LA GAZETTE DE L’ETE bibliographie Coups de Cœur - été 2012 Médiathèque Marcel Pagnol En été, lisez ce qui vous plaît ! Nous vous convions cet été encore à flâner, lézarder, paresser en compagnie de nos coups de cœur de l’année… FRANCE Aventures en Loire, 1000 km à pied et en canoë de Bernard Ollivier Phébus, 2009 Bernard Ollivier, infatigable voyageur, a déjà publié un certain nombre d’ouvrages relatant ses longues marches tout au long de la route de la soie. Ici nous le retrouvons plus près de chez nous, au mont Gerbierde-Jonc (en Haute Ardèche, commune des sources de la Loire) où, à près de 70 ans, il s’apprête à se lancer dans un nouveau périple : la descente de la Loire à pied et en canoë. Un challenge audacieux d’autant plus que Bernard Ollivier n’a alors pas une grande expérience du canoë. Et c’est peut-être ce qui ajoute un brin de folie à l’aventure qui nous est ici relatée sous forme de carnet de route. Des kilomètres pour s’émerveiller des paysages variés qui bordent les rives du fleuve, pour partager avec ses amis tout autant qu’avec des inconnus, pour apprendre à manier Canard, le fidèle canoë et pour penser et goûter au bonheur du déplacement. Un très beau récit, drôle, palpitant par moments, qui fait l’éloge du voyage en solitaire et de notre capacité à se dépasser. Le glacis de Monique Rivet Métailié, 2012 Laure, 25 ans, est une jeune institutrice mutée par hasard dans une petite ville de l’Oranais. Au fil des mois elle s’est prise d’affection pour les « petites auxquelles elle enseigne » mais découvre un pays cloisonné dont elle ne comprend pas les codes sociaux. À la manière du quartier du Glacis, frontière sociale entre la ville « nègre » et la ville « coloniale », les deux communautés cohabitent sans jamais se côtoyer. Laure « se trouve de guingois » dans ce pays miné par des « évènements » dont on veut taire le nom de guerre. Elle accumule les maladresses qui la mettent au banc de la société coloniale, et renforce son sentiment d’incompréhension et de révolte. Comment une décennie seulement après les engagements résistants de la seconde guerre mondiale, la France peut-elle mener cette guerre fratricide. Laure dans ce pays en proie à un conflit ne peut prendre parti pour les uns ou pour les autres : pour les Algériens, elle aurait l’impression de trahir sa patrie ; pour la France elle aurait l’impression de trahir ses idéaux. Mais dans une époque dévastée par la suspicion, ses doutes et son non engagement sont forcément une mise en danger. Roman en partie autobiographique, Le Glacis a été écrit dans les années 50 pendant l’expérience algérienne de Monique Rivet. Refusé par son éditeur il est édité pour la première fois cette année. Monique Rivet nous livre un témoignage contemporain et tout en retenue des évènements algériens. Loin des passions et des prises de positions, elle nous pose en observateur d'un conflit sans nom, où les contemporains (civils et militaires) ont voulu nier un désastre annoncé. Lennon de David Foenkinos Plon, 2011 David Foenkinos nous fait redécouvrir John Lennon à travers cette biographie romancée originale. Il imagine dix-huit séances de psychanalyse dans lesquelles Lennon confie son enfance perturbée, son adolescence rebelle, son caractère difficile ; raconte les débuts des Beatles jusqu’à leur succès mondial, mais aussi la drogue, la violence, les femmes et sa rencontre avec Yoko Ono… Entre faits véridiques et ressenti inventé, ponctuant le monologue de références musicales et d’anecdotes captivantes, Foenkinos donne une dimension touchante et réaliste à cet icône de la musique et rend un bel hommage aux Beatles. Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus d’Éric-Emmanuel Schmitt Albin Michel, 2012 Le narrateur, parti en Chine pour affaires, fait la connaissance de madame Ming dans les latrines masculines d’un grand hôtel où elle est dame-pipi. Au fil des jours, il prend plaisir à bavarder avec cette femme d’une étonnante sagesse et qui prétend avoir eu dix enfants. Connaissant la politique de l’enfant unique adopté par la Chine, le narrateur pense de prime abord qu’elle ment et lui demande de lui parler d’eux pour voir jusqu’où elle peut aller dans son mensonge. Elle évoque alors chacun de ses enfants avec force détails et avec des yeux si brillants de fierté que le narrateur ne sait plus que penser… Dans ce sixième volet du « Cycle des invisibles », Éric-Emmanuel Schmitt nous plonge dans la philosophie de Confucius et ouvre un nouvel horizon de réflexion sur l’Autre et sur soi. FRANCE Je vois des jardins partout de Didier Decoin JC Lattès, 2012 Didier Decoin a toujours été un amoureux des jardins, depuis son enfance passée entre le bois de Boulogne et le Jardin de Bagatelle. Ce livre, truffé de références littéraires, nous offre une charmante balade en compagnie de l’auteur et sa femme. Les jardins nous enseignent l’essentiel de la vie, nous dit l’auteur : « On y apprend la patience, l’humilité toujours, la déception quelquefois, le silence, l’harmonie, les parfums et les saveurs, la beauté […]. J’ai essayé de concevoir ce livre pour qu’il soit lu comme on visite un jardin : sans trop de logique donc, […] une simple déambulation parmi des jardins souvenirs qui m’ont enchanté et parfois bouleversé. » Dieu surfe au Pays basque d’Harold Cobert Éd. Héloïse d’Ormesson, 2012 Un homme, une femme… Ils se sont rencontrés sur la côte basque, où ils ont l'habitude de passer leurs vacances. De cette romance estivale naît une histoire d’amour, puis un désir d’enfant. Mais la vie va bientôt reprendre ses droits en confrontant ce jeune couple à la douleur d'une fausse couche. Dans Dieu surfe au Pays basque, roman largement autobiographique, Harold Cobert livre sa colère et son désarroi. Alternant les souvenirs heureux et les épreuves du présent, il nous confronte aux aléas de l'existence. Le sujet est certes difficile mais l’auteur parvient à nous le raconter sans pathos mais avec beaucoup de dérision, d’émotions et de tendresse. Un roman fort, une magnifique déclaration d’amour, pour une lecture qui reste longtemps après dans les esprits. Le Cas Sneijder de Jean-Paul Dubois Éditions de l’Olivier, 2011 Lorsque Paul Sneijder fait enfin pénétrer sa fille Marie dans le foyer de son deuxième mariage, c’est dans une boîte, sous l’état de cendres. En effet, victime malheureuse d’un accident d’ascenseur, le héros y perd sa fille et se retrouve dans le coma, unique survivant du drame. Un déclencheur qui va lancer Paul Sneijder dans une profonde remise en question tant au niveau relationnel que professionnel. Il passe alors d’une vie de famille ratée (une femme qui le trompe, des jumeaux qui le méprisent) à un intérêt extrême pour les ascenseurs et à un nouveau travail de promeneur de chiens. Recherchant juste un peu de sérénité pour donner un sens à sa survie, le héros se retrouve alors coincé dans une suite inextricable d’événements improbables. De sa plume ciselée et acerbe, Jean-Paul Dubois nous livre un récit comme il aime à les faire : un héros coincé entre quiproquos et injustices qui n’aspire qu’à un peu de bonheur. Un texte drôle, truffé d’humour noir qui vous en apprendra autant sur les ascenseurs que sur l’âme humaine. Mai en automne de Marie Creusot Zulma, 2012 Une société provinciale qui rappelle l’atmosphère des « Dames de la côte », ou d’un film de Chabrol… Flaubert n’est pas loin non plus…. Nous sommes en Normandie, de l’entre-deux guerres aux années 50. Marie est une jeune servante qui se laisse séduire par un soldat allemand, elle appartient à la même génération que Solange, Michelle et Marianne, trois amies d’enfance. Solange, l’épouse aimée puis ignorée, se laisse aller, Michelle qui s’engage auprès des communistes et Marianne qui s’étourdit de sexe par provocation… Nous sommes au cœur des relations humaines et des rapports sociaux, dans un monde provincial où les femmes sont tributaires d’un héritage culturel et familial. « Toutes les figures féminines de ce roman tissent une trame doucement tragique, d’une vérité psychologique éblouissante » Pour son premier et unique roman, Marie Creusot nous offre un texte véritablement bouleversant. international ESPAGNE À la vitesse de la lumière de Javier Cercas Actes Sud, 2006 Le narrateur, un jeune espagnol qui ambitionne de devenir écrivain, part aux États-Unis pour travailler en tant que professeur assistant dans une université de l’Illinois. Il y rencontre Rodney Falk, un vétéran de la guerre du Vietnam, qui vit en marge de la société. Une curieuse amitié lie les deux hommes jusqu’à ce que Rodney décide de disparaître. Le narrateur tente alors de le retrouver et rencontre son père qui lui confie que Rodney est un homme brisé par les horreurs vécues au Vietnam. Quelques années plus tard, le narrateur, rentré en Espagne, connaît un immense succès avec son premier roman. Mais sa soudaine célébrité le rend arrogant et superficiel et il oublie quelque peu le sort de Rodney. Il lui faudra un drame personnel pour retrouver sa lucidité et s’accrocher à un désir, celui d’écrire un livre sur son ami. Ainsi, Cercas met en parallèle le destin de ces deux hommes : l’un corrompu par le succès, l’autre perverti par le sentiment de domination qu’il a éprouvé lors de la guerre. Il nous offre un roman riche et passionnant, jalonné de réflexions, notamment sur la nature humaine et sur le rôle de la littérature. ANGLETERRE La resquilleuse de Mary Wesley Ed. Héloïse d’Ormesson, 2011 Matilda est une femme prévoyante, afin de faire de ce moment un événement parfait, sans fausses notes, sans conséquences gênantes, elle a pris soin de mettre ses affaires en ordre, de faire le ménage, d’offrir à son jars adoré un avenir radieux de roucoulades et de ne pas déranger ses enfants dans leurs occupations d’adultes. Un terrain idéal pour un pique-nique appétissant et un suicide doux et délicat. Mais les projets de notre héroïne vont être perturbés par un fait divers en chair et en os : le matricide recherché dans toute la région qui fait la une de tous les journaux. Une rencontre qui va se faire à la fois dans la méfiance et la tendresse et qui va conduire ces deux personnages vers un changement de vie. Mary Wesley était une auteure anglaise dont l’œil critique et aiguisé a séduit de nombreux lecteurs. N’hésitant pas à égratigner les normes sociales et familiales, elle nous a laissé des romans à l’image de La Resquilleuse, drôles, décalés et touchants. Une touche british qui met en scène des personnages complexes et horsnormes et qui séduira le lectorat français par son originalité et sa justesse. ITALIE La comtesse de ricotta de Milena Agus Liana Lévi, 2012 Sur les hauteurs de Cagliari, dans un palais familial autrefois fastueux, trois sœurs, Noemi, Maddalena et la comtesse de Ricotta ont des rêves bien différents. Noemi l’aînée obsédée à l’idée de revivre les fastes d’antan, économise le moindre centime dans l’espoir de racheter tous les appartements du palais. Maddalena et Salvatore, fous amoureux l’un de l’autre rêvent d’avoir un enfant. Quand à la comtesse de Ricotta, appelée ainsi " parce qu’elle est maladroite, des "mains de ricotta", et parce que la réalité entière blesse son cœur fragile, un cœur de ricotta, lui aussi", rêve de trouver l’amour. Pourtant la réalité est toute autre, Noemi se laissera rattraper par l’amour, mais sera vite déçue par le manque d’engagement d’Elias. Maddalena, n’enfantera pas, seule la comtesse de Ricotta, maman du petit Carlino ( véritable tremblement de terre ) jusque là malheureuse en amour, trouvera un espoir en la personne du voisin. Après Mal de pierre, Battements d’aile et Le Requin dort, Milena Agus, nous touche et nous enchante encore une fois, en nous faisant le récit de ces trois sœurs, qui malgré leurs désillusions, continuent de croire en leurs rêves. De beaux portraits, décrits avec tendresse et humanité. ETATS-UNIS Les lettres du mercredi L’année de mes peurs de Jason F. Wright City Ed., 2009 de Noelle Hancock Philippe Rey, 2012 Jack et Laurel tiennent une ravissante maison d’hôtes. Mariés depuis 39 ans, Jack écrit une lettre d’amour à sa femme, tous les mercredis. Un matin, on les retrouve morts, dans les bras l’un de l’autre, la dernière lettre de Jack à leur coté. Leurs trois enfants, aux existences compliquées et que la vie avait éloigné l’un de l’autre, vont alors retrouver les centaines de lettres que leur père avait écrites et découvrir par ce biais des aspects de la vie de leurs parents jusqu’alors insoupçonnés. Tout au long de ce roman troublant de tendresse, on apprend que ces lettres cachaient un véritable secret, une véritable histoire d’amour… Un bien joli moment de lecture. La trentaine approche pour Noelle, blogueuse totalement immergée dans une vie professionnelle superficielle et dévorante. Alors qu’elle s’accorde quelques jours de repos, elle reçoit un coup de fil déterminant lui apprenant son licenciement. Un événement qui vient chambouler sa vie, ses habitudes et son moral. Tout semble alors vide de sens. Jusqu’au moment où, au détour d’une librairie, elle fait la connaissance, au travers d’un livre, d’Eleanor Roosevelt, de sa vie, de son engagement et de sa façon de penser. Un bouleversement qui va conduire Noelle à se confronter à ses peurs tout au long d’une année. Une peur par jour, petite ou extrême qui va la pousser à combattre son sentiment de vide existentiel. De la plongée dans une cage à requin à des cours de trapèze, elle va repousser ses limites, apprendre à se connaître et éclaircir ses relations avec ses proches. Un récit qui jette un regard drôle et enjoué sur le sens de la vie. L’écriture est agréable, le ton est enlevé, les personnages attachants et les passages sur Eleanor Roosevelt passionnants. Une lecture détente qui se révèlera aussi fructueuse que plaisante. Les Débutantes Nebraska song de Tom McNeal Presses de la Cité, 2012 À l’orée de ses cinquante ans, Judith revient sur sa vie et ses réelles envies. Entre un travail dévorant, un doute quant à la fidélité de son mari et une fille superficielle, elle ne se sent plus en phase avec elle-même et ses aspirations profondes. Elle décide alors de revenir vers celui qui a vraiment compté dans sa vie sentimentale, Willy. Un jeune homme travailleur, amoureux, romantique, bon, qui, le temps d’un fugace été, lui a fait découvrir l’amour vrai et la possibilité d’un avenir serein et heureux. Mais après près de vingt ans de silence, après l’avoir délaissé, Judith se demande comment réagira son amour de jeunesse et quel chemin sa vie va désormais emprunter. Misant sur une intrigue simple, ce roman réserve quelques surprises. En mêlant les époques et les lieux, l’auteur met en scène différents personnages en proie à la recherche du bonheur. Un portrait de femme, certes, mais avant tout un livre sur l’amour qu’un homme peut porter à une femme, sur les paysages grandioses du Nebraska et le retour aux vraies valeurs qui font toute l’essence de la vie. de J. Courtney Sullivan Rue fromentin, 2012 En ce début d’année à l’université de Smith, les étudiantes de première année prennent leurs marques, tâtonnent encore un peu sans oser aller vers les autres. Une ambiance de rentrée des classes qui marque le début d’une profonde amitié entre Celia, Bree, Sally et April. Quatre jeunes filles, quatre caractères, quatre milieux sociaux pour un esprit de solidarité, de compréhension et de soutien. Ainsi commence ce roman qui, loin des bancs de l’université, nous conduira aussi dans le début de vie d’adulte de ces quatre personnages. Les mariages, les enfants, les rencontres amoureuses, les carrières professionnelles, tout ce qui fait le cours de la vie et qui peut parfois séparer les plus solides relations. Jusqu’au jour où une des quatre filles du clan disparaît… Ce n’est pas un simple roman d’apprentissage qui nous est donné à lire ici, les histoires des quatre personnages s’étalent en effet sur plusieurs années, sont chargées d’événements et d’émotions. On apprend à connaître les protagonistes, à les apprécier et au-delà de leurs histoires, des thèmes tels que le droit des femmes ou le conformisme de la société américaine, sont abordés. En alternant les chapitres successivement dans les yeux des quatre héroïnes, l’auteur nous livre un roman passionnant, bien écrit, riche de rebondissements qui ne quittera vos mains de lecteur qu’à la dernière page. international QUEBEC JAPON Il pleuvait des oiseaux Les lectures des otages de Jocelyne Saucier Editions XYZ, 2011 de Yoko Ogawa Actes Sud, 2012 29 juillet 1916. Dans les forêts du Nord de l’Ontario au Canada, des Grands Feux ravagent les paysages et les hommes. Ce jour-là, le jeune Boychuck échappe de peu à la mort, et sera marqué à jamais par le spectacle de son coin de pays carbonisé. Bien des décennies plus tard, une photographe s’intéresse aux rescapés de ces Grands Feux et fait la connaissance de très vieux ermites reclus au fond des bois et épris de liberté. D'autres écorchés ou marginaux traversent cette histoire, ils passeront une année ensemble, au rythme des saisons, en harmonie avec la nature, découvrant l'amour pour certains, attendant la mort pour d'autres. Une écriture subtile, lumineuse, pleine de poésie, concise et sans lyrisme superflu. Une histoire originale avec des gens âgés pour héros où il est question de liberté, de dignité, d’amour, de vieillesse, de choix de vie et de fin de vie. Et ce n’est pas triste, bien au contraire. Ce court roman empreint d’humanité a été très justement salué par de nombreux prix littéraires tant du côté des professionnels que du public. Quelque part dans le monde, sept touristes et leur accompagnateur sont pris en otage et tués lors de l’opération destinée à les libérer. Sur les lieux où ils étaient séquestrés, on retrouve un magnétophone - qu’un organisme humanitaire avait soigneusement caché dans une trousse de premiers soins – sur lequel sont enregistrés les derniers jours des otages. On comprend qu’ils ont tenu, tour à tour, à raconter un moment de leur existence. Ainsi Yoko Ogawa imagine des récits singuliers et touchants, où l’étrange côtoie le quotidien. Chaque monologue a une saveur particulière mais tous sont inattendus et laissent une impression douce-amère, propre à l’écriture de Yoko Ogawa. Un roman, qui évoque la question de la trace que chacun peut laisser derrière soi, à découvrir absolument ! CHINE Le show de la vie AFRIQUE DU SUD Quand j’étais Jane Eyre de Sheila Kolher La Table Ronde, 2012 «Dans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et dans la fièvre, et prend toutes les revanches : sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux sœurs ainées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à un frère rongé par l’alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois sœurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme… Sheila Kohler se glisse dans la tête de Charlotte Brontë et de son entourage afin de décrire les méandres de la création. […] Elle restitue avec finesse le climat qui a donné naissance aux livres des sœurs Brontë : Jane Eyre bien sûr, mais aussi les hauts de Hurlevent et Agnès Grey, trois joyaux de la littérature anglaise. » de Chi Li Actes Sud, 2011 Dans la rue de Bon Augure, rue animée du quartier populaire de Wuhan, Célébrité tient chaque soir un étal de cous de canard, parmi les petites échoppes et autres artistes de rue. Figure incontournable et respectée du quartier, elle est une de ces femmes qui s’est faite à la force du poignet et à qui rien ne résiste. C’est grâce à son petit commerce qu’elle subvient aux besoins de toute sa famille, et notamment à son neveu Lai Jin Duo’ er qui fait son bonheur. Prête à tout pour arriver à ses fins, elle s’impose par son franc-parler, son courage et son dévouement envers les siens qui ne le lui rendent pas toujours bien. Outre le fait de pourvoir à l’avenir de son neveu adoré, elle supporte la femme de son frère aîné, mère du petit, véritable harpie, supporte les critiques de sa jeune sœur, protège son jeune frère Tété, un séducteur invétéré et drogué qu’elle adore. Loin d’être exemplaire, Célébrité est une femme qui n’a aucune illusion sur ses chances de bonheur et n’hésite pas à corrompre l’administration comme il est de bon ton de le faire, en utilisant la neuvième sœur pour récupérer la maison familiale. Au-delà de son personnage principal, Chi Li fait dans son neuvième roman, le portrait des petites gens, qui dans une Chine en pleine mutation, font face à leur quotidien grâce à leur débrouillardise. Un roman vif et savoureux, teinté d’ironie. Faits divers La Mort s’invite à Pemberley de P.D. JAMES Fayard, 2012 Pemberley, dans le Derbyshire, le vaste domaine de la famille Darcy. Nous retrouvons avec un immense plaisir Lizzy Bennett, devenue Madame Darcy, son mari, ses enfants, sa sœur adorée, Jane et son si agréable mari, Bingley… Bonheur, félicité… Mais tout est menacé lorsque les Darcy sont contraints de recevoir la jeune sœur d’Elizabeth et son mari aux frasques passées si retentissantes… Avec eux s’invitent la mort, la suspicion et la résurgence de rancunes anciennes… Phyllis Dorothy James associe sa longue passion pour l’œuvre de Jane Austen à son talent d’auteur de romans policiers pour imaginer une suite à Orgueil et préjugés et camper avec brio une intrigue à suspense. Elle allie une grande fidélité aux personnages de Jane Austen au plus pur style de ses romans policiers, ne manquant pas, selon son habitude, d’aborder les problèmes de société, ici ceux de l’Angleterre du début du XIXe siècle. Hilarion, l’énigme des fontaines mortes de Christophe ESTRADA Actes Sud, 2012 Automne 1776, Aix-en-Provence s’anime : ces messieurs du parlement font leur rentrée après avoir passé les mois d’été dans leur villégiature. Le chevalier Hilarion, envoyé en mission par le jeune roi Louis XVI pour assoir son autorité en province, va devoir affronter un monstre qui le défie en signant ses crimes de manière particulièrement odieuse. Crimes qui ne semblent toucher que la noblesse aixoise cependant… Fort de sa réputation d’investigateur et de duelliste, Hilarion, tout à la fois cruel et précieux, est un personnage déconcertant. Dans l’ombre du vieux palais comtal, il découvrira la corruption des cœurs et devra faire face à ses propres démons. Dans ce roman policier historique très bien écrit, doublé d’une captivante intrigue, Christophe Estrada nous offre une plongée très réaliste tantôt dans le milieu nobiliaire aixois, tantôt dans une cité d’Aix plus populaire. Une enquête des plus réussie, on espère retrouver le chevalier Hilarion dans d’autres aventures… Les anges de New York de R. J. Ellory Sonatine, 2012 Franck Parrish, inspecteur de la criminelle au NYPD, est un homme usé en lutte contre ses démons, un looser agressif et un alcoolique notoire qui n’a pas beaucoup d’estime de soi. C’est un homme qui a perdu la confiance des siens par son absence, et de sa hiérarchie après la mort de son coéquipier. Obligé de suivre une thérapie après ce drame, il trouvera en la personne de Marie Griffin, sa psychothérapeute, une confidente à qui il pourra parler sans retenue de son père, héros incontesté par son entourage et la profession, mais fortement décrié par lui-même. Ce sera alors pour lui l’occasion de dresser le portrait de ces anges qui ont lutté contre la pègre dans les années 80 et de parler du fardeau de culpabilité lié à son père. Quoi qu’on en dise, Franck Parrish est un bon flic, toujours en quête de justice, mais c’est surtout un emmerdeur qui aime travailler en solitaire. Son boulot, c’est toute sa vie, et c’est ce qui lui a coûté sa famille. Sa façon de faire son boulot malgré le système, sans suivre les règles ne l’empêche pas de s’investir corps et âme dans cette nouvelle enquête qui lui permet de sortir la tête hors de l’eau. Une enquête apparemment isolée, le meurtre d’une adolescente, qui par l’acharnement de Parrish, s’avèrera être l’œuvre d’un tueur en série jusqu’à présent épargné. Les anges de New York est un thriller psychologique sombre et implacable sur la corruption de la police new yorkaise, la fin du mythe de ces héros qui ont fait la chasse au crime organisé, mais surtout le portrait d’un homme déglingué en quête effrénée de rédemption. Un homme qui a toujours vécu dans l’ombre de sa vie, et réalise combien il avait mal compris les personnes qui l’entourent et échoué à exaucer leurs désirs. CARNET PRATIQUE Horaires Attention la Médiathèque passe en horaires d’été du 3 juillet au 1er septembre 2012. Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 9h - 12h30 9h - 12h30 9h - 12h30 9h - 12h30 17h - 19h 17h - 19h Fermeture exceptionnelle le samedi 14 juillet, ainsi que le mardi 14 et mercredi 15 août 2012 Contact Médiathèque Marcel Pagnol Chemin de Riquet 13400 Aubagne 04 42 18 19 90 mediatheque.aubagne.fr