REGISTRE MEMOIRE DU MONDE FORMULAIRE DE PROPOSITION D’INSCRIPTION Mexico – Négatif original de LOS OLVIDADOS, film de Luis Buñuel PARTIE A - INFORMATIONS ESSENTIELLES 1. RÉSUMÉ Le film Los Olvidados (en français : Pitié pour eux, ou Les Réprouvés), tourné en 1950 par le réalisateur hispano-mexicain Luis Buñuel, est le plus important document qui existe en espagnol sur la marginalité des enfants dans les grandes villes contemporaines. Il est aussi un regard cru et réaliste, jeté sans concessions sur une partie de la société mexicaine, dans un bidonville de Mexico où les personnages, observés soigneusement et fidèlement, suivent la destinée inéluctable que leur assigne la situation sociale et économique. Avec Los Olvidados, Buñuel offre au cinéma mondial une œuvre accomplie dans laquelle, sans abandonner l'esthétique surréaliste de ses premiers films, tels que Le Chien andalou (1928) et L'Âge d'or (1930), il brosse un portrait passionné des oubliés, d'un trait brutal, mais honnête, à la fois tragique et poétique. C'est, en un mot, un film qui sera toujours contemporain. Dès le début, Los Olvidados a rencontré de nombreuses difficultés. L’écriture de son scénario a demandé à Buñuel deux ans de recherches préalables. Il lui a ensuite fallu convaincre le producteur Oscar Dancigers de le laisser libre stylistiquement et idéologiquement. Enfin, certains de ses collaborateurs, effrayés par les répercussions de ce film, ont demandé que leurs noms soient retirés du générique. Dancigers était conscient des problèmes que pouvaient causer au film la censure et les groupes conservateurs de la société mexicaine, et du risque qu’il ne soit même jamais projeté. Il fit donc tourner, presque en secret, une « autre fin », à l'opposé de la signification tragique du film. Finalement, grâce au soutien des intellectuels mexicains et au prix reçu au Festival de Cannes, le film connut le succès dans sa version originale, et ce n'est que cinquante ans plus tard que l'« autre fin » fut découverte. Le négatif original en nitrate de cellulose de Los Olvidados, perdu pendant vingt ans, a heureusement été retrouvé, et est maintenant à l'abri dans les coffres de la Filmoteca de l'UNAM, où il a été placé en dépôt par son propriétaire actuel,Televisa S.A., la société qui en a acquis la totalité des droits patrimoniaux et des droits voisins, y compris le négatif original qui fait l'objet de la présente proposition d’inscription au programme Mémoire du monde. 2. INFORMATIONS SUR L'AUTEUR DE LA PROPOSITION 2.1 Nom Cineteca Nacional / Conaculta, Mexique Filmoteca de la UNAM, Mexique 2.2 Relation avec l'élément du patrimoine documentaire proposé Les deux institutions sont responsables de la préservation et de la conservation de la mémoire cinématographique du Mexique et la Filmoteca, en tant que son dépositaire légal, a reçu physiquement le film en dépôt. 2.3 Personne à contacter Lic. Magdalena Acosta Urquidi et Biol. Iván Trujillo Bolio 2.4 Coordonnées complètes Lic. Magdalena ACOSTA Directrice générale Cineteca Nacional Av. México-Coyoacán 389 Col. Xoco MEXICO D.F. C.P. 03330 Mexique Tél. : (52)-55-54 22 1100 Télécopie : (52)-55-54 22 11 83 Courrier électronique: [email protected] Biol. Iván TRUJILLO BOLIO General Director Filmoteca de la UNAM San Ildefonso # 43 Centro Histórico, C.P. 06020 MEXICO D.F. Tél. : (55) (52)-56 22 95 95 / 56 22 95 84 Télécopie : (55) (52) 55 56 22 95 88 Courrier électronique: [email protected] 3. IDENTITE ET DESCRIPTION DU PATRIMOINE DOCUMENTAIRE 3.1. Nom et indications sur l'identité des éléments proposés Négatif original du film Los Olvidados (1950) de Luis Buñuel, déposé dans une chambre forte et confié à la Filmoteca de l’UNAM (Université autonome du Mexique). 3.2. Description *Résumé Los Olvidados appartient à la dernière phase de ce qu'on a appelé l’âge d’or du cinéma mexicain, et unit à la grande tradition artistique hispanique des valeurs nationales et internationales du cinéma telles que le néo-réalisme italien, le documentaire britannique ou le réalisme politique et le surréalisme français. Il a exercé une influence sur des mouvements cinématographiques de l'école réaliste tels que le nouveau cinéma latino-américain ou la nouvelle vague française, ainsi que sur le cinéaste indien Satyajit Ray et sur des réalisateurs italiens comme Pier Paolo Pasolini ou Paolo et Vittorio Taviani, ou sur Carlos Saura en Espagne. Consacré à un thème polémique (la misère urbaine, revers de la médaille du « miracle économique mexicain », la mise en accusation d'un système pénitentiaire inapte à réhabiliter, des enfants des rues vivant dans des banlieues lugubres et transformés en criminels, faute d'avenir), ce film était un investissement risqué, malgré son faible coût (450 000 pesos). Il fut tourné dans les bidonvilles poussiéreux et surpeuplés de Mexico, à une époque où l'on se piquait de modernisation. La première eut lieu le 9 novembre 1950 au cinéma Cine Mexico, mais le film ne fut projeté qu'une semaine, en raison des protestations véhémentes des syndicats et des diverses associations qui l’accusaient de présenter une fausse image de la réalité mexicaine. Au festival de Cannes de 1951, le film valut à Buñuel le prix du meilleur réalisateur. Los Olvidados reprit alors le chemin du Mexique et fut projeté au cinéma Cine Prado, où il fut acclamé par la critique et le public. L'académie mexicaine des arts et sciences lui décerna 11 prix Ariel, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Los Olvidados est devenu une légende dans l'histoire mondiale du cinéma, et la crudité de ses images, conjuguée aux séquences oniriques, nous montre le Buñuel de la période surréaliste (Un Chien andalou, 1928-1929, L'Âge d'or, 1930). Comme l’a écrit le poète mexicain et Prix Nobel Octavio Paz : « le film de Buñuel s'inscrit dans la tradition d’un art passionné et féroce, tout à la fois retenu et délirant, qui revendique l'héritage de Goya et de Posada. (…) La misère et l'abandon peuvent se trouver n’importe où dans le monde, mais la passion cruelle avec laquelle ils sont décrits appartient au grand art espagnol. Ce mendiant aveugle, nous l'avons déjà rencontré dans les romans picaresques espagnols. Ces femmes, ces ivrognes, ces infirmes, ces assassins, ces innocents, nous les avons tous vus chez Quevedo et Galdos. Nous les apercevons chez Cervantes, et ils ont été peints par Vélasquez et Murillo ». Luis Buñuel se situe toujours au premier plan des cinéastes les plus éminents au monde. Son œuvre, commencée à l’époque des films muets, s'est poursuivie jusque dans les années 1970. Sa contribution à l'histoire de l'art a fait reconnaître chez lui un style et des thématiques personnels, qui ont été analysés rigoureusement de divers points de vue, notamment de ceux de la psychanalyse, de la philosophie, de la littérature, et de l'histoire de la peinture et de l'art du XXème siècle. Sa contribution spécifique au cinéma se manifeste également dans l'œuvre d'autres brillants cinéastes qu'il a influencés. Dans de nombreux pays, son œuvre a été célébrée par des rétrospectives, festivals, expositions et hommages, et notamment par la somptueuse exposition organisée au Palais des Beaux-Arts de Mexico, dans le cadre de la célébration du centenaire de sa naissance. *Données bibliographiques/enregistrement Résumé de l’action Los Olvidados Mexique, 1950 Un prologue enchaînant des images de quelques-unes des plus grandes villes du monde (Londres, Paris, New York) s'achève sur Mexico. Une voix off explique que l'extrême pauvreté et les enfants des rues, qui sont le thème principal du film, ne sont pas une exclusivité de la société mexicaine, mais un problème mondial. La voix nous met également en garde : le film n'est pas optimiste à cet égard, et ne propose aucune solution aux forces de progrès de la société. El Jaibo, un jeune voleur des rues, s'enfuit d'un centre de détention pour mineurs et retourne dans son barrio, où il retrouve sa bande, composée de jeunes garçons et d'adolescents comme Pedro, El Cacarizo, El Tejocote et El Pelón, avec qui il se remet à voler pour avoir de l’argent et des cigarettes. Lorsqu'ils tentent de dérober le sac de Don Carmelo, le musicien aveugle se défend avec sa canne (dont l'extrémité est munie d'un clou), blessant El Pelón. En représailles, El Jaibo, Pedro et El Pelón le frappent brutalement dans un terrain vague et détruisent ses instruments de musique, devant une poule silencieuse. La bande rejoint El Ojitos, un enfant d'immigrants abandonné par son père au marché et qui, pour manger, devient le guide de Don Carmelo, malgré les mauvais traitements que celui-ci lui inflige. Pendant ce temps, El Jaibo trouve refuge dans la maison d’El Cacarizo, où il entreprend de harceler Meche, une belle adolescente. Pedro, garçon cruellement rejeté par sa mère, qui lui refuse nourriture et affection, l'accusant d'être « un bon à rien », se lie d’amitié avec El Jaibo. Celui-ci est à la recherche de Julián, le jeune ouvrier qui l’a dénoncé. Lorsqu'il le trouve, il le frappe, pour se venger, avec une pierre, et le tue. Pedro promet de garder le secret. Une nuit, endormi chez lui, il rêve que sa mère, flottant comme un fantôme au-dessus des lits, dans une pluie de plumes, lui offre la viande qu'elle lui a jadis refusée. Il voit Julián, mortellement blessé, riant sous son lit ; il voit aussi El Jaibo, sortant du plancher, lui prendre la nourriture que sa mère vient de lui apporter. À son réveil, désireux d’être un « garçon comme il faut », il trouve une place d'apprenti chez un forgeron. El Jaibo, découvert par le grand-père d’El Cacarizo, est jeté à la rue et trouve refuge dans un bâtiment en construction (près du pont de Nonoalco). En allant voir Pedro à son travail, El Jaibo vole un couteau à manche d'argent. Le propriétaire signale le vol à la police, qui recherche déjà Pedro chez lui. En rentrant, Pedro voit la police et, pensant qu'elle le recherche à cause de la mort de Julián, s'enfuit. Pendant ce temps, El Jaibo se rend chez Pedro et parle avec la mère de son ami, qu'il considère comme une figure maternelle, mais qu'il séduit néanmoins, pendant que Pedro s'efforce de survivre dans les rues de Mexico, confronté à des clochards, puis à un élégant pédéraste, et travaillant comme un esclave dans un manège. Lorsqu'il rentre chez lui, sa mère l'agresse de telle manière que Pedro menace de la frapper avec un escabeau, mais se repent avant de le faire. Sa mère le conduit à un centre de détention pour mineurs, une ferme-école dont le directeur, qui s’intéresse à la situation de Pedro, l'affecte à des tâches motivantes, lui montrant ainsi que quelqu'un peut croire en lui. En ramassant des œufs, Pedro, d'un caractère agressif et rétif à la socialisation, se bat avec ses camarades et tue deux poules avec une grosse corde. Ce geste le fait mettre à l'écart du groupe. Le directeur de la ferme-école, désireux d'aider Pedro à retrouver l’estime de soi et de lui prouver qu'il n'est pas en prison, lui propose un marché : il lui donne un billet de 50 pesos et lui demande d'aller lui acheter des cigarettes au coin de la rue. Pedro sort, heureux et prêt à s'acquitter de cette mission, mais il croise El Jaibo, qui tente de le convaincre de retourner avec lui dans le barrio. Pedro refuse et reçoit des coups. Son « ami » vole le billet et s'enfuit en bus. De retour au barrio, Pedro affronte El Jaibo, qui lui suggère indirectement qu'il a couché avec sa mère, ce qui provoque un combat violent. Pedro a le dessous et, lorsque El Jaibo laisse par inadvertance tomber son couteau, Pedro le menace et crie, pour être entendu de tous, qu’El Jaibo est responsable de la mort de Julián. Tous, y compris Don Carmelo, entendent la nouvelle. La bande se sépare et El Jaibo promet de se venger. Cherchant refuge auprès d’El Ojitos, Pedro est témoin des exactions de l'aveugle, qui tente d'abuser de Meche lorsqu'elle lui apporte, comme chaque jour, une bouteille de lait. Au moment où il essaie de la séduire, la jeune fille tire de ses bas une paire de ciseaux avec lesquels elle le menace. Pedro est finalement découvert, et les enfants s'enfuient, laissant l'aveugle compter en avare les pièces qu'il cache jalousement chez lui dans un trou de mur. El Ojitos décide de retourner au marché et d'attendre son père, qui a disparu. Pedro entre dans l'étable de la maison d’El Cacarizo pour y passer la nuit, sans savoir qu’El Jaibo s'y cache également. Ce dernier frappe Pedro avec un bâton et le tue, avant de s'enfuir. Lorsqu'El Jaibo arrive à sa cachette, la police l'attend déjà, sur les accusations de Don Carmelo. Le garçon reçoit une balle dans le dos et, en entendant le coup de feu, l'aveugle déclare : « Un de moins... Un de moins... Ils tomberont tous comme cela... J'aimerais qu'on les tue tous avant la naissance ». Agonisant, El Jaibo rêve qu'il tombe dans un trou noir, et croit voir un chien errant avancer vers lui, tandis qu'une voix off lui dit doucement : « Dors, mon petit garçon, tu es seul, comme toujours, mon fils, comme toujours ». Pendant ce temps, Meche, alerté par le bruit des animaux effrayés, et accompagnée de son grandpère, découvre le corps sans vie de Pedro. Ils le chargent sur une mule et l’emportent. La mère de Pedro, à la recherche de son fils, les croise en chemin, sans savoir que c’est le corps de son enfant que transporte l’animal. Meche et son grand-père jettent le cadavre dans une décharge. Le corps roule dans les ordures, sous un ciel gris. *L’ « autre fin »* L'action commence au moment où Pedro entre dans l'étable d’El Cararizo, sans savoir qu’El Jaibo s'y trouve aussi (comme dans la première version). Ils commencent à se battre, mais El Jaibo perd l'équilibre et se brise la nuque. Pedro fouille les poches d’El Jaibo, en sort le billet de 50 pesos et s'en va. Un peu plus tard, il trouve El Ojitos, qui dort abrité dans des journaux. Ils parlent et passent la nuit ensemble. Dans la dernière scène, Pedro, le billet à la main, franchit la grande porte de la ferme-école, sur fond de musique de fête. Données techniques Production : Ultramar Films. Producteurs : Oscar Dancigers et Jaime Menasce. Producteur exécutif : Federico Amérigo. Scénario : Luis Buñuel et Luis Alcoriza, avec la collaboration de Max Aub, Juan Larrea et Pedro de Urdimalas. Photographie en noir et blanc : Gabriel Figueroa. Décors : Edward Fitzgerald. Musique : Rodolfo Haffner, sur des thèmes originaux de Gustavo Pittaluga. Montage : Carlos Savage. Durée : 80 minutes. Distribution : Alfonso Mejía (Pedro), Roberto Cobo (El Jaibo), Stella Inda (la mère de Pedro), Miguel Inclán (Don Carmelo), Alma Delia Fuentes (Meche), Mario Ramírez (El Ojitos), Javier Amezcua (Julián), voix off : Ernesto Alonso. Les images de Los Olvidados sont filmées en noir et blanc sur un support nitrate de cellulose de format 35 mm, sur deux pistes séparées, l'une portant les images et l'autre le son optique à élongation variable, représentant chacune huit bobines, d'une longueur totale de 2210 mètres. Il faut ajouter que la petite bobine de 35 mm, d'une longueur de 56 mètres, contenant ce qu'on a appelé l’« autre fin » (découverte à la Filmoteca de la UNAM en décembre 1996) figure également à l'inventaire. *Origine Los Olvidados a été produit par Ultramar Films, société qui appartenait à Oscar Dancigers. À la mort de celui-ci, le négatif original, le copyright et tous les droits voisins ont été acquis par Clasa Films S.A., dont les actionnaires principaux étaient Manuel Barbachano Ponce et le cameraman Gabriel Figueroa. À la mort de M. Barbachano Ponce, le copyright a été acquis par Televisa S.A.. Le négatif original est « apparu » plus tard dans les coffres de Clasa Films S.A., qui l'a remis à la Filmoteca de l’UNAM, où Televisa S.A. a procédé à son dépôt légal. L’« autre fin » a été découverte dans une des copies originales appartenant à la Filmoteca de la UNAM. *État de conservation Le négatif original de Los Olvidados, sur support nitrate de cellulose, est ancien et a été endommagé par des opérations industrielles et commerciales inappropriées pratiquées par l'industrie cinématographique mexicaine, qui n'a jamais protégé ses négatifs originaux en réalisant des doubles des copies originales permettant d'obtenir des doubles des négatifs, afin d'être en mesure de produire plusieurs copies destinées à l'exploitation commerciale sans endommager le négatif original. Bien que le négatif original de Los Olvidados soit complet, dans son métrage d’origine, il présente des rayures, tant sur le support que sur l’émulsion, et, compte tenu de son âge et de la conservation insuffisante dont il a fait l'objet, il sera nécessaire de le restaurer intégralement en transférant l'image et le son sur un nouveau support qui en assure la sécurité, avec des techniques modernes telles que la numérisation, afin de produire une nouvelle copie originale qui garantisse sa pérennité pour les générations futures. *Bibliographie 1. ARANDA, José Francisco, Luis Buñuel : Una biografía crítica. (Luis Buñuel : biographie critique), Ediciones Lumen, S.A., Barcelone, 1975. 2. BAZIN André, « Entretiens avec Luis Buñuel », dans Cahiers du Cinéma, n° 36 juin 1954. 3. BUÑUEL, Luis, Mon dernier soupir. Robert Laffont, Paris, 1982. 4. BUÑUEL, Luis, Entretiens avec Max Aub, Belfond, Paris, 1991. 5. ¿Buñuel ! : La mirada del siglo. Catalogue de l’exposition présentée au Palais des Beaux-Arts de Mexico du 4 décembre 1996 au 2 mars 1997, organisée par le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía et INBA-Conaculta / Ministerio de Educacion y Cultura de España, Mexico, 1996, 414 p. 6. DE LA COLINA, José et PEREZ TURRENT, Tomás, Conversations avec Luis Buñuel : Il est dangereux de se pencher à l’intérieur. Cahiers du Cinéma, Paris, 1993. 7. GARCÍA RIERA, Emilio, Historia documental del cine mexicano (Histoire documentaire du cinéma mexicain), U. de Guadalajara, Imcine, Gobierno de Jalisco, Conaculta, Mexico, 1993 (références à Los Olvidados, vol. 5 (1949-1950), p. 185-194. 8. PAZ, Octavio, Las peras del olmo (« Les poires de l’orme ») – contient le texte El Poeta Buñuel, avec des références à Los Olvidados ), Imprenta Universitaria, Mexico, 1957. 9. PEREZ TURRENT, Tomás, PAZ, Octavio et al. El Ojo : Buñuel, México y el surrealismo. (« L’œil : Buñuel, le Mexique et le surréalisme »), Conaculta, Mexico, 1996 (références à Los Olvidados p. 28-33). Bien qu'elles contiennent certains des textes, analyses, interviews et biographies de base, indispensables pour dépeindre la figure artistique du réalisateur né en Aragon (Espagne), cette liste n'est qu'un très bref échantillon de la vaste bibliographie publiée, à l'échelle internationale, sur Buñuel, sa vie et son œuvre. À titre d'exemple, au cours de la seule année 2000, pour la célébration du centenaire de sa naissance, près d'une centaine de nouvelles études, biographie et anthologies ont été publiées à travers le monde. *Experts Dr. Román GUBERN (Critique, spécialiste du cinéma, auteur de textes consacrés à Buñuel) BARCELONE Espagne Télécopie : (3493) 212 5970 Courrier électronique: [email protected] M. Wolgang KLAUE (Membre honoraire de la FIAF et directeur de la fondation DEFA) Friedrichstr. 1 15537 ERKNER Allemagne Tél. 49-33629 50 05 94 Courrier électronique: [email protected] M. David J. FRANCIS (Membre honoraire de la FIAF) 10101, Jaypee Boulevard FAIRFAX STATION NA 22039 États-Unis d'Amérique Courrier électronique: [email protected] 4. MOTIVATIONS DE L'INSCRIPTION SUR LE REGISTRE / EVALUATION SUR LA BASE DES CRITÈRES DE SÉLECTION 4.1. L'authenticité est-elle établie ? Oui. Elle est enregistrée au catalogue de la Filmoteca de la UNAM, et l'information est corroborée par la Cineteca Nacional. 4.2. Son importance à l'échelle mondiale et son caractère unique et irremplaçable sont-ils établis ? Oui. Les deux institutions reçoivent en permanence des demandes pour que le film soit projeté, aussi bien au Mexique qu'à l'étranger. Des centaines de livres ont été écrits à son sujet, et le film continue à exercer une grande influence sur le public à travers le monde. Le centenaire de la naissance de Buñuel a été commémoré dans de nombreux pays ; le film a été, et est encore, projeté dans le monde entier. 4.3. Le document présenté satisfait-il à l'un au moins des critères suivants : (a) l’époque, (b) le lieu, (c) les personnes, (d) le sujet et thème, (e) la forme et le style ? a) L’époque Lorsque le film fut tourné (1950), le Mexique avait pour la première fois un président civil. L'industrie cinématographique vivait ses derniers moments de gloire, la fin de son « Âge d'or », qui avait commencé près de quarante ans après l'arrivée du cinéma au Mexique (1896). Au fil des ans, les entreprises privées et l'Etat ont contribué à la création d'une industrie cinématographique et certains des films produits à cette époque ont reçu des récompenses et une reconnaissance internationales. Cette situation a, malheureusement, favorisé la production d'une série de films reposant sur une structure commune : chansons, stars et histoires positives pétries d'optimisme. Pour toutes ces raisons, un film comme Los Olvidados représentait un plus grand risque économique et politique, tant pour les producteurs que pour le gouvernement (dont le message triomphant était battu en brèche par le scénario). Le film fut tourné en trois semaines et monté en trois jours par un réalisateur qui n'avait encore tourné que deux films dans son nouveau pays de résidence - pays qui, depuis l'époque de la conquête espagnole, exaltait volontiers le nationalisme et se défiait de ce qui était considéré comme « étranger ». b) Le lieu Filmé principalement dans les rues de Mexico, une cité à la croissance rapide, le film dépeint avec réalisme la pauvreté des bidonvilles et la vie de leurs habitants. L'histoire de ceux, nombreux au XXème siècle, qui ont quitté le monde rural a été représentée dans de nombreux films, mais elle trouve dans Los Olvidados sa meilleure expression. Les quelques scènes d'intérieur ont été tournées aux studios de Tepeyac, qui n'existent plus aujourd'hui. c) Les personnes Après de nombreuses annéees, Los Olvidados a fait redécouvrir au monde Luis Buñuel, malgré la renommée que le cinéaste avait acquise, aux côtés de Salvador Dali, avec ses créations surréalistes de l'époque du cinéma muet. Le film a fait sortir le réalisateur de l'oubli et lui a doné une renommée internationale dépassant le cercle de la critique spécialisée pour toucher d'autres secteurs de la culture du XXème siècle. À son propos, le théoricien André Bazin, fondateur des fameux Cahiers du cinéma, a écrit : « il choisit le pire, parce que le vrai problème n'est pas de savoir que le bonheur existe, mais jusqu'où peut aller la condition humaine dans son malheur ». L'un des principaux collaborateurs de Buñuel pour ce film fut Gabriel Figueroa, cinéaste prestigieux dans son pays et reconnu dans le monde entier. d) Le sujet et le thème Dans Los Olvidados, la violence des adultes s’est cristallisée, alors que, chez certains enfants et adolescents, elle est encore en train de bourgeonner, et pourrait être éliminée, ne serait la rudesse du milieu dans lequel ils vivent. Pour Buñuel, le progrès individuel n'est pas possible tant que persiste cette situation sociale. Le réalisateur recourt au réalisme pour évoquer ce monde, et y mêle des scènes d'une poésie surréaliste. e) La forme et le style Le style du film présente, du début à la fin, une structure diaphane et s'affirme d'une manière directe et incisive, avec le rythme et l'efficacité du roman picaresque espagnol conjugués à un ton documentaire, sans faux sentimentalisme, et à un extraordinaire naturalisme. Les séquences oniriques du film, intégrées dans un contexte réaliste, ont suscité de nombreuses interprétations de la part de diverses disciplines, qui ont donné lieu à une production abondante, représentée dans les bibliothèques et les librairies du monde entier. 4.4. La présente proposition d'inscription pose-t-elle des questions de rareté, d'intégrité, de danger et de gestion ? Les progrès technologiques semblent destiner aujourd'hui les films à durer éternellement, grâce au simple transfert de leur support original de nitrate de cellulose sur acétate de cellulose, puis sur polyester, et enfin sur cassettes 3/4, VHS et DVD. Cependant, la fragilité du support nitrate original de films comme Los Olvidados rend absolument indispensable de trouver une manière de les protéger et de s'assurer que le format original du film existera encore dans l'avenir. Le négatif de Los Olvidados existe, et est en de bonnes mains, mais la matrice a été usée par la production d'innombrables copies, ce qui a hypothéqué la possibilité d’une conservation optimale. Sa sauvegarde nécessite donc le plus grand soin et le recours aux nouvelles technologies. Des œuvres d'art d’une telle importance sociale et culturelle ne doivent pas disparaître de leur support matériel original. L'histoire du cinéma et l'histoire mondiale exigent que ces négatifs originaux soient préservés. 5. DONNÉES JURIDIQUES 5.1 Propriétaire TELEVISA S.A. DE C.V. Marcela GREEN PIZARRO Directora de Comercialización División Fílmica Televisa S.A. de C.V. Chapultepec No 28, 5° Piso Col. Doctores MEXICO D.F. Mexique Tél. (52)-55 52 24 54 88/87 5.2 Dépositaire Iván TRUJILLO BOLIO General Director Filmoteca de la UNAM Courrier électronique: [email protected] Francisco GAYTAN FERNANDEZ Curator gaytá[email protected] Fimoteca, Universidad Nacional Autonoma de México (UNAM) Circuito Exterior Mario de la Cueva S/N Ciudad Universitaria, C.P. 04510 MEXICO, D.F. Mexique Tél. (52) 55-56 22 95 95 et 56 22 95 84 5.3 STATUT JURIDIQUE a) Régime de propriété Le propriétaire de la totalité des droits du film Los Olvidados est la société mexicaine Televisa S.A. de C.V., dont la division cinéma gère tous les aspects liés à la projection et à la vente de droits aux médias audiovisuels ainsi qu'aux autorisations de copie pour des manifestations commerciales ou culturelles. La personne à contacter est Mme Marcela Green. b) Accessibilité Bien que les images du film Los Olvidados suivent les circuits de diffusion de la télévision commerciale, du fait de leur gestion par la société de télévision Televisa S.A., les accords signés avec la Filmoteca de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) ont permis à celle-ci de détenir six copies du film en format 16 mm, disponibles pour la projection dans des institutions à caractère culturel, telles que ciné-clubs, centres culturels ou associations, et pour être mis à disposition des chercheurs et des enseignants de l’UNAM ou de tout autre établissement universitaire. En outre, la bibliothèque de l’UNAM est ouverte et librement accessible à toute personne intéressée, et dispose de cinq (5) enregistrements vidéo au format VHS, disponibles pour les chercheurs et les étudiants. En 1993, le Fonds Luis Buñuel de la Cinémathèque française, sous les auspices de la Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik (Allemagne), a reçu, par l'intermédiaire de la Filmoteca de l’UNAM, l'autorisation de la société CLASA, qui était alors propriétaire des droits, de réaliser une copie de Los Olvidados et de la projeter en complément de la grande exposition ¿ Buñuel ! La mirada del siglo, présentée dans plusieurs pays, dont le Mexique. À l'occasion de la célébration du centenaire de la naissance de Buñuel, la Commission mexicaine a été autorisée par Televisa S.A. à réaliser deux (2) nouvelles copies en 35 mm destinées à prendre place dans deux (2) ensembles documentaires ayant pour objet de faire connaître l'œuvre de Buñuel au Mexique. L'un de ces ensembles circule à travers le Mexique, et l'autre à travers le monde, dans les pays qui le demandent. En outre, Televisa a permis aux Archives cinématographiques espagnoles (Filmoteca Española) de tirer du négatif original une copie en 35 mm, destinée à être archivée de manière permanente, et actuellement conservée dans les archives de la Filmoteca Española. Le négatif original peut être consulté à la Filmoteca de l’UNAM, avec l'autorisation écrite de Televisa S.A. c) Droit d'auteur Televisa S.A. détient légalement le copyright et les droits annexes. d) Administration responsable Televisa S.A. 6. PLAN DE GESTION 6.1. Existe-t-il un plan de gestion conçu pour cet élément de patrimoine documentaire ? Non. Le négatif original de Los Olvidados est stocké dans une chambre forte spécialement adaptée à la conservation du nitrate de cellulose, et protégée par les services d’incendie de l'Université nationale autonome, située dans une zone boisée, à l'écart des habitations et des bureaux. 7. Consultation 7.1. Précisions sur les démarches effectuées pour consulter, au sujet de la proposition d'inscription (a) le propriétaire (b) le dépositaire (c) le comité régional ou national du programme "Mémoire du monde" compétent Avant d'engager les démarches initiales, la Filmoteca de l’UNAM et la Cineteca Nacional ont consulté la société Televisa S.A. , propriétaire de tous les droits de propriété, à propos de la présente proposition d'inscription, et ont reçu son accord pour la proposition d'inscription du négatif original de Los Olvidados au Registre Mémoire du monde. PARTIE B. INFORMATIONS ACCESSOIRES 8. ÉVALUATION DES RISQUES 8.1. Nature et portée des risques auxquels est soumis l'élément du patrimoine documentaire Le support du négatif original de Los Olvidados, en nitrate de cellulose, a commencé, depuis sa création, à se décomposer tant physiquement que chimiquement, au point que, malgré les conditions de sa conservation dans une chambre forte spécialement adaptée, il est possible qu'il manifeste des signes de décomposition. 9. ÉVALUATION DE LA CONSERVATION 9.1. Données relatives au contexte de préservation de l'élément du patrimoine documentaire Le support nitrate de cellulose de Los Olvidados ne présente aucun signe physique ou chimique de décomposition. Il ne présente pas de rétraction, de distorsion, de fragilisation ni d'effacement des images ou du son. Les dommages les plus apparents sont des rayures causées, tant sur le support que sur l'émulsion, par une manipulation excessive à des fins de copie. PARTIE C - SOUMISSION Cette proposition d'inscription est soumise par : Le Comité mexicain Mémoire du monde 2001-2005 Le Comité régional du programme Mémoire du monde pour l'Amérique latine et les Caraïbes CONALMEX La Cineteca Nacional La Filmoteca de la UNAM Nom(s) Rosa María Fernández de Zamora Isidro Fernández-Aballi Magdalena Acosta-Urquidi Iván Trujillo Bolio Signature(s) : Magdalena Acosta-Urquidi Cineteca Nacional Iván Trujillo Bolio Filmoteca de la UNAM Rosa María Fernández de Zamora Isidro Fernández-Aballi Comité mexicain Mémoire du monde Comité régional Mémoire du monde pour l’Amérique latine et les Caraïbes Daniel González Spencer CONALMEX Date : 9 décembre 2002