Violences faites aux femmes

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Violences faites aux femmes
Un parcours en 6 séquences.
Les rapports entre les hommes et les femmes tels que nous les vivons aujourd’hui sont le
résultat d’une histoire longue et complexe, faite de rejets et d’ajustements, de luttes contre des
formes de société qui se sont constituées au fil des siècles et de réflexions qui ont
véritablement permis de faire avancer la situation des femmes en France et dans le monde.
Cependant, malgré les progrès indiscutables qui peuvent être constatés dans la place faite aux
femmes dans les sociétés antillaises, il demeure un certain nombre de questions qu’il est
urgent d’aborder tant ils déterminent l’avenir des individus dans nos sociétés .
Le texte Jaz de Koffi Kwahulé et la mise en scène qu’a choisi d’en proposer Gerty Dambury
sont un support à un questionnement sur :
- les rapports de domination,
- le harcèlement
- les violences conjugales et les agressions sexuelles
- la prise en compte des risques dans la conception de l’espace public,
- la folie,
- la manière dont l’art - en particulier le théâtre - rend compte de ces différentes
questions.
Les rapports de domination
La question des attitudes de domination des hommes sur les femmes trouve son origine dans
un certain nombre de stéréotypes diffusés dès la petite enfance sur le “role de l’homme” et le
“rôle de la femme”.
Ces stéréotypes reposent sur une conception essentialiste des hommes et des femmes : la
femme naîtrait dotée d’un certain nombre de qualités et de défauts, de même pour l’homme.
Les qualificatifs attribués aux deux sexes inscrivent les individus dans des évidences qu’il
devient, par la suite, difficile de combattre.
Ainsi les hommes l’on attend généralement des hommes qu’ils soient “courageux, forts, sûrs
d’eux-mêmes, maîtres de leurs émotions, entreprenants” et des femmes qu’elles soient
“douces, perfides, lâches, facilement dépassées par leurs émotions”. Certaines de ces
assertions connaissent des variations dans la société antillaise : en effet, la femme dite
potomitan n’est-elle pas elle aussi une représentation qui impose aux femmes des Antilles un
certain type de réactions face aux événements, sans qu’il leur soit toujours possible d’exprimer
leur ressenti véritable ?
À ces conceptions stéréotypées, la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : “On ne naît pas
femme, on le devient”, apporte un démenti cinglant et porte l’accent sur le rôle de l’éducation et
de l’organisation de la société, de la place faite aux femmes dans la société.
Les femmes sont encore, pour beaucoup, ressenties comme coupables d’être attirantes,
coupables d’être libres, coupables de vouloir être maîtresses de leur destin.
“Et tu as le viol plaqué sur chaque pore de ta gueule,
sur le bout de tes doigts,
sur la pointe de tes seins,
sur la crête de ta fange”.
Jaz, de Koffi Kwahulé.
Pistes pédagogiques
Etudier la place de la femme au sein de la société et de la famille en histoire, littérature,
philosophie.
On pourra avantageusement étudier des passages de Sé Kouto Sèl de France Alibar.
L’ouvrage de Simone Schwarz-Bart, Pluie et Vent sur Télumée-Miracle donnera aussi un
aperçu de la place de la femme au sortir de la société esclavagiste.
Analyser le rôle du cinéma dans la diffusion des stéréotypes sur le genre/ Analyse du western
et du film d’amour. (voir références)
Harcèlement au travail et dans l’espace public
Le harcèlement découle de manière quasi automatique du sentiment de domination abordé dans la
précédente séquence. Le harcèlement vient signifier que la femme appartient à l’homme et que, de
ce fait, que ce soit sur le lieu de travail, dans l’espace public, dans les groupes sociaux qu’ils
fréquentent tous deux, l’homme se pense autorisé à signifier à la femme les termes de sa domination.
Le harcèlement sur le lieu de travail est un phénomène en pleine expansion qui a été longtemps
sous-estimé mais qui, aujourd’hui, est puni par la loi. Cette loi concerne autant le harcèlement
provenant d’un supérieur hiérarchique que celui émanant d’un collègue de travail.
Le harcèlement sexuel dans le domaine public est également un délit : les attouchements, les
exhibitions, la masturbation. Il s’agit d’agressions sexuelles.
Les femmes et les jeunes filles ne jugent pas toujours nécessaire de porter à la connaissance de
leurs relations, parents et amis des faits qui sont graves et peuvent être le prélude à des agressions
caractérisées. Le fait d’être suivie, observée, insultée, de subir des avances en font partie.
Cette attitude de non-dénonciation des agressions dites mineures est en générale analysée par les
spécialistes comme une conséquence de l’éducation des jeunes filles à qui l’on inculque l’idée que
“tous les garçons sont comme cela”, à savoir qu’ils éprouvent le besoin de manifester leur intérêt à
une jeune femme par des attitudes qui ne sont pas respectueuses de l’intégrité de cette dernière.
En fait elle aurait dû.
À cause de ce qui s’était passé dans les escaliers.
De leur immeuble.
Jaz revenait de chez l’épicier.
Il l’attendait dans l’escalier.
Jaz de Koffi Kwahulé
Pistes pédagogiques
La place de la femme dans la cité grecque : rapts, viols et sacrifices pourront être abordés en
classe d’hitoire en seconde
Iphigénie d’Euripide, extraits qui pourraient être étudiés en littérature
Le temps des jeunes filles dans la cité grecque (extraits, texte en annexe)
La morale, le sujet, le désir pourront être étudiés en philosophie
On pourra également aborder la question du Viol comme arme de guerre (cf. les derniers récits
concernant la République Démocratique du Congo)
Violences conjugales
Les chiffres sont incontournables : en France une femme meurt sous les coups de son mari
tous les deux jours et demi.
Cette explosion des chiffres a sans doute pour cause le fait que les femmes osent désormais
parler des violences qu’elles subissent et que la mort d’une femme sous les coups de son mari
n’est plus reléguée aux faits divers de la “passion amoureuse”.
Mais ce phénomène a toujours existé et est tellement répandu en Europe - où l’on peut
compter quasiment deux meurtres par jour - et dans le monde, qu’il conviendrait, selon
Ignacio Ramonet de le considérer comme une atteinte majeure aux droits de l’être humain.
“Cette violence – sur laquelle les organisations féministes attirent depuis longtemps
l’attention des gouvernants (6) – atteint, à l’échelle planétaire, un tel degré de virulence qu’il
faut désormais la considérer comme une violation majeure des droits de la personne
humaine, doublée d’un problème important de santé publique. Car il n’y a pas que les
attaques physiques, aussi meurtrières soient-elles, il y a aussi les violences psychologiques,
les menaces et intimidations, et les brutalités sexuelles. Dans de nombreux cas, d’ailleurs,
toutes les agressions se cumulent” (Ignacio Ramonet, Violences mâles, Le Monde
diplomatique, juillet 2004).
De nouvelles lois ont été votées en ce sens et l’Espagne, en particulier, constitue un exemple
de la lutte engagée contre les violences faites aux femmes.
En France, la lutte contre les violences faites aux femmes a été décrétée “Grande Cause
Nationale de l’année 2010”.
Les rapports rédigés sur la question des violences conjugales pointent la question de l’emprise
de l’homme sur la femme et de l’espoir toujours maintenu par cette dernière que “les choses
vont s’arranger”. Cela pose la question de la vision de l’amour et de l’attachement qu’ont
certaines de ces femmes : être battue peut-il être la marque d’un amour immodéré ?
Nombre de nos proverbes – en français ou en créole – perpétuent une fausse vision de l’amour
et de l’attachement, ils ouvrent la porte à l’indulgence face à ces questions, voire à
l’amusement.
“Vous voulez savoir pourquoi je ne le quitte pas ? Je ne peux pas quitter
quelqu’un qui m’aime autant, quelqu’un qui a peur que je l’abandonne. Je ne
sais pas ce qu’il y a sur moi mais il veut le garder. Et ça, c’est mon sirop à moi.
C’est mon sirop d’ici. Je n’ai jamais eu ça. Nulle part !
Trames de Gerty Dambury
Pistes pédagogiques
Vidéo : Film (2mn 30 s) d’Amnesty International, réalisé par Olivier Dahan “ne restons pas
muets face aux violences conjugales”
Film du Secrétariat d’etas chargé de la famille et de la solidarité : “La Voix”.
Littérature : Extraits de Trames de Gerty Dambury (La femme lapidée, La Femme sur le
boulevard)
Education Civique : Exercice de la citoyenneté : Garantir l’égalité des personnes.
L’espace public a-t-il un genre ?
L’Enquête Nationale sur les Violences Faites aux Femmes en France (ENVEFF) révèle que
près de la moitié des femmes interrogées déclarent craindre de sortir seules le soir ou
d’emprunter les transports publics la nuit. Dans l’aménagement – ou le non-aménagement – de
nos villes et de certains quartiers, la question de la sécurité des femmes est-elle prise en
compte ?
Cette question peut paraître excessive cependant l’on remarque que les maires – des femmes
– de plusieurs grandes villes de la région Ile de France (Bobigny et Montreuil...)ont inscrit cette
dimension dans le questionnement de l’espace public : éclairer différemment les villes,
renforcemer la présence humaine dans certains espaces publics, etc.
La simple évocation de ce fait pose plus largement la question suivante : les politiques
publiques ont-elles un genre ?
Sur de nombreux aspects, il a fallu des mobilisations pour que la politique publique prenne en
compte les femmes : participation à la vie publique, représentation dans les instances de
décision, organisation du monde du travail. Cependant, dans la plupart des cas, les politiques
publiques continuent à favoriser une organisation traditionnelle de la société. Ainsi, en périodes
de crise, certaines administrations favorisent le retour des femmes à la maison pour redéployer
les emplois sur les hommes.
Désormais Jaz descend dans
la sanisette de la Place Bleu-de-Chine
Pas forcément.
Elle se discipline et
son corps a fini par comprendre
qu’il y a des choses
qu’il ne peut pas lui demander.
Dans du papier journal.
Elle le jette à la poubelle le matin.
Une diarrhée après minuit.
Jamais.
Non.
Elle n’y descend que quand c’est vraiment indispensable.
Sauf le dimache.
Le matin.
Systématiquement oui.
Son corps en a pris l’habitude, c’est tout.
Parce qu’après, elle se balade
Jaz aime errer le dimanche matin
quand la cité fait la grâce matinée
et que les rues sont encore vides et apaisées. (Jaz de Koffi Kwahulé)
Pistes pédagogiques
Géographie :Territoires et réseau. L’aménagement de l’agglomération.
La croissance urbaine. Etalement urbain et inégalités sociales. Aménager des villes durables.
Violences et déséquilibres
Les déséquilibres psychologiques engendrés par la violence dans la famille sont d’une
importance capitale. En effet, outre le fait que ces violences ont des conséquences directes sur
celui ou celle qui les subit, elles ont un impact non négligeable sur les autres membres de la
famille.
Elles peuvent avoir pour conséquence des difficultés à se situer dans le monde environnant,
allant de la timidité à la névrose, elles peuvent entraîner chez l’enfant un désir de reproduction
de ces violences et ainsi le cycle des violences peut se perpétuer de génération en génération.
La violence dans le cadre de la famille est devenue un véritable problème de santé publique,
de même que les violences subies dans l’espace public. Quel que soit le lieu où elle se produit,
la violence a des effets dévastateurs sur l’individu.
Est-il surprenant que cette peur, cette insécurité permanente se traduisent en maux
physiques? Souvent, la femme violentée somatise, elle devient anxieuse et
dépressive, en plus de devoir traiter les traumatismes et séquelles liés aux coups
qu’elle a reçus. La violence conjugale a des effets dévastateurs sur la santé mentale
et physique des femmes qui en sont victimes. Sur le plan physique, elles ressentiront
des douleurs variées, des allergies, de l’insomnie, des troubles digestifs, etc. Sur le
plan de la santé mentale, les conséquences se traduiront par la consommation de
médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques et analgésiques), une détresse
psychologique élevée, des symptômes de dépression et de stress post-traumatique.
Ceux-ci se définissent par un état transitoire ou temporaire relié au stress (réactions
qui apparaissent) après un évènement traumatisant. (Le Pont du Suroît
http://www.lepont.com/index.php?option=com_content&view=article&id=157:violenceconjugale-vs-sante-mentale&catid=50:web)
Il arrive que les femmes victimes d’agressions se coupent de leurs émotions et vivent
l’acte de violence comme s’il était appliqué à une autre. Il se crée donc une autre
personnalité qui subit la violence, une dissociation qui peut perdurer longtemps après
le drame.
Jaz ce n’est plus moi.
Jaz.
Oui Jaz
On m’a toujours appelée Jaz
Jaz
Je ne sais plus.
Simplement Jaz.
Jaz de Koffi Kwahulé
Pistes pédagogiques
On pourra valablement travailler à partir du programme VIRAJ mis en place au
Québec sur les violences parmi la jeunesse.
C’est ça l’amour ? Film et matériel pédagogique de VIRAJ
Beloved de Toni Morrison, extraits.
Née de la côte d’Adam, Nuruddin Farah (Somalie)
Le thème général : Santé et société pourra être abordé en ECJS
Écrire pour changer le monde
La littérature a été, depuis très longtemps, un des moyens que les femmes se sont
approprié pour dire la place particulière que leur réservait la société dans laquelle
elles vivaient et pour s’inscrire dans un mouvement de contestation des critères qui
concouraient à les maintenair sous emprise.
Olympe de Gouges, Virginia Woolf, Benoîte Groult, Simone de Beauvoir, Colette,
George Sand, autant de noms que l’on peut aujourd’hui citer aux côtés de ceux de
Flora Tristan, Rosa Luxembourg, Marie N’Diaye, Simone Schwarz-Bart, Maria Ba etc.
Virginia Woolf écrivait dans l’Art du Roman :
«Il est probable que dans la vie comme dans l’art les valeurs ne sont pas
pour une femme ce qu’elles sont pour un homme. Quand une femme se
met à écrire un roman, elle constate sans cesse qu’elle a envie de changer
les valeurs établies – rendre sérieux ce qui semble insignifiant à un homme,
rendre quelconque ce qui lui paraît important. Et naturellement, le critique
l’en blâmera ; car le critique du sexe opposé sera sincèrement étonné,
embarrassé devant cette tentative pour changer l’échelle courante des
valeurs ; il verra là non simplement une vue différente, mais une vue faible
ou banale ou sentimentale parce qu’elle diffère de la sienne.»
Ecrire différemment, écrire pour témoigner, écrire pour changer le monde. Les
écrivaines féministes du XXème siècle, comme Marie Cardinal ou Annie Leclerc ont
témoigné de leur quotidien et avec d’autres contribué à lever le voile sur les violences
faites aux femmes, qu’elles soient psychologiques ou physiques.
Des hommes ont également relevé le défi et l’on peut citer les romans de Moussa
Konaté, écrivain Malien qui dénonce le sort fait aux femmes dans sa société, de
même que Nuruddin Farah et bien d’autres.
Comment le théâtre s’est-il approprié ces questions ? Tant dans la comédie que la
tragédie ? Il y aurait beaucoup à dire sur ces questions et le corpus théâtral ne
manque pas pour toucher du doigt les problématiques de la place des femmes dans
les sociétés (grecques , élizabéthaines, du XVIIIème siècle ou contemporaine).
“On m’a dit que tu écoutes les femmes, alors je suis venue. J’ai marché
longtemps, longtemps pour arriver jusqu’ici. Je ne sais même pas d’où je
viens encore. je dois dire. Je dois dire à quelqu’un parce que ça vient de
loin. De tout au fond de moi. Depuis toute petite je me demande pourquoi je
suis là, pourquoi je suis là s’il faut souffrir tellement...”
Trames de Gerty Dambury
Pistes pédagogiques
Théâtre
étude de textes, au choix : Jaz de Koffi Kwahulé, Trames de Gerty
Dambury, La Maison de poupée d’Ibsen, Ce qui arriva quand Nora quitta
son mari, Les monologues du vagin
Le texte et la représentation / Le comique et le tragique
La musique dans le texte de théâtre (Jaz, de Koffi Kwahulé)
Petit lexique...
Agression
Une agression sexuelle sert à désigner tout acte de nature sexuelle, non consenti, imposé par
une contrainte physique ou psychologique, re reconnu comme un crime dans la majorité des
pays.
Alibar (France)
Auteur de deux ouvrages intitulés Sé kouto sèl, cette femme guadeloupéenne a été la première
à faire un état des lieux de la condition des femmes aux Antilles en interviewant des centaines
de femmes. Les deux ouvrages ont été publiés en 1981.
Archimède (Gerty)
Avocate guadeloupéenne, elle est la première femme inscrite au barreau de la Guadeloupe.
Elle fut aussi la première femme élue député en 1946. Militante communiste, elle se bat pour
l’amélioration de la condition des femmes et crée en Guadeloupe une fédération de l’Union des
Femmes Françaises qui deviendra, sous son impulsion l’Union des Femmes
Guadeloupéennes.
Beauvoir (Simone de)
Théoricienne du féminisme, Simone de Beauvoir est une philosophe mondialement connue.
Elle a participé au Mouvement de Libération des Femmes dans les années 70 et son ouvrage,
Le Deuxième Sexe, paru en 1949, et dénonçant une société qui maintient les femmes dans un
statut d’infériorité, provoquera d’immenses polémiques, au point d’être interdit par le Vatican.
Féminisme
Difficile de regrouper sous une seule appellation ce qui, en réalité, est constitué d’une grande
diversité d’approches de la manière dont les femmes sont considérées et se considèrent ellesmêmes dans les sociétés dans lesquelles elles vivent. On peut cependant retenir que les
mouvements des femmes ont mis en exergue les différences de traitement entre les hommes et
les femmes, tant au niveau intime, familial qu’au niveau plus général de l’organisation des
sociétés. De la réforme des institutions (droit de vote...) à la revendication de pouvoir librement
disposer de son corps, les mouvements féministes abordent des sujets très divers et très
larges. Certaines de ses composantes plaident pour une amélioration de la condition humain en
général, homme et femmes confondus.
Gynécide
Terme utilisé pour évoquer l’organisation consciente de la réduction du nombre de filles dans
certains pays ainsi que l’élimination physique de femmes dans certaines cultures. L’Inde et la
Chine sont particulièrement concernées par ce phénomène qui se traduit par l’avortement
obligatoire si les examens annoncent la naissance d’une fille ou par des disparitions à la
naissance. Les démographes estiment que le déficit en femmes pourrait atteindre 200 millions
d’individus en 2025 sur la planète.
Maltraitance
La maltraitance désigne des mauvais traitements infligés à des personnes que l’on traite avec
brutalité, rigueur. Ces victimes sont souvent dépendantes et sans défense. La maltraitance a
fréquemment des conséquences durables sur la santé physiologique et psychique des victimes.
De plus, les formes de maltraitance durant l'enfance que sont les coups et violences, l'excision,
la circoncision1 ou les viols, ont bien souvent des conséquences majeures sur le
développement des enfants et adolescents
Suffragettes
Le terme suffragettes sert à désigner, en son sens strict, les militantes de la Women's Social
and Political Union, une organisation créée en 1903 pour revendiquer le droit de vote pour les
femmes au Royaume-Uni. Par extension, le terme est quelquefois utilisé pour désigner la
totalité des militantes pour le droit de vote des femmes dans le monde anglo-saxon.
Veil (loi)
La loi Veil est une loi française, promulguée le 17 janvier 1975, qui dépénalise l'avortement
dans certaines conditions. Appelée selon Simone Veil, qui l'a impulsée, cette loi complète alors
la loi Neuwirth, qui légalisait la contraception à partir de 1972 (date des premiers décrets
d'application tandis qu'elle avait été votée en 1967).
Chronologie
1622 : Marie de Gournay, nièce de Montaigne, publie le traité de l'Égalité des hommes et des femmes.
1673-1674 : François Poullain de la Barre, De l'Égalité des sexes et De l'Éducation des dames.
1789 : La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclame le principe d'égalité entre tous les êtres
humains. En fait la Révolution n'abolit pas l'esclavage et exclut officiellement les femmes de la démocratie.
1792 : Olympe de Gouges proclame la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle sera guillotinée
l'année suivante.
1836 : L'ordonnance du 23 juin organise l'enseignement primaire pour les filles.
1843 : Flora Tristan entame son tour de France, distribuant sa brochure, L'Union ouvrière, qui réclame la liberté
pour les femmes et pour les prolétaires.
1848 : Dès le début de la révolution, qui a proclamé le suffrage universel mais le réserve aux hommes,
apparaissent des associations de femmes, comme le Club des femmes d'Eugénie Niboyet et des journaux comme
La Voix des femmes. George Sand, qui réclame d'abord l'égalité civile pour les femmes, juge qu'il est prématuré de
revendiquer les droits civiques tant que la femme a un statut d'esclave.
1849 : Refusant le suffrage exclusivement masculin, Jeanne Deroin réclame le droit de vote pour les femmes et se
présente aux élections législatives.
1850 : Loi Falloux créant une école de filles dans toute commune de plus de 800 habitants.
1861 : Après avoir bataillé plusieurs années, l'institutrice Julie Daubié est la première femme autorisée à se
présenter au baccalauréat, qu'elle obtient en l'ayant préparé seule. Elle est l'auteur de La Femme pauvre au XIXe
siècle.
1869 : L'État du Wyoming donne aux femmes le droit de voter et de se présenter aux élections. C'est la première
grande victoire des suffragettes américaines.
1873 : Déportation à Cayenne de la communarde Louise Michel.
1881-1882 : Lois Jules Ferry organisant l'enseignement primaire laïque et obligatoire pour les filles comme pour les
garçons.
1892 : La journée de travail féminin est limitée à onze heures.
1897 : Marguerite Durand fonde le journal féministe La Fronde, entièrement fait et même imprimé par des femmes.
Il durera jusqu'en 1903.
1898 : Création de la Ligue des droits de l'Homme qui adhère immédiatement au mouvement féministe.
1913 : Médecin et féministe, Madeleine Pelletier publie Le Droit à l'avortement.
1914 : La guerre va faire entrer massivement les femmes dans l'industrie et dans les syndicats.
1918 : Les Anglaises obtiennent le droit de vote.1 1920 : Une loi fédérale rend les Américaines électrices et
éligibles.
1938 : Suppression de l'incapacité civile : les femmes peuvent s'inscrire à l'université sans l'autorisation de leur
mari (loi du 18 février).
1942 : L'avortement est passible de la peine de mort.
1944 : Par ordonnance du 21 avril, signée du général de Gaulle, " les femmes sont électrices et éligibles dans les
mêmes conditions que les hommes ".
1946 : Le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines est inscrit dans le
préambule de la Constitution : « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de
l'homme ». L'arrêté du 30 juillet supprime la notion de " salaire féminin ".
1949 : Simone de Beauvoir publie Le Deuxième Sexe.
1960 : La Maternité heureuse devient le Planning familial.
1965 : La loi du 13 juillet modifie le régime légal du mariage du couple se mariant sans contrat : les femmes
peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
1967 : Loi Neuwirth du 28 décembre : la contraception est autorisée. La publicité, interdite par la loi de 1920, n'est
toujours pas autorisée en dehors des revues médicales.
1971 : Manifeste des 343 femmes déclarant avoir avorté, publié dans le Nouvel Observateur, et procès de Bobigny
l'année suivante.
17 janvier 1975 : La loi Veil autorise l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour une période probatoire de
cinq ans.
1975 : Instauration du divorce par consentement mutuel.
1980 : La loi du 23 décembre sur la répression du viol en apporte une définition précise : " Tout acte de pénétration
sexuelle de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte ou surprise est un
viol " (article 222.23 du Code pénal).
1982 : L'IVG est remboursée par la Sécurité sociale (loi du 31 décembre).
13 juillet 1983 : La loi Roudy établit l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
1989 : Les pouvoirs publics affirment leur volonté de lutter contre les violences conjugales : lancement de la
première campagne nationale d'information et création des commissions départementales d'action contre les
violences faites aux femmes (circulaire du 12 octobre).
1990 : La Cour de cassation reconnaît le viol entre époux (arrêt du 5 septembre).
1992 : La loi du 2 novembre définit l'abus d'autorité en matière sexuelle dans les relations de travail (harcèlement
sexuel).
6 novembre 2001 : Loi relative à la lutte contre les discriminations à l'emploi, qui précise notamment le régime
juridique de la preuve et la notion de discrimination.
1er janvier 2002 : Apparition du congé de paternité.
17 janvier 2002 : La loi de modernisation sociale aborde, dans ses articles 168 à 180, la lutte contre le
harcèlement moral au travail.
Références
Bibliographie
Les violences faites aux femmes en France. Une
affaire d'Etat, AMNESTY INTERNATIONAL. Autrement, collection " Mutations ", 2006, 202 p.
Le deuxième sexe, tome 1, les faits et les mythes,
BEAUVOIR Simone de. - Gallimard, collection "
Folio ", 1986, 408 p.
Le deuxième sexe, tome 2 - BEAUVOIR Simone
de., Gallimard, collection " Folio ", 1986, 402 p.
Vivre après une agression : Comment traverser le
miroir de la violence, BERTHOUMIEUX Claude. -,
Le Souffle D'or collection " Le champ d'idées ",
2005, 314 p.
La Domination masculine, Editions du Seuil,
BOURDIEU Pierre. - collection " Points Essais ",
2002, 176 p
J'appelle pas ça de l'amour, La violence dans les
relations amoureuses, - BOUSSUGE Agnès et
THIEBAUT Elise. - Syros, collection " Femmes ",
2007, 128 p.
Pourquoi les hommes frappent les femmes.
Violences conjugales : l'enquête, ROCCO Aldo.
Alban, 2006, 189 p. Aldo ROCCO donne la parole
aux coupables, les hommes...
Les hommes violents, WELZER-LANG Daniel. Payot, collection " Petite bibliothèque Payot ", 2005,
455 p. La violence est le langage du pouvoir des
hommes dans la famille. Elle montre, en dehors des
explications psychologiques, qui dirige ou veut
diriger. L'homme est violent par incapacité de
communiquer autrement. Non pas pour que la
femme parte, mais pour qu'elle cède. Reposant sur
une vaste enquête auprès d'hommes de tous âges
et de tous milieux sociaux, le livre est considéré
comme une référence incontournable sur le sujet, il
ne se contente pas de décrire mais fournit
également des éléments d'explication de la violence
masculine.
Arrête, tu me fais mal !, WELZER-LANG Daniel ,
GOURGUES Jules Henri, Editions du Jour,
collection " Changements ", 1992, 235 p.
Mouvements de presse des années 1970 à nos
jours, LAROCHE Martine et LARROUY Michèle,
éditions ARCL, 2009
Surmonter ses blessures : de la maltraitance à la
résilience - , BRISSIAUD Pierre-Yves. Retz,
collection " psychologie dynamique ", 2001, 139 p.
Les violences conjugales, SOUFFRON Kathy, éd.
Milan, collection Les essentiels, 2007
Une passion dangereuse : la jalousie, BUSS M.
David, Odile Jacob, collection " Psychologie ",
2005, 315 p.
Genre, violences et espaces publics - La
vulnérabilité des femmes en question, LIEBER
Marylène, Sciences-Po Les Presses, 2008.
N'y a-t-il pas d'amour heureux ? Comment les liens
père-fille et mère-fils conditionnent nos amours,
CORNEAU Guy, J'ai lu, collection " Psychologie ",
2004, 437 p.
Essais Antilles
Femmes sous emprise, les ressorts de la violence
dans le couple, HIRIGOYEN Marie-France, Pocket,
2006, 311 p
Le harcèlement moral, la violence perverse au
quotidien, HIRIGOYEN Marie-France., La
Découverte, 2003, 212 p.
Les violences envers les femmes en France. Une
enquête nationale, JASPARD Maryse et al. - La
Documentation Française, collection " Droits des
Femmes ", 2000, 370 p. Enquête nationale sur les
violences envers les femmes en France (enveff).
Le couteau seul, Sé kouto sèl. La condition féminine
aux Antilles – tome 1 Enfance et adolescence –
ALIBAR, France et LEMBEYE-BOY, Pierrette,
Editions Caribéennes, 1981
Le couteau seul, Sékouto sèl, La Condition féminine
aux Antilles, Tome 2 Vies de Femmes. ALIBAR
France et LEMBEYE-BOY, Pierrette, Editions
Caribéennes, 1981.
La parole des femmes, Essai sur les romancières
des Antilles de langue française, CONDÉ Maryse,
Editions l’Harmattan, 1979
Fiction
Née de la côte d’Adam, FARAH Nurrudin, Hatier,
Collection Monde Noir, Poche, Paris, 1987, 220p.
Pluie et Vent sur Télumée Miracle, SCHWARZBART Simone, éd. du Seuil, Paris, 1972
Saisons Sauvages, MARS Kettly, Mercure de
France, 2010
Beloved, MORRISON Toni, Poche, 1989 pour
l’édition française
Théâtre
Jaz, KWAHULÉ Koffi, Théâtrales, 1998
Trames, DAMBURY Gerty, Les éditions du
Manguier, 2009
Ton Beau Capitaine, SCHWARZ-BART Simone,
éditions du Seuil, 1987
Une Maison de poupée, IBSEN Henrik, (1879)
Editions Actes Sud Papier 2010
Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, JELINEK
Elfriede, éditions l’Arche, 1997
Articles
Le Monde Diplomatique
- Violences mâles, Ramonet Ignacio, Juillet 2004
- Réussite espagnole, Chollet Mona, Mai 2005
- Le “complot” féministe, Halimi Gisèle, Août 2003
-Machisme sans frontière (de classe), Chollet
Mona, Mai 2005
Articles sur le WEB
Les politiques publiques ont-elles un genre ? Renée
B-Dandurand, Jane Jenson et Annie Junter
http://id.erudit.org/iderudit/000338ar
Sites WEB
www.educative.info
- La Révolte de Lysistra
- Détournement de pub (film)
www.cidem.org
- Rapports hommes/femmes dans la Grèce Antique
www.sosfemmes.com
informations et conseils aux femmes vistimes de
violences.
www.genrimages.org
outils et ressources pédagogiques sur les
représentations sexuées dans le cinéma et les
médias audiovisuels.
Films
La Voix, film réalisé par le Secrétariat d’Etat chargé
de la famille et de la solidarité.
Ne restons pas muets face aux violences faites aux
femmes, Olivier Dahan, film court réalisé par
Amnesty International.
Ne dis rien, Iciar Bollain, Distributon Haut et Court,
MK2
DVD,
2005
Liens avec les programmes scolaires
Seconde
Histoire : L’invention de la citoyenneté dans le monde antique ; La Révolution française et les
droits de la femme et du citoyen,
Arts plastiques : la représentation de la liberté et celle des femmes dans les révolutions.
Géographie : Aménager la ville (en liaison avec le thème de la sécurisation de l’espace
publique pour les femmes)
Culture musicale et artistique : Le rapport de la musique au texte.
Littérature et société : Ecrire pour changer le monde, l’écrivain et les grands débats de
société.
Théâtre : Le tragique et le comique.
Première
ECJS : Exercice de la citoyenneté. Participer à des actions collectives, locales ou nationales
sur des objectifs sociaux et civiques pour la garantie de l’égalité des personnes. Les violences
faites aux femmes, Cause Nationale pour l’année 2010.
Géographie : Territoire et Réseaux. L’aménagement de l’agglomération.
Histoire : Images de la culture républicaine en France. La lutte des femmes comme moment
de la lutte pour une république garante des libertés de tous.
Français : Le théâtre, le texte et la représentation.
Terminale
Histoire : Séquences vidéos sur l’évolution des modes de vie en France depuis 1945.
Exemple : La femme dans la publicité.
Géographie : Mondialisation et développement : l’impact des mouvements de femmes dans
la redistribution des moyens dans les pays du tiers-monde, l’exemple des règles du FMI et du
micro-crédit.
Philosophie : Identité, égalité, différence. La morale, la liberté. Le sujet : autrui, le désir. La
politique : la justice et le droit.
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