Paquet de mesures contre l`évasion fiscale – Questions et

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Commission européenne - Fiche d'information
Paquet de mesures contre l’évasion fiscale – Questions et réponses
Bruxelles, le 28 janvier 2016
1. Pourquoi la Commission a-t-elle fait de la lutte contre l’é vasion fiscale des entreprises
une priorité?
L’évasion fiscale des entreprises prive les budgets publics de milliards d’euros chaque année[1],
alourdit la charge fiscale pesant sur les citoyens et entraîne des distorsions de concurrence pour les
entreprises qui paient leur part de l’impôt. Elle entrave également la réalisation des objectifs de l’Union
en matière de croissance, de compétitivité et de consolidation du marché unique. Du fait de la nature
transfrontière de l’évasion fiscale des entreprises, une action menée uniquement au niveau national ne
peut permettre de résoudre le problème et peut même en poser de nouveaux. Les efforts unilatéraux
déployés par les États membres pour protéger leurs bases d’imposition créent des charges
administratives pour les entreprises, une incertitude juridique pour les investisseurs et de nouvelles
failles à exploiter pour les entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale.
Par conséquent, la Commission s’est engagée dans une action ambitieuse en faveur d’une approche
coordonnée de l’Union pour lutter contre l’évasion fiscale, dans le prolongement des normes mondiales
élaborées par l’OCDE l’automne dernier, afin de renforcer la position collective des États membres à
l’égard de ce problème, de rétablir l’équité en matière de fiscalité des entreprises et d’a ssurer la
stabilité pour les entreprises et les investisseurs de l’U nion.
2. Pourquoi la Commission présente-t-elle un nouveau paquet de mesures contre l’évasion
fiscale?
Dans son plan d’action de juin 2015, la Commission a défini un programme ambitieux pour lutter
contre l’évasion fiscale des entreprises et assurer une fiscalité juste et efficace dans l’U nion.
Le paquet de mesures contre l’évasion fiscale présenté aujourd’h ui est la dernière étape en date du
processus de mise en œuvre de ce programme. Il contient une série d’initiatives visant à renforcer et à
mieux coordonner l’action de l’Union contre les pratiques fiscales abusives auxquelles se livrent les
entreprises, au sein du marché unique et au-delà. Il repose sur trois grands piliers:
- une imposition effective de toutes les entreprises là où elles réalisent leurs bénéfices;
- la transparence fiscale, de sorte que les États membres disposent des informations nécessaires
pour garantir la justice fiscale;
- la réduction du risque de double imposition, pour que les entreprises qui s’acquittent de leur
juste part de l’i mpôt ne soient pas pénalisées en raison de leur activité sur le marché intérieur de
l’Union.
Il propose des mesures essentielles pour lutter contre l’évasion fiscale, qui feront échec à certains des
systèmes de planification fiscale agressive les plus répandus. Ce paquet de mesures fait également
avancer la stratégie en matière de transparence fiscale grâce au système proposé d’échange de
déclarations pays par pays entre tous les États membres. Il établit également une nouvelle stratégie de
l’Union destinée à protéger le marché unique contre les menaces extérieures d’érosion de la base
d’imposition et à promouvoir la bonne gouvernance fiscale au niveau international.
Les initiatives prévues par le paquet de mesures contre l’é vasion fiscale sont le reflet des discussions
menées au sein du Conseil, des recommandations du Parlement européen et des résultats du projet de
l’OCDE sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS). Le travail préparatoire
nécessaire a été réalisé pour permettre aux États membres d’adopter et de mettre en œuvre
rapidement les mesures proposées.
Le paquet de mesures proposé aujourd’hui s’appuie sur les grandes initiatives présentées par la
Commission en 2015, qui ont déjà porté leurs fruits. Les États membres ont adopté la proposition de la
Commission relative à la transparence sur les décisions fiscales en un temps record[2] et d’autres
réformes importantes en matière de fiscalité des entreprises ont été engagées. La Commission
poursuivra son action en faveur d’une fiscalité juste et efficace tout au long de l’année 2016 et au-delà,
plusieurs autres propositions importantes étant à l’ordre du jour, notamment la relance de l’ACCIS.
3. Quels sont les principaux éléments du paquet de mesures et quels en sont les objectifs?
Le paquet de mesures contient plusieurs initiatives législatives et non législatives visant à aider les
États membres à protéger leur base d’imposition, à créer un environnement équitable et stable pour
les entreprises et à préserver la compétitivité de l’U nion à l’égard des pays tiers. Ce paquet de
mesures se compose des éléments suivants:
- une directive sur la lutte contre l’évasion fiscale, qui propose une série de mesures de lutte
contre l’évasion fiscale juridiquement contraignantes, que tous les États membres devront mettre
en œuvre pour contrecarrer les principaux mécanismes de planification fiscale agressive;
- une recommandation sur les conventions fiscales, qui indique aux États membres les moyens
de rendre leurs conventions fiscales plus étanches aux pratiques abusives utilisées par ceux qui se
livrent à la planification fiscale agressive, d’une manière conforme à la législation de l’U nion;
- une révision de la directive sur la coopération administrative, qui introduira un système
d’échange de déclarations pays par pays entre les autorités fiscales sur les principales informations
relatives à la fiscalité des multinationales;
- une communication sur une stratégie extérieure pour une imposition effective, qui définit
une approche coordonnée de l’Union à l’égard des risques extérieurs d’évasion fiscale et vise à
promouvoir une bonne gouvernance fiscale internationale.
- Le paquet de mesures contient également une communication chapeau et un document de
travail des services de la Commission, qui expliquent les raisons politiques et économiques qui
sous-tendent les différentes mesures.
Communication chapeau
Directive sur la lutte Recommandation
sur les conventions
contre l’évasion
fiscales
fiscale
Mesures de lutte
contre l’évasion fiscale
juridiquement
contraignantes
Indications sur la
façon d’adapter les
conventions fiscales
pour tenir compte des
pratiques abusives
Directive révisée
sur la coopération
administrative
Communication sur
une stratégie
extérieure
Échange de
déclarations pays par
pays entre les
autorités fiscales
Mesures visant à
promouvoir la bonne
gouvernance fiscale à
l’é chelle
internationale
Document de travail des services de la Commission
4. Comment ce paquet de mesures s’intègre-t-il dans les mesures de lutte contre l’érosion
de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) qui ont été approuvées au niveau
international?
Ce paquet de mesures complète et renforce le projet BEPS de l’O CDE. Il vise à inscrire certaines
mesures BEPS dans le droit de l’U nion, de telle sorte qu’elles soient mises en œuvre rapidement et
sans heurts dans le marché unique. Il instaure un cadre solide au sein duquel les États membres
pourront tenir leurs engagements BEPS de manière coordonnée et va même plus loin pour que l’Union
continue à montrer l’exemple en matière de bonne gouvernance fiscale internationale. Le paquet de
mesures comprend une nouvelle stratégie de l’Union destinée à promouvoir activement la bonne
gouvernance fiscale au niveau mondial, y compris la mise en œuvre du projet BEPS dans les pays tiers.
À cet égard, il vient à l’appui des travaux de l’OCDE allant au-delà du marché unique.
Les initiatives présentées aujourd’hui tirent parti des travaux déjà entrepris pour garantir une approche
coordonnée de l’Union en matière d’érosion de la base d’imposition et de transfert de bénéfices. Pour
avoir un aperçu complet de la manière dont les mesures BEPS sont mises en œuvre dans l’Union, voir
l’annexe I.
5. S’il est prévu de relancer l’ACCIS cette année, l’U nion n’aurait-elle pas pu faire
l’économie de ce paquet de mesures contre l’évasion fiscale?
L’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS) constituera en effet une solution
globale au problème du transfert de bénéfices dans l’Union. La Commission présentera des propositions
pour relancer l’ACCIS dans le courant de l’année 2016 (MEMO/15/5174).
Toutefois, il ne faut pas attendre la proposition relative à l’A CCIS, ni son adoption et sa mise en œuvre
pour entreprendre une action contre les grands mécanismes de l’évasion fiscale. La Commission est
déterminée à faire avancer son action en faveur d’u ne fiscalité juste et efficace le plus rapidement
possible et a pris bonne note de la demande du Parlement européen en faveur d’une action rapide de
l’Union contre les pratiques fiscales abusives. Le paquet de mesures contre l’évasion fiscale fournit des
solutions immédiates et efficaces pour lutter contre ce phénomène, renforcer la transparence fiscale et
garantir un environnement plus équitable et plus stable aux entreprises, dans l’attente de l’achèvement
des travaux sur l’ACCIS.
6. Les nouvelles mesures contre l’évasion fiscale ne risquent-elles pas d’alourdir la charge
administrative pour les administrations fiscales et les entreprises?
Les États membres se sont déjà engagés à mettre en œuvre les nouvelles normes fiscales
internationales et/ou à mener certaines réformes de l’impôt sur les sociétés afin de lutter contre l’é
vasion fiscale. La réalisation de cet engagement dans un cadre coordonné au niveau de l’Union
améliorera considérablement l’i ncidence des mesures mises en place. Le renforcement de la
transparence et de la coordination entre les États membres facilitera également le travail des autorités
fiscales en ce qui concerne le recensement des risques d’évasion fiscale, le ciblage plus précis des
contrôles fiscaux et la lutte contre les cas de pratique fiscale abusive ou de double non-imposition.
Pour les entreprises, une approche coordonnée de l’Union dans le domaine de l’impôt sur les sociétés
est préférable à un large éventail d’approches nationales. Cette solution permet d’accroître la sécurité
juridique et de réduire les charges administratives pour les entreprises qui exercent des activités dans
plus d’un État membre.
7. Pourquoi ne pas harmoniser les taux d’imposition sur les sociétés dans l’Union afin de
supprimer toute incitation au transfert de bénéfices?
La justice fiscale ne nécessite pas une harmonisation des taux d’ imposition. Elle est assurée lorsque
les États membres sont en mesure de taxer les entreprises là où elles réalisent leurs bénéfices, de
manière effective et dans le respect de leurs règles nationales. Le taux nominal de l’impôt sur les
sociétés n’est généralement pas la principale motivation des entreprises qui choisissent de transférer
leurs bénéfices dans l’Union — les décisions fiscales opaques, les régimes fiscaux particuliers et les
failles des législations fiscales nationales constituent des incitations bien plus grandes pour ceux qui
pratiquent la planification fiscale agressive. Par conséquent, la seule solution propre à empêcher
l’évasion fiscale réside dans la mise en œuvre de réformes de l’impôt sur les sociétés bien ciblées et
dans une meilleure coordination entre les États membres, qui font l’objet de la proposition de la
Commission.
8. Quelles sont les prochaines étapes en ce qui concerne le paquet de mesures?
Les deux propositions législatives du paquet de mesures seront soumises au Parlement européen pour
consultation et au Conseil pour adoption. Le Conseil et le Parlement devraient également approuver la
recommandation sur les conventions fiscales et les États membres devraient l’appliquer lors de la
révision de leurs conventions fiscales. Les États membres devraient également s’accorder formellement
sur la nouvelle stratégie extérieure et décider des modalités de sa mise en œuvre aussi rapidement
que possible une fois qu’elle aura été approuvée par le Parlement européen.
(I) IMPOSITION EFFECTIVE
9. En quoi le paquet de mesures contre l’évasion fiscale contribuera-t-il à assurer une
imposition effective?
Certaines entreprises exploitent les différences qui existent entre les régimes des États membres pour
réduire au minimum leur contribution fiscale en transférant leurs bénéfices au sein de l’U nion. Ceux
qui pratiquent la planification fiscale agressive tirent également parti des faiblesses d’un système
national ou de l’a bsence de mesures de lutte contre l’évasion fiscale dans un État membre pour
échapper à l’imposition partout dans le marché unique. L’imposition effective est donc largement
tributaire d’une coordination étroite entre les États membres, permettant d’éliminer les possibilités
d’évasion fiscale et d’empêcher le transfert de bénéfices au sein du marché unique.
Le paquet de mesures présenté aujourd’hui propose que tous les États membres mettent en œuvre des
mesures coordonnées contre l’é vasion fiscale, afin de renforcer leurs moyens de défense collective
contre la planification fiscale agressive. Il définit également une stratégie commune visant à lutter
contre les menaces extérieures d’évasion fiscale et à contribuer à empêcher les entreprises de
transférer hors de l’Union des bénéfices non imposés. Ses dispositions en matière de transparence
permettront de garantir que tous les États membres disposent des informations dont ils ont besoin
pour mieux détecter les mécanismes d’évasion fiscale et prendre les mesures nécessaires. Dès lors,
tous les États membres seront mieux armés pour éviter les situations de double non-imposition et
veiller à ce que les entreprises exerçant leurs activités dans l’Union s’acquittent de l’impôt là où elles
réalisent leurs bénéfices.
10. Quelles sont les mesures de lutte contre l’évasion fiscale proposées et comment
contribueront-elles à empêcher l’é vasion fiscale?
La directive sur la lutte contre l’évasion fiscale énonce six grandes mesures visant à empêcher l’évasion
fiscale, que tous les États membres devront appliquer, pour contrecarrer certaines des formes les plus
courantes de planification fiscale agressive (qui ont été recensées lors des discussions à l’OCDE, lors
des discussions du Conseil sur l’évasion fiscale et dans l’étude relative à la planification fiscale
agressive que nous publions également aujourd’hui). Il s’agit des mesures suivantes:
a) Règle relative aux sociétés étrangères contrôlées (SEC): prévenir les transferts de
bénéfices vers des pays à fiscalité faible ou nulle
Les entreprises multinationales transfèrent parfois les bénéfices de la société mère établie dans un
pays à fiscalité élevée vers des filiales contrôlées situées dans des pays à fiscalité faible ou nulle afin
de réduire la charge fiscale du groupe. La règle proposée en ce qui concerne les sociétés étrangères
contrôlées (SEC) devrait les dissuader de se livrer à cette pratique.
La règle relative aux SEC permettra à l’État membre de la société mère d’imposer les bénéfices que
celle-ci place dans un pays à fiscalité faible ou nulle. Elle sera appliquée si le taux d’i mposition effectif
dans le pays tiers est inférieur à 40 % de celui de l’État membre en question. La société se verra
accorder un crédit fiscal pour les impôts qu’elle aura effectivement payés à l’é tranger. Ce système
permettra de garantir l’imposition effective des bénéfices, au taux d’imposition de l’État membre dans
lequel ils ont été générés.
Exemple: une compagnie d’assurance a son siège dans un État membre de l’Union. Elle crée une
filiale de réassurance dans un pays tiers à fiscalité nulle. La compagnie d’ assurance effectue des
paiements de primes gonflées en faveur de la compagnie de réassurance offshore et réduit donc ses
bénéfices imposables dans l’État membre de l’Union. Les paiements que reçoit la société de
réassurance ne sont pas taxés non plus, en raison du taux nul appliqué par le pays tiers.
Avec la règle relative aux SEC proposée, l’État membre pourra imposer les bénéfices de la compagnie
d’assurance comme s’i ls n’avaient pas été transférés vers le pays à fiscalité nulle, ce qui garantira une
imposition effective au taux en vigueur dans l’É tat membre concerné.
b) Règle du «switch-over»: éviter la double non-imposition de certains revenus
Les dividendes, les plus-values en capital et les bénéfices d’un établissement stable[3], qui entrent
dans l’Union depuis des pays tiers – ou des pays non-membres de l’Union –, sont souvent exonérés
d’impôt pour éviter toute double imposition. Certaines entreprises exploitent cette exonération pour
bénéficier d’une double non-imposition de ces revenus – en d’autres termes, elles échappent purement
et simplement à l’impôt.
La directive propose une règle de «switch-over» selon laquelle les entreprises seront tenues de faire
savoir à l’autorité fiscale de l’Union qu’elles ont reçu un dividende et si elles ont été imposées ou non
sur ce dividende ailleurs. Les autorités fiscales auront alors la possibilité de refuser l’exonération de
l’impôt aux entreprises en question si le revenu a été imposé à un taux très faible ou à un taux nul
dans le pays tiers. Si l’État membre constate que le dividende a de fait été correctement imposé dans
ce pays tiers, il pourra accorder un crédit à l’entreprise pour l’i mpôt qu’elle a payé.
Exemple: la société X est établie dans un État membre de l’Union. Elle investit dans la société Y qui,
elle, est établie dans un pays tiers à fiscalité nulle. En vertu de cet investissement, la société X reçoit
des dividendes de la société Y.
Ces dividendes entrants sont exonérés d’impôt dans l’État membre de l’Union sur la base de
l’hypothèse qu’ils ont déjà été imposés dans le pays tiers. Toutefois, le pays tiers n’applique pas
d’impôt sur les sociétés aux dividendes distribués par la société Y, de sorte que ces revenus ne sont
pas imposés du tout.
Avec la règle du «switch-over», l’État membre de l’Union imposera les dividendes entrants que reçoit la
société X s’ils ne sont effectivement pas imposés là où la société Y est établie. Ces revenus seront ainsi
effectivement imposés et ce, sur la même base que si la société X avait investi dans une entreprise
située dans son propre État membre.
c) Imposition à la sortie: empêcher les entreprises de délocaliser leurs actifs dans le seul
but d’éluder l’i mpôt
Souvent, les actifs tels que la propriété intellectuelle ou les brevets, généralement valorisés sur la base
d’une projection des revenus qu’ils généreront, ne sont pas taxés lorsqu’ils sont transférés d’un État
membre vers un pays tiers. Certaines entreprises déplacent leurs actifs de valeur élevée des États
membres vers des pays à fiscalité faible ou nulle, pour éviter de payer des impôts dans l’Union sur les
bénéfices qu’elles génèrent une fois qu’elles vendent ces actifs.
La directive propose que tous les États membres appliquent une taxe de sortie sur les actifs transférés
hors de leur territoire. Cette taxe devrait être fondée sur la valeur des actifs à cette date. Du fait que
les entreprises sont tenues de communiquer à l’a dministration fiscale leurs bilans contenant des
informations sur leurs actifs imposables, les États membres peuvent se rendre compte qu’un actif tel
que la propriété intellectuelle a «disparu». Les bénéfices générés par des actifs de haute valeur ne
pourront ainsi pas être transférés hors de l’Union sans être taxés.
Exemple: une entreprise pharmaceutique établie dans un État membre développe un nouveau produit
prometteur et déduit les coûts de développement de ses bénéfices imposables dans cet État. Juste au
moment où l’actif commence à générer des bénéfices, elle transfère le produit vers un pays où le taux
d’imposition est nul et y dépose la demande de brevet. En conséquence, la totalité de la valeur
générée à partir de la propriété intellectuelle de ce produit est désormais non taxée.
Avec l’instauration de la taxe de sortie, l’État membre dans lequel le produit a été initialement
développé peut imposer la société sur la valeur de ce produit avant qu’il ne soit transféré à l’étranger.
L’imposition reflète ainsi mieux le lieu où s’exerce l’a ctivité économique.
d) Limitation des intérêts: décourager les entreprises de mettre en place des montages
d’endettement artificiels afin de réduire au minimum leurs impôts
Les paiements d’intérêts sont en général fiscalement déductibles dans l’Union. Certaines entreprises
aménagent leurs prêts intragroupe de sorte que leur dette soit placée dans l’une des sociétés du
groupe établie dans un pays où la fiscalité est élevée et les paiements d’intérêts déductibles.
Parallèlement, les intérêts sur la dette sont versés à l’entreprise «prêteuse» du groupe, qui a son siège
dans un pays à fiscalité peu élevée où les intérêts sont imposés à un taux faible (ou nul). Le groupe
réduit de cette manière sa pression fiscale globale et a payé en tout moins d’impôts en transférant ses
bénéfices dans le cadre de dispositifs de prêts entre ses sociétés.
La directive propose de limiter le montant des intérêts nets qu’u ne entreprise peut déduire de son
revenu imposable, en prenant pour base un ratio fixe de ses bénéfices[4]. Il devrait ainsi être moins
intéressant pour les entreprises de déplacer artificiellement leur dette afin de réduire au minimum leurs
impôts.
Exemple: un groupe crée une filiale dans un pays tiers à fiscalité nulle, où cette dernière accorde alors
un prêt à taux d’intérêt élevé à une autre entreprise du groupe, établie dans un État membre de
l’Union. L’entreprise établie dans l’Union doit verser à la filiale des intérêts élevés, qui sont déductibles
des impôts. Ce faisant, elle réduit son revenu imposable dans l’État membre, tandis que le revenu
d’intérêt correspondant n’est pas imposé dans le pays tiers.
Dans le cadre de la règle de limitation des intérêts proposée, l’État membre appliquera une limite fixe
au montant des intérêts que l’entreprise peut déduire et imposera le reste des paiements. Cela devrait
dissuader les entreprises de déplacer leurs dettes dans le seul but de réduire leurs contributions
fiscales.
e) Dispositifs hybrides: empêcher les entreprises d’e xploiter des asymétries nationales pour
éluder l’i mpôt
Certaines entreprises exploitent le fait que des États membres appliquent un traitement fiscal différent
à des revenus ou entités identiques (dispositifs hybrides).Elles tirent parti de ces asymétries pour
déduire leurs revenus dans les deux pays ou pour bénéficier, dans l’un d’eux, d’une déduction fiscale
sur un revenu qui n’est pas taxé dans le pays de destination.
La directive propose qu’en cas d’asymétrie, la qualification juridique donnée à un dispositif ou à un
instrument hybride par l’É tat membre d’origine du paiement soit appliquée par l’État membre de
destination.
Exemple: un groupe qui opère dans deux États membres crée une nouvelle entité dans un de ces
États. Fiscalement, les deux États traitent cette entité hybride de manière différente (asymétrie).
L’entité emprunte de l’argent pour le compte du groupe et paie des intérêts sur le prêt. En raison de
cette asymétrie, les deux États membres autorisent une déduction fiscale pour ce paiement d’intérêts.
Avec l’instauration des mesures contre les dispositifs hybrides proposées dans la directive, l’asymétrie
est éliminée et la déduction fiscale ne sera autorisée que dans un seul État membre. Dès lors, le
revenu est effectivement imposé au sein de l’U nion.
f) Clause anti-abus générale: lutter contre la planification fiscale agressive lorsque d’autres
règles ne s’a ppliquent pas
La planification fiscale agressive cherche, par nature, à contourner les règles afin de réduire au
minimum les impôts qu’une entreprise doit payer. Ceux qui se livrent à la planification fiscale agressive
s’efforcent en permanence de trouver des moyens de contourner les dispositions de lutte contre
l’évasion ou de mettre au point de nouvelles techniques d’évasion fiscale qui ne soient pas couvertes
par des règles spécifiques.
La directive propose une règle anti-abus générale, qui viserait les montages fiscaux artificiels lorsqu’il
n’existe pas d’autre règle anti-abus applicable spécifiquement à un tel montage. La règle anti-abus
générale sert de filet de sécurité dans les cas où d’autres dispositions anti-abus ne peuvent être
appliquées. Elle permet aux autorités fiscales de ne pas prendre en considération des montages fiscaux
totalement artificiels et de taxer les entreprises en fonction de la réalité économique de leurs activités.
11. Ces mesures contre l’évasion fiscale ont-elles une incidence sur le droit qu’ont les pays
de fixer leurs taux d’i mposition sur les sociétés?
Il ne s’agit pas, par les mesures proposées, de tenter d’i nterférer avec le droit souverain dont
disposent les pays pour fixer leurs propres taux d’imposition sur les sociétés. Cependant, les pays ont
également le droit de protéger leurs bases d’i mposition contre la planification fiscale agressive et la
concurrence fiscale déloyale. Si les décisions prises par un pays (taux d’imposition faible ou nul, par
exemple) encouragent des mécanismes de planification fiscale qui ont une incidence négative sur les
recettes d’un autre pays, ce dernier a légitimement le droit d’adopter des mesures pour protéger sa
base d’imposition. Le paquet de mesures a pour objectif de veiller à ce que chaque État membre soit
en mesure d’imposer les bénéfices générés sur son territoire, en conformité avec ses propres règles et
taux nationaux.
12. Pourquoi la Commission a-t-elle élaboré une recommandation sur les conventions
fiscales et dans quel but?
Certaines entreprises échappent à l’impôt par le «chalandage fiscal», c’est-à-dire en mettant en place
des structures artificielles pour avoir accès au traitement fiscal le plus avantageux au titre de divers
accords fiscaux avec d’autres États membres ou des pays tiers. Pour lutter contre ce phénomène,
l’OCDE a proposé, dans le cadre de son projet BEPS, que les pays instaurent une règle anti-abus
générale dans leurs conventions fiscales. La Commission soutient pleinement l’objectif consistant à
lutter contre l’utilisation abusive des conventions fiscales et la recommandation de ce jour conseille les
États membres sur la manière d’introduire une règle anti-abus générale dans leurs conventions fiscales
selon des modalités qui soient conformes à la législation de l’Union européenne et n’entravent pas la
liberté d’é tablissement au sein du marché unique.
La recommandation invite également les États membres à revoir leur définition de l’«établissement
stable», en conformité avec la formulation convenue dans le projet BEPS. L’objectif est de lutter contre
la situation actuelle, où certaines entreprises exploitent les points faibles de la définition de
l’établissement stable pour éviter une présence imposable dans un ou plusieurs pays où elles opèrent.
13. Que contient la nouvelle étude relative à la planification fiscale agressive?
L’étude relative à la planification fiscale agressive, publiée aujourd’hui par la Commission, examine les
lacunes existant dans les corpus de règles sur l’imposition des sociétés des États membres qui rendent
possible la planification fiscale agressive. L’é tude, réalisée par un contractant indépendant, décrit la
manière dont les entreprises multinationales peuvent exploiter le manque de coordination entre les
systèmes fiscaux — au niveau de l’Union et au niveau mondial — pour réduire le montant des impôts
qu’elles doivent payer. L’étude examine en détail les règles des États membres de l’Union en matière
d’impôt sur les sociétés, en mettant l’accent sur plusieurs éléments susceptibles de faciliter la
planification fiscale agressive. L’étude comprend des fiches résumant les principales conclusions pour
chaque État membre, ainsi que des exemples de stratégies pouvant être utilisées par les
multinationales afin de diminuer leurs impôts.
(II) TRANSPARENCE
14. En quoi le paquet de mesures contre l’évasion fiscale contribuera-t-il à garantir une
meilleure transparence fiscale?
La principale initiative que prévoit le paquet en matière de transparence est une proposition d’échange,
entre les administrations fiscales, de déclarations pays par pays, qui permettront à ces administrations
d’échanger des informations clés liées à la fiscalité sur les multinationales opérant dans l’Union. Les
États membres disposeront ainsi d’informations essentielles pour mieux cibler leurs contrôles fiscaux et
repérer les mécanismes d’évasion fiscale. Une transparence accrue devrait également contribuer à
dissuader les multinationales de s’engager dans des systèmes de planification fiscale agressive. L’Union
devrait aussi encourager les pays tiers à mettre en œuvre un système de déclaration pays par pays,
afin d’aller vers une transparence et une responsabilité plus grandes sur le plan international.
La mise à jour de la «liste paneuropéenne» est une autre mesure de transparence prévue dans le
paquet adopté aujourd’hui: informations consolidées consignées sur les listes de pays tiers établies par
les États membres à des fins fiscales. Ces informations, qui ont été publiées pour la première fois avec
le plan d’action de juin 2015, sont présentées sur une carte interactive en ligne[5]. L’objectif est de
donner davantage de clarté aux divers processus d’établissement des listes des États membres et de
présenter les listes nationales de manière plus transparente pour les entreprises et les partenaires
internationaux. Le but ultime est de remplacer cette consolidation des listes nationales par une seule
liste de l’Union, claire et objective (voir ci-dessous). Dans l’intervalle, la Commission veillera à ce que
la «liste paneuropéenne» en ligne soit régulièrement mise à jour, afin de refléter la version la plus
récente des listes établies par les États membres. La Commission a mis à jour aujourd’hui les
informations consolidées, pour tenir compte des listes des États membres au 31 décembre 2015.
15. Pourquoi la Commission a-t-elle proposé l’échange de déclarations pays par pays entre
les autorités fiscales?
Étant donné le rôle essentiel de ces deux aspects dans la lutte contre l’évasion fiscale transfrontière, la
Commission est déterminée à faire en sorte que le niveau de transparence et de coopération soit le
plus élevé possible entre les autorités fiscales de l’Union européenne. La proposition présentée
aujourd’h ui concernant les déclarations pays par pays constitue une nouvelle étape importante dans
cette voie.
Il est également capital que l’UE adopte une approche coordonnée et juridiquement contraignante de la
déclaration pays par pays, afin que tous les États membres la mettent en œuvre de manière uniforme.
La plupart des États membres se sont déjà engagés à communiquer des déclarations pays par pays au
titre du projet BEPS. Le risque existe toutefois que ceux-ci appliquent les dispositions de manière
différente ou que certains États membres ne les appliquent pas du tout (en particulier ceux qui ne sont
pas membres de l’OCDE). L’intégration de ces exigences dans le droit de l’Union évitera des lacunes
dans le réseau de l’Union sur la transparence fiscale et des charges administratives pour les
entreprises.
16. Comment la proposition d’échange de déclarations pays par pays entre autorités fiscales
fonctionnera-t-elle dans la pratique?
La société mère d’un groupe multinational (ou une filiale désignée par le groupe) devra fournir des
informations spécifiques sur l’ensemble du groupe à l’autorité fiscale de son État membre de résidence.
Ces informations devront inclure le chiffre d’affaires, les bénéfices, les impôts sur les bénéfices qu’elle
a acquittés et ceux qui sont dus, les bénéfices non distribués, le nombre de salariés et certains actifs
de chaque société de son groupe. La société mère devra également recenser tous les pays où le groupe
est présent à des fins fiscales et les activités exercées dans chacun d’eux.
Ce rapport sera ensuite envoyé automatiquement aux autorités fiscales de tous les États membres où
le groupe multinational réside à des fins fiscales ou est assujetti à l’impôt. Cet échange d’informations
aura lieu une fois par an, à compter de 2017.
17. Pourquoi la Commission n’a-t-elle pas proposé de rendre publiques les déclarations pays
par pays?
La proposition du paquet de mesures contre l’évasion fiscale présenté aujourd’hui vise à faire en sorte
que les autorités fiscales disposent des informations dont elles ont besoin pour percevoir les impôts qui
leur sont dus, et à appliquer systématiquement dans l’Union la nouvelle norme internationale
concernant la déclaration pays par pays.
La publication des déclarations pays par pays est une question différente, qui est en cours d’examen
par la Commission. Comme annoncé dans le paquet de mesures sur la transparence fiscale de 2015, la
Commission procède actuellement à une analyse d’impact pour déterminer si les multinationales
devraient rendre publiques certaines informations pays par pays. De telles obligations existent déjà
dans l’Union pour le secteur bancaire et les sociétés d’exploitation minière et forestière. Une fois
l’analyse d’impact achevée, la Commission décidera si les multinationales opérant dans d’autres
secteurs devraient également être soumises à ces obligations de publication d’informations. Elle se fixe
pour objectif de présenter une décision sur cette question au début du printemps 2016.
18. Les entreprises de pays tiers seront-elles également tenues de communiquer des
informations aux autorités fiscales de l’U nion au titre de cette déclaration pays par pays?
Oui. Idéalement, le pays tiers dans lequel la société mère est établie devrait fournir les informations à
tous les États membres où le groupe est présent, conformément à l’accord BEPS conclu au niveau
international. Si tel n’est pas le cas, la directive précise que la filiale établie au sein de l’Union sera
tenue de fournir la déclaration pays par pays pour le groupe. Dans le cas où une multinationale a des
filiales dans plusieurs États membres de l’U nion, celle-ci peut choisir les États membres auxquels elle
fournira les informations. Ces informations seront ensuite automatiquement partagées avec les autres
autorités fiscales concernées dans l’Union, selon la procédure décrite ci-dessus.
(III) DES CONDITIONS DE CONCURRENCE ÉQUITABLES
19. En quoi le paquet de mesures contre l’évasion fiscale contribuera-t-il à l’instauration de
conditions de concurrence équitables?
L’évasion fiscale évoquée plus haut entraîne d’importantes distorsions de concurrence pour les
entreprises qui paient leur part de l’impôt. On estime par exemple que les entreprises nationales
subissent une pression fiscale supérieure de 30 % à celle des multinationales, en raison du transfert de
bénéfices. Les mesures du paquet proposé aujourd’hui, destinées à lutter contre l’é vasion fiscale des
multinationales, contribueront à l’instauration d’une plus grande justice fiscale et de conditions de
marché plus équitables pour les entreprises qui ne se soustraient pas à l’i mpôt.
Elles créeront aussi des conditions de concurrence équitables au sein même de l’Union en matière de
fiscalité des entreprises. Actuellement, les efforts intenses que mènent certains États membres pour
lutter contre l’évasion fiscale sont mis à mal par la politique plus laxiste pratiquée dans d’autres. Les
entreprises qui pratiquent la planification fiscale agressive profitent souvent du «maillon faible» pour
échapper à l’impôt où que ce soit dans l’U nion. Grâce à ce paquet de mesures, les États membres
seront davantage sur un pied d’égalité pour lutter contre l’évasion fiscale, puisqu’ils devront tous
appliquer des mesures anti-abus juridiquement contraignantes et renforcer l’ouverture et la
coopération entre leurs autorités fiscales.
Enfin, le paquet présente une stratégie visant à encourager les pays tiers à tenir leurs engagements en
matière de bonne gouvernance fiscale et à lutter contre l’évasion fiscale. Ces éléments sont essentiels
pour préserver la compétitivité de l’Union et garantir des conditions de concurrence équitables pour les
entreprises européennes. Alors même que les États membres s’e fforcent de respecter leurs
engagements internationaux en matière de concurrence fiscale loyale et de transparence fiscale, il
importe que les partenaires internationaux de l’Union en fassent de même. La stratégie présente les
moyens que l’Union peut mettre en œuvre pour les inciter à agir dans ce sens.
20. Pourquoi la Commission a-t-elle présenté une stratégie extérieure pour une imposition
effective?
L’évasion fiscale est un problème mondial, qui ne peut être réglé au seul niveau du marché unique. Les
États membres ont besoin, en complément des mesures internes de l’Union contre l’é vasion fiscale,
d’une réponse ferme aux menaces extérieures qui pèsent sur leurs bases d’imposition. Il est aussi
essentiel, pour qu’un niveau élevé de bonne gouvernance fiscale puisse être atteint à l’échelle
mondiale, que l’Union fasse preuve de davantage de cohérence dans ses relations avec les partenaires
internationaux.
Actuellement, la coexistence de politiques nationales divergentes à l’égard des pays tiers dans le
domaine fiscal fragilise les défenses des États membres contre les risques extérieurs d’évasion fiscale
et est source d’insécurité juridique pour les entreprises. Elle envoie aussi des signaux ambivalents aux
partenaires internationaux concernant la position de l’Union en matière de bonne gouvernance fiscale.
Une approche commune de l’U nion à l’égard des pays tiers en matière fiscale serait beaucoup plus à
même d’encourager cette bonne gouvernance fiscale au niveau international et permettrait de prendre
des mesures plus efficaces vis-à-vis des pays tiers problématiques.
La stratégie extérieure vise également à renforcer le lien entre les priorités de l’Union dans le domaine
fiscal et ses relations extérieures au sens large. Il s’agit notamment d’utiliser la politique fiscale de
l’Union plus efficacement, de façon à soutenir d’autres engagements politiques importants, comme le
développement international.
21. Quelles sont les mesures essentielles de cette stratégie?
La stratégie pose les jalons d’une approche de l’Union bien définie, cohérente et efficace visant à
encourager la bonne gouvernance fiscale à l’échelle mondiale et à répondre aux menaces extérieures
d’évasion fiscale. Ses principaux éléments sont les suivants:
- Des critères de bonne gouvernance fiscale mis à jour: la stratégie met à jour les critères de
l’Union en matière de bonne gouvernance fiscale, en les alignant sur les normes internationales les
plus récentes. Les critères mis à jour sont conformes à la nouvelle norme mondiale en matière de
transparence fiscale et aux mesures BEPS de l’OCDE pour une concurrence fiscale loyale. Ces
critères communs devraient être appliqués de façon systématique par tous les États membres dans
leurs relations avec des pays tiers, sous-tendre l’ensemble des politiques extérieures de l’Union en
matière fiscale et servir de référence pour évaluer la conformité des pays tiers par rapport aux
normes internationales. Ils serviront également de base aux engagements que l’Union cherchera à
obtenir dans ses accords avec des pays tiers, ainsi qu’à l’examen des pays tiers dans le cadre du
processus d’établissement d’une liste noire (voir infra).
- Des clauses fiscales dans les accords: les accords de l’Union avec des régions ou pays tiers
peuvent être des instruments utiles pour promouvoir une fiscalité des entreprises juste et
transparente. La stratégie propose une approche innovante et plus ambitieuse de la négociation
par l’Union de clauses de bonne gouvernance fiscale dans certains accords (notamment
commerciaux, d’association ou de partenariat) conclus avec des pays tiers.
- Une assistance aux pays en développement en matière fiscale: l’Union soutient depuis
longtemps les efforts menés par les pays en développement pour s’assurer des recettes nationales,
passant notamment par la lutte contre l’é vasion fiscale des entreprises. La stratégie prévoit des
mesures visant à renforcer ce soutien, inspirées de l’approche présentée par la Commission lors de
la troisième conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue à
Addis-Abeba en 2015[6]. Il s’agit notamment de doubler le soutien financier accordé aux pays en
développement pour les aider à se constituer une base de recettes stable et de leur fournir une
assistance technique destinée à améliorer leurs administrations fiscales.
- Des conditions de bonne gouvernance fiscale pour les fonds de l’Union: la Commission
étoffera et renforcera les dispositions du règlement financier de l’Union relatives à la bonne
gouvernance de sorte que les décisions concernant l’investissement des fonds européens
encouragent la transparence et les pratiques fiscales loyales au niveau international.
- Un nouveau processus d’établissement d’une liste noire de l’Union: la stratégie propose de
modifier la manière de procéder de l’Union à l’égard des pays tiers qui refusent de se conformer
aux normes de bonne gouvernance fiscale. Il s’agit de remplacer l’éventail actuel de listes noires
par une liste noire de pays tiers unique de l’Union, établie au terme d’un processus d’examen et de
dialogue juste et objectif avec les pays tiers concernés.
22. Pourquoi la Commission propose-t-elle un système d’i nscription des pays tiers sur une
liste noire commun à toute l’U nion?
Le Parlement européen comme de nombreux États membres et parties prenantes se sont montrés très
favorables à l’établissement d’un système de liste noire commun à toute l’Union. Si l’Union fait bloc
face aux pays tiers problématiques, son action sera bien plus efficace que la mosaïque de politiques
nationales actuelle. Ce système empêcherait en outre les entreprises qui pratiquent la planification
fiscale agressive d’utiliser abusivement les asymétries entre les différents systèmes nationaux.
Une liste noire de l’Union unique, établie selon des critères bien définis, cohérents et objectifs, serait
aussi plus simple à gérer pour les entreprises et supprimerait les charges administratives liées aux
politiques nationales divergentes. Pour les partenaires internationaux de l’Union, qui ont parfois du mal
à comprendre les variations des critères d’inscription d’un État membre à un autre, une approche
commune permettrait d’accroître la clarté et la sécurité juridique quant aux attentes de l’Union en
matière de justice fiscale.
23. Comment ce système de liste noire fonctionnera-t-il concrètement?
La liste noire commune de l’Union doit rester une solution de dernier ressort. Il s’agirait d’un outil pour
traiter avec les pays tiers qui refusent d’appliquer les principes de bonne gouvernance fiscale, qui
n’interviendrait qu’après l’échec de toutes les autres tentatives de nouer le dialogue avec ces pays. La
stratégie prévoit un système commun de recensement des pays tiers à la fois juste, clair et objectif, en
trois étapes:
Étape nº 1: la Commission sélectionnera un groupe de pays tiers susceptibles de justifier un examen
de l’Union. Elle utilisera pour ce faire un tableau de bord d’indicateurs neutre permettant de
déterminer, pour le système fiscal de chaque pays tiers, le niveau de risque potentiel au regard de
l’évasion fiscale. La Commission présentera les résultats du tableau de bord aux experts des États
membres dans le cadre du groupe «Code de conduite» du Conseil.
Étape nº 2:les États membres devront décider, en fonction des résultats du tableau de bord, les pays
tiers qui devraient faire l’objet d’un examen officiel de l’U nion. Cet examen des normes de bonne
gouvernance fiscale des pays tiers sera effectué conjointement par la Commission et par le groupe
«Code de conduite». Un processus de dialogue avec les pays tiers concernés sera mis en place pour
leur permettre de réagir aux préoccupations exprimées ou d’envisager une coopération plus étroite
avec l’Union en matière fiscale.
Étape nº 3:à l’issue du processus d’évaluation, la Commission fera une recommandation aux États
membres concernant les pays tiers qu’il conviendrait d’inscrire sur la liste noire, en justifiant ce choix.
La décision finale concernant les pays tiers à inscrire sur la liste noire devrait revenir aux États
membres. Les conditions à remplir pour être retiré de la liste seront communiquées clairement à
chaque pays tiers qui y figure, et la liste sera régulièrement réexaminée.
24. Quand le processus d’établissement d’une liste noire de l’Union débutera-t-il?
La Commission va immédiatement s’atteler à l’élaboration définitive des indicateurs du tableau de bord
et lancer l’é valuation préliminaire (étape nº 1). Elle s’est donné pour but de présenter aux États
membres les premiers résultats du tableau de bord au second semestre 2016. Une fois que le groupe
«Code de conduite» aura fixé la liste des pays à examiner, il devra établir un calendrier précis pour la
réalisation de cet exercice. Un délai raisonnable (douze mois) devrait également être accordé aux pays
tiers pour qu’ils s’engagent à remédier aux éventuels problèmes mis en évidence lors du processus
d’examen. La Commission encouragera les États membres à faire en sorte que la liste noire commune
de l’U nion puisse être publiée d’ici au début de 2019.
25. Quelles seront les conséquences pour les pays inscrits sur la liste de l’Union?
La stratégie extérieure dispose que les États membres devraient appliquer des contre-mesures à
l’égard des pays tiers inscrits sur la liste noire de l’Union. Ces sanctions devraient avoir pour but d’
inciter les pays tiers concernés à améliorer leur système fiscal mais aussi de protéger, dans l’intervalle,
les bases d’imposition des États membres. Ces derniers devront se concerter et s’accorder sur la
nature des sanctions à appliquer, en fonction de leurs expériences nationales et compte tenu des
autres mesures de défense applicables de l’Union (dont celles que prévoit la directive sur la lutte contre
l’évasion fiscale). Les États membres devraient définir ces sanctions avant la fin de 2016, de façon à ce
qu’elles soient arrêtées au moment où débuteront les premiers examens de pays tiers.
Annexe I: MESURES BEPS DE L’OCDE ET MESURES CORRESPONDANTES DE L’UNION
Le tableau ci-dessous présente les solutions adoptées au niveau international pour répondre aux 15
actions prévues dans le projet de l’OCDE sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de
bénéfices (BEPS), ainsi que les mesures correspondantes de l’Union dans chacun des domaines
considérés.
OCDE – BEPS
MESURES DE l’UNION
Action 1:
Économie numérique
Toute l’économie repose sur
l’économie numérique; des
solutions isolées seraient donc
inefficaces.
Les actions BEPS de l’OCDE
devraient permettre, d’une
manière générale, de pallier les
risques liés à l’économie
numérique.
L’Union considère aussi qu’il n’est
pas utile de prendre des mesures
particulières, mais elle suivra
l’évolution de la situation pour
s’assurer que les mesures
générales contre l’évasion fiscale
suffisent à pallier les risques
numériques.
Action 2:
Dispositifs hybrides
Recommandations spécifiques
visant à aligner le traitement fiscal
d’un instrument ou d’une entité
dans un pays sur le traitement
fiscal dans un autre pays, afin
d’éviter les asymétries.
La directive sur la lutte contre
l’évasion fiscale comprend une
disposition sur les dispositifs
hybrides.
Action 3:
Sociétés étrangères
contrôlées (SEC)
Recommandations sur les
La directive sur la lutte contre
meilleures pratiques en matière d’a
l’évasion fiscale prévoit des
pplication des règles relatives aux
règles relatives aux SEC.
SEC.
Action 4:
Limitation des
intérêts
Recommandations sur les
meilleures pratiques visant à
limiter les déductions d’intérêts
nets par des entreprises ou des
groupes.
Décisions fiscales: échange
spontané et obligatoire d’i
nformations pertinentes.
Action 5:
Pratiques fiscales
dommageables
Régimes préférentiels applicables
aux brevets («patent boxes»):
accord sur l’approche du lien
(«nexus approach»), consistant à
établir un lien entre les avantages
fiscaux issus de régimes
préférentiels en matière de
propriété intellectuelle et l’activité
économique sous-jacente.
Action 6:
Utilisation abusive
des conventions
Dispositions anti-abus, dont une
norme minimale contre le
«chalandage fiscal», à intégrer
La directive sur la lutte contre
l’évasion fiscale comprend des
dispositions visant à limiter les
déductions d’intérêts au sein de
l’Union comme à l’extérieur.
Décisions fiscales: échange
spontané et obligatoire d’i
nformations sur toutes les
décisions fiscales en matière
transfrontière à partir de 2017.
Patent boxes: Les États membres
se sont engagés à veiller à ce
que leurs «patent boxes» soient
conformes à l’approche du lien
(groupe «Code de conduite»,
2014).
Dans la recommandation sur les
conventions fiscales, il est
conseillé aux États membres
dans les conventions fiscales.
d’introduire une clause anti-abus
générale dans leurs conventions
fiscales, dans le respect du droit
de l’Union.
Action 7:
Établissements
stables
La définition de l’établissement
stable figurant dans le modèle de
convention fiscale est modifiée de
façon à empêcher les entreprises
d’éviter artificiellement une
présence imposable.
Actions 8 à 10:
Fixation des prix de
transfert
Actifs incorporels
Le Forum conjoint sur les prix de
transfert (FCPT) réalise des
travaux sur l’élaboration d’une
Réinstauration du principe de
méthode de l’Union pour le
pleine concurrence et de l’analyse
réexamen et la mise à jour des
de comparabilité en tant que piliers prix de transfert.
de la fixation des prix de transfert.
Risques et capital
Transactions à haut
risque
Mise en place d’un cadre
d’application plus strict de cette
norme.
La recommandation sur la lutte
contre l’évasion fiscale encourage
les États membres à utiliser la
nouvelle définition de l’«
établissement stable» de l’OCDE.
Il s’agit notamment de mener
une analyse plus économique des
prix de transfert, de mieux
exploiter les systèmes internes
des entreprises et d’améliorer
l’administration des prix de
transferts.
Action 11:
Données
L’OCDE se propose de publier des
statistiques sur la fiscalité des
entreprises et ses effets.
Une étude de l’Union est en cours
sur les effets de certaines formes
de planification fiscale agressive
sur les taux d’imposition effectifs
dans les États membres.
Action 12:
Déclaration des
dispositifs de
planification fiscale
agressive
Recommandation relative à
l’introduction de règles imposant
aux entreprises de déclarer les
transactions, dispositifs ou
structures à caractère agressif ou
abusif.
La Commission continuera
d’examiner cette question dans le
cadre de sa stratégie en matière
de transparence fiscale.
Action 13:
Déclaration pays par
pays
Échange, entre les administrations
fiscales, de déclarations pays par
pays comprenant les principales
données financières des
entreprises multinationales.
Ces déclarations sont réservées
aux autorités fiscales et ne sont
pas rendues publiques.
Le paquet de mesures contre
l’évasion fiscale prévoit une
disposition juridiquement
contraignante pour les États
membres concernant la mise en
œuvre des échanges de
déclarations pays par pays entre
autorités fiscales.
Des travaux sur la faisabilité
d’une déclaration pays par pays
publique dans l’Union sont en
cours.
Action 14:
Règlement des
différends
Les pays du G20 et de l’OCDE se
sont accordés sur des mesures
visant à réduire l’incertitude et la
double imposition involontaire des
entreprises, ainsi qu’à résoudre
rapidement et efficacement les
différends dans ce domaine.
Plusieurs pays ont adhéré au
principe d’une procédure d’a
En 2016, la Commission
proposera des mesures visant à
améliorer le règlement des
différends dans l’Union.
rbitrage obligatoire et
contraignante.
Action 15:
Instrument
multilatéral pour
modifier les
conventions fiscales
Les pays intéressés sont convenus
d’utiliser un instrument multilatéral
pour modifier leurs conventions
fiscales en vue d’y intégrer, au
besoin, des mesures BEPS.
La position de la Commission
concernant les conventions
fiscales est exposée dans la
recommandation sur la lutte
contre l’évasion fiscale. Il
conviendrait que les États
membres tiennent compte de
cette position lors des
négociations relatives à
l’instrument multilatéral.
[1] L’OCDE estime que le manque à gagner mondial dû aux transferts de bénéfices se situe au bas mot
entre 100 et 240 milliards de dollars chaque année, soit l’é quivalent de 4 à 10 % des recettes tirées
de l’impôt sur les sociétés dans le monde. Le service de recherche du Parlement européen a chiffré les
pertes de recettes imputables à l’évasion fiscale des entreprises à environ 50 à 70 milliards d’euros par
an dans l’Union.
[2]IP/15/5780
[3] La notion d’établissement stable désigne le fait pour une entreprise non-résidente d’avoir dans un
pays une présence commerciale suffisante pour justifier l’i mposition par ce pays des bénéfices liés à
cette présence. Ce terme est le plus couramment utilisé dans les conventions fiscales, mais se
rencontre également dans la législation fiscale de certains pays. D’autres termes peuvent également
être employés pour désigner un établissement stable, comme les termes «succursale» ou
«représentation stable».
[4] Résultat avant impôts, intérêts, amortissements et provisions) (EBITDA).
[5]
http://ec.europa.eu/taxation_customs/taxation/gen_info/good_governance_matters/lists_of_countries/
index_fr.htm
[6] Collect More, Spend Better («Percevoir plus, mieux dépenser»):
https://ec.europa.eu/europeaid/sites/devco/files/com_collectmore-spendbetter_20150713_en.pdf
MEMO/16/160
Personnes de contact pour la presse:
Vanessa MOCK (+32 2 295 61 94)
Patrick McCullough (+32 229 87183)
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