enfance clandestine

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Cycle Cinéma Européen 2014
Pour les lycées et 3èmes de collèges
Organisé par l’association Cin’Ecran
ENFANCE CLANDESTINE
Benjamin Avila - Espagne, Argentine, Brésil - 2013
© Pyramide Distribution
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SOMMAIRE
Fiche technique et synopsis (allocine.fr, commeaucinema.com)
3
Le réalisateur (dossier de presse)
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Entretiens (dossier de presse, zerodeconduite.net)
5
Entretien avec Diana Quattrocchi-Woisson (CNRS)
8
Revue de presse (allocine.fr, commeaucinema.com, Studio CinéLive,
aVoir-aLire.com, critikat.ccom)
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Dossier pédagogique Zéro de conduite
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Fiche technique en espagnol (sitio oficial, labutaca.net)
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Entrevistas
17
Críticas
25
2
Fiche détaillée
Fiche technique
Titre original : Infancia clandestina
Date de sortie : 8 mai 2013
Genre : Drame
Durée : 1 h 52 min
Réalisateur : Benjamin Ávila
Producteur : Luis Puenzo
Scénario : Benjamin Ávila, Marcelo Müller
Directeur de la photographie : Iván Gierasinchuk
Montage : Gustavo Giani
Décors : Yamila Fontan
Distributeur : Pyramide
Site officiel
http://distrib.pyramidefilms.com/
content/enfance-clandestine
Fiche artistique
Oncle Beto
Charo
Daniel
Juan
La Grand-mère
Victoria
Paola
Ernesto Alterio
Natalia Oreiro
Cesar Troncoso
Teo Gutiérrez Moreno
Cristina Banegas
Candelaria Irigoyen
Catalina Schneider
Niveau
Collège, Lycée
© Pyramide Distribution
Dossier « Les dictatures militaires en Amérique latine » sur le site du Café pédagogique
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/languesvivantes/espagnol/Pages/2013/142_1.aspx
Synopsis
Argentine, 1979. Juan, 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse
identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle sont membres de
l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans
relâche. Ils font partie des opposants au régime militaire du Général Videla aujourd’hui
condamné à vie pour la disparition et la mort de dizaines de milliers d’Argentins. Le moindre
écart peut être fatal. On entre de plain-pied dans une histoire dramatique au travers de la
vie mouvementée du petit garçon, qui a parfois des allures de jeu. Ainsi, Juan ne doit pas
oublier que pour ses amis à l’école et Maria dont il est amoureux, il se prénomme Ernesto.
Une histoire émouvante de militantisme, de clandestinité et d’amour inspirée de l’enfance
du réalisateur, primée au festival de San Sebastian.
3
Le réalisateur
Benjamin Ávila
Réalisateur, Acteur et Scénariste argentin
Scénariste et réalisateur de courts métrages
lauréats de prix internationaux et du long
métrage documentaire Nietos, sur les enfants
des disparus qui se sont vu restituer leur
identité par les grands-mères de la Plaza de
Mayo (Présenté à Zabaltegui en 2004).
Producteur de programmes pour la télévision
éducative. Infancia clandestina est son premier
long métrage de fiction. Il est basé sur des
faits réels tirés de son histoire personnelle.
Filmographie
2011 - Enfance clandestine
2003 - Nietos (Identidad y Memoria)
1955 - Graine de violence
Réalisateur, Acteur, Scénariste
Réalisateur
Acteur
© Pyramide Distribution
Note d’intention
Depuis que j’ai décidé de faire du cinéma mon métier, je voulais raconter cette histoire,
mon histoire. Je ne voulais pas d’un film autobiographique. J’ai souhaité me servir de ce
que j’ai vécu enfant pour raconter une histoire d’amour entre gamins qui se déroule lors
d’un moment historique, la dernière dictature militaire en Argentine entre 1976 et 1983, et
parler du militantisme de cette époque, un univers inconnu, où la peur côtoyait aussi la joie,
l’amour et la passion.
Revisiter cette histoire de mon point de vue d’enfant et de celui des protagonistes de ce récit m’a permis d’en donner une nouvelle lecture.
Des films comme Papa est en voyage d’affaires d’Emir Kusturica et Ma vie de chien de
Lasse Hallström, pour le portrait qu’ils tracent de l’enfance, la vision politique du cinéma de
Ken Loach et la sensibilité narrative de Krzysztof Kieslowski ont été mes principales
références.
Enfance Clandestine, c’est mon histoire mais c’est aussi celle de bien d’autres enfants qui
ont vécu leur enfance à la même époque que la mienne.
Dossier de presse - site officiel
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Entretiens
Enfance Clandestine est inspiré d’éléments autobiographiques : votre mère a disparu
pendant la dictature et vous avez été séparé de votre frère que vous avez retrouvé
des années plus tard. Comment la fiction s’est-elle construite par rapport à ces éléments ?
C’est un film que j’ai toujours voulu faire et qui m’a pris beaucoup de temps. Nous avons
commencé à écrire le scénario avec Marcelo Müller en 2002 et nous avons terminé une
première version en 2007. Nous ne voulions pas faire un film de plus sur les disparus. Nous
voulions faire un film différent, avec un point de vue différent. Je ne suis jamais parvenu à
m’identifier émotionnellement avec aucun film, aussi sincère et brillant soit-il, qui traite de ce
sujet. Le plus difficile fut de me défaire de ma propre histoire. Il n’était pas question que je
sois le personnage du film. Si le film avait été strictement autobiographique, je n’aurais pas
pu aborder les thèmes que je voulais développer. Il a donc fallu que je prenne de la distance avec ma propre histoire pour donner au film sa propre logique, son propre monde. Il y
a certaines choses, certaines situations dans le film qui ne sont pas survenues dans la réalité. Mais beaucoup d’autres se sont passées ainsi, ou plus ou moins ainsi. De même,
l’âge des personnages n’est pas celui que nous avions mon frère et moi au moment où se
sont déroulés les faits. Mon frère aîné avait huit ans et j’en avais sept alors que dans le film
Juan en a douze. Cela a été une lutte constante pour que l’histoire possède son propre univers cinématographique. Comme Marcelo est brésilien, il a beaucoup œuvré dans ce senslà. Sa vision extérieure permettait de savoir ce qui était important pour l’histoire ou ne l’était
pas. Et en contrepartie, je pouvais donner une profondeur à ce que nous construisions
parce que je connaissais les émotions qui s’adaptaient aux situations. Ce fut une collaboration très enrichissante.
Contrairement à beaucoup de films sur le sujet, la lutte armée n’est pas perçue
comme un instinct de mort mais bien comme un instinct de vie.
C’est ce qui m’intéressait le plus. Montrer ce quotidien qui était en permanence rempli de
vie. Les films montrent toujours les militants dans la clandestinité, derrière une porte ou derrière une fenêtre, attendant de se faire tuer. La panique, la terreur et la peur : c’est l’image
communément admise qu’on en donne. Mais en réalité, ce n’était pas seulement cela. Il
existait un élan vital de croire en une idée, de penser pouvoir changer le monde qui constituait la part la plus révélatrice de cette époque. Filmer ce moment de cette manière ne pouvait que générer de surcroît une interrogation toute contemporaine : au regard de ce qui se
passait, qui sommes-nous, que voulons-nous devenir, que faisons-nous pour cela ? D’un
autre côté, il y avait aussi la volonté de revenir sur une discussion historique, à l’image de
ce qui se passe quand la grand-mère verbalise ce que tout le monde est en train de penser
à ce moment du film. Cette scène permet de sortir de l’opposition manichéenne entre le
blanc et le noir, entre qui a raison et qui a tort. L’histoire de tous les pays se construit sur ce
schématisme qui nous rassure, nous soulage et nous conforte dans nos propres convictions. Lorsqu’on complexifie et approfondit l’analyse historique, la séparation entre le blanc
et le noir cesse d’exister. Et lorsqu’on cesse d’être rassuré, on en vient à se poser des
questions. C’est ce qu’a provoqué le film en Argentine, grâce à un bouche à oreille impressionnant. Le film a déclenché beaucoup de discussions familiales. Personne n’était conforté
dans sa propre idée qu’il se faisait de l’histoire. Le film ne rentre dans aucune case et
oblige chacun à se repositionner parce qu’il n’apporte aucune réponse. J’ai, personnellement, une position très claire mais tout le monde, dans le film, a ses raisons, tout le monde
possède un point de vue recevable : Juan, la grand-mère, les parents, l’oncle. C’est pour ça
que l’étreinte entre la mère et la grand-mère est très importante. Ce qui prime, au-delà de la
discussion politique, c’est l’émotion dans ce qu’elle permet de construire au niveau familial.
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En Argentine et en Amérique latine, la politique, surtout parmi les jeunes, jouit de nouveau
d’une importance réelle. Ce qui fait qu’un film comme celui-ci suscite encore davantage le
débat et la discussion. D’autant plus que l’actrice qui joue le rôle de la mère (Natalia Oreiro)
est l’actrice la plus populaire de sa génération en Argentine et que le morceau de musique
que l’on entend à la fin du film est de Divididos, l’un des groupes de rock les plus célèbres.
Beaucoup d’adolescents sont donc allés voir le film et ont incité leurs parents à aller le voir
parce qu’ils avaient besoin d’en parler avec eux. Plus qu’un débat politique public, le film a
provoqué des discussions générationnelles à l’intérieur des familles.
Dans cette scène de la discussion entre la mère et la grand-mère, le point de vue est
celui de Juan qui occupe aussi la place du spectateur. Ce dernier est donc obligé de
se faire une idée par lui-même.
Cette scène est très dérangeante parce que tout ce qui se dit est très incorrect. C’était
pourtant une discussion quotidienne à l’époque, qui a eu lieu à toutes les tables, dans l’intimité de toutes les familles dans lesquelles les enfants militaient. Avant de terminer le film,
au moment du montage, j’ai montré cette scène à Estela de Carlotto, la présidente des
Grands-mères de la place de Mai. Elle est restée pensive un moment et puis m’a dit :
“ Nous étions comme ça. Nous ne comprenions rien de ce que faisaient nos enfants. Nous
avions peur, nous ne voulions rien savoir ”.
Il règne dans le film une grande nostalgie. Le point de vue de l’enfant n’est pas tant le
regard qu’il porte à ce moment-là sur l’histoire que votre regard actuel sur l’enfant
que vous avez été.
Je me suis rendu compte, lors de la construction de la structure du film que nous élaborions
avec Marcelo, que les scènes que nous avions finalement gardées pouvaient être perçues
comme si Juan s’en souvenait une fois adulte, en effet. Cela correspond effectivement à ce
regard nostalgique qui est porté sur ce monde qui n’existe plus et qui ne pourra jamais plus
revenir.
C’est aussi un film initiatique, sur la perte de l’enfance. On peut voir Ernesto comme
un ami imaginaire de Juan qui disparaît à la fin quand disparaît l’enfance de Juan.
Le film est construit dramatiquement sur la perte de l’innocence. Et sur le passage de l’enfance à l’adolescence. L’adolescence commence lorsqu’on se demande qui on veut être. Et
clairement, vers la fin du film, Juan décide de fuir au Brésil, décide de révéler à ses parents
sa relation avec Maria, décide de son futur et décide de dire “ je suis Juan ”. C’est donc un
film sur l’initiation de l’adolescence, sur un moment de la vie de Juan qui va le marquer
pour toujours. Il ne sera jamais plus le même après. En ce sens, l’histoire d’amour que
nous avons inventée (parce que je ne l’ai pas vécue) était très importante. Elle permettait
de placer Ernesto face à une alternative afin qu’il puisse décider de sa vie.
Vous utilisez des objets (comme le bandeau sur les yeux) qui appartiennent à la fois
au monde de l’enfance et à celui des adultes mais qui prennent un sens différent selon qu’ils appartiennent à un monde ou à l’autre.
La séquence du campement représente le commencement du monde de Juan. D’une certaine façon, il associe le monde de ses parents aux bandeaux sur les yeux de leurs camarades. Et son monde commence aussi de cette manière, avec d’autres camarades de jeu. Il
se rapproche ainsi de la fille qu’il aime et peut s’amuser. Car ce qui me plaît dans le monde
d’Ernesto (la fausse identité de Juan en dehors de sa famille), c’est que c’est un monde
dans lequel il s’amuse. C’est un monde qu’il a construit tout seul. Il fallait voir que tout n’était pas obscur, que Juan passait aussi du bon temps, et qu’il pouvait être autre chose que
l’inévitable spectateur d’un monde construit par les adultes.
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Pourquoi avoir eu recours au dessin animé pour représenter la violence ?
Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, on a déjà beaucoup trop vu ces scènes de violence
dans les films sur la dictature. Il n’y avait rien de neuf à apporter. Mais mon choix d’animation me vient surtout de Kill Bill 1 de Quentin Tarantino, un film d’action dans lequel meurent des centaines de personnes et dans lequel sont déversés des litres et des litres de
sang. Mais il y a une séquence d’animation dans laquelle meurt une seule personne et qui
est vue par un enfant sous un lit. C’est une scène extrêmement violente et la seule mort de
tout le film qui nous importe. J’ai commencé à me demander pourquoi formellement on arrivait à ce résultat, comment une séquence d’animation pouvait provoquer une telle émotion.
Je me suis alors rendu compte que l’animation avait une relation totalement inconsciente
avec le spectateur. On attribue à la réalité représentée par des dessins ses propres images. Ce qui rend très personnelle notre relation à ces dessins. Nous utilisons plusieurs
points de vue narratifs dans le film pour mettre le spectateur dans la tête de Juan : de la
représentation de ses rêves à la place subjective de la caméra en passant par le dosage de
l’information (ce que nous savons et ce que nous ne savons pas). Mais l’animation reste le
plus inconscient et le plus profond de ces procédés. Avec l’animation, on voit véritablement
exploser la tête de Juan. Le passé, le présent et les émotions se mêlent. Lorsqu’il nous dit
à la fin “ je suis Juan ”, nous sommes déjà tous Juan parce que nous avons déjà parfaitement compris ce qui lui arrivait, grâce en partie à l’animation.
Luis Puenzo, le réalisateur de L’Histoire officielle (1985), est le producteur principal
du film et Néstor Alterio (l’oncle) est le fils d’Héctor Alterio qui jouait aussi dans le
film de Puenzo.
Ce fut une merveilleuse coïncidence. Rien n’était prémédité. C’est un ami commun qui m’a
conseillé d’aller voir Luis Puenzo. Beaucoup plus tard, quand nous étions en plein montage,
nous nous sommes rendu compte du nombre de connexions qui existaient entre Enfance
Clandestine et L’Histoire officielle. La plus importante et la plus surprenante de toutes, c’est
que la petite fille de L’Histoire officielle (qui se passe en 1984) est âgée de cinq ans. Elle
avait donc, en 1979, le même âge que Vicky, la petite sœur de Juan dans mon film. Cette
sensation d’union entre les deux générations a été pour moi très émouvante. On a toujours
traité les cinéastes de la génération de Luis comme des dinosaures, en ne voulant rien apprendre d’eux. La génération de Luis a appris de la génération antérieure mais ma génération n’a rien voulu en savoir. Mes grands maîtres néanmoins appartiennent à cette génération-là. Je ne m’identifie pas à ce que l’on appelle “ le nouveau cinéma argentin ”. Il existe
aujourd’hui d’autres façons de faire du cinéma en Argentine. Le cinéma fait partie de la
communication sociale et d’une vision politique de la vie.
Entretien réalisé par Nicolas Azalbert le 27 janvier 2013
Dossier de presse - site officiel
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Entretien avec Diana Quattrocchi-Woisson
L'historienne Diana Quattrocchi-Woisson est chargée de recherche au CNRS. Membre de
l'Institut des Amériques, elle est la présidente-fondatrice de l'Observatoire de l'Argentine
contemporaine. Parmi ses articles et ouvrages sur l'Argentine : « Autour des années de
plomb. Histoire, Mémoire et Justice en Argentine » dans la revue Le Débat (n° 22, nov-déc
2002 - Gallimard), Histoire politique de l'Argentine contemporaine, 1890-2001. Un long et
extrême vingtième siècle sud-américain, (Mémoire d'HDR, Paris, Université Diderot, 2009).
Elle a accepté de nous éclairer sur un contexte historique, simplement effleuré dans le film,
mais très peu connu des non-argentins.
Propos recueillis par Magali Bourrel
Zérodeconduite.net : Le film de Benjamin Avila se déroule en Argentine, en 1979,
pouvez-vous nous décrire le contexte politique du pays ?
Diana Quattrocchi-Woisson : Il s'agit de la dernière dictature militaire du XXème siècle, qui
commence en 1976 et se termine en 1983. Elle ponctue une série de coups d'état et de
mouvements de contestation violents. Il y a un crescendo dans l'histoire de la violence politique en Argentine et la période qui concerne le film est la plus aiguë. Et cela ne s'explique
pas uniquement par l'apparition de la guérilla de gauche péroniste sur la scène politique.
Cette radicalisation concerne l'ensemble de la société, aussi bien la classe moyenne que
les syndicats enseignants ou les syndicats ouvriers.
Comment naît cette radicalisation ? Quelle est l'origine de la violence politique en
Argentine ?
D.Q.W. : Cette radicalisation s'inscrit dans un contexte latino-américain. L'Argentine n'est
pas le seul pays concerné par les mouvements de guérilla et les coups d'états. Mais le pays
se caractérise par une spécificité de violence à outrance par rapport aux autres pays
d'Amérique latine, même par rapport au Chili. La dictature d'Augusto Pinochet a fait de
3000 à 4000 victimes. Mais la plupart de ces crimes étaient commis à ciel ouvert, notamment dans des stades de football. En Argentine, on parle de 30 000 disparus. Le spectre de
ces disparus hante toujours le pays et renvoie à la clandestinité de cette répression. De
plus, l'église catholique argentine a conservé un silence complaisant, alors que l'église chilienne et l'église brésilienne ont levé la voix contre les répressions violentes qui sévissaient
dans leur pays.
Dans le film, les parents du jeune Juan sont des guérilleros Montoneros. Pouvezvous nous présenter ce mouvement ?
D.Q.W. : Pour comprendre ce que sont les Montoneros, il est indispensable d'expliquer le
péronisme. Juan Domingo Perón est un militaire qui accède au pouvoir à la suite d'un coup
d'état en 1943. En tant que vice-président de la junte militaire, il développe une politique
ouvriériste. Jugé trop radical par ses pairs, Perón est arrêté et envoyé en exil. Mais, le 17
octobre 1945, les syndicats lancent une grève et une foule d'ouvriers investit la place de
Mai (Plaza de Mayo, site central de la ville de Buenos Aires) pour demander sa liberté. Les
militaires choisissent de ramener Perón plutôt que de tirer sur les manifestants, trop nombreux. Il s'agit de l'évènement fondateur du péronisme qui change le cours de l'histoire argentine. Les liens entre Juan Domingo Perón et le mouvement ouvrier seront désormais
indestructibles.
Que se passe-t-il ensuite ?
D.Q.W. : Juan Perón abandonne la vie militaire et demande à ses camarades d'armes de
convoquer des élections. Celles-ci ont lieu en février 1946, ce sont les plus démocratiques
de l'histoire argentine. Perón est élu et son mandat sera à l'origine de nombreuses réformes : tentative de justice sociale, redistribution, congés payés, sécurité sociale... Mais il est
chassé du gouvernement par un coup d'état en 1955. Déchu, son exil durera 18 ans.
Est-ce que la révolution cubaine de 1959 a une incidence sur la politique argentine ?
D.Q.W. : C'est un évènement ressenti comme majeur dans toute l'Amérique latine. Les jeunes contestataires argentins sont séduits par Fidel Castro. Depuis son exil, Perón salue
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Castro et la révolution castriste. A la mort de Che Guevara, il écrit que ''le meilleur d'entre
nous est tombé''. A cette époque, en Argentine, le péronisme est toujours très populaire
mais il est réprimé. Les partis politiques sont interdits. Le fait même de nommer Perón était
interdit. Les élections ne sont qu'une succession de fraudes. Ce climat, ainsi que la révolution cubaine, contribuent à radicaliser la situation. Les années soixante marquent également le début d'un mouvement de contestation au niveau international, Mai 68, le printemps
de Prague... En Argentine, cet élan de protestation arrive un an après, dans la ville de Córdoba. Cette insurrection populaire, appelée Cordobazo, est lancée par les ouvriers des usines automobiles. Elle est réprimée par le gouvernement militaire. Il ne faut pas oublier que
nous sommes en pleine guerre froide et que l'Amérique latine, arrière- cour des Etats-Unis,
est l'un des "points chauds" du globe. Tout dissident est considéré comme un communiste
par les militaires.
Dans ce contexte, des groupes de guérilla naissent en Argentine. Dont l'organisation
politico-militaire des Montoneros ?
D.Q.W. : Les guérilleros Monteneros font effectivement leur apparition en 1969, après le
Cordobazo. Leur première action publique est l'enlèvement de Pedro Eugenio Aramburu,
un des militaires à l'origine du coup d'état contre Juan Domingo Perón en 1955. Les Montoneros le fusillent à la suite d'un jugement politique clandestin. La joie populaire que provoque la mort de cet homme est spectaculaire. Cette opération a valu à cette guérilla péroniste le nom de Montoneros. Ce terme date des guerres civiles argentines du XIXème siècle, postérieures à l'indépendance. Celles-ci opposaient des chefs locaux entre eux, s'appuyant sur des petites armées avec des bases populaires. En espagnol, un monton de
gente signifie beaucoup de gens. En choisissant ce nom, les Montoneros cherchent une
filiation historique. C'est un succès car ils jouissent d'un soutien populaire considérable. Au
lieu d'être choqués par la séquestration et l'assassinat d'Aramburu, les Argentins applaudissent. Cela témoigne du niveau de conscience démocratique de la société argentine à ce
moment-là. Le pays était en état de guerre civile non déclarée et la vie n'avait pas de valeur.
D'ailleurs, les Montoneros ont un slogan (qu'on les entend scander dans le film),
''Perón ou la mort''.
D.Q.W. : L'apparition de cette guérilla péroniste va suivre un processus particulier. Les
Montoneros sont des militants de la gauche péroniste qui se radicalisent. Le mouvement
est soutenu par Perón lui-même, qui considère qu'il fait partie de la résistance péroniste, au
même titre que d'autres composantes beaucoup plus à droite, comme la bureaucratie syndicale qui négocie avec le gouvernement militaire en place, tout en se réclamant du péronisme. Ces mouvements de guérilla développent d'un côté un appareil militaire clandestin,
et de l'autre ils s'insèrent dans les mouvements de masse des universités, des usines ou
des quartiers. Ils arrivent à ramifier leur insertion sociale et à enthousiasmer la jeunesse.
Toute cette mobilisation autour de Perón arrive à le faire revenir au pays ?
D.Q.W. : On arrive à un moment-clé de l'histoire qui est l'année 1973. Les différentes dictatures militaires sont fatiguées d'interdire un péronisme toujours très vivant dans la vie politique argentine et qui grandit en popularité au fur et à mesure des proscriptions. Perón revient au pays en 1973 mais on lui interdit d'être candidat. Perón choisit un candidat très
proche de la gauche péroniste, Héctor José Cámpora, que les Montoneros appelaient l'oncle, "el Tío" (il n'était pas le père fondateur du péronisme mais l'oncle). Cámpora gagne
haut la main les élections de 1973 et certains ministères sont donnés à la gauche péroniste
et les Montoneros. On ne parle plus alors de "Montoneros" dans le sens d'une guérilla,
puisqu'on était revenu à une période démocratique, mais de jeunesse péroniste. Le mouvement péroniste s'étend de l'extrême gauche à l'extrême droite. La jeunesse péroniste, très
clairement à gauche, a des ennemis au sein même du mouvement péroniste. Le processus
de guerre civile non déclarée continue à l'intérieur du péronisme. Quand Héctor José Cámpora est élu, Perón revient définitivement au pays. Une foule énorme se réunit pour l'accueillir à l'aéroport d'Ezeiza en juin 1973. La confrontation entre les militants péronistes de
gauche et de droite tourne au massacre. Ce massacre n'est pas le fait du camp militaire
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anti péroniste mais des péronistes entre eux ! Perón rentre au pays dans ce contexte, celui
d'un pays profondément divisé entre la gauche et la droite.
Comment Perón réagit-il à ce massacre ?
D.Q.W. : Perón demande à Cámpora de convoquer de nouvelles élections auxquelles,
cette fois-ci, il se présente. La situation était telle qu'il n'y avait pas d'arbitrage possible à
l'intérieur du péronisme par une autre personne que Perón lui-même. Il est élu président
avec 60% de voix, en juillet 1973. Il meurt une année plus tard, en juillet 1974. Pendant
cette année là, la gauche péroniste perd de plus en plus de terrain à l'intérieur de l'appareil
d'état. En Argentine, le candidat président doit se présenter avec un candidat vice-président
qui doit le remplacer s'il meurt. Perón a si peu confiance en son mouvement politique qu'il a
choisi sa femme, sa deuxième épouse, Isabel Perón, comme vice-présidente. Cette femme,
qui n'avait aucune expérience politique, devient donc, à la mort de son mari, présidente.
Jusqu'au coup d'état de mars 1976, elle ne contrôle plus rien. La radicalisation de la société
continue et la gauche péroniste s'oppose de plus en plus ouvertement au gouvernement. A
tel point qu'ils décident de passer à la clandestinité. C'est pendant le propre gouvernement
d'Isabel Perón que les Montoneros passent à la clandestinité.
Pour quelle raison et dans quelles circonstances les Montoneros choisissent-ils la
clandestinité ?
D.Q.W. : La rupture de Juan Perón avec la jeunesse péroniste a lieu en 1974, lors de la
grande fête du premier mai. Pour éviter un autre massacre du type de l'aéroport d'Ezeiza,
Perón demande aux militants péronistes de ne pas apporter de bannières d'identification ni
de slogan visible sur la place de Mai. La gauche péroniste passe outre et déploie ses bannières au dernier moment. Perón, excédé, prononce un discours incendiaire depuis le balcon de la Casa Rosada (siège du pouvoir exécutif argentin qui donne sur la place de Mai)
en traitant la jeunesse péroniste de "jeunes imberbes qui ne comprennent rien". Les Montoneros se sentent insultés et quittent la place.
Arrive ensuite le coup d'état de mars 1976, qui met en place la sanglante dictature
militaire dont il est question dans le film. Le coup d'état survient dans ce contexte.
D.Q.W. : Cette gauche péroniste n'a pas pu faire le deuil de ce père fondateur (Perón) qui
ne les aimait pas. Leur répression par les militaires s'opérait déjà pendant le gouvernement
d'Isabel Perón. La structure de la guérilla de gauche péroniste est très affectée. La dictature
militaire au pouvoir en Argentine de 1976 à 1983 engage une répression clandestine sanglante : des dizaines de milliers de morts et disparus, des tortures dans des centres de détention clandestins au coeur même de la ville de Buenos Aires, des centaines de bébés enlevés aux victimes. Les militaires argentins, très catholiques, avaient peur que l'église
puisse les critiquer, comme au Chili après le coup d'état d'Augusto Pinochet. Donc ils enlèvent, torturent, exécutent, mais sans jamais le montrer publiquement. Des commandos de
militaires habillés en civil kidnappent dans des voitures banalisées. Les familles des disparus allaient au commissariat, au tribunal, pour demander où étaient leurs proches, mais les
autorités niaient systématiquement. Tout était clandestin à l'époque. Les Argentins appellent cela, avec justesse, le terrorisme d'état. C'est au sein de l'état même que cette politique
de terreur a été instauré.
Qu'advient-il des Montoneros ?
D.Q.W. : La tête du mouvement, dont Mario Eduardo Firmenich, parvient à quitter le pays et
s'exile au Mexique. Les Montoneros participent à la révolution sandiniste au Nicaragua. En
1979, juste après le Mondial de football, les guérilleros Montoneros lancent ce qu'ils appellent la contre-offensive. Ils considèrent qu'il faut revenir au pays et ils demandent aux jeunes qui avaient pu s'échapper du pays, de revenir pour prendre les armes et militer pour la
chute de la dictature. Cela correspond au retour clandestin en Argentine de Juan et sa famille, dans le film. L'opération est un fiasco. La plupart de ceux qui reviennent pour faire de
la résistance à l'intérieur du pays seront repérés, kidnappés et tués.
http://www.zerodeconduite.net/enfanceclandestine/entretien.html
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Revue de presse
Le Monde - Thomas Sotinel
Entre le regard passionné (...) et la lucidité analytique (...), Avila trouve sa propre voie, faite
de références au cinéma hollywoodien contemporain et de paroxysmes familiaux propres
au cinéma argentin.
TéléCinéObs - Bernard Achour
On n’aurait jamais pensé qu’un retour sur la dictature militaire argentine puisse donner
naissance à un film aussi « divertissant ». Pourtant, (...) c’est l’exploit que réussit Benjamin
Avila.
Les Inrockuptibles - Serge Kaganski
Questions éternelles, universelles, auxquelles ce beau film apporte non pas des réponses
définitives et univoques, mais ses propres réponses. Ce beau film (…) confirme (…) la
richesse, la densité et la bonne santé du cinéma argentin.
Télérama - Cécile Mury
Ce film-ci a quelque chose de plus, avec ses gros plans sur les visages et sa luminosité qui
rappelle les super-huit d'autrefois. Certaines séquences (...) semblent directement
prélevées dans un flot de souvenirs. Un film fort et délicat, d’inspiration autobiographique.
Les fiches du cinéma - Thomas Fouet
Forme lisse et récit linéaire pour ce premier long-métrage de Benjamín Ávila. Chromos
nostalgiques et péripéties convenues cantonnent le film à un traitement anecdotique.
Ouest France - La Rédaction
Un énorme succès en Argentine. Il (Benjamin Avila) essaie d'en faire une histoire
universelle, qui raconte le passage de l'enfance à l'adolescence. Ce tableau-là est assez
entendu (...). Mais peu à peu le récit prend corps dans le contexte dramatique de l'époque
pour y trouver des élans et des émotions prenants.
Première - Christophe Narbonne
[Un] film digne qui s’apparente moins à un questionnement sur l’engagement qu’à une
réflexion sur la responsabilité.
Studio CinéLive - Laurent Djian
Ce récit d'apprentissage navigue joliment entre réalisme et onirisme.
Surtout ne pas donner son vrai nom. Y compris à Maria, une fille de son école dont il tombe
amoureux. Surtout ne rien dévoiler de son passé, du militantisme de ses parents, sans quoi
la junte militaire risquerait de retrouver sa famille et de la torturer. C'est à travers les yeux
de Juan, 12 ans, exilé de retour dans son pays, que ce film observe la dictature argentine
de la fin des années 70. Plat et scolaire au début, ce récit d'apprentissage, à consonances
autobiographiques, gagne progressivement en force et en émotion, naviguant joliment entre
réalisme et onirisme.
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/enfance-clandestine-la-critique-de-studio-cine-live_1245075.html
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Dans la peau d’Ernesto
Encensé par le public Cannois de la Quinzaine des Réalisateurs 2012, Enfance Clandestine livre une vision poético-réaliste du militantisme péroniste argentin. Une œuvre toute en
finesse à hauteur d’enfant. Juste, tout simplement.
Inspiré de sa propre histoire, le premier long-métrage de Benjamin Avila tranche par son
authenticité. A l’écran, le cœur du cinéaste s’expose et se surexpose à toute vitesse. Vingtquatre battements secondes. Soyez sympas, rembobinez, telle semble être la secrète supplication du cinéaste. Et pour mieux remonter sa nostalgie, l’homme ouvre le film en tirant
un fil, celui de la narration. A l’image, une bouche maternelle enregistre le plan d’un périple
au long cours. Après des années d’exil, le temps est venu pour Juan de revenir dans un
pays qui l’a vu naître mais qu’il ne connait pas : l’Argentine. Et pour pouvoir y planter ses
racines, la famille doit jouer le jeu de la clandestinité. Du haut de ses douze ans, Juan endosse avec plaisir sa nouvelle identité, celle d’Ernesto. A l’image, une série de dessins du
Che et de ses multiples travestissements défilent. Le coup de crayon de l’innocence. Embarqué malgré lui dans une guérilla souterraine, Ernesto joue du contre-temps. Apprendre
un nouvel accent, creuser des cachettes secrètes, fêter un faux anniversaire, l’aventure militante a chez lui un goût de récréation permanente. Tapi derrière des portes entrouvertes et
des tronçons de murs, Ernesto observe, interdit, le monde adulte. Et nous aussi. Vierge de
toute histoire, il catalyse le réel sous sa forme brute, sans un mot et sans le filtrer. Dans Enfance Clandestine, le discours s’énonce toujours d’un timbre adulte...
Après un premier documentaire sur les enfants disparus intitulé Nietos, le cinéaste prend
de front la dernière dictature militaire et, par la distanciation du point de vue, confronte la
résistance des péronistes à l’enchantement enfantin. Un parti pris intelligent qui permet d’éviter un énième pamphlet anti-militariste sur le sujet, et qui, par le jeu du détournement, délaisse la guérilla hors champ pour mieux nous conter l’intimité. Pris dans les filets de la préadolescence, Enfance Clandestine plonge au cœur d’une métamorphose, celle d’un enfant
sur le point de devenir grand. De sa naïveté, le cinéaste tire une poésie parfaite alléguant
aux armes de guerre un goût de merveilleux. Dès lors enfance et âge adulte ne cessent de
résonner en écho : militants aux yeux bandés et colin maillard forestier, revolver sanguinaire et fusil à ballon, voiture fugitive et jouet tas de ferraille, tout se reflète comme dans un
miroir. Protégé et choyé de tous, Ernesto est jusqu’alors un clandestin épargné. Au fil du
récit, la lutte prend de l’ampleur, gangrène le cadre et perd de son évanescence. La mort
entre dans le champ. Un à un, les repères d’Ernesto s’écroulent tel un jeu de quilles. Raccroché à son imaginaire, l’enfant tente d’en adoucir les contours.
Roman d’apprentissage, Enfance Clandestine est aussi l’histoire d’une liberté. Amoureux
de Maria et bien décidé à faire sa vie avec elle loin de la lutte, des camarades et des parents, Ernesto prend de la voix et pousse son premier cri d’indépendance. Un choc pour
ses parents qui n’envisagent pas de rendre les armes, pas même pour lui. Recentrée sur
les visages, Enfance Clandestine est une œuvre teintée d’une double beauté : celle d’une
image délicatement nerveuse et celle d’un tableau subtilement nuancé. Certes, le militantisme s’érige sur l’autel de l’idéal, de la force et de l’intégrité mais dans le même temps, il
fait aussi le sacrifice de la famille, de l’individualité et du libre arbitre, et plante dans le
noyau familial, une source de conflits. Cerné par l’engagement, Ernesto prend tout naturellement le sien très à cœur. Guidé par son oncle Bento (l’excellent Ernesto Altério), il fait ses
premiers choix. Lever ou refuser de dresser le drapeau officiel, tenir tête à ses parents ou
s’occuper de sa sœur, inviter ou ne pas inviter Maria à son anniversaire, Ernesto s’ancre
dans le quotidien pour mieux grandir. Installé dans une carcasse de voiture noyée de feuilles mortes, il prend de l’âge et fait rêver Maria d’une virée au Brésil. Un peu plus tard, perdu
dans un palais des glaces qui ne cesse de le renvoyer à sa fausse identité, il décide d’en
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finir avec son double imaginaire et propose à sa dulcinée de s’enfuir... Ernesto vient de pénétrer dans l’adolescent. Pourtant face à la réalité, il reste un enfant qui n’accepte la violence qu’exposée dans les bandes dessinées. Incapable d’accepter sa dureté, il déverse
sur l’écran une série de coups de feu animés. Joliment onirique, Enfance Clandestine est
une histoire simple, magnifiquement incarnée (Natalia Oreiro est d’un charisme à couper le
souffle) qui sous le vernis d’un voyage initiatique aborde la complexité d’une guérilla longue
de presque dix ans. A découvrir.
aVoir-aLire.com - Estelle Charles
http://www.avoir-alire.com/enfance-clandestine-cannes-2012
© Pyramide Distribution
Présenté l’année dernière au Festival de Cannes (Quinzaine des Réalisateurs), le premier film de Benjamín Ávila aborde un thème dont la rareté – la répression militaire
en Argentine à la fin des années 1970 – excuse rapidement le retard de distribution.
À cette originalité thématique s’ajoute d’emblée une singularité formelle : le récit de ces années de répression nous est raconté au travers des yeux d’un enfant. Ou plus exactement
ceux de Juan, douze ans, contraint d’endosser une fausse identité lors de son retour à Buenos Aires avec sa famille, après des années d’exil. Les parents de Juan ainsi que son oncle
Beto sont en effet membres de l’organisation politico-militaire Monteneros, qui tente de renverser la dictature militaire en place.
S’inspirant d’éléments autobiographiques – le cinéaste a perdu sa mère et a été séparé de
son frère sous la dictature – ce premier long métrage explore les années douloureuses de
l’histoire de l’Argentine, à travers le passage à l’adolescence d’un enfant également
confronté à ses premiers émois amoureux. Le parcours initiatique du jeune Juan se
confond ainsi avec une entreprise de dépersonnalisation, imposée par un contexte politique
vécu comme la manifestation d’une agression arbitraire et violente. Si en explicitant les enjeux d’une répression sauvage le film instaure d’emblée un climat policier attendu, il tente
néanmoins de renouveler ce genre par l’utilisation fréquente d’un point de vue subjectif,
dont l’intérêt est de mêler une perception douloureuse de l’histoire avec l’imaginaire et les
angoisses propres au monde de l’enfance.
Cette subjectivation du réel se donne dès lors à voir lors des nombreuses séquences animées, qui au lieu d’adoucir la représentation de la violence dictatoriale n’en font que ressortir la bestialité, telle qu’elle peut être vécue par un enfant de douze ans. Signalée par les
effluves impressionnantes de sang, l’animation revendique ici une paternité tarantinesque,
affichant une vitesse de succession de plans en décalage par rapport à une ambiance sonore pauvre, qui rappelle le meurtre sauvage de la mère d’O-Ren Ishii dans l’anthologique
Kill Bill 1. S’il partage avec ce cinéaste un goût affiché pour l’extrême violence, Benjamín
Ávila parvient néanmoins à hisser l’animation à un degré supplémentaire de perception ;
celle inconsciente, d’un militantisme scellé comme une forme suprême d’héroïsme. Qu’il
mette en animation les angoisses ou les rêves du personnage, l’excès stylistique nous en
dit alors moins sur le réel en lui-même que sur une perception enfantine démesurée, hantée et extrêmement touchante de l’Histoire.
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Cependant, à force de vouloir démultiplier les angles narratifs comme pour mieux mêler l’imaginaire au présent et l’animé au réel, le cinéaste plonge dans un travers dangereux, car
il assimile le militantisme à une entreprise certes courageuse, mais imprégnée d’un entêtement dont l’ambiguïté paralyse tout réel attachement aux personnages. La séquence du
dîner houleux entre la mère et la grand-mère devient dès lors l’occasion de mettre à nu les
limites d’un tel point de vue. Vécue à travers les yeux de Juan, cette scène de retrouvailles
ne sanctifie pas seulement l’incorrection de la mère, mais choisit bien plus d’étouffer l’explication réelle des motivations des Montoneros par le biais d’une perception enfantine forcément limitée, qui évacue d’avance les questions les plus intrigantes de cette période sombre de l’histoire.
Certainement trop inventif pour totalement convaincre, ce parti-pris formel d’une subjectivité
quasi-dictatoriale contraste pourtant avec l’exploration humble des premiers émois de l’enfant. La rencontre avec la belle Maria occasionne peut-être ainsi la séquence la plus touchante du film, grâce à une simplicité de cadrage et une économie sonore qui épousent
parfaitement l’intensité du moment ; les yeux de Juan se posent, avec douceur et retenue,
sur le corps dansant au ralenti de la jeune Maria. Preuve qu’il suffit parfois de peu pour
transmettre les plus belles émotions de l’enfance.
Critikat.com - Ferhat Abbas
http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/enfance-clandestine
© Pyramide Distribution
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Dossier
Pédagogique
Zéro de conduite
A consulter en ligne :
http://www.zerodeconduite.net/enfanceclandestine
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Ficha técnica
FICHA DE PRODUCCIÓN
Duración: 112 minutos
Género: Drama
Locaciones: Argentina, España y Brasil
Interiores: Ciudad de La Luz, Alicante, España.
Una producción de Pampa Films, Tornasol Films y
Telefé
Estreno en Argentina : 20 Septiembre 2012. Estreno en España: 21 Diciembre 2012.
Sitio Oficial :
http://fqxavier.wix.com/infancia_clandestina
Reparto
Ernesto Alterio (tío Beto)
Natalia Oreiro (Cristina)
César Troncoso (Horacio)
Teo Gutiérrez Romero (Juan)
Cristina Banegas (abuela Amalia)
Violeta Palukas (María)
Mayana Neiva (Carmen)
Douglas Simon (Gregorio)
Candelaria Irigoyen (Victoria)
Equipo técnico
Guión y dirección: Benjamín Ávila y Marcelo Müller
Producción: Luis Puenzo, Maximiliano Dubois, Óscar Rodríguez, Carles Porta y Paulo
Roberto Schmidt
Dirección de fotografía: Iván Gierasinchuk
Música: Marta Roca Alonso y Pedro Onetto
Montaje: Gustavo Giani
http://www.labutaca.net/peliculas/infancia-clandestina/
© Pyramide Distribution
Sinópsis
Año 1979. «Hoy emprendemos el regreso a la Argentina». Así empieza la nueva vida de
Juan, un niño de 12 años que, después de vivir en el exilio, regresa con su familia a un
país que sigue bajo el régimen militar que les hizo huir. Las instrucciones para él son
claras: a partir de ahora ya no eres Juan, eres Ernesto. “Infancia clandestina” es una
historia de pasaportes falsos, de escondites en el garaje, de traslados inesperados, de
cumpleaños inventados, de ver a tu abuela a escondidas…
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Entrevistas
29/09/2012 Por Juliana Rodríguez
Infancia clandestina: "Esta película tiene años de gestación"
"Infancia clandestina" fue la película elegida para representar a Argentina en los Oscar.
Su director, Benjamín Ávila, cuenta cómo se gestó el filme, que estrena en Córdoba el
jueves.
"Es imposible ser indiferente a una cosa así, como a cualquier otro festival. El camino de
la película no será el mismo si se define que irá para el Oscar", eso decía en una
entrevista a VOS Benjamín Ávila, hace apenas unos días, cuando aún no se había
definido que su película, Infancia clandestina (estrena en Córdoba el 4 de octubre), iba
a ser elegida, entre varias candidatas, para representar al país en la carrera al Oscar a
Mejor Película en Lengua Extranjera. Es apenas un primer paso, la Academia de
Hollywood después selecciona, entre las recibidas, las cinco nominadas.
El filme de Ávila es una historia que toca la sensibilidad histórica del país, pero también
la de él mismo. Benjamín era un chico cuando se exilió con su mamá, militante de
Montoneros, y la pareja de ella, tras el golpe de 1976. En 1979 regresaron a la
Argentina y vivieron aquí con otras identidades, de manera clandestina, mientras
militaban. Su madre desapareció en octubre de 1979 y su hermano más chico fue criado
por otra familia. Más tarde, su hermano fue uno de los primeros nietos restituidos por
Abuelas de Plaza de Mayo. Benjamín creció con su padre.
El filme narra, desde el punto de vista de un niño de 12 años, cómo es la vida cotidiana
de su familia, que vive en la clandestinidad, y la suya propia, mientras va a la escuela
con otro nombre. Todo es tomado por él con naturalidad, hasta que se enamora de una
compañerita. El productor de Infancia Clandestina es Luis Puenzo, cuyo filme La historia
oficial trajo el primer Oscar al país, en 1986. Así, las coincidencias parecen cerrar un
círculo.
-¿Cómo fue el trabajo con la escritura, la ficcionalización de lo biográfico?
-La película está basada en mi infancia y en la de mis hermanos, con mi mamá y su
pareja, pero no es autobiográfica. Tiene años de gestación, toda una vida. Pero empezó
a cobrar forma en el papel recién en 2002, con Marcelo Müller, con quien lo co-escribí.
En 2007 tuvimos la primera versión del guión. Lo mandamos a varios fondos de
desarrollo, pero era difícil buscar socios, todos la veía como "una película más sobre la
dictadura argentina". Aunque yo aclaraba que era una mirada distinta, no era fácil
convencerlos. El año pasado fuimos a San Sebastián y los que la vieron admitieron que
sí tenía otra mirada.
-¿Cómo es esa mirada?
-Es una mirada desde los chicos que vivieron esa época, desde otra generación, sin
culpas ni temores. Sin la culpa natural que tiene la generación de arriba con respecto a
nosotros, los hijos. Kamchatka, por ejemplo, que es una película sincera, es una mirada
desde la culpabilidad de los adultos de lo que viven los chicos. Esta película, en cambio,
lo cuenta desde lo cotidiano, como lo vivíamos nosotros. Era abrumador, no por lo
terrible, sino porque era así. Las diversas generaciones que vieron esta película me
señalaron eso: así recuerdan los chicos que hablaban sus padres, o así recuerdan los
abuelos que hablaban sus hijos militantes. Eso conlleva a un lugar que esquiva la idea
de blancos y negros, de quién tiene la razón.
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-¿Cómo pensaste esa fusión entre lo político y humano?
-La sensación es que con el paso del tiempo la sociedad hace una lectura que endurece
los conceptos y los posiciona en lugares inamovibles. Reverlos desde lo que plantea Infancia clandestina permite volver a pensar estos conceptos, ablandarlos, humanizarlos,
posibilitarles un desarrollo diferente. Darles más vida, ponerlos en lo cotidiano. Considerar las visiones de los demás. Las ideas inicialmente siempre tienen una raíz emocional,
todo concepto político o social surge de una pregunta emocional de uno, que en algún
momento tuvo una inquietud, algo le pasó antes una realidad. De algún modo, la idea
de la película es tocar esa raíz emocional, la que genera la idea. No la idea en sí. Ayuda
a ablandar, a volver a humanizar.
Benjamín señala al respecto que hay una escena clave en el filme, en la que discuten el
personaje de la madre del niño (Natalia Oreiro) con la abuela (Cristina Banegas). La clásica discusión entre madre e hija se torna en un enfrentamiento de discursos históricos:
el de la madre y el "no te metás", que privilegia el "salvarse solo", y el de la hija, la
postura del compromiso político, que considera que "no meterse" es una cobardía.
Ávila explica: "Nadie puede ver esta película esperando que uno de esos puntos tenga la
razón. Esa reflexión sólo la puede hacer cada uno. Es cómodo para un espectador ubicarse rápidamente al ver una película, que le den el lugar donde se quiere sentar ante
estos temas. Pero esta película es incómoda porque no ofrece ningún sillón histórico".
http://vos.lavoz.com.ar/cine/infancia-clandestina-esta-pelicula-tiene-anos-gestacion
“Infancia clandestina”: Madurando
Benjamín Ávila dirige estupendamente un potente drama basado en parte en
sus propios recuerdos de infancia. Muy bien rodada e interpretada, una historia
real sobre heridas recientes que no se han cerrado del todo en la Argentina actual.
El joven Juan (Teo Gutiérrez Moreno) regresa a Argentina a finales de la década de los
70 tras pasar unos años en el exilio. Allí se reunirá de nuevo con sus padres (César
Troncoso y Natalia Oreiro). Tiempos duros le esperan, el país sigue bajo el régimen militar. Pero ante todo, frente a las circunstancias, es un niño. Un niño que ahora se llama
Ernesto. Tras pasearse por Cannes, Toronto y San Sebastián recibimos a la aspirante
austral al Oscar® y al Goya, “Infancia clandestina”, estupendo drama verídico y veraz
basado en parte en los recuerdos de su director, Benjamín Ávila, hijo de madre desaparecida. La propuesta casi enlaza con “La historia oficial”, dirigida por el aquí productor
Luis Puenzo, que supuso la primera estatuilla para la cinematografía del país en 1985.
«Pase lo que pase, no te traiciones». Dirigida con intachable buen gusto, la delicada
mano del realizador se apoya en un estupendo marco técnico ─especial mención para la
edición de Gustavo Giani─ para presentar una historia terrible, la de un muchacho cuya
madurez se acelera forzosamente por las decisiones vitales de sus progenitores. Ávila
no juzga más allá de lo evidente ─los adultos forman parte del Ejército Montonero─, situando la mirada del espectador desde el punto de vista del pequeño protagonista. Percibimos la realidad como él lo hace ─incluso se ofrecen algunos pasajes de visión subjetiva─, y sentimos su lucha por celebrar una adolescencia lo más normal posible ─primer
amor incluido─ en un entorno absoluta y desgraciadamente extraordinario.
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Fantásticamente presentado, prácticamente espontáneo de puro meticuloso en su puesta en escena, lleno de ecos de las voces de aquellos que se fueron para no volver, este
drama desarrollado en torno a garajes, falsos cumpleaños y reuniones familiares de rostros vendados encuentra en Teo Gutiérrez Moreno un sorprendente enganche universal,
tal es el equilibrio entre sobriedad y emoción que respira la interpretación del muchacho
en el que supone su primer trabajo cinematográfico. “Infancia clandestina” debe degustarse despacio, con consciencia y un poso de amargura. Como un recuerdo del pasado
que no se debe olvidar. Como rememorar a nuestro tío favorito aconsejándonos acerca
del misterio de la mujer, comparada imposiblemente con el disfrute de un sencillo maní
con chocolate.
Escrito por José Arce el 16.12.12
http://www.labutaca.net/criticas/infancia-clandestina-madurando/
Domingo, 20 de mayo de 2012 Por Oscar Ranzani
“Militancia no es sinónimo de muerte, sino de crecer”
Tras el documental Nietos (Identidad y Memoria), el director –cuya madre permanece
desaparecida– realizó su primer largometraje de ficción. El film, protagonizado por Natalia Oreiro y Ernesto Alterio, se estrena hoy en la Quincena de los Realizadores del Festival de Cannes.
Su infancia estuvo marcada por la oscuridad de la dictadura: con tan solo cuatro años,
Benjamín Avila emprendió el camino al exilio con su mamá Charo, militante de Montoneros, y la pareja de ella, que era una de las cabezas de la organización. Tras el golpe
de 1976, la familia viajó a Brasil, luego a México y finalmente a Cuba, donde nació el
hermano menor de Avila. Pero, a principios de 1979, regresaron a la Argentina como
parte de la primera contraofensiva montonera. Charo desapareció el 13 de octubre de
1979 y el hermano de Benjamín –que en ese entonces tenía nueve meses–, fue criado
por otra familia y recuperó su identidad a fines de 1984, como uno de los primeros nietos restituidos por Abuelas de Plaza de Mayo. “En realidad, no es un apropiado clásico
sino que tiene una historia más larga y un poco más compleja de explicar”, comenta
Avila en diálogo con Página/12. Con esa historia familiar marcada a fuego, era casi obvio que el realizador quisiera indagar a través del cine en lo que le tocó vivir. Su ópera
prima, el documental Nietos (Identidad y Memoria) se estrenó en 2004, cuando hacía
poco tiempo que Néstor Kirchner gobernaba el país, al frente de una gestión con un
fuerte acento en la defensa de los derechos humanos. Y ahora, Avila se inspiró en su
pasado familiar para debutar como director en ficción con Infancia clandestina, largometraje que hoy se presentará en la Quincena de los Realizadores del 65º Festival de Cannes. “Está inspirada en lo que nos pasó a mí y a mis hermanos, y en lo que vivimos con
nuestros padres, pero no es autobiográfica”, aclara Avila.
Infancia clandestina está protagonizada por Natalia Oreiro, el también uruguayo César
Troncoso, Ernesto Alterio, y por el brillante pequeño actor Teo Gutiérrez Moreno. La historia comienza con la pareja de militantes volviendo el país, en plena dictadura, con su
hijo Juan, de 12 años, y con su beba Vicky. Planean todo al detalle para evitar que los
militares les arruinen el regreso. La familia se asienta en la Argentina, donde Juan se
reencuentra con su tío Beto (Alterio). La madre (Oreiro) y el padre de Juan (Troncoso)
saben que no es momento de dar indicios. Por eso, la pareja vive clandestinamente y le
indica a Juan que fuera de su casa se llamará Ernesto. Desde ese momento, Juan vivirá
con una doble identidad. En la escuela, como en los pocos lugares que visite, no será
Juan. Todo marcha dentro de lo previsible. Hasta que en el colegio, Juan conoce a una
chica de su edad por la que pronto sentirá un profundo sentimiento. Y entonces no le
resultará tan sencillo fingir con su primer amor.
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A pesar de ciertas coincidencias con su pasado, Avila señala que, si bien en Buenos Aires él también tuvo una infancia clandestina –“iba a la escuela con otro nombre, estaba
en segundo grado en ese momento, tenía todos papeles falsos y debía sostenerlo ante
los vecinos y ante la escuela”, dice–, no lo vivió como algo traumático. “Entendía perfectamente lo que tenía que hacer, igual que mi hermano mayor. Para nosotros, era absolutamente normal la vida que llevábamos. La vida clandestina-militante era un estado
de normalidad total. No era algo diferente de los demás”, admite el realizador.
Avila supo que quería ser director de cine desde los 13 años. Por eso, explica, en medio
de la adolescencia empezó “a estudiar algunos temas”. Y así como supo desde temprano cuál era su vocación, también sintió desde muy joven que, en algún momento, iba a
realizar una película inspirada en su infancia, porque tenía la necesidad de contar esa
historia. “Tiempo después, empecé a estudiar cine y me di cuenta de qué manera quería
narrarla: no era tan literal sobre mi infancia; quería basarla en ella, quería que existiera
una historia de amor entre dos chicos. No había existido en mi vida una historia de
amor. Sí había tenido una compañerita que era vecina mía. Y la película llegó por un
camino de decantación rápido”, subraya el cineasta. A partir de 2004, “cuando empezamos con los primeros bocetos, comenzó a tomar un rumbo más concreto”, reconoce.
Sin embargo, todo se demoró: “No fue fácil enfrentarme a mi propia vida, a mis propios
fantasmas, a mis propias obligaciones históricas, etcétera”.
Infancia clandestina está coproducida por Habitación 1520 junto a Historias Cinematográficas, de Luis Puenzo, y la Televisión Pública, que comanda Tristán Bauer (en cuanto
a la parte argentina). “Aprendí mucho con Luis”, dice Avila sobre Puenzo. “Es un tipo
muy generoso en términos de enseñar, de dar su opinión y de brindar su experiencia. Y
a la película le hizo muy bien en determinados aspectos de la producción, pero sobre
todo en la parte creativa: él también colaboró mucho en el aporte de visiones en el momento del montaje”, agrega el cineasta. Y profundiza su opinión al señalar que tanto
Puenzo como Bauer son “como grandes maestros” suyos. En relación con la coproducción con la TV Pública, Avila destaca que no es lo mismo contar con esa señal “que con
otro canal, medio u otro coproductor”. “En el proceso político que se está viviendo en el
país, es consecuente y mucho más interesante que sea la TV Pública la que coproduce y
que difunda la película en un futuro”.
Después de haber padecido problemas de salud, Avila sostiene que el hecho de que Infancia clandestina se estrene en Cannes amerita “una gran borrachera”. Que participe
en la muestra cinematográfica más importante del mundo “es como vivir el sueño del
pibe”. Y lo ejemplifica con una metáfora futbolera: “Supongo que es lo mismo que para
el pibe que es hincha de River cuando entra por primera vez al Monumental. Es acceder
a un lugar donde el cine tiene una historia única”. Como Cannes está directamente vinculado con un cine de calidad, Avila vive con gran intensidad que su película “participe
de esa calidad que uno siempre añoró, deseó o imaginó”.
–¿Le costó tomar distancia a la hora de construir una ficción inspirada en su
propia historia?
–No en particular. Sí en principio, hasta que delineamos los caminos reales de la película. Hasta ese momento se teñía todo el tiempo de mi recuerdo original al que debería
ser el de los personajes. Había una especie de interacción entre el pasado y el presente
muy fuerte. Hablo del presente de la escritura. En un momento, cuando se definió la
estructura definitiva de la película, la historia dejó de tener ese peso dentro del proceso.
–Se han hecho numerosas películas sobre los horrores y las consecuencias de
la dictadura. ¿Cuál cree que es el mayor aporte de Infancia clandestina a esta
temática?
–Quizás está en la misma oración que usted planteó: que no tiene horror. Lo que siempre creí y lo que me pasaba con los compañeros de Hijos, con amigos que han vivido
esta historia de la misma generación, es que para nosotros no es una historia asociada
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al horror. El horror es una de las tantas cosas de esta historia, pero no es eso solamente. Por eso, la película tiene la posibilidad de incorporar humor, amor, de poder tener cuestiones absolutamente incorrectas sin que eso influya en su postura política. En
ese sentido, es una película no dogmática. Y lo que importa es la visión humana. Lo que
defiende todo el tiempo es que hay seres humanos que están ahí. Es muy importante la
escena de la abuela de Juan con su madre: la discusión es la escena troncal de la película. Es una escena muy compleja, donde está puesta toda la carne al asador. Y la
abuela y la madre de Juan representan las dos posturas.
–La abuela, interpretada por Cristina Banegas, representa la postura del “no te
metás”.
–Del “no te metás” y también del genuino miedo. En ese sentido, no es nada tan absoluto. Y la madre de Juan tiene la cuestión del dogmatismo, pero por otro lado, la valentía y el coraje de ser fiel a una idea. Y esos dos personajes, en vez de seguir el camino
de la historia que significó hasta ahora “es una cosa o la otra”, terminan abrazados. Y
me parece que la película es ese abrazo. Simboliza que eso “no es una cosa o la otra” ,
sino que es un “todos juntos formamos parte de esto y, de algún modo, hay que llegar
a ese abrazo”.
–¿La película tiene para usted una mirada más humana que política?
–Absolutamente. No quise que la película fuera ni política ni dramática, pero sabía que
iba a serlo, inevitablemente. Por eso, el acento no está puesto ahí, porque eso iba a ser
inevitable, al ser parte de la historia. Sí me parecía muy importante que (y el objeto está puesto ahí) la mirada fuera la del sentir, del tacto, de esta cuestión del cotidiano. La
película tiene mucho de cotidiano.
–En ese sentido, Infancia clandestina muestra el miedo de esa familia pero
también el amor, la alegría e incluso los festejos. ¿Es una manera de homenajear el espíritu de la lucha?
–No tanto a la lucha como a la militancia. La construcción del discurso del miedo que se
terminó de instalar en los ’80 en la Argentina asoció a la militancia con la muerte. “Mirá
que si militás, te matan, ¿eh?”. Cuando, en realidad, es: “Mirá que si militás, defendés
tus ideas, podés ser feliz, podés tener la construcción de un mundo real mucho mejor.
Te pueden matar, es parte de las cosas”. Pero no es sólo “te van a matar”. Y esa idea
de “te van a matar” es la que quedó impregnada en la sociedad. En la situación política
que se está viviendo hoy, se empieza a entender que la militancia no es sinónimo de
muerte sino sinónimo de creer. Es otra cosa.
–El personaje tiene una edad en la que si bien es chico, también entiende lo
que está pasando. ¿Para Juan deja de ser un juego lo que vive cuando se ve
involucrado o cuando siente amenazado su deseo?
–Es que hay un momento en que él ya deja ser niño. En realidad, en términos dramáticos, Infancia clandestina es la historia del traspaso real de la niñez a la adolescencia. Y
Juan empieza a tomar decisiones sobre su mundo, en vez de que el mundo sea un proceso donde él vive. Por eso, también la mirada de la película tiene esa idea de cómo un
pibe puede pasar a un lugar incorrecto como las decisiones que toma al final de la película.
–¿A Juan lo atormentan los dos mundos que vive con el cambio de identidad?
–No, en lo más mínimo. Para un chico, ese mundo no es algo complejo ni raro. Es normal. Es complejo para los demás y quizá para él cuando sea adolescente o sea joven.
Pero, en ese proceso, su vida es absolutamente normal y no difiere mucho de la del
otro. Aunque sabe que hay cosas diferentes, no significa que sea anormal.
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–¿La historia de amor entre los chicos oxigena la película?
–Absolutamente. Le da a la película un aire y una posibilidad de entender la complejidad
humana que tiene la historia de la militancia. Ese aire, esa distancia, son la posibilidad
de que pueda haber otros espacios en esta historia. Y que sea tan importante para él la
construcción de una sensación tan fuerte como es el primer amor hace que también
pueda entenderse lo que pasa con el tío, con la madre, con el padre desde otro universo. Sin la historia de amor, esta película hubiera tenido una cuestión de una sola mirada: la militancia. Pero la historia de amor es algo muy complejo de vivir en esta situación con la libertad y la normalidad con que la vive él en ese estado. La película está
concebida como una especie de onda: cuanto mejor le va a Ernesto, que es su nombre
clandestino, peor le va a Juan, con la misma intensidad que le fue bien o mal en la escena anterior.
–¿Siente que hacer esta película lo ayudó a asimilar aún más su propia historia?
–No sé si me ayudó a asimilar, pero seguro que me ayudó a volver a transitar emociones muy añejas. Me pasó mucho en medio del rodaje. Lloré en algunos momentos de
incontención emocional haciendo cámara. Y había momentos que estábamos en medio
de la toma y se me disparaban sensaciones casi como en una especie de sesión de terapia, como cuando sentís que se te desprende algo, se desata un nudo y empezás a llorar sin saber por qué.
–Cuando estrenó Nietos (Identidad y Memoria) dijo que quería que la vieran
los chicos y que se identificaran. ¿Con Infancia clandestina piensa lo mismo?
–Con Infancia clandestina espero varias cosas. En lo personal, muchas, pero en la cuestión de la película y los demás, espero que la generación de mis viejos se sienta identificada por verla realista y que entienda a nuestra generación de otra manera. De mi generación, espero que se sienta identificada con la posibilidad de creer. Y en cuanto a la
de mis hijos, espero que Infancia clandestina sea una película que les sirva para poder
quitarle peso a la discusión política.
http://www.pagina12.com.ar/diario/suplementos/espectaculos/2-25270-2012-05-20.html
"Infancia clandestina", con Natalia Oreiro y Ernesto Alterio en los roles protagónicos, fue la película elegida para representar a la Argentina en los Oscar como mejor Película Extranjera. Su director, Benjamín Ávila, comparte con Revista Cabal algunas de las claves de su ópera prima de ficción, que produjo Luis
Puenzo.
“Me parece que las historias que se habían contado en relación a la dictadura olvidaron
dar cuenta del costado más humano: la cotidianeidad de esos militantes que estaban
dispuestos a dar sus vidas por sus ideales, y que tenían una vida detrás de esa lucha.
Yo asumí el desafío y el riesgo de contar la Historia desde ese costado, y es plantarse y
asumir ‘esto es lo que pienso, esto es lo que creo”.
Benjamín Ávila es director, hijo de desaparecidos y responsable de una de las mejores
películas sobre la dictadura que se ha realizado hasta aquí en la Argentina: Infancia
Clandestina, primer película de ficción de su carrera, está basada en su propia infancia,
–antes había hecho un documental sobre los hijos y los nietos de desaparecidos, y la
búsqueda de su identidad- y asume el desafío de contar la historia desde el punto de
vista de un chico de 11 años, hijo de militantes montoneros que sin quererlo se
convierte en protagonista de una lucha que no eligió, y que lo marcará para siempre.
Contada desde esa perspectiva, “desde adentro”, la historia de este chico, -de sus padres, y la lucha que afrontan- se convierte en un relato plagado de grises que, por fuera
de los maniqueísmos y los lugares comunes que definen a buena parte de las obras que
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han abordado “los años de plomo”, permite a los espectadores asomarse al cotidiano
que moldea su sensibilidad.
“Este no es el mito o el infierno”, explica el director. “Intenté dar una visión más humana y realista de cómo fueron las cosas, como yo las recordaba, no sumándome a esa
construcción que se hizo después según la cual podría parecer que las 24 horas reinaban la violencia y el pánico. Es verdad que vivimos incontables situaciones de miedo, de
horror, pero también había humor, amor, vidas sujetas a cierta normalidad, vidas más o
menos parecidas a las de otras personas”.
Benjamín, como el chico protagonista del film, vivió esos años como hijo de una pareja
de militantes que sufrieron en carne propia la tragedia de la represión de Estado: tenía
cuatro años cuando su madre y su pareja, ambos militantes montoneros, se lo llevaron
al exilio. Recaló en Brasil, México, Cuba. Volvió al país a comienzos de 1979, el año en
que transcurre la historia que relata la película. Ese fue el año en que desapareció Charo, su mamá –a Benjamín lo dejaron en la puerta de la casa de su abuela, y luego viajó
a Tucumán, a vivir con su padre, arquitecto y actor-.
El hermano del director fue secuestrado y entregado a otra familia, por esos años, y recién recuperaron su identidad en 1984, gracias al trabajo de las Abuelas de Plaza de
Mayo; fue uno de los primeros nietos restituidos. Esas fueron las duras experiencias
personales que sirvieron al director para filmar, antes de “Infancia…”, el documental
“Nietos (Identidad y Memoria)”, estrenado en 2004.
“Infancia…” cuenta con los protagónicos de Natalia Oreiro, Ernesto Alterio, César Troncoso, Teo Gutiérrez Moreno, Cristina Banegas, Violeta Palukas y Paula Ransenberg.
Ávila disfruta por estos días de las críticas elogiosas y de la respuesta del público, que
sale conmovido de las salas de proyección.
Por fuera de los clichés de ciertas películas y novelas que caen una y otra vez
en el facilismo de narrar los años de la dictadura desde la violencia que caracterizó esos años, la película propone una mirada humanizada de los militantes
de los 70, que permite al espectador asomarse a esas historias sensibilizándose con la convicción y el idealismo que los movilizaba. ¿Ese fue uno de los
objetivos que se propuso, como director? ¿Qué puede decir respecto de este
punto?
Siempre sentí que necesitábamos, los hijos de desaparecidos y asesinados por la última
dictadura en la argentina, una historia que nos represente emocionalmente. Desde la
ficción hablo, creo que hay unos documentales, hechos también por hijos, que nos representan como Historias Cotidianas o Papa Iván, pero en la ficción no lo había. Desde
ese lugar siempre tuve la sensación de obligación de hacer esta película, que yo digo
que viene a proponer una nueva mirada, un nuevo punto de vista, sobre las ideas de
aquellos militantes de los 70’. Cuando la mostramos por primera vez terminada en
mayo de este año en el Festival de Cannes, la sensación de misión cumplida fue muy
fuerte. Tuve la sensación poderosa de cruzar la meta como el maratonista que llega al
final de la carrera, sin importar el puesto. Esa sensación, ese alivio, esa liviandad me
dimensionó lo que la película representaba para mí. Que era un deber, que debía hacer,
y en lo más íntimo tenía la certeza de “ahora si puedo hacer lo que quiera, ya cumplí”. Por eso creo que la película genera tanta empatía con la gente, porque es una visión diferente que desarrolla el costado humano de aquella “famosa” historia de la dictadura y no responde a ninguno de los lugares comunes establecidos hasta ahora. Pero
aporta un costado humano que se perdió en el análisis de la historia, que no sobrevivió
en la construcción del discurso histórico que llegó hasta ahora y que humaniza desde un
cotidiano la vida de la clandestinidad, donde había un estado de vitalidad maravilloso y
muy real (no idílico). Era la puesta en escena constante de las ideas en la vida diaria. La
clandestinidad está asociada al miedo y la muerte y en nosotros era una “vida normal”:
yo iba a la escuela, mi vieja me retaba porque no hacia los deberes, disfrutábamos de
las milanesas y nos aburríamos en las tardes. ¡Normalidad!, pero nosotros sabíamos
que no éramos como los demás chicos pero sabíamos que éramos chicos. Y eso era
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“nuestra normalidad” y creo que quizás lo que genera incomodidad, pero a su vez mucha cercanía, es ese punto de vista.
En lo personal, ¿a qué punto le resultó complejo asumir el relato de parte de su
infancia?
Lo más complejo fue correrme de mi propia historia y construir una historia que se basara en mi infancia y la de mis hermanos pero que tuviera su propia lógica, sus propias
reglas. Es raro porque de algún modo las personas que nos conocen sienten que es
nuestra infancia tal cual, pero realmente hay muchas cosas que sucedieron de otra manera y que responden al universo que creamos con Marcelo Muller, con quien escribí esta historia. El Tío Beto, la historia de amor, la edad de los chicos, el modo en que se desencadenan algunos hechos no existieron en la realidad, pero el cumpleaños, el cotidiano de la familia, la relación con los padres, la visita de la abuela, aunque de otra manera, son reales.
La emoción que produce la película -¬ovacionada de Buenos Aires, Toronto,
Cannes, San Sebastián- es sin duda uno de sus mayores méritos. ¿Cuáles evalúa usted que son las virtudes más destacables de este trabajo que ha concretado el equipo y qué diferencia tiene esta obra de otras que abordan la temática de la dictadura?
Realmente la recepción emocional de la película en todos los lugares donde se ha presentado ha sido maravillosa, muy emotiva. Cannes fue la primera vez y nos sorprendió
mucho la ovación interminable que generó el público. Y de ahí en más en cada lugar: ¡lo
de San Sebastián fue tremendo! Creo que la película toca un tema que es muy universal, que es el amor y la niñez. ¿Quién no ha tenido su primer amor?, ¿quién no se ha
enamorado alguna vez? Y todos fuimos niños. Creo que partiendo desde ese lugar la
identificación funciona mucho, y como la historia de Juan es tan particular, esta identificación nos ayuda a entender poderosamente lo que siente y el por qué de sus emociones. Esto no deja de sorprenderme. La devolución que vengo teniendo desde que la película se estrenó en Argentina, por Facebook o por mail, la gente ha expresado sus
emociones
constantemente
y
cómo
la
película
sobrevive
dentro de ellos por un tiempo muy largo. Me emociona que la película emocione.
Está acompañando la película en las ciudades en que se presenta. ¿Cómo le resulta el contacto con el público, qué le aportan los espectadores a la mirada
que usted mismo tiene de la película?
Es algo que quería hacer, me gusta mucho poder vivenciar lo que la película provoca, en
vivo y en directo. Ese es el privilegio que tiene el teatro que la relación es directa pero
el cine no lo tiene. Así que acompañarla por algunas presentaciones me permitió eso y
hacer una charla posterior a la proyección y recibir, en caliente, lo que le sucede a la
gente. Es algo invalorable, se aprende mucho del público.
http://www.revistacabal.coop/entrevista-benjamin-avila-director-de-%E2%80%9Cinfanciaclandestina
© Pyramide Distribution
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Críticas
Durante mucho tiempo el eje temático del cine argentino fue la cruenta dictadura militar
que desgarró a nuestra sociedad desde 1976 hasta 1983, y esta repetición
cinematográfica ha sido muy criticada.
Una crítica un poco injusta porque con ese parámetro también habría que quejarse de la
infinidad de films que hizo Hollywood sobre temas relacionas con la guerra de Vietnam o
ahora con el conflicto bélico en oriente, y eso no sucede.
La década de los 70s y principios de los 80s marcaron con fuego al país. Es historia
reciente y es lógico que realizadores tomen esos elementos para desarrollar sus ideas, y
la realidad es que ha habido muy buenas películas que se basaron en este tema y muy
malas también. Y hace unos años surgieron historias llevadas al cine en donde el Golpe
Militar estaba ahí como satélite pero la historia pasaba por otro lado.
Infancia clandestina se mete de lleno en el tema pero en uno que aún no ha sido muy
analizado cinematográficamente: los militantes y la guerrilla.
El director Benjamín Ávila logra retratar de manera muy ingeniosa (basándose en
hechos reales) las vivencias de una familia Montonera pero bajo la vista de un chico de
11 años, Teo Gutierrez Moreno quien interpreta a Juan y su álter ego Ernesto.
Sería muy acertado catalogar a esta película como una coming of age movie (subgénero
cinematográfico sobre el descubrimiento del amor y el pasaje de la niñez a la adultez)
dado que el protagonista quiere aferrarse a su primer amor y dejar esa doble vida pero
también encuentra un debate ideológico interno.
Este joven actor que se luce en su papel se encuentra muy bien acompañado por César
Troncoso, quien interpreta a su padre y líder Montonero; Ernesto Alterio (su tío) quien
le da alma y enriquece al film; y Natalia Oreiro (su madre) que finalmente logra
desprenderse de sus personajes de las novelas de la tarde.
Otra cosa para destacar es la fotografía que en momentos es adornada con elementos
de pseudo animación en escenas claves. Primeros planos y planos detalle (a veces un
poco excesivos) dan cuenta con acierto a la mirada del chico.
Uno de los problemas que tiene la película es que no es mainstream y que seguramente
muchos no la disfrutarán y hasta dirán que es medio lenta. Sobretodo un público joven
que no esté muy interesado por la política y la historia.
Otra cosa para criticar es el final un tanto anunciado pero lógico y entendible.
No es ni la primera ni va a ser la última película nacional que retrate las vivencias de
una generación que luchó y murió por sus ideales. Lo que se destaca en Infancia
clandestina es que no juzga ni rectifica. Es una historia que te pega duro en lo
sentimental y que puede llegar a angustiar, pero también llama a la reflexión y eso
siempre es algo bueno.
Cine argentino bien realizado y plagado de identidad y memoria argentina.
Matías Lértora
http://www.cinesargentinos.com.ar/pelicula/4350-infancia-clandestina/
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Estrenada el 20 de Septiembre de 2012 - Diego Batlle
El amor en los tiempos del cólera
Luego de un prólogo ambientado en 1975 que arranca con imágenes "convencionales" y
termina con animación (un recurso que luego se repetirá en otros pasajes del film) para
narrar el intento de asesinato por parte de un comando de la Triple A contra un matrimonio de militantes montoneros, la película salta hasta 1979.
En plena euforia post-Mundial '78 (y en plena escalada represiva), los protagonistas
vuelven de un exilio en Brasil y Cuba en el marco de la "contraofensiva" lanzada por los
líderes de su organización. Juan (Teo Gutiérrez Moreno) ya tiene una hermana menor
(todavía una beba), pero él ingresa a la primaria del barrio con el nombre falso de Ernesto (por el Che, claro). Con sus padres (Natalia Oreiro y César Troncoso) y con su
simpático tío (Ernesto Alterio) viven en la clandestinidad, recluidos en una casa que es
también lugar de reunión de la célula y de acopio de material "revolucionario". El acepta
las condiciones, pero cuando se enamora de una chica que hace gimnasia artística en la
escuela su sensibilidad aflora (así como su urgencia hormonal) y su sentido de
la obediencia se desmorona. Lo mismo ocurre en el entorno familiar cuando llega por
única vez al lugar su abuela (Cristina Banegas) para festejar su cumpleaños y se exponen en toda su dimensión las inevitables contradicciones entre el afuera y el adentro (la
clandestinidad).
El film plantea la tensión permanente entre el compromiso de los militantes (férrea disciplina incluída) y el disfrute y la posibilidad de vivir situaciones felices en la intimidad
familiar. Es que aflojar, relajarse, podría resultar en ese contexto un desastre seguido,
por qué no, de muerte.
La idea de narrar la historia desde el punto de vista de un chico no es nueva en el cine
latinoamericano (Kamchatka, El año que mis padres se fueron de vacaciones, Andrés no
quiere dormir la siesta y sigue la lista), pero aquí el realizador de Nietos (identidad y
memoria) -que incorpora al relato unos cuantos elementos autobiográficos- trabaja la
doble lógica: la de Juan/Ernesto, con sus deseos (su iniciación sexual) y sus miedos; y
la mucho más cerrada de los guerrilleros. La película -más allá de algunos lugares comunes de esta suerte de "subgénero"- se maneja casi siempre con rigor y credibilidad,
con crudeza pero también con sensibilidad para constituirse, en definitiva, en un muy
atendible retrato (más humano que político) sobre aquel período sangriento de la historia argentina que todavía tiene unas cuantas heridas abiertas.
Commentaire suivi d’un échange entre le journaliste, des lecteurs et le réalisateur.
http://www.otroscines.com/criticas_detalle.php?idnota=6736
J.P. 17/09/2012
La ópera prima de ficción de Benjamín Ávila (Nietos (Identidad y memoria), 2004) Infancia Clandestina (2012) es una de esas películas que puede gustar más o menos (y
eso va a depender únicamente de la subjetividad del espectador) pero que resulta incuestionable desde todos los sentidos.
La historia se sitúa en Argentina, año 1979, cuando en plena dictadura militar, una familia de revolucionarios, decide volver al país, tras el exilio, para continuar con la lucha
armada. La trama toma el punto de vista de Juan, un preadolescente que vive entre la
anormal/normal vida que sus padres eligieron y los cambios internos/externos que su
crecimiento va provocando.
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Qué Infancia Clandestina esté producida por Luis Puenzo, ganador del Oscar por La historia oficial (1985), no es un hecho casual ya que en un punto (y sin develar demasiados detalles) la película de Ávila podría funcionar como una precuela de su antecesora.
El desenlace de una bien podría haber sido el comienzo de la otra, aunque sólo sea producto de una casualidad ya que Infancia Clandestina está basada en la propia realidad
de su realizador hijo de madre desaparecida.
Uno de los grandes logros del film y que no se da muy habitualmente en la ficción, es el
de nunca perder el punto de vista. Siempre la trama seguirá la versión Juan sobre los
hechos y de como él los vive. Por eso resulta más que correcto utilizar la técnica de animación para mostrar los enfrentamientos armados entre la guerrilla y las fuerzas paramilitares, siendo la forma con que un chico de su edad puede vivir algo tan terrible,
aunque en su mente lo asimile casi como un juego.
Infancia Clandestina, muestra otro lado de la guerrilla, no el estereotipo ni el clisé, sino
el costado más familiar, muestra a personas simples que luchaban por un ideal, seres
humanos que tenían familia, festejaban cumpleaños, e hijos que se iban de campamento, aunque vivieran con nombres falsos y en vez de maní con chocolate fabricaran granadas. El gran acierto de Benjamín Ávila es no recurrir nunca al golpe bajo, y en cierta
forma tiene que ver con el punto de vista elegido para llevar adelante el relato. La infancia hace ver la vida de otra manera aunque todo lo que te rodea sea terriblemente
trágico y eso es lo que la película quiere mostrar.
Benjamín Ávila no sólo se rodeó de un gran equipo técnico sino de grandes actores,
aunque algunos pequeños en edad como el caso del extraordinario Teo Gutiérrez Moreno. Qué decir de Ernesto Alterio, del uruguayo César Troncoso al que ya habíamos visto
lucirse en El baño del Papa (2007), o de la siempre notable Cristina Banegas, si están
todos perfectos. Pero una vez la que se lleva los mayores aplausos es Natalia Oreiro,
una gran actriz que se supera día a día, película a película, momento a momento. El
personaje más potente de una carrera cinematográfica destinada a ser cada vez más
brillante.
Si La historia oficial fue el primer Oscar para el cine argentino, Infancia Clandestina
tiene todos los condimentos para salir a pelear por el tercero. Porque podrá gustar o no,
pero nadie podrá decir que no es una gran película, que detrás hay una gran historia de
amor, un buen director, actores capaces de construir personajes creíbles y que tanto
técnica como narrativamente es incuestionable. Sin duda es la película que nos trae la
historia que nunca nos contaron para meterse de lleno en la historia del mejor cine argentino. Excelente.
http://www.escribiendocine.com/critica/0001535-la-otra-historia-oficial/
Por Mex Faliero
Crecer de golpe
La última palabra que se escucha en Infancia clandestina es “Juan”, y habrá que ver el
film para saber que resulta de una justeza ejemplar. Esa palabra, en ese momento. Justeza en los términos que es precisamente lo que busca un film como este, sostenido en
el punto de vista de un niño para contar lo que ocurría en el seno de una familia de
montoneros allá durante la contraofensiva dispuesta en tiempos de la dictadura militar
argentina. Ese niño, ficcional, no es otro que el espejo donde se mira el director Benjamín Avila para rodar esta, su primera ficción (antes hizo el documental Nietos), ya que
él mismo es hijo de desaparecidos y sufrió eso que sufre su protagonista. Infancia clandestina retoma el revisionismo cinematográfico sobre el terrorismo de estado en la Argentina de fines de los 70’s y se vale de la experiencia del pequeño Juan, apodado Ernesto, para construir una película sobre la adolescencia y la pérdida de la inocencia. Eso
que los norteamericanos llaman “coming of age” y que aquí pierde su costado naif por
ese contexto terrible que aporta el terror impuesto por los militares y la vida entre tinieblas de los grupos guerrilleros.
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Antes que nada, Infancia clandestina es valiente. Claro está, Avila se vale de su propia
experiencia para acallar cualquier cuestionamiento: es que su mirada sobre el accionar
de los montoneros (aquí el Estado militar es condenado a un casi total fuera de campo)
se aleja del romanticismo habitual con el que se mira esta época, aún siendo su film un
film idealista, para sembrar dudas y alejar el retrato de la posibilidad del blanco o negro. No dudas sobre lo acontecido ni sobre los personajes, sino dudas sobre nuestra
propia experiencia en relación a eso que se cuenta y cómo lo hubiéramos afrontado.
Dentro de este universo singular, el personaje que abre el relato a otras posibilidades es
el del tío Beto. Montonero como todos, pero con una mirada que se aleja de la rigidez
estructural de un movimiento como tal (Avila genera interesantes paralelismos sobre la
escuela y sus formalidades casi castrenses y ciertos métodos de los montoneros) el personaje se pregunta acerca de si es posible construir sin determinada noción de felicidad;
enfrenta al cerebro y al corazón, como músculos que deben entrar en colisión para edificar ese futuro real y tangible, imaginado y soñado. Sin eso, estima, es imposible.
¿Entonces dice Infancia clandestina que aquello fue un error? No precisamente. Pero sí
construye un cuadro de situación en el que se chocan las responsabilidades adultas y las
libertades que un niño añora tener cuando está creciendo y está encontrando el amor.
Sin desmerecer el cariño y afecto de esos padres, Avila avisa que aquel no fue el mejor
lugar para crecer. El film trabaja notablemente, y olvidémonos por un instante de su
tema, lo que es el amor adolescente.
Hablábamos de valentía, e Infancia clandestina es valiente también cuando choca con
un relato oficial histórico que parece tenerle miedo a palabras como “guerrillero”. Aquí
no sólo se la dice, sino que se la acepta y se le da un peso específico. Y a la vez polemiza, cuando trabaja constantemente sobre esa necesidad del alias y de la supresión de
identidad a la que obliga la situación, mostrándola como una gran paradoja: precisamente la lucha por la restitución de la identidad de hijos de desaparecidos es una de las
principales y más justas que tiene hoy la Argentina. Por eso volvemos al “Juan” del final
y su justeza, no sólo en un sentido narrativo sino también expositivo: ya no es Ernesto
el que vive la vida de otro, sino Juan el que decide vivir la suya. Tomar las decisiones.
Crecer (poder crecer, afortunadamente sin nadie que te corte esa posibilidad) y contarlo. Sobre ese crecimiento especial, único e intransferible, trata esta película.
http://www.fancinema.com.ar/2012/09/infancia-clandestina/
© Pyramide Distribution
Dossier composé par Maud Rossi - Atelier CANOPE Vannes
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