SAGASTA.— A Madrid, il est le lion du jour.—Le cable vient de nous

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SAGASTA.—
A Madrid, il est le lion du jour.—Le cable vient de nous
transmettre le dernier combat oratoire dans les Cortes, entre
un Gouvernement habile, qui se sait appuyé par des grands
interêts européens,—et une opposition fiévreuse, que voit
tous les chemins qui ménent au pouvoir joliment coupés.—
Dans ce combat de mots, qui sont comme ces grosses
gouttes d'eau qui tombent dans les premiers moments de
l'orage,—tous les honneurs ont eté pour le nerveux Sagasta,
au rire voltairien, à la parole quelquefois mâle,—toujours
aïgüe, acerée et mordante—sa langue est comme un fouet
d'acier souple: ou elle frappe—elle fende.
C'est un homme curieux, Sagasta. Il est un produit
genuine de ces temps d'orage, de ces temps de transition, de
bouleversement, de changement. Par la superiorité de son
intelligence, il vise aux hautes sphères; par son humble
naissance, il les haït. Il voudrait se passer d'elles: il ne
pourrait pas. II commença par débiter dans des journaux
clandestins de traits perçants contre les grands du jour: il y
avait un peu en lui de l'étoffe de Rochefort: mais son mâle
intelligence, sa supréme habileté, son ambition insatiable—
qu'il a le droit d'avoir, puisqu'il a su la justifier,—ses solides
études l'écartérent bientòt, une fois rèussi, du rang des
hommes du peuple, qu'il avait commencé á éblouir et qui
1'avaient poussé. Dans les jours magnifiques de la Revolution
qui renversa le trône des Bourbons,—Sagasta, qui était un
orateur, ne le fut que pour servir sa fiévre de pouvoir. Il
n'était pas encore cet homme sérieux qu'il commence á être.
—Il n'était pas, comme aujourd'hui, le défenseur de la
liberté, mais son apostate. Il méprisait le peuple d'où il
venait: mais les Bourbons, en ne l'acceptant pas, malgré ses
courtoisies, ses insinuations et ses menaces, lui ont fait
ressentir encore une fois son origine modeste, et il s'est
dressé fièrement en face de celui qui lui jette
impitoyablement dans la figure sa source populaire.—C'est ce
phenoméne qu'on observe de tout près dans les peuples ou il
y a des noirs:—les métis, nés des noirs et des blancs,
haïssent les blancs parmi lesquels ils ne seraient pas admis,—
et les noirs, qui les empèchent d'y arriver. Ils vivent dans
cette haine perpètuelle, comme des àmes dans le vide. Dans
ces temps, ou le prestige de la noblesse n’a pas encore fini,—
ou on ne peut dejà vivre sans le peuple devenu roi—les
politiques voltigent,—sans savoir où s'arrèter, comme des
papillons folles.—Mais il y a de ces àmes trempées dans le
vrai feu, dans l'amour caché, mais fervent, de la pure liberté.
On aurait tort si l'on croyait Sagasta incapable de ce chaud
amour.—Le culte des idées, quoiqu’intéressé, ennoblit. La
sainte indignation que soulèvent dans les àmes des jeunes
gens les préjugés des vieux règimes, et les exigences
inopportunes des rois cramponnés sur des trones pourris,—
pousse les hommes intelligents dans la voie publique.
Encouragés par l'admiration et la reconnaissance du peuple,
—l'amour d'une renommée facile et l'espoir du pouvoir, les
retiennent dans cette voie:—quelques uns, y mettent toute
son àme sincère; pour la plupart, ils ne sont que des
marchands de grandes idées. Ils spéculent dans la Bourse
des sentimens publiques. Ils sont des Philippards de la
conscience. Mais, comme quelques tuteurs s'acharnent à la
fin à la défense des restes de la fortune des enfans, qu’ils
sont gaspillé,—inspirés d'amour pour les créatures qu'ils sont
meconduites,—ces agiotistes de la liberté, en ressentant
l'influence décisive et génereuse des premíers amours,
reviennent à eux,—et veulent sauver ce qu'ils ont compromis.
—Voilà, bref, i'histoire, l'oeuvre presente et l'oeuvre à venir
de Práxedes Mateo Sagasta, cet homme du peuple qui sourit
d'une manière si caressante aux concierges du théatre de
Oriente quand ils l'appellent, toujours respectueusement,
quoiqu'il soit loin du pouvoir,—"Votre Excellence".—
Il y a toujours une ressemblance entre les hommes de la
politique espagnole et les hommes de la politique française.
Castelar, par exemple, rève Gambetta. Le Maréchal Serrano
rève le Maréchal Mac Mahon. Martos est peut-être le plus
original. Sagasta rève M. Thiers.—Il n'a pas, certes,
l'elevation, la profondeur, le grand coeur, l'immense savoir
du grand petit-homme; il n'a pas écrit, ni l'écrira peut-être
jamais,—paresseux et insouciant qu'il est, l'Histoire du
Consulat et de l'Empire. Il ne met pas, dans les luttes du
Parlement, cet entrain et cette fougue charmantes et
brillantes qui caractériserèrent toujours le “Sauveur du
térritoire”. Mème, Sagasta ne sauverait jamais le térritoire.—
Mais il a le mot fin, l'intention maligne, le coup a propos, le
redressement fier, la langue prète et incisive du ministre de
Louis Phillippe.—Pourvu qu'un moyen le mène à son objet, il
ne discute pas le moyen. Il reculerait sans doute devant le
crime;—mais il a demontré qu'il ne récule pas devant le
scandale.—Parmi
ses
concitoyens,
il
passe
comme
l'organisateur d'une bande de casse-têtes, qui poursuivaient
à grands coups de grosses cánes ceux qui dans les journaux
et dans les théatres, se moquaient du roi Amédée, le bon roi
italien qui eut le bon sens d'abandonner une terre ou il était
sans doute utile, mais ou il savait bien qu'il n'était pas aimé.
—On appellait cette compagnie, devenue fameuses par ses
escarmouches, et ses bruyantes exploits, “La Compañía de la
Porra”.—Porra, c'est un grand bâton, bon à fendre le cràne.—
La bande exista: elle poursuivait les ennemis du
gouvernement; le gouvernement ne poursuivait pas la
bande: Sagasta était au pouvoir; on donnait pour le chef de
la companía un ami de Sagasta, qui a l'esprit tapageux des
vieux étudiants de Salamanca: cela pourrait être!—
Ce qui est certain, et reconnu, cest l'exquise habileté de
Sagasta et de ses amis pour faire tourner en leur faveur le
résultat des élections. Les ennemis de Sagasta lui
permettront tout; mais il n'y á pas risque à assurer que des
plus seriéuses batailles qui on a livrées au Parlement
Espagnol, ce ne sont pas les moins sérieuses ceux qui ont eu
pour objet d'empècher Sagasta de rester dans le pouvoir
pendant les élections, ou d'y parvenir. On le sait d'avance: il
ne perd jamais les élections qu'il fait. Il a des amis
personnels, liés à lui par les faveurs qu'il accorde, en homme
qui ne les paie pas de sa poche, mais de la poche de la.
nation; et—d'ailleurs [il] á la confiance qu'inspirent son
astuce et ses habitudes d'homme de Gouvernement. Quand
le Gouvernement est difficile a saisir—c'est Sagasta qui l'aura
le premier: c'est lui aussi qui le laissera le dernier.—Il s'y
cramponne;—et [il] sait tomber toujours comme les
gladiateurs romains, en bonne pose, comme pour y revenir.—
Il y a deux choses que Sagasta haït et dédaigne:
l'aristocratie ignorante et prétentieuse; la democracie trop
populaire: Il est démocrate, quoiqu'il soit toujours un peu
prêt a sacrifier la doctrine à ses intéréts politiques, pourvu
cependant que l'abus peut rester déguisé sous des habits de
doctrine. Il servit la Revolution: il servit le Roi Amédée: il
servit la République; quand il ne put l'empècher, il fit
semblant d'aider un peu le retour des Bourbons; a présent
qu'ils sont retournés, il táche de les servir.—Mais, dans le
pouvoir, ou loin du pouvoir, il ne servira jamais que la cause
de la Révolution.
Voilá le vrai combat qu'on livre dans ce moment-ci en
Espagne.—Si Sagasta arrive au pouvoir, la monarchie
espagnole,—qui est irrevocablement perdu—le será plus tôt.
Sous son gouvernement, sans qu'il le veuille, mais sans qu'il
tâche de l'empècher,—la Révolution démocratique serait
accomplie. Sans lui, elle sera retardée. Le roi le sait bien,—et
s'il parvient,—forcé par l'opinion républicaine, qui se déguise
pour mieux arriver á son but—a admettre Sagasta au
pouvoir, ce ne sera pas pour longtemps,—Canovas, etant,
par sa politique carrément monarchique, le protégé des
gouvernements de 1'Europe réactionnaire, et le vrai soutien—
haï, mais sincére—de la monarchie de Don Alphonse.
Martinez Campos, de l'étoffe du peuple, proclama le roi: il le
renversera. Sagasta saura profiter de son mécontentement et
de son ambition:—et son dernier discours, chaudement loué,
vient d'éclairer l'avenir de la politique espagnole. Il y a un
parti essentiellement révolutionnaire, que, pour amour au
pouvoir facile, feigne de ne pas l'être. Ce parti, celui de
Sagasta, fera toujours la Révolution: si on l'appelle au
pouvoir, il rendra à la monarchie le service d'attarder sa
chute, et à la République celui de favoriser son avénement. Si
on ne l'appelle pas, il aidera à faire la Révolution.
Quant a Sagasta, malgré sa derniére et brillante défense
de la liberté mystifié, c'est lui qui se défine:—ou Président du
Conseil sous le roi,—ou révolutionnaire contre le roi. Ce
couplà est bien plus habile, dirigé à la Révolution qui vient,
que s'il était dirigé au Roi pour lui inspirer confiance.—
C'est dommage que l'intérét personnel se revéle toujours
dans les paroles de ce combattant du Congrès de Madrid, qui
est vraiment un fort lutteur.—
Il est de taille moyenne, maigre, nerveux. Une expression
de moquerie anime toujours ses traits accentués; ses yeux,
petits, pétillent; son sourire surnois est plus éloquent que son
meilleur discours; sur son front, osseuse mais commune,—
une mèche de cheveux, indomptable comme son maitre, se
dresse altiére: sa grande bouche est pleine de raillerie.—Il
parle couramment, sans pardonner personne, quand il a
parlé.—c'est comme un tâtonement des corps: c'est à savoir
qui n'a pas été blessé! Il est souvent incorrect; toujours
perçant. Il va á son but: son utilité. Il aime la liberté,—mais
pas autant pour se sacrifier à elle.—Quand il se fâche; quand
on lui porte un coup au coeur; quand le pouvoir lui échappe;
le sourire devient la foudre;—et comm'un fouet ardent, il
commence une infatigable flagellation. Quand la colère
l'emporte, il devient imprudent, mais éloquent. En homme de
monde, il l'est parfait.—En habilité politique, Canovas seul
pourrait le vaincre.—Comm'il porte très bien son frac,—on
dirait en voyant son rire moqueuse, qu'il est un
Méphistophéle de salon. On ne se tromperait pas.
[Ms. en CEM]
SAGASTA
(Traducción)
En Madrid es el león del día.—El cable acaba de transmitir
el último torneo oratorio librado en las Cortes entre un
gobierno hábil, que se sabe apoyado por grandes intereses
europeos,—y una oposición febril, que ve todos los caminos
que llevan al poder completamente cortados.—En ese torneo
de palabras, que son algo así como esas gruesas gotas de
agua que caen en los primeros momentos de la tormenta,—
todos los honores han correspondido al nervioso Sagasta,
hombre de risa volteriana, de verbo a veces varonil,—
siempre agudo, cáustico y mordaz—su lengua es como una
suave fusta de acero: donde da, hiere.
Es un hombre curioso, Sagasta. Es un producto genuino de
estos tiempos tormentosos, de estos tiempos de transición,
de trastorno, de cambio. Por la superioridad de su
inteligencia mira hacia las altas esferas; por su humilde cuna
las odia. Quisiera desligarse de ellas: pero no podría. Empezó
por lanzar, en los periódicos clandestinos, dardos hirientes
contra los grandes del día: había en él un poco del temple de
Rochefort: pero su varonil inteligencia, su suprema habilidad,
su insaciable ambición—que tiene derecho a tener puesto que
ha sabido justificarla,—sus sólidos estudios lo apartaron
pronto de los hombres del pueblo, a quienes había empezado
a deslumbrar y que lo habían ayudado a ascender. En los
magníficos días de la revolución que derrocó el trono de los
Borbones,—Sagasta, que era orador, no lo fue más que para
servir su febril ambición de poder. No era todavía ese hombre
serio que comienza a ser hoy.—No era, como hoy, el
defensor de la libertad, sino su apóstata. Despreciaba al
pueblo, del que procedía: pero los Borbones, al no aceptarlo
a pesar de su cortesanía, de sus insinuaciones y sus
amenazas, le hicieron sentir una vez más su modesto origen,
y él se irguió audaz y soberbiamente frente al que le echaba
despiadadamente en cara su origen plebeyo.—Es el mismo
fenómeno que se observa de cerca en todos los pueblos en
que hay negros:—los mestizos, nacidos de los negros y de los
blancos, odian a los blancos en cuyo seno no serían
admitidos,—y a los negros que les impiden el acceso hasta
aquellos. Viven en ese odio perpetuo, cual ánimas en el
vacío. En estos tiempos en que el prestigio de la nobleza no
ha cesado aún,—y en que no se puede ya vivir sin el pueblo
convertido en rey—los políticos revolotean,—sin saber dónde
detenerse, cual si fueran locas mariposas.—Pero hay almas
templadas en el verdadero fuego, en el amor oculto pero
ferviente de la pura libertad. Sería un error el creer que
Sagasta esté exento de ese cálido amor.—El culto de las
ideas, aunque interesado, ennoblece. La santa indignación
que los prejuicios de viejos regímenes provocan en las almas
juveniles, y las exigencias inoportunas de los reyes apegados
a tronos podridos,—lanzan a los hombres inteligentes a la vía
pública Alentados por la admiración y el agradecimiento del
pueblo,—el amor de una fácil fama, y la esperanza de llegar
al poder, los detienen en esa vía:—algunos ponen en ello
toda la sinceridad de su alma; mas en su mayoría no son
más que mercaderes de las grandes ideas. Especulan en la
Bolsa de los sentimientos públicos. Son filipenses de la
conciencia. Pero, igual que como algunos tutores se empeñan
en defender, ya tarde, los restos de la fortuna que les han
dilapidado a sus pupilos,—inducidos por amor a las criaturas
a quienes han despojado,—esos agiotistas de la libertad, al
sentir la influencia decisiva y generosa de los primeros
amores, vuelven en sí,—y quieren salvar lo que han
comprometido.—Esa es, en síntesis, la historia, la obra
presente y la obra futura de Práxedes Mateo Sagasta, ese
hombre del pueblo que sonríe de manera tan acariciadora a
los porteros del Teatro de Oriente cuando lo llaman—siempre
respetuosamente aunque esté fuera del poder,—“Vuestra
Excelencia”.—
Hay siempre un parecido entre los hombres de la política
española y los hombres de la política francesa. Castelar, por
ejemplo, sueña con Gambetta. El mariscal Serrano sueña con
el mariscal Mac-Mahon. Martos es quizás el más original.
Sagasta sueña con Thiers.— No tiene, desde luego, la
elevación, la profundidad, el gran corazón, el inmenso saber
del gran hombrecito; no ha escrito ni escribirá quizás nunca,
—indolente y perezoso como es—la Historia del Consulado y
el Imperio. No emplea, en las luchas del Parlamento, esa
alegría natural y comunicativa y ese ardor delicioso y
brillante que caracterizaron siempre al “Salvador del
Territorio”. Sagasta no salvaría nunca el territorio.—Pero
tiene siempre la palabra fina, la intención maliciosa, la frase
oportuna, el erguimiento altanero, el lenguaje incisivo y
dispuesto del ministro de Luis Felipe.— Con tal de que un
medio lo lleve a lograr su propósito, no se ocupa del medio
de hacerlo. Retrocedería quizás ante el crimen;—pero ha
demostrado que no retrocede ante el escándalo.—Entre sus
conciudadanos pasa por ser el organizador de una banda de
rompecabezas que repartían garrotazos a los que en los
periódicos y en los teatros se burlaban del rey Amadeo, el
buen rey italiano que tuvo el buen juicio de abandonar una
tierra donde sin dudas era útil, pero donde sabía que no lo
querían.—Se denominaba a esa compañía, que llegó a ser
famosa a causa de sus escaramuzas y sus ruidosas hazañas,
la Compañía de la Porra.— Porra es un gran garrote propio
para romper el cráneo a cualquiera.—La banda existió:
perseguía a los enemigos del gobierno; el gobierno no
perseguía a la banda: Sagasta estaba en el poder; se daba
por jefe de la compañía a un amigo de Sagasta, que tenía el
genio bullicioso de los viejos estudiantes de Salamanca: ¡eso
podría haber sido!—
Lo que sí es cierto y está reconocido, es la exquisita
habilidad de Sagasta y de sus amigos para hacer girar en su
favor el resultado de las elecciones. Los enemigos de Sagasta
le permitirán todo; pero no es aventurado el afirmar que de
las más serias batallas libradas en el Parlamento español no
son las menos serias aquellas que han tenido por objeto el
impedir a Sagasta seguir en el poder durante las elecciones,
o ascender a él. De antemano se sabe: él no pierde nunca las
elecciones que dirige. Tiene amigos personales, ligados a él
por los favores que concede, aunque no lo hace con su
peculio, sino con el peculio de la nación; y—además—por la
confianza que inspiran su astucia y sus hábitos de hombre de
gobierno. Cuando el gobierno es difícil de tomar—es Sagasta
quien lo obtendrá primero: es también el último que lo
abandonará.—Se agarra a él;—sabe caer siempre como los
gladiadores romanos, en buena postura, como dispuesto a
recuperarlo.—
Hay dos cosas que Sagasta odia y desdeña: la aristocracia
ignorante y pretenciosa; y la democracia demasiado
populachera. Es demócrata, aunque esté siempre algo
dispuesto a sacrificar la doctrina en pro de sus intereses
políticos, con tal de que el abuso pueda, sin embargo, estar
disfrazado bajo su capa doctrinal. Sirvió a la revolución:
sirvió al rey Amadeo: sirvió a la república, cuando no pudo
impedirla; fingió ayudar algo a la restauración de los
Borbones, y ahora que han vuelto trata de servirlos.—Pero,
en el poder ó fuera de él, no servirá más que a la causa de la
revolución.
Esa es la verdadera lucha que se libra en los actuales
momentos en España.—Si Sagasta sube al poder, la
monarquía española,—que esta irrevocablemente perdida, lo
estará más pronto. Bajo su gobierno, sin que él lo quisiera,
pero sin que tratase de impedirlo, la revolución democrática
sería un hecho consumado. Sin él, se retardará. El rey lo
sabe bien,—y si se decide,—forzado por la opinión
republicana, que se disfraza para mejor lograr su objetivo—a
llevar a Sagasta al poder, no será por mucho tiempo,—puesto
que Cánovas es, por su política francamente monárquica, el
protegido de los gobiernos de la Europa reaccionaria, y el
verdadero sostén—odiado pero sincero—de la monarquía de
don Alfonso. Martínez de Campos, de la madera del pueblo,
proclamó al rey: él mismo lo derrocará. Sagasta sabrá
aprovecharse de su descontento y de su ambición:—y su
último discurso, calurosamente aplaudido, acaba de despejar
el porvenir de la política española. Tiene un partido
esencialmente revolucionario, que por apego al poder fácil,
finge no serlo. Ese partido, el de Sagasta, será siempre la
revolución: si se le llama al poder, prestará a la monarquía el
servicio de retrasar su caída, y a la república el de favorecer
su afianzamiento. Si no lo llaman, ayudará a hacer la
revolución.
En cuanto a Sagasta, a pesar de su última y brillante
defensa de la libertad burlada, es él quien se define:—o
Presidente del Consejo con el rey,—o revolucionario contra el
rey. Ese golpe es mucho más hábil, dirigido a la revolución
que viene andando, que si estuviera dirigido al rey para
inspirarle confianza.—
Es de sentir que el interés personal se revele siempre en
las palabras de ese combatiente del Congreso de Madrid, que
es realmente un fuerte luchador.—
Es de mediana estatura, delgado, nervioso. Una expresión
burlona anima siempre su fisonomía; sus ojos, pequeños, son
brillantes; su sonrisa, socarrona, es más elocuente que su
mejor discurso; sobre su frente, huesuda pero vulgar,—un
mechón de pelo, indomable igual que su amo, se yergue
altanero. Su gran boca es de expresión burlona.—Habla
corrientemente, sin perdonar a nadie, cuando ha hablado,—
es algo así como un tanteo de los cuerpos: ¡habría que
averiguar si alguien no ha sido herido! A veces es incorrecto,
pero siempre agudo. Va a su objetivo: su utilidad. Ama a la
libertad,—pero no lo bastante para sacrificarse por ella.—
Cuando se incomoda; cuando le hieren el corazón; cuando el
poder lo abandona; la sonrisa se convierte en rayo;—y como
un loco ardiente, inicia una flagelación incansable. Cuando se
apodera de él la cólera se torna imprudente, pero elocuente.
Como hombre de mundo está perfecto.—En habilidad política,
sólo Cánovas podría vencerlo.—Como viste muy bien su frac,
se diría, al verlo reír burlonamente, que es un Mefistófeles de
salón. Y no se estaría equivocado.
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