Grégory PIRMET Quentin CHARLES 40 ans de Guerre d’Espagne : l’épée contre la plume. Alors que la guerre d’Espagne (1936-1939) n’a éclaté que trois mois auparavant, Miguel de Unamuno répondait déjà au « Vive la mort ! » de Millán-Astray : “Se taire équivaut parfois à mentir, car le silence peut s’interpréter comme un acquiescement […] Je viens d’entendre le cri nécrophile « Vive la mort ! » qui sonne à mes oreilles comme « À mort la vie ! » […] Le général Millán-Astray est un invalide. Inutile de baisser la voix pour le dire. Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Mais les extrêmes ne sauraient constituer la norme. Il y a aujourd’hui de plus en plus d’infirmes, hélas, et il y en aura de plus en plus si Dieu ne nous vient en aide. Je souffre à l’idée que le général Millán-Astray puisse dicter les normes d’une psychologie des masses. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès qui était un homme, non un surhomme, viril et complet malgré ses mutilations, un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. […] Le général Millán-Astray voudrait créer une nouvelle Espagne – une création négative sans doute- qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne inconsciemment à entendre. (Nouvelles interruptions « À bas l’intelligence ! Vive la mort ! ») Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit. »1 Cet affrontement verbal qui opposa le philosophe et recteur de l’université de Salamanque Unamuno au général de la Légion espagnole résumait parfaitement tous les enjeux politiques qui opposent le camp républicain et le camp insurgé. C’est en effet contre le projet réformiste de la Seconde République espagnole, notamment au niveau de l’armée, de l’éducation et de l’Église2 que se souleva une partie des militaires les 17 et 18 juillet 1936. D’autre part, la 1 Reconstitution du discours de Salamanque du 12 octobre 1936 par THOMAS, Hugh, La Guerre d’Espagne, Paris, R. Laffont, 1961, p93. 2 Parmi ces réformes, on retrouve la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la légalisation du mariage civil et du divorce, l’enseignement gratuit, obligatoire et laïque et la soumission de l’armée au pouvoir civil. 1 victoire du Front populaire aux élections de février 19363 suffit à assimiler la République à la crainte d’une révolution rouge en Espagne. Le coup d’état nationaliste fut le résultat d’un projet soigneusement préparé, dont les fondements apparaissaient déjà dans un discours prononcé par Francisco Franco le 1 er juin 1936 : Notre projet -le mien et celui de mon gouvernement- s’orientera vers un effort constant pour les classes populaires, celles que l’on appelle « classes défavorisées », ainsi qu’à la triste classe moyenne. La victoire doit ouvrir à tous les espagnols une possibilité d’un bien-être supérieur et véritable. Nous nous battons pour le peuple d’Espagne ; Ce n’est pas seulement des paroles en l’air mais un projet que je me suis fixé dans mon cœur depuis le premier jour du combat.”4 C’est avec ce général que ce projet vit le jour, et le 1er octobre 1936 celui-ci fut même nommé chef du camp nationaliste. Un groupe unifié dès avril 1937 par trois vecteurs : d’abord idéologique autour de la Phalange Espagnole et les JONS, ensuite militaire, entres autres représentées par les généraux Queipo de Llano ou Mola, et enfin religieux avec l’Église Catholique, qui voit dans la guerre civile une « Croisade » contre les athées de la République. En outre, il faut ajouter une dimension internationale au conflit avec l’aide militaire de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie, dont le bombardement du village de Guernica le 26 avril 1937 en est le meilleur exemple. Une politique contrastant avec la non-intervention adoptée par la France et la Grande-Bretagne dès fin août 1936 ; position très critiquée à la fois par leurs contemporains mais aussi par l’historiographie a posteriori. Malgré tout, des volontaires du monde entier voulant défendre un idéal de démocratie se réunirent à Paris et, avec la participation active du Parti Communiste Français, formèrent les Brigades Internationales. Comme les défenseurs de la République en Espagne, il s’agissait en grande majorité de civils, parmi lesquels figuraient des grandes figures intellectuelles du XXè siècle comme Orwell, Malraux ou Hemingway, qui, pour la plupart, n’avaient jamais utilisé un fusil. La lutte passait non seulement par le champ de bataille, mais aussi par la littérature engagée provenant de partout dans le monde : des écrivains dans les rangs des Brigades, comme ceux cités précédemment, aux poètes latino-américains tels que Pablo Neruda (L’Espagne au Cœur 3 Ce seront d’ailleurs les dernières avant juin 1977. “Nuestra obra –la mía y la de mi Gobierno- estará orientada hacia una constante preocupación por las clases populares, por esas que se han llamado “clases bajas”, así como por la tristeza de la clase media. La victoria tiene que abrir a todos los españoles una posibilidad de bienestar mayor y de satisfacción más verdadera. Estamos batiéndonos por el pueblo de España; esto no es solamente una frase, sino un propósito que llevo desde el primer día de lucha en el corazón.” 4 2 (1938)) et César Vallejo (Espagne, écarte de moi ce calice (1939)) et bien sûr, des écrivains espagnols comme Rafael Alberti, Alonso Dámaso et surtout Antonio Machado et son poème « Le crime a eu lieu à Grenade », dédié au poète Federico García Lorca.5 Le 15 décembre 1934, Lorca déclarait dans le journal El Sol : Dans ce monde, je suis et serai toujours du côté des pauvres. Je serai toujours du côté de ceux qui n’ont rien et à qui on refuse jusqu’à la tranquillité de ce rien. Nous -je me réfère aux intellectuels- qui avons été éduqués dans ce milieu intermédiaire des classes que l’on peut qualifier d’aisées, nous sommes appelés au sacrifice. Acceptons-le. Dans le monde, ce ne sont plus des forces humaines mais telluriques qui luttent. Si l’on met dans une balance le résultat de cette lutte : d’un côté, ta douleur et ton sacrifice et de l’autre, la justice pour tous, même avec l’angoisse du passage vers un futur que l’on pressent mais que l’on ne connaît pas encore, de toutes mes forces, j’abats mon poing de toutes mes forces sur le second plateau.6 D’emblée, le poète apparaissait comme l’incarnation d’une liberté totale et par conséquent, l’ennemi par excellence d’un régime proclamant « À bas l’intelligence ! ». Il fut fusillé sans aucune forme de procès et son corps jeté dans la fosse commune à Viznar en Andalousie. À partir de janvier 1937, tout le monde était conscient que ce bref conflit devrait désormais s’inscrire dans la durée. Franco, qui pensait passer Noël à Madrid en 1936, mis en place une stratégie d’usure des forces ennemies qui eu finalement raison du camp républicain à l’automne de 1938 pendant la bataille de l’Èbre, signant l’arrêt de mort de la Seconde République. Cette défaite entraina un exode massif des républicains dès le début de l’année 1939, notamment vers la France (la Retirada). Le 1er avril 1939, Franco déclara le cessez-lefeu et prononça son « discours de la Victoire » : Un état totalitaire en Espagne harmonisera le fonctionnement de toutes les forces de production et toutes les énergies du pays ; état dans lequel le travail, considéré comme le devoir le plus fondamental au sein de l'unité nationale, sera l'unique représentant de la volonté du peuple. Et, grâce à ce travail, l'authentique sentiment du peuple espagnol se manifestera à travers ces organes naturels qui, comme la famille, la municipalité, l'association et la corporation, feront une réalité de notre idéal suprême. En un mot : le grain de notre patriotisme, arrosée du sang de tant de martyrs, rendra la récolte 5 Ce poème sera ajouté en annexe. El Sol, le 15 décembre 1934. «Pero en este mundo yo soy y seré partidario de los pobres. Yo siempre seré partidario de los que no tienen nada y hasta la tranquilidad de la nada se les niega. Nosotros - me refiero a los hombres de significación intelectual y educados en el ambiente medio de las clases que podemos llamar acomodadas - estamos llamados al sacrificio. Aceptémoslo. En el mundo ya no luchan fuerzas humanas, sino telúricas. A mí me ponen en una balanza el resultado de esta lucha: aquí, tu dolor, tu sacrificio; y aquí la justicia para todos, aún con la angustia del tránsito hacia un futuro que se presiente, pero que se desconoce, y descargo el puño con toda mi fuerza en este último platillo.” 6 3 féconde, de laquelle nous déposerons les meilleurs épis sur l'autel auguste de la patrie.7 Précisément, ce discours proclamait la victoire du camp national et non la réconciliation avec les vaincus, ce qui laissait présager la suite des événements. En annonçant un « état totalitaire en Espagne », Franco annonçait déjà la création d’un état autoritaire, fasciste et catholique dont il serait le Caudillo. Ce discours renseigne sur le futur écart entre vainqueurs et vaincus, martyrs pour les premiers et répression pour les seconds ; répression se donnant pour objectif la « régénération » de l’Espagne, en somme d’arracher toute racine du mal que représentait la Seconde République, comme on arrache une mauvaise herbe.8 Toute personne suspectée d’être « anti-Espagne », comme les communistes, républicains ou encore anarchistes, s’exposait à une sévère répression. Un châtiment physique, par l’enfermement, les exécutions et le travail forcé (notamment à travers « le système de rédemption des peines par le travail », destiné à construire un lieu commémoratif des "héros et martyrs de la Croisade": el Valle de los Caídos.), mais aussi « institutionnel », comme l’écrit l’historien Julian Casanova : La destruction de l'ennemi pendant la guerre laissa la place à la centralisation et au contrôle de la part des militaires, une terreur institutionnalisée et protégée par les lois de l'état. Cette culture politique de la violence, de la division entre vainqueurs et vaincus, "patriotes et traitres", "nationaux et rouges", s'imposa au sein de la société espagnole pendant au moins deux décennies après la fin de la guerre civile.9 Cette "terreur institutionnalisée" des franquistes envers les Républicains commença avant même la fin de la guerre. En février 1939, la "Loi de Responsabilités Politiques" fut promulguée comme répression économique envers toutes "les personnes, tant juridiques que physiques, qui contribuèrent à créer ou à aggraver la subversion de tout ordre préjudiciable pour l'Espagne [à partir du 1er octobre 1934], et qui se seraient opposées ou qui s'opposent au Mouvement National par des actes concrets o par une grave passivité [à partir du 18 juillet 7 Discours de la Victoire prononcé par Franco à Salamanque le 1er avril 1939. «"Un estado totalitario, armonizará en España el funcionamiento de todas las capacidades y energías del país; en el que, dentro de la unidad nacional, el trabajo, estimado como el más ineludible de los deberes, será el único exponente de la voluntad popular y, merced a él, podrá manifestarse el auténtico sentir del pueblo español a través de aquellos órganos naturales, que, como la familia, el municipio, la asociación y la corporación, harán cristalizar en realidades nuestro ideal supremo. En una palabra: la semilla de nuestro patriotismo regada con la sangre de tantos mártires, hará fecunda la cosecha, de la cual las mejores espigas las hemos de depositar en al altar augusto de la patria." 8 On trouve d'ailleurs cette comparaison dans le roman de Gómez-Arcos Maria Republica lors de la deuxième confession de l’héroïne : "Tout ce qui va contre la tradition et contre l'Ordre doit être arraché à ses racines, mon père", p158. 9 CASANOVA, Julian, 40 años con Franco, Madrid, Ed. Crítica, 2015, p.60. “La destrucción del contrario en la guerra dio paso a la centralización y el control por parte de la autoridad militar, un terror institucionalizado y amparado por las leyes del estado. Esa cultura política de la violencia, de la división entre vencedores et vencidos, "patriotas y traidores", "nacionales y rojos", se impuso en la sociedad española al menos durante dos décadas después de finalizar la guerra civil.” 4 1936]". Beaucoup furent ruinés, délogés et vécurent dans une pauvreté absolue. Les fonctionnaires publics de l'administration et de l'éducation de la Seconde République furent renvoyés. En 1940, avec la loi "Causa General", les franquistes enquêtèrent sur les crimes contre des personnes et des biens en zone républicaine pendant le conflit. On observe aussi la répression au niveau littéraire sous la forme de la censure ; beaucoup d’écrivains se sont exilés mais ont continué à lutter depuis l’étranger notamment par l’intermédiaire de revue, comme España Peregrina crée par José Bergamin en 1940 au Mexique, ou en abandonnant l’espagnol pour s’exprimer dans une autre langue comme ce fut le cas pour Agustín GómezArcos.10 Il convient de noter le rôle décisif que joua l’Église catholique lors de cette répression puisqu’il s’agissait pour elle de poursuivre la « Croisade » : "La victoire de l'armée de Franco durant la guerre impliqua le triomphe absolu de l'Espagne catholique. Le catholicisme était de nouveau la religion officielle de l’État. L’Église et l’État : les deux faces d'une même pièce. Toutes les mesures républicaines que la droite et l’Église avaient maudites furent abolies."11 On retrouve souvent cette coopération entre le régime franquiste et l’institution religieuse dans des créations à posteriori qui prennent la forme d’une dénonciation. Dans Pas pleurer, Lydie Salvayre rappelle les lignes de Bernanos où celui-ci « voit les nationaux se livrer à une épuration systématique des suspects tandis qu’entre deux meurtres, les dignitaires catholiques leur donnent l’absolution au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit. »12 Fernando Arrabal, quant à lui, montre dans « Viva la muerte ! » comment le père bénit le « fouet », c’est-à-dire le fusil, des soldats qui s’apprêtent à exécuter des condamnés. Tout au long de la dictature, l’implication de l’Église catholique ne cessa de croître, le point d’inflexion étant le Concordat signé avec le Vatican en 1953 qui déclara officiellement le catholicisme religion d’état. C'est durant ces années que Franco confia plusieurs postes dans ses ministères à des technocrates de l'Opus Dei. D’ailleurs, l’Église avait déjà contribué par le passé au bon fonctionnement de la Loi de Responsabilités politiques, en tant que "qu'agence d'investigation para-policière".13 Dans Maria Republica, l’intrigue se déroule dans un couvent qui se révèle être une Espagne miniature pendant les années 1960, dirigé par la Révérende Mère toute-puissante. Très 10 En effet, celui-ci, après s’être exilé à Paris, déclara lors d’un entretien, qu’il ne pouvait plus s’exprimer en espagnol car cette langue avait été récupérée par le franquisme. 11 CASANOVA, Julian, La Iglesia de Franco, Madrid, Ed. Critica, 2001, p235. “La victoria del ejército de Franco en la guerra supuso el triunfo absoluto de la España católica. El catolicismo volvía a ser la religión oficial del Estado. La Iglesia y el Estado: dos caras de una misma moneda. Todas las medidas republicanas que la derecha y la Iglesia habían maldecido fueron derogadas.” 12 SALVAYRE, Lydie, Pas pleurer, Paris, Point, 2014, p12. 13 CASANOVA, Julian, Op. cit., p248. 5 rapidement, on observe que cette dernière possède à la fois les pouvoirs religieux et les pouvoirs politiques, ce qui montre clairement l’intervention de l’Église dans la vie politique à cette époque. La conséquence directe de cette répression franquiste fut une humiliation des vaincus à cause de son passé. Toujours dans l’œuvre d’Agustín Gómez-Arcos, les traces de cette vengeance apparaissent très clairement notamment lors des flash-backs pendant lesquels le lecteur découvre la jeunesse misérable de Maria Republica dans un contexte d’immédiate après-guerre, qui doit se prostituer dans la maison close de Madame Corza, alors que sa tante franquiste vit dans l’opulence, et surtout lors de ses deux confessions où elle décrit comment les représentants de l’appareil franquiste venaient « baiser la Republica »14. Une fois arrivée au couvent où elle devra être « régénérée », on lui retire son nom de famille « Republica », l’héritage laissé par ses parents « incendiaires d’églises », enterrés dans la fosse commune. C’est à la fois la perte de son identité et de sa mémoire qui est en jeu. Par conséquent, l’utilisation du passé républicain par le régime franquiste pour humilier les vaincus semble être paradoxal puisqu’on observe en parallèle un phénomène de desmemoria. Il ne s’agit pas simplement de l’oubli, qui « implique une négligence, un hasard, mais, au contraire, implique un vide de mémoire historique volontaire, une ignorance volontaire mais aussi un désintérêt pour les années oubliées du passé. »15 Néanmoins, malgré cette constante destruction, GómezArcos suggère qu’un espoir subsiste : Maria Republica se termine par l’incendie du couvent et la mort de tous ses résidents, mais plutôt qu’un tas de cendre, l’auteur y voit le feu par lequel « naîtra la Troisième République espagnole »16. Le livre se clôt par un poème, réveil de la léthargie du franquisme, symbole de renaissance de la liberté de penser et surtout de la liberté de créer. Cette guerre opposant les franquistes aux républicains ne se termina donc pas le 1er avril 1939, jour du cessez-le-feu officiel, mais elle se poursuivit tout au long de la dictature de Franco, par l'humiliation des vaincus, par une répression autant physique qu'économique, voire identitaire. Les ennemis de 1975, année de la mort de Franco, restent les mêmes qu’en 1936, malgré les différentes étapes de la dictature. Cependant, la littérature et la mémoire historique luttent toujours contre l’oubli. Aujourd’hui, bien que le processus de récupération 14 GÓMEZ-ARCOS, Agustín, Maria Republica, Paris, Seuil, 1983, p117. COLMERO, José, Memoria histórica e identidad cultural: de la posguerra a la posmodernidad, Barcelona, Anthropos, 2005, p35. 16 GÓMEZ-ARCOS, Agustín, Op. cit., p1. 15 6 de la mémoire soit engagé, il reste tout de même un important travail à mener par cette nouvelle génération qui, elle, n’a pas connu la guerre. Bibliographie Ouvrages ou articles sur l’histoire de la République, de la Guerre Civile et de l’après-Guerre - BENASSAR, Bartolomé : La Guerre d'Espagne et ses lendemains, Ed. Perrin, 2004. -- "Enfin l'Espagne se réconcilie", Le Nouvel Observateur, 15 décembre 2004. - CASANOVA Julián y GIL ANDRES Carlos: Historia de España en el siglo XX (4ème ed.), Madrid, Ariel, 2009. - CASANOVA, Julián: La Iglesia de Franco, Madrid, Crítica, 2001. -- 40 años con Franco, Crítica, Madrid, 2015. -- España partida en dos, Crítica, 2014. - COLMERO, José, Memoria histórica e identidad cultural: de la posguerra a la posmodernidad, Barcelona, Anthropos, 2005. - MORADIELLOS, Enrique: La España de Franco (1939-1975), Política y Sociedad, Síntesis, Madrid, 2000. - PRESTON, Paul: Franco Caudillo de España, Ed. Mondadori, 2005. -- El holocausto español. Odio y exterminio en la guerra civil y después, Debate, Barcelona, 2011. - TEMIME Émile, BRODER, Albert, CHASTAGNARET, Gérard: Historia de la España contemporánea desde 1808 hasta nuestros días, Barcelona, Ariel Historia, 2009. Œuvres et articles en rapport avec la guerre et l’après-guerre en Espagne 7 - ALLAIN, Marie-Françoise (1981), « Agustín Gómez-Arcos, Outrages non posthumes au drapeau rouge-jaune-rouge de l’Espagne franquiste », Le Monde Diplomatique, n°325, p21. - ARRABAL, Fernando, Carta al general Franco, Madrid, Augur Libros, 1972. - DEL CASTILLO, Michel, Le Temps de Franco, Paris, Poche, 2010. - GÓMEZ-ARCOS, Agustín, Maria Republica, Paris, Seuil, 1983. - GRANDES, Almudena, Le Coeur gelé, Paris, J.-.C Lattès, 2007. - MARICOURT, Thierry, Histoire la littérature libertaire en France, Paris, Albin Michel, 1990. - MILQUET, Sophie, “Escribir el trauma en femenino: las obras de Agustín Gómez-Arcos y Dulce Chacón”, Bulletin of Spanish Studies: Hispanic Studies and Researches on Spain, Portugal and Latin America, Vol. 89, 2012. - NERUDA, Pablo, L’Espagne au coeur, hymne à la gloire du people en guerre, Paris, Denoël, 1971. - SALVAYRE, Lydie, Pas pleurer, Paris, Seuil, 2014. - SEMPRÚN, Jorge, L’Ecriture ou la vie, Paris : Gallimard, 1994. - --, Mal et modernité, Paris, Climats, 1990. - VALLEJO, César, Poèmes humains suivi de Espagne, écarte de moi ce calice, Paris, Seuil, 2011. Quelques films traitant de la guerre et le problème de la mémoire en Espagne - ARRABAL, Fernando, L’arbre de Guernica, 1976. - --, Viva la muerte, 1971. - CAMINO, Jaime, Dragon Rapide, 1986. - DE LA IGLESIA, Álex, Balada triste de trompeta, 2010. - DEL TORO, Guillermo, El laberinto del fauno, 2006. - ERICE, Víctor, El espíritu de la colmena, 1973. - LOACH, Ken, Land and Freedom, 1995. - MARTÍNEZ-LÁZARO, Emilio, Las 13 rosas, 2007. 8 - RIVAS, Manuel, La lengua de las mariposas, 1999. - SAURA, Carlos, ¡Ay, Carmela!, 1990. - TRUEBA, David, Soldados de Salamina, 2003 (adapté du roman du même nom de Javier CERCAS). Annexes I. Le crime On le vit, avançant au milieu des fusils, Par une longue rue, Sortir dans la campagne froide, Sous les étoiles, au point du jour. Ils ont tué Federico Quand la lumière apparaissait. Le peloton de ses bourreaux N’osa le regarder en face. Ils avaient tous fermé les yeux ; Ils prient : Dieu même n’y peut rien ! Et mort tomba Federico - du sang au front, du plomb dans les entrailles – … Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade - pauvre Grenade ! -, sa Grenade… II. Le poète et la mort On le vit s’avancer seul avec Elle, Sans craindre sa faux. - Le soleil déjà de tour en tour ; les marteaux Sur l’enclume – sur l’enclume des forges. Federico parlait ; Il courtisait la mort. Elle écoutait « Puisque hier, ma compagne résonnait dans mes vers Les coups de tes mains desséchées, Qu’à mon chant tu donnas ton froid de glace Et à ma tragédie Le fil de ta faucille d’argent, Je chanterai la chair que tu n’as pas, Les yeux qui te manquent, Les cheveux que le vent agitait, Les lèvres rouges que l’on baisait… Aujourd’hui comme hier, ô gitane, ma mort, Que je suis bien, seul avec toi, Dans l’air de Grenade, ma Grenade ! » 9 III. On le vit s’avancer… Élevez, mes amis, Dans l’Alhambra, de pierre et de songe, Un tombeau au poète, Sur une fontaine où l’eau gémira Et dira éternellement : Le crime a eu lieu à Grenade, sa Grenade ! 10