 1916. ARCHINARD 4 5 6 7 8 ARCHINARD, p. 225-6. — MARTIN, MARTIN, p. 167, « Les stalles ». p. 25. Mitt. Antiquar. Gesell. Zurich, 1912, XXVI, p. 412-3. Genf. C OVELLE : Le livre des bourgeois, p. 217 ; MARTIN, La maison de ville de Genève, p. 43. Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 43, note 2; V, 1847, p. 16, note 1. — COVELLE : Le livre des bourgeois, p. 227. — 332 — derolles, et, comme le précédent, il orne de verrières l'hôtel de ville1; Jérôme de Bara, parisien, né vers 1540, à Genève dès 1569, désigné dans le testament de François du Bois en 1584 comme « paintre et vitrier »2. Il n'est cependant pas possible d'attribuer les verrières de Saint-Pierre à un auteur connu. M. Lehmann signale des analogies avec les vitraux du chœur de l'église St -Magdalenen à Strasbourg, datés de 1480 environ, et avec le vitrail de saint Sébastien dans l'église d'Oberehnheim en Alsace, mais il reconnaît qu'on ne saurait songer à une parenté certaine, et que la patrie des auteurs des verrières doit être cherché à l'ouest, peut-être à Genève, où lis peintres capables3 ne devaient pas manquer. Il semble que ces vitraux, qui présentent entre eux de nombreuses analogies de style, sont sortis, d'un même atelier de la fin du XVe siècle, tout en révélant la main de différents maîtres. Il y a en effet entre eux des différences de style, de qualité, d'ornementation plus ou moins riche. Ce sont de magnifiques spécimens de l'art du vitrail à la fin du moyen âge, fort rares en Suisse romande 4. * * * Autres vitraux anciens de Saint-Pierre. Les autres anciennes verrières de Saint-Pierre ont toutes disparu. 7. Vitrail de Pierre du Sollier. Le chanoine Pierre du Sollier fit placer, en 1504, dans la rose de la Tour Nord, un vitrail qui existait encore au temps de Sénebier, et qui semble avoir été détruit en 1835, lors du Jubilé de la Réformation 5. On y lisait son nom 6. « Magnus operarius », maître de l'œuvre de Saint-Pierre 7, chanoine dès 1492, il dirigea en 1510 les travaux de restauration de la Tour Sud de la cathédrale, endommagée par l'incendie de 1430 8. 1 BLAVIGNAC , Mém. Soc. Hist., VII, 1849, p. 110-111, n° I I ; MARTIN , op. l., p. 43, pièces justificatives, n° V-VII, p. 123-4. Ind. Ant. suisses, 1884, p. 103; 2 CARTIER : « Les Monuments de l'Alliance de 1584 conservés à Genève », Mém. et Doc. Soc. Hist., série 4°, IV, 1915, p. 135, 140-141. M. Cartier suppose qu'il dût recevoir à Genève « la commande de quelques vitraux à la manière suisse ». 3 4 Mitt. Antiguar. Gesell. Zurich, 1912, XXVI, p. 415. LEHMANN : op. l., pl VI, p. 346, Neuchâtel; VII, p. 363, Fribourg; VIII, Die Westschweiz. Genf, Walis und die südlichen Alperitäler. p. 401 sq. ; Vaud, p. 411. 5 Cf. MARTIN : op. l., p. 179. — Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 er fasc., 1891, p. 52 (Guillot). — LEHMANN : Mitt. Ant. Gesell. Zurich, XXVI, 1912, p. 415. — MAYOR : Bull. Soc. Hist., I, p. 115, note 1. 6 Mém. Soc. Hist., IV, 1845, p. 40. 7 Sur l'œuvre de Saint-Pierre, MARTIN : op. l., p. 23 sq., Organisation et ressources de la fabrique. 8 Sur cet incendie et les réparations subséquentes, Ibid., p. 23, 105 sq. « La Tour du Midi », — BLAVIGNAC : Mém. Soc. Hist., VI, p. 604. — Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1er fasc., 1891, p. 43 (Guidot). — 333 — Les collections lapidaires du Musée d'Art et d'Histoire possèdent une partie de la dalle funéraire de cet ecclésiastique (N° 37: fig. 16). Elle était primitivement à Saint-Pierre, près de l'autel Saint-Martin1; elle fut retrouvée en 1863 sur l'emplacement de l'ancienne prison pénitentiaire. Le chanoine, en costume de chœur, est surmonté d'un arc en accolade; dans les angles supérieurs, des armoiries; à gauche, trois bandes échiquetées de trois traits (du Sollier); à droite, parti, au 1er du Sollier, au 2me coupé, au premier... (illisible) et au second fascé de 4 pièces. re FAZY , Catalogue, p. 32, n° 37; GALIFFE , Armoriai (l éd.), p. 23; Obituaire, p. XXVI, 52, 57, note 3, 112, 205, note 2, 299; Mém. Soc. Hist., IV, p. 40; VI, p. 104; GRILLET , Dict. hist., I I , p. 234; DE LA CORBIERE, Antiquités de Genève (manuscrit), p. 64; MARTIN, op. l., p. 157, 179, 24. Archives de Genève, Registres du Chap., vol. 7, passim. FIG. 16. — Dalle funéraire de Pierre du Sollier. Collections lapidaires, n° 37. La dalle ne porte pas de date; on ne sait pour quelle raison Blavignac admet l'année 1514 pour la mort de ce chanoine; l'article de l'Obituaire2 relatif à Pierre du Sollier, en 1514, est une donation faite de son vivant, qui ne permet pas de présumer de sa mort. 1 2 MARTIN P. 299. : op. l., p. 29. — 334 — S. Vitrail de Humbert de Chissé. On voyait le nom de Humbert de Chissé et la date 1447 sur une vitre de la chapelle Saint-Jacques1 qu'il avait fondée et dont il est fait mention dans son épitaphe. La dalle funéraire de ce chanoine, mort le 6 août 1457, se trouve encore à SaintPierre. SPON , II, p. 350; Mém. Soc. Hist., XXI, p. 139, note 138; FORAS , Armorial et nobiliaire de Savoie, II, p. 42 sq. ; V, p. 284, extrait du registre du Chap. de 1451 ; Mém. Documents Société hist. Suisse romande,XVIII, nécrologue de l'Eglise de Lausanne, p. 168,6 août; MARTIN, op. l., p. 150, 28. 9. Vitraux de la chapelle des Macchabées. On n'en a retrouvé que de minuscules fragments, lors de la restauration de la chapelle 2. * * * Vitraux actuels de Saint-Pierre. Les anciens vitraux des fenêtres Lasses de l'abside ont été remplacés de 1886 à 1894 par des reproductions modernes, dues au peintre verrier Fr. Berbig, de Zurich 3 et complétées pour les parties inférieures. Le vitrail de Marie-Madeleine, donné par F. de Charansonay, a reçu les armes de ce chanoine; celui de saint André, les écus du chapitre qui se voient encore au sommet de l'original; celai de saint Jean, les armes des familles Fæsch et Micheli; ceux de saint Paul et de saint Pierre, les armes de l'antipape Clément VII et d'Adhémar Fabri. Le septième vitrail, donné en 1894 par la famille Des Gouttes-Colladon, œuvre du peintre Didron, de Paris, porte les armes de cette famille et représente saint Pierre ès liens 4. On trouvera dans le bel ouvrage que M. Martin a consacré à la cathédrale l'énumération des autres vitraux modernes qui, de 1835 à nos jours, ornent les autres baies5. La chapelle des Macchabées a reçu aussi son nouveau décor de 1886 à 1888 6, œuvre de Berbig. * * 1 * SPON , II, p. 350. — MARTIN : op. 1., p. 28. — FLOURNOY , p. 1. MAYOR : Bull. Soc. Hist., 1, p. 106-107. 3 MARTIN : op. L, p. 182. — MAYOR : Bull. Soc. Hist., I,p. 112. — Indicateur d'Antiquités suisses, 1886, p. 323. — Saint Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 1 er fasc., 1891, p. 51. 4 MARTIN : p. 182-183. 5 Ibid., p. 179-180, 183-184. — Cf. encore ARCHINARD : op. 1., p. 224. — Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 2me fasc., 1892, p. 125; 1er fasc., 1891, p. 109, 108. — M. D. ART : Mémorial des séances du Consistoire, 1888, p. 302-312. — Jubilé de la Réformation à Genève, 1835, Historique et conférences, p. 127-129. 6 MARTIN : op. 1., p. 198. — MAYOR : Bull. Soc. Hist., I, 1892-7, p. 107. — Indicateur d'Antiquités suisses, 1888, p. 27, 137; 1886, p. 323. 2 — 335 — Autres anciens vitraux genevois. Les autres vitraux anciens qui sont d'origine genevoise ou qui rappellent quelque souvenir local, sont peu nombreux et de moindre importance artistique. M. H. Gosse en avait signalé quelques-uns en 1884 dans une communication présentée à la Société d'Histoire de Genève 1. Nous dressons ici la liste de ceux que nous connaissons: 1. Gaudy-Le Fort signale les armes de l'évêque Pierre de la Baume sur un vitrail, dans la maison dite de l'évêque, au Pré-1'Evesque. GAUDY - LE FORT , Promenades histor., (2), 1849, II, p. 70. 2. Vitrail aux armes de Genève avec la date 1540, propriété d'un amateur pari sien; exécuté pour Johann Rudolf de Grafenried. P. GANZ, Archives héraldiques suisses, 1922, p. 93; MAYOR, Fragments d'archéologie genevoise, 1897, p. 17, note 2; Th. Du FOUR , Un vitrail aux armes de Genève, donné par le Conseil en 1540, comm. Soc. hist., 1884; cf. Mémorial, 1889, p. 228; Mém. Soc. Hist., XXII, 1886, p. 340; H. DEONNA, Genava, I, 1923, p. 142 sq. ; id., Archives héraldiques suisses, 1923, p. 142-3; Bull. Soc. Hist., II, 18981904, p. 65. 3. Vitrail aux armes de Genève, de l'ancienne collection Engel-Gros, mise en vente à Paris en 1923, avec la date 1547. P. GANZ, Archives héraldiques suisses, 1922, p. 93; Collection Engel-Gros, Catalogue des vitraux anciens, 1922, p. 24, n°47, pi.; H. DEONNA, Archives héraldiques suisses, 1923, p. 142-3; id., Genava, I, 1923, p. 145 sq. 4. Fragment de vitrail aux armes de Genève, de l'ancienne collection du syndic Rigaud à La Tour-de-Peilz ; donné au Musée de Genève, il n'existe plus, tombé en poussière lors du transfert de la dite collection. Sans doute du début du XVIe siècle. MAYOR, Fragments d'arch. genevoise, p. 170; note 1; Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 65. BLAVIGNAC, Mém. Soc. Hist., VII, 1849, p. 111, 5. Vitrail aux armes de Gaspard de Genève, seigneur de la Bastie-Lullin, portant la date 1584. Il rappelle les négociations du traité d'alliance entre Berne, Zurich, Genève, en 1584. Acheté à Fribourg, en 1899. Au Musée d'Art et d'Histoire, salle J.-J. Rigaud. Indicateur d'antiquités suisses, I, 1899, p. 99 (description); V, 1903-4, p. 296; J. MAYOR , Note sur un vitrail aux armes de Genevois, Bull. Soc. Hist., II, 1898-1904, p. 169sq.,pl., p. 179; Rapport Société auxiliaire du Musée pour 1899, p. 21, pl. 1 H. GOSSE : Vitraux anciens existant encore à Genève, comm. Soc. Hist. 28 février 1884. — Mémorial, 1889, p. 229. — Mém. et Doc. Soc. Hist., XXII, 1886, p. 340. — 336 — 6. Vitrail aux armes de la famille Eynard, de la fin du XVIIe siècle, anciennement dans une collection privée de Lucerne, aujourd'hui au Musée d'Art et d'Histoire. n° 11457. MAYOR , Un vitrail aux armes de Genève, Fragments d'arch. genevoise, 1897, p. 170, pl. XII; Bull. Soc. Hist., I I , 1898-1904, pl. 64 sq., pi. I I ; Genava, I, 1923, p. 147, 11° 1, fig. 3; 111,1925, p. 35. 7. Vitrail représentant l'Escalade de 1602, peint vers le milieu du XVIIe siècle, restauré par M. Perron en 1902. Il se trouvait peut-être primitivement à l'Hôtel de Ville. Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques. HAMMANN , Les représentations graphiques de l’Escalade, 1868, p. 14-15 C; Genava, I, 1923> p. 61 note 1; 149, fig. 4. Signalons qu'un vitrail de l'Escalade, œuvre moderne de M. Henri Demole, et représentant les Savoyards précipités au bas des murs, a été placé en 1905 au temple de Saint-Gervais. L'exécution en est due aux peintres verriers Kirsch et Fleckner de Fribourg 1. 8. Vitrail provenant du temple de l’Auditoire à Genève, remis par le Conseil Administratif de la Ville le 17 janvier 1865. Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques. N°G. 925. Deux médaillons ovales, avec les têtes de profil d'un homme barbu et d'une femme, tournées l'une vers l'autre, dans le style Renaissance (cf. n° 9). 9. Vitrail circulaire, avec tête féminine tournée de profil à gauche, et l'inscription : EURICIDE. Une ancienne étiquette de papier collée sur lui porte la mention sui vante: « vitrail qui provient du temple de la Madelaine, par Foulquier vitrier il y a environ 60 ans ». Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques, n° 9458. Ce document, donné par M. Kuhn, a été signalé en 1841 à la Société d'histoire de Genève avec la mention au procès-verbal : « don d'un vitreau représentant une tête de femme provenant de l'église de la Magdelaine, réparée dans le commencement du siècle dernier »2. Ces indications permettent de reporter ce document à la fin du XVIIIe. JeanAmi Foulquier, fils de Jean-Pierre Foulquier, natif, et de Marie Maire, est né à Genève le 3 mai 1754, et mort à Cartigny le 11 décembre 1840; il épousa à SaintGermain, le 1er novembre 1795, Suzanne, fille de Pierre Gaillard. Son contrat de mariage du 31 octobre 1795 (J.-L. Duby, notaire, vol., 39, p. 965) le qualifie de Vitrier 3. 1 2 Patrie suisse, XII, 1905, p. 144, fig. Vitrail ancien provenant de l'église de la Madeleine, comm. Soc. Hist., 24 juin 1841. — Mémorial, 1889, p. 45. — DOUMERGUE , Genève calviniste, p. 243, note 4. 3 Renseignements fournis par M. P. MARTIN, archiviste d'Etat, Genève. — 337 — C'est l'auteur de notre vitrail. Celui-ci ne dénote pas de grands dons artistiques, ni une grande culture. La tête est assurément copiée de quelque image de la Renaissance (cf. n° 8), et l'inscription témoigne que le copiste ignorait le nom d'Eurydice. L'étiquette a été sans doute rédigée lors du don et de la présentation à la Société d'histoire, en 1841 ; en déduisant les soixante ans antérieurs qu'elle mentionne, on obtient la date approximative 1780, correspondant bien à la période d'activité de ce verrier. 10. Médaillon avec écusson portant trois colonnes. Autour, l'inscription: « Eglise de Dieu vivant. Colonnes apuis de vérité ». Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques, n° G. 476. Se trouvait dans un café de la rue des Corps-Saints, dans la maison donnant sur la cour du temple Saint-Gervais ; il provient sans doute de cette église. Restauré en 1923 par M. Wasem. XIXe s. 11. Vitrail moderne rectangulaire, avec le portrait de Calvin dans un médaillon ovale; autour, l'inscription: « Jean Calvin, ministre du S. Evangile à Genève. Décédé en l'an 15.. ». Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques, n° 10833. Selon les indications qu'a bien voulu nous communiquer M. le Prof. Borgeaud, l'auteur se serait inspiré de deux modèles: la gravure des «Icônes» de Théodore de Bèze, qui lui aurait fourni le costume et la bouche ouverte, le cou et les rides, et la médaille de 1552 de la collection Wunderli à Zurich, dont il a pris le relief pour le nez et l'arcade sourcilière. Il a cherché avec raison à donner au portrait plus de vie que ne l'a fait le graveur des Icônes, mais c'est au prix d'une germanisation des traits du réformateur français. * * * Hors de Genève 12. Lors de la transformation effectuée au réfectoire du couvent des Augustins à Zurich, on orna, selon la coutume, les fenêtres de vitraux armoriés et on les demanda à la diète helvétique 1 réunie à Zurich en 1519. Le duc de Savoie Charles III y avait envoyé ses délégués, à l'occasion des difficultés survenues entre lui et Genève, et pour faire rompre la combourgeoisie entre Genève et Fribourg conclue en février de cette année 2 . La même demande lui fut sans doute adressée, et il donna deux 1 2 Eidgenossischen Abschieden, III, 2, p. 1168 sq., « Les cantons suisses et Genève», Mém. Soc. Hist., 4°, IV, 1915, p. 4. 22 — 338 — vitraux représentant l'un les armes de Savoie, l'autre son portrait, accompagné de son patron Charlemagne et de saints protecteurs. Ces vitraux, qui rappellent d'importants événements de notre histoire locale, sont au Musée de Zurich1. * * * Signalons encore deux vitraux qui proviennent des environs immédiats de Genève : 13. Vitrail aux armes d'Allinges, et l'inscription: François Dalynge, seigneur de Coudrée, 1561. Au Musée de Genève, salle J.-J. Rigaud. Indicateur d'antiquités suisses, I, 1899, p. 100, n° 2 J.-J. Rigaud; Rapport Société auxiliaire du Musée pour 1899, p. 21. 14. Vitrail circulaire: la Vierge tenant l’enfant Jésus, les pieds sur un croissant, entourées de flammes. Provient de l'ancienne église de Peillonnex, Haute-Savoie. Don fait en 1916. Au Musée d'Art et d'Histoire, salle des souvenirs historiques. n° 7405. XVIe siècle ? * * * Les autres vitraux que possède le Musée d'Art et d'Histoire proviennent du Valais, de Fribourg et de la Suisse allemande. NOTE ADDITIONNELLE Ces vitraux se rattachent au grand ensemble des verrières françaises du XVme siècle; quoiqu'il ne soit pas possible de les attribuer ni à un atelier, ni à des artistes parisiens, ils présentent quelques-uns des caractères principaux des œuvres du centre de la France, œuvres que M. Emile Mâle a groupées sous la dénomination générale de vitraux de l'école de Paris; chaque figure de saint forme le sujet principal du vitrail et semble inspirée par une sculpture polychrome; elle est encadrée dans une niche tapissée de riches damas et surmontée d'un dais architectural très ornementé 2 . 1 Neujahrsblatt der Stadtbibliothek Zürich, 1878, p. 24 sq. — MAYOR : Bull. Soc. Hist. Genève, II, 1898-1904, p. 174. 2 Un grand nombre de vitraux français du XV me siècle présentent cette disposition, voir par exemple le vitrail des quatre évangélistes, celui des Pères de l'Eglise (cathédrale de Bourges). — 339 — L'allure générale, le dessin souple des draperies et le dais d'une architecture plus simple du vitrail représentant St Pierre, permettrait peut-être de l'attribuer ou d'en attribuer le modèle à un artiste du centre de la France; les autres semblent plus directement inspirés de l'art bourguignon, peut-être même de l'art flamand ; on remarquera certaines analogies entre le St Jean peint par les Van Eyck sur l'un des volets extérieurs du retable de Gand, qui reproduit certainement une sculpture d'un caractère assez rapproché de celle qui a inspiré la figure du St-Jean de Genève; un autre volet où Thierry Bouts a également copié une sculpture représentant St-Jean le rappelle d'une manière moins frappante, quoiqu'on y retrouve un peu de la rudesse austère des figures de Genève, rudesse sensible encore dans les visages de St Jacques le Majeur et de St André, qui seuls ont subsisté jusqu'à nous et que l'on ne retrouve pas dans les figures plus souples et élégantes des vitraux des environs de Paris 1. Les vitraux de St Pierre de Genève sont remarquables également par la recherche somptueuse et rare de leurs accords, la beauté de coloris et de profondeur de leurs verres. H. DEMOLE. 1 Le vitrail de la chapelle de Jacques Cœur dans la cathédrale de Bourges porte à gauche une figure de St-Jacques le Majeur ; elle permet d'établir la différence de style entre les vitraux de Genève et ceux du centre de la France. BRONZE FLORENTIN DU MUSEE DE GENEVE W. DEONNA. belle statuette en bronze, inédite, appartient au Musée d'Art et d'Histoire à Genève 1, dont les registres d'entrée ne donnent aucun renseignement précis sur sa provenance (fig. 1-2). Un jeune homme nu marche rapidement, la jambe droite portée en avant, la gauche en arrière. Le torse un peu tourné à droite, il lève au ciel les deux bras; sa tête, rejetée en arrière et inclinée à gauche, montre un visage angoissé, douloureux; la bouche ouverte crie, les traits sont contractés. Blessé au flanc droit, sans doute cherche-t-il à se défendre de son geste contre un adversaire, et à prévenir le coup qui le menace encore. Ce motif offre une grande analogie avec celui de plusieurs statuettes en bronze que M. W. Bode attribue à l'artiste padouan Francesco da Sant'Agata 2. Dans deux répliques (Braunschweig et collection Wallace, à Londres), comme ici, c'est un jeune combattant, nu, en une allure de marche, la jambe droite en avant; mais il est blessé à la tête au lieu de l'être à la poitrine, et s'il lève le bras gauche, il ramène le droit à sa tête en un geste de douleur. Un troisième exemplaire modifie le geste et l'attitude; le poids du corps ne porte que sur la jambe droite et la gauche relevée ne touche pas le sol; en revanche les deux bras font le même geste que celui de notre statuette (Braunschweig). Ce motif a eu certainement une grande célébrité, car on en connaît d'autres variantes encore où le jeune homme est mué en un Satyre. On ne saurait méconnaître la parenté qui unit ces divers monuments, et c'est aussi l'opinion de M, W. Bode à qui nous avons soumis ce rapprochement. Toutefois, le bronze de Genève en diffère par le style, par une plus grande souplesse de modelé et d'attitude, et il paraît plus récent d'une cinquantaine d'années. M. Bode le rapproche par le style d'œuvres de la fin du XVIe siècle que l'on attribue généralement au florentin Domenico Poggini3. M. de Nicola, le distingué directeur du Musée ETTE 1 N° G. 938 (ancien 313). — Haut. 0,54. 2 W. BODE : Die italienischen Bronzestatuetten der Renaissance, I, p. LXXIX; une œuvre signée de lui, 1520. 3 BODE , ibid., III, pl. 224-6. — 341 — du Bargello à Florence que nous avons aussi consulté, attribue notre statuette à un maître florentin de la seconde moitié du XVIe siècle, mais n'en connaît pas de réplique; il y retrouve le souvenir de Benvenuto Cellini dans l'élégance des formes, celui de Jean de Bologne dans le mouvement hardi et le geste. — 342 — Nul doute que l'auteur ne s'inspire d'une œuvre antique, selon l'habitude des maîtres de la Renaissance 1, comme M. Bode le suppose déjà pour les bronzes cités plus haut. On retrouve ici le système de proportions élancées cher à Lysippe 2, ce qui ne saurait étonner, puisque les artistes de la Renaissance ont adopté ce canon comme celui de Praxitèle 3. Mais il y a de plus avec les œuvres lysippiques des analogies dans la forme de la tête, dans le traitement de la chevelure en boucles courtes, dans la prédilection pour les attitudes mouvementées. Notre blessé est pour le style un descendant de l'Hermès du Musée de Naples qui, assis, va se lever et prendre son vol 5, et pour l'attitude, de l'enfant en prière du Musée de Berlin, qui lève les bras au ciel en geste d'adoration; ce dernier bronze, attribué à Boédas, fils et docile disciple de Lysippe, est apporté sans doute à Venise en 1586 avec la collection du patriarche d'Aquilée 5; faut-il supposer qu'il a exercé quelque influence sur l'auteur de notre bronze ? Quel est ce blessé ? Est-ce quelque personnage mythologique ? Serait-ce un Niobide, et l'artiste aurait-il emprunté quelques traits au groupe des Niobides de Florence découvert en 1583 à Rome et acheté par le cardinal Fernando de Medicis, à ces fils de Niobé qui, eux aussi, percés de flèches, lèvent les bras de désespoir et tournent vers le ciel leur visage éploré ? Nous laissons à de plus compétents le soin d'élucider ces problèmes, et nous nous contentons de signaler la valeur de cette œuvre qui, par sa beauté, mérite l'attention des connaisseurs. 1 Münchener Jahrb. d. bild. Kunst., 1907, I, p. 73. — Rev. arch., 1895, II, p. 22. — Rev. des Etudes grecques, 1908, p. 36. — MUNTZ, Histoire de l’Art pendant la Renaissance, II. 2 Sur le canon élancé de Lysippe, Bull, de Correspondance hellénique, 1899, p. 448 sq. — COLLIGNON, Lysippe, p. 102 sq., etc. 3 e e COURAJOD, «L'imitation et la contrefaçon des objets d'art antique aux XV et XVI siècles», Gazette des Beaux-Arts, 1886, II, p. 188 sq., etc. 4 COLLIGNON, Lysippe, fig. 24. 5 Historique de cette statue : Jahrbuch d. k. deutschcn Arch. Instituts, I, 1888 p. 1 sq. LE SCULPTEUR JEAN FRANCESGHI-DELONNE ET SA MAQUETTE D'UN MONUMENT EN L'HONNEUR DE ROUSSEAU1 G. ROCH. recherches d'archives ont permis de citer parmi les sculpteurs français de la fin du XVIIIe siècle le Lyonnais Franceschi-Delonne2, sans qu'on ait pu, à ce jour, présenter une sculpture sortie de ses mains ni même mentionner une seule de ses œuvres. Cette lacune est aujourd'hui comblée, des circonstances heureuses autant qu'imprévues m'ayant permis d'acquérir l'original d'une de ses créations, la seule encore existante, à ce qu'il semble: la maquette d'un monument en l'honneur de Rousseau. Jean Franceschi est né à Lyon le 4 septembre 1767. Fils d'un plâtrier, Règle Franceschi, filleul d'un tailleur de pierres, il ne fut pas sans « gâcher » le plâtre de bonne heure et sans se familiariser avec l'outillage de son parrain. Son frère aîné, Paul-Règle, pendant dix ans (1782-1791) élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, disciple de Houdon dès 1783 et commensal du maître dès 17883, dût avoir, de son côté, une influence sur son cadet. Ce qui est certain, c'est qu'en 1791 et 1792, les rôles d'élèves de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris porte les deux indications d'un Franceschi le Vieux et d'un Franceschi le Jeune, le premier ne pouvant être que Paul-Règle. En 1792, Jean Franceschi-Delonne (Delonne était le nom de sa mère) s'engageait à Paris comme sous-lieutenant dans la compagnie « des Arts»4. Dès lors, il poursuivit une carrière militaire brillante5. A Austerlitz, il était colonel; au lendemain d'Austerlitz, général de brigade. ES 1 Communication à la Société d'Histoire de Genève, 1921. — Bull. Soc. Hist., IV, 1922, p. 439. 2 3 4 5 Roger PEYRE : Répertoire chronologique universel des Beaux-Arts, 1792, France. Archives de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Roger PEYRE : op. cit. SAINTE - BEUVE : Nouveaux lundis, p. 246-249. — 344 — Envoyé à Naples, il y servit sous le général Reynier. Le ministre de la guerre, général Mathieu Dumas, lui donna sa seconde fille, Octavie, en mariage (la cérémonie eut lieu le 15 février 1808). Six mois après, il était en Espagne, et dès 1809 prisonnier. Il mourut en captivité le 23 octobre 1810 dans la prison de Carthagène, à l'âge de 43 ans. Dans sa prison le général modela deux bas-reliefs1; il ne faut pas songer à les retrouver et son monument à Rousseau restera probablement sa seule œuvre connue. * * * Ce projet se présente sous la forme d'une maquette de plâtre (fig. 1). C'est un original obtenu par moulage à creux perdu. Il ne mesure que 14 cm. de hauteur, sans le socle, son état de conservation est excellent. Rousseau assis sur un tertre, le coude droit appuyé sur un tronc d'arbre coupé à hauteur voulue, s'apprête à transcrire ce que l'inspiration lui dicte; sa main gauche retient, appuyée sur sa cuisse, un cahier où figure déjà le titre du « Devin du village ». Rousseau est en perruque, en habit à la française, en souliers à boucles. Le geste est tranquille, digne. Sans avoir une grande envolée, cette œuvre s'impose par une élévation certaine de sentiment. La signature, derrière le tertre, fut primitivement inscrite à l'ébauchoir sur la terre du modelage (fig. 2). Le D qui suit le nom de Franceschi est la lettre initiale du nom de Delonne que l'artiste a choisi davantage, je crois, par euphonie, que pour se particulariser, à moins qu'il fût précisément en mal de particule. Pour servir à l'identification de cette signature, j'ai demandé aux Archives du Ministère de la guerre la reproduction d'un autographe du général (fig. 3).Les f 1 SAINTE-BEUVE: op. cit — 345 — initiaux sont tous deux des minuscules, les a sont pareils, l'allure générale est la même. Du sculpteur à l'officier supérieur, la signature est restée identique au fond : c'est la même griffe, mais plus empanachée, plus glorieuse en 1800 qu'en 1792. * * * Le modelage de Franceschi marque-t-il un tempérament d'artiste exceptionnel ? L'ensemble de son travail « se tient », il est d'un « classique », mais accuse encore certaines maladresses: Rousseau est «établi» un peu gauchement sur son socle, assis trop bas. Ses omoplates, ses épaules sont trop arrondies. Vu de dos, il est gauchement traité. De face, la pose, le modelé sont beaucoup plus intéressants. Pour un monument, toutefois, le projet présenterait un défaut grave (défaut qu'exagère même un peu notre reproduction) : le raccourci des cuisses n'est pas d'un bon effet La maquette en travail a dû être généralement vue de trop haut par l'artiste. Franceschi était de l'école de Houdon. Il suffit, pour s'en rendre compte, d'étudier la tête de Rousseau dans son œuvre et de comparer son buste avec celui de Houdon exposé au Salon de 1779. L'on se rend compte alors de l'analogie de ces deux interprétations, tout en rendant hommage à la maîtrise de Houdon. Le Rousseau de Franceschi a la figure plus large, les traits, les sourcils, les paupières, les lèvres trop accentués, la perruque, les détails du costume trop fouillés, le cou étranglé. Par contre, les deux profils sont excellents, on dirait d'une étonnante copie. A coup sûr, Jean Franceschi, sous la conduite de son frère, a souvent visité l'atelier Houdon, à moins qu'il ait été lui-même l'élève de celui qui prétendait au monopole de la ressemblance dans ses reproductions de Rousseau, à moins que. . . ici toutes les suppositions sont admissibles. — 346 — N'oublions pas, d'autre part, que la Constituante pensa ouvrir en 1791 un concours pour un monument à élever en l'honneur de Rousseau. Franceschi-Delonne a peut-être pensé y participer alors que son frère, commensal de Houdon, ne pouvait l'imiter. Les iconographes de Rousseau n'ont pas connu l'œuvre de Jean Franceschi; cependant, M. de Girardin a décrit, sous le n° 1188 de son Iconographie, une statuette analogue mais non signée et de dimensions différentes: «1188. Statuette en bronze: Représente Rousseau, assis sur une pierre, en « train d'écrire, le coude droit appuyé sur un tronc d'arbre, son papier sur son « genou gauche. La main droite tient une plume. « Le philosophe, qui est en habit à la française, en perruque, a la tête tournée « de trois quarts à gauche. « Cette statuette mesure 22 cent. 5 de hauteur. (Collection du Marquis de Girardin.) » La comparaison de ces deux œuvres serait certainement intéressante, d'autant que l'une ou l'autre a servi de modèle pour la fabrication d'un bibelot de verre translucide et d'un biscuit de St-Cloud déposé au Musée J.-J. Rousseau à Genève (cf. Girardin, 1248). Il y a donc trois documents similaires ayant le même objet. Des trois, celui qui était signé, est resté inconnu jusqu'à notre époque, tandis que' les deux autres ont trouvé leur place dans des collections appréciées; de sorte que l'inédit dans le présent article est moins dans la représentation de Rousseau que dans l'identification de son auteur, le sculpteur Jean Franceschi-Delonne, mort général de brigade 1. 1 Je me fais un devoir et un plaisir de remercier ici MM. Devillaine, Paul Vitry, Marcle Aubert, tant il est vrai que les travaux historiques les plus modestes ne sauraient aboutir sans aide efficace. LES PRADIER DU MUSEE DE GENEVE L. GlELLY Catalogue de l'œuvre de Pradier publié dans le Dictionnaire des Sculpteurs de l'Ecole française au XIXe siècle, par S. Lami, est un des plus complets qui soient. Cependant, il ne mentionne pas la plupart des pièces possédées par le Musée de Genève. Le présent travail est destiné à combler cette lacune. Il a été grandement facilité par les fiches précédemment établies, auxquelles il a suffi d'apporter quelques rectifications et d'ajouter des renseignements précis. Les recherches ont été plus compliquées quand il s'est agi d'étudier les nombreuses statuettes appartenant au Musée. Elles proviennent, dans leur presque totalité, de l'ancien Musée des Arts Décoratifs, qui les remit à la section des Beaux-Arts en 1910. C'est alors seulement qu'elles furent régulièrement cataloguées. Or, trente-cinq de ces statuettes avaient été achetées en 1904 à la veuve de Salvadore Marchi, mouleur à Paris et ancien éditeur de Pradier. La facture payée à Mme Marchi porte l'indication suivante: « une collection de trente-cinq statuettes ou groupes en plâtre à l'état d'abattis pour le moulage des épreuvestypes par Pradier ». Ces pièces présentent donc un intérêt particulier. Certains affirment que ce sont des maquettes. Il fallait tenter de le vérifier, et, pour cela, commencer par distinguer, entre toutes les statuettes, celles qui pouvaient provenir de l'atelier Marchi. Cette opération fut relativement facile. Il existe une différence nettement marquée entre les statuettes de l'atelier Marchi et les autres, qui sont visiblement des surmoulages. Aucun doute n'est possible. E — 348 — Les statuettes de l'atelier Marchi sont-elles des maquettes ? La réponse est moins aisée à donner. Quand elles sont entrées au Musée des Arts décoratifs, étaientelles toutes à l'état d'abattis, comme l'affirme la facture ? C'est peu probable. Plusieurs en effet étaient montées et prêtes à la vente, puisqu'elles portent l'étiquette en cuivre de Marchi (Molière, Lesbie). Six autres cependant ont encore leurs clefs: Vénus et l'amour, Sapho, la Danaïde, Flore au serpent, la Bacchante ivre, la Repasseuse. La difficulté s'augmentait du fait qu'elles ont été patinées postérieurement à leur entrée au Musée. Dans le doute, je me suis adressé à des sculpteurs et à un spécialiste, M. Plojoux, professeur de moulage à l'Ecole des Arts et Métiers. Ils n'ont pas voulu se prononcer. Mais il est en tout cas hors de doute que nous possédons des épreuves anciennes particulièrement soignées et qui devaient servir aux travaux du mouleur Salvadore Marchi. L'étude des statuettes de Pradier soulève deux autres problèmes. Un certain nombre d'entre elles sont des réductions de statues plus importantes et connues. Deux de ces réductions portent même la signature de Pradier et celle de Delpech, son élève, qui fut chargé de l'exécution. Pour quelques pièces, il existe deux réductions-de dimensions différentes. Cependant plusieurs de ces statuettes ont été conçues comme telles. Lequesne, élève de Pradier, qui a annoté les dessins de son maître en possession du Musée, marque souvent qu'un dessin est un projet de statuette. Toutes les fois que nous avons retrouvé un grand modèle pour les statuettes du Musée, nous l'avons indiqué dans notre catalogue. Mais il se peut qu'il y ait des omissions. Le fait donc que nous ne mentionnons pas un modèle de grande dimension ne signifie pas que la statuette soit une œuvre originale, mais simplement que nous n'avons pas de renseignement à ce sujet. Enfin, les statuettes de Pradier ont dû évidemment être coulées en bronze à de nombreux exemplaires qui sont dispersés dans les collections publiques et privées. Le Dictionnaire Lami n'en cite que quelques-uns et ne mentionne pas ceux que possède le Musée de Genève. Nous savons d'autre part par une notice de Lequesne que la Léda des Artistes fut exécutée en or, argent, marbre et ivoire. — 349 — La série de plâtres que nous avons étudiés n'en a pas moins sa valeur; et, en plus de son intérêt artistique, elle permet de donner plus de précision au catalogue de l'œuvre de Pradier. STATUES ET GROUPES . I. — 1815-26. Néoptolème retenant Philoctète prêt à percer Ulysse de ses flèches. Bas-relief, plâtre original. H. 1,215; L. 1,50. Premier prix de Rome en 1813. Don de l'auteur. I bis . — 1842-2. Vénus et VAmour. Groupe plâtre. H. 0,99. Don de l'auteur. Salon de 1836 (n° 1978). Ce groupe, acquis par le ministère de l'Intérieur, le 3 septembre 1836, moyennant 7000 francs, a figuré au Musée du Luxembourg. D'après Dussieux (Les Artistes français à l'étranger, 1876, p. 569), le groupe de Vénus et l’Amour, par Pradier, se trouverait au Palais impérial de Pétrograd. S'agit-il d'une réplique, ou bien l'original a-t-il été donné par le gouvernement français à l'empereur de Russie ? (S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XIXe s., IV, 104, Paris, 1921). Le Musée de Genève possède une réduction de ce groupe, cataloguée sous le n° 1910-234 (XLII). — 350 — II. — 1852-7. La Ville de Strasbourg. Statue plâtre, maquette. H. 1,27. Acquis de la succession Pradier en 1852. La statue en pierre fut exécutée en 1836, pour la place de la Concorde. III. — 1852-11. L'Instruction publique. Bas-relief plâtre en 5 morceaux, maquette. H. 0,91; L.2,76. Acquis de la succession Pradier en 1852. Exécuté en pierre pour la Chambre des Députés, à Paris, de 1837 à 1839. IV. — 1852-9. Chloris caressée par Zéphyr. Statue plâtre, maquette. H. 1,645. Signé et daté de 1841. Acquis de la succession Pradier en 1852. L'original, en marbre de Paros, a figuré au Salon de 1849; il se trouve actuellement au Musée de Toulouse. Le Musée de Genève possède une réduction de cette statue, sous le n° 1910. 226 (XLIII). V. — 1852-10 et 10 bis. La Comédie légère. La Comédie sérieuse. Statuettes plâtre, maquettes. H. 0,58. Acquis de la succession Pradier en 1852. Exécuté en marbre pour la Fontaine Molière, à Paris, en 1842, avec légères variantes (les ailes qui se trouvent dans la maquette sont supprimées dans le marbre). Le Musée de Genève possède une première pensée de ces statues, au crayon, sous le n° 1852-71. VI. — 1906-28. Urne funéraire. Marbre. H. 0,85. Signé et daté de 1844. Don de M. Jules Rouff, en 1900. Exécuté à la suite de l'accident mortel survenu au duc d'Orléans, le 13 juillet 1842. Cf. E. MAREUSE, Un vase commémoratif de l'accident du duc d'Orléans, dans le Bulletin de la Commission municipale historique et artistique de Neuilly-sur-Seine, 1912; W. DEONNA, l'Imitation de l'antique par quelques artistes de la fin du XVIIIe s. et de la première moitié du XIXe s. représentés au Musée de Genève, dans Genava, Bulletin du Musée d'Art et d'Histoire, Genève, 1923. VII. — 1900-43. La Fontaine de Nîmes. Maquette plâtre. Acquis à Nîmes par la Fondation Gottfried Relier et déposé au Musée d'Art et d'Histoire; transféré provisoirement au Musée de l'Ariana, à Genève. La fontaine fut érigée en 1848; la maquette de Genève date de 1845, ainsi qu'il résulte de l'inscription gravée sur l'amphore de l'Eure. a) La Ville de Nîmes. H. 1.25. Signé. b) Le Rhône. H. 0,885. Cf. le dessin catalogué sous le n° 1852-38. c) Nemausa. H. 0,87. Cf. le dessin catalogué sous le n° 1852-37. Le Musée de Genève possède une réduction en plâtre de cette statue (1910-235, XLIV). d) L'Eure. H. 0,855. Signé et daté de 1845. Le Musée de Genève possède une réduction en plâtre de cette statue (1910-236, XLV). e) Le Gardon. H. 0,87. — 351 — VIII. — 1852-5. La Paix. Statue plâtre, maquette. H. 1.09. Signé sur le socle, où est gravée l'inscription: République française, 1848. Acquis de la succession Pradier, en 1852. IX. — 1852-2. Polyphème surprenant Acis et Galatée. Groupe plâtre, maquette. H. 1.55. Acquis en 1852 de la succession Pradier. Reproduit en bronze en 1910 (n° 1910-266). Dans une lettre écrite de Paris le 27 mars 1849, Pradier offrait au Conseil administratif de la Ville de Genève d'exécuter cette œuvre en marbre (D. BAUD -BOVY, J.-J. Pradier, dans Nos Anciens, 1915). X. — 1852-1. Ulysse emportant le corps d'Achille. Groupe plâtre, maquette. H. 1.66. Acquis en 1852 de la succession Pradier. Reproduit en bronze en 1910 (n° 1910-265). Le Musée de Genève possède une première pensée de ce groupe, au crayon, sous le n° 1852-20. Une lettre de Pradier à Canonge, de 1850, citée par D. BAUD -BOVY (J.-J. Pradier, dans Nos Anciens, 1915) mentionne que le sculpteur travaille à cette œuvre. XI. — 1852-8. L'Industrie. Statue plâtre, maquette. H. 1,14. Acquis de la succession Pradier en 1852. Le Musée en possède un dessin sous le n° 1852-33. Exécuté en pierre (H. 3 m.) pour la Bourse à Paris, en 1851. XII. — 1855-15. Homère et son guide. Groupe plâtre. H. 0,92. Signé et daté de 1852. Le Musée de Genève en possède deux réductions, cataloguées sous les nos 1910233 (LIV) et 1919-28 (XXXI). XIII. — 1852-6. L’Eloquence. Statue plâtre, maquette. H. 1,035. Acquis de la succession Pradier en 1852. XIV. — 1852-3. La Baigneuse surprise. Statue plâtre, maquette. H. 0,69. Acquis de la succession Pradier en 1852. XV. — 1852-4. La Baigneuse. Statue plâtre, maquette. II. 0,69. Acquis de la succession Pradier en 1852. XVI. — 1852-99. Mascaron. Bas-relief plâtre. H. 1.32; L. 1.10. XVII. — 1913-4. La Nymphe de la fontaine. Terre-cuite. H. 0,74. XVIII. — 1913-4bis. Amour. Terre-cuite. Aurait formé un groupe avec la statue précédente. — 352 — BUSTES ET PORTRAITS . XIX. — 1825-28. J.-J. Rousseau. Buste marbre blanc. H. 0,565. Signé et daté de 1821. XX. — 1825-27. Charles Bonnet. Buste marbre blanc. H. 0,54. Signé et daté de 1822. Salon de 1822. XXI. — 1896-17. S. de Sismondi. Buste bronze. H. 0,665. Signé et daté de 1843. Sur la poitrine: Sismonde Sismondi. Salon de 1843. XXII. — 1910-89. A. P. de Candolle. Buste avec piédestal orné de figures, bronze. Buste, H. 0,82; piédestal, H. 1,26. Signé. Inauguré en 1845. Le Musée possède un croquis au crayon de ce monument (n° 1852-81). Ce monument, placé d'abord dans la promenade des Bastions à Genève, fut transféré au Musée en 1910. Une réplique en bronze a été mise aux Bastions. XXIII. — 1873-4. Général Dufour. Buste plâtre. H. 0,515. Signé et daté de 1849. Don de la Société des Arts de Genève. Un buste en plâtre du général Dufour, signé et daté de 1849, se trouve au Musée d'Angers, envoi de l'Etat en 1887. XXIV. — 1907-36. Jean Tur, de Nîmes. Buste marbre blanc. H. 0,54. Signé et daté de 1851. Don de la Société auxiliaire du Musée. XXV. — 1908-65. Victor Chavet, peintre. Buste plâtre, moulage. H. 0,30. Signé et daté de 1851. Le bronze se trouve au Musée d'Aix-en-Provence. La Société des Arts, à Genève, en possède une épreuve originale en plâtre bronzé. XXVI. — 1846-16. Général Rath. Buste marbre. H. 0,705. Don des demoiselles Rath en 1826. XXVII. — 1852-13. J. Pradier. Buste bronze. H. 1,00. Signé à droite: J. Pradier; à gauche, E. Lequesne. Coulé d'après un plâtre donné par la famille Pradier. XXVIII. — 1910-83. Portrait de jeune garçon (John Pradier ?). Bas-relief en terre-cuite. H. 0,29; L. 0,20. Signé. Don de M me Crauk. XXIX. — 1905-4. Les trois enfants de l'artiste. Médaillon ovale, plâtre patiné noir. 0,10 X 0,121. Sur un papier collé au dos : « Souvenir à mon fils. Louise Pradier ». XXX. — 1911-59. Portrait du duc d'Orléans. Médaillon bronze, forme ronde. D. 0,25. Signé. Au revers, la marque : Simonet, fondeur à Paris. Acquis à la vente Alexis Rouart, n° 132 du catalogue. Un autre exemplaire se trouve au Musée Carnavalet, à Paris. — 353 — STATUETTES . Bronze. XXXI. — 1919-28. Homère et son guide. Groupe bronze. H. 0,415. Signé et daté de 1852. Réduction du n° 1855-15 (XII). Le Musée possède un autre exemplaire en plâtre, sous le n° 1910-233 (LIV). XXXII. — 1910-9. Les danseuses à la guirlande. Groupe bronze. H. 0,46. Signé. XXXIII. — 1910-9bis. Sapho. Statuette bronze. H. 0,28. Signé: J. Pradier, Susse Er. Réduction de la Sapho du Louvre (Salon de 1852), avec légère variante. Le Musée d'Angers possède également une réduction de la statue du Louvre, en bronze, fondue par Susse, haute de 0,72 avec le socle. XXXIV. — 1911-110. Le général Wellington. Statuette équestre bronze. H. 0,34. Signé. XXXV. — 1911-70. La négresse au tambourin. Statuette bronze. H. 0,51. Epreuve moderne, par la maison Fumière. XXXVI. — 1911-71. Vénus à la coquille. Statuette bronze. H. 0,125. Epreuve moderne, par la maison Fumière. Le Musée en possède un exemplaire en plâtre (1910-241, LXXVII). XXXVII. — 1911-72. Femme couchée. Statuette bronze. H. 0,065; L. 0,16Epreuve moderne, par la maison Fumière. XXXVIII. — 1911-73. Femme en prière. Statuette bronze patiné et doré. H. 0,38. Epreuve moderne, par la maison Fumière. Plâtre. a) Pièces provenant de l'atelier Marchi. XXXIX. — 1910-21b. Psyché. Statuette plâtre. H. 0,42. Sur le socle E. Marchi, éd. Réduction de la statue du Louvre, exposée au Salon de 1824. Le Musée en possède un autre exemplaire, en plâtre, avec une légère variante, sous le n° 1910-79. XL. — 1910-224. Satyre et Bacchante. Groupe plâtre. H. 0,30. Un groupe de marbre a été exposé sous ce titre au Salon de 1834; acheté par le prince Demidoff, il a été vendu à sa vente, à Florence, pour le prix de 10.000 fr. Le plâtre de Genève en est peut-être la réduction, à moins que ce ne soit la pièce suivante, n° 1910-252. 23 — 354 — XLI. — 1910-252. Satyre et Bacchante. Groupe plâtre. H. 0,64. XLII. — 1910-234. Vénus et l'Amour. Groupe plâtre avec clefs. H. 0,265. Réduction du n° 1892-2 (II). (1836). XLIII. —1910-226. Chloris caressée par Zéphir. Statuette plâtre. H. 0,295. Signé. Réduction du marbre du Musée de Toulouse (1849) et de la maquette du Musée de Genève, n° 1852-9 (IV). XLIV. — 1910-235. Nemausa. Statuette plâtre. H. 0,335. Réduction d'une des statues de la fontaine de Nîmes (1845) et de la maquette du Musée de Genève, n° 1900-43c (VIIc). XLV. — 1910-236. Ura. Statuette plâtre. H. 0,34. Signé en creux: J. Pradier. S. Marchi éd. Réduction d'une des statues de la fontaine de Nîmes (1845) et de la maquette du Musée de Genève, n° 1900-43d (VIId). XLVI. — 1910-261. Pietà. Groupe plâtre. H. 0,40. Signé. Réduction d'un groupe en marbre exposé au Salon de 1847. — Le Musée possède un dessin de ce groupe (1852-47); il porte l'indication que le marbre se trouve à Hyères, chez Mme Farnous. Lami, Dictionnaire, IV, 108, dit qu'il fut placé dans une chapelle funéraire à Toulon. Un exemplaire se trouverait également à la cathédrale d'Avignon. XLVII. — 1910-209. Sapho. Statuette plâtre avec clefs. H. 0,455. Signé et daté de 1848. C'est sans doute la réduction de la statue demi-grandeur en bronze exposée au Salon de 1898. Pradier aurait exécuté de la sorte deux statues de Sapho, l'une debout, exposée au Salon de 1848, dont on a perdu la trace et dont le Musée de Genève possède la réduction, l'autre, assise, exposée au Salon de 1852 et aujourd'hui au Louvre. Lami, Dictionnaire, IV, 109 et 111, qui ne connaît pas la réduction de Genève, suppose que la statue du Louvre fut exposée deux fois, en 1848 et en 1852. XLVIII. — 1910-223. Sapho. Statuette plâtre. H. 0,33. Signé: J. Pradier, 1898, C. Delpech redon. Même sujet que la pièce précédente, avec légères variantes (la tunique n'est pas bordée; une branche de fleurs est à terre, à côté de la colonne). XLIX. —1910-208. Médée. Statuette plâtre. H. 0,48. Signé en creux: J. Pradier, S. Marchi, édit. Une statue de Médée fut exposée au Salon de 1850; elle appartenait à la reine d'Angleterre. Le Musée possède un dessin de cette œuvre, n° 1852-7. L. — 1910-262. Médée. Statuette plâtre. H. 0,33. Signé: Delpech réd. Identique à la pièce précédente. — 355 — LI. — 1910-230. Lesbie. Statuette plâtre. H. 0,235. Signé et daté de 1852; porte l'étiquette en cuivre: Salvadore Marchi, éditeur de M. Pradier, Paris. LII. — 1910-254. La Danaïde. Statuette plâtre avec clefs. H. 0,48. Signé et daté de 1852. LUI. — 1910-254bis. La Danaïde. Statuette plâtre. H. 0,32. Signé et daté de 1852; en creux: S. Marchi, éditeur. Réduction de la pièce précédente. LIV. — 1910-233. Homère et son guide. Groupe plâtre. H 0,435. Réduction du n° 1855-15 (XII), signé et daté de 1852. Le Musée en possède également un exemplaire en bronze (n° 1919-28, XXXI). LV. — 1910-213. Phryné. Statuette plâtre. H. 0,405. Cette statuette n'est pas la réduction de la statue en marbre du Musée de Grenoble, mais elle en procède. LVI. — 1910-212. La Léda des artistes. Statuette plâtre. H. 0,445. Le Musée possède deux dessins de cette pièce (n° 1852-44 et 45), dont l'un porte une notice de Lequesne, indiquant qu'elle a été exécutée en or, argent, marbre et ivoire. Une réplique en plâtre se trouve au Musée d'Angers. LVII. — 1910-228. Léda attirant le cygne. Statuette plâtre. H. 0,165. Le Musée en possède un dessin catalogué sous le n° 1852-46. LVIII. — 1910-229. Diane au repos. Statuette plâtre. H. 0,235. LIX. — 1910-232. Diane au repos (assise). Statuette plâtre. H..0,285. LX. — 1910-227. Vénus à la coquille. Statuette plâtre. H. 0,235. Le Musée en possède une première pensée, dessin n° 1852-30. LXI. — 1910-225. Flore au serpent. Statuette plâtre avec clefs. H. 0,305. Signé. LXII. — 1910-217. Flore et Zéphyr. Groupe plâtre. H. 0,42. Sur le socle en creux: Marchi, éditeur, rue du Four St G. 10. LXIII. — 1910-231. La Bacchante ivre. Statuette plâtre, avec clefs. H. 0,38. LXIV. — 1910-221. Bacchante couchée. Statuette plâtre. H. 0,08; larg. 0,10; long. 0,23. Signé. Le Musée en possède un dessin, catalogué sous le n° 1852-50, portant le titre, de la main de Lequesne: femme couchée. LXV — 1910-248. Bacchante couchée et Bacchus enfant. Groupe plâtre. H. 0,51. Signé. LXVI. — 1910-210. Le Jour, Etoile du Berger. Statuette plâtre. H. 0,515. LXVII. — 1910-211. La Nuit, Etoile du Berger. Statuette plâtre. H. 0,535. LXVIII. — 1910-219. Odalisque endormie. Statuette plâtre. IL 0,17. — 356 — LXIX. —1910-257. Femme endormie. Statuette plâtre. H. 0,07. Signé. LXX. — 1910-214. La Danseuse au tambourin. Statuette plâtre. H. 0,46. LXXI. — 1910-215. La Femme à la chèvre. Statuette plâtre. H. 0,385. Le Musée en possède deux dessins catalogués sous les nos 1852-34 et 1852-96. LXXII. — 1910-222. — La Repasseuse. Statuette plâtre avec clef. H. 0,34. LXXIII. — 1910-256. Molière. Statuette plâtre. H. 0,31. Porte les deux étiquettes en cuivre: Pradier; — Salvadore, mon r éditeur de Mr Pradier. b) Pièces de provenances diverses. LXX1V. — 1917-6. Portrait en pied du docteur Baron, membre de l'Académie de médecine. Statuette plâtre. H. 0,46. Signé et daté de 1838. Don du Dr Charles Perrier. La famille de M. F. Chayet, inspecteur général des finances à Graveson, petit-neveu du Dr Baron, en possède trois exemplaires. LXXV. — 1910-253. La Poésie légère. Statuette plâtre. H. 0,535. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Réduction de la statue en marbre du Musée de Nîmes, du Salon de 1846. LXXVI. — 1910-244. Nyssia. Statuette plâtre. H. 0,30. Surmoulage de Bonnet à Paris. Traces de signature. Réduction de la statue en marbre du Musée de Montpellier, du Salon de 1848. Le Musée possède un dessin de cette statue, catalogué sous le n° 1852-80 et portant, de la main de Pradier, le titre: Nisia. LXXVII. — 1910-241. Vénus à la coquille. Statuette plâtre. H. 0,17. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. Le Musée en possède un exemplaire en bronze (1911-71, XXXVI) fondu par la maison Fumière en 1916. LXXVIII. — 1910-238. Odalisque dansant. Statuette plâtre. H 0,31. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. LXXIX. — 1910-255. La danseuse aux calebasses. Statuette plâtre. H. 0,465. Surmoulage de Bonnet, à Paris. LXXX. — 1910-246. La Pêche. Statuette plâtre. H. 0,525. Surmoulage .de Bonnet, à Paris. LXXXI. — 1910-247. La Chasse. Statuette plâtre. H. 0,565. Surmoulage de Bonnet à Paris. Traces de signature. LXXXII. — 1910-239. La Femme au livre. Statuette plâtre. H. 0,285. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. Autre exemplaire sous le n° 1910-81, don de M me Crauk. — 357 — LXXXIII. — 1910-242. La chemise enlevée. Statuette plâtre. H. 0,30. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. Une statuette, bronze en partie doré, fut exposée à l'Exposition centennale de l'Art français, en 1900 (n° 1771). Elle appartenait à M. John Murray Scott. (Lami, Dictionnaire, IV, 110). LXXXIV. — 1910-243. La Femme au chat. Statuette plâtre. H. 0,30. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. Le Musée possède un dessin de cette statuette, catalogué sous le n° 1852-31. LXXXV. — 1910-240. La femme au bas. Statuette plâtre. H. 0,29. Surmoulage de Bonnet, à Paris. Traces de signature. Le Musée possède un dessin de cette statuette, catalogué sous le n° 1852-56. Une statuette, bronze, fut exposée à l'Exposition centennale de l'Art français en 1900 (n° 1770). Elle appartenait à M. Alexis Rouart. (Lami, Dictionnaire, IV, 110.) LXXXVI. — 1910-218. Femme couchée. Statuette plâtre. H. 0,06. Long.0,18. Surmoulage de Bonnet, à Paris. LXXXVII. — 1910-220. Odalisque couchée. Statuette plâtre. Longueur 0,20; larg. 0,085. Surmoulage. LXXXVIII. — 1910-251. Odalisque accroupie. Statuette plâtre. H. 0,36. Surmoulage de Bonnet, à Paris. LXXXIX. — 1910-237. La Prière. Statuette plâtre. H. 0,215. Surmoulage de Bonnet, à Paris. XC. — 1910-245. La lecture. Statuette plâtre. H, 0,295. Surmoulage de Bonnet à Paris. XCI. — 1910-259. Le Pifferaro. Statuette plâtre. H. 0,45. Surmoulage de Bonnet, à Paris. XCII. — 1910-260. Napoléon. Statuette plâtre. H. 0,315. Surmoulage de Bonnet, à Paris. XCIII. — 1910-78. La Femme à l'urne. Statuette plâtre. H. 0,415. Don de Mme Crauk. XCIV. — 1910-258. L'Enfant au chien. Statuette plâtre. H. 0,245.