Déviance et société Contrôler la police Lode Van Outrive Citer ce document / Cite this document : Van Outrive Lode. Contrôler la police. In: Déviance et société. 1979 - Vol. 3 - N°4. pp. 337-338; doi : https://doi.org/10.3406/ds.1979.1755 https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1979_num_3_4_1755 Fichier pdf généré le 15/05/2018 Déviance et Société, Genève, 1979, vol. 3, No 4, p. 337-344 Débat: Contrôler la police ? de praticiens sans 'expriment position s 'être Faisant librement et chercheurs consultés contrastées suite en leur aux préalablement. articles nom choisis sur personnel, une de en fond question fonction s'ouvre sur lade d'actualité base laicivariété un d'indications débat controversée. de leurs présentant rédactionnelles opinions Théoriciens, troiss prises et Le contrôle sur la police se présente comme l'un des éléments principaux de la question policière. En effet, la force de la police se développe constamment : nous constatons d'une part une augmentation considérable des effectifs et d'autre part un élargissement des tâches, des compétences et des pouvoirs. En plus, le recrutement plus étudié, la formation poussée, la technicité et la spécialisation croissantes, le pouvoir discrétionnaire de fait, la syndicalisation incitent la police à se rendre autonome et à se soustraire à un contrôle effectif et réel. Pourtant des pratiques équivoques se sont révélées. Elles concernent non seulement l'emploi voire l'abus du droit à l'usage de violence individuelle et collective, mais aussi la corruption et les liens avec le milieu du crime organisé et professionnel. Enfin, la cueillette et l'emploi "préventif" des informations se perfectionnent, grâce à la technologie nouvelle de l'informatique. Tout cela démontre la nécessité urgente du contrôle sur l'appareil policier. Aussi la surveillance s'avère-t-elle nécessaire pour le rôle d'assistance aux citoyens, fonction que certaines instances voudraient octroyer à la police, qui parfois elle-même compte s'en emparer. Néanmoins, on ne saurait considérer le contrôle sur la police comme un problème nouveau. Les autorités politiques et administratives, sous n'importe quel régime, ont toujours été conscientes de la nécessité, même de l'utilité d'exercer un tel contrôle. Mais apparemment cette surveillance s'est révélée peu opérationnelle et peu opérationalisable. On a beau stipuler que la police dépend des autorités politiques et/ou administratives et qu 'elle leur est subordonnée; on prévoit même que plusieurs instances ont un droit de regard sur la police; finalement les autorités judiciaires disposent elles aussi de toutes les possibilités juridiques d'intervenir. Cependant ces instances ne semblent ni avoir une connaissance ou une information suffisantes sur le travail policier, ni disposer des moyens pour exercer un vrai contrôle. Se disputant l'autorité, elles se neutralisent mutuellement. Elles s'occupent de la police uniquement par "exception", c.-à.d. lors des scandales, des grands événements politiques etc. De plus, les autorités judiciaires sont trop peu saisies des affaires policières ou se voient souvent obligées à couvrir la police. 337 Dans plusieurs pays, une tendance se dessine à une concertation plus grande entre la police, les autorités judiciaires et les autorités politico-administratives. Ainsi les trois "partenaires" deviennent plus ou moins des partis égaux, discutant les problèmes entre eux et se partageant les soucis. On pourrait se demander comment, dans ces conditions-ci, un parti peut encore remplir sa fonction de contrôle vis-à-vis de l'autre ? La police n'en sort-elle pas avec une autonomie accrue, surtout quand les assemblées politiques (parlement, conseil provincial et/ou communal), ces instances de contrôle ultime, ne sont pas à même de, ou ne veulent pas fonctionner d'une façon adéquate ? Plus fondamentalement, un décalage entre, d'un côté, une notion juridique, légaliste du fonctionnement de la police, de ses buts et de ses moyens et, de l'autre côté, leur réalité semble rendre tout contrôle difficile. On espérait que de nouveaux mécanismes, comme des "bureaux de plaintes", des ombudsmen, des comités de citoyens, ainsi que des commissions d'enquête sur l'activité policière etc. aideraient à effectuer un contrôle plus efficace. Mais une fois de plus, il semble que, dans un régime politique de participation indirecte des citoyens, ces initiatives restent trop isolées et dès lors peu réalistes et peu opérationnelles. La question se pose donc comment, dans un proche avenir, nos régimes politiques vont s 'occuper de leur police. L. Van Outrive L'ACCROISSEMENT DE L'EFFICACITE: LA COMMISSION DE POLICE C. LEPAGE * 1. Aussi loin que l'on remonte dans le temps, on constate que les hommes ont toujours chargé certains d'entre eux de veiller plus spécialement sur la vie et les biens des membres de leur communauté. Ce qui était le rôle du chef de famille ou de clan fut ainsi délégué progressivement et insensiblement à d'autres membres du groupe concerné tout en ayant un caractère occasionnel et en n'étant pas une fonction exclusive. La police, en tant que structure organisée, prit naissance lors de l'édification des villes et grosses bourgades qu'il fallait surtout protéger de nuit. On vit ainsi apparaître les services du guet ou les vigiles qui eurent d'abord un caractère non professionnel, les gardes étant constituées par des groupes de citoyens en principe volontaires pour exercer cette mission de surveillance au profit de la communauté. On considère actuellement que la police est un service nécessaire au maintien d'un équilibre harmonieux au sein d'un ensemble humain déterminé. * Commissaire en chef, Bruxelles 338