LE REGIME DE LA CONVOCATION Qui est compétent pour convoquer le conseil municipal et qui doit être convoqué ? Que doit contenir la convocation ? Dans quels délais doit-on l'envoyer pour se réunir ? Doiton la publier, l'afficher ? Peut-on retirer une convocation ? Telles sont les questions que l'on peut se poser sur ce régime. I - QUI EST COMPETENT ET QUI EST CONVOQUE ? En règle générale, c'est le maire qui convoque le conseil municipal. Cependant, dans certaines situations, cette compétence doit être assurée par une autre personne. A - QUI EST COMPETENT POUR CONVOQUER LE CONSEIL MUNICIPAL ? Il convient de distinguer le cas de la suppléance et celui de l'élection d'un maire. 1 - Le cas de la suppléance Dans l'hypothèse où le maire est absent, suspendu, révoqué ou empêché, l'article L. 2122-17 du code général des collectivités territoriales permet à son suppléant de convoquer le conseil municipal. Cependant, il convient de préciser les notions d'absence et d'empêchement du maire. En effet, la notion d'absence a été définie par le Conseil d'État dès 1911. Par conséquent, le maire, même non présent dans sa commune, ne doit pas pour autant être considéré nécessairement comme absent au sens de l'article L. 2122-17 précité. La haute juridiction a admis que le maire, même éloigné de sa commune, établisse des actes tels que, par exemple, convoquer le conseil municipal, pour lesquels cet éloignement ne constitue pas un empêchement. Afin que le régime de la suppléance en la matière s'applique, il importe donc que le maire soit privé de la possibilité de remplir personnellement cette fonction, qu'il y ait donc défaillance de sa part aboutissant à une véritable carence de son autorité. 2 - Le cas de l'élection du maire L'article L. 2122-8 du code précité prévoit la convocation des membres du conseil municipal dans l'hypothèse de l'élection du maire (en cours de mandat ou lors du renouvellement général des conseils municipaux). En règle générale, il appartient au maire, jusque-là en exercice, de convoquer le conseil municipal au complet pour cette élection. Cependant, des situations particulières ne permettent pas au maire de faire cette convocation. 1 Tel est le cas lorsque le maire décède, s'il démissionne, en cas de carence dans ses fonctions, lors de la mise en place d'une délégation spéciale, ou lorsque l'élection du maire est annulée définitivement. Lorsque le maire décède En cas de décès du maire, des élections ont lieu pour compléter le conseil et c'est le suppléant au titre de l'article L. 2122-17 sus-mentionné qui convoque le conseil ainsi complété pour l'élection du nouveau maire et de ses adjoints. Lorsque le maire démissionne Selon une jurisprudence constante, en cas de démission du maire devenue définitive, il n'appartient pas à ce dernier mais à l'élu désigné sur le fondement de l'article L. 2122-17 pour le remplacer, et par priorité au premier adjoint, d'exercer les attributions dévolues au maire et notamment de convoquer le conseil municipal. Cas de la carence du maire ou de son suppléant En cas de carence du maire ou de son suppléant pour convoquer le conseil aux fins d'élire le nouveau maire et ses adjoints, le préfet ou le sous-préfet doit procéder à ladite convocation. Lorsqu'une délégation spéciale est mise en place Dans l'hypothèse où une délégation spéciale a été mise en place après une dissolution du conseil municipal, une démission de tous ses membres, une annulation devenue définitive de l'élection de tous ses membres, ou encore lorsqu'il est impossible de constituer un conseil, il appartient au président de cette délégation spéciale de convoquer le conseil nouvellement élu afin qu'il élise le nouveau maire et ses adjoints. Lorsque l'élection du maire est annulée définitivement Au cas d'annulation définitive de son élection, le maire doit immédiatement cesser d'exercer ses fonctions, et il y a lieu d'appliquer les dispositions de l'article L. 2122-17 sur la suppléance. B - QUI DOIT ETRE CONVOQUE ? Tout conseiller proclamé élu et qui n'a pas perdu définitivement cette qualité doit être convoqué. II - QUE DOIT CONTENIR LA CONVOCATION ? Les modalités de convocation des conseillers municipaux aux séances sont fixées par le code général des collectivités territoriales, et notamment par les articles L. 2121-10 à L. 2121-12 dans les communes dites "de droit commun". Les articles L. 2121-10 et L. 2121-11 n'étant pas applicables aux communes d'Alsace et de Moselle, ces dernières sont régies en la matière par des dispositions particulières. 2 A - LES MENTIONS OBLIGATOIRES La convocation indique les questions à l’ordre du jour. En raison de ces dispositions, le conseil municipal ne saurait, en aucun cas, discuter ou décider d’une question importante qui n’aurait pas été au préalable inscrite à l’ordre du jour porté sur la convocation. Néanmoins, il est permis de penser que cette règle n’interdit pas au conseil municipal de délibérer sur un certain nombre de points divers, à l’exclusion de toute affaire importante. Elle doit comporter, par ailleurs, l'indication précise du jour, de l'heure, ainsi que du lieu de la séance. Dans le cas d'une séance consacrée à l'élection du maire et des adjoints, la mention spéciale de cette élection doit être portée sur la convocation, sous peine de nullité de l'élection. Enfin, la convocation devant se faire par écrit, il n’est pas légal de convoquer le conseil municipal par minitel, par exemple. La signature du maire confère à ce document une authenticité que ne peuvent avoir des messages diffusés par des procédés électroniques. B - LES PIECES A JOINDRE L'article L. 2121-13 du CGCT prévoit également que tout conseiller municipal a le droit, dans le cadre de sa fonction, d'être informé des affaires de la commune qui font l'objet d'une délibération. Ainsi, en même temps que la convocation, doit être adressée aux conseillers municipaux des communes de 3 500 habitants et plus, une note explicative de synthèse sur les affaires soumises à délibération. Il ne s'agit pas d'un rapport complet sur ces affaires, mais d'une simple note. L'absence de celle-ci lors de l'envoi de la convocation est un motif d'annulation de la délibération. Dans le cas éventuel, les observations définitives des chambres régionales des comptes doivent être également jointes à la convocation. III - QUELS SONT LES DELAIS DE CONVOCATION ? Selon le seuil de population des communes, ces délais diffèrent. Dans les communes de moins de 3 500 habitants, le délai est de trois jours francs au moins. Dans les communes de 3 500 habitants et plus, ce délai est de cinq jours francs. En cas d’urgence pour des motifs justifiés, dans les deux cas, il peut être ramené par le maire au minimum à un jour franc. Le conseil est appelé au début de la séance à se prononcer sur l’urgence de cette réunion selon une procédure strictement définie par les articles L. 2541-2 et L. 2121-12 du CGCT. Par ailleurs, faute de quorum le jour de la séance, les conseillers municipaux peuvent être à nouveau convoqués à trois jours au moins d'intervalle. Dans le délai franc de trois ou cinq jours, il importe de ne pas prendre en compte ni le jour de l'envoi de la convocation ni celui de la réunion. En effet, les deux dates doivent être 3 séparées par au moins trois fois vingt-quatre heures (communes de moins de 3 500 habitants) ou cinq fois vingt-quatre heures (communes de 3 500 habitants et plus). La date au lendemain de laquelle commence à courir le délai est, au sens exact du terme, la date à laquelle la convocation est "adressée" au domicile, et non pas la date à laquelle elle est parvenue à son destinataire. Lorsque les convocations sont adressées par la voie postale, la date à prendre en considération n'est pas celle du dépôt à la poste, mais celle du départ de la poste, attestée par le cachet du bureau de poste de départ. Lorsque le conseil municipal décide de tenir séance à certains jours déterminés, les questions à discuter et à décider sont également communiquées trois jours (ou cinq jours) au moins avant la séance. Un changement d’horaire dans une séance du conseil municipal nécessite l’envoi de nouvelles convocations aux conseillers dans les formes et délais prévus par la loi. La nonobservation de cette formalité substantielle, dès lors qu’elle constitue une manœuvre, frappe de nullité les délibérations prises au cours de la séance considérée. Les dispositions de l'article 642 du nouveau code de procédure civile permettant de proroger le délai lorsque celui-ci expire un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé ne sont pas applicables au délai de convocation d'un conseil municipal. Ainsi, si un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé est compris dans la période qui s'écoule entre l'envoi de la convocation aux membres du conseil municipal et le jour de la séance, cette circonstance n'est pas de nature à proroger le délai fixé par le code général des collectivités territoriales qui est de cinq jours dans les communes de 3 500 habitants et plus, et de trois jours dans les communes de moins de 3 500 habitants. IV- DOIT-ON PUBLIER OU AFFICHER LA CONVOCATION ? Selon l'article L. 2121-10 du code général des collectivités territoriales, la convocation est mentionnée au registre des délibérations, affichée ou publiée. Par ailleurs, l'article R. 2121-7 du même code précise l'affichage des convocations prévues à l'article L. 2121-10 a lieu à la porte de la mairie. Ces articles ne sont pas applicables aux communes d'Alsace et de Moselle. Aucun article de droit local ne prévoit de dispositions identiques. Par conséquent, il semblerait que la mention au registre des délibérations ainsi que l'affichage ou la publication d'une convocation dans les communes d'Alsace et de Moselle ne soient pas obligatoires. V - PEUT-ON RETIRER UNE CONVOCATION ? L'autorité compétente peut décider de retirer une convocation pour des motifs qu'il juge utiles. Cette décision doit, néanmoins, intervenir avant la date et l'heure prévues, et être notifiée à l'ensemble des conseillers convoqués. 4