Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google POÉSIES DE LASPHRISE Digitized by Google O» Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google POÉSIES DE L ASPH RISE Digitized by Google TIRÉ A CENT EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS, dont 96 sur papier vélin anglais et 4 sur papier de Chine Exemplaire 2NC° Vincent Bona, Imprimeur de Çg S. M., à Turin. Digîtlzed by Google Digitized by Google MARC DE PAPILLON Sr Photogravure DE LASPHRISE Dmardm tized by Google Digitized by Google MARC DE PAPILLON Sr Photocdvure Diuardui DE LASPHRISE I LES GAILLARDES POÉSIES DU CAPITAINE LASPHRISE publiées d'après les éditions de 1597 et de iSt# PAR UN MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES GAULOIS Tt/ 'R/CSC .1 GAY ET FILS, ÉDITEURS 1870 \ Digitized by Google Digitized by Google MARC PAPILLON SIEUR DE LASPHRISE SA VIE, SES POÉSIES (i 555 - 1599) Le Capitaine Lasphrise jouit d’une réputation c’est un coureur, un vicieux, un débauché, un pillard, un arrogant; en un mot un homme de sac et de corde. D’abord il s’en vante lui-même; l’abbé Goujet, grand juge en matière de poètes du XVI* siècle, et tous les auteurs à sa suite ont confirmé son arrêt. Mais détestable; on brûlerait tous rimeurs qui ont chanté l’amour; et on sait brûlés lui-même; qu’il ne les a pas car tous ces chanteurs de sonnets et d’élégies, qu’il a doctement analysés, et qui lui ont appartenu, enrichissent aujourd’ hui la Bibliothèque de Versailles. Les Annales poétiques et les autres recueils qui ont emprunté des vers au galant si l’on écoutait l’abbé Goujet, les capitaine ont été moins sévères, j’oserai dire Digitized by Google MARC PAPILLON VT plus justes; ils lui reconnaissent de la verve, du talent et une certaine allure gasconne, qui donne à sa poésie un caractère martial et délibéré. Tout n’est pas également à louer chez lui. On y trouve une foule de sonnets alambiqués, dans goût détestable des Pindariseurs d’alors, qui, ne pouvant s’approprier le génie de Ronsard, le se faisaient gloire d’exagérer ses défauts. Mais, quand Lasphrise s’abandonne à lui-même,, n’a besoin d’emprunter nî l’esprit, ni le il style de personne. Il n’est pas toujours correct, et ne cherche point, comme on dit, la petite bête ; mais il n’affecte point non plus de voiler sa pensée. On n’a pas besoin de lire entre ses lignes pour savoir ce qu’il entend dire. Loin d’éviter une gauloiserie, il l’aborde gaillardement de front et vous la lâche tout à trac. Pas plus que Rabelais, son héros et son maître en fait de langage, il ne mâchera le mot, qui sort, comme un trait d’arbalète, de ses bonnes lèvres dilatées par le rire, à travers ses mous- taches blondes; et l’on ne songe pas à s’en effaroucher, tant terie sur il sait mettre d’innocente effron- son visage ouvert et dans ses yeux brillants de gaîté. Marc de Papillon naquit, vers i555 , près d’Amboise, dans le petit fief de Lasphrise qui appartenait à sa famille et dont il prit le non®. un frère aîné, Jean de Papillon, écuyer, du Puy de la Source, qui fut tué devant Orléans, et une soeur Geneviève, qui mourut U. avait sieur Digitized by Google SA VIE ET SES POÉSIES «n couches. VU encore âgé que, de quatre ans lorsqu’il perdit son père, N. de Papillon, II n’était 11 semble avoir conservé mère, née Marie du Plessis-Prévost, beaucoup la mort, la mauvaise fortune était entrée dans cette famille privée de son chef; si bien qu’à douze ou quinze ans le jeune Lasphrise, quoique soa enfance eût été maladive, fut contraint de quitter son éducation commencée pour embrasser la carrière des armes. Il a pris soin lui-même de consigner tons ces détails, çà et là, dans ses poésies; mais ce dont il se vante aussi, sans que sieur de Vauberault. sa plus longtemps. Mais, avec je puisse y avoir n’aurait désor- foi, c’est qu’il mais plus ouvert un livre et aurait composé «es vers, sans étude, Pour monjtrer la grandeur de fa mufe foldardc Et pour Gentilhomme ejlre uniquement prifà. 3e crois qu’il fait, en ce cas, parade d’une fausse ignorance, démentie par ses propres écrits. Evidemment il connaissait le latin, l’italien d’autres langues encore et possédait la logie, l’histoire, etc.; le de même il fait mythoailleurs fanfaron de vice, tandis que son bon coeur et son excellent naturel éclatent, pit de comme en dé- lui-même. Nous n’essaierons pas de suivre 'Lasphrise dans toutes ses le capitaine garnisons et dans Vernay , à Vimory, à La Rochelle, à Lusignan, à Domfroat, à Saint-L<5, à Brouage, à Fontenay, à Maran, tous ses combats, à Dormans, au Digitized by Google Vttt MARC PAPILLON en Dauphiné» en Gascogne et jusque sur mer, où, pendant une année, il parcourut les côtes d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Nos lecteurs trouveront dans ses vers le peu de détails qu’il donne luimême sur ses campagnes. Il est plus à propos de jeter un coup d’œil rapide à travers sa vie de poète et d’amoureux, afin d’expliquer comment notre édition, sans renfermer toutes les à Saintes, à Mesle, à La Mûre, poésies du galant capitaine, offre néanmoins la physionomie complète de ce talent original. A vingt ans, il tenait garnison au Mans, lorsqu’il entendit, dans la chapelle d’un couvent de Bénédictines , qu’il appelle le Pré , une voix qui lui alla au cœur. Il sut bientôt que la chanteuse était une novice, qu’il parvint à voir, à connaître, l’accès des couvents étant plus facile qu’aujourd’hui. Depuis ce alors moment pendant dix années consécutives, ce fut un déluge de sonnets, d’élégies, de chansons, de poulets d’amour, pour engager celle qu’il avait surnommé Théophile à quitter son cloître. Je crois que les intentions de l’amant étaient pures; mais ses peines furent perdues. Pendant que les hazards de la guerre l’éloignaient du Mans, Théophile prononça ses vœux. Il n’eut plus qu’à pleurer son désespoir et il put alors révéler, dans deux sonnets acrostiches, le nom de l’inexorable beauté que Dieu lui ravissait. Elle se nommait Renée Le Poulchre et tenait sans doute à la famille de ce François Le Poulchre de la Motte Messemé qui a écrit un voet — Digitized by Googl SA VIE ET SES POÉSIES IX intitulé les Honnestes Loisirs, où raconte sa vie et l’histoire de son temps ( Les Paris, Sept livres des honnejtes Loijtrs, &c. Orry, 1587, in- 12. Douze ff. prél., un nouveau titre différent du premier et 288 ff. chiffrés). Les Amours de Théophile sont le début de Lasphrise et la moins vigoureuse de ses œuvres. Nous en avons toutefois reproduit au delà de ce qu’il fallait, pour qu’on pût suivre les péripéties de sa passion et apprécier les progrès de son style. Nous avons donné plus de développement à l’ amour passionnée de Noémie, dont la plus grande partie est conservée. Cette flamme avait pour objet une dame noble, mariée à un vieil époux fort peu capable de l’apprécier, dont la demeure était en Bourgogne. D’après certains indices elle était quelque peu parente de Lasphrise. Cette passion atteignit rapidement son paroxysme et fut récompensée autant que le hardi capitaine pouvait le désirer. Il en dépeint avec feu tous les désirs, toutes les jouissances, lume de vers il , toutes les ivresses, et, comme il n’entrait nul- lement dans notre pensée de composer un recueil destiné aux pensions de jeunes demoiselles, nous n’avons eu à retrancher aucune de ces descriptions brûlantes, aucun de ces cris d’ardent amour où triomphe la verve endiablée de Lasphrise. Hâtons-nous d’ajouter qu’il n’y a pas un vers, pas un mot en l’honneur de ces plaisirs contre nature qui deshonorèrent la cour des derniers Valois. Ses amours sont celles d’un homme passionné, mais honnête, et ses SA VIE ET SES roÉSIES La Nouvelle tragi-comique , xr qui a le double mérite d’être courte et amusante, a été res- me montré impitoyable pour les pièces chrétiennes qui terminent le volume, pensant que le lecteur daignera me croire pectée; mais quand même je lui je suis aurai affirmé qu’elles respirent en temps l’ennui le plus profond et les plus purs sentimens chrétiens. Il faut dire, afin d’excuser l’auteur, qu’il les composa pendant une grave maladie, qui avait affaibli en même temps son corps et son e3prit. Il était pourtant à l’âge où l’homme conserve encore toute sa vigueur quand il publia ses premières poésies; il avait à peine quarantedeux ans. Mais il faut penser que, pendant plus de vingt ans, il avait mené la dure existence du soldat, à travers les guerres civiles qui n’avaient cessé d’ensanglanter la France; couvert de blessures, il était en outre perclus de goutte et de rhumatismes, que l’amour passionnée de No£mie et d’autres aventures de garnison, n’avaient pas peu contribué à augmenter. Retiré dans son petit fief de Lasphrise, le vieux loup s’était fait ermite,, moins avec si non de son résignation. Il plein gré, y achevait de du vivre- sur les débris de sa fortune. Soldat des Valois,, fervent catholique (cela s’alliait alors parfaite- ment avec les plus profanes amours), il réclamait vainement à Henri IV l’arriéré de sa solde de capitaine. Le roi, fort chiche pour sesplus dévoués amis, faisait la sourde oreille aux. doléances du vieux ligueur. xu narc papillon Ce pas pour lui seul que Marc de Pa- n’était pillon insistait. un fruit fille de je Il ne avait recueilli, près de lui, sais quelles amours, une jeune Il a écrit pour qui s’appelait Marguerite. désaveu du Fléau féminin et une pièce assez touchante les Regrets de Philasser (c’està-dire Lasphrise). Marguerite semble avoir été pour lui une garde-malade dévouée, en ces années de souffrances, pendant lesquelles il réunit ses vers et les publia sous le titre de : Les Premières œuvres poétiques du Capitaine Lafphrife, à Cefar Monjieur. Paris, Jean Gesselin, 1597, in-i2' de 14 ff. préliminaires et 612 pages numérotées. Le privilège, donné à Rouen, est du dernier de Janvier 1597. Il est suivi d’un beau portrait, finement gravé par Th. de Leu, représentant le buste du Capitaine, cuirassé, tenant de la main droite son épée enlacée de palmes et de lauriers, de l’autre s’appuyant sur son casque, environné de myrtes et de charmes; ainsi qu’il le dit lui-même en elle le : ce quatrain: Le Paladin heureux couronnera fon chef De palmes, de lauriers, de myrtes & de charmes. Il me Suffit qu’ils foyent à l'entour de mes armes. N'ayant eu pour tous biens qu'honorable méchef. Ce premier recueil eut beaucoup de succès. Un imprimeur de Rouen aurait été jusqu’à le contrefaire (ainsi qu’il le dit page 468 de sa seconde édition). Mais je n’ai vu signalée nulle Digitized by Google SA VIE ET SES POÉSIES XIII part cette contrefaçon, qui semble, jusqu’à pré- inconnue aux bibliographes. Une seconde édition parut deux ans plus tard sous le titre: Les Premières œuvres poétiques du Capitaine Lafphrife, reveues & augmentées par l’Auteur, à tres-illujire S tres-excellent sent, Prince Cœfar de Bourbon, Duc de Vendofme, Gouverneur des Pays de Bretagne & Lyonnois. Paris, Jean GefTelin, i5g9, in-12 de 18 ff. prélim., dont un blanc et 683 pages numérotées. Le privilège est celui de la première édition. L’achevé d’imprimer est du 2 5 novembre 1 55 g. même portrait de Th. de Leu s’y trouve sur Le avant dernier des feuillets préliminaires, et dans quelques exemplaires il est répété à la page 440. Cette édition contient un plus grand nombre de pièces que la première; mais elle n’offre ni retranchements, ni corrections de quelque importance. Lasphrise était un poète de premier jet et, quand il avait écrit un sonnet ou une chanson, il préférait en composer d’autres, plutôt que de revenir sur les premiers, pour les l’ corriger. Je croyais que, depuis cette époque, on n’avait dans plus entendu parler de lui; mais les je vois Poètes François publiés chez Crapelet, à Paris, en 1824 (6 vol. in-8°), qu’un éditeur, désigné seulement par les trois initiales J. B. Q. recueil des Poésies de fit paraître un second Papillon (Lyon, 1600, in-8°). Ce recueil renfer- merait cinquante-six stances sur l’amour con- MARC PAPILLON XIV jugal et sur le mariage de Henri IV avec Marie de Médicis, plus quatre sonnets au Roi et à la Reine. Je ne sais trop si ce livre est bien en effet de Marc Papillon sieur de Lasphrise; toutefois il n’a pas, comme les précédents, été publié par l’auteur lui-même. On conclure que succombé pas commencer à ses infirmités et qu'il ne vit le XVII* pourrait en le capitaine avait alors siècle. P. B. \ Digitized by Googl , A TRKS-ILLVSTRE ET TRES-EXCELLENT PRINCE CÆSAR DE BOURBON ‘ Duc de 'Vendofme SONNET le me puis bien vanter comme ie me vante ore De t’auoir faiâ premier vn prefent glorieux Dont tu es reconnu en mile ejlranges lieux, Où ion ne pen/oit pas que tu fuffes encore. Chacun défia te craint, chacun défia t’honore, Efperant quelque iour foubsle ciel de tes yeux Voir reluire le temps de l’aage précieux, Où fut toute équité, & tous biens qu’on décoré. le me fens donc heureux Si ie Pour en mon ingrat ennuy n’ay faiâ pour moy, d’auoir faiâ pour autruy, toy, fécond Cæsar, que la Fortune iufie, Par ton pere Cæsar (non de nom) mais d’effeâ Salué heureufement, tant qu’elle te promet De te faire appeler le grand Cæsar avgvste. Lasphrise, Digitized by Google Digitized by Google LASTH^ISE Mon Il livre, ains OA SON LIV^E de Cœfar à qui ne faut plus tarder, il ie Marche, conte fans peur ton defajlre Car t’ay donné, ne faut plus fe taire, eflant à Ccefar, qui t’oferoit obfliné; malfaire? Digitized by Google PRIVILEGE DU ROY Par grâce & du Roy ell permis au Gentilhomme Tourangeau^ imprimeur que bon luy privilège Capitaine Lasphrife, faire imprimer par tel femblera, vendre & dillribuer par tout le Royaume fes Œuvres poétiques fans qu’autres que celuy que ledit Efcuier aura choifi & esleu les puiflent imprimer ou faire imprimer, & ce pour le temps & terme de fix ans prochains venans, à compter du jour & datte de l’impreflion dudiél livre. Sur peine de confifcation defdi&s livres, defpens, dommages & interets & par ledit Capitaine Donné à Rouen & de fon régné le de l’imprimeur ainfi choifi d’amende arbitraire. dernier jour de Janvier 1597 huictiefme. le Tar le T{oy en fon Confeil Huillier. Nous, Capitaine Lafphrife, Gentilhomme Toula permifllon à nous donnée le Roy, & fon privilège donné à Rouen du rangeau, fuyvant par & datte que deffus, avons donné permiffion à Jean Gefleiin, de la ville de Paris, d’imprimer nos Œuvres poétiques, & ce pour & durant le jour terme porté par lefdittes lettres de permifllon à nous odroyées par Sa Majeflé. Achevé d’imprimer le 25 Novembre 1599. Digitized by Googl LES AMOVRS <D THEOT HILE E par le Capitaine Lafphrife STANCES Si mes Vers ne font tels que vojlre honneur mérité, S’ils ne font à vos yeux aggreablement doux, Preneq-vous-en (mon tovt), preneq-vous-en à vous, Car c’ejl vojlre beauté qui feule les incite. Alors que ie vous vis ils n’auoyent feulement Ni penfé, ni fongé l’ombre d’vne lumière, Et comme enfeuelis dans l’obfcure poufftere, Ou comme efiant fans eflre en leur enfantement, Ils jouoyent dedans moy,fans cognoijlre leur chance, raifon fe perdre en toutes pars, Maisvoyansma (Par vojlre œil rigoureux) Sont apparus hardis, pour lors comme bons foldars, ma feule defence. Digitized by Google LES AMOVRS 20 ne m’ont dédaigné abfentant vos beaux yeux ; Car près & loin toujours, ils m’ont prejlê l’oreille. Ils Ores chauds, ores froids, ore en couleur vermeille, ainfi que l'Archer leur efioit gracieux. Tout fe trouuent polis d’une mauuaife lime, logeoyent auec eux quelque fragilité, l’humble pauureté, en ont (mes Amours) excufe légitimé: S’ils S’ils Ou s’ils efloyent voyfins de Ils Car eflant tendrelet, fortant de Mal fur mal mon berceau, & puis comme à l’enuie, moy la laide maladie, m’ejlvenu, S’entrebattoit cheq Qui par playes m’afaiâ condamner au Tombeau. Oncques ie n’ay vefcu vne heure en patience; Mille bouillans ennuis m’ont toufiours agité, Ore aux champs de Thetis loing de ma liberté, Tantoflhaut, tantojl bas, en douteufe balance. Iamais ie n’ay fuyui que l’honneur Martial, Qui m’enleua (hélas!) auant ma tendre Aurore, Me gardant d’adorer Phœbus que tan^i’ honore, Le félon m’a payé d’vn tourment inefgal. l’orgueil de ma Mufe animée, iyauoir ofé chanter fi bas en fi haut lieu, Sa flamme fche à vos yeux plaife comme vn grand feu, Croyant quefon ardeur ne confomme en fumée. Excufeq donc Car ma flamme efi diuine efprife viuement Rendant vofire beauté dauantage accomplie, Digitized by Google ; DE THEOPHILE 2 I Aujfi ne pouuieç-vous iamais ejire feruie D’vn plus braue Efcuyer, ni d’vn plus digne Amant. Alle% donc, compagnons, accoller cejle-là, Qu’auez pris P our efpoufe (ôplaifant mariage !) Sus, allez luy donner vofire doux pucelage; le ne veux rien de vous, mes mignons, que cela. Vous ferez en bon-heur, les premiers de la terre, Vous irez en vn ^eu noble fur tous endroiâs, Aimez de tout le monde, 6 fi oyrez la voix Des plus fainâes beautez que V Vniuers enferre. ’ Mais ie veux que baifiez ce bel œil chafque iour Mille fois, luy comptant mes paffions aufieres, Mes peines, mes ennuis, mes fortunes ameres, Et la glaçante ardeur de ce bifarre Amour. Que vous couchiez aujfi toufiours près de m’amie, Baifottant ce petit qui m’a tant martelé, Et ie veux que par vous il me foit reuelé Celle qui vous fera plus douce courtoifie. le vous commande aujfi mon honneur en tous lieux. Si quelqu’un en mefdit rendez fa vie égale, aduenir, à celle de Tantale Qui dira vérité pouJfez~le iufqu’aux deux. Et aux fiens Adieu donc, mes enfans, courriers de ma mifere Ce bel œil, mon foucy, vous aille r’accoifant. Vous ne craindrez alors l’orgueil du mefdifant, Et viurez bien-heureux auecques ; vofire pere. Digitized by Google LES AMOVRS 22 SONNETS Si pour vous courtifer, ie fay me folie, Si ie n’efpere rien de cejle grande erreur, Que tomber temeraire accablé de fureur. Je ne laifferay point d’en pajfer mon enuie. L’enfant outrecuidé du Prince de Lycie, Pour ejlre dans les deux fuperbe entrepreneur. Ne laiffa, trefbûchant, d’acquerre de l’honneur, L’honorable trefpas efl une belle vie. On ne doit iamais craindre à s’auancer bien fort, Bien qu’on fente en montant vne cruelle mort. Quand le braue renom fuit la faute commife. chay donc, Madame, adorant vos beaux yeux, le me ren immortel par ma vaine entreprife, Et compagnonneray les magnanimes Dieux. Si ie Ce riche entendement, cejle aggreable grâce, Ce ieune teinâ ferain de l’Aurore emprunté, Ces deux yeux foleillans, flambeaux de chajletê, Ce langage doré qui doucement menace; Ce poil blond ondoyant, cejle angelique face, Ce graue-doux accueil, cejle humble priuauté, Cejl honnejle maintien, cejle belle beauté, Ce grand front uoir in oit tout honneur fe place y ; Digitized by Google , DE THEOPHILE 23 Cefie petite bouche enfournée d’œillet Ce ne% affef traitif, cejle gorge de laiâ, Ces coutaulx emboutis d’vne fraife pourprine ; Ce bras, ce pied, ce corps qui à Pallas reffemble. Ce petit mon mignon, que fans voir i’ imagine, Cela me faiâ languir, mourir, & viure enfemble. les belles fleurs du Prin-temps deflrable, veu le Ciel paré des flambeaux lumineux, I’ay veu calmer la mer, i’ay veu T or précieux, ray veu du Dieu guerrier l’ordonnance aggreable I’ay veu ray ; l’ay veu du Delien le bel œil fauorable, ray veu des grands Palais le front audacieux, l’ay veu les champs, les bois, les monts délicieux, ray veu gazouiller l’eau d’vn ruiffeau deleàable ; Pay Pay veu le bled creflé ondoyamment baiffer, veu l’humble Venus fon Adon careffer, le bal facré des huiâ fœurs de Thalie; I’ay veu Pay veu le bien, l’honneur, la douceur, la fanté, Pay veu le plaifant fruiâ de chere nouueauté; Mais ie n’ay rien veu beau, comme ma fiere Amie. Pourquoy negliges-tu l’extrefme affeâion, Dont ie te veux feruir, ma gente Théophile ? Digitized by Google LES AMOVRS *4 Tu m' amenés la EJlant fubieâe Loy, qui aux Rois efi toute mobile, diuers d’opinion. au Conuent nulle religion ; l’effed apparent la voix ejl inutile, Royalle Amilly Ji belle, & fi fubtile, S’abufe comme toy en la deuotion. Ic ne trouue Sans La La vie fans plaifir efi vne mort hideufe, L’aife que tu reçois d'eftre religieufe, Oefi chanter (quel foulas!) iour & nuiâ en Latin. Bien qu’en pfalmodiant, ton ame s’efiouijfe, Mais ton honneur mignon, ta bouche, & ton tetin, Ont mal-gré les fainâs vœus befoing d’autre delice. le porte habit de blanc en figne d’innocence, le ieufne (ma Déeffe) auec fincerité, le veille, ie fupplie, on le ne chomme me void contrifié, iamais, iefay grand.’ penitence : Toutesfois (6 pitié!) ie ne trouue allegence, Et ne m’esbahis pas de voflre cruauté. Vous penfeq efire faincîe aimant la Deité, Qui punit l’innocent en fon obfcure offence. Or puis qu’il Du le efi ainfi, ie ne feray plus cas blanc, mere-couleur ; ie dormiray mon faoul, ie feray deux repas, ne priray perfonne ; Digitized by Google DE THEOPHILE le fuiray le trauail ; pefie 25 du Dieu defir! Car i’ejlime un grand fot cefiuy-là qui fe donne De la peine en pouuant recevoir du plaijir. Quand viendra l’heureux iour que ie facrifiré, Mon Corps fur vojlre A utel que faind désir dedie, Que i’efpendray mon fang en mémoire infinie, D’auoir par vn’ erreur fi long-temps foufpiré? Quand Vn viendra l’heureux iour que benifi ie vous offriré Cierge ardent auec ceremonie, Efiant à deux genoux près de Afin d’auoir pitié de vous accomplie, mon cœur martiré ? Hé! quandferay-ie orné, dans vofire facré temple, Seruant vos Deités que deuot ie contemple ; Quand accepterés-vous ma chere Oblation, Pour fidelle tefmoing de mes peines fouffertes? Mais quand en receuant mes diuines offertes Auray-ie de vos mains Qvi n’a conneu la benedidiott? la perle de Nobleffe, Le bel accueil, le bon-heur plus Vn entretien chafiement heureux, amoureux, L’aime beauté éprife de fageffe: Digitized by Google LES AMOVRS 26 Qui n’a conneu l’habit d’vne Deeffe, Et du Prin-temps les threfors Qui n’a conneu mefme Amour de Dieux, La Qui La le haine aimée, & précieux, la trifie lieffe, n’a conneu l’œil, la grâce, le ris, grauité d’vne fainâe Cypris, d’ Aniov, & l’ornement du Meine, L’honneur Qui n’a conneu le chef-d’œuure Qu’il aille voir au pré Il connoifira du mon beau l’image de ma Ciel, foleil, peine ! CHANSON donc par vofire beauté, C’efi belle, Que ie voy l’enfer Amoureux, Mais fans moy vous ne feriez telle, Vofire iour feroit tenebreux. vous en faides trop à croire, Ha ! Par ma grand’ libéralité, Vofire beauté efi vofire gloire, Vofire gloire efi vofire beauté. ray mis fus cefie blanche face Vne moifjon Vay A d’œillets fleuris, & la grâce fur tous exquis. d’immortelle mémoire donné l’efprit ce beau corps Qui efi Par ma grand’ libéralité, Digitized by Google ) DE THEOPHILE , 27 Vojlre beauté cjl vojlre gloire, Vojlre gloire ejl vojlre beauté. Puis donc que vojlre faueur grande Vient de moy vojlre Jeruiteur, La fainde raijon vous commande Que m’aimie 7 de tout vojlre cœur, Qui triomphe de ma vidoire Par ma grand.’ libéralité; Vojlre beauté ejl vojlre gloire, Vojlre gloire ejl vojlre beauté. mon Roy viâorieux, Viue ce grand François, viue heureufe la Royner Viue toujiours Bourbon, viue toujours Lorraine Viue Neuers, Nemours, le fauorit des deux; Viue, viue Henry, Viue tous les Prélats, viue ieunes & vieux, Viue petits & grands, viue la Dame humaine, Viue m’Amie aujfi (l’Eternel la maintienne r Viue le liberal & l’auaricieux ; Viue le Huguenot, & viue le Papijle, Viue le Malcontent, viue le Realijle, Viue l’Enuie encor Jeule nuid de mes ioursr Viue Viue le Publicain, viue le Gentil-homme le & Politique, le vilain rujlique, Viue Satan, pourveu que i’aye mes Amours, Digitized by Google 18 LES AHOVRS CHANSON L’Amant au pauvre marinier, Qui ejl toufiours en douteufe balance, Sujed, helas ! au vent traijlrement fier : En mer, en femme il n’efi nulle affeurance. rejfemble Tantofi Neptune apparoifi gracieux, Et tantofi plein de mortelle furie ; La femme ainfi fe demonfire à noq yeux, C’efi vn beau temps foudain mué en pluye. Quand nous voulons voguer deffus la mer, Elle fe faiâ aggreablement calme, Et tout ainfi quand nous venons aimer, On ne void rien fi beau Lors que la Quelle pitié Nef efi au ! la femme. milieu des flots, quelle efirange tourmente Lors que l’Amour Efi-il, comme ô Dieux ! ejl ancré dans noq ! os, douleur plus violente ? Auffi Venus la mere aux Amoureux Vint de cefie eau, & du traifire Saturne : Quiconque donc voudra bien vivre heureux, Ne fuyue Amour ne l’impiteux Neptune. Digitized by Google DE THEOPHILE 29 CHANSOX le me plains, mes Amours, Ft toutes/ois, helas ! Ha ! & vous l’entende j bien , vous ne refponde % rien. vous aue% raifon : c’cjl ainfi qu’il faut faire, Les glorieux vainqueurs fe doiuent toufiours taire. O mal-heureux vaincus, c’efl à vous de prier, C’eft à vous de gémir, c'efl à vous de crier. Bien-heureux qui par pleurs peut deflourner l’orage De fon fier ennemy qui fe plaifl à l’outrage. Mais fi tu m’as vaincu, ic n’en perds mon honneur, C’efl faute de fortune & non faute de cœur, Non, que dy-ie? il n'efl temps de publier ta gloire, C’efl chanter le triomphe auant qu’auoir vidoire. le me repens, Amour, tu ne m’as furmontè, le fuis toufiours en vie, & en ma liberté, ie fois blejjé, fi ay-ie encor les armes mauuais garçon qui fe repaifl de larmes ; n’cfloit inuincible, il feroit ferf par moy, Bien que De S’il ce Qui fuis inuiolable en Amour & en foy. TRISTESSE Faut-il, 0 bons Dieux ! Que pour deux beaux yeux, Pour vn doux propos, Pour un blanc vifage, Qui d’œillets s'ombrage, Brusler iufqu’aux os? Digitized by Google , LES AMOVRS Non, ne veulx pas ie Plujloji Saififfe trefpas le mon cœur. D’vue ardeur cruelle La mort ejl plus belle, Qiie n’ejl la langueur. Adieu donc, Amours, Mais tout au rebours, Adieu mon foucy. Maudite l’année, L’heure & la iournée Que ie vins icy. Penfant me guérir, Tu me fais mourir, Semblable au poiffon, Qui cerchant fa vie, La trouue rauie D’vn traijlre hameçon. Tu ris de mes pleurs Et de mes douleurs Tu te reftouis, Comme vn fer corfaire, Qui rit du forfaire, Toufiours plein d’ennuis. Donc pour ton plaifir, Adieu, cher defir. Tragique defin ! Bourreau de moy-mefme , DE THEOPHILE 3 » Puis que tu ne m’aime, veux prendre fin. le Quelle Religion trouvez-vous en ce lieu ? Dites, rare beauté, de la beauté ventée? En efiant mal-heureufe ainfi déshéritée, Sans auoir offenfé, ni le monde, ni Dieu ? Quelle Religion, quel defirable vœu, paifire maigrement & toufiours enferrée ? Quelle Religion de ne viure honorée, De D’efiimer tout le monde, S de s’efiimer peu ? Quelle Religion d’aimer la peine dure, De fuyr le plaifir fouhaitté de nature, De n’ofer defcouurir des myfieres couuers? Autheurs de mon malheur, & plus de vofire encombre, l’attefie V Eternel Pere de l’vniuers, Si de Religion il y a vn feul ombre. Tu ne t’enquiers iamais de moy ton humble frere, Qui languis defolé fous l’Amoureufe loy ie fay donc plus, ie fay donc plus que toy, le fçay que tu es pris d’vne douce loliere. (Sovrces) Tu n’as autre Ton plaifir te foucy qu’à mener chere entière ; commande, exempt d’aucun efmoy » Digitized by Google LES AMOVRS ?2 Tu baifes ta Franchon, l’amour, l’honneur, lafoy, Que n’adoré-ie (heureux) fi belle Cordeliere ? ou font mille dédains, Qui fe targue toujiours de Dieu & de fes Sainds, ne daigne approcher du doux feu qu’elle attife. I’afpire vne Décffe Et On gaigneroit pluftojl le fort des ennemis, Qu’ Amour pût refueiller fes beaux fens endormis, Soubs l’ombre d’un honneur qui n’ejl qu’une fottife M’ Amour tu as dans la bouche un ferment, Courrier du dueil, dont trijlement ie pleure tous propos tu uas difant : Ie mevre. ; A Bien doux iurer, au deuis feulement. Helas ! il efl bien cruel autrement, Car par luy feul, Maifireffc, tu m’affeure Plujlojl la mort, que de m’eflre meilleure, Dieux ! fuis-ie pas un miferable Amant? Comment feray-ie, hé ! urayement ie defire Périr pluftojl d’un funcfte martyre, Que tu endure un feul poind de douleur. le meure aufft, par ton ferment ie iure, (Eftrange ejfed d’aimer fa peine dure) Si ie ne fuis toujiours ton feruiteur. i Digitized by Google ; DE THEOPHILE 33 DIALOGUE AVEC L’AMOVR Sous mefme figne, & fous mefme Planette, l’an, au mois, au iour, à l’heure, au poind En Que ie nafquis vint ma Dame parfaide Amour, pourquoy ne m’aime-t-elle point? am. - Si tu ne fens l’or blond de Qui ejl Ne fagette. encore ne la poind, rends pourtant Vous ma au vif dedans fon cœur conioind, Et fi mon dard n’ejles nef ma vérité fufpcâe. fous vn afpecl malin ; Mais ma douceur femble aux femmes Auant qu’auoir goujlé ma friandife. ne faut donc fi Il tofi venin, defefperer, Mars & Venus aucunement ne prife Cil qui paruient fans beaucoup endurer. Vniques fœurs, femence Titanine, Secoure q-moy (moy vofire cher enfant) ; Si vofire appuy vifie ne me defent, C’efi faid, ie voy ma mortelle ruine. Le traifirc Amour allume ma poidrine En Où vn lieu faind où l’on n’entre fouuent, rien que Dieu ne fe met en auant, Et m’a bruslé par vne ardeur diuine. 3 LES AMOVRS 34 Dame, voyej Mon corps ma poifon; & mon cœur en pri/on l’orgueil de ejl libre, D’vne beauté, qui ejl mefme captiue. tort Sus, tanceq donc l’Amour qui vous faiâ Car m’offençant En il ; vous outrage fort, affligeant vojlre vertu naifue. Toy qui mefprife Amour par vn vouloir teflu, (Toy, di-ie, où mon defir en efperance tombe) Encor que tu fois ftmple autant que la Colombe, Et le facré refuge à la blanche vertu, Mais ie te pry, dy-moi, quel heur en auras-tu ? Car alors qu’Atropos la grand’ beauté Juccombe, Tombe Ce chef-d’œuure accomply va fous l’ombreufe Au lieu d’eftre toufiours Tu fçay que ie de gloire reueflu. dy vray, mefme de Non ton lignage, douceur fâge, plus que de perfonne on ne parle plus d eux. Tant de grands Cheualiers d'illuflre Tout fe perd en la nuiâ, au fons de fepulture. Fors le viuant Amour, par la doâe efcriture, Aime^-moy donc afin que i’en efcriue mieux. le fçeu Par mes maux foudain te voyant fi iolie, trois certains Courriers, le premier fu fl ton Digitized by nom, Google t>E THEOPHILE 35 renommé) & ta Religion, Puis ton fur-nom Latin qui belle fignifie. (Si beniji Voyant fi beau nom ioinâ à l’aime feigneurie, Et ta demeure encor dans la laide prifon, Pourquoy ne m’en alloy-ie, ô pauure de raifon ? La nature & le lieu m’en deuoient faire enuie. pourroy-ie accufer de ce retardement ? L’amadoueux efpoir foncier de mon tourment; Mais ores que ie fuis defefperemment blefme. (fui Que ne m’en Amour fait vay-ie donc ? Ha! Dieux, ie nefcaurois, tout cecy, & me tient fous fes loix, Pour faire voir en moy fa fermeté extreme. TRISTESSE Pleure pleure* mes yeux, fus, payeq vofirefaute Par vous ie fuis entré au labyrint d’ Amours, Noyeq, noyei-moi donc dans vofire humeur peu caute Vaut-il pas mieux mourir que de languir toufiours ? C’eft trop, Pefi trop aimer fans C’efi trop, c’efi trop auoir recompence feruy fans Le forçat miferable a efire guerdonné! bien quelque efperance, Voire le criminel iufiement condamné. Et moy (ô malheureux!) dont fortune fe Las! ie ne pretens rien que le tragique iouë, fort, Digitized by Google LES AMOVRS 36 Compagnon C’ejl d’Ixion, ie fuis deffus la roué, grand cas que l’Amour foit caufe de Rien ne me fert d’offrir Car ma Dame mon fidelle la mort! feruice; reffemble à vn cruel vainqueur, que mon fupplice! ; rien, rien Ma rençon ne luiplaijl Miferable guerdon de VAmant plein d’honneur. La fainâe chajleté, dont elle ejl fi ialoufe, corps vn doux chatouillement, Vn plaifir fouuerain, qui parfaiâ nous efpoufe. Qui nous donne la vie, S- le contentement. Ne faiâ fentir au Elle ne baille point d’amoureufe Et De C’efi vn abus bigot méritant En lieffe, viure fans cela c’efi comme n’efiant pas, dire que l’honneur confifie en la trifieffe cefie fimple humeur le trefpas. ma fuperbe efi rengée, Voire tant qu’elle croit, pour mcfprifer l’Amour, terre luy efi grandement obligée, le Ciel diuin luy en doit de retour. Que la Et que le crifiai de vos larmes. l’ardeur qui m’incite à l’aimer. forgeron met de l’eau dans les fiâmes. Alors qu’il veut fon feu dauantage allumer. Auanceq donc, mes yeux, Pour embrafer Comme le Et vous, mes grands foufpirs,faides flamber encore, Comme efi ans les foufflets de V Amoureux fourneau, le me deferay donc par l’Amour que i’adore, Faifant de mon cercueil renaifire mon berceau. Digitized by Google DE THEOPHILE 3? le fuis accomparable à l’oifeau d'Arabie, Qui ne pouuant fuyr fa mortelle douleur, Luy-mefme fait le feu dont il brusle fa vie Et comme il ejl vnique, auffi fuis-ie en mal-heur. Que tu ments, Martial, à l’endroit de ma Belle, Difant que d’autant plus vn beau corps féminin Ejl mis ejiroiâement, & plus il ejl enclin Au plaifir La vertu à Amoureux qui tous plaijirs excelle. ma Dame ejl compaigne fidelle, Qui veut que chacun ait le mérité bénin, Doncques par fa prifon en ce Conuent diuin l'embrafferoy, heureux, l’honneur qui memartelle. Ton dire ejl pour l’humeur qui retient du mondain, Mais cejle Deité qui n’a rien de l’humain, Auec l’humanité ne veut nulle accointance. Pleujl aux Dieux (Martial) que fans exception Ta parolle fujl vraye, Comme digne d’ Amour alors fans pajfton i’en auroy iouiffance. Cupidon m’efclaua dans vn Pré verdoyant Aux beaux champs bocageux du bon pais du Maine, Mettant mes armes bas me dijl en foufriant: Vien-ça, que t’a feruy ton Mauors qui te meine? Digitized by Google les amovrs 38 le te veux faire voir ma puiffance haultaine ; Tu changeras d’ejlat, tu m’iras fuppliant, Ton franc cheual fera vn efpoir variant, Et ton corps de cuirajfe vne Amoureufe peine. Ton ennemy toy-mefme, & pour feu porteras Deux beaux yeux dans le cœur que fans cejfe aimeras, le veux que ton canon fe mué en efcritoire, efclatante pouldre en vn grondant defdain, Tes balles en papier, l’amorce en ris ferain, Ton coutelas en plume, & ton mal-heur en gloire. Ton Tout eflonné d’vne heureufe venuê, long fommeil Comme l’on void, après vn En regardant la clarté du Soleil, Qu’on n’ofe ouurir apertement la veué: Ainfi voyant l’honneur qui m’efuertué, Tout esblouy ie craignoy d’ouurir l’œil, Mais fon beau luflre, auec fon bel accueil, Eut peu remettre vne vie efperdué. Elle ejloit là parmy vn fainâ troupeau, Et comme on void au doux prin-temps nonueau Des belles fleurs en vn pré deleâable, Dont l’vne aggrée entre toute à nos yeux, Ainfi (Dechovrsse) en ton Pré gracieux Dame luift fur toute autre agréable. Ma Digitized by Google DE THEOPHILE que demy-certain Voulus baifer l’honneur fainâ que 3 9 Il s’anuitait lors ie chante, Mais de fa bouche vne voix arrogante Incontinent fijl changer mon dejfain. le m’en courus de grandes fureurs plain, En protejlant de La foy d’Amour mon Amante ; comme vn vent qui laiffer ejl vente, le l’allay voir dès l’aube au lendemain. Pourquoy, luy dy-ie, ejles-vous Ji Comme Et ie cruelle vn chagrin vous me dédaigne ne fuis defaggreable ainjt. ? Belle, Le vingtiefme an mon beau chef ne furmonte, Mil cinq cens foixante & quinze on compte ma mort & de ma vie aufft. L’an de O Lasphrise, où vas-tu? — le m’en retourne au Mexne. — Que faire? — Y voir l’Amour borne de mon dejlin, Dont Me les rais foleillans de fon bel œil bénin, rendent furieux triomphant de ma peine. — Puis qu’elle tient l’honneur de ta gloire certaine, Pourquoy la fers-tu tant? — I’ay cela du diuin: Car i’vfe de bonté à ce qui m’ejl malin, L’efperant conuertir par ma foy fouueraine. — Si l’efpoir te déçoit? — I’ay vn los mérité, Digitized by Google LES AMOYRS 4o Ayant La fouffert pour elle, immortelle beauté, beauté fans pitié ne peut ejlre infinie. Le propre aux Deiteç c’eft la douce douceur. Sa rigueur efi donc feinte, ainfi i’auray mon cœur: Car il ne fufi iamais beauté plus accomplie. Comme Ayant Lors Se vn Nocher fauué de la tourmente, vaincu les flots iniurieux. qu’il voifine refiouifi vn terroir gracieux, pour fon heureufe Reuenant fain de la attente ; guerre fanglante, le veux donc ejlre à cefie heure ioyeux, Voyant de près Où mon deuotieux, efpoir iufiement fe prefente. Mais comme on Ne le lieu void les Matelots expers craindre tant la tourmente des mers, Qu'à l’approcher de la terre efiimée, Car il ne faut qu’vn peu frayer le banc, Pour fubmerger: ainfi Amoureux franc, l’ay peur, l’anglois, touchant ma Dame aimée. Digitized by Google DE THEOPHILE 4» ELEGIE De tout ce que les Dieux icy bas ont donné, Pour rendre de tout point l’homme bien fortuné. Pour le faire admirable afin qu’on le renomme, Ainfique s’ils vouloyent pour compagnon vn homme, C’ejl d’auoir un efprit galant & Amoureux, ma Dame , là le bon-heur plus heureux, Chajfant l’ombre mal-fain de l’afpre humeur farouche, C’ejl là, Autrement nous ferions comme vne C’ejl à la feule Amour vieille fouche. nous faut paruenir, qu’il Qui douce ne fe peut par la mort diffinir. le croy que ne doubtez de la bouillante flame, Ni d’vn mal intefiin qui fans ceffe m’entame, Que ie fouffre pour vous qu’on me void adorer, le ne fay que gémir que triflement pleurer, le m’en vay, ie reuiens, i’ay foi, i'ay défiance, le ne fçay que ie dy, ie ne fçay que ie penfe, le pers par vous toufiours & repas & repos, Vn cruel feu glacé m’outrage iufqu’à Vos, Vn chaos de penfers dedans moy s’amoncelle, Defefperant i’efpere, & qui plus me martelle, C’efi vne froide peur qui me vient ajjaillir. (O maudite nouvelle !) Amour, il faut faillir, Vagabondant plufiofi, plufiofi mourir perdué, Qu'acceptiez le bandeau de Profefie renduë. le crains que le preniez ; non, ne le prenez pas, C’ejl en viuant fentir mille horribles trefpas. Vfez de mon confeil, & vous ferez plus fage, Ne laiffez perdre ainfi le Printemps de vofire c'ge. Venez en terre ferme, & laiffez l’ombre faind A l’ efprit ignorant de la fottife atteinâ : Digitized by Google LES 42 AMOVRS Car y ejiant aittji ce n’ejl pas ejlre au monde ; Certes vous reffemble aux mariniers fur l’onde, Qui des morts ni des vifs ne tiennent point les rangs, font vifs entre morts, morts entre les viuatts. vous, pour morte on vous reclame, Ils On ne faict cas de Monjlre% à vos parens que vous aueç de l'ame, Que vous reconnoiffeq & le bien & le mal. On faiâ de vous ainfi comme d’vn beau cheual, n’ejl predefliné que pour vne bataille, ne voyage point iufques à tant qu’il aille rude choc guerrier, dont le tragique effort Qui Il Au Lemeine miferable à l’impiteufe mort: ma Dame, ainfi on vous faid prifonniere, Ainfi, Iufqu’à temps qu’Atropos vous donc, qui fe fait befie il efi Or Et cille la paupière. mangé des Loups, trop tard quelquefois nous rabattons les coups. dy efi fans hypocrifie, bonne Amour n’vfe de tromperie, Tout ce que Jamais la ie vous Et l’on doit en Mais la vraye tout temps de l’Amy auoir foing, amitié fe connoifi au befoing Qui méfait vous eferire, ayant fçeu qu’eftes prefie De faire à vofire dam cefie mortelle fefte. Lifeq bien, ie vous prie, auant que d’efpoufer Ce fard Religieux qui vous fait abufer; Vrayment fi vous trouueq en la fainâe Efcriture Qu’on doiue viure ainfi en vne prifon dure, le me condamneray, mais Dieu veut autrement, Et veut efire prié d’vn chacun librement. Qui vous retient donc là ? Vn but de grand richeffe; Afpiren-vous l’honneur de Madame l’ Abbeffe? Ce vous feroit vrayment folle legereté, Mal-heureux efi celuy qui vend fa liberté. Digitized by Google DE THEOPHILE Que nous feruent 43 vous fupplie, Si ce n’ejl pour paffer ioyeufement la vie? Dieu les a ordonneq à cejle intention, les biens, diâes, ie Et fi beaucoup auoyent vofire Religion, Pour néant nous aurions tant de bien en ce monde. Or doncques déformais nageq fur vne autre onde. Croyeq-moy (Théophile) & n'ayeq point de peur, Hommage q l’Amour grand du grand monde vainqueur. On ne trouve toufiours les odorantes rofes, Le temps ameine tout & mine toutes chofes. Tandis que la faifon eft belle à Mandeq-moi que i’y aille & les cueillir, i’iray fans faillir. Amour, ma douce affeâion, L’Antiphile bien tofim’ett fera la vengeance; Si tu n’accepte. Non, non, i’en aimeray quelque autre d’excellence, Et l’Amour contre Amour fera punition. Bien que tu n’aye en Mon moy nulle dileâion, change toutesfois t’apportera fouffrance, Ialoufe fans m’aimer, blafmant mon inconfiance, Defpite, tu auras extreme affliâion: Et pour plus te fafcher i’en aimeray quelqu’une De tes diuines fœurs, qui courent ta fortune, Que familièrement tu hantes chaque iour; Bray-haut, la belle Poissonnière, l’aggreable, ou Vesins finguliere, vengeant ainfi de l’Amour par l’Amour - le feruiray Ou Daniov En me Digitized by Google LES AMOVRS 44 Que nefuis-ie ore Prejlre au Pré deuotieux (Auiourd’huy que chacun confeffe fon offence), le te verrois venir pleine de repentence, Te mettre à deux genoux deuant moy glorieux ; Tu me dirois pourquoy- ton bel œil gratieux M’a ejlé fi cruel par les feux qu’il élance, Puis A ie te donnerois, pour iufle penitence, pleurer trente iours ton orgueil ennuieux. le ne te baillerois l’ Abfolution fainéte Que ie n’euffe tafoy de me baifer fans fainâe ; 1 aurois licence après, du pape fouuerain, De me defpreflifer ; s’il ne luy plaifoit faire, le me rendrois plujlofl Huguenot volontaire, Pour embraffer ton cœur que i’ aurois fait humain. Quoy? voulez-vous toufiours mefaire maigre mine ? Amour, craignez-vous point qu’ Amour nojlre feigneur Aduifant ma pitié ne bleffe voflre cœur, Ainji qu’il fait là bas cefle beauté diuine? Ne fçauez-vous pas bien (diâes, belle Angeuine ) Qu Le vne fufl emmarbrée, ayant trop de rigueur? defdain lui dcfplaifl, il chajfe fon honneur; Ne le mefprifez donc qu’il ne vous extermine. Moy fon ferf & le voflre, en fortant de ce lieu Digitized by Google ; DE THEOPHILE Pour vous le ne 45 dire vn bon-iour auec vn trifle adieu, demande rien qu'vn baifer dejirable. Donne f-m’ en doncques vn,finon i’en prendray deux. L’Amant doit entreprendre en vn lieu honorable le te vay donc baifer & la bouche & les yeux. tq» mille ie veux, ma Lyre, & mille endroiâsfredonner de beaux vers, ^oh ie veuille 'Xauy d’vne beauté, ores t*in 1*1 1 que auoir renom par l’Vniuers, de fi grands honneurs ma ieuneffe n’afpire ; veux-ie pourtant mon Amour faire luire, fi t*’an, le iour, la faifon que ie vis fes Enflant la feule ardeur de *0 ar qui O r r* ie ie fuis, chétif, vais t'accorder yeux vepds, mes trauaux diuers, encomblé de martyre. pour fonner baffcment, ne pitié toufiours fe doit dire humblement, Amour veut les douceurs, bien qu’ellefoit cruelle, ’ n ourage >3 donc, ma Lyre, encommence tes coups, enomme ma t^t la dis Maiflreffe en vn ton aigre-doux, hardiment outrageufement belle. Digitized by Google ; , 46 LES AMOVRS DOVBLE ACROSTICHE ^ adame, quand Amour Regarde vos beaux yeux, Wife de fa fortune Entièrement aimable, en neluyfait terreur, on la mort redoutable; O ar l’Amour brusle-cœurs tq ft toujîours valeureux. b<? grâce aime;-le donc, Jlime^-le Amoureux, tqf vous fie% en luy, bar luy vous paroiftre\ l’acceptant honorable, ti\xtrefmement louable, W infi qu’vne beauté b rinceffe de fon cœur, b laifante aux mefmes Dieux. olympe de fon ame, vous offre fes vers, E’Vranie en leur chant rj rais tefmoins de fa Jlame Euira d’un fainâ renom. l d’humble difcours eft haut fi elebrant Théophile, On ^e Réclamant fi beau ne le peut blafmer defdaigneq donc le Nom tqn vous feruant utile. Ton voile noir te fait Il te déguife en cachant tes beaux yeux, conuient à ton vœu foucieux, Et fi Qui eft approuuer fainâe ; couuert de Religion fainâe. Certainement toute chofe contrainâe Eft haiffable aux hommes & aux Dieux: Par force on entre au Conuent odieux. Qui rend Tu me la vie eftroiâement eftrainâe. ay deuotion ! Quelle folie, aimer l’affeâion ! Veu que bonté eft fouuent dangereufe. diras: l’y Digitized by GoogI DE THEOPHILE 47 Ainji plufteurs fe gafient du bon vin; En bonne terre eft le mauuais chemin, Et ta vertu eft ainfi vicieufe. Afin qu' Amour-oyfeau ne foit plus fi volage, le veux qu'il ait la forme ores d’vn Papillon, Il en fera plus gay, plus mignard, plus mignon, celefie efueillé, plus reluifant, plus fage. Plus Il ne fera plus trifte, eftrangement fauuage. Mais ioyeux, mais priué, toufiours beau, toufiours bon, Immortel renaijfant en la prime faifon, Bien humble voletant fans faire aucun outrage. Le foleil eft le pere à cefi oyfillon doux, Qui d’vn ver précieux s’engendre ydoine à tous, Filant pour le public, s’emprifonne foy-mefme, Pour eslargir fes biens à qui le gardera. l’honneur de mon nom l’Amour doncques fera, Déformais plus aimable, aimant comme l’on l’aime. En CHANSON Adieu, Opiniaftre, Adieu, l’endure vn trop cruel martire, Vofire glace m’a mis en feu, Et fi vous n'en faiâes que rire. Digitized by Google LES AMOVKS 48 Que m’a feruy vous honorer Comme l’honneur que l’on honore ? Que m’a feruy vous adorer Comme les Dieux que ion adore ? Chacun me monjlre auec le doy, Difant: Voyla le miferable, Qui deffous i Amoureufe loy Fuji à luy-mefme dommageable. Faudra-il, chétif, que ie fois Touftours auec fi foible force, Et que i’aye planté le Pour ne iouyr que de Or bafie, bois l’efcorce ? aimez qui vous voudrez, Toufiours ie vous feray Jidelle, en fin vous repentirez Mais De m’auoir ejlé fi cruelle. Compagnon Chappellet, fur tous biens bien heureux, D’auoir touché les flancs de ma belle Maifireffe, Tu m’es donné afin que ma prompte ieuneffe Supplie au lieu d’ Amour le maifire Dieu des dieux. O dejfein efgaré ! i’en fuis plus Amoureux ; Car efiant à genoux retiré à la Meffe, Soufpirant ie te baife & mignotte fans ceffe, Arrofant ton crifial du criftal de mes yeux. Digitized by Google DE THEOPHILE 40 Puis regardant le Ciel, bajfement ie proféré: Qu’à ma deuotion i’eujfe ainji ma Cithere ! le V accolleroy mieux pour n’ejlre ejlimè fot ten oy qui en pajjfant vont prifant ma borne artie, Ce ieune Gentil-homme ejl (difent-ils) deuot; Mais ils ne fçauent pas quel Sainét c'eji qui m’enflame. pour n’ejlre fouldoyé, Le braue cheualier pour n’auoir recompence, le plains le bon foldat le plains l’Eglife aujfi allant en decadance, Et le marchand fur mer du pillart cojloyé ; païfant dejlruiâ S guerroyé. Le ieune homme accafant fa gaye adolefcence ; le plains le voyageur qui n’a point de finance. Et me plains (moy chétif) de l’Amour foudroyé. le plains Mais ie le plains les beautcq mifes aux monaflaires, Qu’on nomme fottement les prifons volontaires ; Car là le doux plaifir rarement ejl trouuè, comme vn corps fans ame, Nonnains, mefme ma belle Dame, l’honneur Et l’aime de Iovy, de Pellevé. Et qui n’en ioüijl point c’eji Brefie plains les 4 Digitized by Google LES AMOVRS CHANSON O venimeufe enuie Que ie te doy haïr, Par toy ma belle vie, Chetiue tragédie, Eft contrainâe à finir. La guerre eft redoutable, La mer, la pauureté, La pefie abominable, La faim plus miferable, Et le feu agité : Mais non tant que ta rage Laide enuie à l'œil roux, Qui vn chacun outrage De ton vilain langage Par ton faux cueur ialoux. Vieille hideufement faite, Tu ris de nofire dueil, Si la faueur fatalle Nous paroifi liberalle, Lors tu creues d’orgueil. Va, va, que ta nourrice Puiffe fentir vn iour Le feu de ton fupplice, Vers la douce delice Du paradis d’ Amour. , DE THEOPHILE 5l SONNET EN VERS LYRIQVES La gentille bergerette Gardant le beliant troupeau Pirouettant /on fufeau Dit la gaye Chanfomette ; Le Pelerin fe deleéte Peinant en /on veu nouueau, rid /ur Veau Attainâ de douleur /uieâe ; Le /orçaire Le Capitaine re/ouls S’efiouijl /ouffrant des coups, Et moy de me/me, le /rere Du Au Cocher ambitieux, comble de ma mi/ere le chante à ce/le heure mieux. Avant que l’ennemy triomphe de ma vie, le m’en/anglanteray de l’œuure de ma main', Quelqu’un (/ans pen/er) dira l’aâe inhumain, Ignorant le fiubieü de fi efirange enuie. y Au /ront de mes /oldats, plus braue compagnie, Hardy ie paroifiray /uyuant mon beau deffain, Tu en fieras de me/me, & d’vn courage hautain, le m’ajjfeure /ur toy, compagnon labatye. Digitized by Google LES AMOVRS 52 Nous courons grand fortune en cefle afpre faifon, L’ennemy nous attend près de ta garnifon, Dans les champs englace 7 aux plaines de Bayane. il nous faut pajfer ou mourir en chemin, Quifinijl combattant meurt d’vn trefpas diuin ; le mourray ou feray gouuertteur de Marsane. Bafle, STANCES Tu t’enquiers, mon Amour, par la dure abfence ores (Qui longue fembleroit t’auoir faiâ oublier) Comment ie fuis venu & deuenu encores, Tu le pourras apprendre en lifant ce papier. Auant mon gay Prin-temps Pay couru Soldadin tendrelet aux pais la Fortune, eflrangers. Maintenant trauerfant le périlleux Neptune, Et maintenant en France entre mille dangers. En Auril, en EJlè, fans trefue l’ay fuyuie, Bref ie luy ay donné le plus cher de mes ans. Et Mars m'ayant caufé la pasle maladie, le me fuis retiré au rang des Mal-contents. Luy qui me fut ingrat (non pas luy, ie l’offence). Car par mon fang verfé il m’a faiâ de l’honneur, Mais fes fils opulents, pleins de meconnoiffance, Qjû foilleillent du fruiâ de mon digne labeur. Digitized by Google ; , DE THEOPHILE A la guerre fouuent, voire à 53 la Cour pompeu/e l’ay faiâ voir ma valeur & mon gentil efprit, Et pour rendre ma gloire encores plus fameufe, aux champs de Mars efcrit. l’ay feul, fans ejludier, donc feul honoré Amour, fcience & armes. puis que Dieu m’a faiâ vit Palladin nouueau, Combattant, compofant au milieu des allarmes, le fuis fans compaignon deffus le Mont iumeau. ray Et On n’en a veu efpris de l’ardeur qui m’allume, Ainfi naifuement fans Hure compofer Nul que moy n’a encor ofé tailler fa Entre les bataillons, & plume là poétifer. Refiouis-toy, Tourene, 6 ma chere Nourrice, Tes champs circonuoijins n’auront du tien vanté, Si Phœbus les aima tu feras fa delice, Par moy qui, feul, fans art, en guerre Comme ie fuis vnique, 6 Dame l'exalté. qui m’efclaue, U âge en âge par moy luireq uniquement Car onc nulle beauté n’eut feruiteur fi braue, Et pource, comme feul, aime\-moy feulement. Si vous pouuieq, Poulets, voler iufques au Mans, le vous priroy, mignons, de porter des nouuelles A ma Dame, m’ Amour, belle fur toutes belles, A qui vous conterieq mes trifles accidens. Digitized by Google , LES 54 AMOVRS Mais quoy? plus que lamort iecrainsles mefdifans, Qui pourraient, vous trouuans, defempenncr vos aisles. Et blafonner l’honneur des plus chajles pucelles ie fers depuis dix ans. Qu’enflé de paflion Ma vérité fe void ; car craignant voftre perte, vous feuls ne fera recouuerte, La mienne fans Sans vous, volans au Pré d’vn air librement douxT Vous pourrie^ affurer ma Dame apprehenfible. Vous V afferenerieq en defpit des ialoux, Dont ie meurs connoiffant le voyage impojfible. POVLETS D'AMOVR En forme de Poulet Amour s’efl deguifé, Afin que fans foupçon il peut voir ta belle ame: Reçois-le doncque bien ; car s’il eft mefprifé Tu fentiras l’orgueil de fa bruslante Voleq, Enfant Oifeau, dans Dites-luy, mon Mignon, le fl ame. fein de m’Amie, qu’elle prenne pitié De moy fon cueur, fon tout, fon ame, fa moitié. Qui l’aimeray touflours d’vne ardeur accomplie. Digitized by Google ; DE THEOPHILE 55 Petit babouin d’ Archer, Tu fainâs vue borgne veué, Afin de mieux décocher Sur nous ta fléché poinâué ? Mais garde que ton beau fard Par ma pitié ne t’abufe : Car l’artifan par fon art Se peut tromper en fa rufe. loly Poulet Mignardelet, Va-t'en, volette Vers ma nonnette Dy-luy, belon, Mon mal félon; Si la bellotte Ne te mignotte, Pour que tu bines Ses fœurs poupines. Tu peux du clin Voir fi le moulle, De Lethé roulle, Ou Riualin; Puis reuolette En ma chambrette, Sors vifiement Où Subtillement, Suis efcarté. defpité Vous, ô vous qui aue% le beau commandement la fainâe beauté, maiftreffe de mon ame, Vous que ie feruiray d’vne prudente flame, Vous qui par vos bontc\ m’efiimcj dignement ; Sur Vous, Abbejfe admirable, honneur de l’ornement Du vœu de faind Benoifi (que fi bon Von reclame), Digitized by Google LES AHOVRS 56 vous pry, commandeq à ma Dame Qu’elle aye à me traiâer vn peu plus doucement. De grâce, ie pas que le Ciel, dont vojlre ame diuine Prit fi fubtilement. fa parfaiâe origine, N’efmouue vos beauteq à la douce pitié. Il n’ejl Dechovrsses, rendes donc ma Dame pitoyable. Dieu (que vous chante^ tant) enioinâ l’humble amitié Il n’ejl rien de fi fainâ que paroifire amiable. Comme l’on voit aux champs : vne troupe feruile Quand l’enfeigne guerriere erre de toutes parts. Alors qu’elle oyt l’Echo de la fureur de Mars Poureufe habandonner fon pauure domicile, Ces Ruffifques s’en vont deçà, delà en ville Penfant gaigner chétifs pour efire ainfi. efpars ; Mais ils font beaucoup plus ruifnès des fouldars Et voudroyent n’auoir point delaiffé leur famille. Ainfi En moy, pauure entendant le ferf, quand en ton Pré i’efiois. miel de ta diuine voix, Defpit, ialoux des Dieux ïefgaroy l’audience ; Mais or ie cognois bien que i’ay beaucoup perdu Et que de ne bouger il m’eufi bien mieux valu, Car rien n’efi à l’Amour fi fâcheux que l’abfence. Digitized by Googli ; * DE THEOPHILE 57 Si après les efclairs, le brouillart, le tonnerre, Le foudre, les frimats, les tourbillons, les vens, L’eau, la glace, la neige, il furuient vn doux temps. Qui gayement ferain nous embellifl la terre; Ainfi après l'orgueil de cejle longue guerre, Après tant de trauaux qui me font Ji cuifans , Mon plus cher des Movlins, ie pourray voir le Mans Ou vaincueur des dieux cruellement m’enferre. le Les armes font la paix, la nuiâ pouffe le iour, Et puis que tout honneur commande à mon Amour, Elle en m’eflimant plus ne fera fi cruelle. Là Là ie Et là tu t’honoreray comme Amant plus heureux, i’admireray, là ton Soleil Amovrevx me diras toute vraye nouuelle. Théophile, quelqu’un qu’ Amour ne tyrannife, Dira, fi ie vous euffe aimé extrêmement, Que i’auroy quitté Mars & fon commandement. Afin d’aller feruir vojlre beauté exquife. Il dira que l’Archer toute chofe maiflrife Mais cejle vérité s’entend diuerfement, C’ejl alors que l’Amour fert mutuellement. quand on le mefprife. Ou bien gonflé d’efpoir, non Icy ie comprens bien, et là ie perds mes fensh Digitized by Google LES AMOVRS DE THEOPHILE 58 Adorant fans fubjeû voj yeux cjlinccllans, Voylà les tours d’ Amour embrouillant ma ceruelle. Vayme, Si vit ie n’aime pas, ie ne fçay que ie fuis. ie luy ferme roy l’huis; autre venoit Mais pour remettre tout, content e^-moy, ma Adieu, adieu, efperance, & fortune! Adieu mon tout, adieu cheres Amours ! Adieu bel œil, adieu fages difcours, La feule ardeur de maflame importune belle. ! Ma nef ne peut plus combattre Neptune, C’efl faiâ de moy, ie n’attens plus fecours. Bifarre Ciel, fay au moins que mes iours Soyent remarque { comme ejlrange infortune ! Qu’ après mille ans on entende ces vers; T0V610VRS La6PHRISE evst des mal-hevrs divers. Mais las! estant de la Royale armée En garnison dans la vtlle dv Mans, MoVRVT AV PRÉ (non DE MARS NI DES ANS), Ains de l'orgveil de sa Dame estimée. Digitized by Google ; L’A MOV R T>E PASSIONNÉE ^OEmiE vne beauté doucement homicide Qui du commencement n’avoit le cueur humain, le chante Mais comme Difpofant Ainfi les me fut vu fier Æole abonnifi le temps vain, mortels par fon attraiâ humide: l’aigreur de fon Amour timide Auant que m’adjourner l’ardeur d’vn feu ferain, Et comme il n’efi pas bon au Prince fouuerain D'auoir trop de clemence & priuauté fluide Ainfi trop de beauté^, trop de douces douceurs M’ont caufé mille morts, mille aueugles fureurs. Cent mille paffions bourrelles de Je n’accufe m’ Amour, ains moy ma vie. trop Amoureuxr Mais lifant ma delke en mes vers doucereux, Dames, fans vous fonder ne blafmej Noëmie. Digitized by Google bo l’amovr passionnée La honte à l’œil baiffè ne le ne craindray l’orgueil Je ne me cacheray pour Laiffant la fainde me fera point taire, du caufeur affeté, n’ejlre fréquenté, Amour qui ne me veut complaire. connoy maintenant mon humeur temeraire, C’ejl trop pour vn mortel qu’vne Diuinité, J’aymeray (comme humain) la douce humanité. Dont l’inuincible mort ne me fçauroit dijlraire. Je J’ay adoré longtemps, gonflé de belle ardeur, Théophile aux beaux yeux, Déeffe de l’honneur. Qui a d’vn chajle vœu repeu ma tri/le vie. Adieu donc, feu m’ Amour, miracle glorieux; Je fuis trop peu pour vous digne des mefmes Dieux, Je vay voir les douceurs de l’humble Noemie. le penfois amortir l’Amoureufe poifon, Que cefollajlre Enfant me faifoit fouuent boire, feiour du beau pays de Loire, Abfentant le Et comme vn douloureux i’efperoy guerifon. O penfer eslongné de la douce raifon ! Car voyant ton bel œil lumière de vidoire, Et ton chajle entretien compagnon de la gloire, le fuis plus que iamais en facheufe prifon. Ma maiftreffe, mon cœur,feul honneur que t’honore. Digitized by Google DE NOEMIE 6l du tourment qui cruel me deuore, Et qui nouueau Roland mé fait voir en tous lieux. Prends pitié veux qu’vn feul traiâ de ton œil fauorable, Attendant que le fort me foit plus gracieux: Toute Dame d’honneur doit eflre pitoyable. le ne le vous ay pris Que garde mignon, que Si ie ie vn gan, affeurance de foy, l’auoy en don ie baife à toute heure; ma fortune meilleure Se promettrait icy de viure fans efmoy. Larronnejfe d’honneur, vous aueq plus à moy, Tenant mon cœur vainqueur fur qui l’Amour s’ajfeure. Le ciel au fein doré veut qu’il face demeure Dedans mus feulement, foubs l’ Amoureufe loy. Cheriffe^-le donc bien qu’ Amour ne vous punijfe Si vous l’auie % perdu, qui vous feroit feruice ? Quelque riche vieillard accompagné d’enfans? ; O l’aduantage heureux pour la douce pucelle ! Tout petit que ie fuis, auecque telles gens paroy comme l’Aigle entre la Colombelle. le Vous diâes ne fçauoir ce que ie fay icy; Ces vers, Villfpion, l’apprendront fans faintife : Digitized by Google 6i l’amovr passionnée le pourchaffe l’honneur d’vne braue entreprife, Ore humble, ore fuperbe, ore chaud & trancy. difne de foucy, le goujle de colere, ardeur qui me maijlrife, le defieune d’ennuis, ie le foupe de chagrin, des rigueurs ie deuife, Et gonflé de brouillars ie dors en l’air aufli. La fortune à ce coup m’eft ennemie extreme, Si bien que ie ne fay aucun cas de moy-mefme, voyant mal-heureux fans efpoir de fecours. Me Le plus grand bien que i’ay, helas.'c’efl que ie penfe, Que vous, mon cœur vainqueur, plaindrez ma doleance ; Ne mefdifeq pourtant de mes belles Amours. ELEGIE Touflours en vous voyant ie fuis pafflonnê, puis l’on m’aperçoit triflement forcené, Et Rien n’aggrée à mes yeux, pour vous trouuer trop belle; Gardez que ne foye\ compagne à Philomelle. Vn iour, mais las! trop tard, vous vous repentirez, Puis mon mal-heur eflrange aigrement vous plaindrezReconnoiffez-vous donc, tandis que la lumière Illumine noz cœurs d’vne ardeur Printemniere. Tout le bien, mes Amours, que nousauons des Dieux Cefl afin d’en iouyr doucement en tous lieux. De quoy vous feruira cefie grâce accomplie? L’on vous dira vrayment de vous-mefme ennemie, Digitized by Google’ DE N O E M I 63 E laiffe \ perdre ainfi Vhonneur de vos beaux ans. ceffe nous n’auons les douceurs du Prin-temps ; Venez donc à ce coup fous l’enfeigne Amoureufe, Si Sans Enflame z En ccjle glace, helas ! trop froidureufe, vojlre opinion vous n’auez nul plaifir ; Ceffe % donc, ie vous pry’, ceft aueugle defir, Et me faiâes ce bien, qui vous ejl neceffaire. D’accepter mon feruice aggreable à Cythere. O doubles Bourguignons voifins de ma Déeffe, vous, buueurs Germains, qui l’efies d’m cojlé, Gardez-vous de fâcher V agréable beauté Que les Dieux ont voulu me donner pour Maiflreffe. Et Encores qu’elle afflige ardemment ma ieuneffe, le ne veux que fon œil foit par vous irrité ; N’entreprenez donc poinâ aâe d’hojlilité, Et tout ce qui s’ejlend aux champs de fa Nobleffe. le vous feroy mourir! N’ay-ie pas les moyens? I’ay l'indontable appuy du plus grand des Chrejliens, Henry troifiefme Roy de France S de Polongne, Qui vous mettroit en pouldre entrants en fon Pais. Heureux en mon malheur, puifque les Ennemis N’oferoyent voir l’amour qui de V Amour m’elongne. Digitized by Google l’amovr PASSIONNÉE 64 ELEGIE Coufine, femble à voir que l’Amour boute-feux Me vueille maintenant efire plus rigoureux ; le voy bien, ie fçay bien que maperte efi prochaine. Et vous diray pourquoy ie connoy cefie peine. On ne doit iamais rien celer à fes amis, il Ni déclarer aufit à fes fiers ennemis. I’vferay enuers vous comme vn feruant fidelle, Qui efiant opprefié d’une douleur cruelle, Ne pouuant requérir luy-mefme fon Seigneur, Supplie quelque De mefme, amy qu’il parle connoiffant mon mal à fa grandeur: ineuitable, Coufine, ie vous pri’de m’ efire fauorable, Et de parler pour moy trifiement afiligé, A vofire humble parente, où mon cueur efirangé, tous, fors à moy qui trefpaffe pour elle. Maintenant (ô bons Dieux) qu’vn départ me bourrelle. Qu’afaiâce traifire Amour pour me perdre efionnè ? Comme Diable cruel il a tofi fuborné Vn grand de mes Amis, en luy donnant entendre Que ie perdoy la fleur de ma ieunefie tendre, Que ie n’apprenoy rien en ce trifie feiour, Et qu’il mevaudroit mieux que i’allafie à la Cour. Humble à Le traifire n’a failly à fa caulte entreprife, ay reçeu la lettre, 6 maudite faintife 1 Hé! quoy? ne fçait-onpas que ie fuis à mon dam J’en Depuis dix mois en ça deuenu Courtifan ? Vois-je pas tous les iours le Roy qui me commande? Je le fers humblement, ie fupply, ie demande, J’aimeroy mieux mourir qu’outrepafier fa loy. le me fuis obligé de luy garder la foy Digitized by Google DE N O E M I 65 E (Ce/le obligation e/l toute volontaire), Car de mon beau labeur ie ne reçoy falaire; Mais ce trauail m’e/l doux, & meplaifl beaucoup mieux Que Vair Parifien fur tous délicieux, le fuis comme vn forçat efiant fur lesgallées, Qui ne veut point bouger des campagnes falées, C’e/l abus de crier la douce liberté; On ne fçauroit muer fon vouloir arre/lé : Mais comme vn clair Soleil enuironné de nues Rompt les empefchemens de ces ombres cornués, Ainft, certes, ainfi malgré l’aueugle Enfant (Qui de mon beau trauail va toufiours triomphant), Voire en defpit encor de la ialoufe enuie, Et d’vn tas de Medors qui redoutent ma vie, le feray plus confiant. Ainft que le Soleil le veux eflre nommé l’amovrevx nompareil. Que Que ta Confine foit comme vu Tygre inhumaine, d’vne fiere ardeur elle foit toufiours plaine, Qu’elle ait ioye en mes maux , riant de mon foucy , Que fon cœur foit de roc durement endurcy, Qu’elle parle à cheual, outrément arrogante, Bafe pour tout cela, i’auray l’ame confiante, Sa rigueur me fera mefme glorifier; Car comme les Oignons qui font près du Rofter Caufent que la fenteur de la Rofe ejl meilleure, Tout ainft la vertu, où mon efpoir s’affeure. Plus elle a de trauaux, plus elle a de douleur, Et plus tant plus on void fa gentille valeur. Ainft donc plus i’auray de rigoureufe attainte. Et plus on De connoiflra mon amitié non fainte. quel œil la verray-ie? ô miferable alors I Mais ie le fuis défia ; ja, ja mon trifie corps 5 Digitized by Google , l’amovk passionnée 66 Efl mornement trancy, & ja mon œil defplore Vu larmoyant Crijlal voyant s’approcher ore Le funejle defpart qu’on ne peut retarder. En cejl eslongnement ie vous pry’ me garder La pure affeâion que vous m’aue ; iurée Et eflre de la La femme Que mienne ardamment afleurée. femme en vn mot fera plus vers la cent mille difeours des C’efl vn rocher certain que Amants refolus, fa feule parolle, comme vnefriuolle. (fufi-elle fainâe) efl Incite j donc (ma Dame) en m’obligeant à vous D’accepter mon feruice Amoureufement doux, Et vous iure fes yeux, comme chofe plus belle, De l’adorer toujours, bien qu’elle fufl cruelle : Car comme l’Oliuier, qui ne vient ai]émeut, L’autre Et qui ne finijl pas aufli facilement, Amour, mon Amour, de long temps enflamée Cejl Ne pourra s’encendrer ni aller en fumée. Courage, le defajlre efl aucunesfois bon, Vn mal auant-court l’autre, vn flux efleind l’audace D’vne fiebure prochaine où la mort nous menace; La blefleure enrichijl le guerrier de renom. marry de ma prefomption, Offençant tes beautés; que loyal ie pourchafle, ie puifle auoir la mercy de ta grâce, le ne fuis donc Pour que Couppant chemin aux coups de ta punition. Pardonne donc, Maijirefle en beauté fouueraine Digitized by : Google DE NOEIIIE 67 Le propre à la grandeur c’ejl de paroijlre humaine; Dont ie penfe défia eftre libre & Efperant d’appaifer mes pajfions le ne le ne abfous. cruelles, demande point de vo{ richcffes belles, veux qu’m baifer Amoureufement doux. Le languifiant malade afpire la fanté, Le pauure fouffreteux Vaggrcable richefie, L’ambitieux guerrier Le trifie les allarmes fans cefie, prifonnier la doulce liberté ; De mefme l’Amoureux de fiâmes agité Defire incefiamment iouyr de fa Maifirefie ; Quand auray-ie la mienne, où tout honneur s’addreffe, Qui vergongne Cyprine en plaifante beauté ? Son Le efprit efi parfait, fes grâces font parfaites, Soleil de fes Font reluire vn yeux, mes fatales Cometes, clair iour dedans l’obfcure nuid. En fa bouche toufiours l’ éloquence s’expofe, Son teind efi furfemé d’œillet, de lis, de rofe, Quoy, de ces belles fleurs n’aura-elle aucun fruid ? C’eft Vn grand cas que le fort plus fouuent fauorifc ruftre mal-habile, vn muguet, vn jafard, Digitized by Google 68 l’amovr passionnée Quelque gallant mufquè, compagnon du Renard, Qu’vne ame valeureufe entièrement exquife. Non, ce n’efl point le fort, mais défi noflre fottife. laiffons deceuoir la raifon à vn fard, Aueuglans noflre efprit par vn efpoir baflard: Car qui fe rend efclaue à peine efl en franchife. Nous (Ramefort) ie le fçay, i’ay tenté les ha jars, L’ufage & le fçauoir font les maijlres des arts. Dont fage déformais ie fcray comme en guerre. Où deuant qu’affaillir on va toufiours fommer. Ainfi, pluflofl qu’entrer en l’Amoureufe terre, Les Dames me priront tres-humblement d’aimer. Gentille fleur, courriere du Prin- temps. Dont le Quand nom efl duifable à m’Amie, voy fur toute autre iollie, Amans. beau ie te Je te baifotte en l’honneur des le fuis fi aife alors que ie te fens Que ie beny ma douloureufe vie, Par toy, Mignonne, efl mon ame rauie Songeant à l’œil qui or’ te void aux champs. Sur toutes fleurs tu parois la première, Quelle Cyprine efgale ma meurtrière? S’on ne te cueille, on te void tofl fleflrir. Digitized by Google DE N O E M I E 69 Si fa beauté de mefme n’eft cueillie, En peu de temps elle fera fanie. Donc par Amour le l’œilladoy Par ie la veux fecourir. my-nue, efcheuelée, vn pertuis defrobé finement, battoit d’vn tel debattement, Mon cœur Qu’on m’eufi iugé comme en peur defreiglée. Or i’efloy plein d’vne ardeur enflamée, Ore de glace en ce friffornement, fus rauy d’vn doux contentement, Tant que ma vie en fujl toute pafmée. le Là follajiroit le beau Soleil ioyeux, Auec vn vent (Zephyre gracieux) l’or blond de fa treffe ondoyante, Parmy Qui haut volante ombrageoit fes genoux. Que de beauteç ! mais Ne me permijl de voir le dejlin ma ialoux chere attente. Voyant que ma douleur efloit continuelle, Que ie dependoy tout paroiffant mal-heureux Que preferiej la crainte au deuoir Amoureux, (Chofe indigne d’ Amant fi braue & fi fidelle) , Digitized by Google j l’amovr passionnée 7° Pay iuré de quitter cefie amitié mortelle, le pars vifie, en colere, indigné, furieux, Je fus cinq ou fix mois abfent de vos beaux ma Sans dire mes tourmens brouillans en yeux ceruelle. amis, s’en doutans, pour me donner fecours, Connoijfant bien qu’vn clou chaffe l’autre toufiours, Me firent carefier me Déejfe grande. Mes l’auoy le Mais en Me fifi vent en pouppe affeurê d’vn beau port, dÆole vn inuincible fort defpit r’ ancrer au haure où commande. ta beauté m Comme corps féminin que la mere Nature N’a point fauorifé de prefcns gracieux, S’efforce vainement d’vn art indufirieux A vouloir déguifer fa première figure : par qui ma vie endure, Sans efire attaind du dard du premier né des Dieux, S’ombre inutilement pour complaire à mes yeux ; Ainfi l’illufire honneur, Car la bonne amitié n’a point de couuerture. dauantage ; hà! taife^-vous, mes vers, decouurej l’ardeur qui vous rend fi diuers; Si, faides, pourfuiue j, n’ayej aucune doute. le fçay bien Ne permis de plaindre aux pauvres De mefme aux Amoureux traifirement Il efi Mais non, ne dides rien, ma Dame afflige {, licence nous efcoute Digitized by ! Google E DE N O E M I 7 1 LETTRE A NOEMIE Pourquoy n’excufcq-vous un Amant Retiré loing d’ Amour à la miferable, guerre effroyable, ? S’il fe plaint de fe voir cruellement traitté N’a-il pas grand fubied de paroijlre irrité? croit que, fi Dieu Jon deffein veut permettre, Et Ji Il fera là plufiofi que cefte trifie lettre; Quand il deuroit courir mille impiteux hasards. Puis, après t’auoir veuë, il reuerra fon Mars. y Eft-ce faillir cela? S’il a de l’offence, Il s en faut prendre à vous, non à mon innocence ’ ne penfe errer difant ma paffion, Auffi que i’ignoroy de vofire intention. Que fage i’apprendray d’humeur plus continué Puis ! ie : Car, t’efcriuant icy, nouuelle m’efi venue Que mon Prince efi mandé pour aller à la Cour, Et moy par confequent pour te faire l’Amour. En attendant cefi heur, ô doux feu de ma fiame. Le crifiai de mes yeux, le foufpir de mon ame, Efprit de ma raifon, plaifir de mes plaifirs, Penfer de mes penfers, fouhait de mes defirs, le vous prie & reprie, & par vous vous coniure D’aimer Lafphrife ainfi que vofire créature ! le prie encor le Ciel, brillant d’ aimes clartés;, Qu’il vous vueille enuoyer toutes vos volonté ; q Et vous baife cent fois, en humble obeyffance, La bouche, l’œil, la main, vous donnant affeurance ie fus, que ie fuis & feray de bon cœur Vofire à iamais, tout vofire, intime feruiteur. Que Digitized by Google l’amovr passionnée 7* ELEGIE me deliberoy de courre la fortune, Non point fous Veftendart de Venus importune ; Mais comme auparauant au milieu des hasards, le Suyure le Dieu guerrier, le pere des foldards. Qui l’honneur immortel veut braucment acquerre. Il fe doit hasarder au foudre de la guerre, l'accomply mon vouloir, on le fçait, Dieu mercy 1 On m’a veu obeyr & commander auffi ; Mais Mars ayant paffé fa colere fanglante, Ainfi qu’vn bon Pilotte attaint de la tourmente Craint d’approcher L’air doux la terre, ainfi ie redoutoys Parifien, frequent feiour des Rien ne fert quelquefois de caler toutes D’ejludier le Soleil, Roys. voiles, d’efpier les efloilles, D’ancrer hajliuement ou s'eslongner d’vn port, Nous ne pouuons fuyr nojlre incertaine mort Ainft pour dejlourner mon humeur Cyprienne, : Craignant de retomber en l’ardeur primerene, le prié quelque Amy de m’ apprendre vn fejour Defert, voire ennuyeux, feparé de la Cour. Car ie fçay vrayement que nojlre nourriture Surmonte le defir de la mere Nature, le fus lors confeillé, pour vomir ma poifon, D’aller couler le temps en vne gamifon ; Que l on ne verroit là que corcelets, que picques. Et que là n'eftoyent point de beauteç magnifiques. Pauure mal-aduifé ! ie me confeffe lour, le m’enquis de la ville, & non pas d’alentour ! Deuoy-ie pas fonger qu’au plus près des efpines Naijfent les belles fleurs S les rofes pourprines ? Digitized by Googl E DE Aujffi, On 7* I void plujieurs beaute j, belles parfaiâement, Dont m’a mis fous l’Amoureux feruage, mon dommage. dormyd’vn fort fomme mal-fain, le lufire Tefmoings Si NO EM près cejle place aggreable vrayment, ces dignes vers courriers de ie n’euffe connu mon defaflre prochain. N’auoy-ie pas prefage, auant coureur fidelle, Du mal-heureux mal-heur qui toufiours me bourrelle? Le matin que i’ entré aux fiâmes de fes fers, Vn de mes gens me mijl ma chemife à l’enuers. Ce que ie vy premier, cefle ombreufe iournée. I’euffe aifément t Ce fujl vue Chouette (ô veuê infortunée !) Puis, la nuiâ, me fembla que i’efloy efchangé En petit ver à foye en mon ploton rengé. Qui pourroit trouuer plus d’apparence certaine D’vne douleur future ardemment inhumaine ? le raconté mon fonge à mes plus familiers, Qui ingèrent mes maux prochainement meurtriers, Me prions pour le moins de changer de patrie. Mais quoy! la vérité efi toufiours ennemie. Pauure, qui ne fçait pas que l’on void de tout temps Plufieurs Jignes certains, courriers des accidens! Rien ne nous vient des deux qui parroijfe Mais Ma Que La las! ie me déclaré chemife à l’enuers cefl homme fort efloit inutile; mal-habile, ftgne euident Amour finiflre fera comme le precedent: Chouette efloit-ce pas encore Vn meffager certain d’vn mal-heur qu’on déploré? Mon fonge Aurorien, qui m’efchangeoit en Enfeigne ma prifon du tout à defcouuert. Car ver, que le ver foy-mefme s’emprifonne, Ainfi (ô mal-heureux!) i’ enferme ma perfonne. ainfi Digitlzed by Google ; . l’amovr passionnée 74 Ce lieu n’efi enfermé comme le Pré Manceau (Où ejl le fainâ Amour honorablement beau). Mais il ne laijjc pas de refclauer ma vie ; Théophile ejloit là, icy ejl Noemie, Qui ne m’ejl pas plus doulce, encores que Ne Vaye le fort captiuée en fi cruel effort. S’elle ejl auffi retiue en V Amoureux office, le ne ie luy feray feruice veux pour néant me reuoir enflamé C’efi le D’vn Adieu reuerend . propre d’vn fot d’aimer fans eftre aimé le donne à Mon La ma Déeffe, ! ouurage de Pandore, efprit que l’honneur daigne bien honorer. liberalle auffi, pour me rémunérer, M’offre fa grand beauté qu’ uniquement i’adore. Fauorable defiin ! ce prefent me décoré, Me faifant comme Amour clairement defirer. Le mien plus haut-volant la faiâ tant admirer. Que comme vn fier ialoux Apollon m’enuie ore. Bénifi foit doncques l’an, le mois, l’heure, le iour ie vy les douceurs du fauorable Amour ! Que Benifi foit Et le pays de fa belle naiffance, tout ce qui agrée à l’afire de fes yeux, Voire ce beau vallon, fejour délicieux, elle me promijl la douce iouyffance. Où Digitized by Google DE NOEH1E 7^ Ha! mon Tovt, ha! ie meurs!pour Dieu,fecoure^-moy, Si ce O n’ejl l’amitié, la pitié l’amc de De fecourir mon ame, vous conuie ; hé! n’as-tu point d’enuie celuy qui trefpajje pour toy? Pourquoy m’es-tu cruelle ? Hé! ie ne fçaypourquoy, Si i'ay failly en rien, dy-le, ie te fupplie ! Mais hajle-toy, m’Amour, mais hajle-toy, m'Amie; Car ja défia la mort me talonne chej foy. Vrayment ce te fera vne pauure victoire D’ejleindre le flambeau qui fait luyre ta gloire ; u perdrois ton honneur, approche donc, mon T ovt, T Et me baifotte vn peu de ta bouche mignonne, Frayant mignardement, langues bout contre bout, Vien, l’Amour en bon lieu ne redoute perfonne. Jamais ne me Nager à mon veray-ie, après tant de regrets, plaifir dedans l’ Amoureufe onde, Pignotant, frifottant ta cheuelure blonde, Preffottant, fucçottant ta bouchette d’œillets! Mignottant, langottant, ammorcillant l’acçès ; Mordillant ce teton (petite pomme ronde), Baifottant ce bel œil (digne Soleil du monde), Follaflrant dans ces draps délicatement nets?' Ne fentiray-ie point, auec mille careffes. Digitized by Google l’amovr passionnée 76 Le doux chatouillement des plus douces Ne feray-ie Amoureux mignonnement lieffes ? aimé, Receuant le guerdon de mes loyaux feruices. Remuant, ejlreignant, mignardant les delices. Haletant d’aife, efpris, vaincu, perdu, pafmé ? CHANSON Sus, baifotte^-moy, m’ Amie, Approchez-vous, ma douceur, Ce gay Printemps nous conuie. Embrafiez~moy donc, mon cœur. langue en Frayez ma bouche, Sucçottez-moy, ferrez~moy, Et d’vne belle efcarmouche Donnons congé à l’efmoy. Voyez Voyez Voy Voy la le Voyez la gaye Aronde lie. l’ardent Pafiereau, chajle Tourterelle, Jimple Colombeau, toutes chofes en Iouyfient du doux fomme plaifir, Fors que moy mi/erable homme, Et vous fans aucun dejir. Allons nous feoir à F ombrage Digitized by Google ; DE N O E M I E 77 Près des gaqouillans ruijfeaux; Venus aime le riuage, Car elle nafquijl des eaux. Non, ne bougeq d’où vous ejles, Les Abeilles vont aux fleurs, De mefme mes Amourettes Se défirent aux verdeurs. Quoy? tu ne fais point refponce, Ton cœur n’efl donc refiouy? Mais la femme ne prononce Au premier baifer, ouy. DIALOGUE AVEC ECHO ma parolle, Et refpons fans faintife à l’ardeur qui m’ajfolle, Toy qui vois & entens les ruijfeaux de mes pleurs Et l’éclat de pitié que pouffent mes douleurs S’il te plaifl d’éclaircir ma douteufe lumière, Echo la defolée, efcoute > Reconnoiffant ce bien ie te maintiendray chere. Dy-moy,fuiuray-ie encor l’Amour que ie pourfuy? écho. Suy. Mon cœur en fera-il quelquefois refiouy ? écho. Ouy. Qui recompenfera mon feruice fidelle? écho. Elle. deuiendra donc fa cruauté rebelle ? écho. Belle. Et que Digitlzed by Google , l'amovr passionnée 78 Qu’auray-ie incejfamment du feigneur Cupidon ? écho. Don. le ne laifferay donc l’honneur de fon renom ? écho. Non. Ayde-moy donc, Phœbus, à fin que ma Maifireffe Qui change fa rigueur en plaifante allegreffe, Viue éternellement ; car l’Amoureux obieâ (Trop fertile argument, & trop fécond fubieû) M’a faiâ mettre long temps fous ton obeyffance, Et toufiours vn bienfaiâ mérité recompenfe. CHANSON Ma maifireffe, Ayant fon mon foucy air addoucy, M’appelloit vn iour fon ame, Son cueur, fon tout & fa fiame. le luy dis foudain alors, Approchant de fon beau corps, Embraffe-moi, ma chere ame. Mon cueur, mon tout & ma fiame ; doux commencement. Et plus doux acheuement, le perdis adonc mon ame, Mon cueur, mon tout & ma fiame. Puis, d’vn Digitized by Google ! DE M’ Amour, N O EM tu as trahy ma le brusle t’œilladant, certes Voy ma 1 E 79 ieuneffe ie ; peu caute n’en puis plus, couleur changeante & voy mes fens efmeus, du péril de l’aggreable faute. le fuis près le ne quiers ft tu es Papijle ou Huguenotte, Amour n’a point de loy. Mal-heureux font tenus Ceux qui ne font fubieâs de la belle Venus, Qui fuit l’ombre d’honneur comme vne chofe fotte Quel bon-heur, quelle ioye C’ejl vn abus Où l’Amour commun efl ! ejl-ce qu’on en reçoit? qui les femmes déçoit, vn bien qui refiouifl noflre ame. C'efl trop diâ, ie me perds, ha mon Dieu! ie me me pafme: meurs, le fens vne liqueur qui doucement Bien heureux qui finijl entre tant de faueurs Quoy ? qu’efl-ce que cecy, ma Mignonne, es-tu folle ? Ne te mocques-tu point? penfes-tu appaifer L’audace de mon feu par vn fimple baifer, D’vn gracieux regard, et vne douce parolle? Ni pour Ne la compagnie ! il faut que ie t'accolle. defcouure ; on ne peut l’aduifer, plaijl ore auec toy deuifer crains qu’on Selon qu’il AJfis fur me le cejle chaire aggreablement molle. Puis chacun parle à part, s’entretenant tout bas; Faifons ainft afin qu’on ne s’en doute pas, Digitized by Google l'amovr passionnée 8o Prenons l'occajïon qui douce nous faluë. Là, feignant d'admirer ton bel entendement. Te ferrant près de moy, i’haufferay virement Ton linge délié par ta iuppe fendue. me fens bien-heureux en mon trijle mal-heur, Quand ie voy ton feiour & lors que i’y arriue. le Si Vn ie prens vn baifer de ta beauté naïfue, baifer defrobé qui efl beaucoup meilleur, Vne efpingle me femble me grande faueur, Ayant tout à l'entour de ta douce faliue, Que ie mords, que ie fucce, efpris d’vne Amour viue, Que i’ attache fur moy au plus près de mon cœur. Non point pour me feruir d’vn fouuenir notoire, (Les Dieux en foyent loüej) i’ay l’heureufe mémoire, Et certes ie ne fuis que trop ingénieux ! le voudroy bien fouuent n’auoir tant de ceruelle, le ne Ni comprendroy point ma fortune defreglé du régné vicieux. cruelle, l'eflat Qu’en dites-vous, mon Cœur ? le vous pry’ de le dire. Quoy ? vous refue\, ce femble ? O quelle ejlrange humeur! Mais ce beau teinâ changeant m’auant-court vn bon-heur, Et ce vent tremblotant qui doucement foufpire. Digitized by Google , DENOEMIE 8 1 Las! ce bel œil baijfé, dont le iour fe retire Pourrait bien mejjager quelque ejlrange douleur ! Non , ce foufris bénin prefage vne douceur, Pour donner à ce coup trefae entre mon martire. Quoy? vous ne diâes rien? taifl il confent; vous le voulez donc bien. Approche-toy, m’ Amour, baife-moy, ma chere amel Parler donc, mon foucy. Qui fe me veux enyurer de la douce poifon. Qui tant & tant de fois fuborna ma raifon.... Seigneur Dieu, ie me meurs, ie me perds, ie me pafme! le veux plus aucunement mefdire mere au folia (Ire Garçon, yuoire beffon, Vne bouche poupine où l’humble Amour foufpire. le puis, ie ne De la DéeJJe, le baife maintenant vn Tantofl ie meurs rauy quand la Belle m’admire ; Tantofl nous difcourons d’vne braue façon, Et tantofl nous parlons en langage enfançon, Qui fert d’vn doux appas en Amour qu’on defire. Tantofl, en folliant, (Dassez) nous nous baillons Mille beaux petits traiâs, mille gefles mignons, Mille ioyeux brocards, mille œillades exquifes. Tantofl nous difons haut des propos inconnus. Si ce n’efl à nous deux chers enfans de Venus ; Puis tantofl nous venons ioyeufement aux prifes. 6 Digitized by Google ; l’amovh passionnée 82 mé, mé, bine-moy ; bine-moy, ma pouponne, Cependant que Papa s’en efi allé aux champs ne le fo^a pas, il a mené fes gens, Bine-mé donc, Maman, puij'qu’il n’y a paffonne. He ! Il Ayant frayé l’œillet de ta leue bejfonne, Je me veux regadé en tes beaux yeux luyfans ; Car ce font les mifoirs des Amoufeux enfans, Après ie modefay ta goge, ma menonne. Soudain ie laichefay ton ioliet tetin, Puis ie chatouillefay ton beau petit tounin, Maintenant de ma pine, ores de ma menotte. Si tu n’accode à moy, le folâte Gaçon, Guefiffant mon bobo, agadé tu es fotte ; Car l’Amour fe fait mieux en langage enfançon. Au Ciel de voq beauteq l’Amour me déifié ! Preffe-moy, ferre-moy, tiens-moy, ioins-moy, Car ja défia ie fens vne douce liqueur. Qui donne enfemblement & la mort & la vie. mon cœu Sois plus prompte au combat; ie trefpajfe d’enuie, veux amortir ta prochaine chaleur ; donc, d’vn bond mignon incite ton ardeur, d’vn bransle poupin plein de douce furie. le ne Là Et Touftours ie temporife en vn fi beau defir, Digitized by Googte E DE NO E U , 83 I Pour rendre plus parfait vn fi plaifant plaifir, Et pour le faire aufii de plus longue durée. Mais Vaife toutesfois me tranfporte beaucoup, le n’en puis plus, follafire, ho...! Vous l’auez trouué bon, ie meurs à ce fucrée ? coup...! ma petite Ma follafire, me nuiâ, auoit fi grande enuie fureurs de ce mauuais Garçon, trouuer pour payer fa rançon. Hasardant fon renom que l’honneur glorifie. D’efchapper Qu’elle les le vint Hà mes yeux! h à mon cœur! hà mon Tout! ha ma vie! Hé mon Las, bien! hé mon fils! hé m’ Amour, mon mignon! mon Tout! las, moy-mefme, hélas, cher compagnon! Faifons à corps perdu l’aggreable Ce Le petit difant le baifa, & puis mena follie. tout doux capitaine au ioly rendez-vous, Qui, fier d’vn triple coup, fifi vn nouueau deluge. Quel heureux paradis, d’allegrejfe luifant ! Puijfé-ie donc toufiours en vn fi beau refuge Trefpaffer au trauail d’vn plaifir fi plaifant ! C’efi beaucoup vers les Dieux de douceur fauorable S- gaye honnefiement Gracieufement graue, affable priuèment, D’efire belle, opulente Digitized by Google l’amovr passionnée 84 De fortir d’vn beau fang noblement honorable. Cejl beaucoup vers les Dieux de paroiflre aggreable, Dire bien à propos, d’efcrire fçauamment, Luire en discrétion d’vn braue entendement. Et mignonne & mignarde ejlre toute amiable. Cejl beaucoup, mais c’ejlplus à la Dame d’honneur, D’auoir vn Paladin, fidele feruiteur, Qui donne abondamment les delices friandes. Douce vertu qui rend Mefme Deite^ les Que vous aueq vn ; les plus parfaids ialoux, donc en vous vantez-vous bien enuié des plus grandes. Hà Dieu! que i’ay de bien alors que ie baifotte ieune folion dedans vn riche liâ. Dieu! que i’ay de bien en ce plaifant conflid. Perdant mon plus beau fang par vne douce flotte. Ma Hà Hà Dieu! que i’ay de bien lorfque ie la mignotte, Lorfque ie la chatouille & lorfqu’elle me rid. Hà Dieu! que i’ay de bien, quand i’ entends qu’elle diâ D’une foufflante voix Mon Mignon, ie fuis morte! : Et quand ie hà Dieu! que i’ay de bien mocquette en m’efbattant pour rien. que i’ay de bien de pinçotter fa cuijfe, n’en puis plus, De faire la Hà Dieu ! De lecher fon beau fein, de mordre fon Tetault. Digitized by Google .; DE N O E M 85 ' E I Hà Dieu! que i’ay de bien en ce doux exercice, Maniant l’honneur blond de fon petit Tonnault! I’ay mille Le beau & mille fois baifé petit connin de ma & rebaifé gente Maijlreffe le l’ay tant carejjé de fi douce car efie, Que mon feu violent s’efi vn peu appaifé. Mais fi ie fuis vn iour de fon iour deuifé, ayant le brusle à petit feu trifie liefie ; Car ie pers maugré moy la fécondé richefie, Ce doux flux qui d’ Amour a fon nom déguifé. le ne fay, Qu’en ie ne dy, ie ne penfe & ne fonge en moy, qui toute en moy fe plonge. elle tout Sans elle les plaifirs Sans elle ie defplaifent à mes yeux. ne fuis point fans elle en extafe en vn goulfre orgueilleux ; ie comme me faut donc, pour efire, accompaigner ma Belle. le fuis Il ne fuis, Faiâes-moy cheualier, accoleq-moy, ma Belle, le l’ay bien mérité en ce combat dernier, Qui s’efi efprouué braue en duel fingulier, Eft digne de damer la fimple damoifelle ; Mon fçauoir Ma naturel, mon amour gentille valeur, redoutable naturelle, au guerrier, Digitized by Google ; 86 l’amovr passionsèe Demande l’accolade & le noble collier, Non d’vn Roy, mais d’ Amour qui tous les Rojrs exce AuJJi en ce bon-heur ejl fondé mon fouhait. Quelque affamé d’honneur, qui n’a iamais rien fait, Riche pourra l’auoir par faueur éblouye. veux feul ce beau grade, honorable toujîours, Sus, accole^-moy donc, afin que ie me die le L’vnique cheualier de la Royne d’ Amours. Hé! que n’efioy-ie aueugle & plein de furdité. Quand ie veis ces beaux yeux, efiincellans d’enuie De iouyr des douceurs lumière de la vie, Et quand i’ouy ce mot que i’ay tant fouhaité ! En peu de temps i’eujfe eu l’aggreable fanté le ne ferois épris d’ardente ialoufie, Qui me fait (Belleville) entrer en frenaifie, Mefmes efiant au liâ fanglamment arreflé. Voulant Car mon me contenter elle attriple mes peines: efprit ejl gros de fureurs inhumaines. Quel extrefme tourment ejl comparable au mien ? au moindre bruit, que l’on baife ma Dame Viue le defefpoir ! quand ie n'efperoy rien, le n’auoy tant de mal, ni au corps ni à l’ame. le penfe, Digitized by Google DE A moment tout De la NOEH1E 87 i’auois toute nouuelle, beauté qui embellijl le iour, Et qui alors demouroit à la Cour, Dont en mon mal i’eu faueur immortelle. le m'ejlonnois d’vne vifite telle, (Eflant fain prefque, & près de fon fejour) Lors que Svzon, mejjagere d’ Amour, Arriua feule encore de par Me De comme ayant elle ; Clef de fon humeur, l’a dit ejlre en foupçon de fon cœur, moy logé chés vne belle hofleffe. Qui, Quoy ? la le Soleil doit-il ejlre ialoux U vne EJlincelle? Or, dolent de fes coups, le m’en allay où voulut fon Alteffe. Quand le iour ejl leué ie deftre la nuiâ, Pour ne voir point l’orgueil d’vne trouppe importune. Et, quand il (Chandelle ejl aux couché, l’argent vif de la Lune, efpions) trop clerement reluit: Ainji, Villegomblain, toute chofe Si bien que le bon-heur Ne pouuant pas, fuyvy me nuit, me femble vne infortune, de l’ardente rancune, Iouyr des biens qu’ Amour m’a doucement produiâ. Que maudite foit donc cefie race ialoufe ! Digitized by Google l’amovr passionnée 88 Que la pefle, la L’amoruide, rage & la lepre l’efpoufe ! le tac, la laide pauureté ! la peur, l’auarice, l’enuie, Que l’efpoir, que La tenaille toujours Sans d’vne immortelle vie, moment de fanté qu’elle puiffe auoir vn ! le veux pour ne voir point ce troupeau charitable (Mais plujlojl enuieux de mon defir gaillard), Loger loing de la cour, en vn bois à V efcard, Ou feindre ejlre guery de mon mal honorable. Là ma douleur fera beaucoup plus fupportable. Bien que ie n’entreuoye Amour m’aimant fansfard. Peinds-moy donc (Dv movtier) tout ioyeux & fongeard, Tenant vne grenade efiant en champ de fable. Puis, pour reprefenter mes effranges dejlins, Peinds le chef de Gorgonne auecque deux Daulphins, Qui feront près de moy, fans mes liberté^ franches. Endurant accablé tant de bifares coups, Et tout le monde encor eft de mon bien ialoux ; Car quand l’arbre efl à bas vn chacun court aux branches. Grand Dieu viuifiant, Seigneur, le rends grâces (deuot) à ta Qui m'a leué du liâ où ie te falué, fainâe bonté, i’efloy arrejlé, Digitized by Google , DE NOEM Sans penfer recouurer 1 E 89 ma fanté difparué. fembloy à celuy que la marine efmeué Outrage incejfamment, deçà, delà porté, Qui plus vogue plus ejl des ondes agité, Sans efpoir d’aborder à la rade connué. le Et en vn tourne-main il void calmer les flots : Ainfi tu m’as donné l’aggreable repos Auec la guerifon de la mortelle playe, Qiiand i’efperoy le moins le doux foulagement. donc perdre cœur au comble du tourment ; Nature par miracle à l’heure nous égaye. Ne faut veux fourmiller en ton ioly fourneau ; quoy efleindre & allumer la flame. veux chatouiller iujqu’au profond de l’ame Et vous faire mourir auec vn bon morceau. Ça, Car ie i’ay de le vous Ma petonne, inuentons vn pajfe-temps nouueau. Le chantre ne vaut Faiâes donc le game ; dame rien qui ne dit qu’vne feigneur, Serreq, pouffeq, entrer & & ie feray la retireq tout beau. le remu’ray à bons d’vne vifteffe ardente, Nos pieds entrelaceq, noflre bouche baifante, La langue fretillarde ira s’entremouillant, louons affls, debout, à coflé, par derrière, Digitized by Google l’amovr passionnée go (Aron à l’italienne) & toujours babillant. Cejle diuerjité ejl plaifante à Cythere. O qu’il eft doux le plaifant ieu d’aimer! Qui eufi penfé vne telle delice? cela que l’on appelle vice, Si c’efi Le vice ainfi ioye fie Il falloit donc le peut nommer. faire plus amer, Chagrin, pleurant, mauvais, plein d’artifice, Non gay, riant, naturel, fans malice, Comme eft l’Amour qui me fait enfiamer. Si La le vice eft d’auoir douce ailegreffe, Vertu donc eft pleine Chaque chofe a fa Si Vertu pleure & de trifieffe; contrariété. que le vice rie, Le Philofophe eft gonflé de folie; Car rire duift à noftre humanité. CHANSON O que c’eft D’eftre bien En chofe belle Amoureux, iouyffant de celle Dont on eft defireux ; Digitized by Google , DE N0EU1E Ceft Et la 9‘ douceur naïfue la fuperlatiue. Mais las ! quel plaïjir eft-ce U approcher au matin Sa gentille Maiflreffe Mordillant fon tetin, Puis donner fur la couche, La iolie efcarmouche ? Et fur V après-dinée La mener dans le bois, Puis l’ayant proumenée L’embraffer quelquefois ; Quand la Dame efl vejlue, L’Amour s’en éuertue. Lors que l’on la defrobe Vejlue richement, Le fricfric de fa robe Eguillonne l’Amant, les ramages oyféaux fauuages. Entendant De mille Là, là l’on fe baifotte Bien mieux que fus vn liû ; On void l’Amour qui flotte , L’on babille, l’on rid, On fe mire en la veuë, Donnant à l’impourueuë. Digitized by Google l’amovr passionnée 91 Parcequ’ Amour a des ailles, Et qu’en Cour ne faut voler, ( Cela s’entend deceler Ses douces fureurs iumelles). Il nomme vn Povlet toujours Sa brefue lettre ajournante : Car il ne vole & ne chante Et fe muffe aux fins détours: Au]/i que pour peu de chofe L’Amour fe metamorphofe. POVLETS COURRIERS D’AMOVR De prolonger tu t’abufe. Le pluflofl efl le meilleur. Le temps s’en va qui tout vfe, Et fi faicl changer d’humeur. mon mignard, pour payer Tant & tant d’Amoureufes debtes, bien me fay vijle enuoyer Vole, Ou De bons refpondans Ce font Poulets Empennej tels d’ Amourettes. que vous Chantans en de riches Ou efles, des plumes d’ Amour, tablettes. papier doré tout autour. Digitized by Google ; Alors que viendrez l’approcher, Sufon, gardes; bien qu’il ne crie Feigne \ de vouloir attacher La manche richement garnie, Puis fourre { EJlreignant le le poulet foudain, le lis de fa main. croy qu’on a couppé Au courrier de mon l’aille defir, Puis que ie n’ay pas nouuelle De mon aimable plaifir ; Mande-le-moy, ma mauuaife, Si tu veux que ie m’appaife. Ce Poulet plus heureux que moy S’en va où Par luy ie n’ofe paroi /ire; verrez le trifle efmoy Qu’a voflre feruiteur fon maiflre Prenez le temps fauorifé Pour venir à la mafcarade ; Vous m’y pourrez voir deguifè. : Et y guérir mon cœur malade. La On bonté gifl en l’ame intérieure; ne fçauroit bien iuger d’vn beau corps l’amovr passionnée 94 De La au dehors. au dedans plus feure. ce qu’on void feulement feureté Donc (Qui Ne eft ta beauté, des beauteq la meilleure, ejl emprainte en mes efpris accors) doit m’orner d' extérieurs threfors, Puis qu’aux penfers Non, ma Mignonne, ie te il baife à toute heure. n’ejloit pas befoing (Bien qu’ô malheur! ie fois de toy fi loing) De m’enrichir de ta monjlre fornante, Pour à ton doux fouuenir. m’éueiller L’heure en A tous Quand Amour ejl trop longue à venir, moments l’Amant fonge en l’Amante. ie me plains à vous de vofire négligence, Mefprifant refolu l’irrefolution, Vous m’accufe f toufiours d’vne indifcretion, Et ne confidere \ Vous diâes que ma le cruelle fouffrance. temps donnera l’allegeance, Que ie modéré vn peu ma grande paffion, Que ie ne dois douter de vofire affeüion, Et que ie m’entretienne en heureufe efperance. moy ie diray mieux: ; mais faut que vous facieq d’vn art ingénieux temps beau que vofire foy m'affeure. Approcher ce C’efl bien parler cela Il Digitized by Google , DENOEMIE g5 Comme vn bon Médecin pour plus eflre ejlimé, Auance la fanté du malade enflamé, qui aydent à Nature. Par de fubtils moyens Si i’auoy le pouuoir comme la volonté bien tojï r orgueil de mon martyre, EJlrange paffion que Von ne fçauroit dire, Comme incomprehenfible en fiere extrémité. V appaiferoy Vous feriez chaque nuiâ couchés à mon cojlé ; Nous cueillerions lefruiâ que nojlre cœur defire ; Le iour nous ne ferions que danfer & que rire, Que chanter, que eaufer de quelque nouueauté; Que ioüer diuers ieux auecque mignotife ; Cela mettroit le bois au feu de friandife, ri auriez point foucy Vous d’vn train tout-confommant. Ni de Ma baifer vn fot. Voflre plus grande affaire, Dame, ce feroit feulement de vous plaire, La mienne ce feroit vous plaire feulement. En mon affliâion mon ameejl rejiouye, Au feiour de mon cœur où ie vay finement ; Car là l’occafion me fait voir viflement Ce beau petit mignon, cher honneur de m’Amie. le le baife foudain, foudain ie le manie, Digitized by Google , l'amovr passionnée 96 yeux & des mains humblement ; Après, d’aife rauy, ie m’en vay bellement Par chemins defiournej, craignant que l’on m’efpie. le fais ainji des Quand ie fuis retiré d’vn fi plaifant fejour, le rumine les biens que i’ay eus de m’ Amour, A qui Puis le defiin i’inuente, veut que toufiours Vobeyjfe. amoureux, cent mille inuentions. Afin de la revoir fans foufpçonneux indice, Et afin de garder nof belles paffions. Ne penfe%, fainâ Thomas, ne penfej, S. Sauueur, Que fainâe Eglife, que beaucoup, vous prier fans faintife. Vaille quelquefois en vofire Pour, ainji De prier Dieu pour moy le ne ment iray point, i’y Où la blanche vertu eft dignement éprife: me tyrannife, Car le defiin ialoux ore Si bien qu’en autre lieu Et miferable pecheur. vay pour voir mon Cœur ie n’ay cefie faueur. bourreaux de l’ennuy qui me tué, n’ofe encor ouurir du tout la veuë, l’vn des fiers Cefi que ie Parce qu’en l’œilladant (tefmoing d’affeâion) Le fang me monte au teinâ, & i’ay peur qu’on Aimant trop mieux mourir Que l’on fafchafi ma Dame le voye. (tant i’honore fa ioye) à mon occafion. Digitized by Google DE Mignonne, Et ie N O E K 1 me meurs quand qu’il ne m’efi permis, par B 97 ie te voy fi belle. parens ialoux, tes De baifotter ton teinâ aggreablement doux. De me mirer au iour de ta gaye prunelle. Mignonne, ie me meurs alors que Vefiincelle Du rayon de tes yeux me conuie aux bons coups ; Mais ie me meurs furtout quand, pris d’vn beau courroux, le combats auec toy ma partie immortelle. Mignonne, ie me meurs après ces coups friands. nos ioyeux regards, de nos propos rians, tant dtesbas fucreq, de tant de follatrie. De De ie me meurs y fongeant feulement ; Et fi, ma foy, mon cœur, c’efi là ma feule vie ; Mignonne, La belle mort d’ Amour efi le contentement. Où font les beaux difcours de ce beau fouuenir? Aueq-vous oublié la delice pajfée? Vous efies pareffeufe ; hà ! vous fereqfeffée! Vrayment vous en aureq fi Par ie vous puis tenir. Amour abfent fe veut entretenir, le connoy bien que c’efi; vous efies courroucée lettre De me Au voir loing de vous, mon trauail de la guerre, où il te m’en doy- plaindre à vous, qui vnique penfée, faut paruenir : comme bien nourrie 7 Digitized by Google , , . l’amovb passionnée 98 Me deue\ confoler par quelque lettre amie, Difant que mon honneur vous fera honorer, Qu’il faut prendre courage auecque patience. Qu’on n’acquiert les Lauriers fans beaucoup endurer, Que meilleure efl après la bonne iouy-Jfance. Je fuis défiguré d’vn defafire inhumain Dont l’on me mefconnoifi là où ie foulois efire, Ne faifant qu’entrevoir le lieu d’ Amour mon maifire. Quand i’y fuis (Sainct-vincknt) ie m’en reuiensfoudain Encor n’y puis-ie aller fans vn figne certain, Ore vn vafe d’argent deffus vne fenefire, Ore vn chaffis hauffé, & craignant de paroifire Il me faut déguifer du iour au lendemain. le m’habille à cefie heure en homme mechanique, Tantofi en Procureur qui pourfuyt fa praâique. Et Dieu Que Que fçait feulement ma dure paffion . de fois, eftourdy, ie trauerfe, ie tourne de fois renfrongné çà & là ie fejourne. Attendant le fignalde chauue Occafion l ! Maintenant que ie fuis par vn Vulcan ialoux Abfent de vos beautej, adorable Maifireffe, V ay lafiebure en l’efprit, i’ay au corps telle oppreffc, Digitized by Googti ; DE NOEMIE • Mais vojire feule idée alentira le ne treuue tel bien que Aux Aux Aux quand 99 mon poux. ie penfe en vous, plaifirs fouuerains de la gente carejfe, diuerfes façons de noflre douce greffe, baifers babillars que faiftons à tous coups, Aux Jignes, aux regards, aux mots hieroglifiques. Aux endroits confacreq, aux lettres héroïques, En ce profond penfer Si bien qu’il Dont pafmé ie me fuis refiouy ; me fembloit i’ajr fuccer ta belle bouche, fouillé l’albajlre de ma couche: Ainji (vertu d' Amour) i’efgare mon ennuy ! Entre tous mes trauaux mon plus cruel tourment Cefl qu’il ne m’efl permis de le n’ofe defcouurir la Ni nommer maMaiJlreffe, me bleffe. douleur qui l’incroyable ardeur de mon dueil vehement. croy bien qu’on fçait bien que i’ adore ardemment; Mais on ne fçait pas où, ni qui ejl la Déeffe Déguifée en mes vers, craignant qu’on la conneffe Car ie veux obeyr à fon commandement. le Cefle difcretion, ferme-bouche à l’enuie, Ne me poind fans Et qui O n’ejl raifon intereffant ma fçeue encor que du cœur de qu’ Amour monjlre bien vie. mon cœur. fa grandeur admirable ! Digitized by Google : : l’amovr passionnée IOO En ,; quelque lieu qu’il s’ancre, Et (Gordes) comme vn Dieu, ejl il il grand, immuable pardonne à l’erreur. Si vous ne connoijjie\ l’amitié qui m’enflame. Et l’immuable roc de ma fidelité, Si vous ne iugiez bien ma franche intégrité, Et ce que i’ay de beau pour l’honneur d’vne Dame Si la Ne longueur du temps que i’afferuy mon ame. ma blanche fermeté, tefmoignoit ajfeq Si le difcret Amour que ie vous ay porté Vous eufi faid feulement l’ombre d'vn petit blafme: Si vous ne fçauieq bien quel ie fus, quel ie fuis Et fi vous ignoriez mes pleurables ennuis, Aux chemins defioumez de ma rage Amoureufe Si vous n’imaginiez ces obligations, le vous excuferoy, petite pareffeufe. Et prendroy patience en mes afflidions. le n’ay pas craint de perdre ma fortune. Abandonnant la Court de mon Seigneur, le n’ay pas craint d’efgarer mon honneur, Chery de Mars, de Miner ue & Neptune le n’ay pas craint l’impiteufe rancune, Ni d’approcher la mortelle douleur, Digitized by Google DE '» ' K OE M * , , t lOt K • , . En t’embrajfant de gayeté de cœur, laloux gonflé d’vne rage importune. le n'ay pas craint de mon laiffer D’oublier Dieu, mes parens pais, & amis, ma vie. Defpendant tout au péril de Bref ie ne crains ce qu’on doit redouter, Pour te feruir & pour te mignotter. Pour f obliger à demeurer m’ Amie fçay bien, ie croy bien qu’il n’efl rien de fl beau Que ta grâce apparente humblement recherchée, le bien, ie croy bien que ta beauté cachée douce delice au Dieu porte-bandeau. fçay le Efl la Sçache 7, croyez Qu’il n’efl auffl, mon vnique flambeau, Dame d’honneur, tant foit-elle bien née, ma Dame fortunée, chere Amour d’vn Paladin nouueau. Heureufe plus que vous, Eflant la ' * ' . • »... Qui pourrait fouhaitter vne chofe plus belle, Qu’vn honorable Amy difcretement fidele, Qui loing efl en s’ Amie & ne veut que fon vueil, Souhaittant fon deflir, efperant fon attente, Qui parle par fa bouche, & qui void par fon œil, Qui aime mieux mourir qu’elle Je mefcontente ? Digitized by Google , f l’amovr passionnée 02 Il ejl , vray, ie le veux, vous ejles bien jolie. Vous joüej bien du Luth, vous chante% doucement. Vous dites mots nouveaux, vous danfe q grauement Vojlre riche beauté paroijl toute accomplie. Mais vojlre plus grand bien Inuiolable Amour que ie c’ejl cfejlre bien m’Amie, fers brauement, Heur que vous n'efperieq dès le commencement, Sçachant que l’Amitié d’vu digne homme s’enuie. Garde^-moy donc, ainfi que l’habile guerrier, Qui gaignant au combat quelque bon prifonnier Sans l’outrager, foigneux, le nourrijl amiable. Si ie n’égale, Amour, l’opulente grandeur. Si ne le quitteray-ie en foy, ni en honneur, braues pompeux de la terre habitable. Aux plus M’ Amour, quand vous ferieq la Royne vniuerfelle On ne vous feruiroit de plus d’affeâion. De plus humble refpeâ, de bonne intention, De plus braue dejir, ni d’ardeur plus Jldelle. Vous ay-ie oncques parlé, dides, Madamoifelle, Qu’en toute reuerence & fupplication ? Ay-ie oncques faid vn pas fans la permiffion. Durant le temps ferain de nojlre Amour nouvelle ? Apres, qu’ ay-ie entrepris qui vous aye defpleu ? Ay-ie penfé, fongé, ay-ie did, ay-ie veu Digitized by Google DE N O E M I io3 E Chofe indigne de vous aggreablement pure ? Combien, combien de fois ay-ie efcrit, arreflé, Pour apprendre l’honneur de vojlre volonté, A eaufe de plufieurs furuenans d’ auenture ? Le merueilleux Démon, C’efl cefl Amour le qui rend plus puiffant de tous, les chofes difficiles En vn infiant (Masaire) entièrement faciles Et fait trouuer l’amer aggreablement doux. Par luy couards font vaillamment refouds ; fe plaifl aux befongnes fertiles, diuinement habiles, Les habiles auffi miferablement fous. Il les plus s’efgaye, il Il fait les idiots Chymon fut Le imbecille rendit galand Salomon , Et moy le i’en & homme l’Amoureufe rage épris d’vn beau courage; plus fage, en perdit la raifon. defefpere égarant connoiffance. Voylà comment l’ Amour, pour mon flrer fapuiffance. Fait d’vn Oifon vn Aigle, & d’vn Aigle vn Oifon. Ponsonas, nous allons au bataillon tragique, Et parce que tu m’es Amy entièrement, Tu es l’ exécuteur de ce mien tejlament, S’il plaifl à Dieu me prendre en fa Cour magnifique. Digitized by Google , l'amovr passionnée 104 Tu conduiras mon corps en Eglife publique Où tu feras bajlir quelque beau monument. Mes Armes, mon Enseigne en feront l’ornement, Auec ces quatre mots: Cy gist l’Amant vniq.ve. mon bien à ma Maiflreffe Amour: Sa figure fur moy t’apprendra fon fejour ; Puis porte-luy mon cœur auecque cefle image. le donne tout Tu luy diras ainji, pleurant gros de douleur: Noemie, honorez le dernier tesmoignage De la fidelité de vostre servitevr. TRISTESSE Las! ie ma Dame, penfoy vous esloignant, N’eflre Ji douloureux ; Mais plus s’accroît le tourment qui m’enflame, Dejiin trop malheureux ! Que doy-ie faire ? Tout m’ejl contraire, Près vofire veuè L’Amour me tué aux enfers Amoureux. , Et loing ie fuis Comme le Cerf qui bleffé fe retire Efperant de guérir, v. esloigner le lieu de fon martyre ; Mais fon vifte courir , : Pour . . Digitized by Google , DE NO EM Plus fort le I foule io5 E ; Son fang s'efcoule Son humeur prompte Plufofl Qui O le le dompte, contraint en peu de temps mourir. iujle Ciel ! Et ma priere. ma Dame, auffi, exauce f vous, Qui m’efles plus que la guerre guerriere, DeJloume\ mon foucy ! Aime% ma vie, Qui vous fupplie, Ou Donner dès cejle heure Fais que ie meure; mort ou l’Amoureux mercy! la Ou eft le temps ferain que l’Amour à fouhaid Viuoit paifiblement auecque fon Amante, Enuié de perfonne, épris d’humeur contente, S’entretenant toujiours de parole ou d’effaiâ ? Honoré de fa table auec vn doux attraid, Careffé bellement d’vne main ejlreignante, D’vn regard defrobé, d’vite bouche riante, parlans comme vn enfant de laid De petits mots Où temps ferain f auecque elle. Sans foufpçon des ialoux, au foir à la chandelle. eft le qu’il danfoit Qu’il ioùoit diuers ieux, ore au gage touché, Digitized by Google l’ahovr passionnée io6 A la chaffe, au propos, à vendre, à courfe prompte? quelque beau conte elle couché? Où ejl le temps ferain qu’ après Amour s’affeuroit d’ejlre auec Sacrilege Apojtat, infidèle heretique, Athée, Libertin, Sot, Epicurien, Pire cent mille fois qu’un barbare Payen, Tu continues donc en ton humeur inique ? Toy, qui deurois auoir la bouche Euangelique, Reprenant les erreurs, comme vn homme de bien, Chaffant de ton troupeau celuy qui ne vaut rien. Et feruir de miroir à vne Republique J Ceux là que Tu les veux, Il faut tu ne peux par effeâ diffamer. médifant, inceffamment blafmer. mourir, Iudas, puifque l’Amour l’ordonne ! Va! va te confeffer ; repens-toy de ton mal ! Par Dieu ! tu en auras deffus l’os coronnal, Tu feras plus que prefire, ayant double coronne. ODE De bonne pepiniere Leue le bon arbriffeau, De la digne ame guerriere, Procédé le Mars nouueau. la Digitized by Google , DE NOEXIE De l’Amour Vient De le 107 inuiolable pudique entretien, la fcience honorable Sourd la fource de tout Nous deuons à nos bien. Ancejlres Tout cela que nous auons, Puis à nos eloquens maijlres Le fçauoir que nous fçauons. Mais A la pomme d’or ejl deué cejle belle beauté: De De grâce ejl venué. la Cithere a flotté. là la Sus donc, Amants pleins d'enuie, Venej adorer fes yeux; Mais non faides, le vous prie Car il n’ appartient qu’aux Dieux. 1 En baifant ie fuis fi ioyeux, Efteignant ma douce furie, ie ne porte point d’enuie Que A la félicité des Dieux. Amoureux Ayant vne fidelle Amie, Quel heur égale En l’ beauté la plus accomplie, D’un illufire fang généreux ? Digitized by Google l’aMOVR PASSIONNER !o8 Mais cefie grandeur eft fafcheufe, A la grandeur me/me odieufe, On V accompagne nuiâ & iour. Combien de fois t’ay-ie mauditte Importune & ialoufe fuitte? Car folitaire ejl l’humble Amour. Pourquoy n’ay-ie de vous quelque lettre Amoureufe ? Hé ! qui a coupé l’aisle à l’Amoureux Poulet, Qui ioly m’apprenoit le lieu de mon fouhait. qui maugré les maux rendoit ma vie heureufe ? Et Vous couurireq cecy d’vne excufe menteufe, Difant que ie fuis loing, que ce ferait fubied De faire caqueter, & que, quand ie l’ay faiét, On le connoijl foudain à ma face ioyeufe. On ne fçait ou ie fuis, & puis vouleq-vous bien Que i’aye incejfamment le teinâ Saturnien? Peut-eflre vous aueq le naturel d’vn Prince, Qui ne fai£t plus d'ejlat d’vn feruiteur acquis. Dont fouuent (mais trop tard) il s’en repent depuis: Gardeq de faire ainfi, Amour mord qui le pince ! ma fafcheufe abfence, Tout le C’efl quand ie fonge en toy, Pouponne, mon foucy bon-heur que i’ay en Digitized by ! Google ; DE Tantojl De il N O EM me fouuient 1 B IO 9 d’vn courroux addoucy, nos brocars mignons, au ieu Tantojl il me Tantojl il me fouuient quand Sà la dance. fouuient de ta riche éloquence, Qui m’a rauy le fens, qui au feu m’a trancy, Mourans au doux combat de nous crions mercy, noflre iouyffance. Tantojl il me fouuient des efpions ialoux, De nos propos couuerts, que nul n’entend que nous De nos baifers larrons, de nos lettres dorées, Des fignes, des En regrets, poflesde nos ces profond penfers, le paffe ainfi, feulet, Faut-il abandonner pafmé en ma moitié defirable, Pour vn renom guerrier qui n’ejl Pour aggrandir les grands par La guerre Il efl ejl le Amours. ce difcours, mes heures defafirèes. qu’vn ombre vain le fer inhumain ? furjon de tout vice abhorrable l bon pour vn temps d’y paroijlre honorable. D’y perdre de fon fang & de fon beau moyen ; ren fuis efiropié, ien’y conquefie rien Qu’vn nom de Capitaine ores efpouuantable. Demande % recompenfe, on Je rid de vos Et fous vn beau-femblant on Je mocque Si la guerre efi finie auffi efl bien ta coups, de vous. gloire ; Digitized by Google , I l’amovr passionnée 10 Et quand tu ferois fainâ, on t’ejiime mefchant Donc déformais (Dvrbois) l’Amour eji ma viâoire ; AuJ/i qu’vn bel Amour va mon cœur recherchant. paix, fi nous auons la defirable faut fe refiouir, il faut coiffer Mignonne, faut ioûer, danfer ; mais il ne faut perfonne Qui parle de debas, de liure ou de procès, Viart, Il Il Sinon du paffe-humain, l’vnique Rabelais, Nojlre bon patriot’, que la gloire couronne. plaifir efl plaifant, fa bonté toute bonne A nous encourager aux defireux effaiâs. Son Mais il ne faut auoir en noftre compagnie Des mal-nais, des bigots, des foufeurs d’alquemie. Ni de ces vieux refueurs ialoux du temps paffé. Il nous faut Clavaison, dv Bovrg, dv Parc, la F vye. Blajan, Basmaison, Ponsonas & Dassés lors ie te diray les grandeurs de m’Amie. Mon * Et La vehemente Que ioye efprijl mes fens foudain i’apperçeus, mon cœur, la belle Noémie, Difnant en vne table opulamment garnie, Dont ie ne peus repaiflre, encor que i’euffe faim. le m’efforçoy affeq, mais las ! c’ejloit en vain J Digitized by Googl E DE N OEH I ! I I Sainct Ferriol, mon ame ejloit d’Amour rauie, Et craignoy qu’en ce lieu l’honnefte compagnie Ne defcouurijl l’ardeur de mon feu fouuerain. Ce fujl vn facré iour de l’Alteffe diuine. Ce n’ejl pas pour néant que Phœbus le domine; Par luy ie vy l’honneur de la gloire prifé. Mars vn an me priua de ce bon-heur extrefme ; Qu’euJJe ejlè donc au prix fi ie l’eujfe baifé? L'aife m’eujl transformé en Deité fuprefme Il efloit nuiâ, & ! la neceffxtè D’vn bel haqard, qui vient à l’impourueué, Charma les fens & aueugla la veué Du bon Vulcan parauant defpité: Si bien que Mars coucha à fon coflè, Et à celuy de fa Cyprine esleuë, Dont bellement de façon inconneué Il recueillit le doux fruiâ fouhaitté. Mon Dieu, que d’heur! quelle grande fortune ! De voir, maugré la rancueur importune, Mars fans foufpçon des chaifnes de Vulcan, Eflre près luy, & nud près de Cythère. O que Venus force bien fon contraire, L’ amadouant d’vn inuifible ahan ! .3 Digitized by Google , lit l’amovr passionnés CHANSON Déformais ie Aux fuperbes le veux, ie ne veux plus ejlre lieux frequente q; veux aux champs paroifire, Laiffant les Palais habiteq. Parce que l’Amour enfantçon Se plaifl en vn ioly biffon. aux beaux deferts folitaires Que l’Amour marche ajfeurément ; C’efl Là Ne les babillars volontaires peuuent diffamer l’Amant, pourquoy l’Amour enfantçon C’eji Se plaifl en vn ioly biffon. Là les ialoux n’ont pas puiffance De fuborner le beau defir, Là l’on reçoit la iouyffance Sans auoir trifle C’ejl pourquoy defplaifir. Là iamais perfonne n’efcoute Ni les plaintes, ni les regrets. Là les Amans fans nulle doute Peuuent éuanter leurs C’ejl pourquoy fecrets. Là le doux peuple ejl fans Et fans fainte corruption, Il n’ayme point par malice artifice, Mais d’vne entière affeâion. C’ejl pourquoy \ Digitized by Google Vous efpris d’Amoureufes fiâmes, Voye 7 le buiffon fleuriffant Ou demeure l’honneur des Dames, Par qui le plaijîr va naiffant. C’efl Se Et pourquoy l’Amour enfantçon plaifl en vn ioly buiffon c’cfl ; pourquoy chacun toufiours belles Amours. Bénira mes SONNET EN VERS LYRIQVES L’Amour L’Amour L’Amour L’Amour efl fier en fon langage, efl fier à ejl fier en fon maintien, l’entretien, efl fier en fon vifage ; L’Amour efl fier en fon paffage, L’Amour efl fier en fon moyen, L’Amour efl fier en fon lien, L’Amour efl fier en fon feruage ; L’Amour efl fier L’Amour efl fier L’Amour efl fier en fon efprit, en fon efcrit, en toute chofe, Fors en fa mort, qui promptement (Par efirange metamorphofe) Rejfufcite gaillardement. , l’amovr passionnée: 4 ODE ma peine s’accoife EJlant au beau bout du pont; le n’auoy veu cinq ans font La delicieufe Amboyse. Io, Dieu vous gard, chere patrie, Bon-foir, riuiere au long cours, Que honore en mes Amours eau qui me glorifie. i’ Comme Car ie croy ton onde, ô Loyre, Eflre vn beau fleuue diuin. Défia le braue Angeuin L’a rendu affeq notoire. Pour le le voy croire dauantage le Pleffis Preuofl, Qui, d’efprit & de cœur haut. Fait admirer ton riuage. Tout de mefmes ie n’ignore Que par moy, Lasphrise, vn iour, En l’honneur de mon ^imour On t'eflimera encore. le n’vfe de vanterie Qui ne foit digne de los, Dont les iniurieux fots S’y perdroyent en mocquerie. Digitized by Google C'ejl donc pourquoy ie me loué, N’ayant des mal-nays foucy, Reconnoiffant bien aujfi l’habille m’en aduouê. Que Et que mille dodes âmes, Mefmes après mon trefpas, Où l’enuie ne mord pas, Béniront mes douces fiâmes, Et comme en Pèlerinage Iront voir mes champs fleuris, Remportons en leur pais De ma fleur pour tefmoignage. C’efl de la Noemiette L’Amourcufe d’Apollon Tantojl perfe du rayon, Puis blanche, Et & puis vermeillette, en regardant Lasphrise, (Fief de baffe valeur) de bien, beaucoup d’honneur, Peu Me donneront pour deuife. Fameufe Loyre féconde, Par moy ton los s’accroiflra ; Un peuple eflranger boira En Touraine de ton onde, Ou de la liqueur diuine Sourdante en fon bois tortu, i l’amovr passionnée 16 Qui excedc De la la vertu fource Cabaline. Amboyse, ville iolie, Par là tu t'agrandiras, Et après mille ans feras Honorée de ma vie. CHANSON Si c'eftoit Que ie d’aujourd’huy folia /Ire fuffe vojlre idolajlre, Vous pourrie\ De bien me foufpçonner ne vous affeâionner. Mais quoy? le temps qui tout expofe, Le temps maijlre de toute chofe T’a peu apprendre mon humeur, Qui ejl Ha ! La ie depuis dix ans ton heur. defcouure ta fineffe. ialoufe fureur foppreffe, ejl plus attirant Dont l’Amour Feignant aufft la là, ie t’en baife, Cour ma d’vn grand. Belle, Mais ne fonge en ardeur nouuellc. Les vieux Amis & les vins vieux Sont ceux-là qui valent le mieux. Digitized by Google ; DE If O Que feray-ie, Billard? Pour demeurer content EU IE Jl 7 quel pais doy-ie eslire le refte de mes iours? ray dans le champ Manceau mes premières A mours Dont l’adorable honneur fainâement me foufpire. En ma chere Touraine me Nymphe m’admire Sous l’air Parijien l’on m’afpire toufiours; En Bourgogne vn bel œil, lumière au doux fecours, Fauorife mon le feray Cœur que comme on ce vainqueur deftre. void les deuots Pèlerins, Qui dans vne fore/l trouuans plujieurs chemins, Suyuent la plus grand’ voye (&fujl-elle doutable). Mais quoy? mes Dames font efgales en beauté. Quelle guerre chef moy ! paix ! le fort ejl ietté Pour celle qui m’a faiâ plus de plaifir aimable. Digitized by Google , CES ST cA DE LA DELICE D’A MOV R A MONSIEVR DE MAVG1RON Toujiours auecques Mars ejl Ta belle Venus, Dont récréant l’orgueil de mes trauuaux connusr Paladin, Il ie t’enuoye vne Delice exquife. faut que l’œuure foit conuenable à l’ouurier ; es Amoureux beau, tu es braue guerrier, Tu Tu mon Maugiron & es ie fuis ton Lafphrife. Dy-moy donc Eraton, gloire de mon tourment. Quel tu voudrois choifir l’ejlre de ton Amant, Et les perfections d’vne aggreable Amie? Toy qui m’as tant de fois, deffus le mont iumeau r (Interprété des Dieux) abreuué de ton eau, Faifant que d’âge en âge on beniffe ma vie? Quand Qu’il il e/l entre en TAuril de fes ans, plus aggreable le ne regarde point s’il Encores que ce bois efehauffe Et quiconque fe Ne c’ejl aux Amoureux a de la alors accors; richeffe,. le foyer ; plaijl en ce plaifant me/lier r fouhaitte rien tant que la gaye ieuneffe. Digitized by Google , ug LA DELICE D'AMOVR Tous hommes naturels aggréent à mes yeux, Mais de tous les eftats celuy que i’ayme mieux C’ejl le vray Paladin, qui ioind l’efpée au Hure, Il me defend tuant, fauorifé de Mars, Et puis me perennife en mille S mille pars, Par luy feul feulement gay’ment ie puis reuiure. l’abhorre entièrement Vinfidelle flatteur, Mais pour plus enfeigner les fouhaits de mon cœur. Je veux que mon Amy foit de moyenne taille, Encor que Sa Et le petit me cherche (Tvn cœur haut, colere ejl trop prompte, le Mon grand ejl il fe tué à l’affaut, trop long à mourir en bataille. mignon fera donc d’vn poil blond bruniffant. Son front grand, esleué, d'vn marbre blanchiffant. Son œil verd bien fendu, fon oreille bien ronde, Sa bouche bien petite, enfournée d’œillet, Son menton court, fon ne f traitif ajfeq longuet, Au moulate camard mon cher defir n’abonde. Son teinâ fera vermeil, plein de graue douceur. Son vifâge riant, grajfelet en rondeur, Son col accourciffant , fa taille bien carrée, Ses bras longs & chamus, fa main longue & fes doigts. Sain, allaigre, difpos; mais Que fes reins foyent garnis le ie veux veux qu’en plujieurs lieux mon D’vn beau poil crepelu, poil que Comme m’aduant-courant Et principalement ie le toutesfois d’vne force ajfeurée. Amy foit ombré ie tiens facré, doux fruiâ que ie cueille veux que fon menton Digitized by Google ;) LA DELICE 120 Aye vn petit duvet d’vn blondoyant coton. L’arbre eji bien mal plaifant quand il n’a point de fueille. Ofcroy-ie oublier ce que Le fregon de mon four, Mon ie veux fur tout, baflon qui n’a qu’vn bout, mignon boute-feu de ma flame amiable, Lithiphale gaillard qu’il ne faut amorcer, Qui fans careffe peut vn monde carejfer, .De grandeur naturelle, & de grojfeur femblable. Toufiours prompt, vif, ardent, ayant vn fang altier, Et deux braues tefmoings, pour me certifier Qii’il ejl prefl, bien en-poind , gonflé d’ardeur fécondé. Encores que fa forme enfeigne fa valeur, Son chef, fon front, fon ne?, n’efl-ce pas vn beau .Qtti fans le le ceffe combat veux appeler le la cœur * plus grand part’ du monde. doux-merueilleux Dieu; Car il brusle la glace, il englace le feu, Et fait changer la flame en vne onde plus douce Par fes pleurs il fait rire & viure en vne mort, Par fa guerre il fait eflre en aggreable accord, Et cfl plus gracieux alors qu’il fe courrouce. Or pource que l’on did mon cœur inajfouuy, iamais vaincu d’ allegrcffe rauy, (Qui plaind maugré le bruit les funejles encombres Mon cœur Il fe contentera lors que l’aiguillon doux iour trois, cinq, ou fept bons coups, Le poindra chaque C’efl toufiours au premier qu’il faut Oultrc cela veux cent baifers doucereux, ie les premiers nombres. Digitized by Google , d’anovr Comme feurs 12 pojiillons des plaifirs I Amoureux. Communément le pain s’enfourne par la bouche? Fm baifer bien donné vn baifer bien reçeu Baille l’eau au bruslant, baille au frilleux le feu ; , C’efl le cher compagnon de ma belle efcarmouche. Mille beaux petits noms naifuement nommés, Mille brocars mignons de ioye furfcme q. Il me dira fans ccffe au milieu des allarmes; Auec vn doux fupport attendant la liqueur. Qui fait enfemblement viure & mourir mon cœur, Il temporifera prefl à rendre les armes. !» le ne defire Comme pas que l’on cueille Ni comme vn courtifan Au mon fruicl, vn peuple ignorant dedans l’ombreufe nuiâ. folitaire bois, tant à la defrobée, au gafouil des oifeaux. me plaifl fort le iour, & le foir aux ruijfeaux, La Royne de beauté nafquit de la marée. Il Là mon plaifir me guide employant bien le temps Et fi ie temporife, alors c’ejl que i’attens Le beau flot Amoureux de la marine enflée, Là ie vaincqs le vainqueur, & là fuperbement, Adextre au jeu d’aimer, par vn beau remu’ment le me perds, ie me meurs, en fi douce meslée. Quelle aife penfeq-vous que ie reçoiue après, Quand léuente hardiment mille dignes fccrets, Et mille ardens foufpirs mejjagers de ma flame. Baignant de pleurs joyeux ce gracieux fejour. Quand en mourant ie vy au paradis d’ Amour, Digitized by Google ; LA DELICE 121 Sans redoubter Le braue chef l’orgueil d’vn ofl, du lafard porte-blafme? bien qu’il foit nay foldat. Ne fe met au péril d’vn hasardeux combat, ejl proprement fauorable ? Le digne Amant ne doit doucement embrajfer, Ni ioindre ejlroiâement pour mieux la carejjer. Si la place du choc ne luy ejl fauorable. Si le champ ne luy le n’aime ces recoins tant efpieq par tout, Où Où plus communément on bataille debout, ne s’ efpreuve point ma douce-vnique enuie Si au commencement l’occajfbn s’offroit, l’ejlimeroy vn fot qui la refuferait, choc dejire ejlre rauie. La femme au premier Cejl amas fomptueux de ieunes Courtifans Diffame ma beauté, richejfe de mes ans, Et penfe recevoir vn honneur de ma honte, Après qu’il a iouy il me jette vn brocard, Et fi veult que l’Amy en aye quelque part, Faifant toujours de moy quelque fot petit conte. Or donc, monfauory, mon Ame, mon Mignon, Sera de bonne foy , fera bon compagnon, Prompt à executer, ajfeq lent au langage, Bien appris, bien nourry, bien conditionné, Et, encore qu’il fujl pauvre ou infortuné, le ne laijferay point de luy faire auantage. Voylà comment L’Ame de ma ie belle veux mon digne feruiteur, ame, S le coeur de mon cœur. Digitized by Google D’ A MOV R 12 3 me plaijl maintenant de dépeindre l’amie. Quand ce Dieu clair-voyant, ce pere liberal 11 A par dix 6 fept fois reueu le iour natal D’vue gaye Beauté, elle ejl d'âge accomplie. veux que l’Amie ait vn bel efprit Jubtil, Orné de la fcience, vn courage gentil, Vn mignard entretien, vne plaifante audace, Vn accueil accojiable, vne humble priuauté, Vn langage naïf, voire vne maieflé, Regente des douceurs d’vne fi bonne grâce. le Ma Mignonne aura donc l’efprit bien auifé, Qui ne fera iamais fottement déguifé, Qui ne laiffera point le vin pour le vin-aigre, Pour la fueille le fruiâ, pour la paille le grainPour l’efcorce le bois, pour la perte le gain, Et qui ne languira fe pouuant rendre allaigre. Elle aura fur fon chef, feiour de la raifon, Vn riche poil luifant, pretieufe toifon, Treffe qui librement volera blondoiante, D’vn or efparpillé, long, efpais, crepelu, Frifotté, délié, hanelé, houpelu, Vagabondant toufiours en onde flot-flottante. Son front, Jiege à l'honneur, fera grand & polyr Arrondy, large, plein, fans fronceure, fans plyr N’eflant chargé du poil qui la te/le enuirome ; Il fera de crifiai reluifant comme l’eau, Roufeyante au matin, au plaifant renouueau, Quand on y voit ioûer le clair fis de Latonne - Digitizad by Google . 1 LA DELICE 24 Son aureille bien ronde, (O beau S '• fufil d’ Amour!) ie bien petite aujp, veux que fon fourcy Soit noir, fort délié, fait! en voûte iolie, Ayant bonne dijlance entre les deux, afin Que l’on puiffe connoiflre Meffager de vn prefent fi diuin, Iris de la pluye. mon but, comme le ne veux oublier l’aflre de fon bel œil, Qui ejl affeurément le iour de mon Soleil, Qu’il fait doux, pénétrant, grand, esleué encore, Attrayant, rond, fendu, bien gros bien ouuert; Mais ie veux par fur tout qu’il foit toufioursbien verd: Le verd efl plus plaifant que n’ejl la couleur more. Rien que fur fon fourcy le noir ne fe verra, Qui comme vn fil de foye en arc apparoijlra. Pour donner luflre au teinâ de fa face albajlrine Où feront les œillets ndifuement fleuris, Rofes & de Lis, machotte ayant le defir qui m’incline Vtie riche moiffon de Que ie Son vifage que i’aime & que i’ay bien esleu, Sera fait en rondeur, graffelet, pommelu, Humble-graue, riand, plaifant à l’abordée, Surfemé d’vne honte où l’honneur efl gardé, N’eflant iamais chagrin, foucieux ni fardé. La beauté n’ejl pas belle alors qu’elle efl fardée. Son nés fera traitif, d’vne tendrette peau, Et nullement Ne voûté, fort ejlroit du nafeau, tenant rien de l’air de l’orde punaifie, l’abhorre cefl ardeur infenfible au dolent ; Digitized by Google , SS f d’amovr Car Ne 123 de Mariolaine ou parfum excellent fçauroit empefcher fi. grande villennie. l’eau bouche de m’ Amour fera pleine d’att raids, (Grande comme fon œil) mejfageant les doux traiâs, Si bien que fans parler la Belle reprefente Vn baifer colombin, le doux auant-coureur. Sa leure vnpeu grojfette aura telle couleur Qu’vne rofe de May fraîchement fioriffante. La Après dans cefie bouche, amorce de mon bien, Qui belle (fors que moy) ne fouhaitte plus rien, On y verra deux rangs de luifantes perlettes, Rangs fi bien arrangeq & fi mignonnement Qu’auec la bonne odeur de cefi embouchement, L'Amant trefpajera gros de fiâmes fecrettes. Son menton fera rond, court, fojfelu, ioly, Mignon, mignard, poupin, frais, blanc, douillet, poly, Vn peu haut pour monfirer cefie gorge marbrine, Qu’on verra tout ainfi qu’vn beau laid cailloté. le la veux grojfe, grajfe, en molle dureté, Et fon col affeq long borné de fa poitrine. D’vn beau marbre amolly elle aura fes deux bras, Qui feront gros & longs, fort douillettement gras, Sa taille carrée, haute, où fe campe la gloire, Sur fa main on verra le beau Lis fleuriffant, Qui polie fera longue en efireciffant ; Ses doigts bien délié % tous entourneq d’iuoyre. Large & blanc comme neige on verra fon beau fein. Digitized by Google , LA DELICE ni6 Digne couche facrée où ie repofe à plein. Et pour mes oreillers, quand difpofant ie veille, le veux ces deux tétons petits freres iumeaux, Durs, albafirins, douillets; pour les rendre plus beaux, le les veux emboutis d’vne fraife vermeille. Je veux qu’à l’entre-deux de ce marbre voûté, Soit vn large ruijfeau nullement fréquenté, (L’adrejjfe du chemin de ma douce fontaine) Et pour ne s’ efgarer fur le milieu i’y veux Vn nombril, petit œil, miroir délicieux. Comme prochain parent de l’ardeur qui m’ameine. Son beau ventre arrondy fera bien potelé. Gras, poly, tremblottant, né pour ejlre foulé, Toujiours ferme & gamy de beauté deledable, Vne motte ajfeurée, approchant le beau but, Par qui tout le monde eft, par qui toufiours il fut. Bornera les attraids de ce ventre amiable. qu’ Amour a referué bas de fon vallon, vn peu haut esleué, Ce globe audacieux Au Pour mieux me maintenir aura vne tranchée De tres-petite garde, où le doux ennemy Sera trouvé vaincu, pafmé, voire endormy. l’enfant oyfeau ait nouuelle bechée. Pour que qu’elle porte, heureufe, vn fruidage fi beau le combat ne fufi point fi nouveau, (Nouueauté pajfe-temps de l’amoureufe enuie) Si fait-il bon pourtant l’animer à l’ajfaut, Si elle eft en bon poind (delice qu’il me faut); Lors Encor que Digitized by Google , D* Car elle A M O V R »»7 a plus d’ardeur, ejjence de la vie. Mais depuis qu’on l’a veuè vne fois reclamer Lucine à l’œil piteux, ne parler plus d’aimer ! Si vous voulez iouir de ma delicatejfe, Les poudres, ni les bains proprement compofej, Les receptes, les fards finement déguifez, Ne la fçauroyent garder du goulfre de largeffe. veux tel le connin de mon gay iardinet, Mignon, mignard, mouflu, esleué, ferme, net, le Petit, gros, rebondy, couuert de blonde foye, Que Car ce terroir dedans foit toufiours fec & chaut ; tant plus on le baiche & plus beau, mieux il vaut. Aux champs marefcageux l’Amour n’a point de Hà! folaflre terroir! honneur de Quiconque labourre auec ces Ne te ioye. mon pourchas, doux appas, voudroit ejlre au Ciel vn domte-dieux fuprefme : Car outre vrayment Qu’on reçoit par les flots de ton beau mouuement, On a mille autres biens que ton pouuoir nous feme. la delice ineffable Pluflofl on contera les bejles, les oyfeaux, Tout le peuple muet qui efl dedans les eaux. Les fables d’alentour que Von fçache le conte Des careffes, des biens que ce petit mignon (Duquel l’honnefleté me defend le vray nom) Fait couver, fait efclore auec fa douce honte. Par luy, en follajlrant quelquefois dans les draps Son Amoureux s’ efbat gayement bras à bras, Digitized by Google ; LA DELICE 128 fucçotte fa bouche, où le bafme s’enferre, fon œil (digne flambeau des deux), Efcratigne, s’allonge auec defir ioyeux Il manie amorçant le fucre de fa guerre. Il Il baifotte Dieux ! quel plaifant plaifir ! mais quel foulas entier, Quand heureux il fe void au milieu du brafier, Mignottant, frétillant, à petite fecouce, Quand fa Dame fousleue auec agiles bonds, Comme vne fource fait fautiller les fablons, Et quand chacun fe meurt d’vne fiebure fi douce S’il lui plaijl redoubler ce Defirant s’enyurer en ! gracieux accès, fi gentil excès. va becqueter fa bouchette empourprée, Fleurotter ce beau teinél à l’Aurore pareil, Il s’en Et morçurer goulu Chatouillant le ce teton, ce bel œil, chalant de fon ame altérée. Sa Maijlreffe a auffi belles inuentions Pour r’ entrer au combat de fes affeâions, Où l’aggreable Auril inceffamment fe voué ; Ores d’vn coup de pied la mauuaife l’affault. Ou d’vn bec tourterin, s’efueillant en furfault. Sans la friande amorce vn bon canon ne ioüe, Encor qu’il foit gentil toujiours prompt au combat; Mais le plaifir s’augmente & le cœur au foldat. Quand il oyt le tambour meffager des allarmes. Ainjt quelque Jignal d’vn doux attouchement, Quelquefois d’vn fommeil déguifé finement Efl fort délicieux aux Amoureux gens d’armes. Digitized by Google q ï’axovj i»9 Bien fouuent, affouuy des douces volupté le rendent plus dieu que les diuiniteq, Qui meJure fa cuiffe où l’iuoirc fe treuue; rondement grojfe, on n’y fent point les os, rocher, abois des fâcheux flots. Bien-heureux eft l’Amant qui telle chofe efpreuue ! Il Elle eft Ferme comme vn il petrift, poujfottant fes genoux Qui font mignardelets, délicatement moux, Puis ores Ores il fraye vn peu la greue de fa iambe, Bien longue, bien vuidée & bien eftroiâe encor, Et ore, en gaudijfant, Ce petit pied douillet colonnel de Et puis quand le il chatouille bien fort fommeil, le fa flambe. pere du repos. Les accable tous deux, incontinent difpos Se r’ attaquent Maintenant le encor, non d’vne mefme forte ; deffous fera plus haut monté, Ore il baife la couche, ore il eft de cofté. Le chantre ne vaut rien qui ne dit qu’vne Il notte. fuit les nouueauteq, l’inuention luy plaift. Vous, Amants fortune^, approche q donc d’où defir fucrin qui braue emparadife, Defrobeq librement, allumeq voq flambeaux, Parmy ces ieux facreq, délicatement beaux, E t lors vous benireq fi douce friandife. eft Le beau A dore q donc l’Amour, & en toute faifon Que chacun m’ait, heureux, au feft de fa maifon Nouueaux venus, vene% folaftrer dans fa couche, ! Langottant mignottej, mordille f fucçotant, 9 Digitized by Google LA DELICE d’aMOVR tio Baifotant riotez, babille z combattant, Et mourez glorieux en fi belle efcarmouche. Ores dedans vn champ tapijfé de verdeurs, Ores deffus vn liât paré de belles fleurs, Voire mefme en plein iour auecques torche ardente ; Frifottez, pignottez, tortillottez cefi or, mon feu, pillottez mon threfor, L’amorciliant toufaours d’vne ardeur alléchante. Encendrillez Digitized by GoogI SONNET A MES ENIGMES que ï offre A MADAME DE BEAVVAIS Joyeux Que Aile Voir ie NANGY mes douleurs tragiques. Royal champ de Mars, mignonnement gaillards, efbats en reçeus au volez la beauté des Dames Héroïques. Sortez du camp, mes vers Enigmatiques, Et ne craignez les dangereux hafards, Ni de la Cour les in/olens brocards: Telle grandeur dejlournera leurs piques. Si toute France auoit Il ne Ji dode e/prit, faudroit expliquer nul efcrit, Dont feriez mieux confidereq encore. Bafle, marcheq, la peine eft vn plejir, Quand on va voir le but d'vn beau dejir, Sans qui l’honneur de l’honneur ne s’honore. LES ENIGMES W m CAPITAINE LAS PHR1SE Ejlant couchée en foule, ejlant couuerte toute, Elle ondoyé ejchauffée au maslefeu nouueau, Effrange effcâ qu’vn feu face fortir vne eau. Qui par la roide queue entièrement s’ efgoûte. EXPLICATION C'elt quelque herbe que l'on met dans vn & par l’ardeur du feu il en diftille de l’eau goutte à goutte par la queuê de la chappelle, qui eft de plomb, & qui, encore qu’elle foit courbée, ne lailîe pa6 d’eftre roide alambicq, & forte. le mets fouuent le Roide entre les De piquer befongnant ie fay deux velus, voir les cornus. vn bouuier qui charroye tous les iours, pour ce faire il faut qu'il etelle & qu'il C’efl & Digitized by Google ENIGMES mette tymon le 33 1 entre fes beufs velus de na- & eftant à fa befongne charroyant pique de fon éguillon, faifant plus voir ture, il les ainfi ces belles cornues. Quand dans le La foye fe rebouche Mais on ejl fi Qu’on fait trou aiueux mon grand manche ioyeux S la reuerence, C’eft quelqu’vn qui & fait fou La multitude qui veut de aux grandes goutte, & & villes efl aife fait lors treffaillir. met vn afpergès dans benellier, dont la foye fe rebouche, l’eau. ie boute, quelquefois dégoûte. lors qu’on fient l’eau iaillir, dans & le dégoutté l’eau benifle en fentant quelque l’Eglife la reuerence, quand on en donne à quelque éuenté, qui entrant brufquement en l’Eglife n'y aucunes fois fonge pas, cela le fait tressaillir. 1 Mon fruiâ eft fiplaifant que la plufpart le prifie, Les illufires feigneurs, les dames, les plus grands En font plus que tout autre amoureux et friands, Aufifi que ma douceur femble entre toute exquife. Apollon le crinu fouuent Encores que fon fils Me & me La Cour ne laiffe fauorife, tous fes adherans veulent mefprifer, mais pour pas d’aimer les mefdifans ma friandife. Digitized by Google ENIGMES 34 1 Mefme l’homme plus fainâ la daigne bien prifer. Quand mon temps eft venu l’amy me vient baifer, On me met deuant luy auec rejiouyjfance. il me fend foudain, mais quand le bon morceau EJl entré dans le trou , on fent vne douce eau Qui fait ioyeufement changer de contenance. Puis C’eft vn Melon, que la plufpart du monde aime, mefme les grands & les Dames: fa douceur ell des plus aggreables, l’ardeur du foleil meilleur, aufli aux pays chauds valentmieux. Les Médecins & Chirurgiens n’en le fait ils veulent que bien peu vfer & le défendent, di- fans n’etlre fain, qui ne peuuent pourtant faire mange beaucoup, mefme les homque mes d’Eglife quand la faifon e(l venuë. On l’on n’en connoifl fa maturité à le baifer au cul. Celuy qui aime en fert, & quand le Melon efl fort aife quand on luy & foudain de fon coufleau le couppe, en a vn bon morceau dans la bouche, & fent fondre la fauoureufe eau, il ne fe peut tenir qu’il ne face quelque gefte d’admiil ration ioyeufe. l’ay tant branslé le le nefçay quoy de cul que fen A force de ay mis dehors blanc, dont la vie eft conneué. Cefte effence deuient liée, efpaiffe, accreué, lafcher la matière en fon corps. Digitized by Google ENIGMES Le fec efl liquidé Du gros membre En vn commode D'où l’on la fort par l3S les frequens efforts mouillant la chofe toute nue, lieu de fon long efiendue, plus molle en barbouillant les bords Voulant fentir foudain la grande ftdme ardente, Dans vn fendu obfcur farfouillé fans attente, Pour »’ aigrir, pour ne perdre vn bien qui efl fi doux Lequel auec le temps qui toute chofe apporte, Vient à perfeâion fi defiré de tous. Que la vie fans luy fembleroit efire morte. C’efl & vne perforine qui ne peut faffer ou faffe de bonne farine, blufler fans bransler le cul; ainfi la fleur blanche fort du faa, & d’elle nous fommes nourris ; eflant meslée auec force eau elle fe lie, s’efpaiffifl & s’accroît. La farine qui efl feiche deuient liquide, par les bras qui paiAriffent & qui font la pafle, qui efl eflen- due dans la met, d’où l’on la fort plus molle, quand elle eA leuée, &, laiffe du radon aux bords. Il faut la mettre promptement dans le four chaud, que l'on fourgonne & efcouétte foudain, craignant que fi on lailfoit trop leuer la pafte, elle ne fuA trop aigre de leuain, pour ne perdre vne chofe qui efl û bonne, qu’eflant bien cuitte vient à la perfection, fans qui no Are vie ne pourrait viure. Digitized by Google ENIGMES i36 au mois d! Amour celle que t'aime tant. Puis le bout de fon ventre efperant ie manie. Et remuant le cul de rendre a telle enuie. Que prefque fans toucher fon cas va dégoûtant. le prens Quand l’injlrument ejl plein le leue le beau linge, & au après tout chaudement trou de ma vie Je lafche tellement qu'elle en ejl refraifchie. Et la fait fommeiller quelquefois longuement. Puis mon cœur, enuieux d’vne fi douce chofe, M’induit foudain encore, & maniant ie pofe, Quelque chair rongnonneufe en lieu vieil ounouueau, le dur, & d’vne humeur liquide en faquant fort vne chofe folide, le r amollis l’en fay Qui efchauffe le fang S r’allonge la peau. vne femme qui tire fa vache au mois de May, où le laid plus abonde, qui ayant C'eft efperance d’auoir du laid luy manie le pis, & la vache fe remue, & eft bien aife qu’on la car fes trayons dégoûtent quelquefois fans tire, qu’on la touche eftant bonne laidiere. Quand la vachere a emply fon tiroir elle en aualle quelque efculée, fi bien qu’elle s’en refraifchifl & s’en endort fouuent: car le laid eft froid, & fait dormir ; & après celle mefnagere le fait tourner, mettant de la tourneure, qui eft dure & l’amollift, la mettant au pot, & l’ayant efcremé, faid quelque fromage, puis de la creme qui eft mollej en la battant fort dans la baratte. Digitized by Google INISKES elle en fait vne chofe ferme, qui lequel efchauffe le fang, la peau, cela la ramollilt r?7 eft du beurre, & quand on en graille & l’allongne mefme le frais. Quand ie pen/e au plaiftr que m’afaiâ mon efpouxr le mets vn bout de chair dedans fa chair fenduë, Nature m’y contrainâ ejlant de ioye efmeué, le ne puis refufer vn office fi doux. Quand ce que i’aime plus efi près de mes genoux, que m’ efchauffant bellement ie remué. Q’efi lors Je l’embraffe Et toufiours fur par iour, bien le que ie fois vefiué. bout s’appaife le courroux. Car il en fort vn fuc qui efi plein de merueille. Ce iufifait efueiller, & fait que l’on fommeille, Qui le baille efi fort aife allégeant fon defaut. Mais quiconqne reçoit l’efi encor dauantage, Cela luy donne vie, & fi porte dommage: Car qui en prend par trop a vn efprit lourdaut. vne mere nourriffe qui aime fort fonà toute heure penfe à luy, & donne à teter à fon enfant qu’elle aime de douce nature; elle le tient quelquefois près de fes genoux; remuant l’enfant auprès du feu, tout le iour elle le tient embraffé, & quand il crie elle luy baille le bout du tetin ; fon laid, quand C’efl. mary, & Digitized by Google ENIGMES i38 U fommeilleroit, l’efaeilleroit, & La mere ayant beaucoup de laid d’eftre tetée, cela l’allege, encore plus, car cela que mais le nourrit! l’endort. fi eft fort aife l’ ; enfantçon il eft vray qui tette trop longtemps en l’enfant eft plus lourd. Quand on me void durable & propre en diuers lieux, lefuisfaiâ parperfonne au meflier bien fçauante, Qui me maniant fort de fa main diligente, Rend dur ce qui eft mol afin qu'il entre mieux. aux Amoureux, ma queuê a quelque beauté luyfante, ma petite fente le fuis plein, bienfourny pourplaire L’honneur de Auffi veux-ie vrayment que En aye tout autour de fon trou gracieux. Amis de Nature,. Qui s’affroidifl foudain par la gente ouuerture, le conferue l’ardeur des Mefme auecques l’Auril des follaflres mignons. & du cul vn chacun me mefnage. Qui en ioué à la Cour en payant bien l’ouurage Reçoit communément plufieurs bons compagnons. De la poinâe G’eft foye vn bouton & ou enrichie de vne boutonnière ou de d’or ou d’argent, qui fil eft faift par les maiflres en ceft art, ligence de la main coton dur pour le eft où la di- où l’on rend le mieux entrer. Il faut requife, faire Digitized by Google que le bouton foit bien plein poureflreachepté de ceux qui propres en veulent de beaux, que fa telle foit bien couuerte des enrichiffemens fufdits, & la boutonnière de mefure. Cela garde la chaleur de l’homme ellant boutonné, & fe déboutonnant il n’ell li chaudement; fut-ce les plus ieunes qui fe deboutonnaflent, ils fe pourroient quelquefois morfondre. De la pointe & du cul de l’efguille on le mefnage, le r’ac- quand il ell rompu. Qui faiét de beaux boutons à la Cour, li on le paye bien, il a beaucoup d’accouciers. coullant Vn mot de ma vertu que la vertu reclame Fera foudainement connoijlre qui ie fuis, On diâ l’or tout puiffant, mais plus que luyiepuis Efiant falubre au corps & falutaire à l’ame. L’or eft materiel, moy de fubjlile flamme, Et fay peupler le monde aggreable à Cypris, Le propre à mon humeur c" eft la ioye & le ris, Ma douce iouyjjance endort l’homme S- la femme. refgare les mal-heurs, ie fuis beau nompareil ; Quelle aube efgalera mon teind blanc & vermeil ? Sans moy toute delice ejl vne pauure chere. Mon terreftre eft celefte, hardy, braue, inuentifV alors vindicatif, Mais à qui me gourmande, le deviens furieux & le brusle en colere. ENIGMES 140 C'efl le vin que tout le monde ellime, qui beu en tempérance elt fain au corps humain, pour l’ame le ligne du fang de nollre Sauveur Iesvs Christ. L’or elt pefant, luy chaud & & fubtil, qui incite le jeu d’ Amour, qui fait dormir, qui refiouyll l’affligé, qui n’a point de femblable, qui elt de couleur blanche & vermeille, Il & elt diuin, d’inuentions trop, il fans vin bonne chere ne fe fait. prouocque la hardielfe, elt plein mais à l’yurongne qui en prend ; luy brusle le foye accourciffant fes iours. Bien que ie fois petit, fi fuis-ie aimé des grands, commun gros & long me defire, Mais pour fembler plus doux on me tourne, on me vire, On me touche, on me frotte auant qu’entrer dedans. Toutesfois le Efiant là ie m’enflamme & amortis mes fens, Dont i’ amoindris beaucoup, & fi n’en fuis pas pire, l’entre en ce lieu bien dur, bien mol on me' retire, Et rendant vne humeur aggreable aux aimans, l’engendre quelquefois, mais cefie geniture Caufe vn vifâge honteux, vn brocardant murmure, Dont on la defauoué, helas ! le plus fouuent. En diuerfes façons on iouyfi de ma vie, Mefmes les animaux en pajfent leur enuie, Et fi toufiours mon bien fe conuertifi en vent. Digitized by Google ENIGMES * 4 * vn Naueau, qui tout petit qu’il efl, efl aimé des Seigneurs bien que la populace l'ai— maft mieux gros pour le bien manger il le faut rafcler, frotter, & lauer auant que le metC’efl ; dans tre le pot, s’amoindriflant, & bouillant là il s'efchauffe, n’en eftant pas plus mauuais. met dur au pot, on l’en retire mol & rend vn bon bouillon, qui plaid à ceux qui aiment les Naueaux. Ce qu’il engendre le plus fouuent c’eft vn pet, qui eft chofe que ceux On le qui le font rougiflent On mange des de honte & le maux en & d’Inde, defauoûent. Naueaux diuerfement beurre, à la mouflarde, fricaffez, repaiffent , comme & porcs, les , au ani- poulets fon aliment objecte force ventofitez. On me cherche beaucoup afin de m’empongner, Et lors que l'on m’empongne on me voit dédaigner, Mais fi l’on ne me trouue on n’a fi grand liefie, Et fi de m’emporter auec foy on ne laifie. vn poux ou vne puce que l’on eflaye à on les iette comme chofe ; les tenant on ne les prend, la perfonne n’en efl fi à fon aife parce que telle vermine la pique & mord, ne laiflant de l’emporter auec elle. C’efl prendre fale ; fi Quand le long infirument entre en mon trou barbu, Digitized by Google , ENIGMES 142 En langottant & le remuant dru flux auec rumeur fi douce, que i’en touffe. ie faufile, le lafche quelque Que l’on s’en reiouyfi encores C’eft vn homme qui met vne flutte dans fa bouche barbue tout autour, & faut que pour en bien ioüer il remue foudainement les doigts, ne fe peut faire ainfi qu’en foufflant & ianla faliue; quiconque il ne lafche de entend le doux bruit & doux fon fe refiouyft: mais de la peine qu’a le ioûeur il en touffe & gottant ordinairement. On me treuue douillette en ma tendre ieunejfe On iouyfi de mon corps, voir fans me defpouiller; Mais lors que ie fuis vieille on me void lors fouiller: Car voyant mon cul noir au commun on me laifie. C’eft la Febue nouuelle, qui friande eftant fricaffée, drette efcorce. On eft vne chofe mefme auecques n’en fait fa ten- pas d’eftat eftant dure, ce que l'on connoift à fon cul noir, n’efl plus bonne que pour les gros varlets gens de iournée, pour qui on la & & garde le plus fouuent. Madame le void rouge efiant en Ee prend à pleine ntainpour le grand chaleur, mettre en fa fente, Digitized by Google ENIGMES Puis ayant 143 £ vn bon coup reçeu cefie liqueur, Soufflant foufpire d’aife & n’efi plus fi ardente. C’eft vne Dame ayant chaud, qui void vn verre plein de vin clairet, qu’elle prend à plein poing pour le boire, après auoir beu ce grand & coup, elle foufpire d’aife, l’on fai£l toufiours, & leur n’efl plus fi & en fouffle comme eflant defalterée, fa cha - grande. Digitized by Google , VqâLLVSÎON DV CAPITAINE LASPHR1SE A MONSIEVR DE BOIS-DAVLPH1N Les palmes de vertu aux Toy illujlres font deues. V unique (Laval) race des mieux connues, Qui honores l’honneur de tes braues ayeux, Comme l’or le faphir, & le bon fruiâ fon tige Toy toute honnefleté, qui tout Amour oblige, Prens plaijir aux plaijirs de mes carmes ioyeux. Tu connoiflras comment ie monjlre à une Dame Les diuerfes façons du defxr de fon ame, (Voire à d’autres qu’ Amour a voulu furmonter). Il ne faut d’interprete en fi douce harmonie, Auffi que priuément tu as peu voir l’Amie, Et voudroy auoir mieux pour mieux te prefenter. Fefiois en Daulphiné glorieux Capitaine, Au premier camp vainqueur du grand Prince du Maine Quand F entendy qu’auiej agguerry le guerrier ; J’admire le beau traiâ de fi gaye brauade, Mais vous eufies, Madame, vne douce efiocade. La fortune fouuent fauorife vn dernier. Digitlzed by Google l’ allvsion 145 bonne Amour s’e/preuue ; A cefie occajion maintenant ie vous treuue, le m’offre à vous feruir d’vn feruice parfaiâ, le vous confeilleray, i’ entends l’art militaire, le fuis bon compagnon, ie fçay comme il faut faire; On difi qu’au grand befoing Ce n’ejl pas peu d’auoir la la fcience Mais comme vn Médecin en & l'effaiû. vain donne vn remede Au pauure douloureux, fi ce dolent ne s’aide Enfuyuant l’ordonnance ; ainfi ie-ne pourray Alléger vofire mal qui vous rend le teinâ blefme. Si vous ne me croyez, vous efforçant vous-mefme : Or fecoureç-vous donc, & ie vous fecourray. Quand ie vay affieger quelque ville efiimée, le fay bruire vn renom de ma gloire allumée, De loin bien aduifé ie fay fommer foubs main, S’ elle veult refitfier, qu’elle foit difficille, le donne force argent à quelqu’vn de la ville, intelligence elle efi prife foudain. Dont par Si quelque braue fort fe tient toufiours en garde Pour vergongner ma gloire, adonc ie me hasarde, le fay bonne tranchée & de bons gabions, le m’en vay ferpentant pour qu’il ne me commande, le gaigne pied à pied, lors il faut qu’il fe rende Quand il me void logé au bas des baflions Ou, s’il fait le mauuais, iamais il n’en efchappe. iour (mefme la nuiâ) ie m’en vay à la fape, le renuerse aifément Monfieur le fort à bas, Le Ou bien cherchant le fond ie fouille creux, ie mine, 10 Digitized by Google l’a 146 LLVSIO S Quand on y met le feu, il fait beau voir la mine Des rebelles mourans au milieu des cons bas. Quand elle a bien ioûé on faute l’vn fur l’autre, font bien retranchez, dans le fang on fe vautre, Et de cul & de telle on entre viuement, On fe poufTe, on s’enfonce, on s’abat, on fe fouille, On s’anime en ce ioinét, on choque, on fe defpouille ; On faiâ trembler la terre en ce beau remuement S’ils ! n’y a pont-leuis que Il ie ne puiffe prendre, En ayant vn volant qu’il faut finement tendre, Sinon comme à plufieurs qu’il aye vn faux huis, y Ou quelque tour couverte auec grand artifice ; y mettre la faulïice, Toutesfois, fi ie puis le la fais bien bondir par le petit pertuis. Pour fonder le foffé i’ay la pique guerriere ; marefcageux ie me retire arriéré, a de l'honneur, ie pouffe audacieux, Si bien que de mes coups ioints aux paroles graues, L’imprenable fe prend abattant les plus braues. Qui dompte les vainqueurs efl compagnon des Dieux. S’il efl S’il y ie fuis campé fur la fuperbe terre, C’efl alors que ie fay divinement la guerre ; Le plus beau Régiment n'ofe affaillir mon Gros, Lors que Celle que i’inueflis a beau faire la fine, Endurant les fureurs de ma grand’ Couleurine, Sans qu’elle tire aux fiege’ elle monftre le dos. Quand i’en refie vainqueur, defirable vidoire. Digitized by Google l’ auvsion «47 De peur que tonfe fauue amoindriffant ma gloire, le tire entrant en garde en rechargeant refous, Sur A la minuiâ ie donne alarmes fur alarmes, Diane vn chacun prend les armes. la belle Le mot du guet faind Iean, le patron des ialoux. fay pas la ronde (Cejl à faire à ceux-là qui commandent au monde), Si euitay-ie bien la laide trahifon le patrouille parfois, ie ne ; Car fans monjlrer mon feu ie vay, ie viens, i'efcoûte, reconnoy fans cejfe exempt d’aucune doute, le le prends langue le fay le iour près de ma garnifon. mon corps-de-garde auprès des aduenues, le pofe en diuers lieux fentinelles perdues, Que ie vay vifiter fur le ventre abattu, Craignant qu’on me defcouure aux defpens de ma ma belle compagnie, le ne dors point qu’ après auoir bien con battu. vie. le caufe, i’entretiens Les approches toufiours font les plus mal-aifées. Quand les perfonnes font au meflier bien rufées On court fortune auant que boucler, çu’aflieger, Il faut prendre vn moulin puis vne montagnette. L’arche d’vn petit pont, vn preau, vne islette. Et fouuent au faux-bourg, où il y a danger. Lors que i’ay abattu quelque grande courtine, Craignant qu’on Et par la s’affultall dejfus cejle ruine. canonnière en occire quelqu’un, le tens tout à l’entour vne grand’ toile vfée, Qui empefehe de voir l’inuention ru fée, Digitized by Google 148 L.' Dont quand A L L V S donne au trou ie le ne fuis point de I ON il n’ejl ceux qui vont fceu de pas vn. la telle baffe; l’enfonce brauement, ie donne, ie terraffe, gaigne le Ou foit les deflroi&s de diuerfe façon, par parlement, par force, par famine, Vainqueur du con vaincu Qui refijle le plus Quand la ville ejl le n’en dy mot enfin ie le domine: paye plus de rançon. pour moy, & le chafleau rebelle, dormir la fentinelle, laiffant l’y pofe mon pétard qui chargé fait beaucoup, Car plus tant plus il treuue vne grand’ refifiance. L’ayant mis à propos d’vne roide affeurance, Il fait fauter, iaillir & enflammer à coup. donner bataille. Amoureux de la peine le cherche incontinent vne aggreable plaine, Qu’on ne prend fans gaigncr vn foffé bien profond, Encor ejl-il couuert d’vne groffe montagne, Où ell vn bois fueillu qui orne la campagne, Mais le combat le fouille & quelquefois le rompt. S’il faut Là mon canon braqué fait (Il n'ejl rien efcarter le monde, que l’ardeur de fon feu ne confonde:) Car rien ne fe fait bien maintenant fans canon ; Auffi tofl qu’on le void, on fe couche, on fe baiffe; Il fait belle ouuerture, Sans luy le il perce tout, il froiffe, plus vaillant n’acquiert vn beau renom. Puis mon arriéré garde ejl prejle de bien faire, Si l’ennemy vouloit en tel choc me défaire, Digitized by Google l’aLLVSION Qu’il voulujl attaquer mon 1 4y bataillon d’ef.at, Qui ejl bien ordonné auecque belle ru/e, Entre le corcelet y a vne harquebufe, La pique fans le feu ne rend vn beau combat. le fuis bon efcuyer, i’ay bien bonne tenue, Si la bel\e farouche hautement fe remue, le fcay piquer à temps, lafcher la refne aufli, fcay bien faire aller, ores à balotades, A courbette, au galop, en diverfes pafl'ades, le Et ores bellement Quand Ayant fentant l’ air addoucy. prompte, ieune, orgueilleufement fiere (à la grandeur) vne large carrière, Alors ie fuis contrainâ de me tenir au crin; Le remuement leger de la croupe mouuante Me elle e/l desarçonneroit, chofe fort Dont il la faut piquer le foir mal feante, & le matin : Parce qu’il n’en ejl point (tant foit-elle mauuaife) Qui la cheuauchant bien peu à peu ne s’appaife, Dont la plus ombrageufe aime l’ombre incertain; On la paffe partout, elle n’a plus de crainte, Et fi Von la touchoit de quelque faufle attainte, Le vray charme croifé la guérira foudain. ie fuis galland homme, l’ay mille autres vertus que la France renomme, comme vous du beau lue renuerfé (Non pas que ie trahiffe aucunement Cythere). Iamais les gens d’honneur n’attaquent par derrière. Ce n’efl en cela feul que le ioué Mal-heureux le vainqueur, mal-heureux le bleffé ! Digitized by Google ; l'allïsion 3o Alors que vous fere; de trifle humeur efprife, le vous refiouyray , bouffy de mignoiife, Or’ ie tendray le nerf, or’ ie l’ accourciray, Egaux à l’argument des vers beaux vers i’entonne, Deffus vn chant nouueau doucement ie fredonne, Le Prin-temps porte-fleurs efl toujours defiré. l’inuente de beaux Airs que quelquefois ie Je tiens bien mon Dont retentir le beau logis voulté; ie fay le redouble fort bien, ie Ma taille Car ie monffre. delîus avec la baffe-contre, fay plufieurs paffages, aggrée aux mariages & l’haulte-contre fçay doux & regringotté. le refrain le fçay le bransle gay, la volte, la courante, vay bien au balet, le monde s’en contente, le fay le la capriolle, ore bas, ore haut, Auecque beau maintien le ne me lajfe danfe ie la gaillarde, point en fonnant toute aubade. Jamais au braue cœur le courage ne faut. Pour m’accorder aux voix mignonnes de la Mufe, î'ay prou bel infiniment; i’ enfle la comemufe A uec mon gros bourdon dont l’on fringue en tout temps, le mets la flûte au le racle le boyau, Le vy au long Quand ie trou, en langottant ie crache, mon violon s’attache, n' aggrée, il fuis à la Cour fied bien ie mieux dedans. vay en mafcarade, le couure le moumon, ie tiens tout de brauade. Et craignant de faillir ie fay fans faire bruiâ ; Je baffe-dance vifle auecques ces fillettes, Digitized by Google U* ALLV « | ON i in Par degré, au priué, aux allées fecrettes, Le iour on parlemente & l’on fe rend la nuid. En beaucoup d’autres points on me void plein de grâce, l’entens la Venerie, expert en cejle chajjfe, Je rends ce que ie lance en peu d’heure aux abbois. le brofle viuement aux forejls Damoifelles, Sept en une alfemblée ont tombé dans mes toiles, ne peut euiter l’enceinte dans mes bois. On Mon bon limier vigros fe plaijl dans la brifée, Au premier coup de trompe il court à la curée ; membru, rablu, Il ejl douillet, il ejl rouge en mufeau, poly, d’vne couleur blanchaflre, Mouchetée de noir, Il ejl Quand il il ejl void vn relais il mignon, folia fire, prend vn coeur nouueau. Vous direz qu’en defaut quelquefois on demeure, continuer ce plaifir à toute heure tant foit-il bien formé Que pour Vn feul n’y peut fournir, Tu diras vérité, Déeffe que i’ ; adore, Mais i’ay de bons Amis, tu prejleras encore Con luy vaut, ton mignon, d'vn chacun renommé. Quand i’auray ce baueux, ce goulaffre, qui quelle Couplé auec vigros, aimant viande prejle, Je me vanteray lors alors au premier coup D’ejlre le grand veneur digne de cejl office, N’en defplaife aux picqueurs de France ma nourrice Car ie Quand : tiendray la belle efchappée à beaucoup. ie veux recevoir quelque plaijir fans peine, Digitized by Google ; I l'allvsion 52 C’ejl au bourdel ombré, bien fertile garenne. Où les liffes de Cour déguifent leurs maintiens ; Là fans abayer, là on ne faut point à prendre Le barbelu connin au clapier fe vient rendre, Mais on treuue bien peu de ces iolis cons nains. le fors incontinent de Mon ma gente pochette furet affamé à la double fonnette, Qui creté, qui friand, qui chaud, qui furieux, Se fourre dans le trou auecques fiere monjlre. Si de cas fortuit le mignard fait rencontre, La bourrafque fe fait l’vn fur Vautre enuieux. Je pourroy prendre encor Sur le foir à i’efpere auec Fai le bandage bon, i’ay Incontinent qu’il ejl cejle petite belle vojlre harbalefle, le garrot très-fort, deffus la noix cochée, droidement à la belle couchée, Qui foufflant fait la morte en fe débattant Il lafche fort. Outre cela ie fçay vne chaffe plaifante, Alors que la froidure apparoijl fort cuifaute, le fuis bon gibayeur, ie cherche les eflangs, Bien profonds bien herbus , propres pour le mefnage ; Mais les marefcageux ne font de mon vifage, Féslongne par fus tous tous ceux-là quifont grands. Nul ne peut euiter mon le tire en toutes eaux plaifant exercice, amoureufe delice, Madame, vous verre; vn plaijir fingulier, Et fi dedans le gay la bejle fait la morte, Goulu vojlre barbet naturellement porte; Digitized by Google , l’allvsion C’ejl là le feul Ce n’eft rien Maugré de cecy, ie ilTant le le f\fflet & route ie flotte, agilité, ore ore i’ameine. pendant on fçait D’vu coup de gouuernail le la pouffe en auant, le donne /'eftribort, le ie ma tourne & puis le ne crains les efforts le ma bourcet, la voile, la mifenne, papefigue, Par mon 53 gibier. fuis maiflre pilotte, l’orgueil des vents vers Faifant de bande en bande auec Ore Ore 1 moyen pour auoir du , volonté. la nauire, ie la retire, du grand flux & reflux, compas me Venfeigne, connoy les mellraux brauons, ie les délaigne, veux point mentir, i’aime le vent defîus. le ne Quands ie cours la fortune où mon deflr abonde le ne doute Z’efcueil caché fous la noire onde. Afin de naufrager le voylier butineur. Rien, rien, ie ne crains rien, on ne me peut furprendre Que ie n’aye rendu, que ie n’aye faiâ rendre Ma nef enuitaillée au riuage vainqueur. Efiant là ie me plais, i’ay la ligne tendue, le mesle le rouget auecque la barbuô, Defcouurant dextrement les iolis mannequins, Qui d’vn mot déguifé, honorant la Nobleffe, Parce que la marée efl aimable fans ceffe, Ont emprunté le nom de grands vertugadins. • le ne prens point la raye, o puanteur extrefme ! Ni le bon maquereau bien qu’vn grand monde l’aime Digitized by Google 1 l'allvsios 54 Mais quand le Cancre atteint mon friand 'hameçon, Fafché ie crie haouf! maudifiant pefcherie, Je rejeâe la Seiche, & vous la molle Plie, Jamais femme de cœur n’achepte ce poiffon. Le deftreux pefcheur fur la barque legere craindre l’orgueil de Th etys la meurtrière Ne doit Qu’il s’affeure gaigner en pelerinifant, Jl verra poulignac, pelade, chancre lie, S- venant par Sutie pourra rapporter quelque Ruby luifant. Grincepifle, Bauiere, Il Je n’ay eu l’heur, chétif, d’auoir faid ce voyage, Bien que i’aye couru la fortune volage, Venant du haut en bas iufqu’aux pais Flandrins, Hé! pourquoy ,mais pourquoy ne me fuis-ie allé rendre Je ne le con prens point fi aimay-ie à con prendre Icy, en toute place, & iufques aux cans fins. Quand Que ie ie quitte les flots pejfche feulet des ondes marinières, aux eflrohes riuieres. Je mets dedans l’engin la perle des poifions, Le fauoureux brochet ferme, doux & propice, le prends tout à mon reth, fors Vhorrible efcreuice, le n’aime point cela qui nage à reculons. Virons le cabefian, hiffans, largons l’efcoute. Alerte, appareillons, reprenons autre route, Qui reuienne toufiours à nofire beau chemin. On diâ que vous aimeq l’art de Fauconnerie, le monte à toutes mains, i’entens la Volerie. On m’admire à l’entrée, on m’adore à la fin. Digitized by Google , l’allvsion Mon 1 55 maheutté a la ferre fi forte. Qu’il abat tous oifeaux d’vne vifieffe accorte ; lafnier Vray efi qu’il craind vn peu le dangereux faux con, Dont l’outrageufe main efi ajfeq reconnue, le ne le mis iamais dans la purgeante mué, le luy ay bien donné le ioly chaperon. vous plaifi voir ioüer en bonne compagnie, I’entens fort bien la paulme ayant belle partie, le bande roidement, ie donne le reuers S’il le ne fuis point faut ier, i’ay la bricolle prompte, le prens /’elleuf au bond craignant la laide honte, le mets dans la beloufe à l’heure que ie fers. Qui ioué en ce Il fe corrompt tripot d’vne ardeur continué lajfé ; la violence tué, . Mefme l’efprit ioyeux en deuient plein d’efmoy; Si me play-ie au ballon que t’enfle d’arriuée, Mettant dedans fon trou ma feringue mouillée, Quand ie le iette à bas il bondifl maugré moy. le fçay bien dauantage, en quelque part que le gaigne les gaigneurs Ma i’ aille, au jeu de Pallemaille, Mon mail bien emmanché fait des coups merueilleux. lieue eniaiue bien, fi bien que i’outrepaOTe, le débuté affeuré toufiours j’entre en la parte, Tant plus elle efi petite, & plus ie Taime mieux. prime au jeu de prime, & le fay de ma relie, le gaigne au plaifant flux, mon gain efi manifefie, Et fur la fin du mois mon jeu va iufqu’au cent, Momifiant tout me fert, i’ay quelquefois barbouille. le Digitized by Google 1 l’allvsion 56 Qui iouê auecques moy il Le parieur & s’efchauffe, faut qu’il fe defpouille, chacun le confent. Le changement aggrée, aucunesfois Aux Tarots & tejle à tefle ie iouê toujiours ie fecouê .L'ame affeâionnée en Ji doux paffe-temps, S’elle veut mon bagat ie triomphe fur elle, le fay toujiours atout d'vne façon Que perdant au ie me fauue en Jif belle me mocquant des Ians. au poinft, fredonnant ie triconne, le n’aime le grand poinét, ni la ronfle fi bonne, ray toujiours vn beau i’ay, approchant mon defir, Quand ie ioué à la belle, ô Dieux ! quelle allegreJJe? le truque fort au truc, & iamais ie ne cejfe le iouê De i’ay, m’efbattre en tous lieux quelquefois pour plaifir. le iouê au lanfquenet, voire à Car deuine bien, i’entends la reuirade, ie la condamnade, croy cefie beauté qui tient fi bien fon rang. Qui perd le fouuenir d’vne chofe fi belle ; le me trompe vrayment, elle efi fpirituelle ; Car ie luy ay donné du fubtil de mon fang. l’en le fuis Au Grec aux efchets, de mon pion ie matte, du Cheualier il faut que ie m’esbatte, faut Et puis au trou madame (humble occupation; Si l'enjeu vaut beaucoup i’entre dans le neufiefme, Sans faillir ie redouble auec honneur fuprefme. On prife l’entre aux beaux & choque au effe£ts la billard grande ambition. voyant belle monnaye. Digitized by Google l’allvsion aux beaux Je bransle i57 ionchets perdant auecque ioye; aux martres, jeu commun, qu’il m’apperçoiue porte franche, afin qu’on me reçoiue, le change, ie bondis aux defpens d’vn chacun. Mais ie fuis Jingulier le bicque auprès le fay Mes du monde, & fans la paffetemps ne font d’efchines morfondues, dames Le tric-trac qui fait Ian, les Où fuis gentil gentiment efprouué, forçat efl ioyeux, le plaifant recreable, Le ie rabattues, me ne m’ennuye en cefl esbat aimable: du damier fe iouê à eu leué. Iamais ie Car ieu le Puis donc que nous auons fi grande fympathie, Viuons paffans pays, viuons, ie vous fupplie, Vous aure% auec m °y des gracieux plaifirs, Et fi comme plufieurs vous difie\ d'aduenture Que ces douces douceurs ne donnent nourriture, Tefpere contenter Car moy, moy feu de vo% le tout fçauant ie deftrs. fçay le neceffaire, Si doneques vous auez quelque importante affaire, Quelque fac embrouillé, quelque paillard procès, Cela, qu’efl-ce cela? l’ay la lur ifprudence, Les loix logent Cefl pourquoy chez moy, me l’on l’on m’appelle éloquence, void fi fouuent au palais. aux Dames gracieufes, ParoiJJant au parquet ardemment copieufes, Qui ne faillent iamais aux aflignations. le conferue le droiét le ne confulte point Quand il pour de petites chofes me faut dépendre aux ; principales caufet, Digitized by Google 1 l’aulvsio» 58 cautions. Alors i’ay corps pour corps de bonnes perfonne qui fait fottement la galande, voulant con paroiflre, elle paye /'amende, Mais à Z'adiournement qu’on nomme perfonnel, qui font grojfes : Il fe faut prefenter fur peines Car pour cela l’on entre au eu des baffes foffes La Ne Maugré l’ effort plus fort du couflumier appel. On n’excepte perfonne aux villes bien réglées, Ni à la Cour où font les belles affemblées, On ne recule point , on obferue Z’edict, partie, Auffitofl que poulet adjourne la Elle s’en vient au Jiege où elle s'humilie, Mefme on va procéder iufques dedans le liâ. Par vn con mittimus i’exhibe toutes pièces, Si /'appointe aifément, i’ entre alors en lieffes, l’aime le con tenu mieux que le con promis. Au criminel fans grâce il n’ejl point de remedes, Aides, le vay du Parlement dedans la Cour des On con fronte, on recole, on con figne entre amis. le puis ce que ie J’informe, le ne I’ay & puis veux, le la peine m'efi plaifante, i’efery de manque iamais ma plume bon ganimal, i’ay le cornet duifable, Mais craignant de chômer en le vous pry’, ce trauail aimable, prejleq-moy vojlre ioly encrier. Je befongne en beau temps Je ne fçauante, d’encre, ni de papier, chomme ayant Vceuure de mefme. iamais que iufques au feptiefme. Digitized by Google l’allvsion Le bien n’ejl bien acquis fans pénibles efforts Aujft toute perfonne, En i5g gaigne La femme & L’orgueilleufe au grand L’humble la femme fur ; toute. Tuant à groffe goutte, porte-faix n'efpargne point fon corps. trauaillarrt, cœur aime à venir aux prifes. n’aimant point les feintifes, Et la poureu'fe encor’ feule n’ofe coucher, La liberale donne, en tous lieux elle prelte, La mefnagere met gros 6 grands à l’emplette, La s'abaiffe bas, Courtifane en veut encore qu’il foit cher. La Celefte Nonnain, qui n’ejl plus de ce monde, Ne veut ouyr parler de la Toufiours auant Con plie matière ronde, elle abhorre l’erreur. S’ elle ieufne elle inuoque, elle fait bien 7'aumone ; Elle chaffe par là le Turc de Babylone, Et reçoit à con feffe vn entier Créateur. La honteufe honorable aime à couurir fa honte, Et fouuent La d’vn coquin, de qui l’on ne fait conte Papijle bigotte aime fort l’afpergès; ; L’Atheifle ne croit fans voir de près /’effence ; L’ Hypocrite à toute heure ombrage fon offence ; La Huguenotte veut de la chair en tous mets. La gourmande veut tout pour fa pance affamée, La fobre d’vn petit n’ejl pas rafTafiée, La friande aime bien les andouilles de Trois, La dolente fans fin aualle le breuuage, La patiente endure & fouffre dauantage, L’ambitieufe en veut demy pied quatre doigts Digitlzed by Google 1 Que le l'allïsioü 60 defire^-vous plus ? i’entens fçay proigner ray la vigne, S- mefnage, bon le fçay le labourage, mon verçoy verfe-tout, poignant, ïay vn foyt admirable, vn foc acéré, l'ay /'aiguillon Pay bcfoin feulement de terre cultiuable: i’ay vn bon harnais qui ejl toujiours debout. Car le defrouche affe \ bien la bonne terré en frifche, mon grain, car ie ne fuis point chiche; Mefmes deiTus les champs qui font bien façonnez, La motte du gueret doit eflre releuée, le feme efpais Les gazons esbarbez en terre cultiuée Plaifenl aux laboureurs fort affectionnez. Les «murailles fe font iufqu’à la fin d’ Automne; Quand on met le refin dedans la creufe tonne. Pour emplir Comme Du le poinçon i’ay vn bon entonnoüer, vous fur tous vins i’aime le vin de goûte, nous degoufle, vin tant prefTuré la râpe Si eflregnay-ie bien la motte au preffoûer. le meine paiftre après les brebis camufettes (Non dans f’vnique pré efmaillé de fleurettes^) Car trop i’ejlime trop ce plaifant patureau, ; Defiré des bergers, enuié des bergeres, Qui tondent comme toy les oylles palTageres, Laplufpart toutesfois garde bien fon troupeau. La grand" bergere tient vn berger de defence. Et le matin d’attache abayant fans offence, La chambrière auffi qui fçait faire bon guet, Chacune a le pafteur bien foumy de houlette, Digitized by Google l’allvsion Encore y en Et i6f a-il qui veulent la fillette, qui n’a rien s’amufe à gratter fon goret. Après m’eftre efueillé ie vais à la fontaine, l’y boy deux ou trois coups fans reprendre V haleine, Puis ie me mire au iour de fon front criflalin, le m’affieds fur le bord maniant l’herbe tendre, le me plais près cefle onde où Von me void entendre Par con duicfs, par tuyaux, Veau s’efcoule au iardin. En ce champ ie con fons, & y voulant con fondre, Ty vy vn fou tondant la chofe qu’il faut tondre, Qui me monflroit le eu du curé iardinant, Lequel tondoit près luy l'herbelette qui tremble, Dont ie luy dis alors: Çà ! fou, tondons enfemble; La bordure tondue aggrée maintenant. Quand vous fere% malade, expert en Medecine, connoy à l’vrine*, l’ordonne incontinent au fire Priapeur, le tafle bien le pouls, ie Le catce rafraichifï le foye Puis ie fay éuanter la & la membrane, veine médiane, le corrige par là toute peccante humeur. Si vous eftes naurée, enfant de Podalyre, le gueriray la playe, afin qu’on ne foufpire, Fujl-ce en folution de continuité, L’vnguent de mon boîtier, auec la tante exquife, plus grande fillule en l’inflant cicatrife, Mon inie&ion rend l’aggreable fanté. La Il cjl vray que beaucoup ont cefle maladie, u Digitized by Google l6a ALLV» L* I ON Que ï appelle à la Cour la douce hydropifie, Et font fubiedes fort au mal contagieux, Mal Qui caduc, mal S. lan, haut mal qui fait abattre, les Dont fait elçumer, le fidele & Hymen qui les fait débattre, s’eslongne de leurs yeux. Incrédule beauté, qui portez couleur pasle, Voyez l’entrée vn iour du bon Roy Ithyphale Et vous aurez foudain la difpolïtion ; Fuffxeq-vous aux abbois, en extreme agonie ; Car luy, luy tout diuin, compofe l’eau de vie, Qu’il donne à ce qu’il aime enflé d’affedion. pere du monde, il cfl bien raifonnable quelque hommage honorable, reffource des humains, Iardinet que i’adore, & qu’vnique i’appelle. C’eft le De luy faire fouuent Et à fon compaignon, Il n’efl iour qu’à genoux Deuant fon bel Autel ie n’offre ma chandelle con facré des plus fains, Vous poétifeq On La les bien, vos œuures font plaifantes, achepte cher pour eflre doux-coulante*. cheuille n’efl là (qu’en parentheiifant) Qui cœuure l’honneur grand de la fcience obfcure. La fentence ejl auprès de la docte figure, Toute fors Synecdoch’ vous plaifl en compofant. Vous aime q les grands vers qui piquans vous chatouillent, S’ ils font rudes, greffiers, pourueu qu’ils ne barbouillent, Vous les retenez tant que vous en accouchez, Vous en faides deuant, vous en faides derrière, la corne de Cerf, on les met en lumière De Digitized by Google l’allvsion Par le beau fondement d’où vous i les 63 approcheq. Encores m’a-t’on-diâ qu’ejles bien charitable, Que vous couurez les nuds, que vous leur tenez table belle, vous aimez vos voifins comme vous, Que vous rendes ioyeux l’affligé plein d’oppreffe, Que, Que vous logez Paueugle auecques allegreffe, Et que vous employer voftre honneur enuers tous. Eflhnable vertu (digne de ma loüange) ! Mais, Madame, efcouteq la mienne fainâe-eflrange Dont vous pourrez auoir la confolation, par mes graues paroles démons d’entrer en mes efcoles, le veux, ne puis-ie pas, Coniurer les Et félon mon plaiftr mettre en tentation. S’ à l’inuocation vous prefleq les aureilles, Vos yeux brillans verront de plus grandes merueilles, ^ar ie mettray le diable au profond de l’enfer. ruflre ne faudra de s’y engouffrer ville, Le le l’en retireray iettant de l’eau benifte, Cefie onde efl aggreable à l’Amour C’efl trop diét, ie me perds ; les lucifer. paroles femelles Sans les masles effeâs ne fçauroyent eftre belles, Il faut, il faut con vaincre, hardiment affaillir (Con vaincre toutesfois efl chofe difficile), Mais moy, l’vnique moy, tout en tout plus habile, le Vous veux faire voir que ie ne puis faillir. le faute allègrement, iamais ie ne m’efforce, le lutte corps à corps, ie carillonne à force, Digitized by Google 164 L’ Par Dieu iure icy) fi vous fçauie q comment au dortoyr, vous voudriez, ie m'afleure, (ie le brinbale Bifcotter auec moy On peut en moins le t’ quelque petit quart d’heure. de rien con battre brauement. import uneroy au bal de Mais parce qu’à Et ALLVSION te voir tu cefie fefle, me fembles honnefie, nourrie à la Cour ennemie au foucy, me contenteray ne t’avoir did ma vie, Mais toutesfois mon cœur, pouponne, ie vous prie, Que vous portieq au moins en ma Joueur cecy. le Le patron du creon de ma digne peinture, Ou que ie peigne au vif vofire belle figure, au naturel de mon ioly pinceau. le ne l'ay fi tofi mis dans la coquille ouuerte, le tire Que ie nefafle bien; car mon huile efi experte, Et fi ie rends le teinâ plus vermeillement beau. Bien que ce foit le propre à la femme de prendre, Si tu crains toutesfois qu’vn blafme s'en engendre, le ne fuis fi honteux, en parle qui voudra, Fay-moy doneques prefent de ta bague en ouale Afin d'accompagner ma pierre Orientale, Puis ie feray après tout cela qu’il faudra. Ne me refufe pas, Afire de ma lumière, le foldat porte vne enfeigne guerriere Lors que cher enfant du furieux Mauors), Superbe il monte mieux à la breche effroyable ; vferay ainfi fi tu m'es fauorable. Par la douce faucur les foibles fe font forts. ( Bien qu’il foit l’en Digitized by Google l’allvsiok i 65 firay doncques voir dans ta terre connue, le Troufotier beau pais d’incroyable ejlendue. Pour l’Amour de l’honneur ie marche à fort grand ne faut pour cela augmenter l’ordinaire, Le furcroy à l’entrée efl pourtant neceffaire, train, Il C’efl le La le au commencement feray chere qu’il faut paroijlre bien. entière en la falle, en la chambre, nature aime fort la chair d’vn beau gros fçay hacher menu faifant venir membre, le ius, du cochon rend nojlre ame gaillarde, Le morceau de boudin auecques la mouftarde, L’entre-vit Et le paflé en pot arroufé de verjus. Voylà mes appétits, ma Dame, ma coufine, On en faid (ce did-on) dedans vojlre cuifine De diuerfes façons pour vos diuers repas, le fçauray s’il efl vray, fi douce tu m’accojles, Chaque iour fi ie veux car ie cours plufieurs portes Sans mettre aucunement mon beau couflinet bas. : En attendant cela approchez-vous, mignarde ! le fuis prompt, ie fuis vif, i’ay l’humeur fretillarde. Çài que vous culbute, il vous faut donc rauir ; le vous tiens, mon tonnant ma fy tu es mon ame Qu’en dis-tu, lolion? tu te meurs, tu te pafme; ie ; Cefl cecy qu’à la Cour on appelle ! feruir. Rions après le coup, comme le coq qui chante en l’Almanach, nous parferons nouante! Sept ans auant la fin on a fterilité ; Les filles aux doux yeux font pudiquement belles, Ne fonge Digitized by Google i66 l’allvsxon Et nous fommes au temps des inchajies pucellùs, Vn monde d’auortons faiâ voir ma vérité. Vos premiers feruiteurs n’entendoyent pas l’hifioire, Bien qu’ils eujfent fué dans l’ardent purgatoire, Sçauoyent-ils comme moy ce farfouillant deflour. Ce beau bransle poupin, cejle alte chatouillante. Ce remuement leger, cejle grâce blutante? Vn dedans, deux dehors, dejl le ieu de la Cour. I Digitized by Google DIVERSES STANCES CD’ cAqMOV'R le n’aime point la perfonne qui blafme, Ni qui fans front deçà delà diffame efl hors du combat redouté; Ce qui > le n’aime auffi ces conteurs de friuoles, Ces flagorneurs, ces doubles en paroles On O doit aimer qui did Vérité! Déeffe peu conmê, Belle, c’efl vous qu’humblement Pour vous prier de venir voir Qui mefdira de leur yoix Comme On ; la vérité. ie falué, mes vers. véritable. effronté fera plus mefprifable. doit fuyr le menfonger pçruers. Des blafonneurs ie ne fais point de conte Car mon honneur, effence de leur honte, Ne ; dépend pas de leur intention ; le diray donc, pris de vérité fainde, Que l’Amour fort, dont i’ay fenty l’attainde, N’habite en nous fans grande paffion. 1 68 DrVERSES STANCES Si vn Si vn mary aime beaucoup fa femme , Amant defire fort fa Dame, Il eft, Si Il De Si il fujl, ou doit Amy quelque aggreablement doux. elle pleure, il la croit irritée Pour fon Mignon, Si Si Si ejlre ialoux; elle rid pleine d’vne humeur belle. iuge alors qu’elle a bonne nouuelle dort, qui ne l’a vijitée; fonge en luy; à luy-mefme; elle lit pour tromper le temps blefme, C’ejl pour couurir fon Amoureux ennuy. elle c’ejl qu’elle elle efcrit, elle efcrit Si chuchottant elle parle, Changeant couleur, il il friffonne; efcoute, il C’ejl l’hojle, helas! d’vn eternel Car le foupçonne, foucy ; chétif ejl fi gonflé d’encombre, Qu’il efi ialoux feulement de fon ombre, Et la ialoufe en ufe tout ainfi. Si vn mefchant auoit tué mon pere, Qu’il eufi couppé les cheueux de ma mere, Mangé mon bien, & violé mes fœurs. Premièrement que luy ofier la vie, le le voudroy, bouffy de ialoufie, Pire trop plus que tous autres mal-heurs. Las ! efl-ce viure ? helas ! ce n’efi pas ejlre, Qu’en fe plaignant à toute heure, paroifire, Gros de brouillars, de rages oppreffé, Dormir en l’air, manger de mefme forte, Digitized by Google Auoir toufiours foupçott à fa porte, le Marcher confus comme vn pauure Mais puis infenfé. qu’ Amour enfante cejle peine, Sçachons d’où vient fon audace inhumaine, D’où vient Amour tant & tant defiré. Le vray furjon de fon ardente flamme Premièrement procédé de la femme (Beauté qui m’a tant de fois martyré). Or fi quelqu'un ejl tellement infâme Qu’il fait vaincu des douceurs de la N’eflant plus homme Mais emporté de Il il femme, n’a plus de raifon ; telle frenefie, fe rend ferf d’ire & de ialoufte, enfers de fi chere poifon. Et des Voylà pourquoy Bien que ie ie les femmes, d’Amoureufes fammes, mefprife fois plein ie Dont abufé me vay confumant, Efiant ainfi que le trifie hydropique, Qui iour & nuiâ trop altéré pratique le met au pâlie monument. L’eau qui La femme humide, orgueil qui tout furmonte, N’efl tant que l’homme à la volupté prompte, Mais froid marbre efchauffé ardemment Retient bien mieux la chaleur allumée Que le plomb chaud ; & l’Amante enflammée Garde l’ardeur plus que ne fait l’Amant. le On ne fçauroit affouuir fon courage. DIVERSES STANCES 170 Depuis qu’elle ejl animée au carnage. Cent mille flots n’englaceroyent fes feux ; Comme vn cloaque engloutifl tout ordure, La femme ainfi addonnée à Luxure Reçoit, vilaine, vn Ce qui induiâ Aux les monde d’ Amoureux. femmes enuieufes grands furcrais des douceurs Amoureufes, fubieâes nuiâ & iour. C’efl qu’on les tient Le prifonnier la liberté regrette ; Plus on l’enferme, & plus il la fouhaitte ; Tout ainfi font les femmes en Amour , Qui voudra donc, efiant en mariage, N’eflre tant ferf du cornu cocuage, Qu’il fe refie en fa femme toujours. S’il ejl ialoux, toutes les fentinelles, Les forts plus forts, toutes les Ne garderont qu’il n'ait riual citadelles d’ Amours. ejl fa Dame aimable Qu’en luy donnant, en endroiâ conuenable, Cent mille efcus pour iouyr de fon corps, Qui jifl la chafle? Hé! qu’elle n’auroit garde A ins tresbuchante auec humeur gaillarde, Elle mettroit vn dedans, deux dehors. Qui me niera où De mefme aufft, des petites ! aux grandes, Cent millions de bon or pour offrandes Pourroyent fléchir vne Principauté ; Mais de fortune, au fier temps où nous fommes, Jl n’efl befoin de tant de groffes fommes; Digitized by Google ; D’ Rien n’ejl fi . A M O V R 1 7 1 cher que la commodité. Qui trouuera dans la fuperbe terre Lieu conuenable à V Amoureufe guerre, a du cœur il ne peut s’excufer. Nous aurons bien grâce plus accomplie; Car déformais les Dames que l’on prie S’il Supplieront l’homme afin de Qui voudra donc Qu’en tous endroiâs il les baifer. aimé de chacune. eftre pouffe fa fortune, Et qu’on le die honnefiement foubs main, Pour efire hay fans qu’on querelle ou plaideT faut fans plus l’appeler Cela luy deult plus qu’vn Il Mais vieille ou layde; nom de putain. vaut mieux eftre neutre auec elles : (far leurs faueurs, leurs defpites querelles Ne il fçauroient pas ni nuire, ni aider. le temps (chofe qui efi plus chere) On perd En recherchant cefie trouppe legere trois fois qui s’en peut engarder. Heureux le ne fuis point ennemy de le defire efire en leurs ces filles; grâces gentilles; Mais en voulant me lier en leurs laqs, le feroy lors comme vn bon Capitaine, Qui, preuoyant la paix fouslage-peine. Se retirant licence fes foldats. y en a qui font bien au contraire, Feignant lier vne ame volontaire, Il Digitized by Google ; DIVERSES STANCES 172 Ils ont la fleur dont quelque autre a Et puis après forgent me i le fruiâ, querelle, Afin d'ombrer leur parole infidelle Voylà comment le bon fainâ Iean reluit. le ne voy rien dans le Lowre que braue, le n’entens rien que feruiteur, qu’efclaue ; Chaque fille a cinquante Courtifans. Mais vn mary mal-aifément fe treuue ; Car peu, fort peu veulent femme à Vefpreuue, Qui fe peut faire auecques beaux prefens. Vn diamant auec vne Elegie Fait tofl iouyr d’vne Amoureufe enuie; Auffl n’eft-il vn plus excellent don : Car par les biens nous viuons en franchife, La Mufe après brauement éternife ; L’or & Phœbus furmontent Cupidon. Ainfl l’honneur des plus honnefles Dames Gifi en l’argent, enrichy d’Epigrammes (Bien qu’vn bien feul les puifle conquérir). Vous donc, ô vous, ma Dame la pudique, Pardonneq-moy fi ie vous dy publique; Car l’or commun vous peut toute acquérir. Il me D’où fuffit; ie le defir L’aueugle vous ay faiâ entendre délicieux s’engendre, Pour borne icy ie le rediray mieux: Amour vient des yeux pleins de flambes ; Il fort rauy par l’entre-deux des iambes, Qui iouyt bien n’efi plus bien Amoureux. Digitized by Google D* Toy A M O V R donc, qui dis que Cupidon 173 t’ enflamme, Embrajfe fort, embraffe quelque femme ; Ton feu cruel s’efleindra gayement, Tu te riras Comme Von amoureufes, Dames dédaigneufes, doux contentement. des ardeurs void les Pour auoir eu ce 1 Digitized by Google SVR LE FLEAV FEMININ Si compofant ces vers Vay faiâ Femmes, accufe\-en l’Enfer de vne folie, voflre trou, Qui de iour qui de nuiâ donne à chacun De faire par humeurs diucrfement le l’enuie fou. Digitized by Google FLEAV FEMININ PAR LE CAPITAINE LASPHRISE Femme, Fiebure, Fureur, Flamme, Faim & Froidure Sont fix maux féminins par qui le monde endure. Du premier nous avons double damnation, Du fécond les douleurs d’efirange paffion, Du tiers fommesdeflruiâs pour trop vouloir prétendre, Du quatriefme on nous voit fouuentreduiâs en cendre, Du cinquiefme mourons en miferables maux, Du fixiefme noyé p par le glacis des eaux. En tous ces fers tourmens il Je trouue remede, Fors au premier, cruel qui tous mal-heurs excede. ne peut pas toufiours nous allumer, confommer Par drogue, par faignée, ou bonne medecine. La cruelle fureur n'efl fans cejfe mutine ; Car la guerre s’ appui fe ; hé ! quoy ? n’efi-elle pas Communément changée en gracieux esbas? Son orgueil par orgueil fe peut aufit refraindre; Toute bruslante flamme on peut de mefme efieindre, La gloutonne famine en tout temps ne paroifi, Encor l’affouuit-on, & peu à peu décroifi. La fiebure Fufi-elle pefiilente on la peut Digitized by Google La froidure, eau glacée & l'onde toute froide S’arrefle, s'alentijl, tant coure-t-elle roide. Voylà : toute douleur fe peut diminuer, Fors le fléau par femme. On ne fçauroit muer Son traifire naturel , bourreau de nojlre vie, ni par autre indujlrie. Par force, par douceur, Qui veut efchanger abufe fon cerueau, Et fait comme celuy laiffant choir fon anneau le Dans la profonde mer, lequel tant plus s'effaye A le vouloir reprendre, & plus il perd fa voye: Tout de mefme vrayment, tout le mefme fera, Qui au cœur féminin le ften addreffera. Mais qui fe peut garder d’vne femme fçauante, Qui a l'œil doux, riant, qui a l’ame attrayante? Non pas quand ce fcroit, ce croy-ie, vn mefme Dieu. Regarde ie vous pry’, ce grand Prophète Hebreu, Dauid, ce grand guerrier, luy qui pour Berfabée Sentit de V Eternel la colere enflambée Adam le ; par vne offcnfê, en deuint infenfé. plus parfaiâ a Le fage Salomon Qui s’en peut empefcher? fes appafls & fes charmes Domptent la fainâeté & la force des armes. Samfon le plus puiffant, qui fi fort a vefcu, Par Dalile foudain vergongneux fufi vaincu. Vne autre fufi de Loth ainfi viâorieufe. Par elle feule lob d’ame religieufe, Que mefme l’Antechrifi n’auoit fceu esbranler, Et de fa fimple humeur faire en rien vaciller, A murmuré beaucoup, & par la femme encore Saind Pierre a renié Iefus-Chrifi que i’ adore. L’incomparable Hercule, inuincible vainqueur, D’iole fufi taché, puis fa mortelle ardeur, Digitized by Google ; FEMININ *77 Cefar qui par Tefpée acquiji telle viâoire Que l’on combat fon nom d’ Impériale gloire, Par la femme attiré dedans les rhets d’ Amour Faillit à fe brifer en tombant d’vne tour ; Mais Achille plus grand, fi fuperbe en proùeffe, Qu’on tenoit comme vn Dieu, que fa mere Déefje, Pour le rendre immortel, porta au preux Chiron, A faid par Brifeis le fat & le poltron. Et voyeç, mes Amis, la belle Cléopâtre, Qui Anthoine rendit tellement idolâtre, Que, fous ombre d’vn rien, fe feignant au tombeau, Le fifi, ô fier defiin ! de foy-mefme bourreau. (ce diâ-on) ouurit d’enuie immonde Pandore La boüette épandant la maladie au monde, Et pour voir mieux la femme, il faudroit voir Cypris, Que chaque Dame adore. Elle eufi les fans efpris D’vn ieune Bergerot couchant deffus la dure, De Mars, le Dieu d’honneur, elle n’a plus de cure Cefi autre efi fon defir,fon cœur, fon tout, fes yeux ; Sa cabane luy plaifi cent fois plus que les deux, Elle brusle, elle meurt d’Amoureufe furie, Et puis, quand par defafire Adon perdit la vie, On eufi did, auifant fes larmes, fes fanglots , Ses foufpirs, fes regrets, fes gefies, fes propos, Qu’ Amour iamais Amour n’allumeroit fa flamme ; C’eufi efié mortel crime en foupçonner fon amel Et toutesfois le mort n’efioit pas mort quafi Qu’vne nouuelle ardeur fon courage a faifi, Oubliant le Pour aimer Ligde Efire vfoit chaffeur qui l’auoit fi bien prife. vn bouuier, le Phrygien Anchife. fagemcnt de vouloir le berceau aux filles foudain le funefie tombeau. 12 Digitized by Google . ; , Mais il ne fe deuoit fier en Teletufe ; Car la femme infidèle eft trop pleine de rufe, Elle fceut efmouuoir par fes gemijfemens La Déeffe qui peut fur les accouchemens, Qui trop par trop piteufe à De l’enfant déguifé Helene fit périr cejle geniture efchangea la nature. les Jiens & fon Paris, Les filles d’Egyptus tuerent leurs maris, y en a de rnefme une innombrable exemple : Tefmoin fainâ Jean Baptifle. Enfin que fon contemple, Pour prouuer ce fléau d’vn fard pippeur caché, Que la femme au cœur fainâ fifl le premier péché. Eue (tel ejl fon nom) qui fufl née innocente Par les mains du grand Dieu, ft defobeijfante Il Qu'elle ne peufl fans faute vn infiant demeurer. contente encor fon mary fifl errer (Erreur qu’inceffamment nous portons mal-heureufe Pour auoir voulu croire à la femme enuieufe). Qu’on ne blafme en ce lieu l’homme plein d’amitié Où efl qui penferoit que fa rnefme moitié Le trahift mefchamment? Croiroy-ie ma main dextre Ejlrefaiâe, ô bons Dieux J pour couper ma feneflre ? Au commencement donc de la création La femme fuji inique, aimant la fiâion, Après de iour en iour elle fe monftra pire, Et plus fubfequemment que l’on ne fçauroit dire Or fi Eue innocente, œuure du Çreateur, N' a peu viure vn momçnt fans detefiable erreur. Comment s’en garderoyent celles dont la naijfance Vient par la puanteur de fragille femcnce? Chofe toute impoffble ! & aitffi void-on bien Et non Son viçe qui pullule en ce val terrien Digitized by Google FEMININ 179 defafire & le mal où elle nous enferre. D’elle l’enfer fourdit, d’elle l’auons fur terre, Le Donc d’elle nous fouffrons double damnation. Qui pourroit fupporter fon imperfeâion? Comme cil qui voudroit combattre la tempejle Faifant la reuerence auec parolle honnefte. Encores par faifons void-on l’onde calmer ; Elle de plus en plus ne fe fait qu’animer, Cefiuy-là ejl vrayment de fens paralytique Qui endure l’orgueil <T Animal tant inique, Qui de fon poil occijl les iujles innocens. De fes cheueux pourris s’ engendrent des ferpens, C’ejl (ce croy-ie) pourquoy le dejlin en ordonne (Ainfi qu’à fes deux fœurs) à l’orde Thifiphonne, Et m’efbahis comment le fage Socratais, En riant fupportoit fes œuures imparfaits. Sa femme vn iour bruyant auec menace rude, Jl ne refpondit rien, attentif à l’ejlude, Dont elle defpitée empoigna vn grand feau, Et furieufement luy ietta toute Veau: T’esbahis-tu, dit-il, à la troupe esbahie, Si après le tonnerre il furvient de la pluye ? Platon, Hyppocrates, fi grand & fi diuin, Ayant examiné la femme au cœur malin, Dit ne fçauoir le rang où elle efi colloquable, S’il efi du dur brutal ou du bon raifonnable. Il accufoit Nature, & puis d’vn fubtil art Difoit qu’en la faifant elle auoit eu efgard deleâation pour croiftre le lignage, A Plus que pour Ayant A ie la bonté d’vn Amour fi ne fçay quoy dans l’intefiin toute heure mouuant, infatiable volage. honteux, aux ieux Digitized by Google , l80 FLE A V » Que Cyprine defire, & en qui elle ejl née. Bien que fa femme fuJl d’honorable lignée, recommandoit à vn de fes amis, L’enuoyant à fa mere abjentant le pais, Non que i’en aye objeâ d'vn infidèle blafme, Mais, dit-il, mon Amy, à caufe qu’elle ell femme. Et les Romains, voyant fa fresle opinion, Il la La forclurent d’auoir nulle fucceffion. la loy qu’on appelle Salique, Pharamond, par L’a déboutée ainji du throfne magnifique, En France, en quelques lieux, près Dvre mefmcment La femme au double cœur n’herite nullement. Les Sainâs n’ont pas voulu qu’elle regifl l’Eglife, Vne infâme paruint qui au Tybre fut mife. Le Philofophe encor luy defend fon fçauoir, Et le Iurifconfulte, où elle n’a que voir. Le barbare l’efclaue, & de rien ne difpofe, Et de fon paradis Mahommet l’a forclofe; Bref prefque tout le monde, au vent de fa fierté, N’a voulu luy permettre aucune authorité, La connoiffant plus propre à l’Amoureux office. Qu’à régir, qu’à prefeher, qu’à fçauoir, qu’à luflice. On dira, par mcrueille, vne a prophetifé; Telle a iugé, vaincu, en habit deguifé. On en dira quelqu’vne en fçauoir finguliere, Quelque autre ennobliffant, l’autre digne guerriere L’autre fainéle, pudique, S- bien qu’il foit connu. Tout cecy efl miracle & par hafard venu. Puis il ne s’enfuit pas qu’vne gaye Hirondelle Auant-coure feulette vne faifon nouuelle. Qu’on prouue, fi l’on veut, fon péché fouuerain ; Nofire damnation vient pourtant de fa main. Digitized by Google FEMININ t 8 I Féminin, chante-nous l’Ama^onne AJienne, Et la pudicité de la braue Lorraine, Si doit-on s’esbair que ce petit trouppeau N’a crû depuis ce temps redeuenant plus beau ; Car clairement on feme Effence fi louée *; Elle a donc beau venir s’eue n’eft enclouée. Féminin, chante-nous que d’elle nous naiffons, Que doncques par la femme au monde paroiffons. Si l’homme pouuoit naiftre entre plus ficre bejle, Il n’en feroit que plus habilement honncjle, Et n’ejl moins pour entrer en fon gouffre punais. Le beau Soleil va bien dans les fales retrais, En perd-il pour Qui fur De cela fa grandeur accomplie. tout, toute chofe, en tous lieux viuijic ? mer ne vois-tu pas pecher plus doux qu’on efiime plus cher? l’eau falée en Du poiffon le Ne vois-tu pas fortir, de terre tres-mefchante, Le bon arbre fruidier & la meilleure plante ? Car la vigne, qui ejl hors de comparaifoit, En maigre fable apporte vn vin fur tout vin bon. L’excellent diamant vient d’vne roche dure, La & l’or, fans nulle iniure, Sort d'vn puant terroir; le clair argent auffi ; chofe belle fort de la plus laide ainfi; Dont l’homme plus parfaiâ fort defemme imparfaiâe, Pour plus faire admirer l’ouurage & le Poète. perle en l’eau marine, La Priferoit-l’on tant l’or fi Auffi pure que La luy? on fa minière le efloit negligeroit. beauté fe fait voir toufiours par fon contraire. * Qui fert pour de l'argent, ne fe prenant là pour louange, ains pour louage. Digitized by Google ; F L E 182 AT La nuid faid eftimer le iour qui nous efclaire. Defejlimant femme la ; ainfi l’homme cft prifé Par le vent de la femme on void l’homme pofé, C'efl l’vnique bon-heur que nous receuons (Telle. Il n’auroit iamais faid qui diroit fa cautelle ; Qui entreprend nommer fes faids malicieux Aura plufiofi » ombré les efloilles des Ceux, la mer, les befles terriennes. Les poijjons de Le fueillage des bois, le fablon, les areines, May, aux pre% & aux fores. dons iaunijfans de la riche Cerès. le veux en peu de mots fon naturel apprendre, Qui donneront icy facilement entendre Et fa vie & le cours de toute fon humeur . Elle efl le mefme vice & le mefme mal-heur, L'herbe, les fleurs de Et les Deux beaux tiltres vrayment, & qui valent la peine D’en faire plus de cas ! ô grand Dieu qui me meine I Seigneur fur tous feigneurs, Pere, pardonne^-moy r Si i’outrepaffe en rien les bornes de ta loy. Si i’ofe prononcer, & fi i’ofe te dire Que tu ne deuois point, pour accoifer ton ire, A caufe des pecheç que nous auions commis, Nous faire accompagner de nos vrais ennemis I Car efiant feuls autheurs de noftre laide faute, Sans offencer beaucoup ta diuinité haute, Nous ne fçaurions pas viure auec tels Animaux Car qui feroient ceux-là qui aimeroyent leurs maux? Dieu ! que n’as-tu pennis à l’homme, ton image, Que de foy-mefme il peufi peupler l’humain lignage? Comme vn bon vigneron, qui En proignant, d’vn beau cep en engendre plufieurs, N’empruntant que de luy ce bois diuin furplante. d’exerçans labeurs, Digitized by Google l ;; I‘ EM 1 M 1 N * 83 Ou comme vn masle Lieure en foy d'autres enfante ? Pere, fi tu voulois tu as bien le pouuoir Que l’homme honnefiement peufi ainfi conceuoir: Mais parce que par Eue il mangea de la pomme, Pour cruel chafiiment tu l’as laifiée à l’homme. Ou, Dieu, qu’il ne s’engendre ainfi que cefi oifeau, Qui mourant, de fa cendre en renaifi vn nouueau. Tu peux bien dauantage, ô Dieu! tu peux plus faire Laifier as-tu toufiours l’homme en telle mifere? Vois-tu pas que la femme eft des vices autheur, Vices qui font noircir en terre ta fplendeur? D’elle nofire fléau tes fléaux nous aduienncnt, Broüillans tes volontéf que les hommes foufiiennent. Comme la froide neige a pouuoir d’enflammer, De mefmes elle peut vn monde confumer; Comme la froide neige efchauffe en fa froidure, glace aufii incite la bruslure différé à la neige d’vn poinâ, Elle fond près du feu, la femme n’y fond point, Ains plus fort s’en approche & plus elle efi ardente, Elle en la Mais femme la Et fi (quoy que l’on fafie) oneques ne fe contente; Car fi fan fauorit luy aggrée auiourd’hui, Demain luy feul fera fon detefiable ennuy. Que dy-ie, vn fauorit? plufiofi vue centaine (Vray efi qu’elle efi encor fi doucement humaine, Maugré les mefdifans qui ont mué fa voix) Qu’elle n’en veut fur elle auoir qu’vn à la fois. Non, non ! ie l’accompare au gouffre infatiable, Et au ioüet du vent legerement muable ; C’ efi vn mal necefiaire, à guérir mal-aifé, Vn diable domefiique en Ange defguifé O bel œuure imparfait que l’on ne peut parfaire ! Digitized by Google ; F L E A 184 On a beau befongner V faut toufiours refaire. Toute (£ plus la plus grande) en grandeurs S- beauté il Retient de la laideur d’vne difformité ; Car on voit (mefme au temps que Vennemy refpie) Qu’elle a deffaut d’vn Membre où ejl fa chere enuie. L’habile pare bien cefle imperfeâion Et la doâe efludiant en compofition Toute autre femme Efiant deffous ; aufft (tant foit-elle Hymen) pere imparfaiâe, de Ian Cornette Mais où efl celle (& fuffe vn œil de chafleté) Qui près d’vn beau fubiet n’en aye volonté? I’affeure donc chacune, ou de vucil ou d'ouurage, Rendre fon Mary ferf du cornu cocuage, Et fi le prompt vouloir & l'effaicl n’ejloyent qu’vn, Chacun feroit cocu plus fouuent de chacun, Car toute a l’ythiphale ou en corps ou en Ame. Pour faire mieux couurir fa honte qui fenflamme, Son defdain en Amour efl fort pernicieux ; Car fans ccffe on y perd le temps qui vaut le mieux, On y dépend fon bien, on y fert de rifée, Pour auoir fait la bcjle après telle rufée. Si le mefpris abufe, vn baifer plus déçoit (Et ne vaut rien ainfi à chofe que Ce foit) : Car la femme en Amour femble à la fiere Louue, Qui plus fouuent le laid plus aggreable trouue, Et puis le fait meurtrir auec fes hurlements (Les propos féminins querelles des Amants). Si quelqu’un plus accort euite telle trappe, Lors par agguets mortels le chétif n’en efchappe ; plus grande adion ne tend qu’au vain déduit. honte efl fon honneur, effrontée au doux fruiâ ! Le ferpent Tentateur efl deuenu Andouille; Sa La Digitized by Google FEMININ Ores la paillardife ejl Vfef de mon Ne 1 85 tombée en quenouille. confeil, vous, ieunes Amoureux, vous allume q point d'vu fang fi vigoureux. n’efi aimé de fa Dame, Celuy qui aime tant Elle l’efiime ferf, en balance elle enflamme. Non, non, foyeq certains qu’il ne ioüyra pas Du gracieux plaifir des Amoureux combas. Elle auroit peur de perdre, offrant cefie delice, Ce cœur paffionné prefi à faire feruice, Et bien qu’il en ioüyfi il ne pourra pourtant rendre fon cœur content: Car la femme reffemble à l’vfurier qui prefie, Qui ne fe laffe point de receuoir fa debte; Tant plus on luy en baille, & plus y prend plaifir, On ne peut contenter fon auare defir ; Mais l’habile debteur n’a pas cefie puiffance. Ni n’a point comme luy double refioûyffance, (Fifi-il cent mille efforts) Encores qu’il foit bon de s’acquitter du tout, Si efi-il mal-aifé d’efire toufiours debout. vaut trop mieux deuoir qu’efire entièrement quitte. & plus fort nous incite; Il Cela nous rend foigneux II fied mal de payer & defire pauure après, L’ordinaire Le efi plus beau que n’efi pas le furcrais. fon aumofne, laffera plufioft que l’autre à qui l’on donne. n’efi pas malaifé de toufiours receuoir, liberal auffi, en faifant Se Il Mais il Il efi vrai que ce bien mille efi difficile Car Dieu inceffamment d’auoir. maux luy engendre. auprefier, mais le Diable efi au rendre ; Créditeur ne peut le terme prolonger, efi Le Quand Lucine l’adioume il vuide en grand danger. Voire mais, ce dira quelque bonne Huguenotte, Digitized by Google , , FL 186 E , AV Ou quelque Catholique, & tnefmù là bigot tel La femme ne veut rien feulement que le droid ! Quelle chofe plus iufle afpirer fe pourroit? Si la raifon gijl là, tu gaigneras ta caufe, Partout (mefme au Palais) on t’offre telle chofe. Ainfi tu as grand tort en te plaignant de nous. Nous tous qui te baillons le beau droitt à tous coups. Je veux continuer d'vne ardeur volontaire, Garçon maifire de moy, à qui ie veux complaire Et pluftofl ie ferois de moy-mefme bourreau, Que ie fuffe fubieâ au féminin fléau. Je ne m’amuferay à deferire la rage Qu’a l’homme plein d’honneur au ioug de Mariage. Ne foyeç donc fi prompts; nous voyons le bleffé Mourir d’vn petit coup pour n’ejlre bien panfé, Mais médiocrement aimons ce qui nous aime, Sans nous lier bruslans d’vne Amour fi extrefme. La femme eft babillarde & de peu d’amitié, Son cœur n’ejl point confiant qu’en grande mauuaifiié. L’amour femble au laiâfrais quifraifehement aggrée ; Mais cefie beauté là eft de peu de durée ; Car fi le laiâ fe garde, il a plufieurs caillons Il eft foudainement plein de corruptions, Auffi nouuellement la femme eft amiable, Puis, eftant mariée, ardemment hayffable. Pieux maris, fçaue^-vous pourquoy tant vous fouffreç ? Efcouteq ma parolle & vous le connoiftreq, Bien que ces vers foyent faiâs en l’Auril de mon âge, Que mille flots bouillans animent mon courage, Que mon Aftre fatal me foit fi. tenebreux (Qu’ homme de bien ie fois entre autres mal-heureux) Toutefois il me plaift de monftrer que ma terre Digitized by Google FEMININ Peut 187 bien ejlre paifible en fa cruelle guerre; C’e fl qu’efles au vouloir trop brauement aâifs, A l’execution trop lafchement pouflifs, Aux penfers trop rufcf, foupçonneux à la rufe, Au foufpçon trop aifef à croire quelque excufer Importuns aux defirs, aux defirs trop ialoux, Et puis la ialoufie ameine le courroux, Et le courroux la hayne, & la haync vn débat, Dont chef vous vous logef vn difcordant combat; C’ejl pourquoy quiejl fage &qui craint le doutable r Ce fléau féminin fur tout fléau fuyable, ne fe doit lier d’indiffoluble nœu, Ains aimer librement d’vn volontaire feu; Ou cil qui par mefgarde efl de fi trifle fejle, Il doit prier les Dieux de finir la tempefle ; Car on ne peut baifer de bonne affection Il La perfoiute objeâant diuerfe paffion. Quelle aggreable Amour ! quelle douce delice ! D’embraffer le bourreau qui nous met au fuppliceî Qtti peut donc aduifer fa femme de bon œil ? Vous, martyrs marief, lorfqu’en prendre f le dueil, Qu’il foit en violet; porte f -le à la Royale, Et ne chommef iamais l’infefle nuptiale . Digitized by Google a SONNET SVR LA PERTE DV MAL-HEVR MASCVLIN cAux Filles. Le mal-heur mafculin n’afaiâ tefie au rauage temps iniurieux qui talonne nos pas. Filles il fut perdu à l’infolent amas De Paris reuoltê, caufe de fon dommage. Du Receueq ces deux vers pour certain tefmoignage, Mary, Métal, Marais, Mauors, Minos, Midas, Sont fix noms mafculins, courriers du trille helas ! Apprene^-les par cœur en attendant l'vfage. Voylà l’efchant illon de mille vers perdus, Comme ceux de la femme ils ne fe verront plus (Signe que fon erreur dure eflant plus felonne). Le fléau qui luy refie au mal-heur mafculin, engin, Cefi le Mary mal-né, offrant vn mol Dont en vofire faueur grand cocu ie l’ordonne. Digitized by Google DIVERSES POESIES DK CATJTAINE LASTHRJSE SONNETS Prens-moy Yejleuf au bond, ne temporife point ; Mets le marché en main de l'honneur qui marchande, Et, afin de n’errer en fortune Ne t’y hasarde pas fi s’il n’efioit grande, bien en poinâ. Si la commodité s’apparoift en ce poinâ, Enfonce fort tes coups, offre droiâ ton offrande; Et, pour la nouueauté de fi belle viande, Demonfire-toy friand aux appétits conioinâ. Fay halte au rendez-vous, tant que ta compagnie Se perde au doux combat de l’Amoureufe enuie; On doit toufiours bien faire, & mefme au premier choc. De renom des douccreufes flammes; foyent vu mur d’vn immuable roc, là vient le Ces vers te Si tu veux Courtifan efire chery des Dames. Digitized by Google DIVERSES 190 le voudroy, De me mon Saler, auoir cefie licence ioüer auec les filles de la Cour, Ore auec Bourdaifiere, heureux flambeau d’ Amour, Ore auecques Roufiin, le renom de la France, Ore auec Et auec la Verné S Vitry l'excellence, Stauaî, délicieux fejour. Chacune à cul leué s’esbattroit à fon tour ; Au beau ieu du damier on fait telle fequence. Cher troupeau filial du famail enuié, Pour defrober le coeur du braue Amant lié, Si i’auoy ce bon-heur en ma ieuneffe tendre; Vous ne veifies iamais fi aggreable efbat, Vous me gaignerie \ tous, fi voudroy-ie entreprendre Faire de mon pion vn bel efchec & mat. l’aime de la Venté la plaifante beauté, De la doâe Vitry l’efprit incomparable, De Fouchaut De la chafte tout l’honneur, la bonne grâce aimable, Certeau l’aime de Stauai la De La la grande honnefieté. douce maiefié, De Pons aux beaux Des deux la attraits le maintien aggreable, Duthier la fcience admirable, Rochefoucault la fage gayetê. taille belles de Crcuan, le foufris de Picnne, Digitized by Google POESIES La douceur Kjl de Plainual, V accueil de Licherenne; ie vous aime du tout. Differentes beauté Mais chacune de vous porte vne mefme chofe Que i’aime encores mieux, encor qu’elle foit clofe, lufqu’à tant que fentieq V Amour iu/ques au bout. SONNET DES MOTS DES FILLES DE LA COVR le l’aime extrêmement, il a braue apparence, fort honnefte homme, infiniment diferet; meure fi ie n’ay vn extreme regret, Voire vn mal infiny d’eslongner fa prefence. Il ejl le Cefi autre n'efi qu’vn fat, gonflé d’outrecuidance ; fe croit fort habile, il dit plus qu’il ne fait, Il lefus, qu'il efi badin! hà, Il mon Dieu, tranche trop du grand, qu’il efi qu’il eft laid! plein d' inconfiance m Que vous efies ioly ! mais ie vous pry, Monfieur,..,. Vrayment il vous fixed bien ! vous faiâes le feigneur ; le ne vous veux plus voir, vos difeours font profanes. Dieu vous gard,mon efprit; bon iour, mon bien acquis, le vous baife les mains. Voylà les mots exquis Qii’ont ordinairement les bcauteq Courtifancs, Digitized by Google ; ; ; SONNET DES GESTES DES DAMES S’habiller brauement, s’ombrer de fards menteurs, D’vn mauuais mot nouueau nousfeindre vneeloquence, Apprendre à begayer, n’aller qu’à reuerence, Et n’efre aucunement fans feruans feruiteurs le poulet, le plumer par humeurs, Porter vn éuantail qui fert de contenance, Auoir plus d’appareil que de vraye apparence, Receuoir Et hieroglyphiquer en bifarres couleurs Nauiguer à tous vents, adorer la fortune, Faire bien les doux yeux, faire toufiours la Babiller, brocarder, mefdire nuiâ & iour, ieune, Se mirer à toute heure, hauffant la cheuelure, Mettre (en parlant d’ Amour) des pièces fans couflure; Ce font les aâions des Dames de la Cour. chaud? fait-ilfi oid? pleut-il? que fait leRoy? le temps efl fafcheux! il faut que Vaille efcrire; Sçacheq quelle heure il efl & me le veneq dire. A u’ous de bons cheuaux ? que dit-on ? qu’efl-ce ? quoy ? Fait-il Que Leueq-vous du matin, trouueq-vous près de moy; le veux courir le Cerf, mon Limier n’efl pas pire Mes oifeaux font fi bons que chacun les de/ire ; Nous combattifmcs fort ; l’ennemy prifi l’effroy. Digitized by Google POESIES Comment le ne vous oubli’ ray Cejluy-cy L’vn ejl Voylà « 93 va de V Amour? qu‘ ilfait beau voir la dance, ; ejl habile, vn peu de patience & cejluy-cy ! ejl fot. beau, l’autre ejl laid, l’vn ejl gros, l’autre ejl mince. cramoify de la bouche du Prince, Qui, en Je Joufriant, diâ à chacun fon mot. le La Courtifane au moins a trois Amants: L’vn pour iouyr de la douce rofée, L’autre pour ejlre humblement court ifée. Et cejluy-cy pour auoir des prefens. Enfin les trois Je treuuent mal-contents ; Le premier fent fa vie mal aifée, Le fécond plainâ fa ieunejfe abufée, Et le tiers ejl ruiné en defpens. femme, objecl de nos miferes, Nous faiâ fentir fcs douceurs bien ameres, Ce n’ejl que vent que de fa fermeté. Ainji la l’Hyuer fe verra fans froidure, Printemps fans gaye la verdure, Plujlojl Et le Qu’elle ait fon cœur en vn lieu arrejlé. «3 Digitized by Google , DIVERSES •94 SONNET A VNE MESD1SANTE Ton poil noir argenté où croutelle la taigne, Ton gentil front de poule & tes yeux de furet. Ton grand neq de faucon, qui fent le vieil retraiâ, Tes jautereaux pendans à couleur de chaflaigne, Ta bouche vn four à ban, tes larges dens d’ebaine Ton menton gracieux, comme vn chauffe-pied faiâ, Signalé noblement d’vn petit poil folet, Ton beau col héronnier, où l'on void chaque veine. Ton fein de fueille-morte, & tes biffacs pendans, Ton corps en Cabefian, farcineux en tout temps, Ton grand Cloaqueuille où vn monde s’enfonce, Et où mon gros Picard pourroit Me De entrer armé, donne occafion de vous faire femonce ne fonger iamais que vous m’ayeq aimé. le grand cœur pere aux braues combats, doâemcnt vif, l’effence de nobleffe, Ejlre bien à cheual auecque belle addreffe, Danfer de bonne grâce, habile aux doux efbats, Rien ne fert L’efprit Sortir (filluflre fang, dont on doit faire cas. Bref auoir la beauté conioinâe à la proüeffe ; Si tu n’es fauorit de la chauue Déeffe, Des Soleils de la Cour tu ne iouyras pas. Digitized by Google Mais en ejlant chery, fuffiej-vous vne bejle, Vn yurongne, vn brigand digne de la tempefte, Vous pouueq affeurer d’auoir Chacune vous rira voftre dejir. et vne façon gentille; fœur, & la mere la fille La fœur vendra la La fortune iamais ne manque de plaifir. CHANSON Vous qui foubs l’Amoureufe flamme, Bornei le but de vos foulas, Sçachej que c’efl que de la femme. De qui vous faiâes tant de cas. De matière fubtilifée On la forma premièrement ; faiâ fi aifée changer chaque iour d’ Amant, C’efl ce qui la A Par cefie fubtille naiffance Elle veut defendre fon tort, Difant que la foible inconfiance Ne peut refifier L’Amour, dont à l’effort. elle eft tant attainte, Semble à la chandelle qui luiâ ; Elle eft au premier vent efieinte. Et conuient à l’ombreufe nuici. : ; DIVERSES 196 le l'accompare à la marée; Auffi Venus vint près l’efcueil. Elle & ejl belle Et puis après calme à l’entrée, pleine d’orgueil. L’air, le vent, le brouillard, l’orage, En fa tefle Et mefme Meine les font habitons, Lune volage la fleurs de fon beau temps. On trouue à tous mal-heurs remede. Quelquefois ils font ajfoupis Mais la femme tous maux excede, Qui va toujours de mal en pis. Toute créature fubjede fe fouler fur le deuant, fçauroit eftre Ji parfaiâe A Ne Qu’elle ne bronche bien fouuent. leunes gens, qui coureq fortune Sous la Déeffe de Beauté, Gardeq que la flamme importune Ne brusle vofire liberté. dy pas, non, qu’il ne faille Quelquefois refjouir nos fens, Donnant VAmoureufe bataille le ne Par maniéré de pajfe-temps. La femme dira qu’elle enfante, Que les hommes font d’elle extraiâs ; Digitized by Google POESIES La ‘97 diuine ardeur foleillante Entre bien aux fales retraits. Bref, qui l’efpoufe ejl miferable, Et rejfemble à vn pauure fol, Qui fous l’ombre de quelque fable Se met la corde dans le col. CHANSON le fuis plein de fermeté En inconfiance, Cejl par la legereté Que l’on s’auance. raime mieux une Bergere Auecques la nouueauté Qu’vne Royne Jinguliere A me garder loyauté, le fuis, &c. Ce qui auiourd’huy m’agrée, Demain m’efl fort deplaifant, La belle Sur Amour fe l’air, recrée fur Veau, fur le vent. Je fuis, &c. Celuy a famé maline Qui n’aime l’Amour ifnel, Ou impuijfant vers Cyprine Digitized by Google , DIVERSES N’entend bien le beau duel, le fuis, &c. Ces fideles mal-habiles Semblent aux hommes couars, Qui ne bougent de leurs villes, Craignans les fureurs de Mars, le fuis, &c. Celuy qui ne court fortune, Çà & là en tout abord EJl indigne que Neptune Le faJje ancrer à bon port, le fuis, &c. La gloire, ornement des hommes, Ne s’acquiert en vn feul lieu, On doit, au temps où nous fommes, Sçauoir ioüer plus d’vn jeu. le fuis, &c. & les grandes Couchent fouuent en mon liâ; Les petites Diuerfité de viandes Caufe nouuel appétit, le fuis, &c. Ce grand tout toufiours chemine, Tout va & vient doucement. Tout foubs la ronde machine EJl fubjeâ au changement, le fuis, &c. Digitized by Google POESIES 199 L’efprit leger eft louable Plus qu’vn corps ou qu’vn fens lour, Donc mon defir variable Paffe vn confiant en Amour. Je fuis, &c. Si ie n’auoy cefie grâce D’efire des plus inconfians, le ne fuiuroy pas la trace Des plus belles de ce temps, le fuis, 6c. Vous aue% beau mentir, vous n’efieindreq ma gloire; Huguenotte gaillarde, on ne vous croyra pas. le fuis prou reconnu, tay fuiuy tes combas, Tefmoins mes coups mortels d'immortelle mémoire. Ha, vrayment, vous irés demain au Confifioire ? le prouueray comment vous prenés vos ébas, Auecques vn Mifier qui purge vofire bas, Et diâes blafphemant qu‘ Amour eft purgatoire. Pourquoy me blafmés-vous, moy preud’ homme féal? Je rends, comme l’on fçait, le bien au lieu du mal. N’euffay-ie, Au s’il m’eufi pieu, logé ma compagnie bourg de ton mignon, que ievas careffant? Encor fuis-ie fi bon qu’ alors qu'il eft abfent Je donne du plaifir à fa femme iolye. Digitized by Google , DIVERSES 200 A MADAMOISELLE DIANE D’ESTRÉE ie fçay bien que tu es auffi belle Que Madelon ta tante , où reluijl Cupidon, Diane, ie fçay bien que la doâe Saphon Fleurira de ta fleur comme furjonnant d’elle; Diane, Diane, ie fçay De Diane bien que ta gloire pucelle accroiflra la réputation, Et, Diane, ie fçay que ta chafle CJion Te fera admirer comme toute immortelle. Diane, ie fçay bien que vojlre accueil diuin Defrobe incontinent Bref la le cœur du Paladin beauté, l’honneur, efprit, fcience S- grâce Chez vous, paffe-Diane, ont faiâ leur rendez-vous ; Heureux donc Qui baifera mille fois, ô bien-heureux l’efpoux l’œillet de vofire belle face! Ces vers font mafculins: car la Dame aime le masle. Honorât, i’ay veu fes cheueux gris, Qu’vne fauffe perruque ombre d’un poil menu, l’ay veu fon front de poule, où le fard efl connu, le l’ay veûe, l’ay veu fes yeux cauez tenebres de Cypris. l'ay veu fon neq camard, i’ay veu fon maigre ris, l’ay veu fa grande bouche , S fon menton pointu, Digitized by Google ; POESIES 201 Vay veu Yay veu /es patins blancs, i’ay veu /on large pié, de Grue, & /on fein abattu, l’ayveu /on corps contrainâ qui en porte à tout prix. fort col Vay veu /a courte greue, & ji i’ay manié Son ras honneur honteux, rendez-vous du coujtn. me /uffe en/ourné. le rends grâce au Démon qui m’en a dejloumé ; Car il e/l dangereux comme l’or Touloufin. Où Ji i'euj/e voulu ie Cou/tnons la coujine ; elle e/l cointe & iolie. Elle aime à cou/mer & ne re/u/e rien coufin cou/mant, qui la cou/me bien Car il a bouche à Cour, & la chambre garnie. Au En Ji beau coufinage vn cou/m ne s’ennuye ; S miel, ce n’ejl qu’humble entretien , Cen’ejl que Jucre Il ne manque d’attraiâs, de Jaueurs, de moyen. Tant qu’il peut coujtner /a coujine, s’amie. Coujinons donc, coujins, vn chacun à /on tour, Coujinant à rengette, on cou/me en Amour, Que chaque cou/tneux Mais en cou/inant s’affemble. Juyons ce cœur paillard; au cou/m grand pendard; la cou/me rejfemble. non, nobles cou/ins, Lai/fons-le cou/mer Car au cheual Sejan Digitized by Google 2 DIVERSES 02 CARTEL ENVOYÉ AVX ENNEMIS A BOVTE VILLE PAR DES CAPITAINES MES COMPAGNONS ET MOY Vous autres qui viuej pleins de delicateffe, Fauorits de Cerès & de Cypre aux beaux yeux. Et du ieune esbarbé qui trop délicieux Efgare vojlre fens par fa fumeufe oppreffe ; Encor que nous foyons fans faueur, fans Maijlrejfe, Que n’ayons comme vous ces doux prefens des deux. Nous vous mandons pourtant, par ces vers glorieux, Que veniez contre nous monjlrer vojlre proüeffe. Nous fommes Jix foldats au Jeruice du Roy, Qui vous irons trouuer nous donnant vojlre foy, Pour vous combattre hardis auec efpée & cappe. Six de vous foyent donc prejls pour acquérir honneur. au danger que reluijl la valeur; Maisilejl bien-heureux qui de nos mains efchappe! C’ejl toujiours Cependant que tu vis heureux en ton mejnage, Mignardant, careffant & baifottant toujiours. mille & mille endroits, tes Jideles Amours, Qui t’ont tenu long temps en douloureux feruage, En Nous tenons ajftege\ les mutins de Broüage, Qui nous trauaillentJort, foit de nuiâs,foit de iours ; Mais auec la faueur de Neptune au long cours Digitized by Google POESIES Nous dompterons De me/me 203 l’orgueil de leur haultin courage. que Von void vn vent audacieux Se perdre en vn injlant ainfi ces furieux Iront foudain par nous au cours de l’onde , noire. vray de cela nous auons reconfort, Fujftons-nous, Belleville, ejiouffe j de la mort; Car mourant au combat on acquiert de la gloire. Si n’eft ELEGIE Quelle extrefme fottife en ce régné où nous fommes (Sottife qui ne vient feulement que des ! hommes) ne trouuent eftrange & prennent à tous coups Des femmes qui ont eu plufieurs fortes d'efpoux, Ils Deux, A trois, quatre, cinq,fix, dont quelque laide, ou belle mary diuers ans auec elle. eu chaque De naturel eftoit luxurieux, louant (Saincte Covlombe) au jeu délicieux. qui le Et ne voudroient pour rien (tant ce grand monde eft Prendre femme ayant eu vn feul Amy honnejie, Dont on void qu’en cela leur fuperflition bejl e) N’efl rien, rien feulement que folle opinion; Puis que toute leur crainte eft d’efpoufer la femme. Qui douce aura iouy de l’Amoureufe flamme, Et qui n’en prennent point d’autre le plus fouuent* Ils me pourront peut-eftre ores mettre en auant Que c’eft par mariage & non point à cachette? ,. Elles ont toufiours fait la gaillarde chofetter Digitized by Google DIVERSES 204 Le feul principal poinâ du dejir violant, Qui leur mine Vefprit en Amour aveuglant. Penferoyent-ils qu’ Hymen Qu’ayant faiâ vne femme Pour eufi cefie vertu il telle, la refift pucelle ? leur plaire i'aduoüe vne fidelité (Qui en l’vne & en l’autre a bien pojfible Dont hommes vous trompe z, & fi vofire efié) Hymenée, De qui vous affeuble z, n’a toufiours beauté née, Ofieq-luy les couleurs dont vous le peinturez, Voyej-le au naturel; laid vous le trouuerez, au chafieau d’apparence aggreable, Il reffemble Qui dedans n’efi fitnon qu’vne prifon fuyable. Que fies liens foyent d’or ? mais c’eft captiuité ; Et mon naïf Amour efi gros de liberté, Sans qui toutes douceurs font pleines d’amertumes. Changez doncques d’humeurs, reformez voq coufiumes. Et, fi vous marie%, ne vous efiimez plus Que vof bons compagnons, honorables coquus, Que i’aime de bon coeur. Volontiers ie les hante ; Car rien que gens d’honneur iamais ie ne frequente. La femme plus habile au beau mefiier d’ Amours Aime mieux le galand qui l’a mieux faiâ toufiours, Sçachant bien que l’vfage en cefte mignottife Inuente attrayemment quelque autre mignardife ; C’efi pourquoy ie l’admire, efiant de fon humeur, En defirant comme elle addoucir la douceur, Et par la nouueauté d’vne bonne viande La rendre en Yaccoufirant meilleurement friande; Tu en feras de mefme, ou ta complexion, Mon gentil Colombet, ma chere affeâion, Efi depuis nofire Adieu muablement changeante ; Mais non, ie croy que non ; car ton ame efi confiante. Digitized by Google . POESIES Le fage marinier fauué du îo5 mutin flot Efl bien aife d’ancrer à bon port fon nauire, lajjé des trauaux content il fe retire, Et N’ apportant quelquefois que l'honneur pour butin. l’ay voulu faire ainfl (Des Tovches, cher voifin) Imitant ta vertu que la vertu deflre, En Beauffe habitué, foulageant mon martire Par vn libre vœu fainâ, où Ton humeur & ton cœur efl enclin. mienne ont de la fympathie. Tu es franc, tu es bon, plein d’humble courtoifie ; Mais (à mon grand regret) nous différons d’vn poinâ: la (Non que mon ame en foit d’afpre enuie attachée) Tu ne es pecunieux & ie le fuis point Car quand i’ay de l'argent i'en le prife de Marot En la Mufe le prife de Et du ionchée. le chef-cfœuure chanté Françoife ores plus accomplie, Ronfard Pleffîs ; fay foudain la fcience hardie, Preuofl la doâe grauité Je prife de Bellay la grand’ facilité, Qui fl fçauamment fluè en parfaiâe harmonie, Du foudroyant Et du profond le prife de Iodelle vne braue furie, Belleau la gracieufeté. Bar tas vne Vranie heureufe, Digitized by Google DIVERSES •200 Des-Portes l’ardeur doucement Amoureufe, Garnier que Melpomene appelle Jon mignon, De Bartavlt, Sonan, Billard d’âmes toutes gentilles, Je prife ces fçauans tant prijej des neuf Filles, N’oubliant Rabelais, qui ejl fans compagnon. SONNET EN GALIMATIAS Cheualiers Flamans de Bretagne la grande M’ont pris auant que d’ejïre ou ie ne fus iamais, Deux ejl cruelle, il ejl vray que la paix croyfeu mon compere) en tout temps y commande. La guerre y (J’en L’aueugle y aperçoit l’inuifible friande. Qui a les reins rompus, qui porte bien le faix, Qui ejl chauue du tout, qui a le poil efpais, Qui ne veut ejlre ouye, & qui veut qu’on l’entende. ejl goutteux, fort difpos, Gentil-homme, vilain, grand, petit, menu, gros, Cejl vn perclus, manchot, excellent couppe-bource. Son feruiteur perfonne Il n’ ejl Le point parcffeux, Ciel ejl fon ayeul, Il jijl, ce fera il fe leue à midy, en reuinjl leudy. il mon: car pourquoy ŸJaind leanpource. Digitized by Google , , POESIES 207 RIME RONFLANTE A GROS GRAIN Qui croira aux vertus de l’ancien prouerbe, Le grand Monarque doit faire rafer fa barbe, perd fa lance ayant la ioyeufe bouteille. En coutelaflant mieux il gaigne la bataille. S’il SONNET EN AVTHENTÏQVE LANGAGE SOVDARDANT Accipant du Marpaut la Galiere pourrie Griuolant porte flambe enfle le trimart. Mais en A la defpit de Gille, ô Gueux, ton Girouart, mette on lura ta biotte conie. Tu peux gourd piailler me credant & morfle, De Lornion du Morme & de l’oygnan criart, De l’Artois blanchemin; que ton riflant chouart Ne riue du courrier l’andrimelle gaudie. Ne ronce point du fabre au mion du taudis, Qui n’aille Que fon au Gaulfarault, Gergonant de tefis iournal oflus n’empoupe ta fouilloufe. N’embiant on rouillarde, & de noir roupillant^ la gourde frétillé, & fur le gourd volant Sur Ainfi tu ne luras l’accolante tortoufe. Digitized by Google DIVERSES 208 Traduction du précédent sonnet, par l’éditeur du du badaud b uis livre. l'ignoble paresse porte-flamberge, enfile ton chemin ! soldat ; mais, en dépit de ta finesse et de ta beauté, pauvre diable que tu es, ta carcasse ira pourrir dans un trou. Tu peux boire ton saoul à crédit, te régaler de chapons, de moutons ou de cochons criards et manger du pain blanc ; mais que ton pailmembre ne fasse pas l’œuvre de chair avec la femme du bourgeois. Ne roue point de coups de bâton le garçon lard du logis, qui irait rapporter contre toi capitaine, et ne remplis point ta bourse à ton de son gain journalier. Bois gaiement ta bouteille; va dormir la nuit sur une botte de paille, dans ton large manteau; mettre la c'est ainsi qu’on évite de se faire corde au cou. VERS SENTENT1EVX NON RIMEZ Sel femad ed truoc, euqleuq ertua rocne, Tios enud elliu gruob egaliu, Va ertuof el ri/elp nud l'erutan fert XuoJ, Te fulp ruop Vcel no eruuo el uc. Digitized by Google POESIES 209 CHANSON A la Cour vue humble Dame, Admirant mon doux efcrit, Me Et Je dift : Que ie mon tu feras fois ton ame, efprit. veux paroiflre alliée Auec toy de mefme nom , Pour eflre mieux publiée D’un honorable renom. Puis qu'humain vient du nom d’homme, Comme humains (luy dy-ie alors) Cherchons des noms qu’on renomme Plus délicieux au corps. Nous trouuafmes l’alliance Sur vn liâ incontinent ; Elle fufl Et Coujin, Bien ie il n'ejl qu’il ma contenance, fus fon Con tenant. Poète, & le veut faire accroire fçache du Grec en fon corps défendant, Qu'il crache quolibets en Latin prétendant. Qu'il able mots dore {, qu’il entende l’hifioire, Qu’vne Majeflè mefme eflime plus fa gloire, (L’aueugle opinion renomme vn Petit Grand) 14 Digitized by Google 2 IO DIVERSES Mais tel qui ne fçait rien n’eft pas tant ignorant, Quand de Nature il va dedans Pegafe boire. Si tous qui parlent Grec & qui parlent Latin Sçauoyent (mon cher Plessis) le fçauoir Paladin, L’honneur ferait honteux, & le Laurier l’Ortie. Car vn monde Pédant, mechanique, coyon, Sçait Marot, fçait Homere, S- non la Poéfie, Qu’on apprend fans eflude, infpiré de Cuon. LASPHRISE CAPITAINE ENTRETENV AV ROY Pardonne f à l’orgueil de ma Mufe qui ofe Saluer la grandeur de voflre Majeflé, Dont la grâce diuine a fans ceffe efcouté L’honorable vertu, Soleil de toute chofe. Mais puisqu’on ne fait cas de mon Placet en profe Requérant mes eflats pour ma neceffitè, Sçachant que les beaux vers ont plus d’authorité, le le vous offre en vers Aduocats de ma caufe. Vovs Plaise donc, mon Roy, que i’ay toufiours fuiuy, Me faire ore payer de ce que i’ay feruy, Sans que Sire, vous voflre Confeil négligente me pouuej fur ma peine. tous glorifier. Celuy qui a planté le verdoyant Laurier Mérité au moins d'auoir quelquefois de fa graine. Digitized by Google TOMBE A VX DE MES AMIS SV R LA MORT DE MONS1EVR DV GAS MAISTRE DE CAMP DES GARDES DV ROY Sus, Cypris, baigne-toy aux ruijfeaux de tes larmes, Et languis defolée en eternel foucy ! Le Gas, ton cher enfant, efl tout pâlie & trancy, Englace maintenant Et tes Amourcufes flammes! toy, Mars, Dieu guerrier, r’emmeine tes gens-d’ armes, Enfonce ton harnais, & t’enfuys loing d icy, Pauure, que ferois-tu? tu ferois tout ainfi Qu’vne renberge en mer fans voiles & fans rames. Or puisque France perd, par vn traiflre deflin, L’honneur du verd Laurier & du Mirthe diuin, Dames & vous foldats honore q fa mémoire. Graueq profondément deffus ce grand tombeau. Afin qu’à l’aduenir on remarque fa gloire: Cy gist vn second Mars et vn Amovr novveav. Digitized by Google 1 I DIVERSES 2 EXOOST VCEPST N1S OVIVM Ci gifl qui vingt ans fut feruant Vne Abbeffe de grand lignage; Mais, heias ! la ialoufe rage Le bannit enfin du Couuent. Pour contrebander ce tourment Rompit fon vœu par mariage, Dont Vefla, qui venge Voutrage, Fiji ce iour fon enterrement. Luy, fentant la fatale Parque Qui Valloit mettre dans fa barque, Defpit defpitoit Iupiter. ne faut donc aymer Abbeffe, Sur peine de damnable oppreffe, Il Qui ne veut fon vueil fupporter ? EXOOSTINC PHILASTEL Toy qui Vas aymé à Matines, Voire à Vefpre, ainji que Von diâ, tes oraifons diuims Qu'il ne foit des deux interdit. Fay par Car ce n’efl la raifon, ma Dame, Que pour Vimpuiffance du corps Digitized by Google POESIES ii 3 De qui tu as éteint la flamme, L’ame en patijje eflant dehors. Et puifqu’as faiâ d’ Amour non Le deffaut du corps euiré, laffe, . à toy d’impetrer fa grâce le tien fera martiré. C’efl Ou TOMBEAV DE MONS1EVR DE BVSSY Bvssy, dont la valleur efloit incomparable, Vainquit en mille endroits les ajfauts furieux, couronnant fon chef de Laurier glorieux, En Rapportant pour guerdon quelque playe honorable. Il efloit beau, gentil, hasardeux, redoutable, Aux fuperbes Aimé hautain, aux humbles gracieux, de fes Amis, craint de fes enuieux, D’vn efprit doâe & prompt eloquemment Venus Mais le la affable. compagnon, chérijoit comme fon cher mignon: Jamais près de fon Prince il dame Fortune, aux n’eufl de vaillans inconflante, Après Vauoir fauué de tant de grands dangers, Tourna fa roue, helas ! d’vne mort violente, Lorfqu’il vouloit feruir les Amours paffager s. Digitized by Google diverses îi4 PAPILLON SV R LE T R ESP AS DE 1EAN DE SOVRCE, MON FRERE, ESCVYER, SIEVR DV PVY DE QV1 FVST TVÉ A LA CVERRE, COMBATTANT SIGNALEMENT A ORLEANS O plein, braue adolefcent, tu es d’honneur fi heure Que l’illujlre honneur mefme à cejlc pillerie, Car voyant ton pays Vabbord de Tu courus Martial fon ennemy foudain. t enuie; main, Tu Vas tant guerroyé d’vne fanglante furie. Qu’il femble qu’en ta fin finiffe fa patrie de bien fa du Ainfi fufi Amoureux Romain. Celuy qui s’engouffra dans l'abyfme Courage généreux ! que vofire mort efi viue, ue ! le public de l’oppreffe chétif malheur plus à plaindre en vofire heureux Souslageant Ce qui efi C’efi le proche parent, qui par vos playes faigne, me baigne. ton frere, moy, qui en larmes douce mere, & nofire honnefie fœur. Tefmoing Et nofire PLA1NCTE SV R LE TRESPAS DE DAMOISELLE GENEVIEFVE DE PAPILLON, MA SCEVR A MAD A MOI SELLE DE MASAIRES Heureux ceux-là Ils qui n’aiment rien! ne font fubiets aux trauerfes, Digitized by Google , POESIES Aux ennuis, aux 2 I D peines diuerfes, Que fouffrent ceux qui aiment bien. Ceux-là regardait de mefme œil Les nopccs & les funérailles; Deffus leur tainâ, dans leurs entrailles, Ils ne logent le trifle dueil. Leurs cœurs ne font d’ Amour glace * ; Les pleurs ne baignent leur vifage, Perdijfent-ils tout leur lignage, Ils chantent pour Tous les les trefpaffej. accidens rigoureux Ne font que douceurs gracieufes Près de fes pertes impiteufes ! Qui n’aime donc efl bien heureux. Non! non ! cefl heur efl defaflré; Car fans l’Amour, qui nous enflamme, On Et n’a ni cœur, ni fens, ni ame, d’ Amour la mort vient à gré. Accourej donc, rude Atropos, Pour m’ojler promptement Qui a fouuent efié fuyuie De la vie, mille tragiques fanglots ! A quinze ans i'ay porté foldat L’exceffive peine guerriere, I’ay conneu Thetis la meurtrière Blejfé, rebleffé au combat. Digitized by Google le n’ay iamais abandonné, Depuis ce temps, le Dieu de Thrace Je n’ay point ejlé fans difgrâce, Nauré, malade, infortuné. Mais Du le ; plus outrageux bourreau diuers mal-heur qui m’accable, C’efl de voir ore, miferable, Mon vnique fœur au tombeau. Ma fœur, Que chere fœur, mon Amour, i’aimoy d'vne amitié fainâe, Oit la vertu efloit emprainte, Qui fuji des Grâces le feiour, Qui ne fift onc vn ennemy. Qui ne fift onc vue ennemie, Que le chafle honneur glorifie, Comme ayant Tu le ejlé fon Amy. fçay, fage Madaillan, Qui as ejlé toute ta vie Son tout, fa plus parfaiâe Amie, Dont tu meurs à Vogadelan. Si les De faire foudain finir l’homme, regrets auoyent pouuoir Il eji certain que, pris du fomme, Tofi, mais bien tofl nous l’irions voir. . POESIES 21 ? SONNET POVR LA MESME Pleure pleureq, pleure f, mes trijles yeux, Et de vojlre eau rouille f mes riches armes, Je n’iray plus au foudre des alarmes: Car i’ay perdu le cœur que i’aimoy mieux. Ne craigne \ point le mocqueur odieux, Achille honneur des preux gens d’armes, Arrofa bien de fes piteufes larmes Son Amy mort au tombeau glorieux. Le grand Que n’eufles-vous Vennuy fi fauorable De vous trouuer à fa fin lamentable, Comme fifi Cygne à la mort de fes fœurs ? Mais pour monftrer vofire effrange agonie, Faiâes ainfi que la Royne Ægerie, Puis me noye\ au ruiffeau de vos pleurs. SV R LE TRESPAS DE MARIE PREVOST MADAMOISELLE DE VAV-BERAVLT, MA MERE Il faut, c’efi la raifon, Celle qui Ma m’amena au que lufire fafie reuiure du Soleil, ie mere, tout honneur, que l’honneur nonpareil Glorifioit toufiours d’vne gloire deliure. Celle qui Pour me donna & la plume & le liure courtifer Pallas, qui luy faifoit accueil ; Digitized by Google ; Celle qui m’a nourry addouciffant mon Celle que la vertu deflroit dueil. mefme enfuyure. Qui enfon beau Prin-temps, Hyuer, Automne, EJlé A, prudente, paru flambeau de Chafleté, Qu’on vifltoit ainfl qu’vn miracle celefle. On le dicl, on l’a veu, on le fçait en tous lieux. Que fais-tu donc, Lasphrise? Aufli ton dueil funefle. tes vers, te la fait fuyure aux deux. Bornant icy POVR LA MESME DAMOISELLE Si i’ay vefcu, ore il faut que ie meure; Si i’ay parlé, ie manque de propos Si i’ay dormy, ie n’ay plus de repos ; Si i’ay chanté, ie foufpire à cefie heure ! Si i’ay marché, maintenant ie demeure; Si i’ay vaincu, ie doute les affaux; Si i’eu des biens, ie n’ay plus que des maux; Et fi i’ay ry, las ! il faut que ie pleure ! Si i’ay ioûé, ie n’ay plus de plaiflr; Si i’ay aimé, ie n’ay plus de dejir; Si i’ay gaujfé, à ce coup ie m’ennuye ! Si i’efloy fain, ie fuis ores perclus ; Si i’ay eflé, bons dieux ! ie ne fuis plus, Perdant ma mere effence de ma vie ! Digitized by Google ; SONNET SVR MA BLESSVRE ET MALADIE AV CAMP DE LA MVRE EN DAVPHINÉ Défi à les trijles Sœurs iettoyent deuant la Mure Le fufeau de ma vie au tombeau glorieux. Et jà deftà au camp tous mes Amis piteux S’apprefioyent Quand A l’on d’ honorer ma digne fepulture ; m’enuoya vifie, auec foigneufe cure, douce, où le ciel gracieux, Grenoble la pere diuin, par aile merueilleux, guérit de mes maux & de ma grand’ bleffeure. Comme Me Tl ejl vray que Minerue au maintien nonparcil Fauorifa mes yeux du iour de fon Soleil, Confolant ma raifon d’vne plainâe honorable, Si bien que mes beaux fetis en furent refouis C’efi l’honnefe Pressins, l’ornement du pats, Qui, belle, ef enuers tous fagement aggreable. Vn iour vn caut ChaJJeur aimant Veid vne belle Biche, & la Venerie tant la pourfuyuit Qu’il la mifl en fes rets, fi bien qu’il la rauit, Et l’eufi à fon vouloir par lafche tromperie. Vn peu de temps après La laijfe à De fortune Dont ce desloyal l’oublie, l’abandon du Loup qui la fuyuit vn Veneur en ce danger la veid, efpris de pitié il luy fauua la vie. ; DIVERSES 220 La mena dans fon Il parc, où nul n'ofe chaffer, la nourri/l mignonne, il la va careffer ; Le traijlre en defefpere, elle Car qui La laiffe la proye luy elle n’ejl ejl hagarde ; plus à luy, loy veut qu’elle foit feulement à celuy l’a Jauuée, & qui la contregarde. Qui brauue Ainfi qui prend en guerre vn digne prifonnier, S’il le laiffe au combat & qu’vn autre le prenne, Vn Roy l’adiugera iujlement au dernier; Nul ne mérité auoir vn bien s’il le dédaigné. Si pour ejlre boiteux on ne deuoit baifer, Cefle mere d’ Amour qui anime ton ame N’eu/l efpoufé Vulcain, Dieu de bouillante flamme. Qu’elle veut pour mary, pour mieux fe deguifer. Tu ne deuois donc pas fl fort le mefprifer, S’il a fenty l’orgueil d’vne fanglante alarme, Son malheur ejl heureux ; Et te baifant c’efloit pour ni pour ton fot vacarme te fauorifer. ! Ce grandcoup luy aduintpour l’honneur de fon Prince, Tais-toy donc, ie te pry' ; que fl plus tu le pince, le t’enuoy’ray des vers gonfle d’authorité; f Car ie te connoy bien, petite Courtifane, le fçay que tu les veux du Calibre d’vn Afne, Et que tu aime auffl toufiours la nouueauté. Digitized by Google POESIES 22 1 As-tu point veu ce fat qui fait du Gentil-homme, Ce glorieux Monfieur, ce fende ur de nafeaux, Ce coupeur de iarets, dont les ades plus beaux C’efl le fale conquejl d’vne verolle à Romme ? Il s’ efcoûte parler, il veut qu’on le renomme; Auffi l’eflime-t’on dedans la place aux Veaux. Il prédit le deflin des vieux S- des nouueaux, Et fage il efl ami du temps qui tout confomme. % Il Mais En il qui Yorde auarice extrêmement abonde. Cefl affronteur de Porte, Et & iufqu’au bien d’autruy ; ne connoifl pas qu’on fe mocque de luy, connoift toute chofe, comme femme, à qui l’on fait affront. l’on did, les cornes toutefois (Dassez) il fur le front, veut morguer le monde. Des bonheurs que le Ciel nous monJlre à toutes heures, Rien, rien ne meplaijl tant que la femme aux yeux doux, au courroux. Les vertus d’vn beau corps paroiffent les plus feures. Belle, humble, gracieufe, ennemie Les villotieres font fouuent inferieures, lettre me defplaifl qui finijl à tous coups, D’vn : qui fera l’endroit? d’vn: Dieu mercy & vous! D’vn : me recommandant à vo% grâces meilleures. Leur Et puis leur reuerence haflée à eu ouuert Digitized by Google ; , DIVERSES 222 N’eji autrement l’attraici de La l’Amoureux expert. mieux appri/e ; Nobleffe m’aggrée en ejlant Sinon c’ejl pis que l’autre auec /on noble orgueil. Sans parler, fans mouuoir, /entant bien /a /otti/e, Elle entretient de mine & baiffe tou/tours l’œil. PLA1NCTE EN ACROSTICHE DOVBLE * dompte-dieux toyquim’attaqu tn/coute, ïsiic'eft tq>i as tort; car ie /uis e/perant par là Regarde ma rai/on Meurtrier de ma ieuneffe, Animant mon e/moy, >3 ’ enflammé /ous ta loy. Corrompre ma tri/leffe. b euant plus fiere opprcffe, gens /ans /oy, non au vray Amant b le in d’honneur comme moy, Boiché des biens que Cypre Wrdentement careffe. ’vour/uis-le fierement Outrage l’ennemy, ^wiolablement, Oheris qui te chérit b’on ne te peut offendre. Ùÿiïs qui te haift be/charge ta cholere trjHfre les Amour, ma voix lumière de ton los, *iiay-moy retirer /ranc; Oncques ie n’eus repos. Ou s’il /aut que ton /eu '3'ouuellement m’encendre, ttjjraMCC, pzeffu/cite ma vie honorant mon xpnt que comme vn Phénix effort, ie naiffe de ma mort. Digitized by Google POESIES le regrette d’auoir employé ma 22 i ieuneffe, Soldat, courant fortune en mille efranges lieux. maux, auec coups outrageux, Sans que iamais i’en aye emporté de riciieffe. Auec peine, auec le regrette cfauoir feruy vne Maijlrcffe, Qui vn efprit oublieux dépendu foucieux, a, pleine d'efprit, le regrette d’auoir Me promettant ; (en Cour) d’ajfe 7 belle promejfe. le regrette d’auoir iuré trop irrité; égaré la fanté, Chofe qui fur tout femble ejlre plus regrettable. le regrette d’auoir Mais ie n‘ay tel regret, que d’auoir fait du bien, Du bien qui efl fi grand qu’il efi incomparable, A vn Normant ingrat qui enuie or’ le mien. Digitized by Google LE BOVQVET DE COQVETTE de l’an ib8i Bouquet, Efperance de bien, Où ejl le Myrte Paphien, Les Et œillets, les lys & les rofes mille belles fleurs déclofes, Va-t'en, l’honneur fuit l’auanture mon mignon, Or, Par Que celle ie te pour qui ! coniure l’on t’a faid, tu enfuiues mon fouhait. Allés-vous-en donc voir la Dame Qui fe nourrijl dedans Et la flamme, qui ne fçauroit Viure fans Sentir le feu iufqu’au dedans. En cela cette beauté tendre Tient du fort de la Salamandre, Fors qu’en fin le grand feu l’occifl, Et cette-cy s’en refioüifl. De quelque ardeur que ce puiffe ejlre, Fuffe d’vn varlet où d’vn maiflre, D’vn gendarme où d’vn Aduocat, D’vn habile homme, ou bien d’vn fat, D’ vn Moine crotté, d’vn Miniflre, Le mal-heur ne luy ejl finiflre ; Digitized by Google 5 POESIES Car 225 qui monte fur fon corps gent Toujiours luy donne de l’argent, Et gagnafl-elle la verole Le gain de l’obert la confole. Bref elle gaigne auec le Cu La vie à fon mari Cocu Et celle de tout Dont Von prife fon mefnage, ce bifcotage & Par qui les petits Ont ejlé iufqu’à claque-dents. On m’a diâ mefme les grands qu'vn bon Prince En a delaiffè fa Prouince. Voyés, Meffieurs, quelle vertu A cette Dame auprès du cu t Elle fait plus d’ Amour ardente Qu’vne armée hautement puiffante. Ce Prince, qui s’en eft allé, Pour vn fort camp n’eufl reculé, Et le branslement de Coquette Luy Mon a tofl fait faire retraitte. Dieu! que tu feras heureux, O gentil bouquet Amoureux ! Mais pour que ton heur ne te faille, Mon mignon, il faut que tu aille Non au matin, mais à my-jour Qui efl employé pour l’Amour. Auant midy elle ne ceffe D’oüir le Sermon 3 la Mejfe; Et notte que l’efprit bigot Plus qu’autre fe plaijl au doux flot. Donc ma Dame eft bonne papifte, Auffl le fainâ Euangelifle 1 Digitized by Google DIVERSES 22Ô Luy a donné vne oraifon; Mais parce qu’il deuient grifon Elle n’en veut plus qu'aux grands fejles, Encores faut-il des ly-tefles Ou de beaux efcus trefbuchans, Qui font en Amour allechans. Et, par l’Amoureufe carrière, Ma Dame De Le la Coquette efpere remettre en bien peu de temps deffain de fes bafiimens Et fa maifon tant endebtée, Que, fans qu’elle s'efï tant preflée Et qu’à ce prefl on a efpoir De releuer ce qu’on voit choir, Mafoy le rejle S’en fujl allé Tout du mefnage en rauage. vijle eufl eflé pour l’interefl: y efi. Mais quoy? belle apparence Coquette a charnelle alliance Auecques l’illujlre opulance, Qui doit tenir le premier rang. du fang L’a par pajjetemps redamée Comme parente d’Efcumée, Tu le pourras fçauoir au vray . Mais, bouquet, ie te fuppli’ray De ne dire que ie t’enuoye, T’ayant rencontré dans la voye Où le Varlot t’auoit perdu, Porte-Poulet mal-entendu. Tu ne lairras d’eflre aggreable Pour ton tardement regrettable. C’ejl parce qu’vn preftre Digitized by Google POESIES iij On te mettra dedans le fain Et puis après, le lendemain, Dans vn boqual emply d’eau fraifche. Monfteur le fot, qui n’ejl reuefche, Sans s’enquérir de ton pays, Ny qui t’a porté au logis, Lou’ra ta beauté odorante Te baifant de façon riante, N’ofant en eftre blafonneur; Car Madame ejl plus que Monfieur. Auffi Coquette le mérité ; Elle fait bouillir la marmitte. Dame Coquette a du renom, Du renom dis-ie qui n’eft bon; Mais Coquette ne s'en foucie Pourueu qu’elle foit enrichie. Coquette à vn fubtil efprit Et parle auffi bien qu’elle efcrit ; Coquette entend la Rhétorique, Mais encore mieux la pratique. Coquette ne porte d’enfans, Mais bien des hommes qui font grands ; Coquette s’y monflre Que toufiours nuiâ fi & forte iour en porte. Coquette, par deuotion, Joùifi de fon affeâion ; Coquette a efié pellerine nofire Dame de la Fine; Coquette ofa bien voyager lufques au pais efiranger. Elle euft des sifflets de S. Claude, A Pour refiouir fon humeur chaude ; Digitized by Google ; DIVERSES 228 Car les bains où Coquette Où elle Ne cicatriferent l’vlcere alla. auoit tant faiâ cela. Où toujours Von ioué à refaire. ejl fouuent de banquet Et fur tous mets prend le poulet; Car Coquette vint d’vne Coque Qui couue vn grand monde d’Efcroque, Dont le plus riche S- le plus fin Deuient par Coquette Coquin. Coquette, grande Coquetiere, Vend fa marchandife trop chere ; Coquette toujiours la furfaiâ. Coquette Le plaijir pour plaifir ne faiâ Coquette n’ouure fa Coquille Sans qu’on luy fouque de la bille. Coquette Croque de Choquer, Et diâ qu’on ne s’en peut moquer, Veu que de Coquine affaireufe. En cocuyfant haqardeufe, Elle a gaigné beaucoup de bien Sans quoi ore on ne prife rien. Et quand Coquette encouragée Deuiendra par le temps aagée. Ne voulant point changer d’aduis. Lors, alors, par fes doux deuis Qui ont fait ceringuer fa playe, Elle produira d’humeur gaye, Difant qu’on ne fait rien fi beau Que de faire vn monde nouueau. Et qu’elle veut faire connoifire Qu’elle l’a, çà & là, faiâ croifire. Digitized by Google POESIES 129 Puis Coquette, ioly bouquet. Te mettra Et dejfus fon buffet, & de fa flamme defunâe Ame; de fes pleurs Ranimera Non pas ta qu'elle t’aime Mais afin que Ce Prélat bon Penfe autrement, l'honnefie Amant, pilier d’Eglife, qu’elle efi de luy éprife Voyant ta conferuation ; Et, plus gonflé d’affeâion, Incontinent il luy enuoye Bagues, Carquants, force monnoye, Afin d’auoir habits nouueaux Bien qu'elle en aye plufieurs beaux, Qu’elle en change la matinée Et quelquefois l’après-dinée, Différemment, plains de fenteurs, Imitant les grandes grandeurs. Car, pour vous dire vray, Coquette, Coquette à face de raquette, Coquette au jugement d’oifon, Se dià d’vne Où il illufire maifon ne pleut point, qu’il ne pleuue. Bouquet tu n’en feras l’efpreuue ; Car Coquette, en faifiant l’Amour, Trotte toufiours & fuit la Cour. Auffi le fire, de fa grâce, Luy donna vn botus de Calce Lorfqu’elle venoit, dont Putus S’arma pour desfaire Brutus. Digitized by Googl DIVERSES *3 o le ne fuis comme vn tas d’auares Courtifans; Efpris d’vn fang gaillard mon plaijir me domine, le contemple, Havtefort, la troupe de Cyprine, (Race qui ejl logée à l’enfeigne des vents). Ten voy qui nuiâ & iour trauaillent leurs Amants; L’vne n’ejl qu’vne fotte S- fait la Paladine, L’autre fait V éloquente & n’a qu’vne routine, Cefle-cy ne fait rien qu’auecques beaux prefens. La La ieune ejl au combat viuement attentiue, vieille au cœur nauré n’y fujl iamais Toutes ont le cœur braue aux Amoureux retiue, effaiâs (Encor que l’Antiphile apparoiffe fantafque), Le blanc, le rouge au tainâ fe void plus que iamais, Et, pour te dire vray, chacune ejl belle en mafque. Tejlime ores heureux quiconque a des Amis, Que la laide auarice aucunement n’attife; heureux qui n’a nulle faintife. l’ejlime ores Qui au feu d’Ixion fon attente n’a mis. Tejlime ores heureux ceux qui font fauorits De ces grandes grandeurs que tout le monde prife; Tejlime ores heureux l’habile qui courtife Sans dépendre le ften au feiour de Paris. Tejlime ores heureux qui a de la prudence, Qui ne diâ ce qu’on diâ, ni la chofe qu’il penfe Digilized ; by Google POESIES J'eJIime auffi beaucoup vn vieil auantureux, Qui n'a taché le blanc de fa gloire parfaiâe; Mais, Ponsonas, mon cœur, i’eflime plus heureux L'honnejie homme qui a vne femme muette. SONNET DV NATVREL D'AMOVR EN DIALOGVE, PARLANT A LVY l. Qui es-tu? d’où viens-tu? d’où fors- tu,Ji grand maijlre, Difficile à dépeindre, ainfi que ie connoy? fuis Amour puiffant, Empereur fur tout Roy, Sans qui, ô monde ingrat, tu ne fçaurois pas ejlre. k. le le fuis promptement vif quand ie commence à naijlre le brusle dans la glace hors de crainte & tteffroy, ; le fuis vn chaud defir gros d'vn eflrange efmoy, Et d’vne Celuy humeur forciere on me n'ejl point, void apparoijlre. qui n’ejl à mes douceurs enclin; le m'engendre premier du beau corps féminin, Comme fubtile amorce aux Amoureufes flambes. le fuis fouuent diuers, haut, bas, trifie, ioyeux, le fuis aueugle encor; ie Et fors ioyeufement par yeux, deux iambes. viens pourtant des entre les Digitized by Google DIVERSES 232 LOVANGE DV CHIEN, AVEC L'EPITAPHE DE MA PETITE CHIENNE Pourquoy rend-on abhorrable Le nom du Chien amiable, Si neceffairement doux, Qu’il femble que la Nature L'aye faid auecques cure Pour ayde commune à tous? L’ancien plein de prudence, Pour affeurer la fiance. N’a peu mieux reprefenter Cefie bonté qui excelle, Qu’en forme du Chien fidelle. Qu’on ne peut trop exalter. le fçay que diuerfe Rend fon hifioire amitié notoire. Capable de bon Amour ; Si en diray-ie vne efirange, Qu’vn denmo plein de louange Veid comme moy l’autre iour. A ux Portaux, près Rilletiere, Vn Loup rauit à la mere Sa fillette de quatre ans. Elle, furprife, efbahie. De peur tombe Et fufi ainfi efuanoüye, quelque temps. Digitized by Google POESIES Son Chien le Si vijlement fuyt à le i33 la trace. pourchaffe Qu'il l’attrape dans le bois, En efgorgetant la fille; Lors d’ hardiefie gentille Saulte au collet plufieurs fois. Ayant faiâ quitter laprife, La mordante guerre efprife Entonne vn refonnement , Par Et craque ; heures fufi la bourrafque, la vuide dent qui Deux l’horrible grondement. Puis le Loup voulut reprendre La pauure fillette tendre, Le Chien efioit entre deux, Mordant Le Loup, d’vne trongne affreufe qui de peur honteufe Laiffe enfin l’enfant faigneux. Ce Chien Pistolet l’aguette, Faifant marcher la fillette La conduifi à la maifon, Lors la mere, en ioye extrefme, Et chaque voifin qui l’aime Se mirent en Oraifon. Mais Pistolet ne feioume; Il ne vient qu’il s’en retourne Chercher On le Loup à l’efcart ; ne fceut onc fi bien faire, Digitized by Google DIVERSES 3 34 Siffler, huer, pour rat traire, Qu’il reuint, qu’il ne fuft tard. Tay vn Chien & me Chienne Qui d’infortune prochaine Donnent aduertiffement, Et quand il vient des gens d’armes ; Car du cofté des vacarmes Ils abboyent longuement. Ces beaux œuures remarquables Ne font pas irraifonnables, Ils fentent Encor y l’humanité, a-il des hommes, Au traiftre Qui n’ont telle intégrité. temps où nous fommes. Qu’on ne s’eftonne donc ore Si ie plains, fi ie déploré Vn fi gentil animal; Mais vn qui aimoit ma vie, Qui en fuft fi bien feruie. Qui addouciffoit mon mal. Qu’on ne me blafme dlefcrire< La douleur que ie foufpire. Pour ma Chienne maintenant, le n’ay recepte meilleure Pour efgarer à toute heure L’ennuy qui m’oultrage tant. S’on me diâ plein de folie. Digitized by Google , Difant que ie glorifie Vn Animal fans raifon, Par ma Mufe fouhaitable, Autant comme vn raifonnable Qui efi fans comparaifon : le refpondray que ie prife Tout ce qui aime Lasphrise. le ne fuis ingrat en rien; Mais doulx, humain , pitoyable, Regrettant le regrettable, Mefme me fait vers qui bien. Helas l pourquoy ne plaindroy-ie, Pourquoy ne lamenteroy-ie Ce qu’on ne peut r’achepter, Veu que Von pleure la perte Qui peut efire recouuerte Et qu’on pourroit euiter ? le plaindray donc ma Mignonne, Ion Ion, qui fufi belle & bonne Qui m’aimoit d’vn bel efmoy. Et ialoufe de Sans ma elle efioit veûe, efperdue, Voulant efire auprès de moy. Sans moy ne pouuoit pas Et toufiours me Jamais ne me viure. vouloit fuyure, fifi fâcher; Mais las! c’efi bien au contraire; Car quand i’efioy en colaire *36 D me Elle I VERSES venait lécher. Sautillant diuers pafiage, Follajîrant gaye & voilage Me defroboit vn baifer, Lors i’efioy contraint Ion Ion apaifoit mon de rire ; ire, Qu’autre n’eujl peu apaifer. N’ay-ie donc raifon de craindre, Et encores plus de plaindre Pour la perte de ce bien Qui m’efioit fi profitable? Rien ne m’efi tant dommageable Que Pire dont ie fuis plein. le fens abréger Puis que ma vie, la tienne efi finie, Ion Ion, qui m’ofiois Pennuy ! O qu’à bon droiâ ie regrette Cefie petite Turquette, Qui fouuent m’a refiouy l Oultre la refiouyfiance, ma feure defence ; Cefioit Car quand Soit le Elle i'efioy endormy, iour ou la nuiâ fombre, Craignant qu’il m’aduint encombre me feruoit d’Amy. Quelque part où ie peufie efire Près de moy vouloit paroifire, Digitized by Google POESIES a3 7 S’y pofant fi doucement Qu’elle ne rompoit mon fomme; y Mais s’il approchoit quelque homme Me refueilloit promptement. Ion Ion ne fufi point friande. Ni vilaine, ni gourmande, Plus fobre elle apparoijfoit, Si gentille & fi aimable, Si belle & fi aggreable. Que chacun la careffoit. Elle efioit tant afpirée, Et tant & tant defirée, Par fa parfaiâe beauté, Que ie croy que la fortune Me l’a prife toute ieune, Nayant cefi heur mérité; Cefi heur que, fi par proüejfe Ou par quelque autre richejfe Se pouuoit ore acquérir, le n’ efpargneroy Ou par valleur, ma terre comme ; en guerre, voudroy vaincre ou mourir. le Ion Ion, tu fus trop iolie, Pour qu’vn Loup fe raffafie De le ta délicate peau, feray En Où cefie ta fepulture gaye verdure, l’on lira ce tombeau: Digitized by Google Dî V *38 E*ft S ES A Moysy, PRES LA Mardellb, Dessovbs vne motte belle, Gist la petite Ion Ion, PoVR n’avoir PEV TROP MIGNARDEÿ DELICATEMENT GAILLARDE, Rendre son petit Tendron. Mignonne, quel orgueil, quelle témérité Vous fait accomparer à ma belle aduenture? Quoy! n’au’ ous point de honte? hé ! la mere Nature S’efbahift contemplant fi parfaitte beauté. Vous vfeq toutefois de grande vérité. Vous renommant fi haut fubtille créature ; Car on fçait que mettes des pièces fans coufiure Miracle indufirieux, extrefme habileté 1 Ce en cela feul que vous faides merueille, la couleur pâlie efi au combat vermeille. fais durcir le mol, S- d'vne chofe vn rien. n’efi Par vous Tu Je n’ay Vefprit fi bon, ni l'ame tant accorte; Mais vofire œuure en tous lieux ie deuineray bien; Car ie fçay que toufiours vous faiétes bien la morte. CONTRE VN POETE MESD1SANT DE Ta doâe Mufe, auant que blafmer Du le RÀfeELAlS doux rire diuin Rabelais découpant quelque abus, Digitized by Google ; ) r POESIES Ne 23g & croy que c'ejl Phebus aigry fesle en ce lieu ta lyre. chantoit enrouée, Qui de l’iniure Tu trouue’ en luy mauuais ce qu’en toy tu dejire. Et que par tes beaux vers tu ejlimes le plus, Que tu exalte’ en d’autre, en honorant Bacchus, Qui pris modejlement n’ejl fubied au mefdire, Ainji que Rabelais Va modejlement pris Eujl-il efcrit, gaillard, tant de dodes efcrits Dont le flux fait couler le temps trijlement lafche? Tu t'es doncques trompé, foit luy portant rancueur, Ou pour plaire aux voille% au vent de la faueur; Ainji voulant fafcher quelquefois l’on Je fafche. Iaqves Marie, apprens cejle mienne efcriture, (Dont ie t'honore icy addouciffant mon mal Puis que Tulle efcriuoit à vn Jien marefchal, le puis bien Toy Qui m'as fi Comme Que mieux t’efcrire qui es de long temps bien exempt de ma laide iniure. chere nourriture. feruy cfvn feruice loyal, lan Robelet, ce Bourguignon féal, i’ay entretenu iufqu'à la fepulture; Crains Dieu fur toute chofe, aime tes bons amis, Fuy le vergongneux vice, & ne fay d’ennemis, Vfe difcrcttement & du vin & des femmes. Digitized by Google DIVERSES 240 Reuere ma mémoire S des miens vertueux; Comme loups enragej abhorre mes hayneux, Ne decelle Eraton, ni mes beaux Anagrammes. AV MESME. ANAGRAMME Cil Q.VI SERA AIMÉ De ma Mufe immortelle Suruiura ejiimé, Plein de vertu fidelle. le maudis Qui me à bon droiâ tient fi long la guerre iniurieufe, temps en Gafcongne arrefiè, ' Ne voyant ma maifireffe , Afire d’alme beauté, Qui rend (diuin Ronsard) ma douleur glorieufe. Et aujfi que ta Me r’enfiamme Indui/ant lettre hautement gracieufe au fouhait que i’ay tant fouhaitté, ma Clion à pleine liberté, Qui pourroit fous ton air voler par tout heureufe. le voudroy bien partir, mais helas ! ie ne puis, Au nauire abordé comparable ie fuis, Qu’on ne peut defancrer fans couper le cordage ; Car ne pouuant auoir congé de mon feigneur (Dv Maine, ce grand Mars) fans blejfer mon honneur, le ne fçauroy, Ronsard, faire ce beau voyage. Digitized by Google POESIES 24 Enflé d’ambition, temeraire importun, Qui laiffes Dieu à part (aufli es-tu Athée, Comme l’apparence eft dejjus ton front plantée), Rauiffant au public le moyen opportun; Dy-moy, Que fert voleur fuperbe, ennemy d’vn chacun, fang arreflèe ? ta pafflon dans le Peux-tu faire vn honneur d’vne chofe eshontée ? Car le brigandage eft abhorrable au commun. Quoy! violer, brusler, affafflner le monde, Defrober, faccager, troubler la terre & l’onde, Nommes-tu telle horreur vn ceuure glorieux? faut pour bon fubied vne guerre entreprendre ; Non, deflruifant le monde, vfurpément s’eflendre; Il Cela c’efl outrager les hommes & les dieux. A MAISTRE GILLES L’VSVRIER, PROCVREVR A CHARTRES & ton nom te font tort, Le Procureur femble double aduerfaire, Ta qualité Faifant foubs-main des traiéts qu’on ne doit faire, Et renaiffance au plaidoyant difcord. Où toy qui l’es difcrettement accord, Preud’ homme entier tu abrégés l’affaire; Puis vfurier tu n’es point vfuraire, Ains fecourable & des pauures fupport. 16 Digitized by Google , DIVERSES 242 Le nom doit eftre indice de la chofe, Nombre infiny fur ce fubieâ s’expofe Ainfi Mauors par fa force ejl nommé. Prens donc vu nom à ton humeur duifable, tu es comme vn grand plus louable , Nonfay, Qui grand guerrier Ce paifible ejl efiimé. petit Pelerin qui fait fi bonne mine Ronsard, l’efprit & le coeur bon) Ne fe voue à Liesse où PVniqve a renom, Vne autre Nofire Dame efchauffe fa poitrine. (Aujfi a-il, Il a deuotion à celle de l’Efpine, Qui efieint doucement Ve feu de Cupidon, y va bien en-point, garny d’vn gros bourdon, Afin d’ honorer mieux cefie image diuine. Il Aujfi tofi qu’il fera près de ce digne Autel, Il pri'ra d’apaifer fon bifarre martel, Tenant chandelle ardente en humilité grande, Et n’aura En ietant l’eau beneifie (après fi tofi diâ fa briefue oraifon, fa belle offrande) Qu’il n’aye (en fe croifant) la douce guerifon. Celuy auroit le cœur d’vne roche marine. Qui voyant tes vertus n’en fer oit Amoureux. Digitized by Google pqêsies Dont mojr galand, a43 affable, honnefte, genereux 1 adore ta beauté, l’image d’Erycinef Vn meffa«er ui longuement * chemine ParTT Parmy l ample campagne & grands bois ombrageux , S efgare aucunesfois; de me/me auantureux le crains quelque dejlour en chofe fi diuine. Mais fi tu veux, e ( B?Z ar waifoife, ^\f m'Amie, ojler ton mal tefprit, Amour feulement fe guérit) faut m’embraffer fans feintife. ., il cZZmerZrl ardeur Confommera Et ^ -ouueau qui gafle ton cerueau, en tes ceps d' Hymen te mettra en franchife. La Où goutte, rage mondaine, le doâe eft ignorant, Horreur de l’aime neufuaine, M’enflamme d’vnfeu grand fi Que ie ne puis refpondre ore A ces carmes finguliers, Dont le pere que i’honore Mérité vn rond de Lauriers. Mais fi la Janté amie, Threfor de l’extrefme bien, Sans qui vie n’efi point vie Bande mon Luth Delphien, , Digitized by Google DIVERSES 244 Et que difpos ie reuiue, le refonneray des vers Qui en fa faueur naïfue Primeront par l’ Vniuers. Or De ie vis en efperance reuiure encores mieux. Viure en cruelle fouffrance Ce n’ejl qu’vn viure odieux. Et fuis maintenant en doute Que l’on meure de douleur. Puis qu’on ne meurt de Plus outrageufe fureur. la goutte. Digitized by Google DES-AV EV DV FLEAV FEMININ En En ta faueur, te louant, ma ma Vierginette, blondelette, veux contrefaire vn grand Roy, Qui quand il luy plaijl Je reuoque Et du vray femble qu’il fe mocque En mettant en doute fa foy. le me veux donc le De tant & ores defdire tant d’afpre mefdire (Mefme du Fléau féminin), Puis qu’en toy ie me voy renaijlre Et qu’en ton teind on connoijl ejlre La beauté qui me fift diuin. Rends donc grâce, ô grande A cefle perle & fleur & petite, d’eslite Qui fleurifl fur toutes Qui fans art, qui fans artifice Trompe fans tromper la malice Du vieil les fleurs, hyuer gros de rigueurs. Digitized by Google ; , DIVERSES 246 le diray donc La femme par toy, Bellonne, diuinement bonne, Et fans aucune efgalité ; Car on ne peut voir chofe au monde, Qui la femme en vertu fécondé D’elle en elle efl toute bonté. La femme prifl de V homme effence. Puis l’homme de femme naijfance, Tous deux ne font qu’vn mefme point ; Qui blafme l’vn, il blafme l’autre, Le noflre ejl fien, le fien efl nojlre; C’ejl vn corps double, vniment ioinâ. Sans ce plaifir que (fans la femme) On On ne peut auoir fans diffame ne fçauroit viure efgayé; Toute la chere n’ejl point chere. Et Il qui veut auoir ioye entière, faut donc qu’il foit marié. Hé quoy ? fans le faind Mariage, Tout ne ferait qu’vn Bourdelage ; Nous ferions tous inceftueux Le fils engrofftroit fa mere, Et l’ignorant battroit fon pere. Tout iroit en defordre haineux. Si toute chofe eftoit commune, La confufion importune Dominerait vilainement. Comme chaque chien près la lice Digitized by Google ; ; POESIES S’entre-déchire *47 S- s’ entre-piffe, Auecque fafcheux grondement. Où dejfous l’honnejle Hymenée, On void de Paradis l’idée, L’homme & la femme ne font qu’vn ; Quand leurs enfants viennent à croijlre, En eux Y a-il ils fe voyent renaiftre tel bien On L’homme opportun? dira que par receut femme le aimable, coup damnable. le refpons qu’elle a réparé La faluation en ejl veue. Par Marie vne vierge esleue. Qui porta Iesvs-Christ facré. Si tu dis Toy la femme legere , qui dois eflre fa lumière, Pourquoy es-tu autant leger? Si tu as failli pour la croire, Pourquoy, toy qui t’en fais accroire, Te laiffes-tu tant engager ? Selle Elle plus fine S plus fubtille, donc plus que l’homme habile efl efl L’homme ; qui la blafme fouuent, Ainjt fe déclaré vne befle, Qui n’a que du vent dans la tejle, Variable Si les comme le vent. femmes ont faiâ grand.’ s fautes, Digitized by Google ; DIVERSES 248 Les hommes en ont faiâ de hautes, Qui Je donnent permijfton, baillant aux femmes licence, Dont l’homme ayant plus d’infolence, Ne Mérité plus punition. Qui voudroit compter Et fur mer les les ejloilles. bouffantes voilles, Toutes arenes d'alentour, Il auroit plus tofl faiéi d’efcrire la femme foufpire, bon-heurs de fon Amour. L’honneur que Par les Mille fois viendroit la Nuiél noire, Auant que i’euffe, en cejle hifloire, Penfé aux biens qu’elle conçoit Christ la conneut fi fouueraine, Qu’il voulufl, par la Magdeleine, Qu’on fceujl premier qu’il reuiuoit. Or c’efl affe%, mon Amelette, Ma mignarde Papillonnette, Le Ciel t’eslongne de l’efmoy, Vy donques, vy, ma mignottife, Et apprens ces vers que Lasphrise Compofa pour l’Amour de toy. Digitized by Google SV R LE BEL ANAGRAMME DE M. P. (margverite papillon) O que noble honneur a de puiffance bonne ! mort quand il Vaffeâionne, Gentil Palmier Povra me faire inceJJaniment le Il faiâ reuiure vn Par l’Vnivers reluyre, en glorieufe Auffi l’ Comme flamme ; aimay-ie autant que mon cœur & mon ame, eflant le motif de fon vif mouuement. REGRETS DE PHILASSER Soit, que i'aye failly cTvne Par la grâce de Dieu ie Amoureufe enuie ! t’ay donné la vie, Et, t’ayant reconnue, image de mes yeux, mon ame, & mon cueur & mon mieux, le t’ay donné le t’ay donné mon bien, & t’ay donné encore Le beau Nom que ie porte, afin que l’on t’honore; Car il efi renommé du renom de mes vers, qu’il vole immortel par le grand Vniuers; Tellement qu'on l’admire, & chacun s’efmerueille Tant De ma Mufe fans art, diâe la nonpareille. M’ Amie, il m’a donc pieu dignement t'efirenner. Te donnant ce qu’à nul n’eujfe voulu donner. Las ! ie ne le plains point, ie regrette au contraire Que ne puis pour toy dauantage ores faire. donc obligée, & d’vn iufie deuoir, & de tout ton pouuoir. le croy que le feras, ie dy fi ton courage ReJJemble autant au mien comme fait ton vifâge; Mais, ma tovte, ie crains de ne voir ce bon-heur Par le fort maladif qui jà me fait terreur. Quelle félicité! quelle gloire deliure ! Si le Ciel me faifoit affeq longuement viure, Tu tiendrois vn beau rang! Qui oferoit brouiller De mes biens (dont defunâ) on te peut defpouiller, Tu ie es A me chérir fur tous Digitized by Google , POESIES Si la foy sbt des féaux deuenoit infidelle, Ce que ie ne veux point ancrer en ma ceruelle. Mais toutefois, m’ Amour, ie fçay, fi ie viuois Encores plufieurs ans, qu'encor plus tu ferois; C’efl là mon feul dejir, car ie ne dejire efire Qu’ afin d’auoir moyen de te faire pareflre, Qu’ afin d’auoir ce bien chaque iour de te voir, Te faire vertueufe & faire bien pouruoir. Voilà, mon cher fouhait, tout ce que ie fouhaitte, ce qu’ores, dolent, dans mon liâ ie regrette, Et Redifant de rechef que i’ay peur qu’efiant mort (Qu’encore trop ieunette) on ne te faffe tort. Or fi à cefie fois le Ciel m'enfepulture, Reçois ma volonté, qu'entiere ie te iure. Honore ma mémoire, ayant l’aage difcret, Et çà & là regrette en tout temps mon regret. Mais, mon doux Aignelet, ma mignarde Angelette, le te prie & coniure, ô ma chere fillette, (Non point defefperé, auifant ton efpoir Par ma perte perdu) durement me douloir Par des foufpirs profonds, par larmes catarrheujes Par trifies actions, par paroles piteufes, Plains-moy difcrettement, craignant que la fureur Des plaintiues pitié ç ne te faffe douleur: Car ie te iure Dieu que ta dolente attainte (Sur toutes les douleurs) efi ma plus grande crainte, le te refupplPray par mon affeâion, Pour que tu ayes mieux ma bénédiâion, De contenter mon vueil, qu’en ces vers ie t’ordonne r que tu viues fage, en confcience bonne, craindre toufiours Dieu, d’auoir chafie entretien „ hanter que les gens reconnus gens de bien ; C’efi De Ne Digitized by Google POESIES •253 Si ne croiray-ie pas, & ne fuis heretique, Qu’on puiffe imaginer ioye plus magnifique Qiie la veüe entre amis, s’aimans d’intégrité Par l’inflinâ de Nature & confanguinité, Mefme après auoir faiâ fi merueilleux voyage, Qui par la mort nous a fepareq fi long âge, Cette félicité ne fe peult exprimer, Tefmoins m’en foyent ceux-là qui fçauent bien aimer! & meres doux, hé! quel plaifir fécondé veüe de ceux-là que l’on a mis au monde, Les enfants gracieux ! Gros de douce douceur, Cet heur efl coégal à l’inegal bon-heur Qu’on tient en Paradis, fejour de l'ame fainâe, Dont plus heureux pourrons auoir double aife emprainte. Combien de fainâs baifers, de foufpirs naturels, Combien d’ embrafements chèrement paternels. Combien de iufies pleurs & de larmes benines Prouueront lors l’ardeur de nos Amours diuines! Ce bien t’efmouue donc à viure fagement, Afin que nous ayons ce doux contentement, Afin que fi la Mort (par qui tous déperiffent) A voulu feparer ceux qui s’entre-cherijfent, Nous ayons bon efpoir d'encore nous reuoir, Qui efl le feul deffein que ie defire auoir. Tout le bien en mon dueil c’efi donques l’efperance Peres La De te reuoir vn iour plein de refiouyffance, Que tu m’accoleras, que ie t’accoleray, Que tu me béniras, que ie te beniray, Et pour n’y faillir point, ie te pry’ , ne fait faute De reuerer toufiours la diuinité haute, Et te fouuienne encore, en l’honneur de mon dueil, Qu'apres ta mort tu fois mife dans mon cercueil, Digitized by Google ; DIVERSES 354 Et croyant, ô mes yeux, que me voudrez complaire le mourray plus content en ma trijie mijere ! Ainji dijl Philasser, regrettant douloureux De n’auoir grand efpoir de viure vigoureux Et approcher le but de la blanche vieillejfe Pour voir luire le iour de fa douce lieffe. Pour me defennuyer ie n'ay qu’vn gros Picard, Qui danfe quelquefois d’vne grâce pofée; Il amble tout ainji qu'vne ieune efpoufée, Et de cadence encor iamais ne fe defpart. Sur Il le foir, plus difpos il bondit par hasard, tombe doucement comme vne tour rafée. foufpire à hocquets, il rid de fa rifée, Il ejl pour vn camus amiable paillard. Il Il ejl De laborieux, il ejl prend bien merueilleux, Qui prononce Il il cefte peine boire du meilleur la tajfe toute pleine Bref a furtout Car Mon c’efl vn noble Cocu, Dieu alors qu’il fe courrouce; grâce aggreablement douce, il va grattant fon Cu. bien la toujiours, tant ejl bougre, Picard n’a qu’vn vice en chaque qualité, de ces fringans qui veulent qu’on les loue ; Il n'ejl Digitized by Google POESIES Tout Et que dit Mais, c’ejl afin d’euiter la molle oyfiueté, Il dort, ou boit, Contrefaifant Il 255 prend il veut que ie l’aduoüe, d’autant que ie fuis attrijlé. le plaifir qu’il baue, il le rotte, ou marche, ou paillarde, ou il ioüe ; finge il morgue, il fait la moüe ; il pette en toute honnefieté. Hardy comme il Mon fi ce n'efi vn Renard Picard n’en a point, ne rougifi de honte. Que fa femme à Paris à chacun quand il conte tend beau ieu, Qu’il a pour compagnon vn monde magnifique, Efiant plein, Car il fon plain-chant furpajfe a bonne voix pour bien crier la Mufique; au feu. D1SCOVRS A LA FRANCE France, qui m'as donné la chere nourriture, Et dont i’attends auffi la douce fepulture, Mere, ie te fupply’ de foufienir ton fils, Si quelque mefdifant luy vfoit de mefpris. Or ie te veux conter ce qu’on voudra mefdire. Et ce que iufiement tu pourras contredire. Si quelque Auolé did que ie cele mon nom (Volant par l’Vnivers) qui eft de Papillon, Refpons-luy au contraire, ains que ie l’éternife ; Mais parce qu’à bon droiâ l’on m’appelle Lasphrise Et que par autre nom ie ne fuis renommé, Qu’on ne me cognoifiroit d’vn autre nom nommé. Digitized by Google î56 DIVERSES Qu’auffi efi-ce vn fief de la terre ancienne -DcVavbravlt d’où ie fuis aux beaux champs de Tovre.ni Mais Marc efi mon nom propre illufire en toutes parts, Et en fon braue honneur i’ay faià beaucoup de Mars. le ne fuis donc blafmable alors que ie me loué. les plus grands , dont le diuin m’aduoué. Puis fi quelqu’un te diâ que mes beaux vers François N’ont efié faiâs fans art, que ie ly quelquefois, Refpons pour m’approuuer que ma Bibliothèque Efi vn râtelier d'arme’, où de iour en iour prefque Si le Ciel ne larmoyé, & fi ie fuis difpos, l’y prens mon efcopet te & m’exerce à propos, Que ie regrette fort de n’auoir la nature ( Comme tant de fçauans) encline à la leâure. S’on te diâ que ie prens (moy qui fuis retiré) Le nom de Capitaine ores moins honoré : N’oublie à répliquer que ce genereux Tiltre Ne s’efuanouifi pas comme cil d’vn belifire, Que ie neperdray point (car fes Lauriers font verds) Ce beau grade guerrier, l’ornement de mes vers. Que ie n’ay redouté ni l’onde glaciale, Ni celle dont l’ardeur d’vne autre n’efi efgale, Que l’Afrique, l’Afte & que l’Europe auffi Ont plufieurs mois conneu ma braue humeur ainfi, Que la chaude Ancelotte ouyt mon harquebufe, Et la froide Allemagne, où Bellone s’amufe, Si ie commençay bien, que ie n’acheuay mal, Ce fufi à Vimory, où l’honneur Martial Me falua fi bien, que fans l’ingratte effence Mon loyer eufi donné à d’autre recompence; Et mon Genie heureux m’auoit de gloire orné, Quand il me mena vifte au camp à Covrtené. Imitant Digitized by Google Là ie n’eus le loyfir feulement de repaifire Pour aller à la guerre, où mon feigneur, mon maijlre N’ayant auecques luy que quarante guerriers ( Gentils-hommes d’honneur, amoureux des lauriers) Défifl, garantiffant fa bonne infanterie, Bon nombre d’ennemis, ennemis de fa vie. Nous cour ufmes fortune enfemblement fans peur, Et fus feulct vue heure auprès de luy vainqueur: ' Depuis par fon vouloir en trauerfe haqardeufe, I’allay vifie à Nancy près fon Altejfe hcureufe, Retournant indifpos ie laiffay lors ma Cour, Et m’en reuins en Beaujfe à Moisy mon fejour, Ayant veu que i’efioy comme vti qui auec peine Marche altéré bien loin pour boire eau de fontaine, Et quand il en efi près, qu’il tient le verre plein, Par malheur fans fa faute il luy caffe en la main Car fi l’artifan a du gain de fon ouurage Et fi les beaux effeâs méritent d’auantage, le deuroy aduancé paroifire opulemment, m’en estes tesmoings rencontre de Dormant, Vovs Ov IE FVS VEV TVANT, EN POVRPOINT, PESLE-MESLE, Le Vernay, Vymory, fossé de la Rochelle, Vovs MONDE d’eSCARMOVCHE, ASSAVTS DE LvSIGNAN, Danfrons, Sainct-Lo, Brovage et Fontenay, Maran, Saincte, Mesle, la Mevre et villes Davphinoises, La Gascogne et Thetis, vovs honorables noises, Et vovs cent mille hazards par miracle passez, Qui fouuent m’ont fait mettre au rang des trefpaffeq. me puis bien vanter de cecy fans enuie, N’y ayant butiné que coups & maladie, le meurs me fouuenant d’auoir à mes dcfpcns le Tant couru, tant fouffert, perdu mes plus beaux ans. z DIVERSES 258 Blafonne qui voudra ma Mufe véritable, voudroy me vanter d’honneur plus le A profitable, fin qu’à bon efcient on m’appelafi vanteur, Mais ie ne vante, helas ! que mon hautain mal-heur. Qui l’enui’ra, ô Dieu, toute grâce opportune, Fay, pour le chafiier, qu’il coure ma fortune. Que ces vers apprendront ; qu’il foit braue & galand, Errant vingt & vn ans près de Mauors fang'.ant, Que plufieurs coups mortels, les douleurs, les trauerfcs, Les pertes, les trauaux, les pajfions diuerfes, Pesle-mesle à toute heure, vn fur l’autre entajfé, comme moy L’affaillent Et n'efiant recompenfé, Cour fa ruine, fon malheur il rumine, puis, defefperé de la Seul à part Av FRONT retiré, DES FEVX G VERRIERS EN CONTINV HAZARD il connoifira fi ie me plains Y'ous, ieunes Cheualiers, comme Alors \ par fard. moy d’humeur franche, Ayez Si En bien de mon mal qui vous ferue de planche. fort vous menace après que vofire cœur beaucoup de bons lieux aura acquis honneur, le Retirez-vous plufiofi, car vous efies trop braues Pour mendier toufiours, & pour refier efclaues, Vous aureq beaux peiner, les muguets effronté Auront de vos labeurs les biens bien mentez ; le voy (fi vous n’auez à mon dire creance) Que vous aurez enfin tardiue repentance. Plus on pluye, efiant mal habillé, efi à la Et plus (mes compagnons) on s’en reuient mouillé ! Tant plus on entre auant aux forefis efpineufes, Plus, tant plus on reçoit picqueures doulourcufes, Et qui plus feruira les Plus aura de regrets & ingrates grandeurs, plaint iues clameurs. Digitized by Google POESIES Ô.j ELEGIE Puis qu’il faut t’augmenter, mon Livre, mon mignon, Mon tout, mon œil, mon cueur, mon feul,feul Ame de ma pure ame, hé! i’aurois tort ma Si ie le ne ne renommois ma compagnon, vie genealogie. veux donc, mon fils, qu’on ignore ton rang, Ny d’où ejl procédé le fang de ton cher fan g, Ny ne me veux farder pour me faire paroiflre Plus grand que ie ne fuis empruntant plus grand efire Bien que le beau fejour qu’ont laijjé mes ayeulx Soit affe; reconnu pour ejlre glorieux, Il ejl en place ouuerte au milieu de la France, Et fi feigneurial que fon fief s'auance Iufqu’ Amboyfe, oùplufieurs en tiennent feulement : Il paffe Circe & Loyre, & diray plus vraiment Que maifon du pays n’a tant efié connuë Sans tomber en quenouille & fans efire venduê. Apprends donc, 6 mon Livre, enfant de liberté, Tandis que ton Lasphrise efi au monde arrefié, Que i’ay nom Papillon, que ie fuis de Tovraine Cadet de Vavberavlt, maifon fort ancienne Qui efi en nofire race il y a trois cens ans; Mais les malheurs diuers, les miferes du temps, Et tant & tant de fois partage fur partage Ont beaucoup amoindry ce gentil héritage. Or cefiuy-là des miens qui l’honora premier % Arnavton renommé bon guerrier, Qui changea fa Garosne à Loyre près J’Amboyse, S’appelait Par Hymenée efiant à la guerre Françoife. La remarque des fiens pour confirmer ma voix, Digitized by Google ; DIVERSES 260 Eft à Bovrdeavx, fejour des armes S des loix. Qu’ on voye à Piposlin vn fuperbe édifice, On lira Papillon graué au frontifpice. De ce preux Capitaine on tient donc defcendus Mes Ayeulx Tourenjaux de l’honneur deffendus, Qjii nobles Con/eillers de la Cour fouueraine, Ont feruy de lumière à la vertu certaine. Ainfi mon digne Pere efclaira de tels rais, des eaux & des forefis de Tovraine honorant plus fa vie en fa belle patrie. Et grand Reformateur Au Dvché Ayant fi beau Povvoir la pieté ne fe marchandait pas, On n’achetoit encor ces glorieux efiats Pernicieux achapt dont l’ame eft corrompue, Car pour fe rembourfer la lufiice eft pollue. Du cofié maternel pour bifayeule i’eu Blanche fvmée ardant d’un feu chaftement veu, De race diâe illufire, ayant cefie excellence Que d’icelle eft venu vn Chancelier de France. Mon ayeule auoit nom Charlotte de Godeav, De Pré (voifin d’Amboife) vn lieu noblement beau, Alors D’où fortirent iadis des Cheualiers fi braues, Qu’ils rendirent, vainqueurs, plufieurs Anglois efclaues. Pource on diâ qu'vn puifné, au bruiâ de fon renom, Fut richement pourueu au terroir bas Breton. Ma mere au cueur pudique eft de Prévost iffue. De la maifon de Forge au pais reconnue, Dont le renom ne peut tresbucher de fon haut; Et ne dégénérant l’heureux Plessis Prévost, fens magnanime, en feruant fa patrie Mourut rendant Tovrs forte & l’a fort aggrandie. Hola, mon Livre, kola ! tu as diâ autre part Vieil, d’vn Digitized by Google ' Que Capitaine POESIES l6l au milieu du hasard. Conquis mille Palmiers, n’ayant à leur ombrage, Pour le fruiâ de mes fleurs, qu’vn los pour tout fruiâage! i’ay, Oigitized by Google STANCES DE BACCHVS ET CADRES ZME T'HELA AT - compolees le mefme iour PAR LE CAPITAINE LASPHRISE Et trois Sonnets fur pareil fuhjeét Si en ce iour gaillard, où chacun fait fcjlin, le loue les bonteq du dcleâable vin, Il ne s'enfuit pourtant que mon fens s’en efgare, (Confequence mauuaife entre les vertueux) Tel aime ainfi l’Amour, qui n’ejl point bourdeleux, Et tel prife ainfi l’or qui ne fu fl onc auare. le fçay Péchant, qu’és vicieux l’yurcngne cfl il le premier. feandalife vn monde fmgulier, Et fi, en s'offençant, Dieu & l’homme il offence. Le menteur, le iureur ne fait point tort qu’à luy ; Le larron a profit du moyen de l’autruy ; Et, du plaifir, l’yurogne engendre defptaifance. Quelle plus grande horreur faifant extrefme mal? D’homme, image de Dieu, deuenir fol brutal, Plus que les Animaux qui font irraifonnables ; Car l'yurongne occira fon pere le flattant. Digitized by Google , STASCES I)E 203 CARESME-PRENANT Vn chien rid à fan maiftre, & fujl-ce en le battant ; N’approche 7 donc de moy, yurongncs abhorrables. le ne veux donc icy diffamer le bon au contraire, entre tous le l'honore, On vin ; biens diuin, ne doit accufer la matière incoulpable ; L’ejloc, nojlre defenfe, ainft nous occiroit. en faut mefprifer goulafre qui boit, Et non l’excellent vin de foy plus admirable. Il le Chante donc qui voudra les combats furieux. Les foudroyans ajfauts de Mars viâorieux, Mes Lauriers empourpre j mon honneur tejlifient. Par delà Gilbathar i’en pris Adolefcent. Pour ne renouueler mon mal qui me dueil le diray donc les biens qui, plaifans, tant defennuyent. On did qu’il fait beau voir vn bataillon armé, Marcher en ordonnance à la guerre animé, Mais l’ordre des flacons a bien meilleure mine, Et plufieurs plats fournis fur la table arrange f Or : puis que l’on combat pour les biens ombrage Mcffieurs les conquérons triomphent en cuifine. Le braue entreprenant y fonde fan projeâ. Le Monarque plus fier eft toufiours fon fubieâ ; Où faut la guerre eft abolie, Royale, & peut brusler les coeurs mere aux feigneurs. Donc l’aimant ie feray d’illuftre compagnie. la cuifine Sa fumée eft D’ Ambition, d’ Amour; c’eft la Magnanimes feigneurs, de cuifine opulents, : STANCES DE BACCHVS 2<Î4 Qui fembleriex honteux fi vous entriez dedans, honneur il n’en faut auoir honte ; On ne doit dédaigner ce qui fait refpeder La cuifine, par qui on vous va bonneter ; Puifque c'efi vofire Car, fans elle, de vous on ne feroit nul conte. Qu’on ne s'efionne donc fi le Prince appafié Prend de l’autruy par force ombré de pieté ; L’ejjfence cuifiniere extrefmement profite, C’efi le grand œuure exquis, c’efi la blonde toifon Conquefiée en Colchos par le braue Iafon ; efi prié par la bonne marmite. Mefme Dieu Tout fe faid pour la morfe; on a beau efireaccort, Sans cela tout n’efi rien, le plus vif femble mort; Sus doncques, Terpsichore, apprens-nous ta fcience, Pour honorer celuy qui t’honore le plus, Car nous fommes au temps dédié à Bacchus; A Carefme-prenant Voicy il faut que chacun dance. iour fefié plus folennellement ! O fefie fouhaitable ! on n’y roid nul tourment; On chante, on faulte, on rit ; tout plaifir s’y arrefie, le On parle ouuertement, on y trouue tout bon. Donc i’ entonne en ce iour faind Denys fon patron, Et voudroy tous les iours qu’on célébrafi fa fefie. N’en defplaife à faind Ian auec fon feu ioyeux, Et vous fainds depriex, o S. Faufiin l'heureux, Saind Auit, S. Genou, S. Vif, S. Iufi, S. Sire; Voms n’ approche x fon heur, luy feul efi plus que tous; Car fa fefie efi Jalubre aux fages S- aux fous, Digitized by Google , ET CARESME-PRENANT 263 D’vn tel Il ejl au Carneual, où chacun fait l'Amour fainâ general groffement on foufpire. l'vn portant Vautre à mode de la Cour; veux offencer les oreilles plus tendres ), Plus grand il ejl chommé & de iour S- de nuid, Ce n'ejl vn maigre fainâ ; fon iour de graijfe luit ; (Tentens le ne Sa Vigile ejl charnelle, on s’en degraiffe aux Cendres. Hommes, femmes, Apporte q enfans, mes voifins, mes Amis, Mommon; ne foyeq endormis, que toute nuid tu baies, Aux doux fredonnemens de mes beaux Violons. Qui voudra danfera rondement aux chanfons, Io , voicy le iour des gayes Bacchanales ! Il me le plaifl, Saltadin, On admire Pallas pour auoir inuenté La toile blanchiffante ; on a ainft vanté Ian Guttemberg qui fifl la dode Imprimerie ; L’autre VoPloge bonne aux hommes trauaillans ; Et la pouldre Allemande effroyable aux vaillans Et V hasardeux Typhis Au prix du le voy vin, c’ ejl qui en mort ejl en peu que ; vie. ces inuentions; bien Cerès riche auec fes efpics blonds, Par qui Mais en l’on faid le pain, qu’à peine Von façonne ; des lieux loingtains on en pejlrijl de bon D’vne groffe racine abondante à foifon, Et de fpeltre, qui ejl efpece nourriffonne. l’entens bien que le vin pris Caufe dedans le intemperamment corps vn refroidiffement, Digitized by Google . 266 Et STANCES DE BACCHVS diffipation, mefme generatiue, Qu’il gafie veines, nerfs, qu'il hebete les fens Mais pris en modefiie, ainfi que ie le prens. Il efl ; tout bon, fans pair, l’ejfence d’ Amour viue. Pource on did que Priape efl enfant d’Oftris, de Venus la belle aime-dance, aime-ris, Et did -on que fans luy elle ejl bien morfondue. Puis qu'vn prouerbe antique efl Oracle diuin, Pour faire bien l’Amour il faut donc de bon vin; L’honnefle Dame auffi n’en efl pas defpourueuë Et Tant de dodes nombreux i’enfuyuray l’ honorant, En langage François, puifqu’en France il vient grand, Comment nommeray-ie? il a plujieurs patries, Voulant monflrer par là aux hommes curieux, le efl certainement vn des plus puiffans dieux. ne peut eflre grand fans grandes feigneuries. Qu’il On nom aimé, qu’en ce conuy chaque Amy eflimé, T’inuoquant auec moy, aye ta grâce entière! Nous en porterons mieux nous refiouiffans bien ; Tu en auras l’honneur; car fans toy tout n’efi rien. Où manque le bon vin l’on ne faid bonne chere Vnique, apprends-moy donc ton plus beau A fin Pour plus excellemment magnifier Bacchus, Le diray-ie Pfyla ou Liber qui efl plus, Hymenean, Noab, Baffar, fuperbe, agile, Des Menades le chef, des Tyades, ou Pan, Vieil enfant, Indien, Thebain, Nidilian, Cuijfe-né , Silenin, Semelin, franc, vtile? Digitized by Google ET CARESME-PRENANT •267 depainâ diuers, les vns te font chefnu, Ceux-cy douillet, fans barbe, & les autres cornu, Voulant par là monjlrer ta corne d’abondance, Ou bien que tu fais faire en tous lieux des cornus ; Car, en rajjajiant tu prouocques Venus, Pource on diâ de tout temps: De pance vient la dance. On te tu es cornu! Cornvav eft ton nom, caufe du Bouc, ni de lupin Hammon, Non, non Non à Mais parce que tu viens plus grand à Que l’on appelle ainft, dont la fainâe l’ample vigne, liqueur, L’honneur deV avberavlt, fur toute autre a l’honneur; Quiconque ment en vin de viure n'ejl pas digne ! Ce plan deuient puiffant ; il n’y faut du charmier, Auffi fon vin eJl prompt fort vermeillet, altier, , , On luy doit le buuant, la trompette formante, veux qu’à chaque fois qu’on en bura, foudain On die vne chanfon qui aura pour refrain: Gay, gay, viue Bacchus, & cuifme odorante ! le Mais on ne peut fouuent le reconnoiflre bon, La plus-part ne le void que d’vn œil de renom, Regrettable beauté ! qui fait honte à Gafcogne, A Beaune, à Orléans, à Coucy, Bar, Anjou. Son mal en fon bien donc c’ eft qu’on ne le void prou; En la grand’ rarité on fait mal fa befongne. L’eftranger ne le void, les Princes, ni les grands, Fujfent-ils, ô Bacchus, tes illuftres enfarts! Par miracle Et en ma ejlonnant il eft en ma Touraine, terre auffi, au clos Vaubraunien, Digitized by Google 2 68 STANCES DE B ACCU VS O fuc priant, En riant, gaillard, cueillant le beau Venerien, Mirthe on efgare la peine ! faut donc par luy, toy folleillant entre tous, Garçonner ore affis, debout ou à genoux, Mettant à cejle fois l’Aretin en lumière. Çà, Briare aux cent-mains, brindes en general ! Fy du pâlie foucy ! viue l’Amour loyal! Il Sans la femme on ne peut faire me chere entière. Du plus beau nombre fept falûons nos Amours, Puis leur faifons fept fois, fept planettes, fept iours Meinent le bal de l'an; mais nos iours ne retournent. Employons-les donc bien, tandis que nous viuons. Hà, hà, hà, c’ejl bien diâ, baifons, chantons, buuons, Au tenebreux tombeau les plaijirs ne fejournent. Difons le mot, gauffons, non en Courtifans fainâs, Cefl honneur reuerend, ce baifement de mains, Rien, cela me defplait, faifant chere accomplie, l’inuente vn traià ioyeux ; chacun ait près de luy Vn verre crifiai in, & d’vn fon rejîouy Demandera à boire en plaifante harmonie. N’oublions nos Amis, tin dins, apporte plein, ie boiue à mon cœur, mon cher Vilegohblain, Que Chef-d’ œuure glorieux, fi courtoifement fage ! Puis à Viefvy noflre ame, où la vertu fe plaifl, Puis à nos bons germains ; bref en ce bel apprefl Rappelions le bon temps pour le mettre en vfage. Nous falu’rons ceux-cy prefque comme prefens. Digitized by Google , ET CARESME-PRENANT A fouppé ie buray aux A mon Beavvais-nangy, 269 intimes abfens, gros d'ardeur finguliere, Puis à mon Bois-Davlphin, tout Amour, tout honneur Et puis à la fanté du Maine, mon feigneur; On ne fonge en buuant à la fortune Jiere. En Ne falüant ainfi la fanté des Amis, gaflons point la noflre, à nous-mcfme ennemis, vn peu, difons le mot pour rire, Pour l’egayer Tout n’en ira que mieux; tout efi bon maintenant ; Car tout eft (comme on diâ) de Carefme-prenant La Dame O bifcotée vfa de ce beau dire. ! que tu es vn grand Roy, Tous les Roys affemble 7 ne font fi grands que toy, L’vn rompt l’edit de l’autre, & ta loy n’efi defaide ; Ton régné vniuerfel efi tous les ans galand, L’Amour s’y peut embler (priuilege excellent); Donc la Royale Cour t’efi plus humble fubiede. Carefme-prenant Par toy, buuant , l’on plaifi à l’homme qui nous plut, L’Italien mefdit d’vn fi digne falut, Pris de nos bons Majeurs, d’où vient l’aime fcience. Quand l’vn à l’autre boit, c’eft figne d’amitié, L’ennemy mcfme en efi mieux réconcilié; Car ce tefmoing vineux ame ine efiouiffance. le hay ceux-là & Qui vous, 6 vous fiers Vous ne fçaurie 7 nier Que Othomans, n’ofeç boire vin, dont efies fi friands ; efies trompeq en vofire loy maline Que vous le vin (S- ne fait fang, ! fans parler Chrefiien) plus fubtil du bien le Digitized by Google ; STANCES DE BACCHVS 2 70 De la terre nourrifie, ainji qu’afieure Pline. Quand vous ne feriez, Turcs, ennemys de Iesvs, Puifque vous mefprife 7 l'ejlimable Bacchus, Plujlojl mourir que viure en vojlre obeijjance ! Ton pretexte e/paré, ou cejle antique Loy, Que tu veux contre Pan faire obferuer fous toy. Te perdra fans iouir de fi douce excellence. O Iayn-cornvav effence du bon mot, O Bacchus cornuau ! l’honneur du fainâ piot, ! Nous te cherifions ore en reuerence honnefie Chacun a du Lierre, & chacun efi paré, Mes Amis, comme moy, t'efilment plus facré Par : vin facrifié le falut fe conquefie. me puis garder de merueille furpris, D’admirer fon effeâ d’ inefiimable prix ; Car, détrajuant l'ennuy, l’allegreffe il enuoye. Sans qui le plus grand bien ne fçauroit efire doux; Trinquons donc, compagnons, çà,refiouyfions-nous, Qui en mourant bura en mourant aura ioye. le ne Que Le fafie donc qu’en mourant nous humions bonne pianche, afin que ne fentions le ciel De fi redoutable orgueil de la Parque bourrelle. Nedar, puis qu’immortel tu es Qui te boira toufiours il ne mourra iamais ; Car l’immortalité rend la chofe immortelle. le t’offence, 6 ! Buuons doncques toufiours pour viure incefiamment. Et fans nous foucicr d’autre médicament ; Digitized by Google , . ET CARESME-PRENANT 27 1 Les chcueux argente q ne viennent point à table, Puis que le contraire ejl du contraire guery, Le bon vin rcfiouyjl le renfrongne marry ; Car gay, fi rien n’ejl fi plaifant, fi délectable. honorant de l’exquis D’vn beau coup larmoyant mon coufin dv Plessis, Tins, dins, fringue, Ioyevx Dont l’Apollon tonnant les ! foudroyans eflonnc, Il nous fera raifon, S- de la main du cœur; Dormes, auffi Roqville; ayons donc du meilleur, Comme meilleur Amy qui nous affeâionne. Si i’ay chanté Bacchus en ces vers ou ailleurs, Honneflement gaillard de fes gayes fureurs, le n’ayme, 6 fot caffart, pourtant l’yurongnerie. Vn fobre monde illujlre ainfi Va esleué, Qui mefdira de Novs d'eau foit-il abreuué,Tant qu’il fente gonflé la froide hydropifte. Veux-tu point que ie pleure, ô grand deuotieux, En mangeant & buuant les biens délicieux? Tu veux que le bon viure ainfi foit hayffable ? Son nom tefmoigne vie, & tu es nay Par luy tu es viuant, on meurt fans Il efi bien Si malheureux qui peine ou efi en luy, iceluy. abhominable. dueil quelque bien nous faifoit, on s’emparadifoit tefmoing Neptune & Mars tragique Non, paffe prudent, non, va, fois toufiours chagrin ! la Et fi par le la difette l’euffe efiè fainâ, Ne boy le vin riant, Car l’extrefme bigot chomme fainâ Mathurin efi fol, mclancholique ; 8TANCES DE BACCHVS 2 72 Bref, boire honneflement L’ame, le c’eft delice fans mal, corps n’en deult ; du vin feigneurial La fejle aux Roys facreq chaque an Dont chacun pour mieux fe folennife ; boire a defir d'efire Puis le Tay ajfe% de Lauriers, ie fuis las de la Roy, Roy-boit fe chante en tous lieux loing d’efmoy ; Ainfi le puiffant fceptre au flacon fympathife. SONNETS guerre; me refiouir, ie veux faire feflin ; veux faire l’Amour, brauant le fier defiin, M’encouronnant le chef de Mirthe S- de Lierre. - le veux le Marie Orleannois, emplis donq mon grand verre ! Voicy le Carneual, l’amy de Jaind Martin, Verfe premièrement de ce blanc Angeuin, Bien qu’il foit de Touraine & du cru de ma terre. Fay mes Amis que i’ay de l’Orléans, & qu’aux banquets friands La liqueur Neâarine efi plaifante fur toute. voir à Beaulne, Coucy, Ai Ce vin efi fainâ, pur, net, la larme en vient à On l’aualle fans eau, on n’y en laiffe goûte; Euohè, on en chante, en enchantant le dueil. l’œil, Digitized by Google ET CARESME-PRENANT 273 Antidote d’ennuis, trompe-dueil, chajfe-efmoy, Puiffant Dieu Nifean, dont i’ honore la gloire, le veux en ta faueur me rebrajfer pour boire A tes difcrets mignons, puis qu’ils ont beu à moy. Bien que le Chien celejle en fon ardent aboy Maintenant ne m’efueille à fauoir en mémoire, Si buray-ie du blanc, à mon cœur, ma viâoire, Mon Dassez, près Briare, inuiolable en foy. Puis du vermeil au Bovrg, de mefmes à Puis à mon Ponsonas, amoureux de ma A la collation ie la Fvye. vie, buray verre plein A l’intime Blajan, puis à mon cher la Tovsche; Et puis du cramoify, qui rempli/l mieux la bouche, On falu’ra Peray, mon Amy fouuerain ! rappelle mes bons vins les chanfons de merueille ! font chanter, danfer, inueuter nouueaux mots, Qui naiffent en la bouche & fi bien à propos, Qu’vne diuinité s’y iuge nompareille. Ils Le Paladin Il épilogue, Ils Et qui il hume en ma doâe bouteille, fait des vers coulamment beaux, abondent en luy à la foule, à monceaux, fureur fur fureur, coup fur coup s’appareille. Le flux Pirenean, qu’on nomme flux diuin, 18 Digitized by Google 2 74 SONNETS DE BACCHV8 C'efl vn nom corrompu, c’efl le flux du bon vin; Par luy on Pindarife, on rid on acquiert gloire. , N’en prenant comme moy qu’auec difcretion. Tel qui veut donc furuiure en réputation De mon fçauant vin noble aille honneflement boire. Digitized by Google LA O V V E L L E TRAGICOMIQVE ENTREPARLANS Ambrelin, laquais. Dominicq., le feigneur. Vovly. Griffon, Aduocat. ArCQVIGVE. Bergers. Magis, le fçauant. Candeun, le portier de la Hospes, maiftre hoftelier. Chicanovx. ville. Gonophage, femme de l’Aduocat. Fvrcifer, le brigand. Digitized by Google 276 NOWELLE TRAGICOMIQVE SVR LA De Que {Monfieur de Lajphrife n’as-tu appris ta fcience, Sœur Melpomene, à ce guerrier ? premier Cothurne de France; Il eujl des meilleurs le Gaigné la Toutesfois fans la connoijfance ton myfterieux mejlier a gaillard auanturier De Il De ton honneur large abondance. a ce que chacun n’a point, Qu’outre ce que fon vers efpoinâ, Il force, il enfeigne, il anime : Il Bref fait ainfi en fe ioüant qu’il marche loing deuant Tous ceux qui t’ont facré leur rime. Dernier Le Plessis Prévost. le n’enfuy en cette La façon œuure icy, de l’ardeur antique, pourquoy ie la nomme La Novvelle tragicomique. C’ejl auffi Digitized by Google ; LA NOVVELLE T%AGICOÇMIQVE AMBRELIN Mal-heureux l’entaché de pefante parejje ! le doy remercier mon agile vifieffe ; Sans elle i’efioy mort, & fi ie n’ofe entrer Dedans ce fort chafieau, craignant la déclarer Car, difant mon falut, ie publi’roy la perte, Qui ne peut efire, helas ! nullement recouuerte. veux qu'on me nomme vn finifire Corbeau Il n’efi pas bien venu qui apporte vn tombeau. le ne ; DOMIMTCQ Qui fe deult là dehors ? mon oreille ententiue Se trompe grandement, ou c'efi la voix plaintiue Du difpos Ambrelin; mais fa célérité Ne me l’eufi faiâ venir en telle hafiiuetê, S’il n’efioit Qui efi furuenu quelque efirange infortune, aux gens de bien en toutes parts commune. Digitized by Google LA NO WELLE 2 78 Bajle! quiconque foit entre par Il n’ejl Ho! Te ie le guichet; point verrouillé, ni fermé qu’au loquet. m’en doutoy bien; mon Dieu, quelle difg race r’ameine, Ambrelin, Ji tojl en cejle place ? tu ne parles pas; tu trembles & ta peur Quoy? Rend le Puis tes poil de yeux mon chef heriffé de froideur; noirs de pleurs & ton taind iaune pâlie, Prefagent quelque orgueil de l’afpre Sœur fatale Donteufe des vainqueurs: dy-moy donc hardiment Pourquoy défiguré tu viens Ji viflement ? OJie-moy de balance. Il rieft douleur Ji grande le mal d’efprit, où la doute commande. Comme AMBRELIN Mon feigneur, mon fupport, mon refuge A qui ie fuis Jidele & feruiteur iuré, le ajfeuré, voudroy bien qu’m autre eujl pouuoir de vous dire L'objeü de ma vijlejfe & de mon fier martire ; Defirant entre tout ne vous annoncer rien Qui ne vous foit plaifant, duifable à vojlre bien ; Mais nul que moy ne peut contenter vojlre enuie ; Car nul que moy n’a veu rougir la tragédie, Enuers vojlre Loyal, vojlre mut recepueur AJJaJftné de coups, miferable mal-heur. Par la main (Tvn brigand, qui au fang fe deleâe, Et en le majfacrant a volé fa malette, Où font deux mille efcus qu’il penfoit vous porter, Que vojlre bon fermier luy venoit de compter ! Et ce Scythe enragé, que l’horreur mefme abhorre. M’a galopé vn iour pour me tuer encore; Mais agile i’ay tant nagé, couru, fauté. Digitized by Google TRAGICOMIQVE 279 fuis maugré luy galamment exempté, connoy point, & ne fçay qu’il peut ejire. Que m’en le ne le Qui a l’aueugle peur ne fçauroit reconnoifire. DOMINICQ. O defaftre inhumain! hà! quelle cruauté! Quel malheur! quel encombre! hé Dieux! quelle fierté enfemblement le corps & la richeffe ! Falloit-il que le Ciel furchargeafi ma trifteffe? De perdre N’efioy-ie affeç fafché des greslans tourbillons Qui viennent de gafier l’or blond de mes feillons? C’efi tout vn pour les biens, la perte enefi à plaindre Mais ce ; mal fe repare, hé ! qui pourroit refraindre La 1 mortelle douleur furuenué à l’Amy, Mefmement d’une mort par vn traifire ennemy? Toutes autres rigueurs enfemblement conjointes N’ont tant que cefie-là de poignantes attainâes. Quel remede à mon dueil, qui m’égare l’efprit, Qui fait pleuuoir mes yeux, qui me rend interdiâ ? Las ! il n’y en a point ! Loyal, ma nourriture, Mon gentil mefnager, ma chere créature, Par qui feul, par qui feul reluifoit ma maifon, Efi mort pour me feruir, efi mort en trahifon ! Perfide, fcelerat, maudiâ, abhominable, S’il eufi fceu, s’il eufi fceu ton deffein detefiable, peu feulement mettre l’efpée en main. réduit en poudre au premier coup foudain. Encor fi ie pouuoy, pour le dernier office Que ie doy à Loyal, pour fon loyal feruice, Qu’il eufi Il t’eufi Connoifire qui tu Que ce es, affeure-toy, brigand. grand Vniuers ne feroit affe% grand Digitized by Google , LA NOVVELLE 28 o fauuer des coups de ma iufie vengeance ! le ne te feroy mettre au haut d’vne potence Ni dejfus vne roue, ou jeter dans le feu Par la main d’vn bourreau ; c’ejl moy qui peu à peu, Sans mourir, te feroy mourir à toutes heures, Les gefnés, les horreurs, les rages les plus dures Nourriroyent ta poifon; car ton boire & manger Seroit ton fang noirajlre & ta puante chéri Chaque iour tu ferois apporté dans ma chambre, D'vn ferrement rouillé ie fofleroy vn membre. Et, craignant que mon coup ne te fifl trefpaffer, le te feroy foudain par vn barbier panfer ; Pour te Bref, tu viurois toujiours de ton vilain carnage. langueur miferable, en bouillonnante rage. En mal-heureux, le chétif Ixion, telle ardeur par fon ambition ; rigueur n’eufl l' altéré Tantale ; Car ma douleur rendroit ta douleur inégale. Mais ie ne tiens pas, ô traijhre ajfaffmeur, O lafche fang uin aire, ô impiteux voleur ! I’en fuis tout hors de moy, tant que i'en defefpere. Iamais N'a le receu Iamais telle VOVLY Tout beau, Monjieur, tout beau, il nefautainfi faire; Vous me penfteç plus loing; ie venoy bellement, Vous oyant plaindre vn mal fi courageufement. Que i’y prenoy plaifir encor qu’il me defplaife. L’Amy fouffre du mal de l’Amy en mal-aife; Mais mal-heur pour mal-heur oncques ne s’addoucijl, Et douleur fur douleur le dolent ne guerifl. Si pour fe forcener, pour lamenter, pour plaindre. Digitized by Google .; tragicomiqve Nous allégions nos 281 maux, qui ne fe peuuent faindre, feroit bon, Monjieur, d’euenter fes regrets, fe defefperer, de plorer tout exprès; Rien ne feroit fi cher que les plainâes dépités. Au contraire tels traiâs font de peu de mérité, le fçay bien que de front on ne peut s’empefcher Quand vn defafire vient, de foudain fe fafcher; Mais il fe faut refoudre aux coups de la fortune, La prendre à fon plaifir, foit douce ou importune Vn magnanime enflé de réputation Se fait paroiftre eflant en grande a ffliélion. Il faut s’évertuer & non pas ainfi faire Que le Chartier verfé lequel s’amiife à braire, A invoquer le ciel, à tirer fes cheveux, A fe battre foy-mefme auecques mots piteux, Larmoyant à genoux, dans la voye mal nette , Au lieu de s’efforcer à leuer fa charrette. Dieu nous donne l’efprit pour le bien employer, Et non pour, au befoing, triftement larmoyer. Reprenez donc vos fens, & rentrez en vous-mefme Laiffez le defefpoir & la complainâe blefme, Effayez de tirer vengeance du meffaiâ. Par vengeance on connoifi le cœur d’ Amour parfaiâ , Cefi ce que defirez ; mais defir fans main mife Eft de peu d’efficace, & iamais ne fe prife. Il faut donc entreprendre, &pourfuyure en tous lieux. On diâ que la fortune ayde aux audacieux. Il De DOMINICQ. Vouly, tu dis fi bien qu’il ne fe peut mieux dire ; Mais quel moyen d’auoir raifon de mon martyre Ÿ Digitized by Google 282 LA NOVVELLE Où prendroy-ie le traijlre autheur de mon foucy ? a voulu aller, il efl bien loing d’icy, Chofe à mon grand regret, chofe trop prefumable) Voyant l’argent qu’il a & fon forfait doutable; Mais toutefois, afin que l’on ne croye rien Que ie vueille efpargner & ma vie S- mon bien, I’enfuyuray ton aduis ejlimè des plus doâes. S’il ( VOVLY le ne vous mettray point en des pafpons fortes. En danger Il de querelle & de vous embrouiller; ne faut pour cela plus matin s’efueiller Pour aller au Palais, pour aller aux alarmes. Vn noble au fang voleur fouille fes riches armes. DOMIN1CQ. Si ne voudroy-ie pas employer vn Sergent, Ni vn hardy Preuofl pour prendre ce mefchant, le penferoy tacher ma gloire blanchiffante ; lujlice excuferoit ma raifon apparente ; Cefl enorme forfait me touche tant au cœur, Que ie voudroy moy-mefme en ejlre puniffeur. VOVLY Cela fe pourra faire auecque modefie. DOMINICQ Diâes-moy donc comment, Vouly, ie vous fupplie ? Digitized by Google ; 283 TRAGICOHIQVE VOVLY Icy près il y a vn homme plus qu’humain, Qui fçait tout, qui void tout, qui, en vn tour de main, Vous apprendra le nom de ce traifire homicide, D’où il vient, où il va, où fouuent il refide. Cejl homme non mortel (mais ce Prophète exquis) N’ejl gueres loing d’icy, & s'appelle Magis. Faiâes venir Griffon, & qu’il aille à cejle heure Le trouuer promptement ; il fçait où il demeure. DOMINICQ. C’eft très-bien auifé; va-t’en vijle, Ambrelin, Va-t’en dire à Griffon, Aduocat caut & fin, Qu’il vienne incontinent, d’autant que fa prefence M'efi ores neceffaire en chofe cT importance Ne viens fans l’amener & ne luy dis pourquoy. N’arrefie, cours toufiours, pour m'ofier horsctefmoy. . ARCQVIGVE Cefiuy-là qui attend efi en peine exceffiue ; Il nage entre deux eaux, & fi lorfqu’on arriue, demander, quand c’efi pour grand fubieâ, aura fon defir, ou s’il en efl difiraiâ ; refue, il fe pourmeine, il fait cent mille gefies, Il n'ofe S’il Il De fes trifies ennuis vrais tefmoings manifefies , Son cœur bat, bat toufiours, il efi & fi n’ejl pas Ore il s’ejlime haut, ore il s’eflime bas. C’efi la confufion en Que mal-heur ineffable, la perplexité d’vne attente doutable. Digitized by Google LA NO WELLE 184 Dominicq fufl gonflé de ce bifarre ennuy, Et en voyant Griffon s’en courufl vifle à luy ; Dont Griffon efbahy parla de cejle forte. GRIFFON Quelle nouuelle affaire à ce coup vous tranfporte? Quelques-vns veulent-ils procéder contre vous ? Monfieur, ne vous fafchej, ie les brouilleray tous, Encor qu’ils euffent droiâ, par ma langue diferte ; A leur honte, leur gain leur fera pure perte. DOMINICQ. Mon Amy, ie voudroy que fon voulufl plaider, me vouloir tout mon bien demander, du dueil qui me tourmente. a tué Loyal, dont ie n’ay nulle attente D’en auoir la raifon, Jinon par ton moyen. Tu connois icy près vn homme, homme de bien. Qu’on appelle Magis, qui, foudre de fcience. Te pourra dire où efl ce larron de finance, Ce guetteur de chemins par qui i’ay tant de mal, Ayant volé mon bien & maffacré mon Loyal. Iufques à Et On n’eflre point gonflé griffon Monfieur, fi me croyeq, vous prendre q autre voye, Elle efl toute illicite; en elle on fe four uoye. dominicq On ne s’y peut tromper, car fi Magis ne fçait Qui efl ce fier larron, ie quitteray ce faiâ. Digitized by Google 285 TRAGIC0M1QVE GRIFFON Comment le diroit-il? c’ejl vne grojfe tcjle, Vn homme mal formé qui n’efl rien qu’vne bejle. VOVLY Ne le prenez pas là ; le fage Socrates & fes œuures parfaiâs Sont fi refplendijfans que c’ejl vne lumière n'aime Philofophie, Amour plus ftnguliere. Vn peintre contrefais, faiâ bien vn beau tableau, Il vient bien de bon vin du fond cfvn laid tonneau, EJloit très-mal marqué, Qui ejl tout efpeigné, tout pertuifé, tout fale. N’ejfayons iugement fur vn vifâge pâlie D’vn homme mal-bafly; ne regardons Vouurier, Mais l’œuure feulement; on void l’arbre fruiâier, Bien qu’il foid laid, moujju, porter de bon fruiâage. Ne prenons garde au corps, contemplons fon ouurage, DOMimCQ Allez donc maintenant voir ce doâe Magis, Parlez-luy de Loyal, fçachez qui l’a occis. GRIFTON Il vaudroit mieux ietter vne querimonie. DOMINICQ Cefie longueur tient trop de la chiquanerie, LA NOVVELLE 286 Hél que fçait-on où Puis il ce traiftre fans pitié? eji fçait bien qu’il ejl jà excommunié. GRIFFON Mais il ejl tantojl nuiâ. DOMINICQ. Prends mon cheual d'Efpagne, Tu n’arrejleras point de paffer la campagne. GRIFFON fuis d’aduis que faffiej autrement, ne peut à fon dire affeoir bon iugement. Monjieur, On ie DOMINICQ Selon qu’il vous dira, i’ay affe% de prudence Pour gouuemer ce fait fans le mettre en balance Des voix de Mon la Iuflice ; & s’il ejl efclercy, bras m’en vengera, n’en ayeq donc foucy ! GRIFFON J’y vay doncques, Monjieur. DOMINICQ. Voflre monture ejl prefle. Digitized by Google traOICOKiqve 287 GRIFFON marry d’aller requérir vne bejle; Mais puifque le voulej, il n’en faut plus parler, le fuis DOMINICQ, Fay ce que puis, fans le reueler, Va où dira Magis, où mon efpoir s’ajfeure. Si la brunette nuid te furprend d’aduenture, Tu ne fçaurois fi toft venir au pont-leuis Que tu ne faffe ouurir la porte de Paris. Qui te refuferoit il ferait mal-habile; Tu y es reconnu comme enfant de la ville. ie te dis; GRIFFON le m’en vay au galop cependant Craignant le En faiâ fi chatouilleux qu’il ejl iour, fanglant vol, ou Vennuieux dejlour. il ne faut compagnie, le fuis ià près du lieu , Ven voy la bergerie. Pajleurs, qui r'emmene j vos beslantes brebis, Diâes-moy, mes mignons, trouueray-ie au logis Le tout fçauant Magis, dont i’ay beaucoup affaire; Car il pare les coups de fortune aduerfaire. BERGERS Le voylà dans cefl antre auprès de ce vallon, Où il prend fon plaifir d’entretenir Echon, Qui par le doux murmur des gentilles Naiades Refpond plus plaifamment à fes chanfons gaillardes. Digitized by Google LA NO WELLE 2 88 GRIFFON Enfans, vous dides vray; c'ejl luy, ie le connois ; Mais il me faut hafter qu’il n’eslongne le bois. Holà ! ho ! arrejle\, de grâce, ie vous prie. MAGIS le le veux, qui a-il? GRIFFON C’ejl vojlre preudhommie. Et le doâe renom, gloire de vojlre chef, Qui m’ameine vers vous, à caufe d’vn mefchef Venu à vn feigneur par vne main cruelle, Qui, volant, a tué fon feruiteur Jidelle ; Mais il ne fçait qui c’ejl, ayant fur tout defir D’en prendre la vengeance vn iour à fon plaifir. MAGIS Vous changez de difcours & n’ay changé de tejle, Suis-ie pas malformé? fuis-ie pas vne befle ? Griffon, vous l’auez did. GRIFFON Magis, pardonnez-moy. MACIS Vous l’auez did deux foix ; mais puifque i'apperçoy ;9 tragicomiqve 289 Vofire defdiâ honteux auecque honnejle amande, le fuis content, Griffon, ie feray ta demande. Il ne faut pour cela inuoquer les Démons, le fçay tout quand le fay Nothus ie veux fans coniurations ; trembler la terre à s’en va, s’en vient Le paffé ma feule parole ; & le grondant Æole m’ejl prefent, le futur i’apprens bien, Rien ne m’ejl inconneu ; car ie n’ignore rien, Tu le recomoijiras dès cejle nuiâ prochaine. Va à Paris, auprès du petit fainâ Anthoine, En vne hojlelerie où pend le plat d'eftain, Tu verras Furcifer le meurtrier inhumain; Car c’efi en ce quanton que Venus la fecrette Fait ordinairement fa diuerfe retraitte: Deguifée elle y vient iouïr de volupté, Comme eflant de Paris l’endroit plus efcarté ; Dont, par vn doux exemple, ou belles, ou hideufes, Les Dames de ce lieu font toujours Amoureufes; En ieuneffe elles font le bel AJlre iumeau, Et feruent en vieilleffe à tirer le rideau. Que Ji Jlerïlité ejloit venué au monde, En ce champ Anthonin elle feroit fécondé. Qui veut auoir lignée face quelque vœu, Y offre fa chandelle, il en aura dans peu, y Noflre Dame d’argent ejl là qui fait merueille; Elle ejl fertilement fur toute nompareille, Et nul, tant foit-il laid, difforme, au neq tortu, Riant en fainâ Medard, glorieux fans vertu, En ce lieu cul-butant n’aura la porte clofe ; fera bien venu (& fi bien dire i’ofe) Pale-frenier il deuiendra feigneur (Pentens bien riche en bien & bien pauure en honneur) Il Que de ' Digitized by Google 29O LA NOVVELLE Tel s’aduattce auiourd’huy & veult faire trophée le bruit de brayette efchauffée. D’y acquerre Les enfans Léopards conceus furtiuement Pourront majfonner là & forger fourdement, Et là leur mere là, qui à d’autre eft maraflre, Pajfant l’an cinquantiefme engendre le fillaftre. Cecy (voire au commun) véritable efl trouué. Or Furcifer, ayant ce doux air efprouué, Après auoir ioüé de l’or du brigandage, Il ioindra gayement la belle Gonophage, ( Femme que tu connois) non par ce nom icy Que ie luy ay donné, le méritant ainfi ; Puis tu te fouuiendras , près le liâ defhonnefte, Que Magis au gros chef n’ efl rien moins qu’vne befle. GRIFFON Magis, n'y penfe\ plus, non, ie ne voudroy pas Dire cela de vous, dont l’on doit faire cas; Et quand ie l’auroy diâ, voyez la repentance. MAGIS Tu voudrois curieux n’ auoir veu ma fcience. GRIFFON Mais puifque m’affleurez de trouuer le voleur, Car ce n’eft pas, Magis, une De prendre m bon heur : pauure fortune le n’en puis ejlre qu’aife, efperant vn tel brigand auec tant de pecune, Et fi ie le rencontre, affleurez-vous, Magis, Qu’on vous fera prefent qui fera de grand prix. Digitized by Google TRAGICOMIQ VL 291 HAGIS Ce que ie vous ay diâ fera veu véritable ; Vous en fereq tefmoing & plus qu’autre croyable, ce beau don rien, rien ie ne refuferay ; Il fera fi fubtil que ie ne le verray. Pour GRIFFON Ne vous meffieq point de ma parole vraye; le ne fuis vn gauffeur, ni vn donneur de baye. magis Bien, bien, ie n’en ay peur; i’en fuis tout affeurè. GRIFFON Adieu doncques, Magis, Selon que m’aueq diâ. ie m’en vay; ie feray MAGIS N’arrefieq dauantage ; Car Furcifer demain, monté à l’aduantage, Après auoir ioùé auec l'Amour fans foy, A ta honte, Griffon, par toy, & maugré toy, Se pourroit enfuyr, & fi pourra encore Faire enfermer le chef d’ Amour qui le dédore. GRIFFON O l’homme non mortel, fur tous biens fortuné ! LA NOVVELLE 292 Quel efbahijfement ! quand il a deuiné Les denigrans propos, Yiniure deshonnefle. Que i’auoy diâ de luy, l'appelant vne bejle Ten ay dans Vejlomac le fang encor glacé, Et le poil Mais en mon chef de bajle, c’ejl tout vn C’ejl là où gift ; ! merueille heriffé; i’auray tantofl la bource, mon cœur ; car c'efl la viue fource. O qu’ardent de defir i’ay volé par chemin! le fuis jà près la ville. Ho! maiflre Candelin, Ouure z vifle la porte. CANDELIN EJ) es vous en la rué. GRIFFON Non, non, ie veux entrer. candelin Mais il efl heure indué. GRIFFON Hafiez-vous, mon Amy, ri entendez-vous ma voix? CANDELIN Si fay, Monjieur Griffon ; ores ie vous connois. Quel heur ou quel mal-heur maintenant vous incite ? Voylà la porte ouuerte ; entrez S- me le di<3e. Digitized by Google ; TRAGIC0M1QVE Quoy? 2t)3 vous efles tout feul, où ejl voftre valet? homme que vous ne va iamais feulet, Vn tel Mefmement à telle heure, ô dieux! que pourroit-ce ejlre GRIFFON Tu pourras tantojl vrayement reconnoijlre ; Viens-t'en auecque moy ; ameine aujji tes gens. le CANDELIN l'ay plus fix loüagers Procureurs & Sergens. GRIFFON Que la chauue Dèeffe ores m’efl opportune ! ARCQVIGVE Pauure qui ne fçait pas fa prochaine infortune! GRIFFON I’auoy befoin d’amis, mefme d'Huiffters Royaux i’en recouure amortiffant mes maux. traiftre fanguinaire. Sans chercher Mais haflons-nous pour prendre vn La célérité prompte ejl requife en affaire. Allons droiâ cheq Hospes ; mes Amis, fuyueq-moy. Voylà la porte. Hospes ouureq, de par le Roy ! ! HOSPES Holà ! qu’efl-ce que i’oy qui tabourde à ma porte, LA NOVVELLE *94 Si fort qu’il la romproit fi elle n’efioit forte ? Seroit-ce point le guet pourfuyuant les Matthois? Non, c’efi monfieur Griffon, c’efi luy, i’entens fa voix. Debout, feruans, debout ! fus, que chacun fe leue / Comment! feroit-ce luy? Peut-efire que S’ amuferoit-il bien à battre le ie refue; paué, Luy qui efi de nouueau fous Hymen efclaué. Ayant, comme Von diâ, femme belle & honnefie, Prou d’affaire chej luy fans qu’ ailleurs il en quefie. Que feroit-il icy? mefme en Vombreufe nuiâ Vntel homme ne va. Mais on faiél vn grand bruit, Sçachons la vérité ; voyons par la fenefire Qui rompt là-bas ma porte. GRIFFON Ouure\ vifie, ouure 7, maifire! HOSPES y va ! quoy? c’efi monfieur Griffon, Cour, qui a tant de renom ; Que diantre me veut-il? ie n'ay point fait offence, Et puis ce ne feroit à luy la connoiffance. L’on y va ! l’on L’Aduocat de la GRIFFON Hofpes, Afin que ie viens me icy auec authorité, difiej tout haut la vérité, Deuant les gens du Roy, le bras de la lufiice. déguife j donc rien, que Von ne vous puniffe; Dy-moy, as-tu céans quelque paffant caché? Ne Digitized by Google TRAGICOMIQVE 29 5 HOSPES mais vn homme eft couché il a bien l’apparence & a force finance ; Il n’a faiâ tout le foir que ioûer très-beau ieu ; Il fait litiere d’or, beaucoup luy cfi vn peu ; Et gardeq-vous d'aller fans compagnie armée L’attaquer orgueilleux en fa chambre fermée. Il a le petrinal, pofiillon de la mort, le ne recelle rien ; Là haut auec fa femme ; D’ejlre vaillant gend’arme, Le coutelas tranchant, d’où l’efiincelle fort. CHICANOVX Ce n’efi pas nofire efiat Pour n’efire que battus, d'afjaillir, de combattre, cela nous fait esbattre ; Tels coups font nos moiffons; c’efi nofire bien vrgent. Nous nous faifons frotter pour auoir de V argent; Incitans nos voifins argenteux, cholériques. Nous n’en fommes que mieux ayant telles pratiques ; Mais ce fier inconneu, au lieu de nous bourrer, Nous pourroit piftolant fur l’heure maffacrer. Ou bien nous donneroit vn traiâ de vieille efcrime. Cancre, il n’y fait pas bon / CANDELW Mais il ferait vn crime ! CHICANOVX Que s'en fouciroit-il ; il eft prou criminel, Ayant voilé tant d’or par fon meurtre cruel. Digitized by Google LA NOVVELLE 2yé GRIFFON Si le laiJJions fauuer nous en ferions en peine. ne voudra tirer qu’à moy, le Capitaine, Puis nous le faijirons comme vn traiftre ennemy ; Nous fommesplus de vingt contre vn homme endormy, Il ejl croyable, il dort, las du jeu d’ Amourette ; Il fujl venu au bruid. Il chicanovx Peut-ejlre il nous aguette. nous veult amorcer bien que foyons beaucoup, Tant plus aura d’honneur. Il GRIFFON I'auray le premier coup ! CHICANOVX pourra s’abufer, tirant en telle approche. Souuent le Ramier boult qu’on vouloit mettre en broche. Il GRIFFON En la riche entreprife Ceux qui on ne blafme iamais veulent, hardis, faire de beaux effaiâs. CHICANOVX Mais nous fere^-vous part de fa grande finance? Digilized by Google TRAGICOMIQVE 297 GRIFFON Vous ett aurej, MeJJieurs, honnejle recompence. CANDEL1N Hasard, donner dedans ! GRIFFON Tout beau, non faites, non ! HOSPES Contre vn feu canonnant ie fçay vne oraifon. CANDEUN EJlant loing du combat, elle euite l’outrage. CHICANOVX Beuuons donc du meilleur, pour auoir bon courage. GRIFFON Mais les grands banqueteurs ne font pas grand effeâ. CHICANOVX Sommes-nous conquérons ? ce n’efl pas nojlre faiâ. Digitized by Google , la NO WELLE 298 GRIFFON Nous conquerrons bien, ou les le bien qui leur rejle. CHICANOVX Ce n'ejl qu’auec la plume, hors de danger mole/le. GRIFFON Meffteurs, vous pourrie z bien recouurir vn fefiin. Mais non l’occafion <tvn fi riche butin. Que faiâes-vous tant là ? quelle efirange amenoy pour la friponnerie. rufirie ? le ne vous CHICANOVX Ça! ça! c’efi prou humé, fus, boutons! Nous ne craignons plus rien fi ce allons tous! ne font les coups. Vous marcherez deuant; nous irons à vofire ombre Vofire fainâ corcelet nous gardera d’encombre, nos efiocqs facrez en pourront faire ainfi. iamais tué, ni bleffé, Dieu mercy ! Leurs impolutions nous feront fauorables. Si nous ne les fouillons, nous ne ferons coulpables, Et Ils n’ont Parlons fuperbement ; mais ne degaifnons pas, Craignons qu’aucun de nous n’encourufi le trefpas Refolution belle & qui n’efi temeraire. GRIFFON Courage donc, allons, nous devons ainfi faire. Digitized by Google , TRAGICOMIQVE 299 Garçon, tiens mon cheuàl, qu’il ne faut débrider; le l’enuoyray quérir fans beaucoup retarder. Allumons trois ou quatre efclairantes chandelles; Si ce larron efloit caché dans les ruelles, Nous le pourrons ainji plus aifément trouuer. Sans qu’il faille nos cœurs autrement efprouuer. CH1CANOVX Mais fi l'huis cfl fermé ! GRIFFON Il faut que l’on le rompe! CHICANOVX Non, afin Allons y que ce faiâ par malheur ne nous trompe. bellement, &, quand ferons auprès, le faire ouurir faifons parler Hospes. Pour mieux griffon I’approuue cejl aduis; l’inuention efl bonne. HOSPES Pour couurir les Vous plus forts dedans cefle maifon; ejles les glajfons de voflre ame poltronne le n’y feruiray point d’ombre de trahifon. GRIFFON Ce n’efl pas trahifon que faire prendre vn traijlre. Digitized by Google 3oo LA NOVVELLE HOSPES Mon logis ejl public, où vn chacun peut eftre. GRIFFON C’ejl pour le bien public; voile en tout Cartier. il HOSPES Faiâes-en donc Iujlice ; ejl-ce à vn hojlelier s’enquérir du monde allant en fa tauerne? Quel il ejl, d'où il vient, comment il fe gouuerne ? Cela ne fe doit faire en vn logis commun, Pour l’argent, fans s’enquerre, on reçoit vn chacun. De GRIFFON Nous dirons que la force a ton ame contrainâe. HOSPES Mais ie violeray l’hofpitalité fainâe; Qui me voudroit hanter? vn chacun a bon droiâ, Et mon logis infâme on abominerait. GRIFFON Or fus I de par le Roy ie vous le baille en garde. HOSPES Hé! liure^-le moy donc, de peur qu’il ne s’euade ! Digitized by Google TRAGICOMIQVE 3o I Mette\-le en mes mains; ie le garderay bien. On n’eft iamais comptable où l’on ne baille rien. CHICANOVX Deslogeons ou entrons; l’heure femble duifable. La chauue occafton n’ejl pas toujours prenable. GRIFFON Çàl nous fommes tous près; nul ne parle que moy. Holà! mon compagnon, ouureq de par le Roy. GONOPHAGE Hé Dieu! Monfieur, hé Dieu! ie fuis femme perduë ! C’ejl mon mary qui parle; il vient pour ma venué Par malheur ; par haqard on l’a peu aduertir, L’vn pour l’amour de l’autre ores pourra patir, Ne nous laiffons donc point. FVRCIFER Ce que tu dis peut ejlre. GONOPHAGE Ce mot de compagnon fe faiâ FVRCIFER Ou bien il fe gendarme. affeq connaijlre, , LA NOVVELLE 3 Oï GRIFFON A uance-toy d’ouurir ! FVRCIFER Attends que ie m’habille. CHICANOVX La Il en ferait mourir ; porte enfoncera.... pouf! la voylà tombée. HOSPES Si iamais on a veu vne ame perturbée Griffon fans combat combattu, Voyant fa femme nue auprès l’huis abattu. Qui toute décoiffée, à caufe des delices Qu’elle auoit pris la nuiâ en fi doulx exercices Il falloit voir A genoux, ioinâes mains, Son badault de mary elle Ne fçauoit a lors fupplié qu’il prinjl d’elle pitié, Qui tremblant, interdiâ de l’horrible infamie, ou en mort ou en vie. on eufl diâ à le voir D’vue idole fans poux qui ne fe peut mouuoir. Il n’a plus le deftr, en fa penfée auare, De prendre Furcifer. Chacun qui fe fepare, D’vn defplaifant plaiftr fe contrijle en riant ; L’œil On s’il ejloit baiffé, taciturne, ejl aife & fafché de l’inconuenient. Griffon, luy, riejl plusluy ; Il ne diâ, ni ne faiâ ; par Yeffrange fpeâacle. car ce triffe miracle Digitized by Googl 3o3 TRAGICOMIQVE Clofoit la bouche à tous, qui font fortis de là, Puis enfin foufpirant au traijlre : ainfi parla GRIFFON Pourquoy rauiffe\-vous le cher honneur des Dames? FVRCIFER Griffon, pour mon argent ie fay l’Amour aux femmes ; & fi ne m’enquiers pas Si font femmes d’ Hui/fiers, ou femmes dAduocats. Fujl-ce vne grand Princeffe, où la grâce s’expofe, le ne les prends à force, 1 Que l’or tout puiffant vainc, puifqu’il vainc toute chofe, Qui plus en a plus le ne me ejl; c’ejl VAJlre de la Cour, fouci’roy de luy faire l’Amour. CANDELIN Ce difant, s’en alla, fans auoir l’ame efmeuë, Monter fur le Genet qu’on ternit en la rue ; Nul ne s’y oppofa ; car chacun efcarté De merueille furpris fembloit efpouuanté. Cejl affeuré brigand, fi enflé d’artifice, Courut fubitement aduertir la Iufiice, Offrant nombre d’efcus, difoit qu'vn rufiîen retenoit fa femme & beaucoup de fon bien. Les courfiers fouffle-flux ne nous auoyent encore Luy Amené le tainéî clair de la luifante Aurore, Qu’il eufi plufieurs Sergens, qu’il conduifit foudain Au Où remarqué qu’on nomme Plat d’efiain, trouua Griffon, feulet, les mains croifées, logis il Digitized by Google LA NOVVELLE 3o4 Qu’ilmifi au Four-Y Euefque augmentant les rifées. Dominicq fceut de moy cejle ejirange rumeur, Et, voyant qu’il auoit malheur dejfius malheur, Perdant fon bon cheual, l’eslite de VE/pagne, Il va dans la prifon, où feul ie l’accompagne. Afin de voir Griffon, qui d’vn efionnement (De quoy l'on ne fie doit efibahir nullement. Car toutes femmes font au jeu d’ Amour fiubjeâes) Auoit laififié Ce cruel fiauuer, auec honteufies pertes, ficelerat digne de mille morts. DOMINICQ Qui t’a mis là, Griffon? GRIFFON Les Du trahififians efforts mefichant Furcifier, qui, fioubs vn faux entendre a faiâ à lufiice, en ce lieu m’a faiâ rendre. Qu’il DOMINICQ Que ne le prenois-tu ? tu auois prou d’amis. GRIFFON le fus fiurpris, Monfieur. DOMINICQ Diâes plufiofi fiot pris; Digitized by Google ; TRAGICOM1QVE Malheureux ! tu auois Le le meurtrier, 3oS au bras de ta puijfance larron fi chargé de finance, Le lafche ruffien qui a fouillé ton lid, Qui t'a vilipendé de fon fale deliâ, Et comme brauant la fortune haqardeufe, prifon vilainement hideufe, tu deuois le mettre; ô pauure entrepreneur, fais perdre mon bien en perdant ton honneur qui, T'a mis en Où Tu la f GRIFFON L’honneur ne dépend pas des feffes d'vue femme ! DOMINICQ Si tu n’eujfes failly, tu n'aurois point de blafme. GRIFFON L’on n’efl maifire de foy au premier mouuement. Telle apprehenfion ne fe reigle aifément ; Vne panique peur m’auoit famé occupée, En vn douteux aduis d’vne profopopée. DOMINICQ Ton efpouuentement ne me fatisfera. GRIFFON je vous pay’ray cela que le cheual vaudra Du refie excufe\-moy, i’en porte affeq la faute. 29 Digitized by Google 3o6 LA NOWELLF DOMINICQ veux; mais, Griffon, ayeq l’âme plus caute. le le GRIFFON Ces fiers euenemens ne font pas coufiumiers, Et de garder l’effeâ des amours iournaliers (Compagnons féminins) on le tient impoffible. Cefi chofe naturelle, à la Cour remiffible. Le bruiâ eft plus péchant que le mefme péché Qui doit efire toufiours fecretemcnt caché. S’il arriue autrement, là te malheur excede ! En l’extrefme malheur il n’y a nul remede. Qui pourroit faire, ô Dieux! qu’vn faiâ n’eufi point efii ? me confole en mon aduerfité. Nous fommes tous pécheurs; la loy ne fauorife L’homme plus que la femme incontinent efprife. Plus ie diffameroy ma femme, en mon efmoy, le me vergongneroy ie feroy contre moy. Ainfi ie , DOMINICQ. Confiderations Et Te : bon, fur les Tu feras diâ fage homme. bons Ians qu’a Paris on renomme! fens-tu point attainâ d’ Amour indifpofé, Puis qu’en Que s’il fi grand combat efioit ainfi Quifait quefier le appaifé? tu parois i’auou'roy ton beau dire. gueux ? c'efi qu’il n’a de quoy frire. GRIFFON le ne vous refpons rien. Digitized by Google 3o^ TRAG1COM1QVF. DOMINICQ Qui fe taijl il confent. GRIFFON Adieu, i'ay diâ affeq. DOMINICQ. Hà ! le fçay que la Ejl plus aâiue gent baffe, la Cour vous entend, au monde chicanique , aux plaids qu'au combat Venerique. CANDEL1N A infi, foubs faux efpoir cTauoir quelques efcus, faiâ déclarer Cocu fur tous Cocus / Il s’ejl DOMINICQ Mais Du d’auoir fottement mefprifé la fcience fçauant des fçauans, aigres à la vengeance, Magis, ce grand Magiseuft faiâ prendre autre part Par Griffon, Griffon, au Fvrcifer, detefiable pendart. de honte, eufl acquis vne gloire. lieu ne fe faut mocquer des enfans de mémoire ; N’oubliant vn meffaiâ qu’vn autre eujl oublié, Il De loing Que l’on il ne frappe près, d’vn coup fi palié le void point encor que l’on le fente. HOSPES t Or, tandis qu’on menoit Griffon en l’ombre lente, Digitized by Google ; 3oê La On LA NOVŸELLE tRAGICOMIQ VL ieune Gonophage alla chef fes parens. laijfa fon mary prifonnier quelque temps Car, pour couurir fa faute, on fema renommée Qu’il auoit prefque, helas ! fon efpoufe affommée Pour fubjeâfans fubjeQ, S qu’ils ne vouloyent point Endurer qu'on traittafl leur parente en tel poinâ. Ce mary, bon mary, fans cholere oultrageufe, Dejireux de fortir de la prifùn ombreufe, Jura à pere, à mere, aux parens déformais Qu’il la mignotëroit fans l’offencer iamais; Qu'au contraire il donnoit la licence à fa femme. ou s'il luy donnoit blafme, S’il la tançoit tant peu, De fe réfugier chef fon pere bénin. Pour confirmer fon dire il fijl vn beau fefiin; Delice fur delice ejloit en cefle fefle ; La plaifante Mufique, auec la dance honnefie. Les Dames de ta Cour y venoyent pour baler, Dont plujieurs grands feigneurs y voulurent aller. Vn chacun, pour V Amour de fa Dame jolie, Faifoit quelque beau traiâ, & chacun à l’ékuie Le cartel, le deffy, le cimiterre nu, La perleufe faueur d'vu moumbti inconnu; Bref, l’honneur honora Ce double mariage. Puis la femme & Vefpoux refirent bon ménagé . Fin Digitized by Google 2 TABLE DES GAILLARDES POÉSIES ‘DE L&tSTH^ISE Notice fur Marc-Papillon, fieur de page Lafphrife . . L’Allufion . . Dikerfes.ftances Le . . . . v .... Les Amours de Théophile L’Amour paflionnée de Noëmie La Delice d’Amour . * * . Les Ænigmes 9 ... . ... . . 5g 118 i 3î -144 d’Amour 167 fléau féminin 75 189 1 Diuerfes poefies . Stances de B a c ch us & C a refmeprenant mefme , & trois Sonnets de 26 fubjedt Nouuelle tragicomique UN 275 DE LA TABLE Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google