TEXTOS CANTADOS Hector Berlioz L’Enfance du Christ Première partie Le Songe d’Hérode Introduction Le Récitant Dans la crèche, en ce temps, Jésus venait de naître, Mais nul prodige encore ne l’avait fait connaître. Et déjà les puissants tremblaient, Déjà les faibles espéraient, Tous attendaient… Or, apprenez, chrétiens, quel crime épouvantable Au roi des Juifs alors suggéra la terreur, Et le céleste avis que, dans leur humble étable, Aux parents de Jésus envoya le Seigneur. Scène 1 Une rue de Jérusalem. Soldats romains faisant la ronde de nuit. Marche nocturne et récitatif Un Centurion Qui vient? Polydorus Rome. Centurion Avancez! Polydorus Halte! Centurion Polydorus! Je te croyais déjà, soldat, aux bords du Tibre! Polydorus Par Bacchus! j’y serais, en effet, si Gallus, Votre illustre préteur, m’eût enfin laissé libre, Mais il m’a sans raison TEXTOS CANTADOS Imposé pour prison Cette triste cité, pour y voir ses folies, Et d’un roitelet juif garder les insomnies. Centurion Que fait Hérode? Polydorus Il rêve, il tremble, Il voit partout des traîtres, il assemble Son Conseil chaque jour; et du soir au matin Il faut sur lui veiller ; il nous obsède enfin. Centurion Ridicule tyran! Mais va, poursuis ta ronde. Polydorus Il le faut bien. Adieu. Jupiter le confonde! La patrouille se remet en marche et s’éloigne, Scène 2 Intérieur du palais d’Hérode Récitatif et Air d’Hérode Hérode (seul) Toujours ce rêve! encore cet enfant Qui doit me détrôner! Et ne savoir que croire De ce présage menaçant Pour ma vie et ma gloire! Ô misère des rois! Régner et ne pas vivre! À tous donner des lois, Et désirer de suivre Le chevrier aux bois! Ô nuit profonde Qui tiens le monde Dans le repos plongé, À mon sein ravagé Donne la paix une heure, Et que ton voile effleure TEXTOS CANTADOS Mon front d’ennuis chargé! Effort stérile! Le sommeil fuit; Et ma plainte inutile Ne hâte point ton cours, interminable nuit! Scène 3 Polydorus et Hérode Polydorus Seigneur! Hérode (tirant son épée) Lâches! tremblez, je sais tenir encore Une épée… Polydorus Arrêtez! Hérode (le reconnaissant) Ah! c´est toi, Polydore! Que viens tu m´annoncer? Polydorus Seigneur, les devins juifs viennent de s’assembler Par vos ordres. Hérode Enfin! Polydorus Ils sont là. Hérode Qu’ils paraissent! Scène 4 Chœur de devins et Hérode Chœur de devins Les sages de Judée, ô roi, te reconnaissent Pour un prince savant et généreux. Ils te sont dévoués; parle, qu´attends-tu d’eux? TEXTOS CANTADOS Hérode Qu’ils veuillent m’éclairer. Est-il quelque remède Au souci dévorant qui dès longtemps m’obsède? Chœur Quel est-il? Hérode Chaque nuit. Le même songe m’épouvante; Toujours une voix grave et lente Me répète ces mots: «Ton hereux temps s’enfuit! Un enfant vient de naître Qui fera disparaître Ton trône el ton pouvoir…» Puis-je de vous savoir Si cette terreur qui m’accable Est fondée, et comment ce danger redoutable Peut être détourné? Chœur Les esprits le sauront, Et, par nous consultés, bientôt ils répondront. Les devins font des évolutions cabalistiques et procèdent à la conjuration. Chœur La voix dit vrai, seigneur. Un enfant vient de naître Qui fera disparaître Ton trône et ton pouvoir. Mais nul ne peut savoir Ni son nom ni sa race. Hérode Que faut-il que je fasse? Chœur Tu tomberas, à moins que l’on ne satisfasse Les noirs esprits, et si, pour conjurer le sort, Des enfants nouveaux-nés tu n’ordonnes la mort. TEXTOS CANTADOS Hérode Eh bien, par le fer qu’ils périssent! Je ne puis hésiter. Que dans Jérusalem, À Nazareth, à Bethléem, Sur tous les nouveaux-nés mes coups s’appesantissent! Malgré les cris, malgré les pleurs De tant de mères éperdues, Des rivières de sang vont être répandues. Je serai sourd à ces douleurs. La beauté, la grâce, ni l’âge Ne feront faiblir mon courage: Il faut un terme à mes terreurs! Chœur Oui, oui, par le fer qu’ils périssent! N’hésite pas. Que dans Jérusalem, À Nazareth, à Bethléem, Sur tous les nouveaux-nés tes coups s’appesantissent! Hérode Non, non, non, non, que dans Jérusalem À Nazarelh, à Bethléem, Mes coups s’appesantissent! Chœur Oui! Malgré les cris, malgré les pleurs De tant de mères éperdues, Les rivières de sang qui seront répandues, Demeure sourd à ces douleurs! Hérode Oui! Malgré les cris, malgré les pleurs De tant de mères éperdues, Les rivières de sang qui seront répandues, Je serai sourd à ces douleurs! Chœur Que rien n’ébranle ton courage! Et vous, pour attiser sa rage, Esprits, redoublez ses terreurs. TEXTOS CANTADOS Hérode Ni la grâce ni l’âge Ne feront faiblir mon courage. Il faut un terme à mes terreurs. Scène 5 L’étable de Béthléem La Vierge Marie, Saint Joseph Marie Ô mon cher fils, donne cette herbe tendre À ces agneaux qui vers toi vont bêlant ; Ils sont si doux! laisse, laisse les prendre, Ne les fais pas languir, ô mon enfant. Répands encore ces fleurs sur leur litière. Marie et Joseph Ils sont heureux de tes dons, cher enfant; Vois leur gaîté, vois leurs jeux, vois leur mère Tourner vers toi son regard caressant. Marie Oh, sois béni, mon cher et tendre enfant! Joseph Oh, sois béni, divin enfant! Scène 6 La Vierge Marie, Saint Joseph, Chœur d’anges invisibles Chœur d’anges Joseph! Marie! Écoutez-nous! Marie et Joseph Esprits de vie. Est-ce bien vous? Chœur d’anges Il faut sauver ton fils qu’un grand péril menace, Marie! TEXTOS CANTADOS Marie Ô ciel! mon fils! Chœur d’anges Oui, vous devez partir Et de vos pas bien dérober la trace; Dès ce soir au désert vers l’Égypte il faut fuir. Marie et Joseph À vos ordres soumis, purs esprits de lumière, Avec Jésus au désert nous fuirons. Mais accordez à notre humble prière La prudence, la force et nous le sauverons. Chœur d’anges La puissance céleste Saura de vos pas écarter Toute encontre funeste. Marie et Joseph En hâte, allons tout préparer! Chœur d’anges Hosanna! Hosanna! Deuxième partie La Fuite en Égypte Ouverture Les bergers se rassemblent auprès de l’étable de Bethléem Scène 1 Marie, Joseph, l’Enfant Jésus, bergers L’adieu des bergers à la Sainte Famille Chœur des bergers Il s’en va loin de la terre Où dans l’étable il vit le jour. De son père et de sa mère Qu’il reste le constant amour! Qu’il grandisse, qu’il prospère Et qu’il soit bon père à son tour! TEXTOS CANTADOS Oncques si, chez l’idolâtre, Il vient à sentir le malheur, Fuyant la terre marâtre, Chez nous qu’il revienne au bonheur! Que la pauvreté du pâtre Reste toujours chère a son cœur! Cher enfant, Dieu te bénisse! Dieu vous bénisse, heureux époux! Que jamais de l’injustice Vous ne puissiez sentir les coups! Qu’un ange vous avertisse De tout danger planant sur vous! Scène 2 Le repos de la Sainte Famille Légende et pantomime Le Récitant Les pélerins étant venus En un lieu de belle apparence, Où se trouvaient arbres touffus Et de l’ eau pure en abondance. Saint Joseph dit: «Arrêtez-vous! Près de cette claire fontaine, Après si longue peine Reposons-nous». L’Entant Jésus dormait. Pour lors Sainte Marie Arrêtant l’âne, répondit: «Voyez ce beau tapis d’herbe douce et fleurie, Le Seigneur pour mon fils au désert l’étendit». Puis, s’étant assis sous l’ombrage De trois palmiers au vert feuillage, L’âne paissant, L’enfant dormant, Les sacrés voyageurs quelque temps sommeillèrent Bercés par des songes heureux; Et les anges du ciel à genoux autour d’eux Le divin enfant adorèrent. TEXTOS CANTADOS Chœur Allelluia! Allelluia! Troisième partie L’Arrivée à Saïs Introduction Le Récitant Depuis trois jours, malgré l’ardeur du vent, Ils cheminaient dans le sable mouvant. Le pauvre serviteur de la famille sainte, L’âne, dans le désert était déjà tombé; Et bien avant de voir d’une cité l’enceinte, De fatigue et de soif son maître eût succombé Sans le secours de Dieu. Seule Sainte Marie Marchait calme et sereine, et de son doux enfant La blonde chevelure et la tête bénie Semblaient la ranimer, sur son cœur reposant. Mais bientôt ses pas chancelèrent… Combien de fois les époux s’arrêtèrent!... Enfin pourtant, ils arrivèrent À Saïs, haletants, Presque mourants. C’était une cité des longtemps réunie À l’Empire romain, Pleine de gens cruels, au visage hautain. Oyez combien dura la navrante agonie Des pèlerins cherchant un asile et du pain. Scène 1 L’intérieur de la ville de Saïs La Vierge Marie, Saint Joseph, chœurs de Romains et d’Égyptiens Duo Marie Dans cette ville immense Où le peuple en foule s’élance, Quelle rumeur!... TEXTOS CANTADOS Joseph!... j’ai peur... Je n’en puis plus... las!... Je suis morte... Allez frapper à cette porte. Joseph (après avoir frappé) Ouvrez, ouvrez, secourez-nous! Laissez-nous reposer chez vous! Que l’hospitalité sainte soit accordée À la mere, à l’enfant! Hélas! De la Judée Nous arrivons à pied. Chœur (voix de l’intérieur de la maison) Arrière, vils Hébreux! Les gens de Rome n’ont que faire De vagabonds et de lépreux! Marie Mes pieds de sang teignent la terre! Jésus va mourir… c’en est fait: Mon sein tari n’a plus de lait ! Joseph Seigneur! Ma femme est presque morte ! Frappons encore à cette porte (Après avoir frappé) Oh! par pitié, secourez-nous, Laissez-nous reposer chez vous! Que l’hospitalité sainte soit accordée À la mere, à l’enfant! Hélas! de la Judée Nous arrivons à pied Chœur (voix de l’intérieur de la maison) Arrière, vils Hébreux! Les gens d’Égypte n’ont que faire De vagabonds et de lépreux! Joseph Seigneur! Seigneur! sauvez la mère! Marie expire... c’en est fait... Et son enfant n’a plus de lait. Votre maison, cruels, reste fermée! TEXTOS CANTADOS Vos cœurs son durs... Sous la ramée De ces sycomores, l’on voit Tout a l’écart un humble toit... Frappons encor... Mais qu’à ma voix unie Votre voix si douce, Marie, Tente aussi de les attendrir. Marie Hélas! Nous aurons à souffrir Partout l’insulte et l’avanie! Je vais tomber... Marie et Joseph Pitié! pitié! secourez-nous, Laissez-nous reposer chez vous. Que l’hospitalité sainte soit accordée Aux parents, à l’enfant! Hélas! de la Judée Nous arrivons à pied. Scène 2 La Vierge Marie, Saint Joseph, un Père de famille, Chœur d’Ismaélites Après un instant de silence. Le Père (sur le seuil de sa maison) Entrez, pauvres Hébreux: La porte n’est jamais fermée Chez nous aux malheureux. Joseph et Marie entrent Intérieur de la maison des Ismaélites Le Père Grands Dieux! quelle détresse! Qu’autour d’eux on s’empresse! Filles et fils et serviteurs, Montrez la bonté de vos cœurs. Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures. Donnez de l’eau, du lait, des grappes mûres ; Préparez à l’instant Une couchette pour l’enfant. TEXTOS CANTADOS Que de leurs pieds meurtris On lave les blessures! Chœur Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures. Donnons de l’eau, du lait, des grappes mûres ; Préparons à l’instant Une couchette pour l’enfant. Le Père Sur vos traits fatigués la tristesse est empreinte; Ayez courage, nous ferons Ce que nous pourrons Pour vous aider. Bannissez toute crainte Les enfants d’Ismaël Sont frères de ceux d’Israël. Nous avons vu le jour au Liban, en Syrie. Comment vous nomme-t-on? Joseph Elle a pour nom Marie, Je m’appelle Joseph et nous nommons l’enfant Jésus. Le Père Jésus! Quel nom charmant! Dites, que faites-vous pour gagner votre vie? Oui, quel est votre état? Joseph Moi, je suis charpentier. Le Père Eh bien, c’est mon métier, Vous êtes mon compère. Ensemble nous travaillerons, Bien des deniers nous gagnerons, Laissez faire. Près de nous Jésus grandira, Puis bientôt il vous aidera Et la sagesse il apprendra. TEXTOS CANTADOS Chœur Près de nous Jésus grandira, Puis bientôt il vous aidera, Et la sagesse il apprendra. Le Père Pour bien finir cette soirée Et réjouir nos hôtes, employons La science sacrée, Le pouvoir des doux sons. Prenez vos instruments, mes enfants: toute peine Cède à la flûte unie à la harpe thébaine Trio pour deux flûtes et harpe, exécuté par les jeunes Ismaélites. Le Père (à Marie) Vous pleurez, jeune mère... Douces larmes, tant mieux! Allez dormir, bon père, Bien reposez, Mal ne songez. Plus d’alarmes. Que les charmes De l’espoir, du bonheur, Rentrent en votre cœur! Marie et Joseph Adieu, merci, bon père, Déjà ma peine amère Semble s’enfuir, s’évanouir. Plus d’alarmes! Oui, les charmes De l’espoir du bonheur, Rentrent en notre cœur! Chœur Allez dormir, bon père, Doux enfant, tendre mère, Bien reposez, Mal ne songez, TEXTOS CANTADOS Plus d’alarmes! Que les charmes De l’espoir du bonheur, Rentrent en votre cœur! Scène 3 Epilogue Le Récitant Ce fut ainsi que par un infidèle Fut sauvé le Sauveur. Pendant dix ans, Marie, et Joseph avec elle, Virent fleurir en lui la sublime douceur, La tendresse infinie À la sagesse unie. Puis enfin de retour Au lieu qui lui donna le jour, Il voulut accomplir le divin sacrifice Qui racheta le genre humain De l’éternel supplice Et du salut lui fraya le chemin. Choeur mystique Ô mon âme, pour toi que reste-t-il a faire Qu’à briser ton orgueil devant un tel mystère !... Ô mon cœur, emplis-toi du grave et pur amour qui seul peut nous ouvrir le céleste séjour! Amen! Amen! TEXTOS CANTADOS Hector Berlioz La infancia de Cristo Primera parte El sueño de Herodes Introducción El Recitante Jesús, en aquel tiempo, nacido en un portal no era aún conocido por prodigio ninguno. Ya temblaban los poderosos, ya los débiles esperaban, todos estaban a la espera… Sabed ahora, cristianos, qué crimen horroroso le inspiró el espanto al rey de los judíos, y el celestial aviso que a aquel portal humilde, a los padres del Niño envió el Señor. Escena 1 Una calle de Jerusalén. Soldados romanos que hacen la ronda nocturna. Marcha nocturna y recitativo Un Centurión ¿Quién va? Polidoro Roma. Centurión ¡Adelante! Polidoro ¡Alto! Centurión ¡Si es Polidoro! ¡A la orilla del Tíber te creía ya sirviendo! Polidoro Por Baco, lo estaría, desde luego, si Galo, vuestro ilustre pretor, me hubiera licenciado Pero, sin más ni más, TEXTOS CANTADOS que preso esté, dispone, en esta ciudad odiosa, para ver sus dislates, y velar el insomnio de un reyezuelo judío. Centurión ¿Y Herodes qué hace? Polidoro Sueña y se estremece, ve traidores doquier, a diario reúne a su Consejo; de sol a sol tenemos que estarlo custodiando; nos obsesiona, vaya. Centurión ¡Ridículo tirano! Anda, sigue la ronda. Polydoro No queda más remedio. Adiós. ¡Júpiter lo confunda! La patrulla vuelve a ponerse en marcha y se aleja. Escena 2 Interior del palacio de Herodes Recitativo y aria de Herodes Herodes (a solas) ¡Siempre este sueño! ¡Otra vez este niño que me destronará! ¡Y no sé qué creer de este presagio ominoso para mi vida y mi fama! ¡Miseria de los reyes! ¡Reinar y no vivir! ¡Darles a todos leyes, y desear marcharse con el cabrero al bosque! Ay, tú, noche cerrada, que a la tierra toda en el descanso sumes, a mi pecho arrasado dale una hora de paz, que tu velo me roce TEXTOS CANTADOS esta frente agobiada! ¡Vano esfuerzo! El sueño se escabulle; ¡Y mi queja baldía no acelera tu curso, oh, noche inerminable! Escena 3 Polidoro y Herodes Polidoro ¡Señor! Herodes (sacando la espada) ¡Temblad, cobardes ! Que todavía sé sostener una espada… Polidoro ¡Detente! Herodes (al reconocerlo) ¡Ah! ¡Eres tú, Polidoro! ¿Qué vienes a anunciarme? Polidoro Señor, como ordenaste, los adivinos judíos acaban de reunirse. Herodes ¡Por fin! Polidoro Están aquí. Herodes ¡Que vengan! Escena 4 Coro de adivinos y Herodes Coro de adivinos Los sabios de Judea, oh, rey, te reconocen por príncipe erudito y también generoso. Están a tu servicio; habla. ¿Qué esperas de ellos? TEXTOS CANTADOS Herodes Ruego que me iluminen. ¿Existe algún remedio para este agobio urgente que ha mucho me obsesiona? Coro ¿Y cuál es? Herodes Por las noches me espanta un mismo sueño; Una voz seria y lenta siempre estas palabras me repite: "¡Se acabó tu tiempo dichoso! Acaba de nacer un niño que hará desaparecer tu trono y tu poderío…" ¿Podéis informarme vosotros de si ese terror que me abruma está fundado? ¿Y cómo ese peligro horrible? puede ahuyentarse? Coro Lo sabrán los espíritus. Cuando los consultemos, pronto responderán. Los adivinos se mueven con ademanes cabalísticos y llevan a cabo el conjuro. Coro Señor, la voz no miente. Nació hace poco un niño que hará desaparecer tu trono y tu poderío. Pero no puede saber nadie con qué nombre ni de qué raza. Herodes ¿Y qué es lo que debo hacer? Coro Sucumbirás a menos que queden satisfechos los oscuros espíritus y dispongas que maten, a los recién nacidos por conjurar el sino. TEXTOS CANTADOS Herodes ¡Pues que por el hierro perezcan! No puedo vacilar. ¡Y que en Jerusalén, en Nazaret y en Belén, la fuerza de mis golpes caiga en todos los recién nacidos! Pese a los gritos y los llantos de tantas madres desoladas, han de correr ríos de sangre. A esas penas seré sordo. Ni hermosura, ni edad, ni encanto habrán de doblegar mi arrojo: ¡han de concluir mis temores! Coro ¡Sí, sí, perezcan por el hierro! No vaciles. ¡Que en Jerusalén, en Nazaret y en Belén, la fuerza de tus golpes caiga en todos los recién nacidos! Herodes No, no, no, no, ¡que en Jerusalén en Nazaret y en Belén, la fuerza de mis golpes caiga! Coro ¡Sí! Pese a los gritos y los llantos de tantas madres desoladas, han de correr ríos de sangre. A esas penas serás sordo. Herodes ¡Sí! Pese a los gritos y los llantos de tantas madres desoladas, han de correr ríos de sangre. A esas penas seré sordo. Coro ¡Que nada doblegue tu arrojo! Y, para atizar esa saña, doblad, espíritus, sus miedos. TEXTOS CANTADOS Herodes Ni hermosura, ni edad, ni encanto habrán de doblegar mi arrojo: ¡han de concluir mis temores! Escena 5 El portal de Belén La Virgen María y José María Ay, hijo mío querido, dales la hierba tierna a los corderos estos que se acercan y balan; ¡Son tan dulces! Deja que pazcan, deja, que no pasen apuros, hijo mío querido. Siembra con estas flores la paja donde duermen. María y José Tus dones los alegran mucho, querido niño; Contempla su alborozo, sus juegos, y a su madre que vuelve las miradas a ti, como caricias. María ¡Bendito seas, tierno y querido niño mío! José ¡Bendito seas, niño divino! Escena 6 La Virgen María, José, Coro de ángeles invisibles Coro de ángeles ¡José! ¡María! ¡Oídnos! María y José Espíritus de vida. ¿Sois en verdad vosotros? Coro de ángeles ¡A tu hijo hay que salvar, lo amenaza un peligro, María! TEXTOS CANTADOS María ¡Ay, cielos! ¡Hijo mío! Coro de ángeles Sí, tenéis que partir y ocultar muy bien la huellas de los pasos; Hay que huir esta noche rumbo a Egipto, al desierto. María y José Seres puros de luz, acatamos las órdenes, y huiremos los dos con Jesús al desierto. Pero dadnos, pedimos con humilde plegaria, la prudencia y la fuerza, y así lo salvaremos. Coro de ángeles El poderío celestial sabrá apartar de vuestros pasos todos los encuentros funestos María y José ¡Preparemos presto, pues, todo! Coro de ángeles ¡Hosanna! ¡Hosanna! Segunda parte La huida a Egipto Obertura Los pastores se reúnen junto al portal de Belén. Escena 1 María, José, el Niño Jesús, pastores La despedida de los pastores a la Sagrada Familia. Coro de pastores Se marcha lejos de la tierra en que nació en un portal. ¡Que de su padre y de su madre siga siendo el constante amor! ¡Que crezca y que prospere y sea un buen padre a su vez! TEXTOS CANTADOS ¡Y si acaso en país de idólatras, llegase a padecer por algo, que deje esa tierra madrasta y vuelva aquí a ser dichoso! ¡Y que siempre le sea cara la pobreza de los pastores! ¡Dios te bendiga, amado niño! ¡Y a vosotros, felices esposos! ¡Que nunca hayáis de soportar los embates de la injusticia! ¡Y que algún ángel os avise si os amenazase un peligro! Escena 2 El descanso de la Sagrada Familia Recitativo y pantomima El Recitante Y tras llegar los peregrinos a un lugar de grata apariencia, donde había árboles frondosos y agua pura en abundancia dijo san José: "¡Detenéos! A orillas de esta clara fuente, tras pasar por tantos trabajos, descansemos". Dormía el Niño Jesús. Y la Virgen María, parando el asno, dijo: "Ved esta hermosa alfombra de hierba suave y flores; la puso en el desierto para mi hijo el Señor". Sentándose luego a la sombra de tres palmeras de hojas verdes, mientras pacía el asno, mientras dormía el niño, los dos viajeros santos un rato dormitaron arrullados por sueños dichosos; y, en torno, ángeles celestiales al niño divino adoraron. TEXTOS CANTADOS Coro ¡Aleluya! ¡Aleluya! Tercera parte La llegada a Sais Introducción El Recitante Llevaban ya tres días pisando por arenas movedizas; seguían, aunque quemaba el viento. El pobre servidor de la familia santa, el asno, en el desierto había sucumbido; y mucho antes de ver una ciudad a lo lejos, de hambre y de sed habría muerto su amo a no ser por la ayuda de Dios. La Virgen solo caminaba serena, y de su dulce niño la cabeza bendita y los rubios cabellos, descansando en su pecho, parecían reanimarla. Pero pronto empezaron a vacilar sus pasos… ¡Cuántas veces tuvieron que parar los esposos!... Por fin llegaron, sin embargo, a Sais, casi sin aliento, y moribundos casi. Llevaba mucho tiempo ya la ciudad aquella unida al Imperio romano, llena de gentes crueles de rostros altaneros. Oíd cuánto duró la penosa agonía en que los peregrinos buscaron techo y pan. Escena 1 En la ciudad de Sais La Virgen María, José, coros de romanos y egipcios Dúo María En esta ciudad inmensa donde pululan muchedumbres, ¡qué rumor!... TEXTOS CANTADOS ¡José!... tengo miedo... No puedo más... ¡ay!... Muerta soy... Ve a llamar a esa puerta. José (tras llamar) ¡Abrid, abrid y socorrednos! ¡Dadnos reposo en vuestro hogar! ¡Cumplid con la hospitalidad sagrada a la madre y al niño! ¡Ay! Que desde Judea hemos llegado caminando. Coro (voces desde dentro de la casa) ¡Atrás, hebreos infames! ¡Nada tienen que ver los de Roma con vagabundos y leprosos! María ¡Voy dejando huellas de sangre! Va a morir Jesús, ya es un hecho: ¡se me ha retirado la leche! José ¡Señor! ¡Mi mujer casi ha muerto! Llamemos a esta otra puerta. (Tras llamar) ¡Ay! Por compasión, socorrednos, ¡Dadnos reposo en vuestro hogar! ¡Cumplid con la hospitalidad sagrada a la madre y al niño! ¡Ay! Que desde Judea hemos llegado caminando. Coro (voces desde dentro de la casa) ¡Atrás, hebreos infames! ¡Nada tienen que ver los de Egipto con vagabundos y leprosos! José ¡Salva, Señor, salva a la madre! ¡María expira... ya es un hecho! Se quedó su niño sin leche. ¡No se abre, crueles, vuestra puerta! TEXTOS CANTADOS Muy duros sois de corazón... Bajo las ramas de esos sicomoros diviso, muy apartado, un techo humilde... Llamaré otra vez... Pero a mi voz suma la dulce voz tuya, María, prueba también a enternecerlos. María ¡Ay! ¡Habremos de soportar doquier humillación e insultos! Voy a caer... María y José ¡Ay! Por compasión, socorrednos, ¡Dadnos reposo en vuestro hogar! ¡Cumplid con la hospitalidad sagrada a los padres y al niño! ¡Ay! Que desde Judea hemos llegado caminando Escena 2 La Virgen María, José, un Padre de familia, coro de ismaelitas. Tras un momento de silencio. El Padre (en el umbral de la casa) Entrad, pobres hebreos: Nunca está cerrada la puerta de mi casa a los desdichados. José y María entran Interior de la casa de los ismaelitas El Padre ¡Dioses, qué desamparo! ¡Que presto todos los atiendan! Hijas, hijos y servidores, de vuestra bondad haced gala. Lavadles las heridas de los pies doloridos. Dadles agua, y leche, y racimos maduros; Disponed al instante una camita para el niño. TEXTOS CANTADOS Coro Lavemos las heridas de los pies doloridos. Démosles agua, y leche, y racimos maduros; Dispongamos al instante una camita para el niño. El Padre En el rostro cansado se os nota la tristeza. Valor ; haremos todo cuanto esté en nuestra mano para ayudaros. Dad de lado el temor. Los hijos de Ismael de los de Israel son hermanos. Del Líbano venimos, y venimos de Siria. ¿Cuáles son vuestros nombres? José Se llama ella María, yo me llamo José y llamamos al niño Jesús. El Padre ¡Jesús! ¡Precioso nombre! ¿Cómo te ganas, di, la vida? ¿Cuál es tu estado, dime? José Carpintero soy yo. El Padre Pues es también mi oficio. Los dos somos compadres. Trabajaremos juntos, y ganaremos mucho, Ya verás. Jesús crecerá a nuestro lado, luego, pronto, te ayudará y aprenderá a ser sensato. TEXTOS CANTADOS Coro Jesús crecerá a nuestro lado, luego, pronto, te ayudará y aprenderá a ser sensato. El Padre Para acabar bien la velada y alegrar a nuestros huéspedes, usemos la ciencia sagrada, el poder del sonido suave. Tomad los instrumentos, hijos, que toda pena cede cuando a la flauta se une el arpa tebana Trío para dos flautas y harpa que ejecutan los jóvenes ismaelitas. El Padre (a María) Lloras, veo, joven madre... ¡Mejor! ¡Qué dulces lágrimas! Vete a dormir, buen padre. Descansad bien, no penséis en un daño. No más alarmas. ¡Que los gozos de la esperanza y de la dicha, os inunden el corazón! María y José Adiós, gracias, buen padre, que ya mi pena amarga parece que huye y se disipa. No más alarmas. ¡Sí, los gozos de la esperanza y de la dicha, nos inundan el corazón! Coro Vete a dormir, buen padre, Dulce niño, madre tierna, Descansad bien, no penséis en un daño. TEXTOS CANTADOS No más alarmas. ¡Que los gozos de la esperanza y de la dicha, os inunden el corazón! Escena 3 Epílogo El Recitante Así fue como al Salvador salvó un infiel. Por diez años María, y José junto a ella, en él vieron brotar la sublime dulzura, la ternura infinita y la sabiduría. Regresó, luego, al fin, donde viera la luz, y quiso acometer el santo sacrificio que rescató al género humano de un suplicio eterno y de la salvación el camino le abrió. Coro místico ¿Qué más te queda, pues, por hacer alma mía que doblegar tu orgullo ante este gran misterio?... ¡Corazón, llénate de ese amor serio y puro, sólo él puede abrirte la celestial morada! ¡Amén! ¡Amén! Traducción y revisión del texto: Mª Teresa Gallego