TEXTOS CANTADOS Hector Berlioz L`Enfance du Christ Première

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TEXTOS CANTADOS
Hector Berlioz
L’Enfance du Christ
Première partie
Le Songe d’Hérode
Introduction
Le Récitant
Dans la crèche, en ce temps, Jésus venait de naître,
Mais nul prodige encore ne l’avait fait connaître.
Et déjà les puissants tremblaient,
Déjà les faibles espéraient,
Tous attendaient…
Or, apprenez, chrétiens, quel crime épouvantable
Au roi des Juifs alors suggéra la terreur,
Et le céleste avis que, dans leur humble étable,
Aux parents de Jésus envoya le Seigneur.
Scène 1
Une rue de Jérusalem. Soldats romains faisant la ronde de nuit.
Marche nocturne et récitatif
Un Centurion
Qui vient?
Polydorus
Rome.
Centurion
Avancez!
Polydorus
Halte!
Centurion
Polydorus!
Je te croyais déjà, soldat, aux bords du Tibre!
Polydorus
Par Bacchus! j’y serais, en effet, si Gallus,
Votre illustre préteur, m’eût enfin laissé libre,
Mais il m’a sans raison
TEXTOS CANTADOS
Imposé pour prison
Cette triste cité, pour y voir ses folies,
Et d’un roitelet juif garder les insomnies.
Centurion
Que fait Hérode?
Polydorus
Il rêve, il tremble,
Il voit partout des traîtres, il assemble
Son Conseil chaque jour; et du soir au matin
Il faut sur lui veiller ; il nous obsède enfin.
Centurion
Ridicule tyran! Mais va, poursuis ta ronde.
Polydorus
Il le faut bien. Adieu. Jupiter le confonde!
La patrouille se remet en marche et s’éloigne,
Scène 2
Intérieur du palais d’Hérode
Récitatif et Air d’Hérode
Hérode (seul)
Toujours ce rêve! encore cet enfant
Qui doit me détrôner! Et ne savoir que croire
De ce présage menaçant
Pour ma vie et ma gloire!
Ô misère des rois!
Régner et ne pas vivre!
À tous donner des lois,
Et désirer de suivre
Le chevrier aux bois!
Ô nuit profonde
Qui tiens le monde
Dans le repos plongé,
À mon sein ravagé
Donne la paix une heure,
Et que ton voile effleure
TEXTOS CANTADOS
Mon front d’ennuis chargé!
Effort stérile!
Le sommeil fuit;
Et ma plainte inutile
Ne hâte point ton cours, interminable nuit!
Scène 3
Polydorus et Hérode
Polydorus
Seigneur!
Hérode (tirant son épée)
Lâches! tremblez, je sais tenir encore
Une épée…
Polydorus
Arrêtez!
Hérode (le reconnaissant)
Ah! c´est toi, Polydore!
Que viens tu m´annoncer?
Polydorus
Seigneur, les devins juifs viennent de s’assembler
Par vos ordres.
Hérode
Enfin!
Polydorus
Ils sont là.
Hérode
Qu’ils paraissent!
Scène 4
Chœur de devins et Hérode
Chœur de devins
Les sages de Judée, ô roi, te reconnaissent
Pour un prince savant et généreux.
Ils te sont dévoués; parle, qu´attends-tu d’eux?
TEXTOS CANTADOS
Hérode
Qu’ils veuillent m’éclairer. Est-il quelque remède
Au souci dévorant qui dès longtemps m’obsède?
Chœur
Quel est-il?
Hérode
Chaque nuit.
Le même songe m’épouvante;
Toujours une voix grave et lente
Me répète ces mots: «Ton hereux temps s’enfuit!
Un enfant vient de naître
Qui fera disparaître
Ton trône el ton pouvoir…»
Puis-je de vous savoir
Si cette terreur qui m’accable
Est fondée, et comment ce danger redoutable
Peut être détourné?
Chœur
Les esprits le sauront,
Et, par nous consultés, bientôt ils répondront.
Les devins font des évolutions cabalistiques et procèdent à la conjuration.
Chœur
La voix dit vrai, seigneur. Un enfant vient de naître
Qui fera disparaître
Ton trône et ton pouvoir.
Mais nul ne peut savoir
Ni son nom ni sa race.
Hérode
Que faut-il que je fasse?
Chœur
Tu tomberas, à moins que l’on ne satisfasse
Les noirs esprits, et si, pour conjurer le sort,
Des enfants nouveaux-nés tu n’ordonnes la mort.
TEXTOS CANTADOS
Hérode
Eh bien, par le fer qu’ils périssent!
Je ne puis hésiter. Que dans Jérusalem,
À Nazareth, à Bethléem,
Sur tous les nouveaux-nés mes coups s’appesantissent!
Malgré les cris, malgré les pleurs
De tant de mères éperdues,
Des rivières de sang vont être répandues.
Je serai sourd à ces douleurs.
La beauté, la grâce, ni l’âge
Ne feront faiblir mon courage:
Il faut un terme à mes terreurs!
Chœur
Oui, oui, par le fer qu’ils périssent!
N’hésite pas. Que dans Jérusalem,
À Nazareth, à Bethléem,
Sur tous les nouveaux-nés tes coups s’appesantissent!
Hérode
Non, non, non, non, que dans Jérusalem
À Nazarelh, à Bethléem,
Mes coups s’appesantissent!
Chœur
Oui! Malgré les cris, malgré les pleurs
De tant de mères éperdues,
Les rivières de sang qui seront répandues,
Demeure sourd à ces douleurs!
Hérode
Oui! Malgré les cris, malgré les pleurs
De tant de mères éperdues,
Les rivières de sang qui seront répandues,
Je serai sourd à ces douleurs!
Chœur
Que rien n’ébranle ton courage!
Et vous, pour attiser sa rage,
Esprits, redoublez ses terreurs.
TEXTOS CANTADOS
Hérode
Ni la grâce ni l’âge
Ne feront faiblir mon courage.
Il faut un terme à mes terreurs.
Scène 5
L’étable de Béthléem
La Vierge Marie, Saint Joseph
Marie
Ô mon cher fils, donne cette herbe tendre
À ces agneaux qui vers toi vont bêlant ;
Ils sont si doux! laisse, laisse les prendre,
Ne les fais pas languir, ô mon enfant.
Répands encore ces fleurs sur leur litière.
Marie et Joseph
Ils sont heureux de tes dons, cher enfant;
Vois leur gaîté, vois leurs jeux, vois leur mère
Tourner vers toi son regard caressant.
Marie
Oh, sois béni, mon cher et tendre enfant!
Joseph
Oh, sois béni, divin enfant!
Scène 6
La Vierge Marie, Saint Joseph, Chœur d’anges invisibles
Chœur d’anges
Joseph! Marie!
Écoutez-nous!
Marie et Joseph
Esprits de vie.
Est-ce bien vous?
Chœur d’anges
Il faut sauver ton fils qu’un grand péril menace,
Marie!
TEXTOS CANTADOS
Marie
Ô ciel! mon fils!
Chœur d’anges
Oui, vous devez partir
Et de vos pas bien dérober la trace;
Dès ce soir au désert vers l’Égypte il faut fuir.
Marie et Joseph
À vos ordres soumis, purs esprits de lumière,
Avec Jésus au désert nous fuirons.
Mais accordez à notre humble prière
La prudence, la force et nous le sauverons.
Chœur d’anges
La puissance céleste
Saura de vos pas écarter
Toute encontre funeste.
Marie et Joseph
En hâte, allons tout préparer!
Chœur d’anges
Hosanna!
Hosanna!
Deuxième partie
La Fuite en Égypte
Ouverture
Les bergers se rassemblent auprès de l’étable de Bethléem
Scène 1
Marie, Joseph, l’Enfant Jésus, bergers
L’adieu des bergers à la Sainte Famille
Chœur des bergers
Il s’en va loin de la terre
Où dans l’étable il vit le jour.
De son père et de sa mère
Qu’il reste le constant amour!
Qu’il grandisse, qu’il prospère
Et qu’il soit bon père à son tour!
TEXTOS CANTADOS
Oncques si, chez l’idolâtre,
Il vient à sentir le malheur,
Fuyant la terre marâtre,
Chez nous qu’il revienne au bonheur!
Que la pauvreté du pâtre
Reste toujours chère a son cœur!
Cher enfant, Dieu te bénisse!
Dieu vous bénisse, heureux époux!
Que jamais de l’injustice
Vous ne puissiez sentir les coups!
Qu’un ange vous avertisse
De tout danger planant sur vous!
Scène 2
Le repos de la Sainte Famille
Légende et pantomime
Le Récitant
Les pélerins étant venus
En un lieu de belle apparence,
Où se trouvaient arbres touffus
Et de l’ eau pure en abondance.
Saint Joseph dit: «Arrêtez-vous!
Près de cette claire fontaine,
Après si longue peine
Reposons-nous».
L’Entant Jésus dormait. Pour lors Sainte Marie
Arrêtant l’âne, répondit:
«Voyez ce beau tapis d’herbe douce et fleurie,
Le Seigneur pour mon fils au désert l’étendit».
Puis, s’étant assis sous l’ombrage
De trois palmiers au vert feuillage,
L’âne paissant,
L’enfant dormant,
Les sacrés voyageurs quelque temps sommeillèrent
Bercés par des songes heureux;
Et les anges du ciel à genoux autour d’eux
Le divin enfant adorèrent.
TEXTOS CANTADOS
Chœur
Allelluia!
Allelluia!
Troisième partie
L’Arrivée à Saïs
Introduction
Le Récitant
Depuis trois jours, malgré l’ardeur du vent,
Ils cheminaient dans le sable mouvant.
Le pauvre serviteur de la famille sainte,
L’âne, dans le désert était déjà tombé;
Et bien avant de voir d’une cité l’enceinte,
De fatigue et de soif son maître eût succombé
Sans le secours de Dieu. Seule Sainte Marie
Marchait calme et sereine, et de son doux enfant
La blonde chevelure et la tête bénie
Semblaient la ranimer, sur son cœur reposant.
Mais bientôt ses pas chancelèrent…
Combien de fois les époux s’arrêtèrent!...
Enfin pourtant, ils arrivèrent
À Saïs, haletants,
Presque mourants.
C’était une cité des longtemps réunie
À l’Empire romain,
Pleine de gens cruels, au visage hautain.
Oyez combien dura la navrante agonie
Des pèlerins cherchant un asile et du pain.
Scène 1
L’intérieur de la ville de Saïs
La Vierge Marie, Saint Joseph, chœurs de Romains et d’Égyptiens
Duo
Marie
Dans cette ville immense
Où le peuple en foule s’élance,
Quelle rumeur!...
TEXTOS CANTADOS
Joseph!... j’ai peur...
Je n’en puis plus... las!... Je suis morte...
Allez frapper à cette porte.
Joseph (après avoir frappé)
Ouvrez, ouvrez, secourez-nous!
Laissez-nous reposer chez vous!
Que l’hospitalité sainte soit accordée
À la mere, à l’enfant! Hélas! De la Judée
Nous arrivons à pied.
Chœur (voix de l’intérieur de la maison)
Arrière, vils Hébreux!
Les gens de Rome n’ont que faire
De vagabonds et de lépreux!
Marie
Mes pieds de sang teignent la terre!
Jésus va mourir… c’en est fait:
Mon sein tari n’a plus de lait !
Joseph
Seigneur! Ma femme est presque morte !
Frappons encore à cette porte
(Après avoir frappé)
Oh! par pitié, secourez-nous,
Laissez-nous reposer chez vous!
Que l’hospitalité sainte soit accordée
À la mere, à l’enfant! Hélas! de la Judée
Nous arrivons à pied
Chœur (voix de l’intérieur de la maison)
Arrière, vils Hébreux!
Les gens d’Égypte n’ont que faire
De vagabonds et de lépreux!
Joseph
Seigneur! Seigneur! sauvez la mère!
Marie expire... c’en est fait...
Et son enfant n’a plus de lait.
Votre maison, cruels, reste fermée!
TEXTOS CANTADOS
Vos cœurs son durs... Sous la ramée
De ces sycomores, l’on voit
Tout a l’écart un humble toit...
Frappons encor... Mais qu’à ma voix unie
Votre voix si douce, Marie,
Tente aussi de les attendrir.
Marie
Hélas! Nous aurons à souffrir
Partout l’insulte et l’avanie!
Je vais tomber...
Marie et Joseph
Pitié! pitié! secourez-nous,
Laissez-nous reposer chez vous.
Que l’hospitalité sainte soit accordée
Aux parents, à l’enfant! Hélas! de la Judée
Nous arrivons à pied.
Scène 2
La Vierge Marie, Saint Joseph, un Père de famille, Chœur d’Ismaélites
Après un instant de silence.
Le Père (sur le seuil de sa maison)
Entrez, pauvres Hébreux:
La porte n’est jamais fermée
Chez nous aux malheureux.
Joseph et Marie entrent
Intérieur de la maison des Ismaélites
Le Père
Grands Dieux! quelle détresse!
Qu’autour d’eux on s’empresse!
Filles et fils et serviteurs,
Montrez la bonté de vos cœurs.
Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures.
Donnez de l’eau, du lait, des grappes mûres ;
Préparez à l’instant
Une couchette pour l’enfant.
TEXTOS CANTADOS
Que de leurs pieds meurtris
On lave les blessures!
Chœur
Que de leurs pieds meurtris on lave les blessures.
Donnons de l’eau, du lait, des grappes mûres ;
Préparons à l’instant
Une couchette pour l’enfant.
Le Père
Sur vos traits fatigués la tristesse est empreinte;
Ayez courage, nous ferons
Ce que nous pourrons
Pour vous aider. Bannissez toute crainte
Les enfants d’Ismaël
Sont frères de ceux d’Israël.
Nous avons vu le jour au Liban, en Syrie.
Comment vous nomme-t-on?
Joseph
Elle a pour nom Marie,
Je m’appelle Joseph et nous nommons l’enfant
Jésus.
Le Père
Jésus! Quel nom charmant!
Dites, que faites-vous pour gagner votre vie?
Oui, quel est votre état?
Joseph
Moi, je suis charpentier.
Le Père
Eh bien, c’est mon métier,
Vous êtes mon compère.
Ensemble nous travaillerons,
Bien des deniers nous gagnerons,
Laissez faire.
Près de nous Jésus grandira,
Puis bientôt il vous aidera
Et la sagesse il apprendra.
TEXTOS CANTADOS
Chœur
Près de nous Jésus grandira,
Puis bientôt il vous aidera,
Et la sagesse il apprendra.
Le Père
Pour bien finir cette soirée
Et réjouir nos hôtes, employons
La science sacrée,
Le pouvoir des doux sons.
Prenez vos instruments, mes enfants: toute peine
Cède à la flûte unie à la harpe thébaine
Trio pour deux flûtes et harpe, exécuté par les jeunes Ismaélites.
Le Père (à Marie)
Vous pleurez, jeune mère...
Douces larmes, tant mieux!
Allez dormir, bon père,
Bien reposez,
Mal ne songez.
Plus d’alarmes.
Que les charmes
De l’espoir, du bonheur,
Rentrent en votre cœur!
Marie et Joseph
Adieu, merci, bon père,
Déjà ma peine amère
Semble s’enfuir, s’évanouir.
Plus d’alarmes!
Oui, les charmes
De l’espoir du bonheur,
Rentrent en notre cœur!
Chœur
Allez dormir, bon père,
Doux enfant, tendre mère,
Bien reposez,
Mal ne songez,
TEXTOS CANTADOS
Plus d’alarmes!
Que les charmes
De l’espoir du bonheur,
Rentrent en votre cœur!
Scène 3
Epilogue
Le Récitant
Ce fut ainsi que par un infidèle
Fut sauvé le Sauveur.
Pendant dix ans, Marie, et Joseph avec elle,
Virent fleurir en lui la sublime douceur,
La tendresse infinie
À la sagesse unie.
Puis enfin de retour
Au lieu qui lui donna le jour,
Il voulut accomplir le divin sacrifice
Qui racheta le genre humain
De l’éternel supplice
Et du salut lui fraya le chemin.
Choeur mystique
Ô mon âme, pour toi que reste-t-il a faire
Qu’à briser ton orgueil devant un tel mystère !...
Ô mon cœur, emplis-toi du grave et pur amour
qui seul peut nous ouvrir le céleste séjour!
Amen!
Amen!
TEXTOS CANTADOS
Hector Berlioz
La infancia de Cristo
Primera parte
El sueño de Herodes
Introducción
El Recitante
Jesús, en aquel tiempo, nacido en un portal
no era aún conocido por prodigio ninguno.
Ya temblaban los poderosos,
ya los débiles esperaban,
todos estaban a la espera…
Sabed ahora, cristianos, qué crimen horroroso
le inspiró el espanto al rey de los judíos,
y el celestial aviso que a aquel portal humilde,
a los padres del Niño envió el Señor.
Escena 1
Una calle de Jerusalén. Soldados romanos que hacen la ronda nocturna.
Marcha nocturna y recitativo
Un Centurión
¿Quién va?
Polidoro
Roma.
Centurión
¡Adelante!
Polidoro
¡Alto!
Centurión
¡Si es Polidoro!
¡A la orilla del Tíber te creía ya sirviendo!
Polidoro
Por Baco, lo estaría, desde luego, si Galo,
vuestro ilustre pretor, me hubiera licenciado
Pero, sin más ni más,
TEXTOS CANTADOS
que preso esté, dispone,
en esta ciudad odiosa, para ver sus dislates,
y velar el insomnio de un reyezuelo judío.
Centurión
¿Y Herodes qué hace?
Polidoro
Sueña y se estremece,
ve traidores doquier, a diario reúne
a su Consejo; de sol a sol tenemos
que estarlo custodiando; nos obsesiona, vaya.
Centurión
¡Ridículo tirano! Anda, sigue la ronda.
Polydoro
No queda más remedio. Adiós. ¡Júpiter lo confunda!
La patrulla vuelve a ponerse en marcha y se aleja.
Escena 2
Interior del palacio de Herodes
Recitativo y aria de Herodes
Herodes (a solas)
¡Siempre este sueño! ¡Otra vez este niño
que me destronará! ¡Y no sé qué creer
de este presagio ominoso
para mi vida y mi fama!
¡Miseria de los reyes!
¡Reinar y no vivir!
¡Darles a todos leyes,
y desear marcharse
con el cabrero al bosque!
Ay, tú, noche cerrada,
que a la tierra toda
en el descanso sumes,
a mi pecho arrasado
dale una hora de paz,
que tu velo me roce
TEXTOS CANTADOS
esta frente agobiada!
¡Vano esfuerzo!
El sueño se escabulle;
¡Y mi queja baldía
no acelera tu curso, oh, noche inerminable!
Escena 3
Polidoro y Herodes
Polidoro
¡Señor!
Herodes (sacando la espada)
¡Temblad, cobardes ! Que todavía sé
sostener una espada…
Polidoro
¡Detente!
Herodes (al reconocerlo)
¡Ah! ¡Eres tú, Polidoro!
¿Qué vienes a anunciarme?
Polidoro
Señor, como ordenaste, los adivinos judíos
acaban de reunirse.
Herodes
¡Por fin!
Polidoro
Están aquí.
Herodes
¡Que vengan!
Escena 4
Coro de adivinos y Herodes
Coro de adivinos
Los sabios de Judea, oh, rey, te reconocen
por príncipe erudito y también generoso.
Están a tu servicio; habla. ¿Qué esperas de ellos?
TEXTOS CANTADOS
Herodes
Ruego que me iluminen. ¿Existe algún remedio
para este agobio urgente que ha mucho me obsesiona?
Coro
¿Y cuál es?
Herodes
Por las noches
me espanta un mismo sueño;
Una voz seria y lenta siempre
estas palabras me repite: "¡Se acabó tu tiempo dichoso!
Acaba de nacer un niño
que hará desaparecer
tu trono y tu poderío…"
¿Podéis informarme vosotros
de si ese terror que me abruma
está fundado? ¿Y cómo ese peligro horrible?
puede ahuyentarse?
Coro
Lo sabrán los espíritus.
Cuando los consultemos, pronto responderán.
Los adivinos se mueven con ademanes cabalísticos y llevan a cabo el conjuro.
Coro
Señor, la voz no miente. Nació hace poco un niño
que hará desaparecer
tu trono y tu poderío.
Pero no puede saber nadie
con qué nombre ni de qué raza.
Herodes
¿Y qué es lo que debo hacer?
Coro
Sucumbirás a menos que queden satisfechos
los oscuros espíritus y dispongas que maten,
a los recién nacidos por conjurar el sino.
TEXTOS CANTADOS
Herodes
¡Pues que por el hierro perezcan!
No puedo vacilar. ¡Y que en Jerusalén,
en Nazaret y en Belén,
la fuerza de mis golpes caiga en todos los recién nacidos!
Pese a los gritos y los llantos
de tantas madres desoladas,
han de correr ríos de sangre.
A esas penas seré sordo.
Ni hermosura, ni edad, ni encanto
habrán de doblegar mi arrojo:
¡han de concluir mis temores!
Coro
¡Sí, sí, perezcan por el hierro!
No vaciles. ¡Que en Jerusalén,
en Nazaret y en Belén,
la fuerza de tus golpes caiga en todos los recién nacidos!
Herodes
No, no, no, no, ¡que en Jerusalén
en Nazaret y en Belén,
la fuerza de mis golpes caiga!
Coro
¡Sí! Pese a los gritos y los llantos
de tantas madres desoladas,
han de correr ríos de sangre.
A esas penas serás sordo.
Herodes
¡Sí! Pese a los gritos y los llantos
de tantas madres desoladas,
han de correr ríos de sangre.
A esas penas seré sordo.
Coro
¡Que nada doblegue tu arrojo!
Y, para atizar esa saña,
doblad, espíritus, sus miedos.
TEXTOS CANTADOS
Herodes
Ni hermosura, ni edad, ni encanto
habrán de doblegar mi arrojo:
¡han de concluir mis temores!
Escena 5
El portal de Belén
La Virgen María y José
María
Ay, hijo mío querido, dales la hierba tierna
a los corderos estos que se acercan y balan;
¡Son tan dulces! Deja que pazcan, deja,
que no pasen apuros, hijo mío querido.
Siembra con estas flores la paja donde duermen.
María y José
Tus dones los alegran mucho, querido niño;
Contempla su alborozo, sus juegos, y a su madre
que vuelve las miradas a ti, como caricias.
María
¡Bendito seas, tierno y querido niño mío!
José
¡Bendito seas, niño divino!
Escena 6
La Virgen María, José, Coro de ángeles invisibles
Coro de ángeles
¡José! ¡María!
¡Oídnos!
María y José
Espíritus de vida.
¿Sois en verdad vosotros?
Coro de ángeles
¡A tu hijo hay que salvar, lo amenaza un peligro,
María!
TEXTOS CANTADOS
María
¡Ay, cielos! ¡Hijo mío!
Coro de ángeles
Sí, tenéis que partir
y ocultar muy bien la huellas de los pasos;
Hay que huir esta noche rumbo a Egipto, al desierto.
María y José
Seres puros de luz, acatamos las órdenes,
y huiremos los dos con Jesús al desierto.
Pero dadnos, pedimos con humilde plegaria,
la prudencia y la fuerza, y así lo salvaremos.
Coro de ángeles
El poderío celestial
sabrá apartar de vuestros pasos
todos los encuentros funestos
María y José
¡Preparemos presto, pues, todo!
Coro de ángeles
¡Hosanna!
¡Hosanna!
Segunda parte
La huida a Egipto
Obertura
Los pastores se reúnen junto al portal de Belén.
Escena 1
María, José, el Niño Jesús, pastores
La despedida de los pastores a la Sagrada Familia.
Coro de pastores
Se marcha lejos de la tierra
en que nació en un portal.
¡Que de su padre y de su madre
siga siendo el constante amor!
¡Que crezca y que prospere
y sea un buen padre a su vez!
TEXTOS CANTADOS
¡Y si acaso en país de idólatras,
llegase a padecer por algo,
que deje esa tierra madrasta
y vuelva aquí a ser dichoso!
¡Y que siempre le sea cara
la pobreza de los pastores!
¡Dios te bendiga, amado niño!
¡Y a vosotros, felices esposos!
¡Que nunca hayáis de soportar
los embates de la injusticia!
¡Y que algún ángel os avise
si os amenazase un peligro!
Escena 2
El descanso de la Sagrada Familia
Recitativo y pantomima
El Recitante
Y tras llegar los peregrinos
a un lugar de grata apariencia,
donde había árboles frondosos
y agua pura en abundancia
dijo san José: "¡Detenéos!
A orillas de esta clara fuente,
tras pasar por tantos trabajos,
descansemos".
Dormía el Niño Jesús. Y la Virgen María,
parando el asno, dijo:
"Ved esta hermosa alfombra de hierba suave y flores;
la puso en el desierto para mi hijo el Señor".
Sentándose luego a la sombra
de tres palmeras de hojas verdes,
mientras pacía el asno,
mientras dormía el niño,
los dos viajeros santos un rato dormitaron
arrullados por sueños dichosos;
y, en torno, ángeles celestiales
al niño divino adoraron.
TEXTOS CANTADOS
Coro
¡Aleluya!
¡Aleluya!
Tercera parte
La llegada a Sais
Introducción
El Recitante
Llevaban ya tres días pisando por arenas
movedizas; seguían, aunque quemaba el viento.
El pobre servidor de la familia santa,
el asno, en el desierto había sucumbido;
y mucho antes de ver una ciudad a lo lejos,
de hambre y de sed habría muerto su amo
a no ser por la ayuda de Dios. La Virgen solo
caminaba serena, y de su dulce niño
la cabeza bendita y los rubios cabellos,
descansando en su pecho, parecían reanimarla.
Pero pronto empezaron a vacilar sus pasos…
¡Cuántas veces tuvieron que parar los esposos!...
Por fin llegaron, sin embargo,
a Sais, casi sin aliento,
y moribundos casi.
Llevaba mucho tiempo ya la ciudad aquella
unida al Imperio romano,
llena de gentes crueles de rostros altaneros.
Oíd cuánto duró la penosa agonía
en que los peregrinos buscaron techo y pan.
Escena 1
En la ciudad de Sais
La Virgen María, José, coros de romanos y egipcios
Dúo
María
En esta ciudad inmensa
donde pululan muchedumbres,
¡qué rumor!...
TEXTOS CANTADOS
¡José!... tengo miedo...
No puedo más... ¡ay!... Muerta soy...
Ve a llamar a esa puerta.
José (tras llamar)
¡Abrid, abrid y socorrednos!
¡Dadnos reposo en vuestro hogar!
¡Cumplid con la hospitalidad sagrada
a la madre y al niño! ¡Ay! Que desde Judea
hemos llegado caminando.
Coro (voces desde dentro de la casa)
¡Atrás, hebreos infames!
¡Nada tienen que ver los de Roma
con vagabundos y leprosos!
María
¡Voy dejando huellas de sangre!
Va a morir Jesús, ya es un hecho:
¡se me ha retirado la leche!
José
¡Señor! ¡Mi mujer casi ha muerto!
Llamemos a esta otra puerta.
(Tras llamar)
¡Ay! Por compasión, socorrednos,
¡Dadnos reposo en vuestro hogar!
¡Cumplid con la hospitalidad sagrada
a la madre y al niño! ¡Ay! Que desde Judea
hemos llegado caminando.
Coro (voces desde dentro de la casa)
¡Atrás, hebreos infames!
¡Nada tienen que ver los de Egipto
con vagabundos y leprosos!
José
¡Salva, Señor, salva a la madre!
¡María expira... ya es un hecho!
Se quedó su niño sin leche.
¡No se abre, crueles, vuestra puerta!
TEXTOS CANTADOS
Muy duros sois de corazón... Bajo las ramas
de esos sicomoros diviso,
muy apartado, un techo humilde...
Llamaré otra vez... Pero a mi voz suma
la dulce voz tuya, María,
prueba también a enternecerlos.
María
¡Ay! ¡Habremos de soportar
doquier humillación e insultos!
Voy a caer...
María y José
¡Ay! Por compasión, socorrednos,
¡Dadnos reposo en vuestro hogar!
¡Cumplid con la hospitalidad sagrada
a los padres y al niño! ¡Ay! Que desde Judea
hemos llegado caminando
Escena 2
La Virgen María, José, un Padre de familia, coro de ismaelitas.
Tras un momento de silencio.
El Padre (en el umbral de la casa)
Entrad, pobres hebreos:
Nunca está cerrada la puerta
de mi casa a los desdichados.
José y María entran
Interior de la casa de los ismaelitas
El Padre
¡Dioses, qué desamparo!
¡Que presto todos los atiendan!
Hijas, hijos y servidores,
de vuestra bondad haced gala.
Lavadles las heridas de los pies doloridos.
Dadles agua, y leche, y racimos maduros;
Disponed al instante
una camita para el niño.
TEXTOS CANTADOS
Coro
Lavemos las heridas de los pies doloridos.
Démosles agua, y leche, y racimos maduros;
Dispongamos al instante
una camita para el niño.
El Padre
En el rostro cansado se os nota la tristeza.
Valor ; haremos todo
cuanto esté en nuestra mano
para ayudaros. Dad de lado el temor.
Los hijos de Ismael
de los de Israel son hermanos.
Del Líbano venimos, y venimos de Siria.
¿Cuáles son vuestros nombres?
José
Se llama ella María,
yo me llamo José y llamamos al niño
Jesús.
El Padre
¡Jesús! ¡Precioso nombre!
¿Cómo te ganas, di, la vida?
¿Cuál es tu estado, dime?
José
Carpintero soy yo.
El Padre
Pues es también mi oficio.
Los dos somos compadres.
Trabajaremos juntos,
y ganaremos mucho,
Ya verás.
Jesús crecerá a nuestro lado,
luego, pronto, te ayudará
y aprenderá a ser sensato.
TEXTOS CANTADOS
Coro
Jesús crecerá a nuestro lado,
luego, pronto, te ayudará
y aprenderá a ser sensato.
El Padre
Para acabar bien la velada
y alegrar a nuestros huéspedes,
usemos la ciencia sagrada,
el poder del sonido suave.
Tomad los instrumentos, hijos, que toda pena
cede cuando a la flauta se une el arpa tebana
Trío para dos flautas y harpa que ejecutan los jóvenes ismaelitas.
El Padre (a María)
Lloras, veo, joven madre...
¡Mejor! ¡Qué dulces lágrimas!
Vete a dormir, buen padre.
Descansad bien,
no penséis en un daño.
No más alarmas.
¡Que los gozos
de la esperanza y de la dicha,
os inunden el corazón!
María y José
Adiós, gracias, buen padre,
que ya mi pena amarga
parece que huye y se disipa.
No más alarmas.
¡Sí, los gozos
de la esperanza y de la dicha,
nos inundan el corazón!
Coro
Vete a dormir, buen padre,
Dulce niño, madre tierna,
Descansad bien,
no penséis en un daño.
TEXTOS CANTADOS
No más alarmas.
¡Que los gozos
de la esperanza y de la dicha,
os inunden el corazón!
Escena 3
Epílogo
El Recitante
Así fue como al Salvador
salvó un infiel.
Por diez años María, y José junto a ella,
en él vieron brotar la sublime dulzura,
la ternura infinita
y la sabiduría.
Regresó, luego, al fin,
donde viera la luz,
y quiso acometer el santo sacrificio
que rescató al género humano
de un suplicio eterno
y de la salvación el camino le abrió.
Coro místico
¿Qué más te queda, pues, por hacer alma mía
que doblegar tu orgullo ante este gran misterio?...
¡Corazón, llénate de ese amor serio y puro,
sólo él puede abrirte la celestial morada!
¡Amén!
¡Amén!
Traducción y revisión del texto: Mª Teresa Gallego
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