Témoin de la tendresse du Père Le regard de celui qui marchait, libre, sur les chemins de Palestine est le guide de ma vie. Je regarde Jésus, Homme-Dieu qui me regarde, lui, avec amour. Enfant de chœur, à sept ans, j’accueillais don Boni, le nouveau prêtre de mon village natal en Espagne. A la différence de don Gabino. Il n’avait pas de soutane, il aimait rencontrer les gens là où ils vivaient. Il ne se cachait pas dans l’énorme et vieux presbytère : il avait une chambre dans une famille et un petit bureau près de l’église où je le voyais étudier. Souriant, il regardait les gens avec amour, sans reproche. Il s’efforçait de faire grandir en eux la passion pour le Christ. Homme au milieu des hommes don Boni imitait Jésus. Sa simplicité et son engagement naturel au milieu des gens a fait naître ma vocation. A sept ans, seul, dans ma chambre, je priais Dieu très fort pour qu’il fasse de moi un prêtre comme don Boni. Cette prière je l’ai répétée souvent. Elle m’a aidé à opter pour la vie religieuse et la prêtrise chez les Prêtres du sacré Cœur, Séminariste, ma mère me disait toujours : « Antonio, pour suivre Jésus comme prêtre, tu dois aimer les personnes que tu rencontreras sur ton chemin ». Cette parole s’est faite chair en moi. La spiritualité de la Congrégation m'encourage à vivre la condition humaine au plus proche de Jésus qui se fait pauvre. Lui qui était riche mange avec les publicains et les pécheurs. Avec eux qui L’écoutent, Il construit un monde nouveau. Mon ministère est une vie "d'homme parmi les hommes" avec la conscience que le père Dehon, fondateur de ma congrégation, nous dit: " allez au peuple, allez aux hommes, allez aux vivants". Ma vocation de religieux-prêtre se vit dans mon engagement simple et naturel dans le quartier, les associations, la paroisse. C’est le Christ qui s’incarne. Lui ne s’est pas dérobé à l’humanité des hommes et des femmes qu’il rencontrait. Au contraire, en l’accompagnant, il témoignait de la tendresse du Père pour tous ses enfants. Dieu a créé par la Parole. Il nous a donné de devenir co-créateurs avec lui, pour libérer la parole en nous et autour de nous. Car une parole libérée est une parole capable de construire, c'est-à-dire de"créer" de l’humanité. Mais pour parler il faut avant tout écouter. Je m’efforce d’écouter à la manière biblique pour produire beaucoup de vie en moi et autour de moi. Mon insertion dans la vie associative, mon accompagnement de la JOC et de l'ACO font partie de mon ministère paroissial. Mon regard est rempli de la vie de ceux et celles que je rencontre. Ma personne parle, accueille et célèbre. Elle est écoute de toute cette vie qui essaie d'être solidaire. Jésus est présent dans tout ce qui construit l'humanité, dans les associations du quartier et de défense des droits de l'homme. il fait corps avec ce "peuple" qui devient la matière de mon Eucharistie qui nous élève, nous remet debout, nous ressuscite, comme Dieu ressuscite son Fils Jésus. Toute ma vie est ainsi Eucharistie. Antonio Tejado 68