Quelques repères pour évaluer les attitudes et les

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Quelques repères pour évaluer les attitudes et les comportements
professionnels en soins infirmiers
Margot Phaneuf, inf., Ph. D.
août 2010, révision, avril 2013
« Les seules connaissances qui puissent influencer le
comportement d’une personne sont celles qu’elle découvre
d’elle-même et qu’elle s’approprie. » Carl Rogers
L’évaluation en soins infirmiers est complexe. Le programme de formation axé sur les
compétences forme un tout composite où se trouvent de nombreuses dimensions
importantes à apprécier, mais souvent difficiles à reconnaître et à cerner dans le
comportement d’une étudiante en situation de
stage. Au sein des éléments à évaluer (en
Les attitudes et les
formation), les attitudes et les comportements
comportements professionnels,
professionnels sont certainement parmi les plus
d’une part, et les soins, d’autre
délicats à distinguer et à mesurer. S’il n’est
part, sont comme les deux faces
déjà pas simple d’évaluer les savoirs et les
d’une même médaille, celle de la
savoir-faire, il s’avère encore plus épineux
qualité et de l’humanisme des
d’apprécier les savoir-être auxquels réfèrent
soins.
ces
attitudes
et
ces
comportements
professionnels. Aussi, est-il important de
s’arrêter pour réfléchir à cette dimension de l’évaluation toujours sujette à interrogations.
Lorsque nous nous donnons des critères pour apprécier certaines dimensions en
éducation, il faut nous rappeler que nous établissons en même temps, des facteurs
orienteurs pour la formation elle-même. Cette réflexion doit donc s’effectuer avec le plus
grand sérieux. De plus, on ne peut honnêtement et éthiquement évaluer des éléments s’ils
n’ont pas été abordés en classe et s’ils demeurent plus ou moins vagues pour les
étudiantes.
Les repères abordés dans cet article peuvent s’adapter à l’évaluation en stage puisqu’ils
sont plus faciles à cerner lors de la présence de l’étudiante auprès des malades, mais il est
aussi possible de les étendre plus largement à l’ensemble de la formation.
Les attitudes et les comportements professionnels
1
Les attitudes et les comportements professionnels font partie d’un système de
représentation de qualités et d’agir qui devrait caractériser une personne ayant une
appartenance à une profession reconnue, en l’occurrence ici, celle d’infirmière (Blin
i
1997, p. 80) . Ces représentations sont sous-tendues par des valeurs, des finalités et des
schèmes d’action qui sont propres à cette profession. Ils servent d’assises pour la
formation et l’évaluation et ils orientent les choix de ses membres.
Par exemple, en soins infirmiers, les valeurs d’éthique et de communication figurent
parmi les représentations essentielles les plus évidentes et se retrouvent aussi parmi les
dimensions primordiales à évaluer. S’ajoutant à d’autres, elles construisent l’identité
même de l’infirmière comme professionnelle. De plus, ces représentations ne sont pas
uniquement des modèles théoriques, mais aussi des
courroies de transmission pour les savoirs et les
savoir-faire nécessaires à la formation d’une
Une attitude est une
infirmière.
tendance de la personne
à poser un jugement ou à
La nature du service rendu à la clientèle nous situe
faire une action.
dans un modèle de représentations mixtes intégrant à
la fois des éléments d’un modèle humaniste,
biopsychosocial et d’autonomisation de la personne
ii
(Claude Richard et Marie-Thérèse Lussier, 2005, p. 118-119.) qui nous conduit en
conséquence, vers une gamme diversifiée d’attitudes et de comportements à évaluer.
Mais que sont ces attitudes et ces
comportements ?
Il nous faut d’abord préciser ce que sont les
attitudes et les comportements sur lesquels nous
allons réfléchir. Selon la définition classique
d’Allport (1935) une attitude est un état mental de
préparation à l’action qui exerce une influence
iii
dynamique sur nos comportements. C’est en
somme une manière de se comporter ou une
prédisposition à porter un jugement, à manifester un comportement dans une situation
donnée. L’attitude est intérieure, plutôt difficile à objectiver et elle peut être plus ou
moins durable et d’intensité variable. Généralement acquise, elle est suscitée par la
culture et la formation. Pour les psychologues sociaux, elle permettrait de prédire les
comportements.
Un comportement est
une action ou une
réaction de la personne à
un stimulus donné.
Le comportement est pour l’humain, une manière de se conduire caractérisée par un
ensemble de réactions observables en réponse à une stimulation intérieure ou extérieure.
2
C’est une manière d’agir qui constitue la partie observable de nos actions et réactions.
Notre réflexion se portera à la fois sur des attitudes, phénomènes plus intérieurs tels que
la connaissance de soi, l’estime de soi et la confiance en soi qui rejoignent les savoir-être
et sur d’autres manifestations qui relèvent plus du comportement tel « le sens de
l’organisation du travail et la présentation personnelle ». Ces derniers, plus visibles sont
plus faciles à cerner dans la réalité et à évaluer.
Attitudes, comportements et compétences
Il ne faut pas oublier l’importance des attitudes et des comportements au regard des
compétences qui forment l’axe central du programme de formation en soins infirmiers.
Une compétence est un savoir d’action, c’est-à-dire un complexe intégré de savoirs et de
savoir-faire qui, pour être mis
en pratique, nécessite des
Une compétence : un tout intégré de savoirs,
savoir-faire et savoir-être
attitudes qui leur sont
essentielles. Par exemple,
pour la compétence « Établir
Connaissances
une communication aidante
Comportements
Compétence
avec la personne et ses
proches », il faut une
démarche où se manifestent
des attitudes particulières
Savoirs d’action
faites d’attention à l’autre, de
sensibilité, d’empathie, de
Attitudes
capacité d’écoute, etc.
Margot Phaneuf, Inf., PhD.
Ce sont ces attitudes et ces comportements professionnels qui permettent à l’étudiante de
parvenir au plus haut niveau d’atteinte des compétences proposées dans le programme,
c’est-à-dire, le savoir-être. Les attitudes et les comportements sont donc essentiels à
l’utilisation des compétences comme base pour la formation et pour l’évaluation.
Quelles attitudes et quels comportements faut-il privilégier ?
La complexité des soins avec ses dimensions technique, organisationnelle, clinique,
éthique et interpersonnelle nous offre un large choix de paramètres à évaluer pour
apprécier le caractère professionnel de l’agir infirmier. Mais comment orienter cette
réflexion ? Notre solution ne relève pas d’une approche heuristique de recherche
systématique, mais elle demeure conforme à l’esprit de l’empirisme, puisqu’elle tire ses
conclusions de l’expérience, de l’observation, des grands principes et des valeurs qui
fondent notre profession. Elle n’a aucune prétention scientifique; elle ne se veut que jalon
pour une réflexion organisée.
3
Dans une telle orientation, l’approche la plus logique nous semble être une forme de
profil professionnel de sortie d’une étudiante, soit les qualités intellectuelles, affectives et
sociales optimales que doit manifester une diplômée lorsqu’elle intègre le marché du
travail. Ce qui revient aussi à la question, « Comment devons-nous former les futures
infirmières pour
qu’elles soient
Boula reconnaît trois types de composantes au
humaines,
«soi professionnel» : les composantes affectives, attentives
à
l’autre,
cognitives et comportementales.
confiantes
en
elles-mêmes, réfléchies, capables d’un jugement sûr, de responsabilités et de leadership ?
C’est ce profil idéal qui a orienté nos choix.
Dans cet article, nous traitons d’attitudes et de comportements, mais, dans une optique
d’évaluation étudiante, ces attitudes et comportements peuvent aussi être considérés
comme des critères d’évaluation. Les attitudes et les comportements étant souvent assez
diffus et difficiles à cerner, ceux que nous avons retenus sont exprimés de manière
globale et inclusive afin d’éviter d’orienter vers des critères pointus,
comportementalistes, s’accordant mal avec ce type d’évaluation. D’autres auteures se
sont intéressées à ces attitudes et à ces comportements, mais selon une approche plus
scientifique, notamment Raymonde Gosselin,iv qui cite un certain nombre de
comportements et d’attitudes du même type. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’il s’agit de
critères d’évaluation pour des comportements et attitudes courants en soins infirmiers.
Le concept de soi
« Le concept de soi réfère à la façon dont la
personne se perçoit, à un ensemble de
caractéristiques (goûts, intérêts, qualités,
défauts, etc.), de traits personnels (incluant les
caractéristiques corporelles), de rôles et de
valeurs etc. que la personne s’attribue et
reconnaît comme faisant partie d’elle-même, à
l’expérience intime d’être et de se reconnaître
en dépit des changements. »
René L’Écuyer (1994). Le développement du concept de soi de
l'enfance à la vieillesse. Presses Universitaires de Montréal.
4
L’organisation théorique des attitudes et des comportements à évaluer
Ces attitudes et ces comportements peuvent être reliés au concept de soi développé il y a
v
déjà longtemps par William James et traité depuis par de nombreux auteurs. Ce concept
peut se résumer d’une part à ce que le sujet perçoit de lui-même et d’autre part, à ce qui
est vu par les autres. En ce qui concerne particulièrement le soi professionnel, Jean Gilles
Boula de l’Université de Genève y reconnaît une composante affective qui touche par
exemple, l’estime de soi, une composante cognitive, que dans notre contexte nous
pouvons relier à la métacognition, au jugement clinique et aux diverses capacités
fonctionnelles de la personne et une composante comportementale que cet auteur rattache
plus directement à la présentation de soi. Ces éléments s’adaptent bien au travail
infirmier.vi
Les catégories à distinguer
En soins infirmiers, ces attitudes et comportements peuvent se répartir en trois
catégories : premièrement, ceux qui se rapportent à la personne de l’étudiante elle-même;
deuxièmement, ceux qui sont tournés vers l’autre que ce soit le malade et sa famille, les
collègues de l’équipe ou les autres intervenants de la santé et troisièmement, ceux qui se
rapportent à l’action même de l’étudiante en situation.
Les attitudes et les comportements
professionnels
• Les dimensions propres à la personne de l’étudiante :
. Connaissance de soi/ estime de soi /confiance en soi
. Affirmation de soi/leadership éclairé
. Métacognition
. Professionnalisme
. Présentation personnelle
• Les dimensions tournées vers l’autre : (malade, famille, collègues
ou autres intervenants)
. Sens de l’éthique
. Sensibilité à l’autre
• Les dimensions tournées vers l’action :
. Autonomie de jugement et d’action
. Esprit d’observation et d’analyse des situations
. Sens de la planification et de l’organisation
5
Il faut reconnaître que la répartition dans ces trois catégories possède un certain caractère
arbitraire puisque les attitudes et les comportements ne sont pas mutuellement exclusifs et
que quelques-uns d’entre eux pourraient tout aussi bien chevaucher d’autres catégories.
Par exemple, le professionnalisme appartient-il aux dimensions propres à la personne de
l’étudiante ou est-il plutôt tourné vers son travail ? Les deux possibilités sont logiques.
Nous avons cependant opté pour la catégorie « étudiante » à partir du raisonnement
voulant que ce soit elle, qui, par son attitude de réserve, de respect et de dignité, est
porteuse de ce critère d’évaluation.
Les dimensions propres à l’étudiante
Parmi les dimensions à évaluer, une majorité concerne l’étudiante elle-même et les
caractéristiques du « moi ». Elles concernent des états intérieurs qui rejoignent le savoirêtre.
La gestion de soi
vii
Sous cette appellation empruntée à Daniel Goleman (2007, p.86) sont regroupées trois
dimensions inséparables : la connaissance de soi, l’estime de soi et la confiance en soi,
des composantes affectives toutes essentielles au développement harmonieux de l’être, à
son bon fonctionnement en société et au sein d’une profession. Ces dimensions sont
intérieures à la personne et partant, difficiles à cerner. Ce qui l’est plus facilement,
toutefois, est la manière dont l’étudiante les gère, c’est-à-dire, comment elle les contrôle
en situation, et comment ces attitudes l’amènent à réagir en diverses circonstances.
La connaissance de soi est une prise de conscience de soi et de son identité propre; c’est
un savoir que l’on acquiert sur soi, sur sa manière de penser, d’agir et de réagir. Le grand
penseur Pascal écrivait que « la connaissance de soi est une priorité pour que nous
puissions ajuster nos comportements aux situations. » Cette prise de conscience est un
exercice de lucidité par rapport à soi afin de développer un agir approprié. Elle est
essentielle à l’infirmière en formation afin qu’elle puisse réaliser ses capacités et ses
talents, qu’elle puisse en tirer le meilleur parti, mais aussi qu’elle soit capable d’identifier
ses limites afin de les repousser.
Par exemple, une étudiante qui perçoit positivement ses talents sur le plan des études
théoriques peut s’en réjouir et prendre confiance en elle. Mais si, par ailleurs, elle
réalise ses difficultés techniques, elle peut les compenser par des stratégies appropriées
dont le cheminement à voix haute ou des pratiques plus assidues.
« Connais-toi toi-même » pouvait-on déjà lire dans l’antiquité, au fronton du temple de
Delphes. C’était vrai alors, mais ce l’est encore aujourd’hui. C’est la condition sine qua
6
non de l’évolution, car comment exploiter son plein potentiel si on ne le connaît pas
vraiment!
L’estime de soi est une composante affective que Jean Giles Boulaviii relie de manière
particulière au soi professionnel. Il s’agit d’un jugement de valeur sur soi-même, un
sentiment de satisfaction ressenti à l’égard de soi. L’estime de soi est essentielle au bon
fonctionnement en société. L’étudiante qui possède un bas niveau d’estime de soi est
timide, gênée et éprouve de la difficulté à établir une communication équilibrée avec le
malade et sa famille et encore plus à prendre sa place dans l’équipe de soins ou l’équipe
interdisciplinaire.
L’estime de soi se développe par le regard positif, bienveillant d’autrui, entre autres, par
celui de l’enseignante. C’est ce que Rogers appelait la considération positive qui confère
à l’être les nutriments nécessaires pour alimenter son estime personnelle et lui fournir le
carburant pour l’action et surtout pour nourrir sa tendance actualisante, cette force
poussant l’être humain à évoluer. Rogers la comparait à l’énergie vitale qui se trouve
dans le gland d’un chêne et qui contient tout ce qu’il faut pour faire un grand arbre.
Christiane Singer (2007, p. 86) écrivait avec raison dans Derniers fragments d’un long
ix
voyage « L’éducation est un tissage de regards.»
Pour apprendre, il faut d’abord que l’étudiante perçoive qu’elle en est capable. Et, si elle
développe un seuil d’estime personnel d’un niveau convenable, elle acquiert aussi en
même temps un bon degré de confiance en soi, autre condition importante pour le
développement humain et le fonctionnement professionnel en soins infirmiers.
La confiance en soi est un sentiment de sécurité qui résulte d’une évaluation positive de
soi, de ses talents et de sa manière d’être. L’étudiante qui a confiance en elle-même
possède la relative certitude d’avoir ce qu’il faut pour réussir ce qu’elle entreprend. Cette
évaluation peut être globale ou ponctuelle, en fonction des ressources dont elle dispose
pour faire face à une situation particulière. Par exemple, une étudiante peut
habituellement manifester un bon niveau de confiance en soi, mais ne pas être sûre d’ellemême lorsqu’il s’agit de faire une intraveineuse. Toutefois, cette situation isolée ne
devrait pas altérer son rapport général de confiance avec elle-même.
La confiance permet à la future infirmière de prendre des initiatives à son niveau et
d’endosser ses responsabilités avec sérieux et détermination. C’est ce qui lui permet de se
montrer digne de la confiance des autres et de faire preuve d’assurance dans ses rapports
humains. La communication avec le malade et sa famille, les interrelations dans l’équipe
et les échanges avec les autres intervenants du monde de la santé nécessitent une
confiance en soi certaine.
7
Les responsabilités très lourdes auxquelles doit se préparer l’étudiante en soins infirmiers
et les décisions sérieuses qu’elle doit prendre pour faire l’évaluation et le suivi clinique,
du malade, pour rédiger les consignes du PTI1, exigent également chez elle, le
développement de la confiance en soi. Ainsi, la compétence que doit manifester la future
infirmière dans ses interventions de soins auprès des malades nécessite-t-elle cette
confiance.
Affirmation de soi et leadership éclairé
La capacité d’affirmation de soi découle de l’estime
que développe une personne pour elle-même et du
degré de confiance en soi qu’elle parvient à se donner.
Pour s’affirmer, elle a besoin d’assurance. C’est ce qui
lui permet de faire connaître ses idées et de les
soutenir. C’est aussi ce qui est essentiel à l’exercice de
son leadership au sein de l’équipe. Depuis la Loi 90,
avec l’autorisation de rédiger des consignes de soins
pour les autres membres de l’équipe, l’infirmière s’est
x xi
vue confier un leadership nouveau. . .
LE LEADERSHIP
État, qualité d’une
personne placée dans une
position dominante et qui,
dans un groupe ou une
organisation, exerce une
influence en raison de
son rôle professionnel, de
ses idées, de sa
conduite, de sa capacité
d’entraînement des
autres et de son charisme.
Son action permet au
groupe d’atteindre ses
objectifs de manière
efficace.
Ce rôle de prestige a comme pendant les lourdes
responsabilités qu’elle doit assumer avec sagesse, de
manière éclairée, non seulement pour orienter son
équipe, mais aussi pour la soutenir, la stimuler et l’aider au besoin. Il lui faut pour cela,
non seulement de l’affirmation de soi, mais aussi de la compréhension des autres et la
xii
capacité de travailler en synergie avec ses collègues .
L’affirmation de soi et le leadership sont intimement liés au professionnalisme que doit
manifester une infirmière. Il y a encore peu de temps, le leadership était vu comme une
qualité de caractère surtout réservée aux gestionnaires, mais il fait maintenant partie du
bagage psychologique que doit posséder toute infirmière. Cette manière d’être au sein de
l’équipe n’est toutefois pas vue sous un angle autoritaire, mais plutôt sous le jour de
l’intelligence émotionnelle où dominent la compréhension de l’autre, la capacité de
xiii
concertation et de conciliation. (Taylor Mosa, Mae, 2005, p. 13-16) .
Cependant, le leadership ne va pas nécessairement de soi chez une future infirmière,
surtout chez les plus jeunes. Cette capacité se développe au fil de la formation et des
mises en situation appropriées. Selon le niveau de formation la soignante, sa capacité de
8
leadership se juge à partir du sens des responsabilités, des capacités de communication
avec l’équipe de soins, de la pertinence du PTI proposé pour le malade et de la capacité
de l’étudiante de s’assurer de son exécution. Chez les étudiantes de première et de
deuxième année, pour ce facteur, c’est surtout l’affirmation de soi qui est évaluable.
Les attitudes et les comportements professionnels
Attitudes et
comportements
Définitions
Les attitudes propres à la personne de l’étudiante
1-Gestion de soi :
connaissance de soi/
estime de soi /confiance en
soi.
Connaissance de ses capacités personnelles, de ses forces et
de ses limites pour en tirer le meilleur parti possible.
Évaluation positive de soi. Fonctionnement assuré et digne de
confiance. Capacité d’assumer des responsabilités.
2- Affirmation de
soi/leadership éclairé.
Capacité d’exprimer une opinion réfléchie, de manifester un
comportement décidé. Esprit d’équipe. Capacité de soutenir,
d’orienter, d’aider les autres membres de l’équipe, de
formuler des consignes pour le PTI et le PSTI.
3. Métacognition.
Perception réaliste de son propre comportement,
autoévaluation, acceptation de la remise en question,
modification de son comportement en vue d’évoluer.
4. Professionnalisme.
Sens des responsabilités, ponctualité, rigueur du travail en
stage (et du travail scolaire), engagement personnel, capacité
de répondre de ses actes. Dignité du comportement.
5- Présentation
personnelle.
Apparence physique décente, tenue vestimentaire classique
(absence de bijoux, coiffure, etc.), hygiène impeccable,
politesse, langage châtié, manière d’être et de se tenir,
attitudes correctes.
9
Les attitudes et comportements tournés vers l’autre
6- Sens de l’éthique.
Respect de la dignité des personnes, évitement du tutoiement,
respect du secret professionnel, de la pudeur des personnes,
respect des personnes âgées, de l’orientation sexuelle, de
toute déficience physique ou intellectuelle, de la culture, des
valeurs, de la religion, de la compétence de l’autre. Honnêteté
et sens de la justice.
7- Sensibilité à l’autre.
Écoute de l’autre, communication claire, polie et bienveillante
avec le malade et sa famille, sans tutoiement. Échanges précis,
fonctionnels avec les autres intervenants de la santé.
Perception et compréhension de la difficulté de l’autre dans sa
globalité et expression de son empathie de manière verbale
ou non verbale.
Les attitudes tournées vers l’action
8- Esprit d’observation et
d’analyse des situations.
Capacité d’attention aux situations afin d’en saisir les détails,
de bien les étudier pour procéder à l’évaluation et au suivi
clinique, pour orienter l’action et pour résoudre des
problèmes.
9- Autonomie de jugement Capacité de se faire une opinion personnelle de rechercher
l’information, de l’évaluer et d’en tirer parti pour poser un
et d’action.
jugement clinique ou évaluer une situation, de prendre des
décisions éclairées et de prendre des initiatives à son niveau.
10- Sens de la
planification et de
l’organisation.
Capacité de prévoir, de trouver des moyens fonctionnels et
efficaces pour exécuter les soins, de voir les priorités à établir
et se montrer efficiente et efficace.
La métacognition
La métacognition se classe parmi les composantes cognitives identifiées par Jean Gilles
Boula. Le terme métacognition signifie « connaissance sur la connaissance ». Il se définit
comme la connaissance que la personne acquiert sur ses propres savoirs, ainsi que le
xiv
contrôle qu'elle exerce sur ses apprentissages (Broyon, Marie-Anne (2006) . La
métacognition est en corrélation avec la gestion de soi et, particulièrement, avec la
10
connaissance de soi. Elle consiste à considérer son agir, sa manière d’apprendre, de réagir
aux situations, pour les apprécier et éventuellement, à décider, selon le cas, de changer ce
qu’elle considère pertinent de modifier.
C’est un concept beaucoup plus englobant que
l’auto-évaluation
qui
ne
comporte
pas
nécessairement d’aspect d’acceptation de ses
difficultés, de remise en question de ses limites et
de volonté d’amélioration de son comportement.
Dans cette approche métacognitive, prime le
développement de la pensée réflexive et
l’autorégulation des conduites. Il y a donc, là aussi,
des points de convergence avec le critère
« autonomie
»
de
l’évaluation.
Image:
infirmière.jpg
Pour l’infirmière, le
professionnalisme est
l’attitude de responsabilité et
de dignité personnelle qu’elle
adopte à partir de la
conscience qu’elle a de
posséder une compétence et
une éthique propres aux soins
infirmiers.
La métacognition est un facteur-clé de la pensée critique. Elle s’avère être un concept
essentiel à l’évolution humaine et à la progression professionnelle. Elle est associée à la
maturité personnelle; elle se développe et se précise avec la formation.
Le professionnalisme
Le professionnalisme se relie à la catégorie comportementale identifiée par Boula. C’est
l’attitude de responsabilité et de dignité personnelle
qu’adopte un membre d’une profession à partir de la
conscience qu’il a de posséder une compétence et une
éthique propres à son
groupe d’appartenance
professionnelle. En situation de soins, le professionnalisme
commande des attitudes et des comportements qui se
distinguent de ceux généralement adoptés en famille ou
dans un groupe social. Par exemple, auprès du malade,
l’infirmière doit toujours adopter un agir sérieux,
bienveillant, respectueux et responsable.
Le professionnalisme rejoint le comportement éthique en ce
qu’il oriente la future infirmière vers la rigueur d’un travail
raisonné et vers l’honnêteté sans faille envers les malades.
Il la tourne aussi vers l’engagement personnel et professionnel et vers la reconnaissance
de son imputabilité face aux soins qu’elle dispense. Le professionnalisme dont l’axe
central est la responsabilisation, suppose par le fait même, une certaine capacité
11
d’autonomie dans l’agir. Par ses exigences, il nous incite à participer à la progression
collective du groupe professionnel auquel nous appartenons.
La présentation personnelle
La présentation personnelle réfère à la composante comportementale identifiée par Boula
sous l’appellation de présentation de soi. Il s’agit de la manière d’être qu’adopte
l’infirmière et qui découle directement des attitudes de réserve, de discrétion et de respect
de soi que commande le professionnalisme. La présentation de soi suppose une tenue
distinguée, sans ajout de parures et une hygiène personnelle
sans faiblesse. L’uniforme doit être classique et modeste, ce
qui n’empêche pas la coquetterie et l’élégance. La coiffure
doit demeurer propre, sans cheveux qui trainent sur
l’uniforme; le maquillage doit se faire discret et les ongles
doivent être courts, soignés et sans vernis.
La posture physique et le langage sont aussi importants à
considérer. Le comportement et la gestuelle doivent
demeurer discrets et réservés et on doit accorder une importance particulière au langage
qui lui aussi doit manifester une certaine retenue. La présentation personnelle physique et
comportementale de l’infirmière est une vitrine extérieure pour notre profession, aussi se
xv
doit-elle d’être à la hauteur de ce qu’exige le professionnalisme .
Les soignantes doivent être attentives à l’image qu’elles présentent. Profession fortement
féminisée, aux rapports non distanciés avec le corps des malades, les soins infirmiers sont
vulnérables à divers fantasmes, que ce soit ceux du personnage osé aux mœurs légères ou
celui de l’infirmière castratrice. Fabienne Midy cite cette phrase éclairante : « Le
fantasme de la blouse blanche provient de ce corps à corps, inhérent au métier, entre la
xvi
soignante et le soigné.» (L’infirmière magazine, n°162, p.37) . La publicité et le cinéma
transmettent d’ailleurs souvent des images dévalorisantes de notre profession. On peut en
prendre pour exemple l’image de l’infirmière castratrice présentée dans les films tels que
« Vol au-dessus d’un nid de coucous » (Milos Forman, 1975) et « Misery » (Rob Reiner,
xvii
1990) . Il est de la responsabilité de chacune d’entre nous, étudiante ou infirmière en
service, de soigner cette image.
xviii
Cet accent mis sur les apparences peut surprendre, car sous certaines d’entre elles, parfois
trompeuses, peuvent se cacher des trésors de bienveillance et de don de soi, mais ce qui
saute aux yeux est l’aspect extérieur. Bussy-Rabutin n’écrivait-il pas « Il faut que les
apparences soient belles, car on ne juge que par elles.»xix Ce n’est que vérité, car hélas,
c’est à travers les apparences que présentent extérieurement les infirmières que nous
sommes jugées par le public.
12
Les dimensions tournées vers l’autre
Ces dimensions concernent des attitudes et des
comportements surtout dirigés vers le malade et sa
famille, mais aussi vers les autres intervenants de
l’équipe de soins ou de l’équipe interdisciplinaire.
Sens de l’éthique
Le terme éthique s’applique aux
mœurs d’un groupe ou d’une
culture. L’éthique dérive de la
philosophie et tend à définir des
principes afin de réfléchir aux
actions humaines, sur leur
signification et leur finalité. Elle
propose une réflexion sur l’action
et vise un certain art de vivre.
Desaulniers, Marie-Paule et France
Jutras (2009). L’éthique
professionnelle en enseignement.
Fondements et pratique. p. 33.
Déjà dans la tradition philosophique depuis
Aristote, se retrouve cette idée de l’éthique comme
agent « régularisateur » de l’action (Jutras, France
et Christiane Gohier, 2009, p. 56)xx. Dans le même
sens, l’éthique et la déontologie font partie
intégrante des assises de notre profession. Elles correspondent à un besoin de repères et
aussi de limites pour faciliter le « vivre ensemble » des membres d’une profession en
contact avec le public. Cependant, il ne suffit pas de connaître et d’appliquer le code de
déontologie infirmier. Pour être éthique dans son travail, la soignante doit développer une
sensibilité particulière pour reconnaître la valeur de l’autre et dans toutes circonstances,
pour ne pas porter atteinte à ce qui fait la dignité de l’être humain. On peut relier le sens
de l’éthique à la fois aux composantes affectives, cognitives et comportementales de
Boula.
La déontologie rassemble un
ensemble de normes, de règles
auxquelles les membres d’une
profession donnée doivent se
conformer. McDonald M. et M.H.
Parizeau (1988). Vers une
stratégie canadienne de
recherche en éthique appliquée.
Fédération canadienne des
études humaines, p. 87.
La future infirmière doit saisir les points qui
commandent le respect du malade et de sa famille,
de sa souffrance et de ses inquiétudes, de ses
besoins, etc. Cette préoccupation pour l’autre doit
aussi présider à ses relations avec des personnes
handicapées,
diminuées
physiquement
ou
intellectuellement, avec des personnes appartenant
à d’autres cultures, à une autre religion ou à une
orientation sexuelle différente afin d’éviter toute
forme de discrimination et permettant de traiter
chacun avec justice et courtoisie.
L’attitude éthique ne doit pas se révéler seulement dans les grandes décisions touchant la
vie ou les responsabilités professionnelles majeures ou encore, là où l’infirmière doit
s’acquitter de ses devoirs de confidentialité, tel le secret professionnel. Cette attitude
éthique doit se manifester au jour le jour, même dans les gestes du quotidien où se jouent
les obligations courantes de l’infirmière. Elle doit transparaître dans son travail sérieux et
réfléchi, ressortir dans sa réponse adaptée aux besoins du malade, dans le soulagement
13
optimal de sa douleur, dans la transmission des informations utiles, dans le respect de la
pudeur de la personne et l’évitement du tutoiement ou plus simplement, par le lavage des
mains pour éviter la contamination. (Eh bien oui! La prévention par le lavage des mains
n’est pas seulement une
mesure d’hygiène, c’est aussi
une
obligation
éthique
relevant de la justice envers le
malade.) De plus, en raison
des contacts fréquents de
l’infirmière avec des clientèles
diverses et de la vulnérabilité
de celles-ci, l’infirmière se
doit d’être d’une moralité
exemplaire.
C’est pourquoi nous parlons
de sens de l’éthique, terme très englobant qui recouvre bien les situations quotidiennes
auxquelles la future infirmière se voit confrontée. Ce concept place la professionnelle
face aux enjeux du vivre ensemble en harmonie et justice et pourrait se résumer ainsi :
« Agir de manière éthique et responsable dans l’exercice de ses fonctions infirmières.»
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La sensibilité à l’autre
« Apprendre à communiquer, c’est apprendre à se situer face à l’autre, à s’individualiser,
xxi
ce qui signifie devenir un être autonome.» (Donon, Agnès, 1996, p. 131) . Il y a donc
des points de convergence entre la communication et d’autres facteurs à évaluer chez une
étudiante infirmière, dont en l’occurrence, l’autonomie. La sensibilité à l’autre réfère aux
composantes affectives du soi professionnel décrit par Boula.
En soins infirmiers, la communication fonctionnelle est au cœur de l’action pour les
contacts courants avec le malade et sa famille, de même que pour les échanges avec les
autres intervenants de l’équipe de soins ou de l’équipe interdisciplinaire. Cette
communication doit être précise et chaleureuse. Le but de cette approche de
communication est de bien se représenter les problèmes du malade, de comprendre son
vécu et d’intégrer cette compréhension à l’ensemble de la démarche de résolution de
problème et de suivi clinique.xxii Cette communication fonctionnelle sert également à
transmettre ces informations aux membres de l’équipe soignante, au médecin et aux
autres intervenants de l’équipe transdisciplinaire. Ces échanges doivent être clairs et
précis, de manière à éviter toute erreur.
14
Mais lors de situations plus intenses de souffrance, d’angoisse ou de découragement, la
communication doit se faire relation d’aide. Cette relation soignante-soigné particulière
crée des attentes spécifiques pour l’étudiante infirmière. Celle-ci doit développer une
présence, une approche d’écoute et éviter les banalités dans ses communications, car la
nature de ses liens avec le malade et sa famille en fait une condition essentielle. Surtout
que la personne soignée est dans un état de vulnérabilité qui doit susciter la compassion.
4- LA RELATION D’AIDE
Définition




Échange verbal et non verbal qui dépasse le superficiel et
permet de créer la climat, d’apporter le soutien dont la
personne a besoin au cours d’une épreuve (anxiété, chagrin,
perte, deuil, douleur).
Cette relation aide la personne à recouvrer son courage, à se
prendre en main et si la situation le permet à retrouver
l’espoir d’un mieux-être.
Elle lui permet de mieux comprendre sa situation, de
l’accepter et, selon le cas, de s’ouvrir au changement et à
l’évolution personnelle.
Lorsque ce n’est pas possible, elle offre au malade le soutien
de quelqu’un qui le comprend et partage sa difficulté devant
l'adversité et même devant la mort.
Cependant pour se réaliser, la communication, quelle que soit sa nature, se construit à
partir d’une sensibilité à l’autre, d’un respect et d’une ouverture à son expérience. C’est
cette sensibilité qui permet à la future infirmière de lire sur un visage, de saisir ce que
manifeste ou cache le malade et de lui exprimer l’empathie ressentie de manière verbale
ou non verbale. Sans cette perceptibilité, la communication n’est qu’automatisme.
Malheureusement, dans l’organisation actuelle des soins, comme le déclare France Gruat
dans une entrevue pour La revue de l’infirmière : « Le soin relationnel consommateur de
xxiii
temps, de douceur, de disponibilité est réduit à une peau de chagrin.»
Ainsi est-il
d’autant plus nécessaire de sensibiliser l’étudiante à sa nécessité, et de l’inciter à trouver
un juste équilibre entre les soins techniques et les soins relationnels.
Les dimensions tournées vers l’action
15
Certaines dimensions à évaluer concernent plutôt l’action que déploie l’infirmière. Elles
se manifestent par des attitudes et des comportements que l’on peut facilement constater
au niveau du travail. Elles sont donc plus manifestes, mais non moins importantes à
évaluer. Les dimensions tournées vers l’action peuvent se relier à la fois aux composantes
cognitives et aux composantes comportementales de Boula.
Esprit d’observation et d’analyse des situations
Les situations auxquelles la future infirmière doit faire face sont sérieuses et demandent
pour y répondre une bonne capacité d’attention, d’observation et d’analyse afin d’en
reconnaître les détails, de bien comprendre ce qui se passe et d’apporter au problème une
solution adaptée et humaine. La capacité d’observation et d’analyse est une aide
précieuse pour la prévention des complications auprès des malades. Ces capacités
constituent, avec le jugement clinique, le volet plus scientifique des soins. Ils font partie
d’un processus de résolution de problème qui est une transposition de la démarche
scientifique.
Sans ces capacités, la future infirmière ne se reposerait pour son action que sur des
automatismes, des idées traditionnelles ou des manières de faire stéréotypées, plutôt que
sur la pensée logique. Ces capacités viennent compenser ce que Clémence Dallaire
xxiv
appelle les savoirs profanes (2008, p. 63) . Les besoins du malade, la relation à l’autre
et l’empathie prennent beaucoup de place dans les apprentissages que doivent faire les
étudiantes en soins infirmiers, mais nous devons aussi réserver une place de choix aux
éléments de logique et de rigueur inhérents à notre profession si nous voulons lui
conserver son caractère sérieux et professionnel.
L’autonomie de jugement et d’action
L’infirmière, en raison de son rôle important dans les divers services, doit posséder une
bonne capacité d’autonomie intellectuelle pour poser les jugements cliniques qui lui sont
nécessaires et mettre en œuvre les soins qui en découlent. Plusieurs auteurs (Carper,
xxv, xxvi
1978, Dallaire, 2008)
énoncent qu’en soins infirmiers « les savoirs profanes, soit
les règles de conduite traditionnelles, les actions routinières, les habitudes, dominent les
savoirs scientifiques, ce qui semble dénoter un manque de réflexion.» Pourtant, les soins
exigent de solides connaissances, l’observation du malade pour faire l’évaluation clinique
et le suivi de son état, la réflexion et le raisonnement sur ce qui est observé pour conduire
à un jugement professionnel qui cible bien la difficulté et permet ensuite d’organiser
l’action et la prévention. L’infirmière a besoin de cette autonomie de pensée afin de
maintenir l’aspect de rigueur réfléchie et scientifique des soins et pour tenir son rôle
professionnel.
16
Comme c’est à elle que revient d’orienter son équipe, il lui faut évidemment une certaine
liberté d’action pour planifier et organiser ses soins. Cependant, c’est au fil de la
xxvii
formation que se construit l’autonomie. Comme l’avançaient Benner (1984)
et
xxviii
Frenette-Leclerc
, le degré d’autonomie attendu d’une novice n’est évidemment pas le
même que celui de la diplômée, mais à chaque niveau de formation peut correspondre un
certain degré d’autonomie essentiel à une professionnelle.
L’important est que la future infirmière soit capable de pensée critique, c’est-à-dire,
capable d’utiliser de manière correcte sa capacité de réfléchir, de se poser des questions
et d’effectuer des jugements cliniques de façon professionnelle. Même au stade de
débutante, elle doit être capable de prévoir et d’organiser son action de manière
autonome.
Ce critère pourrait être vu comme appartenant à la première catégorie c’est-à-dire celle
concernant la personne de l’étudiante, mais son caractère orienteur de l’action nous a
plutôt fait choisir la catégorie de l’autonomie de jugement et d’action.
Sens de la planification et de l’organisation
Les soins infirmiers sont complexes et pour une étudiante, il peut s’avérer difficile de
planifier et d’organiser les soins. Ainsi doit-elle apprendre à penser son action, à anticiper
les gestes à poser, à saisir les précautions à prendre, à éviter les dangers possibles de
contamination ou d’accident, à prévoir le matériel nécessaire ou les démarches à
effectuer. Les capacités de planification et d’organisation découlent évidemment d’autres
facteurs tels que l‘autonomie de jugement et d’action ainsi que de la capacité
d’observation et d’analyse des situations. Ces capacités d’exécution se forment avec
l’expérience et varient selon le niveau de formation ce qui veut dire que les possibilités
d’une débutante sont nécessairement plus limitées.
Ces qualités sont importantes dans une profession où l’efficacité est tellement valorisée,
parfois même au détriment de la qualité des soins. Toutefois, une bonne organisation, en
faisant perdre moins de temps à l’infirmière, peut éventuellement laisser place à des
possibilités d’attention et de communication avec le malade.
Le PTI que doit remplir la future infirmière exige aussi qu’elle soit capable de penser en
termes de planification et d’organisation afin de rédiger les directives nécessaires aux
plans de travail pour les autres membres de l’équipe.
Lors des évaluations, l’infirmière en service est souvent jugée sur sa capacité de
planification et d’organisation, aussi est-il important que l’étudiante développe de bonnes
habiletés dans ce sens, mais aussi qu’elle apprenne à trouver un juste équilibre entre
efficacité et qualité de la relation avec le malade et sa famille.
17
L’évaluation
L'évaluation est un processus de documentation et d’estimation de la performance de
l’étudiante. Autant que faire se peut, l’évaluation doit se faire en termes mesurables,
même si cette mesure demeure toujours plus ou moins relative surtout lorsqu’il s’agit
d’attitudes intériorisées. Il reste que les repères pour une réflexion sur l’évaluation des
attitudes et des comportements en soins infirmiers ne sauraient être complets sans un
essai de grille à cet effet. Cette grille n’a aucune prétention scientifique et ne résulte pas
d’un processus de consultation; elle se veut seulement une base utile pour la réflexion. De
plus, ces critères peuvent commander des valeurs différentes selon le jugement des
enseignantes. Certaines pourraient, par exemple, accorder une valeur plus importante à
l’éthique. Cette décision leur appartient en propre.
Évaluation des attitudes et des comportements professionnels
Attitudes et comportements Jamais Rarement
Peu
Souvent
Très
souvent
souvent
Les attitudes propres à la personne de l’étudiante
1-Gestion de soi : face à ses
forces, ses limites et ses difficultés,
l’étudiante manifeste de la
connaissance de soi ;
dans ses activités et sa manière de
se respecter, l’étudiante manifeste
de l’estime de soi ;
dans ses activités et ses décisions,
l’étudiante manifeste de la
confiance en soi.
2- Affirmation de soi et
leadership éclairé : au sein de
l’équipe, l’étudiante manifeste ses
capacités d’affirmation de soi, ce
18
qui lui permet d’exercer un certain
leadership selon son niveau de
formation.
3- Métacognition : dans son
fonctionnement, l’étudiante est
capable de s’autoévaluer,
d’accepter la remise en question et
d’évoluer.
4- Professionnalisme : dans
son travail, l’étudiante manifeste le
sens des responsabilités, la
ponctualité, l’honnêteté, la rigueur,
l’engagement personnel et la
capacité de répondre de ses actes.
5- Présentation personnelle :
en milieu clinique, l’étudiante
présente une apparence physique
(cheveux, hygiène, bijoux, etc.),
vestimentaire et comportementale
conforme aux règles établies.
Les attitudes tournées vers l’autre
6- Sens de l’éthique : dans son
travail et dans ses relations aux
autres, l’étudiante manifeste sa
préoccupation pour le secret
professionnel, l’équité et le respect
des autres (malades, familles,
collègues, personnes différentes),
son sens des responsabilités et de
justice.
7- Sensibilité à l’autre : dans
ses relations aux autres (malades,
familles, collègues et autres
intervenants), l’étudiante manifeste
son ouverture à l’autre, sa capacité
19
de communication efficace, et
chaleureuse ainsi que son empathie.
Elle ne tutoie pas le malade ni les
membres de sa famille.
Les attitudes tournées vers l’action
8- Esprit d’observation et
d’analyse des situations :
devant une situation, l’étudiante
rassemble les détails, elle les
analyse afin d’établir un processus
de résolution de problème
fonctionnel et elle s’efforce de
penser en termes de prévention.
9 - Autonomie de jugement
et d’action: dans son travail et
ses décisions, l’étudiante manifeste
la capacité de juger par elle-même,
conserve une capacité d’initiative et
une autonomie d’action.
10- Sens
de la planification
et de l’organisation : au cours
des soins, l’étudiante organise son
travail de manière logique et
efficace. Elle établit des priorités.
Conclusion
Cet article de nature plutôt impressionniste, élément de réflexion sur l’évaluation des
attitudes et comportements des étudiantes en soins infirmiers, vient soutenir la prise de
conscience de l’importance de cette forme d’évaluation pour une profession comme la
nôtre. Les apprentissages théoriques, techniques ou organisationnels fournissent des
indices observables, faciles à repérer et à évaluer. Toutefois, les attitudes sont d’une
nature différente, parfois même, énigmatique : elles sont pourtant primordiales pour se
20
représenter la future infirmière en service et ses attitudes comme étudiante en sont déjà le
présage. Tant vaut l’étudiante, tant vaudra l’infirmière.
Ainsi, est-il nécessaire de bien identifier, à travers son agir
auprès des malades, des familles, avec ses collègues et avec
les autres intervenants de la santé, les qualités personnelles,
éthiques, relationnelles et professionnelles de l’étudiante. Il
est important de constater de quelle manière elle répond au
malade, de voir avec quelle rigueur elle s’acquitte de ses
soins, comment elle accepte la remise en question et quel
professionnalisme elle manifeste dans ses rapports aux autres.
C’est la qualité de ses attitudes et de ses comportements qui
fera de l’étudiante une infirmière professionnelle et humaine.
Évaluer les attitudes
professionnelles
chez une étudiante,
c’est apprécier ses
qualités de cœur et
de tête. C’est
pourquoi évaluer
s’avère si difficile!
« Évaluer, c'est créer », écrivait Friedrich Nietzsche. C’est aussi ce qui se passe en
éducation. Évaluer une étudiante c’est lui indiquer le chemin à suivre pour arriver au
succès, c’est faire exister une future professionnelle compétente…
Biblio/webographie
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