Colloque International Américanisation / sciences, savoirs savants et techniques Lima, 14 et 15 avril 2014. « Salon de actos del IRA [Institut Riva Aguero, Pontificia Universidad Católica del Perú] » Organisateurs : Carmen SALAZAR-SOLER (Directrice de Recherche au CNRS), Mondes Américains (UMR 8168) François REGOURD (MCF, Université Paris Ouest Nanterre), Mondes Américains (UMR 8168) Louise BÉNAT-TACHOT (Professeure à Paris IV – CLEA) Stéphane VAN DAMME (Professeur à l’Institut universitaire européen de Florence) Disciplines concernées : Histoire – Anthropologie – Histoire des sciences Argumentaire scientifique : La question des processus d’américanisation élaborée au sein du Laboratoire « Mondes Américains (ex-Mascipo) » depuis quelques années à l’initiative notamment de Serge Gruzsinki a déjà donné lieu à diverses publications (collection Fabrica Mundi – Processus d’américanisation, 2011 et 2013, et de nombreux articles) et à trois journées d’étude (2010, 2011 et 2013), abordant des thématiques aussi variées que la production artistique des imaginaires américains ou l’écriture de l’histoire des Amériques. Dans le sillage de ces premiers travaux, mais aussi à la lumière de récentes études qui s’attachent à penser l’histoire des sciences et des savoirs impliquant les Amériques dans des contextes spatiaux et historiques aux configurations variées (Bleichmar et al. ; Cañisares-Esguerra ; Delbourgo et Dew ; McClellan et Regourd ; Shaffer et al., etc), ce colloque aura l’ambition d’explorer la thématique de l’américanisation des sciences et des savoirs entre les débuts de la colonisation et le temps des premières indépendances. Loin d’être un processus à sens unique, la confrontation des sciences et des savoirs d’origine européenne aux mondes américains a engendré d’importants effets de retour, et tout au long de la période coloniale, l’Amérique fut un centre capital d’élaboration et du développement de théories, de pratiques et des techniques généralisables – opératives non seulement dans les mondes coloniaux américains, mais aussi en Europe et, au-delà, dans le monde entier. De toute évidence, la rencontre sur un même continent de populations et de cultures venues du monde entier fait de l’espace américain un espace à part dans l’histoire des sciences et des savoirs, du fait de la précocité, de l’originalité et de l’intensité des contacts ainsi engendrés. L’un des enjeux de la recherche collective et internationale qui se poursuivra dans le cadre de ce colloque pourra être de reconstituer et de croiser les itinéraires des savoirs qui, en Amérique, sont partagés, coproduits, diffusés, inventés ou transformés, afin de saisir les spécificités du continent américain dans l’organisation générale des savoirs à l’échelle de la planète. La relation à l’Europe, où s’élaborent à l’Époque Moderne les fondements d’une science occidentale visant à l’universalité est évidemment essentielle, mais la notion clé d’ « américanisation » invitera tout naturellement à explorer cette problématique à travers bien d’autres dynamiques géographiques et historiques. Il s’agira également de ne pas s’enfermer dans la métaphore souvent mobilisée sous l’influence des post-colonial studies, selon laquelle les mondes américains constitueraient un « laboratoire colonial » dans lequel toute la modernité européenne s’inventerait. Pour sortir de l’essentialisme de l’européocentrisme comme de la fétichisation des aires culturelles, il conviendra avant tout de considérer les Amériques comme un espace « pratiqué » pour reprendre la formule de Michel de Certeau, au sein duquel se mêlent des acteurs de toutes origines, animés par des entreprises de connaissance dont les motivations et les configurations sont infiniment variées. Ces différentes logiques posent l’Amérique de l’époque moderne comme une énigme à déchiffrer. De fait, les circulations d’hommes et de savoirs entre les différentes régions du continent américain et à l’échelle de la planète sont autant de révélateurs et de pistes pour explorer les processus d’américanisation des sciences et des techniques. Des Antilles au Pérou, de l’Argentine à la Louisiane ou à New York, les circulations sont multiples, complexes, mais encore peu repérées : des livres, des ingénieurs, des médecins, des plants et des techniques circulent en tous points de cette Amérique, constituant un espace spécifique et dynamique au sein duquel s’élaborent des données nouvelles. L’histoire de l’électricité, de la métallurgie, de la cartographie, de l’archéologie, mais aussi de la botanique et de la médecine, traduisent la place croissante prise par les Amériques au sein de l’économie-monde des savoirs scientifiques et techniques, et pourront être explorés dans cette perspective. La part de l’Asie, du Pacifique et, bien sûr, de l’Afrique, devront alors permettre de dépasser l’axe européen unilatéral, pour dessiner des processus complexes centrés sur l’Amérique, et non plus seulement sur une vision européo-centrée - fût-elle ancrée dans l’histoire atlantique. En travaillant sur ce thème, on cherchera aussi à comprendre comment se manifestent concrètement dans les activités savantes, les opérations de « détachement », de mise à distance de l’Europe par le procès du pouvoir colonial. En suivant la constitution des débats, on mettra au jour le travail de négociation avec les héritages européens et de définition d’une « américanité » originale. En jouant sur ces différentes échelles, il s’agira de saisir en revers les processus d’américanisation par les sciences au croisement des différentes pratiques de mesure, de métrologie, de collecte, mais aussi d’archivage (collection d’americana, bibliothèques, etc.) qui visent à lui donner une « consistance » et à la faire durer au-delà des indépendances. Au croisement de l’histoire des sciences et de l’anthropologie historique, ce colloque aura l’ambition de repérer, de décrire, d’évaluer et de confronter des itinéraires des savoirs « américains », mais aussi d’en étudier les acteurs, les vecteurs, les formes et les principes de développement afin de dessiner et mieux saisir les lignes de force d’une mondialisation moderne encore trop suivant envisagée à la seule lumière des expériences impériales et impérialistes des XIXe et XXe siècles. En inscrivant physiquement cette 4ème journée d’étude « Américanisation » à Lima, au Pérou, il s’agira de favoriser la discussion et la critique sur le sol américain d’un concept qui, en histoire des sciences comme dans d’autres domaines des sciences humaines, présente une indéniable valeur heuristique pour la compréhension des mondes américains et de leur influence mondiale, tant à l’époque moderne qu’à l’époque contemporaine. En invitant des historiens, des anthropologues et des historiens des sciences en provenance d’Europe, d’Amérique ibérique et d’Amérique du nord, à confronter leurs points de vue et leurs recherches autour de cette notion nouvelle, il sera également possible de favoriser l’émergence de nouveaux chantiers collectifs structurants autour d’institutions majeurs en Europe et dans les Amériques (Universités françaises et américaines, CNRS, EHESS, IFEA, Institut Européen Universitaire de Florence, John Carter Brown Library, etc.). Lunes 14 de abril & Martes 15 de abril 2014 2:00 pm - Apertura Gerard Borras, Director del Instituto Francés de Estudios Andinos, Claude Castro Giménez, Consejera regional de cooperación con los países andinos, Embajada de Francia en el Perú José de La Puente Brunke, Director del Instituto Riva Agüero 2:30 - Introducción Carmen Salazar-Soler, Centro Nacional de Investigaciones Científicas de Francia – UMR Mondes Américains, François Regourd, Universidad Paris Ouest Nanterre – UMR Mondes Américains 2:45 - 6:45 Primera sesión Presidencia de Mesa : Margarita Suárez Espinosa, Pontificia Universidad Católica del Perú 2:45 - 4:15 : • Sandro Patrucco, Pontificia Universidad Católica del Perú: « La botánica en Lima en el siglo XVIII y la influencia de los naturalistas expedicionarios » • Jorge Lossio, Pontificia Universidad Católica del Perú/Universidad de Manchester : « Debates en torno a la aclimatación a las alturas andinas : de Hipólito Unanue a Carlos Monge » Pausa 4:30 - 6:30 : François Regourd, Universidad Paris Ouest Nanterre – UMR Mondes Américains « Medical innovations and French learned institutions. Ways and means of Americanization in th the XVIII century » • Samir Boumediene, Institut Max Planck para la Historia de las Ciencias : « Conocimiento y cuerpo : una historia de los saberes sobre la enfermedad entre América y Europa (siglos XVIXVIII) » • Louise Bénat Tachot, Universidad Paris IV Sorbona – CLEA «Procesos de americanización y arte de navegar: la experiencia de la navegación americana y sus consecuencias en el siglo XVI » Debate 9:00 - 12:30 am - Segunda sesión Presidencia de mesa : Antonella Romano, Escuela de Altos Estudios en Ciencias Sociales – París – Centro Koyré 9:00 - 10:30 : • Lizardo Seiner, Universidad de Lima : « El desarrollo de la sismología en el Perú : encuentros entre América y Europa » • Carmen Salazar-Soler, CNRS – UMR Mondes Américains « Reflexiones en torno a la noción de procesos de americanización a partir de la historia de la minería peruana colonial » Pausa 11:00 - 12:30 : • Carlos Espinosa, Flacso-Ecuador : « Saber pastoral, historiografía y etnografía en la evangelización jesuita en Quito, 1580-1660» • Boris Jeanne, UMR Mondes Américains : «Del mundo maravilloso al universo clásico, los primeros saberes americanos en la génesis de una ciencia occidental (siglos XVI-XVII) » Debate 2:30 - 7:00 pm - Tercera sesión Presidencia de mesa : Louise Bénat Tachot, Universidad Paris IV Sorbona- CLEA 2:30 - 4:30 : • Silvia Sebastiani, Escuela de Altos Estudios en Ciencias Sociales – Paris- CRH « In search of the historical evidence of the New World : Clavijero vs. Robertson across the Atlantic » • Mauricio Nieto, Universidad de los Andes – Colombia : « La comprensión europea del Nuevo Mundo: Eurocentrismo y ciencia moderna en el Atlántico del siglo XVI » • Stéphane Van Damme, European University Institute «Enlightenment on the Hudson: « Did Mohawks have a philosophy?» Pausa 5:00 - 7:00 : • Antonella Romano - EHESS – Centre A. Koyré « Conocer la China desde América: la empresa historiográfica de Juan de Palafox, de Puebla a Madrid y París (1640-1670) » Conclusiones, por Louise Bénat Tachot y Stéphane Van Damme Discusión general Conception graphique : Karine Penalba / Crédit image : BnF Comité científico y organización : Carmen Salazar-Soler François Regourd Louise Bénat Tachot Stéphane Van Damme