Comment expliquer les inégalités de revenus ? On remarque qu’en France les inégalités de revenus augmentent par le haut, c’est-à-dire que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres sont de plus en plus pauvres. Ce phénomène est d’autant plus visible lors des périodes de forte croissance, les revenus des plus pauvres (dernier décile) augmentent très peu. Différentes analyses ont été réalisées pour expliquer ces grandes distorsions dans les revenus. Le capitalisme actuel est la principale cause des inégalités de revenus dans le monde. Des mesures étatiques sont censées les corriger, malheureusement elles ont également des effets pervers que nous verrons dans un second point. Le capitalisme financier favorise les profits de l’entreprise au détriment des travailleurs pauvres La mondialisation est mal régulée. Elle laisse dont place à différentes situations qui créent ou reproduisent les inégalités : Les changements technologiques de plus en plus coûteux. Les équipements sont devenus chers et doivent être renouvelés systématiquement. C’est la raison pour laquelle le patronat réclame la diminution de la part du salaire dans le partage de la valeur ajoutée et une augmentation de la part du revenu qui rémunère le capital. Et effectivement, cela se traduit de manière très concrète aujourd’hui. Le poids de la finance, de l’économie financière est devenu plus importante que l’économie réelle. Dans le passé, la valeur ajoutée se répartissait en deux parts : salaire et profit à raison de 2/3, 1/3 ; maintenant elle se fait en trois : salaire, profit, dividende. Les salariés perçoivent donc nécessairement une plus petite part. La remise en cause du salariat, qui est de plus en plus abandonné au profit d’entrepreneuriat individuel explique également les inégalités pour les plus pauvres. On observe également un fort déclin des syndicats en France. Les pays du nord de l’Europe qui ont beaucoup de syndicats connaissent moins d’inégalités de revenus. Pour les libéraux, la course au profit et à l’enrichissement individuel est un moteur de l’économie. La situation des plus pauvres ne peut s’améliorer que si l’on produit plus, s’ils travaillent plus et stimulent la production. La croissance serait la réponse aux inégalités de revenus, or en réalité cela favorise les profits de l’entreprise avant tout. Cela reprend la pensée de SCHMIDT :« Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain ». Dans la réalité, sans l’intervention de l’Etat il est difficile d’imaginer un marché qui définirait mécaniquement les conditions d’un partage équitable des revenus. Les effets pervers des mesures “correctrices” de l’Etat Lorsqu’il y a des inégalités importantes, elles contribuent à générer des déséquilibres économiques et sociaux, il faut donc les diminuer. L’Etat effectue alors une redistribution secondaire et met surtout en place des mesures dites favorables au travail et donc aux salaires. Les politiques fiscales reproduisent trop souvent les inégalités de revenus : La baisse de la pression fiscale sur les plus riches. Dans le passé, l’allègement des cotisations pour les salaires en dessous de 1,6 Smic. Un employeur n’a donc aucun intérêt à augmenter le salaire de son employé ni à le faire évoluer dans la hiérarchie ou le former pour augmenter ses compétences. Il a tout intérêt à le laisser sous cette “barre” pour percevoir les allégements de cotisations. C’est ainsi qu’on a créé le phénomène des travailleurs pauvres qui peinent à survivre avec le simple fruit de leur travail : une trappe à bas salaire. La défiscalisation des heures supplémentaires qui, même si elle permet une augmentation des revenus de toutes les couches de la société, creuse davantage l’écart des revenus. Pour un quart des foyers fiscaux, le bénéfice est de moins de 500€ par an tandis que pour les plus aisés il représente 8000€ en moyenne. En période de faible croissance ou de récession, les effets pervers des mesures de l’Etat sont très visibles. Il est important de souligner tout de même que les politiques fiscales et/ou la protection sociale dans la mesure où elle n’est pas obligatoire reste un choix de société à travers le vote d’un programme/d’un candidat. De telles inégalités provoquent de graves dysfonctionnements en matière de santé, de maladie, d’échec scolaire, délinquance, violence etc. Deux options restent envisageables : un pacte social ou le laisser faire. Pour un pacte social, le patronat, les syndicats et pouvoirs publics travaillent à reconstruire un système équilibré, acceptable sur le plan social et économique. Autrement dit, les partenaires, les agents économiques publics/ privés décident de définir les conditions d’un partage plus équitable de la VA. Autrement, ce sont les lois du marché qui fixeront ses conditions, avec le risque d’avoir des rapports de force, des abus voire des violences.