à Lorca MES BRODEQUINS Mes brodequins Non - marie

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à Lorca
para Lorca
MES BRODEQUINS
MIS BORCEGUIES
Mes brodequins
Non les plus fins
Mais les plus sombres à tes pieds.
Mes longues routes en duel,
Mes tambours hachurés
De vents contraires
Où hurle l'épopée.
Mis borceguíes
No los más finos
Sino los más sombríos para tus pies
Mis largos caminos en duelo,
Mis tambores esgrafiados
De vientos contrarios
Donde aulla la epopeya.
Pas de guitares pour pleurer.
Pas de mantilles pour charmer.
La mer en soubresauts,
Mon fleuve où dorment les vaisseaux,
Et Flandre à la volée
Semant son blé,
Et Flandre ramassée
Dans chaque tour carrée,
Le flanc plus lourd de sang
Que tes galions, d'argent.
No hay guitarras para llorar.
No hay mantillas para encantar.
El mar en brincos,
Mi río donde duermen los barcos,
Y Flandes huyendo
Sembrando su trigo,
Y Flandes recogido
En cada torre cuadrada,
El flanco más pesado de sangre
Que tus galeones de dinero.
Pas de guitares pour pleurer.
Pas de mantilles pour charmer.
Des roses rouges à la joue,
Des fleurs de lin sur le corsage,
Des paons qui font tourner la roue
Dessous l'orage.
No hay guitarras para llorar.
No hay mantillas para encantar.
Las rosas a la mejilla,
Flores de lienzo en la blusa,
Pavones haciendo rodar la rueda
Bajo la tormenta.
Mes chansons - brodequins brodés Pour garder chauds l'âme et le pied.
Pas de guitares pour pleurer.
Pas de sang noir à déplorer.
Dans Bruges, par cent fois
Aux créneaux répété,
Le beau nom de Lorca.
Mis canciones - borceguíes bordados Para guardar calientes el alma y el pie.
No hay guitarras para llorar.
No hay sangre negra para deplorar.
En Brujas, cientas veces
Repetido en las almenas,
El bello nombre de Lorca.
Marie-Jo Gobron,
poème du receuil « De visage à Visage » (1961)
Traducción : Bart Vonck (1988)
Pour Akarova
para Akarova
PAVANE POUR UNE INFANTE DEFUNTE
PAVANA PARA UNA INFANTE DIFUNTA
Venue vers nous je ne sais d'où,
De Lorca, de Tolède ou de Cordoue ...
Elle a franchi à petits pas le seuil des siècles
Et, souriant un court instant
A tout le blanc de la lumière,
Elle a repris sa place familière.
Venida hacia nosotros de no sé donde,
De Lorca, de Toledo o de Cordoba ...
Ha cruzado con pasos menudos el umbral de los siglos
Y, sonriendo un breve momento
A todo lo blanco de la luz,
Ha retomado su lugar familiar.
J'avais pourtant pour elle
Un tas de petits riens
Qui maintenant me pèsent dans les mains;
J'avais à lui montrer
En secret le sentier
Où on lave sa peine
A belle eau de fontaine;
La benoîte et les blés
Sur la pointe des pieds
Pour la voir qui passait,
Et, d'écume chaussée
Par ailleurs de galets,
J'avais la mer qui se haussait;
J'avais pour la bercer
Les bras en berce du passé.
Sin embargo tenía para ella
Un montón de cositas
Que ahora me pesan en las manos;
Tenía que mostrarle
En secreto la vereda
Donde se lava la pena;
En agua claro de fuente;
Claveles y trigo
En el punto de los pies
Para verla pasando
Y, de espuma calzada
Incluso de gorrones,
Tenía el mar que se alzaba;
Tenía para mecerla
Los brazos meciendo del pasado.
Le chant s'est élevé
Et dans la danse elle s'est avancée.
Elle est entrée dans la mémoire de chacun
Avec ce jeune étonnement de morte
Au coeur jamais entièrement défunt.
El canto se ha alzado
Y en el baile se ha avanzado.
Ha entrado en la memoria de cada uno
Con este joven asombro de muerta
De corazón jamás totalmente difunto.
Marie-Jo Gobron,
poème du receuil « De visage à visage » (1961)
Traducción : Bart Vonck (1988)
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