00-1. pag LE FRAN.AIS I pm65

Anuncio
31
SÉRIE B
blancos y algunos rosados bien fríos. Estaban un poco achispados cuando ocurrió,
hacia las cuatro de la mañana, entre el cuarto y el quinto piso. Pasado el primer
momento de miedo, llamaron a la portera: no era aún la Señora Claveau, sino
una vieja Española que estaba allí desde los primeros días del edificio; se llamaba
Señora Araña, y se parecía ciertamente a su nombre, una mujer pequeña, seca,
negra y encorvada. Llegó, vestida con una bata naranja con ramas verdes, y con
una especie de media de algodón a modo de gorrito, les mandó callar, y les avisó
que no esperasen ninguna ayuda hasta pasadas varias horas.
Solos al amanecer de un pálido día, los cuatro jóvenes, ya que los cuatro
eran jóvenes en aquella época, hicieron el inventario de sus riquezas. Flora
Champigny tenía en el fondo de su bolso unos restos de avellanas tostadas que
compartieron, de lo que enseguida se arrepintieron porque les dio aún más sed.
Valène tenía un mechero y el Señor Jérôme unos cigarrillos; encendieron algunos,
pero sin duda habrían preferido beber. Raymond Albin propuso pasar el tiempo
jugando a los naipes y sacó de sus bolsillos una baraja grasienta, pero enseguida
se dio cuenta de que le faltaba la sota de trébol. Decidieron sustituir esta sota
perdida por un trozo de papel de formato idéntico en el cual dibujaron un
monigote completamente doblado, un trébol (♣), una V mayúscula, e incluso el
nombre de la sota.
Notes sur la traduction
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
7
Serge Valène: l’un des personnages principaux du roman.
Des quartiers parisiens.
Éméchés: (fam.): «Un peu ivre → gai, gris, pompette» (PR).
Crochu(e): «Qui est recourbé en forme de crochet → courbé, recourbé» (PR).
Faire une belote : jeu de cartes.
Valet de trèfle: «valet de trébol; sota (en el juego de cartas español)» (DL).
Tête-bêche: «Dans la position de deux personnes dont l’une a la tête du
côté où l’autre a les pieds; parallèlement et en sens inverse, opposé».
(PR) Pies contra cabeza (DL).
8
© Mª Luisa Bernabé Gil in Le Français par les textes narratifs I, ed. Comares, 2006.
Vous 1 allez arriver 2 dans quelques instants à cette gare transparente à laquelle il est si 3 beau d’arriver à l’aube comme le permet ce train dans d’autres
saisons 4.
© Mª Luisa Bernabé Gil in Le Français par les textes narratifs I, ed. Comares, 2006.
32
NIVEAU MOYEN
Il fera encore nuit noire 5 et au travers des immenses vitres vous apercevrez
les lumières des réverbères et les étincelles bleues des trams.
Vous ne descendrez pas à l’Albergo Quirinale, mais vous irez jusqu’au
bar où vous demanderez un caffélatte 6, lisant le journal que vous viendrez
d’acheter tandis que la lumière apparaîtra, augmentera, s’enrichira, s’échauffera peu à peu.
Vous aurez votre valise à la main lorsque vous quitterez la gare à l’aurore
(le ciel est parfaitement pur, la lune a disparu, il va faire une merveilleuse journée d’automne), la ville paraissant 7 dans toute sa rougeur profonde 8, et comme
vous ne pourrez vous rendre ni via Monte della Farina, ni à l’albergo Quirinale,
vous arrêterez un taxi et vous lui demanderez de vous mener à l’hôtel Croce di
Malta, via Borgognone, près de la place d’Espagne.
Vous n’irez point 9 guetter les volets de Cécile: vous ne la verrez point sortir; elle ne vous apercevra point.
Vous n’irez point l’attendre à la sortie du palais Farnèse; vous déjeunerez
seul; tout au long de ces quelques jours, vous prendrez tous vos repas seul.
Évitant 10 de passer dans son quartier, vous vous promènerez tout seul et le
soir vous rentrerez seul dans votre hôtel où vous vous endormirez seul.
Alors dans cette chambre, seul, vous commencerez à écrire un livre, pour
combler le vide de ces jours à Rome sans Cécile, dans l’interdiction de l’approcher.
Puis lundi soir, à l’heure même que vous aviez prévue, pour le train même
que vous aviez prévu, vous retournerez vers la gare, sans l’avoir vue.
BUTOR (1957)
La Modification, Les Éditions de Minuit, 274-275.
8
Traduction proposée
Usted va a llegar dentro de unos instantes a esta estación transparente a la
que es tan bonito llegar al amanecer tal y como lo permite este tren en cualquier otra temporada.
Será aún noche cerrada y a través de las inmensas cristaleras usted percibirá las luces de las farolas y las chispas azules de los tranvías.
No bajará usted al Albergo Quirinale, sino que irá hacia el bar donde pedirá
un caffélatte, leyendo el periódico que usted acabará de comprar, mientras que
la luz aparecerá, aumentará, irá cobrando esplendor y poco a poco se irá caldeando.
© Mª Luisa Bernabé Gil in Le Français par les textes narratifs I, ed. Comares, 2006.
33
SÉRIE B
Cogerá su maleta cuando deje la estación al amanecer (el cielo está perfectamente limpio, la luna ha desaparecido, va a hacer un maravilloso día de otoño) la ciudad aparecerá arrebolada, y como usted no podrá ir ni a via Monte
della Farina, ni al Albergo Quirinale, parará un taxi y le pedirá que le lleve al
hotel Croce di Malta, via Borgognone, cerca de la plaza de España.
No irá usted a espiar las ventanas de Cécile; no la verá salir; ella no le verá.
No irá usted a esperarla a la salida del palacio Farnèse; usted almorzará solo;
durante estos días, comerá solo.
Evitando pasar por su barrio, se paseará usted solo, y por la noche volverá
solo a su hotel donde dormirá solo.
Entonces, en esta habitación, solo, usted comenzará a escribir un libro, para
llenar el vacío de estos días en Roma sin Cécile, bajo la prohibición de acercarse a ella.
Luego, el lunes por la noche, a la misma hora que usted había previsto, para
el mismo tren que usted había previsto, volverá hacia la estación, sin haberla
visto.
Notes sur la traduction
8
1. «Ce qui frappe évidemment le lecteur dès les premières lignes, c’est le
mode narratif choisi par Butor:
Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule
droite, vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant.
En remplaçant le vouvoiement par un simple «je» ou un impersonnel
«il», on se rend bien compte du charme évident du choix novateur de
Butor. L’identification est immédiate, aucune distance ne subsiste entre
le lecteur et cette histoire, désormais votre histoire». (2004:1)
(http://critlib.com/rv.php/vcrit/?l=4346) (vu le 27/01/2004)
Cette citation nous aide à interpréter le choix de vous, voulu par l’auteur,
et justifie l’utilisation de usted dans notre traduction.
2. Ce futur proche et l’utilisation du futur dans tout l’extrait répond au fait
que «Léon […] ressasse et rejoue d’anciens voyages entre les deux villes […] [et] imagine les prochains. Passé, futur et présent se succèdent
sans chronologie mais sans jamais demander d’effort au lecteur pour reconstituer un puzzle narratif». (ibid.). H. Weinrich affirme: «Certains romanciers ont eu l’ambition de faire coïncider approximativement Temps
du récit et Temps raconté […] peut-être Butor dans La Modification»
© Mª Luisa Bernabé Gil in Le Français par les textes narratifs I, ed. Comares, 2006.
34
NIVEAU MOYEN
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
(1973: 58), et «On distinguera un vrai Futur d’un Futur de simple possibilité (ou, en langage plus technique, un Futur pur d’un «Futur modal») […] une information anticipée comporte une part d’incertitude,
même si la suite des événements doit la légitimer rétroactivement».
(1973: 74).
Si (adv. d’intensité) «se joint à un adjectif, à un part. passé pris adjectivement ou à un adverbe» (DD)
«Gare» et «saison» ont la même traduction en espagnol (estación). Pour
éviter l’ambiguïté dans la traduction, nous avons choisi le mot espagnol
temporada.
Nuit noire: noche cerrada.
Nous conservons, dans notre traduction, le mot italien utilisé par l’auteur:
«caffélatte» (café con leche), et un peu plus loin «via» (calle).
Ce participe présent exprime la cause: «Il s’agit donc d’un complément
circonstanciel marquant le temps, surtout la simultanéité […], la condition […], la manière […], la cause […]» (DD).
«dans toute sa rougeur profonde»: Nous avons choisi le terme «arrebolada»:
«arrebol»: «Color rosado que se ve en las nubes heridas por los rayos del
sol naciente o poniente. Por extensión, en lenguaje poético, color rojo»
(MM). Ce terme reprend l’image suggérée dans le texte.
Point: «VX. ou LITTÉR. Deuxième élément de la négation, employé
normalement avec ne → pas» (PR).
Gérondif: «La forme en –ant […] forme avec en (parfois sous-entendu)
un gérondif» (DD), «qui exprime une circonstance accompagnant l’action du verbe auquel il se rapporte. Il s’agit donc d’un complément circonstanciel marquant le temps, surtout la simultanéité […], la condition
[…], la manière […], la cause […]» (DD).
9
Elle était de taille moyenne, et lui, Gérard Van Bever, légèrement plus petit . Le soir de notre première rencontre, cet hiver d’il y a trente ans, je les avais
accompagnés 2 jusqu’à un hôtel du quai 3 de la Tournelle et je m’étais retrouvé
dans leur chambre. Deux lits, l’un près de la porte, l’autre au bas de la fenêtre.
Celle-ci ne donnait pas sur le quai et il me semble qu’elle était mansardée.
Je n’avais remarqué aucun désordre dans la chambre. Les lits étaient faits.
Pas de valises. Pas de vêtements. Rien qu’un gros réveil, sur l’une des tables de
1
© Mª Luisa Bernabé Gil.
PISTES POUR LE COMMENTAIRE DE TEXTE DE M. BUTOR :
La Modification.
• Consultez le document : « Guide pour le commentaire de texte ».
• Les questions suivantes peuvent être reprises dans le plan du commentaire et
analysées par la suite :
-
Justifiez le titre du roman.
-
Comment interpréter le choix de la deuxième personne du pluriel dans ce
roman ?
-
Quelle est la fonction des futurs dans cet extrait ?
• En ce qui concerne le commentaire proprement dit, nous suggérons l’étude de la
problématique de la voix et la focalisation que présente ce texte.
Descargar